(Écrit hors concours)

C'était une douce soirée de juin. Seul, tu scrutais cette toile bleue que l'on appelle "ciel". Les nuages semblaient danser, tous portaient des tenues aux couleurs chaudes. Du rose, du orange, du jaune et en arrière-plan le jazz sonnait. La boule de feu sombrait, s'étouffer sans doute époustouflé par tant de beauté. Ce qu'elle ne savait pas c'est que lorsque l'on sombre, notre petit monde nous suit. Tes rêves tombent, tes désirs s'étouffent, les couleurs se perdent, tes yeux deviennent ternes puis peu à peu tout semble ne plus suivre son chemin initial. Les nuages danseurs arborent la couleur d'enterrement et seuls quelques petites astres scintillants habillent leurs robes. Une forme d'espoir dans les ténèbres que nous ne pouvons pas quitter des yeux mais que nous n'atteindrons jamais pour autant. Seules les ténèbres nous happent. Elles nous portent, nous transportent mais la voie qu'elles empruntent est en pente et avant que nous nous en rendions compte, nous voilà au fond et rien qu'à l'idée de devoir escalader la montagne nous tremblons. Le ventre vibre, tourbillonne, ce tord... On l'appelle Peur et vient ensuite Anxiété, puis Doute et enfin j'entre dans la danse, une danse plus funeste moins colorée, plus morne. Je suis Douleur. Des cheveux de sangs. Des lèvres de feu, pulpeuses, condescendantes. Scratch, vlan, crac. Les larmes coulent, Peur grandit, Anxiété vrille complètement, et le hurlement de Doute frappe les oreilles comme un gong tintant à celles d'un enfant. Quant à moi, je suis celle qui en résulte. Je suis celle qui te fait mal, te brise et t'incite à abandonner. Je suis la plaie sanguinolente. Mais pourquoi une aussi vile destiné ? N'ai-je pas le droit de conquérir plus tendrement ton corps ? Tes pensées ? J'ai arnaqué les droits. J'ai plié le destin sous mon joug. Et lorsque je t'atteins plus fortement, te voilà plus fort. Je te donne cette force. Ce désir de continuer, de vivre, de te lever. Oui moi Douleur. J'ai joué sur mes lois. Je t'instruis et tu m'en remercieras. Moi Douleur. Je ne puis que faire de cela, un pouvoir bien triste. Comme Hadès coincé dans les enfers au bord du Styx. Me voilà prise entre deux feux. Ils ne sont pas tout rouges, non. Ils sont orangés. Orangés comme mes lèvres suite à nos baisers brulants. Comme les robes des nuages ne sont jamais entièrement noires ou entièrement jaunasses. Les étoiles brûlent. Scintillant comme de splendides pierres précieuses. Sciant à merveille en tant que parure les tentures de ton habit. Je ne meurs jamais perdurant dans ta mémoire, mais le malencontreux sentiment que je t'inspire s'amenuise et peu à peu... Lentement... Comme une lente valse... Tu me convertis en force. La montée te semble dès lors accessible et brandissant ta plus tendre épée faites de mon opposée et pourtant sœur jumelle, Amour... Tu portes la force d'affronter Anxiété, Doute, Regret, tout ce qui te blesse et te voilà touchant du doigt le ciel... Je suis ton tremplin, pour toujours à jamais...