Le Diable et le Chaos - LunareS3

On continue donc avec l'OS de LunareS3 (qui a une très bonne fic sur Lila si ça vous intéresse). Et qui est le premier texte que j'ai reçu !

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Les données, c'est essentiel.

N'importe lesquelles. Espèces, individus, préférences personnelles, miettes sur le chemisier.
La vie est constituée de données. Le plus malin est celui qui réussit à toutes les assembler.

Connaissez-vous le démon de Laplace ?
Il est dit que si on réussit à connaître l'emplacement exact d'un atome, on peut calculer sa trajectoire. Par conséquent, si on calcule l'emplacement de tout les atomes existant dans l'univers, on peut prévoir l'avenir. Mais un être capable d'une telle prouesse ne serait-il pas un démon ?
C'est ce que j'essaye d'être. Un démon dévorant tout sur son passage. Bien sûr, je ne peux pas connaître l'emplacement de tout les atomes, la condition humaine m'en empêche. C'est pourquoi j'absorbe à une échelle plus grande : des caractéristiques du monde qui m'entoure. Les données.
Tout peux être utile. Un tic, un son, un détritus par terre. Le nombre exact de personnes dans un parc. Arbres fruitiers ou non fruitiers ? Piscine salée ou chlore ? Banc propre ou sale ? Pomme rouge ou pomme verte ?
Certains diront que ce ne sont que des détails sans importances. Erreur capitale.
Aucun détail n'est sans importance. Pour desceller l'avenir, il faut tout prendre en considération. Tout.
De la plus petite empreinte de patte d'oiseau dans la boue, au plus ancien chêne de la ville de Paris.
C'est pourquoi, depuis ma plus tendre enfance, j'observe, encore et toujours, et rien ne m'échappe. Car.
Je.
Deviendrai.
Un.
Démon.

