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Texte 1 : Rouge Ballon de Wizarding_Words

TW: violence, mort, deuil, abandon

Ce matin, Andreo m'a offert un ballon. Il est rouge et grand, bien lisse, retenu à mon poignet par un fil. Il flotte à côté de moi, fidèle compagnon d'hélium et de latex. Sa couleur visible s'ajoute au jaune vif de mon anorak préféré et à celui de mes bottes adorées.

Quand il m'a passé le fil a poignet, Andreo a bien insisté. "Ne le perd pas, Antonio" a-t-il répété "Tant qu'il sera avec toi, tu seras protégé"

Après ça, il est parti. Leandro dit qu'il s'en va pour un monde meilleur et que les docteurs vont s'en assurer. J'ai pas tout compris. Ensuite, vu qu'il était très tôt, j'ai pu prendre deux bols de céréales avant de m'habiller. J'ai dû retirer le ballon pour mettre mes vêtements et mon anorak.

Le ballon est parti au plafond. Trepilio a dû monter sur un escabeau pour le récupérer parce que je pleurais. Je me souviens des larmes chaudes sur mon visage et de la rougeur de mes joues, mon expression déformée par l'angoisse dans le miroir pendant que Leandro tentait de me calmer.

Ils ne comprennent pas. Andreo me l'a offert. Il a dit que je devais le garder, qu'il me maintiendrais en sécurité. Trepilio est descendu de l'escabeau et m'a redonné le ballon. Lui et Leandro se sont regardés d'un air entendu mais, avant qu'ils ne puissent me retenir, je suis sorti, mon ballon dans mon sillage.

Dehors, il faisait chaud. La pluie, déterminée à nous inonder, tombait en un rideau violent, le bruit assourdissant résonnant dans mes oreilles. J'ai mit mon capuchon, faisant attention à ne pas lâcher le ballon.

Le vent, agressif, brûlant, a failli m'arracher mon ballon. Non! Si je perds le ballon, je perds Leandro! Hors de question! J'ai retenu le fil de mes petits bras tous maigres, mes bottes jaunes glissant sur la boue et les rochers.

Mes pieds tant bien que mal ancrés dans le sol, mon corps frêle ployant face à la force des courants d'air puissants, je me suis avancé sur le sol mouillé, mes pieds s'enfonçant de quelques centimètres, l'humidité pénétrant mes bottes usées.

Tandis que je me décalais au gré des déplacements d'air plus forts que moi et que j'évitais les rochers, mes pensées ont dérivé. Je pensais à Andreo, parti ce matin pour un monde meilleur, à Trepilio, toujours prêt à aider mais cabossé par la vie, à Leandro, qui avait tout prit en main quand Emilio s'était envolé et je pensais à Emilio.

Emilio, c'était mon grand frère. Le notre, à Leandro, Andreo, Trepilio et moi. Il avait tout prit en charge après l'accident. Il avait rempli les papiers des hommes en noir qui étaient venus à la maison. Il avait aménagé un petit coin pour mes jouets dans la pièce où il travaillait.

Mais un jour, Emilio avait voulu prendre une pomme sans donné les ronds brillants au monsieur et le monsieur s'est énervé. Il a saisi le t-shirt d'Emilio, l'a plaqué au mur, tapé et puis il l'a lancé. Emilio, silencieux, tout mou, s'était retrouvé sur le toit d'une maison cabossée et branlante. Leandro était arrivé quelques heures après, avait récupéré mon corps refroidi par l'attente et nous avait emmené dans cette cabane au fin fond de nulle part.

On mangeait moins, depuis, mais les autres s'assuraient que j'avais assez. Ce matin, Andreo était parti vers un monde meilleur pour qu'on gagne quelques pièces brillantes et un peu de nourriture chacun. Je les avais entendu discuter, le soir, caché. Ils disaient qu'une maigre part divisée en trois était toujours mieux qu'une maigre part divisée en quatre.

Soudain, le vent s'arrête. La pluie aussi. La brume monte et je regarde autour de moi. Le ciel gris et sombre et, sur cette couleur menaçante se découpe une forme encore plus effrayante. Cette forme, imposante, se découpe nettement du ciel grâce à sa couleur flamboyante.

La forme dégouline d'un liquide gluant et lumineux qui fait mal aux yeux. Cette couleur, je la reconnais instantanément. Je n'ai aucun mal à l'identifier et elle me fascine. Je reste planté là, à regarder l'explosion vive et les brumes qui se tortillent autour de mes chevilles, fasciné parce que je connais la couleur de ce liquide, cette couleur si voyante.

