Abeille90
Maïlis balaye la neige qui gêne l'accès au café. Ça va bientôt faire 5 ans qu'elle y travaille. À l'origine son but était de récolter des fonds pour acheter son propre café. Mais finalement elle a mis cette idée de côté. Du moins pour un temps.
Elle atteindra bientôt ses 30 ans. Et ce café fait maintenant partie de sa vie. Là-bas, elle voit toute sorte de personnes. Il y a des collègues qui sortent pour leur pause, les mères de familles qui passent par là en rentrant chez elles.
Et puis il y a cette fille d'environ 16 ans. Elle vient tous les jours, toujours seule. À chaque fois, elle s'installe à une table, toujours la même, loin de la porte et du froid mais collée à une fenêtre d'où elle peut voir tous les passants.
À chaque fois, elle sort ses livres et ses classeurs, et elle travaille. C'est l'une des clientes qui vient le plus souvent au café.
Quand la jeune fille vient, Maïlis sait que quelqu'un d'autre suivra. Un jeune homme blond aux yeux verts, du même âge à peu près, qui semble suivre la jeune cliente toute la journée. Lui n'est jamais seul toujours accompagné d'un grand garçon roux et parfois d'autres personnes. À chaque fois il se met lui aussi loin de la porte mais jamais très proche de la jeune fille, comme s'il la craignait. Malgré tout jamais son regard ne quitte les boucles brunes de la cliente.
À chaque fois que Maïlis sert les garçons, c'est la même conversation qui est sur le tapis, le blond rêve d'aller parler à la belle brune mais n'ose rien faire.
La serveuse se souvient que depuis mars le jeune homme n'a jamais dit un mot à la cliente.
Mais un jour, il était assis à sa table dans le café, deux de ses amis étaient là. Ils attendaient. C'était un jour de décembre, la neige tombait à gros flocons et le lieu était presque désert. La jeune brune n'était pas encore là. Après 20 minutes d'attente, l'un des amis du jeune homme blond déclarant que la jeune fille ne viendrait pas aujourd'hui, est parti. Rapidement suivi de l'autre ami. Un quart d'heure après la demoiselle a fait son apparition. Ses cheveux retenaient des flocons qui commençaient à fondre et ses joues étaient rosies par le froid. Elle s'était assise à sa table habituelle et venait à peine de sortir un livre quand le jeune homme s'avança vers elle, visiblement gêné.
- Clémence ?
L'intéressée leva la tête légèrement intriguée.
- Je fais une fête chez moi le 31 décembre. Ça te dirait de venir ?
- Oui bien sûr !
- Bon bah je te donnerai les horaires et l'adresse d'ici là.
- Ok. Merci.
- Bon salut.
- Salut !
Et le jeune homme quitta le café à la fois gêné et heureux. Ce qui était aussi le cas de Clémence.
Le 4 janvier suivant, Maïlis les vit venir et travailler, ensemble cette fois. Et cela se poursuivit ainsi jusqu'à la mi janvier. Là ils étaient venus mais n'avaient pas travaillé. Ce genre de sortie s'était reproduit plusieurs fois. Et aux environs du mois de mars, Maïlis put assister à la déclaration d'amour du jeune homme à Clémence.
Plusieurs années après, leurs rendez-vous au café étaient toujours d'actualité et Clémence portait désormais un saphir à l'annulaire gauche.
Quand elle balaye la neige, Maïlis se remémore toutes les histoires de ce genre.
Souvent, on lui fait remarquer que son métier lui prend tout son temps qu'elle n'a plus le temps de sortir au cinéma ou autres. Alors la serveuse fait remarquer que les histoires auxquelles elle assiste dans le café valent bien toutes les romances du septième art.
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