Une étoile parmi d'autres - Popyoucorn

Je l'ai pas vu sur ton compte, donc je me permets de publier, et comme les autres fois je peux retirer, Popyoucorn

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« Je vais mourir cette année.

Ces mots parvinrent à ses oreilles dans un écho, comme prononcés par une voix lointaine. Il n'y croyait pas, il n'avait pas envie d'y croire, pourtant ses yeux verts ne mentaient pas. Elle était sincère. Aussi sincère que lui lorsqu'il lui avait promis qu'ils décrocheraient la lune ensemble, et vogueraient dans l'infini espace pour y voler toutes les étoiles. Ce genre de sincérité, si absurde qu'on ne pouvait qu'y croire.

. Mais cette fois il n'y croyait pas.

Il baissa la tête presque d'une façon honteuse.

— Je suis sûr que non, répondit-t-il, la mâchoire serrée.

— Tu vas devoir l'accepter.

Jamais elle n'avait eu un ton aussi triste.

— Tu vas t'en remettre, je le sais. Tu en es capable...

— S'il te plaît...

Si résignée.

— Je ferai tout ce tu veux, mais par pitié...

— C'est comme ça..

— Ne me laisse pas, Émilie.

L'homme prit les mains glacées de son épouse dans les siennes dans une vaine tentative de les réchauffer. Il lui offrit un sourire contrit et s'installa sur le lit, tout près d'elle, puis embrassa son front tout aussi froid.

— J'ai fait des macarons, annonça-t'il d'une voix guillerette. A la pistache, comme tu les aimes.

Émilie émit un petit rire rauque qui sonna creux.

— Tu les as fait venir de la boulangerie des Dupain-Cheng, j'ai vu le camion arriver dans l'entrée.

— Tu n'étais pas obligée de le dire, soupira Gabriel sans perdre son apparente bonne humeur.

Elle lui sourit tendrement, elle avait le plus beau, le plus chaleureux de tous les sourires qu'il n'ait vu de toute sa vie. Sa main replaça vers l'arrière les quelques cheveux blancs de son mari, dont les yeux commençaient à s'embuer de larmes derrière ses lunettes. Chacun de ses contacts était pareil à un bruissement de feuille d'automne qui reste accrochée à sa branche, avant de s'échouer sur le sol, emportée par le vent.

— Je t'aime...

Son pouce effaça d'un geste la larme qui glissait le long de sa joue, en même temps que ses yeux à elle se remplissaient de larmes. Elle ne pleurait jamais. Pourquoi elle pleurait ? Elle s'en remettrait. Il fallait qu'elle guérisse. Coûte que coûte.

— Tu prendras soin d'Adrien à ma place.. Veille sur lui. Qui sait comment il pourrait réagir ou ce qui pourrait lui arriver ?

— Je ne pourrai pas, implora Gabriel en posant sa main sur celle d'Emilie, toujours plus froide. Pas sans toi... tu es tout pour lui, tu es sa mère, sa...je n'y arriverai pas. Tu vas guérir, et on sera à nouveau tous les trois, pour l'éternité. Jamais je ne pourrai-

— Il le faudra bien, pourtant.

Le ton de la jeune femme s'était fait un peu plus ferme, son regard plus déterminé, semblable à celui qu'elle avait eu le jour où elle avait utilisé son Miraculous pour la première fois. Dusuu et Nooroo s'étaient mis à l'écart, impuissants face à l'inévitable.

Émilie ferma les yeux en s'affaissant un peu sur son oreiller, Gabriel retint son souffle au même moment. Son pouls battait toujours. Il avait beau être faible, lent, irrégulier parfois, mais il le sentait toujours. Tout irait bien tant qu'il battrait.

Elle soupira un long moment et rouvrit ses yeux, pour leur plus grand bonheur.

— Adrien est là ? Fit-elle d'une voix presque éteinte.

— Il est derrière la porte en espérant que je ne l'ai pas remarqué, avoua le jeune père en se levant du lit. »

Il alla ouvrir la porte face à un garçon blond aux yeux verts, si jeune et déjà beau à s'en damner. Sauf que cette fois, sa beauté éclatante héritée de sa mère était entachée par son expression, ses joues mouillées de larmes ainsi que son menton tremblant. Gabriel remit son masque de froideur en le toisant de haut, hors de question que le petit voie sa mère dans cet état.

« Je peux... est-ce que je peux voir maman ?

— C'est impossible, Adrien. Retourne jouer ailleurs.

Il n'aimait pas se montrer aussi autoritaire.

— S'il vous plaît, père..

Adrien se mit à pleurer pour de bon en enfouissant son visage dans ses mains. Son père s'agenouilla à sa hauteur pour le serrer dans ses bras, mais il fut repoussé dans un accès de colère. Le garçon le rejetait, ce n'était pas lui qu'il voulait.

