Hors-compétition : Nexiou


« Dégage de là crétin. »

Réplique lancée avec froideur, boule de serviette atterrissant dans la cible, mauvaise humeur naissante. Il avait un don pour l'irriter de bon matin, c'en était exaspérant. Son rire résonna dans la salle de bain, tandis qu'elle tentait de garder sa serviette autour de son corps nu. Puis, sans prendre en compte sa remarque, il s'installa devant le lavabo, et s'appliqua à mettre du dentifrice sur sa brosse à dent. Agacée, elle ne put s'empêcher de se montrer un peu plus désagréable ;

« Ya quoi que tu comprends pas dans dégage, au juste ? T'as pas l'impression d'être de trop ici ? »

Le jeune homme se tourna vers elle, la brosse à dent dans la bouche, et fit mine de réfléchir. Discuter avec lui ne servait à rien, il n'avait que faire de ses paroles, il faisait comme bon lui semblait. Lui faisant signe d'attendre, il cracha le dentifrice dans le lavabo, se rinça la bouche, et finit par répondre ;

« Tu veux dire dans la salle de bain ou chez toi ? »

Lui lançant un regard noirâtre, elle répliqua derechef ;

« Les deux ! »

Puis, elle prit ses affaires, et partit dans sa chambre sans lui accorder un seul regard. Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'il affichait un sourire victorieux, ce fichu sourire en coin qu'elle avait de torde tellement il l'irritait. Elle regrettait que ses parents aient accepté d'héberger un ami de son frère, c'était une idée complètement stupide, et elle ne se gênait pas pour le leur rappeler. Depuis leur nouvelle cohabitation, ils ne cessaient de se chamailler, c'était plus fort qu'eux, et surtout plus fort qu'elle. Dès qu'elle le pouvait elle lui envoyait une réplique cinglante en pleine figure, et tout naturellement, il rentrait dans son jeu. S'habillant avec empressement, et chaudement vu le froid qu'il faisait dehors, elle retourna dans la salle de bain pour se coiffer. Qu'elle ne fut pas surprise de le voir encore là, en train de s'admirer dans la glace. Levant les yeux au ciel, elle se dirigea vers l'étagère, et attrapa la première brosse qui lui tomba sous la main, la passant avec empressement dans ses cheveux broussailleux.

« Pourquoi est-ce que tu t'acharnes à vouloir peigner cette serpillère que tu as sur la tête ? »

« Et toi pourquoi est-ce que tu t'acharnes à te regarder dans le miroir tous les matins ? Ta tête est toujours la même, et c'est pas aussi beau à voir que tu ne le crois. »

Sa réplique l'amusa beaucoup, et tandis qu'elle reposait la brossa là où elle l'avait prise, elle se dirigea vers la porte de la salle de bain. Mais le jeune homme ne l'entendit pas de cette oreille, et s'interposa entre elle et la sortie. Sentant la colère affluer en elle, elle lui lança un regard glacial, mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, il lâcha ;

« Avoue, tu aimes mon joli minois. Tout comme mon corps. »

En lâchant ça, il avait haussé les sourcils d'une manière suggestive, et un sourire en coin avait fleuri sur ses lèvres. Irritée au possible, elle pencha légèrement la tête sur le côté, fronça les sourcils, et répondit ;

« Nous n'avons pas la même vision des choses, et surtout pas la même vision quant à ton ... corps. Maintenant, si tu veux bien dégager du passage, tu gênes avec ton merveilleux corps de brindille.»

Elle tenta de le pousser sur le côté, mais en vain il ne bougea pas d'un pouce, et sembla trouver la situation divertissante. Sentant l'impatience grimper en elle, sachant d'ores-et-déjà qu'elle était plus qu'en retard, elle s'énerva un peu plus, et commença à le pousser à l'aide de ses paumes, frappant son torse aussi fort qu'elle le pouvait. En l'entendant rire, la colère l'engloba toute entière. Il finit par attraper ses poings dans ses mains sans aucune difficulté, à croire que sa force de petit chaton ne l'effrayait absolument pas. Lui lançant un regard mauvais, elle le vit finalement ouvrir la bouche pour parler.