Une salle de classe du collège Françoise Dupont, premier étage, 50 mètres carrés. Style européen, tables reliées entre elles.Je suis placée à la troisième place de la troisième table du rang de gauche si on observe de mon côté, mais de droite si on observe depuis l'entrée de la pièce. Heure : 14h47, d'après l'horloge ( qui est en retard de 2 minutes, ce qui signifie qu'il est en réalité 14h49). Le cours en est un de français. La professeure, Mme Bustier, ( malgré mon enquête approfondie, je n'arrive toujours pas à connaître son prénom. Ce qui est extrêmement problématique. Cela brouille totalement mes pronostic, c'est très frustrant.) tente de donner un cours de français sur le subjonctif. Oui, tente. Car, premièrement, environ 70% des élèves de la classe ont décroché entre 14h35 et 14h42 ( heures précises calculées en fonction du retard de l'horloge), à partir du moment où elle a prononcé les mots ( tabous pour capter le cerveau d'un élève de 14 ou 15 ans ) " révision en vue du brevet", et deuxièmement, elle n'est pas en état de faire cours. Elle joue presque parfaitement la comédie, de telle sorte qu'une personne moins attentive n'aurait pas remarqué. Mais la contraction des muscles autour de son œil est l'indication d'un sourire forcé, et la trace légèrement rouge de ses yeux indiqué qu'elle a sans doute pleuré il y a quelques heures. Habituellement, ses yeux restent d'un bleu immaculé. Elle ne peut pas me tromper.
Quand à la raison de sa tristesse cachée, elle est simplissime à deviner. Hier encore, elle portait un collier très discret à son cou. Je l'avais remarqué dés le début de l'année, et après énormément de recherches, j'en ai conclu que sa forme était celle d'un coeur. Aujourd'hui, aucunes chaînes à son cou pour attester de la présence d'un collier. Ma théorie est la suivante : son petit copain l'a quitté, et ça la dévaste, mais elle ne veut pas que sa vie privée empiète sur son travail. Son attitude est conforme avec ma théorie sur son comportement en cas de coeur brisé. ( Cf. carnet n*9, chapitre 36: les professeurs, page 234,pour plus de précisions.) Par conséquent, je tente de l'aider par des petits gestes de participations, ou de manipulation copernicienne pour que les gens de la classe répondent aux questions un minimum. Pour sûr, elle m'impressionne.
Sur les tables devant moi, plusieurs élèves ( n'ayant visiblement pas compris la détresse de Mme Bustier, mais c'est pas grave, parce que je m'en charge) s'occupent par différents moyens. Nino semble écouter attentivement le cours ... Mais en réalité il n'en est rien. Le rythme léger qu'il tapote avec ses doigts sur la table, la mesure battue par son pied, et enfin sa tête remuant quelque peu semble indiquer qu'il écoute de la musique avec ses écouteurs sans fil. (Si la prof n'était pas perturbée, elle l'aurait depuis longtemps reprit...) Ses voisins de droite, Lila et Adrien, semblent être en pleine discussion intense, depuis 3 minutes environ, en chuchotant de manière indiscrète. ( Encore une fois, la prof est perturbée...) L'absence de sourire d'Adrien, ses sourcils froncés, et la tendance de son corps à se décaler vers la droite semblent indiquer qu'il essaye de suivre le cours et de ne pas se laisser faire par Lila qui elle, comme d'habitude, est remplie de données indiquant qu'elle ment. Premièrement ses yeux, qu'elle cligne 2 fois plus vite lorsqu'elle ment. Ensuite, ses tics microscopiques de la joue prennent le dessus , etc ( Cf. Carnet n*11 chapitre 10 , les tics de mensonges de Lila Rossi, p.127 pour plus de précisions.)
J'en conclus donc qu'une véritable bataille à lieu : Adrien tente par tout les moyens de repousser les assauts de séduction de Lila, tendis qu'elle invente de nouveau prétextes et bobards pour revenir à la charge. Vu l'incroyable contrôle des nerfs dont fait preuve Adrien au quotidien, il a de grandes chances de gagner à mon sens. Mais rien n'est joué, car un évènement perturbateur pourrait venir rendre ce duel bien plus croustillant. En effet, de la table du rang voisin, une certaine personne semble sur le point de provoquer une émeute. Chloé Bourgeois évidemment. Assise à côté de Sabrina, ( participants au cours de manière rigoureuse, après tout elle doit passer ses notes à Chloé) celle-ci semble s'occuper de ses ongles de manière constante et habituelle. Mais les plus attentifs aurons remarqué que son pied bat la cadence de plus en plus rapidement au fil des attaques de Lila ( environ 30% la minute). Ajoutez à ça les regards furtif d'environ une demi-seconde de moins en moins espacés, et vous en arriverez à la conclusion suivante : elle ne supporte pas que son " Adrichou" soit dragué de cette manière. Elle cherche donc un plan de vengeance à exécuter le plus rapidement possible. ( Selon moi, entre la seconde qui vient et les 41 minutes de cours qu'il reste.)
Curieuse sur laquelle de mes théories se révélera correcte, je note rapidement mes données dans mon carnet d'observation n*7, placé juste à côté de mon cahier. C'est dans ce carnet ( et les 7 qui lui ont précédé) que je note mes glanages d'information, mes théories , ainsi que le résultat sur ces mêmes théories. J'écris depuis tellement longtemps dedans, que j'ai appris à le faire d'une manière extrêmement discrète, si bien que personne ne me remarque quand je note. Depuis toute petite, je justifie ce carnet par mon désir de devenir journaliste, et plus récemment, par la soi-disant recherche d'identité de super-héros que je ferais. Les gens finissent par s'habituer à la présence de ce carnet , et me laissent analyser en paix. La seule tentant un minimum d'arrêter mon observation intensive est Tikki, parce que je serai apparemment obsessionelle et que c'est malsain, mais ne se rend-t-elle pas compte à quel point les données sont importantes, surtout en ce moment ? Je ne peux pas arrêter. Pas maintenant.