L'explosion est rouge ballon.

Texte 2 L'astronaute  de LuneWeasley

Moi, c'est Malo. J'ai 6 ans, un ballon de baudruche comme meilleur ami, et mon cœur comme une cascade. Ma famille ? Je ne la connais pas. Je n'en ai jamais eu. Enfin presque.

L'autre jour, il y a quelques mois je crois, j'étais à l'orphelinat, assis dans mon petit lit en fer, sous la couverture rongée par les mites. Là où j'habite, tout le monde est très pauvre, parce qu'il y a un danger volcanique très élevé, alors personne ne vit ici et le village a du mal à se faire de l'argent. C'est pas moi qui le dis, c'est la directrice, Mme Zina. Elle dit aussi que tous les parents sont allés chercher du travail ailleurs, mais qu'ils n'ont pas emporté leurs enfants, à cause de la guerre. Je ne sais pas trop de quelle guerre elle parle, je sais juste que des fois, la nuit, on entend de grands coups de feu. Les autres enfants ont peur, mais pas moi. Je trouve ça beau, les étincelles, dans le noir. C'est comme un feu d'artifice, en plus grand et plus long. Mme Zina m'a dit que c'était des bombardements, qui tuent plein de gens. Mais je n'y crois pas. Je pense plutôt que des fées venues du ciel viennent nous parler. Elles nous disent que nos parents vont bien, que la guerre est bientôt finie. On parle, parfois, elles et moi. Pendant des heures, j'admire leur beauté et elles me racontent l'histoire de mon village, l'histoire de la vie. J'aime beaucoup ces rendez-vous nocturnes, je me sens spécial. Important. Ce sont les seules à me comprendre.

Je me sens un peu seul, parfois. Heureusement que j'ai mon ballon de baudruche. Lui aussi je lui parle, mais il ne répond jamais, enfin pas à haute voix. Il est arrivé par la fenêtre, un lundi soir. Je ne sais pas d'où il vient, mais c'est pas grave, il est avec moi maintenant. Il s'appelle Olaf, comme le bonhomme de neige, sauf que lui, il ne fond jamais.

Avant, je ne savais pas que j'étais le seul à parler aux fées. Je l'ai raconté à Mme Zina, une fois, et elle m'a emmené chez le psy. Il m'a demandé de lui expliquer ce que les fées m'apprennent, mais je n'ai rien dit. J'ai gardé leur secret. Après, Mme Zina m'a grondé parce que le psy n'a servi à rien alors que ça coute très cher. Je n'ai rien répondu. C'est pas moi qui ai voulu y aller, c'est elle. C'est de sa faute.

Un jour, une grande dame est venue me voir, accompagnée de la directrice. Elle venait m'adopter, parce qu'elle n'arrivait pas à avoir d'enfant. J'ai trouvé ça un peu étrange, mais je n'ai rien dit pour ne pas lui faire de peine, elle avait déjà l'air tellement triste... Elle a signé plein de papiers et parlé avec la directrice pendant au moins 3O minutes, puis on m'a demandé de signer aussi, pour prouver que j'étais prêt à partir avec la dame. Comme je n'ai pas de signature, j'ai fait un petit gribouillis, mais je ne sais même plus à quoi il ressemblait.

Ensuite je suis monté dans la voiture de la dame. Elle m'a dit qu'elle s'appelait Aline Kraft, et qu'elle était volcanologue, qu'elle observait les volcans et surveillait leurs mouvements pour prévoir les éruptions. Moi, j'avais un peu peur, alors je serrais Olaf dans mes bras. Aline pleurait en me regardant d'un drôle d'air. Je lui ai demandé pourquoi, et elle m'a dit qu'elle était émue, que c'était des larmes de bonheur parce que j'étais son meilleur rêve. Ça me plaît, d'être le rêve de quelqu'un. Ça veut dire que je suis aimé, non ?

Pendant un mois, j'ai vécu avec Aline et Olaf. On était assez heureux, elle était très gentille avec moi, et je la considérais comme ma maman. Elle me laissait même regarder les bombardements, le soir. On s'asseyait ensemble, enroulés dans un plaid, et on parlait aux étoiles. C'était notre petit secret.

