Les limites du possible - Canuchette18
Dooonc, nous nous retrouvons pour le texte de canuchette18 ! Bonne lecture !
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Courir.
Toujours plus loin, encore plus rapidement.
Courir avant de se faire rattraper.
De se faire sermonner.
De se le faire reprendre avant d'y arriver.
Je n'ai pas le droit de m'arrêter. Pas maintenant. Si près du but, elle veut me retenir. Même si elle sait que cela pourrait être évité.
« Je t'en prie, ne fais pas ça ! Cela pourrait changer le cours des choses ! »
Pourquoi donc ? Je n'avais pas le droit de le lui prendre, mais cela la sauverait. Elle serait heureuse, alors pourquoi vouloir m'en empêcher ?
« Tu sais bien que cela pourrait provoquer des évènements irréversibles aux conséquences terribles ! »
Je m'arrête un instant, fixant devant moi un point invisible tout en essayant de canaliser mon énergie. Je reprends mon souffle, tandis que ma poitrine s'abaisse et se relève à un rythme élevé tant ma course a été rude et éprouvante. J'observe le spectacle grandiose que m'offre le soir avec sa parure orangée, et la vue parfaite que j'ai de la Dame de Fer de là où je suis. Au loin, derrière moi, j'entends un cri, un appel désespéré de sa part. Je peux sentir grâce au trémolo dans sa voix qu'elle est en train de pleurer.
« Je t'en supplie, rends-le-moi...tu sais bien qu'il ne faut jamais l'utiliser dans un but personnel...j'en ai déjà fait l'expérience dans le passé et crois-moi, les choses qui arrivent ensuite ne sont pas très plaisantes à vivre...»
De quoi veut-elle parler ? Je n'en sais rien, mais je dois agir au plus vite avant qu'elle ne me rattrape. Je sais que c'est risqué, mais cela me semble être la seule manière d'y échapper. De sauver des milliers de vies à travers tout Paris. Et d'enfin réunir ma meilleure amie avec le garçon qu'elle aime.
« Fluff, transforme-moi ! »
Une forte lumière bleue et blanche voltige alors autour de moi, et je découvre la présence d'oreilles et d'une queue de lapin. Un parapluie me sert d'arme. Je suis désormais Bunnya.
Je me retourne une dernière fois pour m'apercevoir qu'elle est presque à ma hauteur. Essoufflée, elle me crie désespérément :
« S'il te plaît, rappelle-toi ce que je t'ai dit quand je me suis confiée à toi ! Il y a des limites à tout ! Tu n'y arriveras peut-être pas ! »
J'hésite un instant, pesant le pour et contre. Est-ce vraiment nécessaire de passer à l'acte ? Cependant, une raison bien précise me tire de mon indécision.
Depuis ce jour terrible ayant fait beaucoup de victimes, elle mange très peu, et en est venue à faire des malaises en cours.
Malaises se répétant régulièrement, bien trop régulièrement pour que sa santé n'en pâtisse pas.
Et pouvant lui nuire dans les prochains mois selon les médecins.
Tant pis. Je dois le faire, même si c'est quitte ou double.
Mais une part de moi-même me rappelle à l'ordre en me disant de l'écouter, que tous les conseils qu'elle me prodigue sont bénéfiques non seulement pour moi, mais aussi pour elle.
Je reste dubitative face à la complexité de la situation, quand j'entends des halètements à moins d'un mètre de moi. Je me retourne vivement et la voit, mains posées sur ses jambes pliées, et tête baissée.
Plus de temps à perdre.
« Terrier ! »
Différentes époques sont représentées sur les grands cercles de cet endroit plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un frisson désagréable envahit tout mon corps, comme si ce dernier sentait qu'il n'avait pas le droit de faire ce qu'il s'apprête à faire. Et pour cause.
Ma conscience me travaille.
Cette satanée conscience qui me prévient en amont que je vais sûrement commettre une bêtise irréparable.
Mais pour cette fois, je ne l'écoute pas, et fais glisser mon doigt de gauche à droite sur l'un des cercles. Je dois remonter le temps.
Encore plus loin.
Jusqu'au jour où tout a basculé.
Qui aurait pu penser qu'un simple oubli allait causer la perte de milliers de personnes ? Et laisser une cicatrice bien profonde dans son cœur meurtri par la culpabilité ?
Qui aurait pu prévoir ça ?
Personne n'aurait pu.
J'essuie du revers de ma manche mes yeux mouillés par des larmes de tristesse, puis relève ma main du cercle.
« Je ne sais pas si je vais supporter ça...» je me chuchote à moi-même, les yeux rouges. Pourtant je dois le faire.
Pour elle.
Après tout je l'aime, je souhaite qu'elle soit heureuse, même si ça veut dire pour moi renoncer à elle.
Pas vrai ?
J'entre dans l'époque que j'ai choisie, puis je pars immédiatement me cacher. Il ne faudrait pas qu'elle me voit tout de suite, sinon les choses pourraient extrêmement mal tourner, et mon voyage dans le passé aurait alors été inutile.
