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Bonjour à tous !
Auteur.e : @LauraDelago500
Fracture
C'était un vendredi soir lorsque Maria rentra chez elle après sa journée de travail, impatiente de retrouver Paulin. La clé dans sa main était bien plus qu'un simple objet, c'était le symbole de son besoin de sécurité et de contrôle, une clé qui ouvrait la porte vers son univers intérieur.
Bien qu'ils ne partageassent pas le même toit, il était de coutume qu'il vienne chez elle presque tous les week-ends, lorsque son emploi du temps le permettait.
Maria était une femme prise dans ses obligations ou qui préférait la solitude. Maria craignait de s'attacher ; elle fuyait à la moindre déclaration de « je t'aime ». Elle demeurait mystérieuse, mais cette caractéristique semblait plaire à Paulin, du moins le pensait-elle.
Une relation officielle avec Paulin n'était pas ce qu'elle souhaitait, et le fait qu'elle évitait de mettre des mots sur ce qui les unissait correspondait parfaitement à sa nature.
Maria chérissait éperdument son confort et ses habitudes, qu'elle ne changerait pour rien au monde.
Elle attendait qu'un changement survienne comme par magie pour briser cette routine, et Paulin était celui qui troublait son confort si bien organisé. Leur "relation", si l'on pouvait l'appeler ainsi, durait depuis quelques mois, bien que ce mot la mette mal à l'aise.
Ce soir-là, elle était prête à retrouver Paulin, anticipant qu'il apporterait probablement du vin et des encas, comme à chaque fois qu'ils se rencontraient. C'était une pause bienvenue dans la tourmente de sa vie pour Maria. Ses pensées étaient souvent occupées par de nombreuses préoccupations, la laissant constamment perdue dans des peccadilles.
Paulin la ramenait à une réalité douce avec ses conversations, ses anecdotes, ses propositions de passer du temps ensemble.
Maria cherchait simplement une âme-sœur pour oublier sa douleur. Une âme-sœur douce et innocente, toujours présente pour elle, quelles que soient les épreuves qu'elle lui infligeait.
Paulin était le sucre qui adoucissait son sel, l'apaisement de son humeur.
Paulin l'attendait chez elle ce soir-là. Elle lui avait laissé un double des clés, caché sous le paillasson comme à l'accoutumée.
Maria ouvrit la porte de son appartement avec un sourire, impatiente de retrouver Paulin.
Elle était prête pour une soirée d'inconscience et d'ivresse.
Mais en pénétrant dans son salon, elle remarqua que quelque chose n'allait pas.
La pièce était vide, aucune trace de Paulin. La panique commença à la submerger, et elle se demanda où il pouvait bien être. Elle chercha son téléphone pour l'appeler, mais il semblait avoir disparu. Un sentiment étrange d'angoisse grandissait en elle, pesant sur sa poitrine.
Pourquoi Paulin n'était-il pas là ?
Maria se sentait perdue, cherchant autour d'elle comme si elle était en quête de quelque chose, sans savoir quoi exactement.
Elle avait l'impression que quelque chose avait changé dans sa vie, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. S'effondrant sur son canapé, les yeux embués de larmes, elle repensa à tout ce qui s'était passé entre elle et Paulin.
Elle réalisa que, malgré tout ce qu'il avait fait pour elle, elle ne l'avait jamais aimé. Elle avait été égoïste, utilisant Paulin uniquement pour combler sa solitude et fuir ses peines.
Soudainement, un élan de motivation la traversa. Déterminée, elle se leva brusquement, désireuse de retrouver Paulin.
Elle fouilla frénétiquement dans son sac et dans tous les recoins possibles pour trouver son téléphone.
Cependant, elle trébucha sur le tapis et chuta lourdement, ressentant une douleur intense dans sa jambe.
Une fracture.
Des cris de douleur s'échappèrent de sa bouche, mais personne ne vint à son secours. Elle était seule, comme elle l'avait toujours été.
Elle réalisa que sa fracture n'était pas seulement physique, mais aussi psychologique.
Maria avait été blessée par ses propres choix.
Allongée sur le sol pendant plusieurs heures, elle pleura à chaudes larmes, comprenant qu'elle avait perdu la seule personne qui avait toujours été sincèrement là pour elle.
Elle avait laissé passer sa chance de trouver le bonheur, tout cela pour sa propre satisfaction personnelle.
La nuit tomba, et Maria demeura immobile, plongée dans la douleur et la mélancolie.
Personne n'ouvrit la porte pour franchir le seuil de son appartement aux couleurs feutrées.
Elle avait tout perdu, en particulier elle-même.
Soudain, une idée folle traversa son esprit : elle devait retrouver Paulin, peu importe le temps que cela prendrait.
Malgré la douleur lancinante dans sa jambe, elle décida de prendre sa voiture.
Elle dépassa avec maladresse l'entrée de sa porte et elle retrouva miraculeusement son téléphone.
Il était tombé devant sa porte.
Aucunes notifications.
Mais elle espérait quand même découvrir ce qui avait bien pu arriver à Paulin, pourquoi il n'était pas venu ce soir-là ?