Mais un jour, Aline a reçu un appel en plein milieux du repas. Elle parlait tout bas et avait l'air en même temps triste et en même temps excitée, mais je ne me suis pas inquiété et j'ai continué à manger mes lasagnes calmement. Aline a fini par raccrocher, et elle m'a dit qu'elle devait me parler de quelque chose d'important. On s'est assis sur le canapé, et elle m'a expliqué que son directeur l'avait appelée pour lui annoncer le réveil d'un volcan à quelques heures de route d'ici. Il lui a demandé de venir observer le volcan sur place, vu que c'est son métier, et elle a dit oui. On allait donc vivre dans un petit appartement près du volcan pendant quelques semaines, puis rentrer à la maison. J'ai demandé si Olaf pouvait venir, elle a dit oui alors j'étais rassuré.

J'étais très content parce que j'allais voir un volcan pour de vrai pour la première fois de ma vie. Peut-être même que je pourrais m'incruster dans les expéditions de ma maman, et entrer dans le cratère du volcan ! Mais Aline m'a bien vite ramené sur Terre. Les enfants ne sont pas acceptés dans les expéditions, c'est beaucoup trop dangereux, elle m'a expliqué. Si une coulée de lave nous menace, il faut être capable de fuir rapidement, et un enfant gênerait l'équipe.

Alors, la moitié de la semaine environ, je restais à l'appartement avec Olaf, à m'occuper en attendant Aline. Je me suis fait quelques amis, avec qui je jouais toute la journée. Ils m'ont même parfois hébergé chez eux quand maman devait rester au volcan pendant plusieurs jours d'affilé. Moi, ça ne me dérangeait pas, mais j'ai bien senti que les mères de mes copains n'étaient pas du même avis. Je les ai entendues, une fois, parler entre elles. "C'est pas responsable de prendre un gamin quand tu fais un métier pareil. " "Le pauvre ça doit drôlement le désorienter, à son âge. Et puis il est sympa, mais il va pas squatter éternellement chez nous non plus."

Sur le coup, ça m'a mis très en colère qu'on critique ma maman. Et puis j'ai réfléchi. Et j'ai compris que si je leur demandais sans cesse de dormir chez eux, mes copains n'allaient pas être contents, et leurs parents encore moins. J'ai vraiment essayé de trouver une solution tout seul, je me suis creusé la tête et remué les méninges pendant une heure, mais mon cerveau refusait de coopérer. Alors, le soir, quand Aline est rentrée à l'appartement, je lui en ai parlé. Elle a compris le problème très vite parce qu'elle est très intelligente (c'est son chef qui me l'a dit un fois quand je l'ai croisé), et elle a décidé de trouver une nounou pour me garder, les fois où elle devait dormir au volcan. Le problème des nounous, c'est qu'il faut les payer, c'est pas comme les copains. Et c'est là que j'ai trouvé LA solution du siècle, qui arrangerait tout le monde (enfin surtout moi).

« Il faut que tu m'emmènes avec toi sur le volcan, j'ai dit à maman, ça coute pas cher et tu pourras savoir tout le temps où je suis, sans t'inquiéter ! »

Mais maman n'était pas du tout du même avis. Elle a été très ferme là dessus, elle a vraiment failli s'énerver contre moi, parce que c'était la "centième fois" que je lui disais ça (d'après elle) et la "centième fois" qu'elle m'expliquait que les volcans c'était hyper dangereux pour les petits enfants, blablabli, blablabla...

Je ne l'écoutais pas vraiment, et là, emportée par son élan, elle a dit « Les volcans, ce n'est pas à prendre à la légère ! Ca a tué des centaines de gens ! »

Je l'ai regardée, elle m'a regardé, et là j'ai dit :

« Tu... Tu pourrais mourir ! Tu risque de mourir tous les jours, et tu me l'avais pas dit ! »

Et j'ai commencé à crier, à pleurer, pas parce que j'étais en colère, non, parce qu'elle m'avait menti. Elle ne m'avait pas fait confiance, et ça, ça m'a beaucoup blessé sur le coup.

Je suis allé dans ma chambre, et je ne lui ai plus parlé de la soirée. Elle est venue me voir, plusieurs fois, expliquer qu'elle était désolée, qu'elle ne voulait pas me faire peur alors elle ne m'avait rien dit, et que vu que j'étais son premier enfant, elle ne savait pas trop comment faire...

Je n'écoutais pas. Je ne voulais pas. J'aurais dû.

J'aurais vraiment dû.

