SabrinaCatrain
C'est mon anniversaire aujourd'hui et pourtant, je ne suis pas aussi enthousiasme que je le devrais. Pourquoi ? Parce que voilà un mois que mes proches sont distants, même mon chéri, il n'y a qu'à voir. Ils n'ont jamais de temps pour moi, prétextant un rendez-vous important, ou encore l'envie qui leur manque et je ne me suis jamais sentie aussi seule.
Le sapin dans ma pièce à vivre à l'air aussi triste que moi, malgré sa décoration, il fait légèrement la gueule et semble lui aussi se foutre pas mal de moi au final.
La neige couvre de son manteau blanc mon village, cachant les couleurs de l'automne en laissant la place au blanc immaculé de l'hiver. Ce même blanc qui envahit mon cœur, parce que sa joie en ce jour heureux n'y est pas.
J'ai encore des achats de Noël à faire, mais l'envie commence aussi à me manquer. Les faire seule n'est vraiment pas drôle, ça doit être des moments de partage, d'échange, mais aujourd'hui je décide de me recroqueviller sous mon plaid en regardant la télé, en guettant aussi le moindre message pour mon jour de naissance, mais rien. Tout le monde semble l'avoir oublié, merde c'est pas tous les jours que l'on fête ses trente ans. L'âge d'un vrai adulte, celui ou l'on fait parti pour de vrai à la cours des grands. L'âge ou l'on pense à se créer enfin une vie de famille, mariage, enfants, maison et chien de compagnie.
C'est le jour où l'on ne vous appelle plus mademoiselle, mais madame. Parce lorsque vous dites "J'ai vingt neuf ans" on vous répond " Vous êtes encore jeune", mais une fois la trentaine, plus personne ne vous le dit, pourtant, seulement une année vous sépare de ce compte rond, allez savoir.
À la télé, ce sont les séries de Noël qui passe comme tous les ans en cette période de l'année et de comme par hasard, c'est l'histoire d'une femme fêtant son anniversaire avec tout un tas d'amis, que moi je semble avoir perdu.
Seule au monde et je n'ai même pas la compagnie d'un Wilson, comme Tom Hanks sur son île déserte.
Bon allez, je ne vais pas me laisser abattre parce que personne ne s'intéresse un temps soit peu à ma petite vie, en particulier aujourd'hui. Je me lève de mon canapé et pars dans une chasse aux trésors dans mes placards. Une bouteille de vin blanc, de la farine, du chocolat, du sucre des œufs et....Des bougies. Je vais m'auto-fêter mon happy birthday toute seule comme une grande.
Un verre de vin à la main, je recherche une recette sur internet pour faire quelque chose de correcte quand même, il ne manquerait plus que je rate ma sauterie en solitaire à cause d'un gâteau pas bon.
La goût sucré de mon élixir me rebooste et fait un appel à remplir mon verre que je fais hélico presto. Une recette en main grâce à une certaine Marie-Antoinette, je note les grandes lignes sur une feuille de papier et file dans ma cuisine pour commencer mon œuvre d'art culinaire.
La moitié de ma bouteille est vide, ou pleine, c'est selon l'humeur et dans la mienne c'est la première option, malgré l'euphorie qui commence à régner dans ma petite cervelle. Moi et l'alcool, ça fait deux, je n'ai jamais tenu la route et j'ai déjà les vapeurs qui font effet, mais je suis pas pompette.
Enfin pas encore...
Je casse mes œufs et sépare mes blanc des jaunes, puis les place dans un saladier, jusque là rien de plus facile.
Une gorgée...
Le sucre pesé, je les ajoute à mes jaunes d'œufs pour les faire blanchir.
Une gorgée... Enfin deux...
Le fouet en main, je remue tout ça, mais ça ne devient pas blanc comme ils disent dans la recette et pourtant j'y vais à fond, je comprends pas...
Deux, trois gorgées le temps que je comprenne, en me grattant la tête.
Mes poignets souffrent le martyr et j'abandonne ce massacre et ajoutant ma farine d'un coup puis remue ma pâte devenue un vrai bloque de pierres.
Une énième gorgée de mon breuvage et constate que le bouteille est presque vide et moi encore debout, plein de farine sur les mains, et rien d'abouti..
- C'est pas aujourd'hui, que je s'rai soûle cocotte....annoncé-je fière de moi en m'adressant à ma bouteille.
Je monde mes blanc en "neige" et rigole toute seule en pensant qu'il y en a plein dehors déjà toutes faites, puis secoue la tête en faisant tournoyer mon mixeur sur ces maudits blancs qui ne se transforment pas.
Je soupire et termine ma bouteille au goulot, puis la dépose dans mon évier en partant à la recherche d'une autre. J'aperçois un emballage brillant au fond de mon placard et tire dessus pour le sortir de là. Je me rappelle avoir gagné une bouteille de vin à une tombola qu'une collègue avait amené pour l'école de sa fille et c'est moi qui ai été tiré au sort. C'est effectivement cette dite cuvé, mais la grimace ne se fait pas attendre en m'apercevant que c'est du rouge.
