DiamantCeleste


'erre dans les rues, voyageant de ville en ville. Les gens ne m'adressent pas un seul regard. Ah si... Quand je vois leurs yeux, j'y vois du mépris.

En cette saison, je souffre plus qu'à l'accoutumé. Le froid mordant me gèle jusqu'aux os, ma peau se craquèle avec les températures si basses de l'hiver.

Le soir venu, j'essaie de rejoindre un abri de nuit mais il arrive fréquemment que je sois refusé avec d'autres en ayant pour réponse « c'est complet ! Ce sera pour une autre fois ! ». Bah ouais...

Je ne sais pas si c'est une chance mais pendant l'hiver, la croix rouge nous « surveille ». En tout cas, elle nous apporte quelques couvertures et des vêtements. Chaque jour, en quête de nourriture, je prends mon courage à deux mains, range ma fierté et dignité et fouille les poubelles. Ça me donne envie de vomir, de pleurer. Je n'aime pas ça mais je n'ai pas le choix si je veux avoir la possibilité de me réveiller demain.

J'ai cinquante-deux ans et je traîne dans la rue comme un chien errant. Parfois, j'aimerais être un chien. Ramassé par la fourrière, euthanasié ensuite ou bien adopté. Parce que nous, les sans-abris, on ne prête pas attention à nous. Bien sûr que non. Pourquoi aider quelqu'un que l'on considère comme un déchet de la société ?

Mais merde ! Je n'ai pas choisi, moi ! Comme beaucoup d'autres, je me suis retrouvé à la rue par obligation. Il y a quelques années d'ici, homme divorcé, je logeais dans un appartement et travaillais dans une entreprise. Cette dernière a subi une grande restructuration. J'en ai fait les frais. Licencié après vingt ans dans la même boite, j'ai été au chômage et puis j'en ai été viré. Que voulez-vous... Dans la boite où j'étais, j'imprimais les journaux. A l'heure actuelle, ça ne vaut pas grand-chose comme « expérience », surtout avec tous ces écrans qui remplacent le papier. De ce fait, pas de travail, pas de salaire, pas de loyer payé, on vous envoie les huissiers et puis vous avez votre gueule à la rue, comme un mécréant. Ah non, les ressortissants de prison sont mieux que nous. Ils ne sont pas à la rue, eux. Nous, on crève sous les ponts et tout le monde s'en fout comme dit Saez dans sa chanson « jeunes et cons ». M'enfin soit. Je vis en errant parmi les gens, j'attends que la mort me happe, qu'elle vienne me chercher pour m'emporter loin.

Ce soir, j'ai encore été refoulé à l'abri de nuit. Je marche dans la rue, en quête d'un endroit à l'abri du vent. Dans mon sac, j'ai un sac de couchage ainsi que plusieurs couvertures. J'espère que cela me suffira pour me tenir chaud.

Je trouve un endroit paisible, derrière un mur, dans un renfoncement. Ici, les gens passent le matin. Je me réveillerai alors, et m'en irai encore. Et c'est ainsi que je m'endors.

Au petit matin, je sors de mon sommeil à l'entente d'un moteur. J'ouvre les yeux et constate qu'il y a un peu de circulation. Je frissonne de froid. Je me saisis de mon sac et y découvre une boite que je ne connais pas. Un thermo l'accompagne.

Le contenu m'arrache quelques larmes de bonheur. Je ne sais qui m'a déposé cela mais je l'en remercie. Du chocolat encore chaud se situe dans le thermo et la boite contient une bonne trentaine de biscuits. Sur le coup, je regarde autour de moi mais je ne vois personne. Un petit geste anodin qui me fait du bien.

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