Elle ne se découragea pas.
Elle savait ce qu'elle devait lui dire, qu'elle avait enfin pris conscience de la situation. Elle passa des heures à chercher Paulin en voiture, mais finalement, elle réussit à le localiser.
Il était à la plage d'après sa localisation sur Snapchat, connecté il y a seulement cinq minutes.
Maria appuya sur l'accélérateur pour retrouver Paulin et lui exprimer ce qui la tourmentait.
Lorsqu'elle aperçut Paulin sur la plage, les yeux tournés vers l'horizon, elle fondit en larmes et lui expliqua tout. Elle s'excusa pour tout ce qu'elle avait fait, pour toutes les opportunités qu'elle avait laissé passer.
Touché par ses paroles, Paulin décida de lui accorder une seconde chance. Maria passa toute la nuit sur la plage avec lui. Elle savait qu'elle avait beaucoup à apprendre et à changer, mais elle était déterminée à essayer.
Elle savait que ce ne serait pas facile, mais elle était déterminée à se racheter et à trouver le bonheur qu'elle avait cherché pendant si longtemps.
Elle était dans les bras de Paulin, se sentant apaisée, absorbant son odeur, savourant le goût de ses lèvres.
Maria sentit une brise douce et fraîche sur son visage.
Elle ouvrit les yeux et se rendit compte qu'elle était en réalité allongée sur son sol froid et dur, la tête sur son paillasson.
La brise n'était d'autre que celle provenant de l'ouverture du bas de sa porte.
Elle se leva lentement, cherchant Paulin des yeux, mais il était introuvable.
Elle prit alors conscience que tout cela n'était qu'un rêve, un songe qui lui avait révélé l'ampleur de ses regrets.
Elle demeurait toujours enfermée chez elle à double tour.
Malheureusement, il était désormais trop tard.
Maria avait gaspillé sa chance de trouver le bonheur, aveuglée par sa propre ambition, ignorant la vérité qui se présentait à elle.
À présent, elle se trouvait seule et meurtrie, démunie et incapable de se relever sans une aide extérieure.
Cependant, elle savait qu'aucune âme charitable ne viendrait la secourir, et cette réalisation la tourmentait.
Maria resta étendue sur le sol, s'en voulant pour toutes les erreurs qu'elle avait commises, jusqu'à ce que l'aube pointe timidement.
Elle savait pertinemment qu'elle avait un long chemin à parcourir pour se pardonner et se réconcilier avec son passé, surtout sortir de son confort.
Mais pour l'instant, elle n'avait ni la force ni la volonté de bouger, que ce soit physiquement ou mentalement.
Le souvenir de sa dernière conversation avec Paulin la hantait.
Elle se rappelait ses mots tendres et attentionnés, ainsi que la manière dont il la regardait avec un amour et une tendresse sincères. Elle réalisait, avec amertume, qu'elle avait refusé de reconnaître à quel point il était important pour elle.
Jamais elle n'a ouvert la porte de son cœur.
Elle était alors prisonnière de sa propre prison dorée.
Désormais, seule et blessée, elle prenait conscience de l'énormité de son erreur.
Si seulement elle avait aimé Paulin, peut-être ne serait-elle pas là, allongée sur le sol avec une fracture, souffrant de l'absence du bonheur qui lui avait échappé.
Elle avait laissé passer sa chance, et Paulin lui avait fermé sa porte, sans regret, car il méritait quelqu'un qui lui donne les clefs.
Elle poussa un dernier soupir et murmura, dans un ultime aveu :
« Si seulement je t'avais aimé. »
Auteur.e : @FanFictions_Addict
Laissez-moi
Tout le monde me dit de m'ouvrir, que c'est seulement comme ça que je pourrais être heureuse.
Tout le monde me dit de sortir de cette pièce où je me suis enfermée après cette énième blessure.
Tout le monde me dit que l'enfermement n'est pas sain.
Tout le monde... tout le monde... tout le monde... mais personne n'était là quand j'ai dû ouvrir les yeux. Quand je me suis pris dans la gueule la vérité sur des mensonges que j'ai tant gardé secrètement enfermé derrière une porte qui s'ouvrait directement sur mon cœur. Vous me donnez des conseils et honnêtement j'aimerais les suivre mais je sais que je me retrouverais dépassée. Dépassée par la douleur. Dépassée par mes émotions. Dépassée par ce monde qui tourne trop vite à l'heure actuelle. Dépassée par moi-même.
Tout le monde me dit que le monde est beau. Que je dois continuer à vivre. Que je ne peux pas le laisser gagner comme ça. Que je n'ai pas le droit.
Mais où étiez-vous quand il me faisait ses si jolies promesses qui m'ont enfermée dans un palais de si beaux mensonges ? Où étiez-vous quand c'est lui qui me relevait des coups que m'a donnée la vie ? Où étiez-vous ?
Je sais, je n'ai pas le droit de m'en prendre à vous, mais vous, avez-vous le droit de vous en prendre à lui alors que vous ne le connaissiez pas ? Je ne crois pas.