Je pends mon courage à deux mains, surtout pour me retenir à ma paillasse, puis essaye tant bien que mal d'ouvrir cette satanée bouteille. Le "pop" ne se fait pas attendre et j'en verse un fond dans mon verre. La surprise de sentir les fruits au dessus de mon récipient me fait saliver et je trempe mes lèvres sans plus tarder. Le goût papillonne entre mes papilles et l'agréable surprise m'incite à y replonger de nouveaux.
- Bon c'est pas l'tout, mais j'ai pas fini ma pâtisserie...Bien ensuite mettre les blancs dans l'appareil et remuez délicatement. Euh...De quel appareil me parle-t-il ?
Je retourne sur internet et je passe une plomb avant de retrouver Marie-Antoinette...La filoute s'était planquée, dis-je complètement hilare.
- Coucou ma chérie, mais c'est quoi ce cataclysme dans la cuisine ? me surprend mon amoureux.
- Je me fais un gâteau, ça se voit pas, dis-je en montant le ton.
- Tu fais de la pâtisserie à vingt heure toi ? S'étonne-t-il.
- Quoi, il est déjà cette heure là ?m'insurgé-je.
J'ai démarré bien avant seize heures et quatre heures plus tard, il n'est toujours pas au four. Décidément, c'est vraiment pas mon jour.
- Tu as bu ? me demande-t-il alors qu'il venait m'embrasser.
- Oui j'ai bu et alors, qu'est-ce que ça peut t'faire ?
- Ça fait que tu devais être prête pour ce soir et là tu n'y est absolument pas, s'énerve-t-il.
- Et prête pour quoi d'abord ? lui demandé-je.
- Tu ne vas pas me dire que tu ne sais pas ? Il y a bien quelqu'un qui a vendu la mèche, comme ta sœur par exemple, dit-il.
- Vendu la mèche pour quoi ? Ce que je sais c'est qu'aujourd'hui, je fête mes trente ans et tout le monde semble l'avoir oublié, même toi, sanglotté-je. Alors oui j'ai bu pour le fêter toute seule, comme je le suis depuis presque un mois, voilà t'es content ?
- Ma chérie !! S'excuse-t-il en voulant me prendre dans ses bras, mais je recule avec mes yeux pleins de larmes.
- Je ne pensez pas que tout le monde aurait gardé le secret jusqu'au bout et j'en suis désolé... Alors tu vas te faire belle, après une bonne douche pour te dessoûler et ensuite je t'emmène avec moi...m'ordonne-t-il.
- Et pourquoi je ferais ça, j'en ai pas envie et puis d'abord c'est quoi ce secret partagé et sans moi en plus ?
Il arrive devant moi et me fait passer par dessus son épaule. Je frappe de toutes mes forces sur ses fesses, mais il ne me lâche pas et se dirige vers la salle de bain. Je l'entends qu'il fait couler l'eau de la douche et nous amène tous les deux dessous, m'arrachant un cri de surprise. Me déposant au sol, il ancre son regard dans le mien. Complètement dessoûler, je me jette sur sa bouche et entoure mes jambes à sa taille.
Nous avons fait l'amour et sur le coin de mon oreille, il me souhaite un joyeux anniversaire. Mes larmes de peine se transforme en larmes de joie et je me laisse aller à ses ordres lorsqu'il faut que l'on s'habille pour se rendre à un endroit qu'il ne veux pas me dire.
Son costume le rend super sexy, avec sa chemise blanche sans cravate, ouverte sur sa gorge dont j'aimerai bien y accrocher mes dents. Au moment ou j'arrive à lui avec mon regard félin, il retient mes mains qu'il place derrière mon dos en collant son corps contre le mien, nos yeux accrochés, mélangeant nos souffles chauds à quelques centimètres de ses lèvres.
- J'adore te voir sourire, tu es sublime ma chérie...
- On est vraiment obligé d'y aller, demandé-je avec une moue boudeuse à souhait.
- Les secrets sont fait pour être dévoilés mon ange, alors oui, nous devons y aller...me dit-il en embrassant le bout de mon nez.
Le silence s'était installé dans l'habitacle de la voiture. Le stress envahit mon corps et je me torture les doigts entre mes mains. Je m'en veux tellement avoir cru que tout le monde m'avait oublié, et là j'en veux encore à tout le monde d'avoir gardé cette fête surprise jusqu'au bout. Parce que je ne sais absolument pas qui va s'y trouver.
Une dernière grosse respiration avant de faire mon entrée, la main de mon amoureux sur les reins, m'invitant à pénétrer dans les lieux.
- Surprise, entendis-je tout le monde dire en chœur en passant la porte.
Mes parents, ma sœur, mes amis, ma famille, tout le monde est là et personne ne m'a oublié finalement. Ayant maintenu le secret du bonheur, qu'il m'offre tous en ce jour de mes trente ans.
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