— Je veux voir maman !

Gabriel s'apprêta à quémander Nathalie.

— Adrien, mon chéri ? Viens me voir, veux-tu ? N'écoute pas ton père, il est fatigué... »

L'enfant se remit à sourire en entendant la voix lointaine de sa mère et s'écarta de l'homme, courant et atterrissant directement sur le lit dans un éclat de rire partagé. Gabriel serra les dents et s'apprêtait à chasser Adrien, mais son épouse lui intima d'un regard ferme de les laisser seuls un moment, rien qu'un moment, ce qu'il accepta à contrecœur tandis que les deux kwamis se cachaient.

Émilie caressa les cheveux blonds et soyeux de son fils qui se blottissait tout contre elle, malgré son corps froid et affaibli. Il était tout pour elle, son petit chaton, son petit oiseau, son étoile, il était tout ce qu'il avait de plus beau et de plus précieux en ce monde.

« Maman, Chloé m'a fa! Sur la bouche, en plu

— Oooh, mais c'est ce que font les amoureux, répliqua-t-elle en souriant. Tu n'es pas amoureux ?

— Elle, elle l'est sûrement de moi, mais je ne suis pas amoureux d'elle, fit Adrien d'une voix contrite. Qu'est-ce que je peux faire pour qu'elle arrête de m'embêter ?

— Avec un peu de chance, si tu restes loin d'elle, elle finira par se lasser et trouvera un autre garçon..

Adrien eut l'air sombre, peu convaincu par l'idée. Sa mère le prit soudainement dans ses bras et se mit à le chatouiller vigoureusement, et ils se mirent à rire, de rires aussi colorés et éphémères que des papillons.

— Je t'avais dit que tu étais le plus charmant de tous les garçons ! Aucune fille ne pourra te résister~

— Mais je ne suis amoureux de personne !

De l'autre côté de la porte, Gabriel s'était effondré, en larmes.

Les jours passaient, la santé d'Emilie se dégradait, elle souriait, Gabriel mentait, Adrien redoutait, et une pluie d'étoiles filantes aurait bientôt lieu, si proche qu'elle serait visible depuis Paris. Tous trois avaient décidé qu'ils la verraient dans leur jardin bien trop grand, bien que Gabriel se soit opposé à ce qu'Emilie reste dehors trop longtemps. Ce à quoi elle avait répondu en l'embrassant furtivement, gagnant le droit de rester aussi longtemps qu'elle en aurait envie.

Adrien était si excité qu'il avait tout préparé ; une nappe de pique-nique ainsi que des plaids doux et chauds pour tous les trois, un thé chaud accompagné de miel, un télescope. Il attendait ce moment avec une telle impatience, lui qui n'avait jamais vu d'étoiles filantes de sa vie auparavant ! Il sautait presque de joie lorsque ses parents le rejoignirent sur l'herbe et qu'ils se blottissaient les uns contre les autres, emmitouflés dans leurs plaids. Les premières étoiles filantes apparaissaient déjà, si rapides, si brèves !

« C'est magnifique... soupira Émilie en posant sa tête sur l'épaule de son mari.

— On peut faire presque tous les vœux qu'on veut ! s'extasiait Adrien.

Gabriel n'avait fait qu'un seul vœu, qu'il répétait en boucle à chaque fois qu'il voyait une nouvelle étoile s'éteindre, même si c'était idiot de penser qu'une étoile avait ce genre de pouvoir.

Ils étaient tous les trois serrés les uns contre les autres, infimes poussières dans l'infinité de l'Univers, des poussières si unies qu'elles étaient sûres de rester ensemble pour toujours.

L'homme serra la main froide d'Emilie et embrassa brièvement sa nuque, les yeux rivés vers le ciel constellé d'étoiles. De toute façon, aucune n'était plus radieuse qu'elle.

« Je t'aime, ma chérie.

Elle ne répondit pas.

— Maman ? Fit Adrien d'une voix un peu inquiète en se tournant vers elle.

Emilie était pâle et froide, mais pas plus que d'habitude, du moins il n'en avait pas l'impression. Gabriel vérifia le pouls et ébouriffa les cheveux de son fils d'un geste affectueux, lui offrant un sourire rassurant.

— Elle dort, ne t'en fais pas. »

Adrien hocha la tête un moment, trop extasié par les étoiles pour prêter davantage attention à sa mère. Elle dormait, en effet, sauf qu'elle ne se réveillerait plus.

Gabriel serra son fils plus fort contre lui et ferma les yeux, sans pouvoir empêcher ses larmes de couler à nouveau.

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Ahlala, 10/10 ! Le seul et l'unique !

Ainsi qu'un flacon de larmes de Misty pour toi aussi

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