Ok, il a merdé. Ok, vous êtes mes amis. Ok, vous vous inquiétez pour moi. Ok, vous avez peur du moment où je vais m'écrouler.
Mais putain vous m'étouffer ! Vous me peser !
Oui je sais que je dois m'ouvrir ! Je sais qu'il va falloir que je libère mes émotions et je vous promets que je vais le faire. Je vous le promets, mais laissez-moi le faire seule. Laissez-moi accepter que ça va faire mal. Laissez-moi être submergée par le déferlement de ce qui doit sortir. Laissez-moi...
Quand enfin je serais seule j'ouvrirais la porte à mes émotions. Et oui je vais pleurer. Oui je vais hurler. Oui il y aura surement des choses qui vont voler. Oui ça va faire mal. Je le sais mais c'est de ça dont j'ai besoin. Alors pitié, laissez-moi seule que j'ouvre cette porte et seulement après je pourrais accepter ces portes que vous avez tant de fois entrebaillées pour moi.
Alors s'il vous plaît, pour cette fois, pour cette nuit, s'il vous plaît prenez vos affaires, sortez dehors, fermez la porte et allez vous amuser. Quand vous reviendrez demain, que vous passerez cette même porte, demain je serais prête pour tenter de franchir une nouvelle porte pour commencer à revivre.
Auteur.e : @ShemsEdlam
Que m'apporte ma porte !
La PORTE. Ce Port d'Obstination Redondant de Terreur et d'Errance !
Cette passerelle pour la céleste démence ou pour la terrestre bienfaisance ! Attends. Halte !
Je lève jusqu'à mon ciel intérieur ma baguette et l'abaisse jusqu'au fin fond de mes abysses. Vois-tu mon geste de cessation ?!
Aperçois-tu les dix-sept cent vingt-neuf dégradations de mon zeste et les allitérations de leurs altérations ?!
Tu tiens mal ta volonté, gentil reflet. Même refoulées, j'entends le timbre muet qu'adopte ta prière secrète, et vois la peur que tu guettes, cette lueur qui te renverse à coup de machette, quand tu songes à ce qu'elle te cache cette porte.
Attends mon petit apprenti sorcier. Je te montre comment le "On très personnel" doit, tel un incroyable serrurier, se faire une porte !
Cette tournure n'a qu'une seule issue et elle est très instable. Oscillante devant ton "Voir" mais insistante, comme ton insaisissable "Croire", est cette porte. Très incessante et probablement, comme mes ancres d'encre, elle souffre du trouble de la personnalité limite. Oui.., tu n'as pas oublié ! C'est exact ! Elle t'offre toujours une multitude de possibilités hésitantes.
Attends.
Il nous faut une autre énonciation à cette texture qui m'annonce à toi, franchissant à nouveau et à me lasser, cette toute nouvelle porte.
Cette porte m'importe et je m'emporte, je ne te le cache pas, quand j'en approche à pas dansants, de sorte à m'affranchir, comme virevolte librement et joyeusement, avec la mort, une âme entièrement morte !
Tu me vois mieux maintenant ?!
Et Toi, très cher moi, sais-tu qu'il te faut la fermer et ouvrir cette porte ?! Mais que tu es sotte. Il faut que tu sortes !!
Seule, chacune de ses lettres, et toutes, ne laissent pas place au doute, elles te dévoilent inlassablement l'état furtif promis à ton verbe Être si tu t'aventures devant cette porte porteuse, ce seuil-grotte de perte fougueuse.
T'en rends-tu compte vraiment ?!
Trêve de JAZZITURE.
Je te le démontre.
La combinaison de caractères qu'on donne comme appellation ou représentation abstraite à ce rectangle vertical devant lequel tu te tiens maintenant, se maintient en maintenant un rappel ou une mise en garde. Le P te fait émerger son passage, le O t'ouvre grand son ouverture, le R te reçoit dans son perpétuel temporaire réceptacle, le T te transite de tes transitions à la transe de tes décisions et le E, son fameux brin à la fin, le E t'emmène jusqu'à cette inévitable entrée qui, comme enchevêtré, fait prendre la porte à ton verbe Entrer, pour que tes traits puissent sortir quand tu glisses dans ce portail et que finalement, à travers cette porte, tu te portes et tu passes, victorieux, ou tu trépasses, avec cette couleur bleue effrayante dans tes entrailles. Dans les deux cas, si tu mets tes clés sous la porte et que tu ne la franchisses pas, foudroyant et haineux sera ton "aïe" !
Te souviens-tu de la chansonnette clé, n'est ce pas ?!
Vas-y chantonne.
"Porte, Oh solide froide cachotière,
Laisse-moi m'écouter sur ta poitrine.
Je sais que tu m'entends muette sibylline.
Laisse-moi entrer, laisse-moi me complaire.
Ouvre-Toi à moi prêtresse,
Que j'accède à ma forteresse.
Que j'accède à ma prison forte.
Indifférente porte, ne fais pas la morte !"