Lorsque j'ai rencontré Tikki et pris connaissance des Miraculous, je n'ai pas été surprise, apeurée, ou scandalisée car ma vision du monde était fausse. J'étais juste... Émerveillée. Une créature dont je ne savais rien. Des informations totalement nouvelles. Ma curiosité était brûlée à vif, et je n'osais y croire : l'univers avait décidé de m'offrir un nouveau pan de connaissances, cachées au reste du monde... Cela m'approchais de plus en plus de mon objectif : le Démon de Laplace.
C'est donc avec une certaine euphorie que je suis devenue DiabloBug.
Et c'est là que j'ai découvert à quoi servait mon sens aigu de l'observation.
J'avais toujours admiré les Super Héros comme Majestia, eux, qui servaient l'humanité grâce à leurs capacités extraordinaires... C'est ce qui m'ont donné ( très jeune) l'inspiration pour développer mes compétences.
En devenant une héroïne, j'ai pu utiliser cette capacité que je me suis forgée. L'adrénaline du combat me rendait plus forte, plus libre. Chaque akumatisé battu était de l'extase pure .
J'étais invincible. J'étais plus heureuse que jamais.
Et pourtant...
Je jette un coup d'œil à ma propre voisine.
Elle semble écouter attentivement le cours, et n'a pas remarqué une seule seconde la petite scène qui se jouait quelques tables devant.
Marinette Dupain-Cheng.
Aujourd'hui, je connais par cœur chacune des données la concernant. Ses goûts, sa coiffure matinale, la fréquence à laquelle elle cligne des yeux, à laquelle elle respire, sa personnalité... Et pourtant, contre toute attente, je suis toujours incapable de prévoir ses réactions. Elle passe du coc à l'âne, de tics en détics, et de mouvement logiques en mouvement illogiques. Cette fille... Est le Chaos.
Toute prévision est impossible avec elle... C'est comme si elle était faite d'évènements aléatoires. Avec elle, le semble fait de prendre les escaliers peut conduire à des situations abracadabrante, impliquant une rembarde, un prof, et mon carnet de note. Elle est capable du meilleur comme du pire, à une fréquence tellement irrégulière qu'elle me donne parfois la migraine.

C'est peut-être qui m'a fasciné, chez cette fille, le jour de mon arrivée dans cette classe. Des données si simples à analyser, des comportements si simples à prévoirs.... Et puis elle. Faussant complétement les statistiques, créant des réactions inattendues dans son entourage. J'avais juste envie de la regarder, et de noter encore et encore. Puis, après l'avoir observée des heures durant, j'avais envie de tout casser. Mes notes, mes blogs, mes carnets... J'avais envie de vivre sans rien connaitre. Mais je me suis reprise et convaincue qu'un tel défi était à ma hauteur. Je me suis intéressée à elle, je me suis montrée amicale, gentille, attentive... Je suis devenue sa meilleure amie.

Est-ce que ça m'a ôtée l'envie de jeter mes articles par la fenêtre ?

Pas le moins du monde.

Aujourd'hui encore ,quand je la regarde, tout se mélange. Les chiffres, les notes, les observations. Ma vigilance fond comme neige au soleil.

Elle remarque mon regard et me souris légèrement, de ce sourire que je n'ai jamais pu classer. D'un signe de tête, je lui fais remarquer la scène qui est en train d'arriver au premier rang. A la vue de celle-ci, ses sourcils se froncent, et ses dents se serrent.

J'ai remarqué il y a longtemps que le chaos qu'elle dégage s'intensifie dès que Adrien se trouve à moins de 2 mètres ... Ses réactions disproportionnées, la rougeur de ses joues , et les photos présentes dans sa chambre m'ont fait arriver à cette conclusion , la seule valide que j'ai jamais faite sur elle : elle est très amoureuse d'Adrien. Et lui n'en a aucune idée.

C'est d'ailleurs pour le sauver, lui, , que je lui ai offert un Miraculous.

J'étais seule contre mes propres sœurs, l'ayant kidnappé. Chat noir avait disparu. J'ai examiné toutes les solutions possibles... Et j'ai choisis, sans aucune hésitation, même si ça n'avait aucun sens , le Joker. Marinette.

Elle s'est montrée encore plus imprévisible en Ladyfox que d'habitude, pour la simple raison qu'elle a changé du tout au tout. Elle s'est montrée assurée, adroite, et corrigeait même parfois parfaitement mes erreurs de calcul. Ladyfox m'a été un grand soutiens de nombreuses fois , jusqu'au moment où...

Je n'arrive pas à détacher mes yeux du spectacle d'elle *le* regardant.

Non, ce n'est pas le moment !

Je lève soudainement mon bras , et demande à aller aux toilettes. Une fois l'autorisation accordée, je me lève rapidement de ma chaise, et cours le plus vite possible vers la sortie.

Assise sur la cuvette des toilettes, je me met à noter encore et encore , de plus en plus. Il le faut...