« Pourquoi s'énerver ? Tu vas finir par te faire mal à vouloir jouer les Hulk. »

Plissant les yeux, trouvant sa réplique idiote, elle tenta de se dégager de son emprise. En vain. Il avait une poigne de fer, et ne semblait pas vouloir la lâcher. Perdant patience, elle tapa du pied, et s'écria ;

« Lâche-moi ! A quoi tu joues là ? »

Il la fixa, silencieusement. Elle ne lut même pas une once de malice dans son regard. Elle en avait marre de son petit numéro de rigolo, ça durait depuis quelques temps, et ça lui tapait sérieusement sur le système. Le jeune homme face à elle fronça les sourcils, et finit par répondre sur un ton bas ;

« Pourquoi est-ce tout n'est toujours qu'un jeu pour toi ? »

« Parce que ça l'est pour toi, répliqua-t-elle du tac au tac. Tout le temps tu joues, tu joues avec mes nerfs et ma patience, tu joues sur les mots, sur les situations. Tu n'es jamais sérieux, c'est un mot que tu ne connais pas. Maintenant, tu me lâches. »

Le brun n'avait pas cillé, gardant toujours fermement ses poignets entre ses doigts. Elle rencontra son regard verdâtre, et se sentit soudainement mal à l'aise. Intérieurement, elle sentait qu'il n'en avait pas fini avec elle, qu'il voulait encore la pousser à bout, mais dans quel but ? Elle sentait son regard lui brûler la peau, la rendant un peu plus craintive quant à la suite des évènements.

« Je ne te lâcherai qu'à une seule condition ... que tu m'embrasses. »

Surprise, la concernée le fixa comme s'il l'avait perdu l'esprit, ouvrant la bouche pour la refermer ensuite. Elle finit par exploser de rire. Un rire nerveux reflétant sa gêne.

« Tu n'es pas sérieux là ?! »

Il acquiesça, continuant de la regarder, ses traits restant figés. Il semblait bel et bien sérieux dans ses propos, ce qui créa une crainte nouvelle chez la jeune femme, sans qu'elle ne puisse comprendre sa provenance.

« Si, j'ai parié avec ton frère que je réussirais à t'embrasser. Il est certain que je n'y parviendrais pas parce que tu es une fille coincée avec un balai dans le derrière. »

« Je ne suis pas coincée, répliqua-t-elle les dents serrées. »

« Prouve-le, répondit-il derechef, haussant les sourcils, la mettant clairement au défi. »

La jeune femme n'hésita pas, refusant d'être prise pour une fille coincée, elle se mit sur la pointe des pieds, et colla ses lèvres sur les siennes avec brutalité. Elle le sentit sourire tandis qu'il répondait au baiser avec passion. La plaquant contre le mur derrière elle, collant ses bras contre le mur froid, il tenait toujours fermement ses poignets dans ses mains. Pressant ses lèvres contre les siennes, elle ne savait plus ce qu'elle faisait, tout ceci paraissait absurde, totalement illogique. Et pourtant, de légers papillonnement apparurent au creux de son ventre, créant un frisson de plaisir le long de son échine. Bien malgré elle, elle aurait souhaité que ce baiser fusionnel n'en finisse pas, mais l'air commençait à lui manquer, et c'est à contre cœur qu'elle sentit les lèvres du jeune homme se retirer des siennes. Encore chamboulée par ce qu'il venait de se passer, son cœur battant à tout rompre, elle rouvrit lentement les paupières, manquant de loucher en rencontrant deux perles vert pomme la fixer. Le sourire en coin et triomphant qu'il affichait, la ramena de suite sur terre, son petit nuage partant soudainement en fumée avec violence.

« C'était ... dégoutant, lâcha-t-elle sans grande conviction. Maintenant, laisse-moi partir. »

A sa grande surprise, il resta mutin, lui redonnant une totale liberté sur ses mains. Sans lui adresser un regard, elle le contourna et sortit de la salle de bain. Elle devinait aisément qu'il était actuellement en train de jubiler, sachant tout comme elle, qu'elle était loin d'avoir trouvé ce baiser « dégoutant ». Mais jamais, au grand jamais, elle ne l'avouerait. Plutôt mourir que de recroiser son regard, plutôt mourir que d'en parler à qui que ce soit. Elle garderait le secret de ce baiser volé pour les siècles à venir, elle se le promettait.

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