Fredonne encore, mon domestique syndrome de l'imposteur ! Je sais qu'à chaque fois que tu essaies, en toute foi, avec tes propres profanes doigts tu t'assailles, et tu finis par te faire pincer comme un bout de soie, ou de soi, coincé entre une porte et ce qu'elle ne compte pas te laisser éclairer de l'absurdité ludique de tes choix.
Bon sang, dis moi que tu nous vois, Petit rhétorique roi ?!
Tous les trois ?!
Toi, cette porte et moi !
Respire..
Aller, reprends ton" marcher", mon personnel jongleur de feu, mon très intime danseur de corde, je te vois et t'entends réfléchir. Ils sont tentants, je l'admets, le ton de ton temps, la teinte de tes contraintes et les rires de ton périr.
Vas-y, fais ton saut. Oh la la ! Mais non, ne fais pas ton sot.
Je perçois le son des ruptures lourdes des futures bourdes que fera ton "Vouloir" sur les pas ostentatoires de ton "Pouvoir", devant chacune des portes dressées sur la voie de ton "Avancer".
Avance et cesse cette timidité qu'à ton accent sournois, je suis ta propre foi et loi et le méchant vieil oncle qui te jette, tout effrayé et chialant, dans le fossé de ton "Choisir". Choisis donc de foncer, avant de ternir et que tes bordures ne soient plus foncées. Je sais que tu es Puissant, que le vent dans ton sang, ne fait pas de son, que ton puits de sens n'a pas de fond, arrête donc de nous faire ton sourd qui se noie.
Tu vois ce beau visage qui est aussi notre croix ?! Il a pris plus de portes fermées et entrouvertes que ce que tu crois. Avance alors mon petit faux bourgeois, on va pas empoigner à ta place ton verbe "Ouvrir", et cette porte, cette exclamation forte, personne ne la défoncera pour toi, Toi seul tu peux, seul Toi tu le dois.
Je sais que tu le sais, je sais aussi que tu te crois. Oui, oui, je connais ce refrain. Oublies-tu que depuis des vies, je te porte en moi, crucificateur, crucifié et croix ?! Mais que tu es mignon mon très personnel Noah !
Allons, canalise ton déluge, et comme deux Condottieri de l'antiquité débarquant en Italie d'aujourd'hui, les doigts équipés de dieux, reconquérons ta personnelle porte-Orte, n'oublie juste pas d'envoyer l'ombre de notre chien traverser le pont en premier, pour tromper le diable et vivre. Apprends de cet intelligible canin et trompe ton dé, le plus fiable, le moins loyal, et enjambe le pont de ton hésitation. Comme le murmure la légende d'Orte, avec malice, mais courageusement, ouvre cette PORTE, qu'elle te délivre !
** Note aux lectrices et aux lecteurs qui ne se contentent pas juste de lire, lis moi sur ce morceau ( Funky Broadway. Jimmy Smith), mets le en boucle et prends ton temps, vraiment, prends ton temps. Quand tu verras, tu comprendras !
Auteur.e : @Ananaslaseuletunique
La porte
"
J'ai trop hâte !
Ho, excuse moi, je commence mon texte ainsi sans rien expliquer.
Tu commences à me connaître, tu sais que mon enthousiasme l'emporte toujours et que commencer ainsi mes récits est une mauvaise habitude.
Bref, pour résumer, je vais chez mamie dans trois jours ! Tu sais pourquoi je suis heureuse, tu sais ce qu'il y a chez mamie. Je te sens comprendre mon enthousiasme. "
La voilà partie, quand ma maîtresse commence à écrire dans son journal, on ne peut plus l'arrêter.
Je vous vois vous dire : « Quelle jeune fille heureuse et dynamique ! » Vous vous trompez ! Elle n'a pas toujours été comme ça, ma maîtresse. Quand je suis arrivé dans sa vie, elle était malheureuse pour des raisons qui ne vous regardent pas. J'étais censé devenir son "animal de soutien émotionnel" mais ce n'est pas grâce à moi qu'elle est devenue aussi joyeuse (ou alors un tout petit peu). Laissez moi vous expliquer :
C'était il y a deux ans, cela faisait deux mois que j'étais devenu le compagnon de ma maîtresse et je voyais bien que ma présence l'aidait, mais pas assez... Ses parents nous ont alors annoncé que nous irions un mois chez sa grand-mère qu'elle n'avait pas vue depuis ses quatre ans. Je craignais que ce dépaysement n'empire son état ,déjà au plus bas, mais je m'étais trompé....
C'est ainsi que la semaine suivante, nous nous étions retrouvés face à une ancienne maison de pierre.
Elle était magnifique. Ses façades de pierre étaient recouvertes de lierre et de plantes grimpantes fleuries aux douces couleurs de l'arc-en-ciel. On aurait dit les belles maisons des contes de fées. La maison était dans un petit hameau de quatre maisons, perdu au milieu des bois. Elle possédait un magnifique et gigantesque jardin à l'anglaise qui ressemblait à un mix entre un parc fleuri et une forêt. Au fond de ce jardin, il y avait (et il y a toujours) un grand mur de pierre qui délimite le jardin de la forêt. Ce mur était vieux et recouvert de mousse, mais étrangement, on le trouvait imposant et infranchissable.