J'aurais dû être présente. J'aurais dû intervenir ce jour-là. Il n'aurait alors pas été noyé après la défaite de cette super-vilaine particulièrement coriace. Je culpabilise tellement quand j'y pense. Je suis persuadée que tout est de ma faute. Que pour une fois, je n'ai pas été le soutien qu'elle aurait dû avoir. Qu'à cause de mon absence, il s'est fait éjecter du champ de bataille pour toujours. Et qu'elle m'en veut au plus profond d'elle-même.
« Donnez-moi vos miraculous, ou vous vous retrouverez changés en lait caillé ! »
« Habituellement, les bêtes de mon espèce adorent le lait, mais dans ce contexte je ne trouve pas cette proposition al-lait-chante, Lactosia ! »
« Grrr tais-toi un peu, chat de malheur ! »
« Concentre-toi chaton, elle ne doit pas gagner ! Lucky-charm ! Une bassine ? Mais à quoi elle va pouvoir me servir ? »
« Ladybug, attention ! »
Il s'était jeté devant elle pour prendre le coup de lait-ser à sa place. Il s'était fait lait-quéfier malgré lui. Dans une situation normale, je n'aurais pas autant paniqué, sachant que Lait-dybug al-lait tout faire rentrer à la normale. Pour le moment, je sens une boule se former au fond de ma gorge en pensant à ce qu'il va se passer ensuite, et à la manière dont je vais devoir intervenir pour l'aider.
« Chat Noir ! »
L'héroïne semble dévastée et je sors de ma cachette, plus anxieuse que jamais.
Il s'est fait avoir. Et désormais, elle est seule pour combattre la vilaine.
Parfait.
Jusqu'ici, tout se passe comme prévu, sans accroc.
Elle continue le combat tandis que je m'approche discrètement par-derrière de Lactosia. D'un coup sec, j'arrache de sa taille la fourche contenant l'akuma.
« Ladybug, attrape ! Vite ! »
Surprise, l'héroïne tourne la tête vers ma direction, observant la fourche voler à travers les airs, puis s'apprête à la récupérer quand...
Plus rien.
Plus de Ladybug.
Juste une flaque de lait, se confondant avec les nombreuses autres déjà présentes autour de nous.
Non.
Ça ne peut pas arriver. Cette situation est encore pire que ce qui aurait dû se passer.
Bien pire que de se retrouver aves des dizaines de Lactosias dans la ville.
Un sentiment de peur m'envahit, et je décide alors de retourner dans le passé avant d'être victime de la super-vilaine.
« Terrier ! »
Tout mon corps tremble quand je pense à ce qu'il vient de se passer. Ma main touche le cercle, puis se déplace de gauche à droite.
Je dois agir au plus vite pour réparer mon erreur.
Car en me rappelant ce que m'a dit ma meilleure amie juste avant que je ne parte dans le passé, j'ai le mauvais pressentiment que j'ai fait quelque chose d'impardonnable.
Quelque chose qui pourrait nuire à beaucoup de personnes.
« J'en ai déjà fait l'expérience dans le passé et crois-moi, les choses qui arrivent ensuite ne sont pas très plaisantes à vivre...»
Je comprends mieux ses paroles à présent.
Et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour réparer ces évènements et remettre le futur sur les rails.
Pour le bien de Paris.
Et la survie de tous ses habitants.
J'essaie tant bien que mal de remonter le temps encore plus loin avant cet évènement.
Sans succès.
Alors qu'il n'existe pourtant pas d'autre solution pour éviter une inondation de lait à n'en plus finir. Et personne pour réparer ça.
Je sens tout à coup des fourmillements dans mes jambes, et je tombe par terre. Ma jambe gauche n'existe plus.
« Mais que se passe-t-il ? »
Mon corps entier est secoué, et je me sens toute bizarre. Enfin, pour être exacte, je ne me sens plus du tout, et ma vision se brouille petit à petit.
J'essaie désespérément de faire glisser mon doigt encore matériel une dernière fois, puis une inscription rouge vif apparaît soudainement sur le cercle. J'ai tout juste le temps de la lire en vitesse. Pour me rendre compte d'une chose terrifiante.
Le temps, c'est comme une voiture. Plus on le manipule de la mauvaise manière, plus il devient incontrôlable. L'utiliser à bon escient est crucial pour sa sécurité et celle des autres. Pour ne pas franchir les limites du possible.
Mon sang ne fait qu'un tour.
Je le savais, alors pourquoi l'ai-je fait déjà ? Pour tenter de sauver une seule personne ? Malheureusement, j'ai fait bien pire que ça en essayant d'arranger les choses.
J'ai causé sa perte. Mais pas que.
Aussi celle des quelques deux millions de personnes vivant dans cette ville.
Et la mienne actuellement.
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9/10
(Il fallait mettre plus de Alyanette muahhahahahaha)
*retourne rire à cause de la quantité de fois que le mot lait est apparu*
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