I.

La nuit tombe.

Une ombre s'avance

A pas de velours.

Cachée dans l'obscurité

D'un coin de rue,

Elle attend patiemment

Que les lumières des maisons

S'éteignent une à une.

Là-haut, dans le firmament noir

Brillent les astres nocturnes.

La lune blafarde

Éclaire de ses pâles rayons

Le manteau de neige

Qui emprisonne les toits.

II.

La ville s'est endormie.

L'ombre s'approche

A pas de velours.

Son dos se courbe

Sous le poids d'un immense sac

Qui semble bien lourd.

Sur le reflet d'une vitre

Se dessine le profil fatigué

D'un vieux bonhomme

A la barbe blanche.

Tout doucement il dépose

Au seuil de chaque maison,

Sous les branches de gui,

Parmi les couronnes de houx,

Les guirlandes scintillantes

Et les boules multicolores.

Un ou plusieurs paquets.

III.

La nuit est calme.

L'ombre s'en va

A pas de velours.

Dans la neige immaculée,

Pas un de ses pas ne s'imprime :

Personne ne saura qu'il est venu.

C'est en cela que réside

Le mystère de Noël.

Cette nuit, le temps s'arrête.

Il a encore beaucoup de chemin à faire.

Il doit parcourir le monde,

Offrir à chaque homme

Un peu de joie...

Mais tout cela, il doit le faire...

... A pas de velours.