La grand-mère nous avait accueillis sur le perron, avait pris nos bagages (enfin ceux de ma maîtresse) et nous avait fait rentrer. Sa maison était grande et malgré son extérieur semblant venir d'une autre époque, l'intérieur était un curieux mélange de mur, plancher et plafond anciens avec une décoration moderne. Il y avait des plantes partout, elles recouvraient les murs et donnaient une impression de nid douillet.
Bref, la maison de rêve !
Comme il était tôt, grand-mère nous avait proposé d'explorer le jardin pendant qu'elle installait les affaires de ma maîtresse. Ma maîtresse avait donc pris un panier en osier qu'elle avait rempli d'une couverture et m'avait mis dedans. C'est ainsi que, tels des explorateurs, nous étions partis dans le jardin.
Après une bonne heure d'exploration, nous étions rentrés pour goûter. Là, mamie nous avait demandé si nous avions bien regardé le mur au fond du jardin. Ma maîtresse lui avait répondu que nous étions passés à côté mais que nous ne nous étions pas attardés. C'est alors que grand-mère avait dit : « Retournes-y quand tu auras fini et regarde bien, tu pourrais faire une belle découverte. »
Intrigués, nous avions vite fini de manger et étions repartis au fond du jardin. Au bout d'un temps qui m'avait paru très long, nous avions fait quasiment tout le mur et commencions à nous demander si grand-mère n'avait pas dit ça juste pour nous occuper. En effet, ce mur était beau mais il n'était rien de plus qu'un vieux mur de pierre.
C'est alors que derrière un amas de lierre, nous avions vu quelque chose, quelque chose de métallique. Ma maîtresse a alors essayé d'enlever le lierre mais n'a pas réussi, il était solide comme du métal. Comme si ce qu'il cachait ne devait pas être découvert.
Nous étions donc revenus le lendemain, avec une cisaille, et au prix d'énormes efforts, nous avions réussi à enlever tout ce lierre. Ainsi, une petite porte en métal ouvragé s'était révélée à nous. Elle était constituée d'une plaque de métal sur laquelle on pouvait voir des fées et des fleurs en relief. Elle était légèrement rouillée mais fonctionnelle.
Comme tout chat qui se respecte, je m'était mis à gratter contre cette porte jusqu'à ce que ma maîtresse tente de l'ouvrir. Ce qu'elle avait réussi avec merveille. La porte était petite et donnait sur un mini tunnel qui empêchait de voir ce qu'il y avait de l'autre côté.
Voyant que ma maîtresse hésitait, je m'était engouffré dans ce tunnel et avait attendu qu'elle me rejoigne. Ce qu'il avait derrière cette porte était sans aucun doute magique.
Nous avions ainsi découvert un autre jardin, mais pas n'importe lequel, ce jardin était féérique. C'était un grand parc rempli de fleurs. Au centre, il y avait un mini-lac. Au milieu de ce lac, il y avait une île. Sur cette île, il y avait un magnifique et gigantesque saule pleureur. Il semblait magique, comme s'il était recouvert de paillettes dansantes. Nous nous étions approchés, avions traversé le petit pont qui reliait le sol de la petite île et étions arrivés devant ce majestueux arbre. Dans l'arbre, nous avons découvert des milliers de petits papillons de toutes les formes, toutes les tailles et toutes les couleurs. On aurait dit des fées mais c'était bien des papillons. Nous avons traversé les feuilles du saule et avons découvert une sorte de cabane. En effet, au pied de l'arbre, il y avait une table basse et des centaines de coussins multicolores qui constituaient ainsi un coin cosy et confortable.
Nous étions partis de l'île et avions exploré le reste du jardin. Il paraissait ne pas avoir de fin. C'était comme s'il était infini.
Ainsi, dès ce jour, dès que l'on va chez grand-mère, on va dans le jardin magique, on se pose et on explore, entouré de papillons magiques et de fleurs. Cet endroit est devenu la "safe place" de ma maîtresse et l'aide petit à petit à aller mieux.
Auteur.e : @alderika
La porte
Elle est debout, figée, la main sur la poignée. Lorsqu'elle ouvrira cette porte, elle ne pourra pas revenir en arrière. Elle le sait. Elle l'espère et le redoute. Elle l'attend et le fuit. Elle a peur. Peur de la vie, peur de ce qu'on lui offre ou impose, sans lui demander son avis.
Elle le sait depuis longtemps, mais elle aurait préféré ne pas le savoir. Ou plutôt, elle aurait préféré que cela arrive à quelqu'un d'autre. Mais peut-on vraiment souhaiter ça à quelqu'un ? Même son pire ennemi, elle ne le condamnerait pas à cela.
Elle l'a su quand elle était adolescente. Mais ne le savait-elle pas depuis toujours ? Ne s'en doutait-elle pas inconsciemment ? Elle ne le sait pas.