Le lendemain, elle est restée à la maison avec moi. Je sentais bien qu'elle était triste, mais j'ai fait comme si de rien n'était, et je ne me suis pas excusé. Je lui ai à peine parlé, et j'ai joué toute la journée dehors, avec les copains et Olaf.

Et puis le surlendemain, Aline est partie au volcan en urgence, il y avait un problème au niveau des capteurs de tremblements, je crois.

Mais elle n'est jamais revenue.

Dans l'après-midi, pendant que je regardais les vaches du pré d'à côté, j'ai entendu une dame crier "Attention, le volcan se réveille !"

La police est arrivée quelques minutes plus tard et nous a fait évacuer le village. Je ne comprenais pas. Le volcan ne fumait pas, tout était calme, et pourtant, les gens criaient et couraient dans tous les sens. Ils partaient avec dans des voitures de polices, loin, très loin, sur la route. Certains enfants appelaient leurs parents, et c'est là que j'ai réalisé.

Maman.

Le volcan.

Très dangereux.

Mourir.

Je ne voulais pas y croire, je ne pouvais pas y croire. Olaf non plus.

Un policier m'a repéré. Il m'a dit qu'il fallait partir, que je retrouverai ma maman plus tard, au poste de police. J'ai essayé de lui dire que maman était là haut, dans le danger, mais il ne m'écoutait pas. Alors je me suis débattu, et je me suis échappé de ses bras, pour courir me cacher, loin, très loin, et rejoindre ma maman.

J'ai traversé tout le village, Olaf attaché à mon poignet pour ne pas le perdre. J'ai couru le long de la prairie des vaches, jusqu'à être totalement épuisé.

Et là, je l'ai entendu. Un grondement énorme, menaçant, venant des entrailles de la Terre. Le volcan commençait son travail. Et bientôt, du village, il ne restera rien. De moi non plus, d'ailleurs, mais ça, je m'en fichais un peu.

J'ai recommencé à courir de plus belle. Devant moi, j'ai vu des rubalises, mais je les ai franchies. Désormais, le respect des règles m'importait peu.

Il me fallait voir le massacre pour y croire.

Je suis arrivé dans une sorte de lit de rivière, au sol constitué de poussière grise et aux arbres calcinés. Un filet d'eau coulait, formant des flaques où se reflétaient les nuages, gris et menaçants. J'ai levé la tête vers le volcan. Et là, il a explosé. Dans un nuage de fumée et de gaz suffocants, cet infame monticule de terre a commencé à cracher de plus en plus de lave, orange, rouge, dégageant des bouffées de vapeur, empoisonnant l'air, la terre, en martyrisant mon cœur à coups de couteaux.

Et c'est là, enfin, devant ce massacre, que j'ai été obligé de le réaliser. De l'admettre. J'ai hurlé, de fureur, de tristesse, d'horreur. Pourquoi elle ? Pourquoi moi ?

Pourquoi nous ?

La seule famille que j'aie jamais eu, la seule personne au monde qui m'ai jamais aimé. J'ai ressentit une douleur violente dans la poitrine. Elle était partie, j'en été convaincu. C'était fini.

Après, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé. J'ai été repéré par des pompiers, je crois, qui sont venus me chercher et m'ont amené de force en sécurité, à la caserne. Ils m'ont dit que j'avais failli mourir, que j'étais dans la trace d'une ancienne coulée volcanique, et que la lave se dirigeait droit sur moi. Je leur ai répondu que ma mère était morte, et que j'aurais préféré mourir aussi.

Des recherches ont été faites, les jours suivants. Le verdict était simple, et même si je m'y attendais, une petite pointe d'espoir été restée en moi. Elle a reçu une gifle si forte que je ne pense pas qu'un jour l'espoir ne me revienne. Ce sentiment m'a déserté depuis que maman est morte, après m'avoir connue seulement un mois, après s'être disputée avec moi.

Mon cœur, bouillonnant de larmes, comme un torrent, s'est depuis lors calmé. Un rivière, un lac de larmes, peut-être. Mais je préfère dire une cascade. C'est dangereux, une cascade, tout comme son métier.

Je suis retourné à l'orphelinat. Mme Zina m'a accueilli gentiment, les yeux plein de pitié. Je n'aime pas ça, la pitié, je me sens encore plus seul après.

Je pense souvent à ma maman.

Parfois, je lui parle, à travers les bombardements. Je suis sure qu'elle aussi, d'où elle est, elle aime autant regarder les étoiles que moi.

