Hors-compétition : Marhine

Parfait, ce matin j'étais à l'heure. J'étais tellement fière de moi. Moi qui était toujours en retard, j'arrivais à gérer mon temps pile le jour où j'avais un rendez-vous amoureux.
Je jetai un coup d'œil dehors. La neige avait cessé de tomber, je décidai donc de prendre la voiture afin de pouvoir garder mes escarpins aux pieds.
Arrivée dehors, impossible d'ouvrir ma voiture. Le trou de la serrure semblait avoir gelé.
- Bordel, râlai-je, il fallait que ça m'arrive aujourd'hui.
J'essayai d'ouvrir chacune des quatre portes mais aucune ne daigna accepter cette putain de clé. Agacée, je jetai un coup d'œil à l'heure. Je devais être au restaurant dans quinze minutes. Pile poil le temps d'y aller à pied. Je n'avais pas assez d'économie ce mois-ci pour me payer un resto et un taxi, malheureusement pour moi.
Je pris donc mon courage à deux mains et, escarpins aux pieds pour rester une femme classe, je commençai à marcher vers le centre-ville dans le froid hivernal. J'aurais bien mérité mon repas.
Exactement huit minutes plus tard, il se remit à neiger et, en bonne nunuche que j'étais, je n'avais pas pensé à prendre de parapluie ni de bonnet, et je n'avais pas de capuche. Mon brushing allait en pâtir... Je soupirai encore, plus fortement que la première fois, et accélérai le pas pour limiter la casse capillaire.
Encore quelques minutes et un de mes talons partait en cacahuète et me faisait m'affaler à terre.
- Le sort avait-il décidé de s'acharner contre moi ?
Je jetai un coup d'œil à l'heure : c'était l'heure de mon rendez-vous. J'avais deux choix : y aller quand même, arriver dans un piteux états et très en retard, ou abandonner et rentrer chez moi.
Je n'abandonnerais pas ! Le sort n'aurait pas raison de moi !
Je me remis sur pied, faisant bien attention à ne pas briser entièrement mon talon déjà tordu.
Un peu plus loin, j'eus le plaisir de constater que la rue était en travaux et qu'il était impossible d'y passer. Rageant intérieurement, je pris un autre chemin, beaucoup plus long, avant d'enfin pouvoir apercevoir le restaurant.
J'entrai dans le restaurant avec trente minutes de retard, priant chaque dieu que mon rencard y soit encore.
Un immense soulagement s'empara de moi lorsque je l'aperçus sur une chaise, dans un état aussi atroce que le mien.
- Dure soirée ? Devinai-je en m'installant face à lui, les cheveux et les fesses mouillées, et un talon tordu, mais le sourire toujours là.
- Autant que la vôtre j'ai l'impression, plaisanta-t-il en me tendant une des cartes qu'on lui avait emmenées.
Ce soir, chacun de nous avions mis le sort K.O.  

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