Enfant, elle a vu ses proches vivre avec, se battre contre, essayer de l'apprivoiser. Elle a grandi ainsi, en pensant que cela était normal, que tout le monde vieillissait ainsi. Elle n'avait pas beaucoup d'autres références en personnes âgées.
C'était son quotidien, pourquoi l'interroger ?
Comme tout enfant qui grandit, elle a quitté sa petite bulle protectrice et a découvert l'univers du collège. Était-ce une belle aventure ? Oui et non. On s'y fait des amis pour la vie, mais on s'en prend des claques. On perd son innocence sur l'autel de la sociabilisation. On apprend le monde et on réfléchit au sien. On apprend la vie en se prenant des claques.
Au collège, les portes s'ouvrent sur le paradis de la musique, des cdi remplis de trésors littéraires, des voyages formateurs et fantastiques. Mais les portes du paradis cèdent parfois leur place à celles de l'enfer : de la moquerie au harcèlement, elle se serait bien passée de la connerie masculine.
Elle a cru à l'amitié éternelle, elle a découvert la cruelle trahison, les messes basses méchantes et les vérités colportées pour nuire. L'innocence poignardée dans le dos, trainée par terre, battue à mort...
En apprenant à réfléchir, on pose des questions. On les regrette lorsque les réponses sont amères de vérité. Apprendre à vivre avec plutôt que sans, ne plus voir la vie en rose mais en nuances de gris.
Elle s'est fait accompagner, a frappé aux bonnes portes, attrapé les mains tendues...
Mais aujourd'hui, elle est seule, seule face à cette porte. Porte de vérité, porte du paradis ou de l'enfer, elle le saura dans quelques instants. Mineure, elle était impatiente de savoir. Devenue majeure, elle redoute l'annonce.
Elle est debout, figée, la main sur la poignée.
Elle va ouvrir cette porte et elle saura.
Aujourd'hui est le premier jour de cette nouvelle vie.
Elle tourne la poignée et entre.
Auteur.e : @Enivid1103
Je marche silencieusement aux côtés de mes parents. Eux essayent de cacher leur chagrin, mais je ne suis pas dupe. Personne ici n'est épargné par cet accident.
« Elle est montée au ciel », qu'ils disaient... « Elle est partie », « elle s'est endormie pour toujours ».
Euphémismes pour dire qu'elle est morte. Ma sœur est morte hier soir, et je ne l'ai pas empêchée d'engager sa course vers son destin.
Mes parents étaient au travail. J'étais censé garder un œil sur elle. Elle m'avait demandé si elle pouvait aller faire un tour dans la rue pour acheter des chocolats. Elle me l'avait demandé, elle avait insisté, et moi, moi, exaspéré parce qu'elle me dérangeait, je lui avais dit oui. La dernière chose qu'elle avait entendu de moi était un accord énervé. Elle avait ouvert la porte l'amenant loin de la sécurité, la jetant droit vers le précipice. Droit vers la voiture qui l'avait fauchée comme une simple poupée de chiffon. Elle avait tourné la clé dans la serrure avec un sourire à l'idée de tout ce qu'elle pourrait acheter de bon. Et moi j'étais retourné à mes affaires.
Alors non, contrairement à mes parents, personne en ce monde ne pourra sécher mes larmes. Je pleurerai jusqu'à ma propre mort, moi qui l'ai tuée. Et eux feront semblant de ne pas m'en vouloir.
Je regarde mon père ouvrir, lui aussi, cette maudite porte qui a scellé le destin de ma sœur, et j'entre dans la maison si familière qu'est la nôtre. On m'a dit que le plus dur est de rentrer chez soi après l'enterrement, mais je ne pensais pas à un tel flot de désespoir. Partout j'entends sa voix, à chaque recoin de mur je la vois, avec ce sourire qui me fend le cœur. Elle est là, tout près, elle va forcément surgir depuis sa chambre et me sauter dessus pour me faire tomber par terre. Alors je protesterai, mais me laisserai faire en riant et elle m'entraînera dans sa chambre pour me montrer ses dessins.
Non.
Faux.
Jamais nous n'avons eu cette relation. Jamais. Je lui ai toujours claqué la porte au nez, j'ai toujours dit qu'elle m'énervait, que c'était une peste de petite sœur collante. Pourquoi faire ça ? Je l'adore. Pourquoi n'ai-je pas passé plus de temps avec elle ?
Elle venait souvent toquer à la porte de ma chambre, le soir, pour voir ce que je faisais. Je lui disais de partir, d'aller jouer toute seule et elle se mettait à pleurer. J'ai toujours pensé qu'elle faisait ça pour que mes parents la prennent en pitié. Je n'ai pas pensé une seule seconde qu'elle était sincère. Qu'elle m'aimait bien. Que ma porte obstinément fermée la rendait réellement malheureuse. Et moi, jamais je ne lui ai tendu la main, jamais je n'ai toqué à sa porte à elle. Et celle de notre relation se couvrait de verrous à chaque refus de ma part. Aujourd'hui, je veux tous les faire sauter, tous les écraser et courir dans ses bras, lui chuchoter des mots doux, enfin lui dire à quel point je l'aime. Et regarder ses dessins pour de vrai, lui dire combien elle est douée, discuter avec elle jusqu'à l'orée du jour...Sauf que c'est impossible.