Plus tard, c'est décidé, je serai astronaute.

Texte 3 : Le collectionneur de malheurs de 

La première chose qui traverse l'esprit de Bilal en voyant l'énorme explosion orangée, c'est que le bulletin météo s'est encore trompée.

La lave surgie du volcan en énormes jets traînées fumantes. La fumée est si épaisse que le ciel s'obscurcit. Un instant, il est fasciné.

Puis, en entendant les cris de panique et les mouvements effrénés tout autour de lui, son instinct de survie le rattrape. Il doit partir. Immédiatement.

C'est alors qu'il le voit.

Un enfant dans un imperméable jaune.

Il semble petit, si fragile face à l'énorme volcan fumant. Il tient dans ses petites mains un énorme ballon rouge. Là, le sang de Bilal ne fait qu'un tour.

Personne ne semble remarquer le pauvre enfant. Cela n'a rien d'étonnant, chacun est paniqué, préoccupé par son propre sort. La formation de maître-najeur de Bilal l'empêche toutefois de rester les bras ballants face à un gamin seul en pleine catastrophe naturelle.

Il s'avance vers lui et lui tapote l'épaule :

— Eh ! Il faut qu'on parte d'ici petit ! La lave sera bientôt sur nous. Suis moi...

— Nul besoin.

L'enfant se retourne avec un sourire ironique. Bilal, malgré la haute température de la période estivale, se glace. Le visage est vieux comme le monde. Parcheminé et ridé jusqu'aux os. Des petits yeux qui semblent flotter dans leurs orbites. Une bouche quasiment édentée. Une peau tachée comme une peau de banane bien mûre. Sous la capuche de l'imperméable, il croit apercevoir un soupçon de cheveux blancs.

Il a un mouvement de recul. Puis se frotte les yeux. Et tire ses oreilles. Il jurerait pourtant avoir entendu une voix d'enfant. Les mains de l'individu sont lisses et intactes. Il remonte son regard le long de son bras. Le ballon rouge ne bouge pas. Pas le moindre souffle de vent ne le fait ne serait-ce que vaciller.

— Qu'est ce que c'est que ça ? Qui êtes-vous ?

— Je suis ce qu'on appelle un Collectionneur de malheurs. Et ce ballon rouge vois tu, est ma boussole. Il me permet d'apparaître partout où il s'en produit un.

Bilal recule d'un pas. Il déteste ce décalage entre la voix et le visage de son interlocuteur. Il détestait l'odeur de fumée de plus en plus présente.

Cet homme est fou. Il doit gagner du temps.

— Un collectionneur de malheurs ? Ça consiste en quoi ? Vous prenez la peine des gens ?

Le vieil homme éclate de rire. Un rire si juvénile qu'il retourne l'estomac de Bilal. J'hallucine. Il ne voit pas d'autres explications.

— Certains se contentent d'un simple chagrin. Mais moi je préfère les grandes catastrophes. Un peu comme les Faucheuses. Certaines préfèrent les innocents, d'autres les malades ou les meurtriers.

Bilal a un sourire nerveux. Il n'est pas sérieusement en train d'avoir cette conversation avec ce... vieillard ? enfant ?

Mon imagination me joue des tours.

— Pas vraiment jeune homme. Tout cela est bien réel. Toutefois, tu es le seul à me voir. Tu te demandes peut-être pourquoi ?

Cours.

— Oui cours Bilal.

La voix était pleine de délice.

— Mais il est déjà trop tard.

L'odeur de chair brûlée. Ses pieds sont en train de brûler. La lave est déjà arrivée jusqu'à lui. La douleur le heurte d'un coup. Comment ne s'en est- il pas rendu compte plus tôt ?

— Et il se trouve, chuchote le collectionneur de malheurs avec malice, qu'il n'y a pire douleur que de mourir immolé par le feu.

Les larmes dégringolent les joues de Bilal. Il se mord la lèvre jusqu'au sang.

— Je... je vous en supplie.

— Malheureusement, je ne peux pas outrepasser mon rôle.

Sa voix semble réellement désolée.

— À moins que tu ne souhaites devenir un Collectionneur de malheurs. Tu auras une vie éternelle.

La douleur est si forte qu'il se sent perdre connaissance.

— Non merci, gémit-il avant de partir pour toujours, c'est bien trop triste, de collecter des malheurs éternellement.

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