" Alya !" la voix inquiète de Tikki résonne dans les WC.

" Tu ne dois pas sécher les cours comme ça ! Tu sais que tu ne peux pas revoir en boucle les données de tout les habitants de cette ville.

-Si, je le peux très bien. Mais pas quand *elle* est dans les parages.

-Fuir ne résoudra pas le problème. Tu es humaine, tu es incapable de réaliser une telle prouesse. Cesse d'être obsédé par ça !

- Mais il le faut pourtant. Si j'avais mieux analysé la situation, maitre Fu serait encore là... Et aucune des personnes qui m'ont aidées ne seraient en danger. Je dois découvrir qui il est, est prévoir chacun de ses coups. Et pour ça, je dois analyser, analyser,analyser. Il en va de ma responsabilité de Gardienne."

Sans écouter les supplications de Tikki, je continue de traiter les données, pendant le reste de l'heure. De la journée.

Analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser analyser analyser, analyser, analyser, analyser,analyser,analyser,analyser,analyser,analyser.

Toc-toc à la porte.

"Alya ? Est-ce que ça va ?"

C'est *sa* voix. Non. Non. Les données m'échappent ! Je n'arrive plus à penser à autre chose que sa voix.

Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? J'essaye de protéger le monde ! Arrête de me perturber avec tout ce qui te compose ! VA-T-EN !

j'ai envie de hurler ses mots mais je n'y arrive pas.

Sans prendre le temps d'analyser la situation, je sors et la bouscule. Je cours le plus loin possible.

Le monde autour de moi est vide d'information. Il défile, passe à toute allure, et ne me laisse pas le temps de voir. Qu'importe, je ne veux pas voir.

Derrière moi ,une voix familière. Je fuis. Et plus je fuis, plus cette voix s'intensifie.

Je cours. Je dois le faire. Pour la ville. Pour le monde. Je dois m'éloigner d'elle.

Je n'ai plus de souffle. Je suis sous un pont. Lequel ? Je n'en sais rien. Pourquoi ? Aucune idée. La vie n'a plus aucun sens. Mais je sers mon carnet et mon stylo contre moi. Je ne dois pas les lâcher.

" Alya...."

Et il est toujours là. Le chaos me poursuit toujours. Il se penche vers moi, visiblement tout aussi essoufflé. Je ne m'autorise pas à la regarder.

"Alya... Qu'est-ce qui se passe ? "

Je ne réponds pas.

"Tu sais que tu peux me faire confiance. "

Je ne réponds pas.

"Tu m'as toujours soutenue. Depuis le début de l'année. Sans toi, je ne serai qu'une pauvre fille maladroite et sans amis. Alors je ne te trahirais pas. Je veux être là pour toi comme tu l'as été pour moi."

Je sens des larmes couler le long de mon visage. M'aider ? Tu fais tout le contraire ! Je ne peux pas réaliser mon rôle quand tu es là...

" Je... Ne... Peux... Pas... C'est trop lourd. Je suis la seule à pouvoir le faire tu ne peux pas...M'aider...

- Alya, ça sera beaucoup moins lourd à deux."

Elle pose sa main sur mon épaule. J'ai l'impression que mon esprit se liquidifie.

"NON !"

Je repousse sa main. Elle parait choquée...

" Je fais ça pour toi, pour nous, pour tout le monde... C'est ma responsabilité, je dois..."

J'halète, je m'étouffe.

Marinette me prend par les 2 mains.

" Alya, laisse moi t'aider, je t'en supplie."

Et c'est là, que me parvienne mes premières données. Celle auxquelles je ne fais plus attention depuis longtemps.

Les signaux de mon propres corps.

Mon coeur va exploser, mes mains sont plus moites que jamais, et je sens la chaleur sur mes joues.

C'est là que je comprends.

Le chaos, ce n'est pas elle. C'est moi.

Elle me regarde dans les yeux , prête à entendre la vérité. Je m'écroule dans ses bras et lui dit :

" Je suis DiabloBug."

Ses yeux s'écarquillent et elle me prend dans ses bras.

Mais j'ai envie de hurler.

Je suis follement, désespérément amoureuse de Marinette Dupain-Cheng. 

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8,75/10

Sbam.
Pas de suspens

LE MISTY MIT LA NOTE !

Enfin bref, bravo à twa !

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