Je n'ai que très peu vu sa chambre. Aujourd'hui je désire la connaître par cœur, pour que chaque recoin me fasse découvrir quelle personne merveilleuse elle était. Je me dirige vers la porte de sa chambre, en larmes. C'est alors que je reçois un message de mon ami.
« Ça te dit une partie de jeux en ligne ? »
La fureur monte en moi.
Comme je me déteste...
De rage, je jette mon téléphone portable par terre. C'est exactement en faisant cela que j'ai éloigné ma sœur de moi. En fermant ma porte, en la laissant seule devant l'écriteau avec mon nom, occupé à fixer la lumière bleue de mon ordinateur. J'entends mes parents protester pour ce téléphone cassé. Je hurle :
« LA FERME ! Vous faites comme si tout allait bien, mais je sais que vous êtes détruits, que vous allez fondre en larmes quand je serais couché ! Je sais tout ça ! C'est à cause de moi, vous entendez ? J'ai tué ma sœur ! Je l'ai assassinée après l'avoir ignorée depuis sa naissance ! Et vous allez m'en vouloir seulement pour ce stupide portable ?! BAH C'EST LA MEILLEURE ÇA !!»
Ma voix se brise dans un sanglot. Ils me regardent avec stupeur, trop choqués pour répondre. De honte, j'ouvre à la volée la porte de la chambre de ma sœur et m'y réfugie. Pourquoi, pourquoi n'y ai je jamais toqué ? Qu'est ce que ça pouvait bien faire, une partie de jeux vidéos de plus ou de moins, bon sang ?!
Je me roule en boule dans le lit de ma sœur et pleure toutes les larmes de mon corps. J'ai l'impression que jamais je ne m'arrêterai, je pourrais remplir un lac asséché et m'y noyer.
Trop tard. C'est trop tard maintenant, j'aurais beau ouvrir la porte de sa chambre, je ne l'y trouverais plus jamais. Pourquoi se rend-t-on compte des choses importantes seulement lorsqu'on les perd ?
Cela fait à présent une heure que je suis ici, entouré des jouets de ma sœur. Mes parents n'ont pas osé me déranger. Mes yeux se ferment tous seuls, ils s'embrasent à force de pleurer. Je suis épuisé, je me sens tomber dans un gouffre sans fond, vaincu par ce flot d'émotions. Je m'abandonne au sommeil, mes dernières larmes coulant sur ma joue jusqu'à l'oreiller de cette personne si importante pour moi.
J'ouvre les yeux. Ma tête est légère et je me sens flotter. Je sens une odeur de violette. C'est sa fleur préférée... Je ne vois que le ciel bleu autour de moi. Je me retourne et soudain me fige.
Devant moi, une porte entrouverte semble m'attendre. Je sens l'espoir monter en moi et je cours, je me précipite vers cette ultime chance de la voir. Je remarque un écriteau sur la porte, avec son nom. Je me jette dans l'entrebâillement, le cœur sur le point d'éclater. Est-elle derrière, avec son sourire éclatant, son sourire empli d'amour que j'ai si souvent manqué de remarquer ?
Puis derrière le seuil, son image s'ouvre enfin à moi. Petite fille aux cheveux ébouriffés, d'un noir de jais, des yeux bleu océan me regardant avec émerveillement. Elle se rue sur moi, sa robe flottant au vent, et je tombe à genoux, les bras grands ouverts. Je savoure l'impact de notre rencontre, elle referme ses bras autour de moi et me serre très fort. Je ressens une déferlante d'amour gonfler mon cœur et je l'étreins de toute ton âme. Nous restons là, dans cette bulle de bonheur, nous contentant de ce contact si doux. Puis j'entends sa voix qui me parle, et je lui réponds. Nous discutons de tout et de rien, comme nous aurions toujours dû le faire.
Soudain, elle se tait. Je reste interloqué devant son air grave. Elle me dit :
« Tu sais...Ce n'est pas de ta faute. J'aurais pu avoir envie de rester à la maison. Tu aurais pu dire non, c'est vrai, mais le conducteur de la voiture aurais pu me voir. Ce n'est pas de ta faute. Tu n'as pas à endosser l'entière responsabilité de ma mort. »
Je me rends compte alors que j'avais besoin d'entendre ces mots de sa part. Qu'est ce que cela me fait du bien...
« Alors, tu ne me détestes pas ?
- Non, bien au contraire. Je t'aime. »
Je laisse mes yeux s'embuer. Elle aussi a dû avoir besoin d'entendre ces mots tant de fois...Alors je lui dis. Je lui répète jusqu'à ce que je sois sûr qu'elle l'ai bien compris, que son âme se souvienne.
