Le petit Magicien - Harfangpensante

L'OS de Harfangpensante (Je manque d'écorcher ton pseudo à chaque fois c'est une horreur x) )

Je le mets ici, si tu veux le publier et que je l'enlève, je le fais, allez, allez, c'est reparti !

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Je vais mourir cette année. Ou peut-être pas. Mais les probabilités ne penchent pas en ma faveur.

Mon oncle ne m'apprécie pas beaucoup et Emilie ne peut me protéger. Il n'apprécie pas grand monde. Son manque d'affection me laisse indifférent à vrai dire. Nous n'avons jamais été de la même famille et n'essayons même pas de faire semblant de s'apprécier. Tout ce qui nous relie se résume en ma condition. Et celle d'Adrien. Mais je ne suis pas certain que l'hypothèse qu'il disparaisse puisse influencer mon oncle dans sa décision. Il n'a pas l'air de l'apprécier beaucoup. Pourtant, il le garde en vie. Donc il me garde en vie. Mais j'ignore combien de temps cela peut perdurer. Emilie n'est plus là pour aimer. Mon père n'est plus là pour raisonner les Agrestes face aux plans foireux. Je peux me permettre de critiquer leur projet car je suis un de leur plan foireux. Cela me fout la haine. D'exister sans vivre.

J'en veux à la terre entière. Je suis fous de rage d'exister, je suis énervé de me laisser menacer tel un nourrisson, je suis agacé de pouvoir disparaitre d'un claquement de doigt. Mais ce qui m'insupporte le plus est bien le fait de vouloir continuer cette existence malgré ma condition de sentimonstre. Cela devrait être évident pourtant : je ne suis pas programmé pour vouloir mourir, si mourir est le terme approprié.

Je suis programmé tel un pantin et pourtant lorsque je vois ses yeux s'éclaircir de bonheur, je ne peux que remercier mon père de m'avoir « donné la vie ». Je suis heureux lorsqu'elle l'est. Je suis triste lorsqu'elle est peinée et ravie de son regard inquiet posé sur moi. Elle souhaite mon bonheur et moi le sien, même si je ne lui dis pas. Mais lorsque je ressens cela, j'ai l'impression de la tromper. J'ai l'impression de mentir à tout le monde, moi inclus. Je ne sais jamais si mes sentiments sont vrais, si je suis l'initiateur de ceux-ci.

Mais malgré tous mes doutes, malgré cet écartèlement moral : je ne pourrais jamais l'abandonner. Je ne peux pas permettre à mon oncle de rompre mon existence. Une voix me tire de mes pensées :

- Perdu dans tes pensées mon petit magicien ?

Je tourne la tête vers elle, ma mère. Je lui souris et la rassure. Je pense juste à la journée venant de passer, je vais bien, j'ai été heureux de voir mon cousin. Je lui mens. Je me mens lorsque je lui souris et la rassure. Je mens tout le temps. Mais je pourrais décider d'arreter de lui mentir sur certaines choses. Non Maman, je ne suis pas ton fils. Aujourd'hui, j'ai compris que j'allais sûrement mourir bientôt. Mais je tiens trop à elle pour lui annoncer la vérité. Cette vérité qui détruit tout. Elle la détruirait autant qu'elle me détruit. Cela ternira son doux visage. Elle ne serait plus si joyeuse. Elle ne serait plus en pleine forme. Mon père me l'a confié. Il a refusé ma mort, pour ma mère. Il a refusé de me faire disparaitre et il en est mort. Alors je ne peux pas réduire ses efforts à néant. La santé de Maman est trop faible pour la blesser ainsi. Je ne veux pas être responsable d'une rechute. Je ne veux pas être responsable de son malheur. Et pourtant... ma nature apporte malheur. Je suis destiné à la soutenir, à être son fils, à l'aimer. Cela ne rend pas les choses moins vraies. Mais moins savoureuses.

Je repense à la chance qu'à Adrien. Il ne sait rien, il est naïf, il peut se permettre d'avoir des amis, une vie. Il ne se doute de rien, malgré son dévouement pour son père, malgré l'ambiance lugubre chez lui, malgré les indices. Il reste innocent et joyeux. Il est stupide. Je n'arrive pas à l'apprécier. Le voir me rappelle notre condition, notre lien infect, notre ressemblance inhumaine. Tous deux issus du physique du même cadavre de nourrisson.

La haine me monte lorsque je le vois. Je sais objectivement qu'il n'y peut rien en soit. Il est juste stupide. Peut-être qu'Emilie a raté une étape à sa création pour qu'il soit aussi niais ? Je deviens cynique. Je penche légèrement la tête pour pouvoir m'appuyer contre la fenêtre. Je contemple le paysage. Je contemple la vie en me demandant jusqu'à quand je pourrais l'admirer. Devant moi, un paysage d'arbres et de buissons fleuris défilent. A certains moments, je peux apercevoir quelques habitations ou usines. Je triture ma bague avec soulagement. La sentir contre mon doigt me rassure et me rend optimiste, enfin optimiste est un grand mot.

Maman sourit légèrement en me regardant. Je la sens me regarder. Une sonnerie retentit et mon portable vibre. Je le sors de la poche de mon pantalon noir en soie. J'ai reçu un message, cela me rend perplexe. Je ne suis pas une personne extravertie. Je ne suis même pas un minimum social. Je préfère rester dans mon coin avec des livres, rester près de Maman et la savoir heureuse. J'ouvre la notification et me retrouve devant le message qu'Adrien vient de m'envoyer : « Je suis heureux de t'avoir vu ». Je souffle d'exaspération. Cela intrigue Maman qui me regarde, je lui souris afin de la rassurer. Je devais me douter que je recevrais un message sans intérêt de mon cousin après notre rencontre. Je me demande s'il affiche une image lisse de lui ou si il est vraiment stupide et naïf. Je me demande également s'il ressent mon animosité. Je ne pense pas. Et pourtant, je ne la lui cache pas. D'un certain coté, Adrien est un petit enfant. Je ne devrais pas le détester autant. Mais il m'arrive de vouloir briser sa petite vie insouciante. Il a la chance de vivre sa vie sans ressentir le poids de son existence. Il ne se demande jamais si son caractère ou sa réflexion n'a pas déjà été inconsciemment programmé par son créateur. Il ne se demande jamais ce qu'est la différence entre la mourir ou disparaitre. Nous pourrions juste cesser d'exister, comme si nous n'avions jamais été là. Nous sommes sur vivant et pourtant nous ne le sommes pas. Voilà la vérité : Notre existence est déterminée par la volonté d'autrui. Et je voudrais hurler : Je veux vivre. Mais je vais cesser d'exister. Nous allons cesser d'exister. 

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9,25/10 pour toi !

Et voilà-

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