« Je t'aime. Moi aussi je t'aime, comme tu ne peux même pas l'imaginer. Je suis désolé de ne te l'avoir jamais montré, désolé de n'avoir jamais été là pour toi. »
C'est au tour de ma sœur de pleurer. Je la serre contre moi et j'attends. Elle finit par me regarder droit dans les yeux et un sourire sincère éclate sur ses lèvres.
« Au revoir, Adrien. »
Je me réveille dans la chambre de ma sœur, mon cœur en morceaux et rempli d'amour à la fois. Mes yeux trouvent la porte que j'ai tant de fois ignoré. Elle est grande ouverte. Cela me fais sourire tristement. Lentement, je me lève, je marche jusqu'à l'entrebâillement et me retourne.
« Au revoir, Liliane. »
Auteur.e : @Blackevy
J'ai chaud.
Est-ce normal d'avoir autant chaud dans une salle climatisée ?
Je tire le col de ma chemise et tente de calmer ma respiration. Je ne peux m'empêcher de taper du pied tout en serrant la chemise qui contient tous les documents que je dois présenter. Un coup d'œil vers la porte, toujours aucun mouvement. La poignée restait immobile. C'est rassurant, effrayant aussi. Plus vite cette porte s'ouvrirai, plus vite je pourrai en finir avec cet entretien. Cependant, en même temps, je souhaite que l'entretien qui précède le mien dure le plus longtemps possible. Comme ça au moins je n'aurai pas à affronter la personne dans ce bureau. Je détourne mon regard de la porte et me frotte le coin de l'abdomen. Cette attente me donne des maux d'estomac.
Jetant un coup d'œil au reste de la salle d'attente, je constate que je ne suis pas la seule à être submergée par le stress. Les autres regardent la porte du bureau, certains avec inquiétude, d'autres avec peur, d'autres encore avec doute. Il y a même de ceux qui la fixe avec insistance ; comme si s'ils y croyaient assez fort, elle disparaîtrait et emporterai avec elle toutes leurs appréhensions.
Comment une porte pouvait-elle susciter autant d'intérêt ? Comment pouvait-elle faire naître autant de crainte ?
Je n'aurai jamais cru qu'une simple porte menant à un bureau pouvait vous faire vous sentir mal à ce point. Au point de vous pousser à faire une introspection. Car, en ce moment je me demande si c'était une bonne idée de venir passer cet entretien. Je me demande même si je possède les qualifications et les qualités requises. Comment ai-je pu avoir l'audace de penser que je remplissait les critères ? C'est impossible, je n'arrive pas à la cheville des autres.
Lèves toi. Lèves toi et pars. Il est encore temps. Vas t'en avant qu'il ne soit trop tard.
Voilà que le doute s'empare de moi.
Du calme, du calme.
Mes mains deviennent moites sur mon dossier. Pour me calmer, j'inspire profondément. Ça serai un véritable désastre si la porte s'ouvrait, qu'on m'appelait mais que je me trouvais incapable de bouger parce que je n'arrivais pas à gérer cette pression.
Aller, calme toi. Inspire, expire.
Ce n'est qu'une porte normale, où se trouve une personne tout aussi normale. Tout ira bien. Il suffit juste de ne pas bafouiller.
Oh mon Dieu ! Et si je perdais mes mots ? Et si j'étais incapable de répondre aux questions qu'on me poserai ?
L'attente va finir par me rendre folle. Cette porte finira par s'ouvrir, oui ou non ? Je crois que je n'ai jamais autant détesté une porte de ma vie. Je n'arrête pas de me dire que c'est le dernier rempart entre mon objectif et moi. L'obstacle ultime qui m'éloigne du travail de mes rêves, dans la boîte de mes rêves. C'est stupide, je sais. Car, ce n'est pas elle qui décidera de la personne à embaucher. Oui, c'est stupide. Mais, je ne peux m'empêcher de déverser toute ma colère sur elle.
La poignée est toujours figée. Je soupire. Je regarde ma montre de poignet puis l'horloge accrochée au mur en face de moi. Même pas cinq minutes. Ça ne fait même pas cinq minutes que le précédent est entré dans la bureau. J'ai l'impression qu'une bonne demie heure s'est déjà écoulée.
Je transpire, je sens mes aisselles s'humidifier. Il ne manquait plus que ça.
Le climatiseur est en panne ou quoi ?
Un soupir - qui ressemble plus à un geignement pitoyable - m'échappe. Tous les regard se sont tourné vers moi quand ma plainte a retenti dans la pièce vide. Gênée, je me repositionne sur mon siège et baisse la tête. Super ! Bien jouer. Tout ça c'est à cause de cette fichue porte qui ne veut pas s'ouvrir ! J'aimerai bien l'enfoncer pour mettre fin à ce suspens.
Un bruit familier me parvient mais je ne lève pas la tête, trop occupée d'imaginer toutes les manières possibles de détruire une porte.
-Numéro soixante sept.
Je relève la tête quand j'entend une voix féminine.
La porte ! Elle est ouverte et une femme en tailleur se tient juste devant.
-Numéro soixante sept. Répète t-elle.
Je regarde le bout de papier coincé dans ma paume droite.
-Numéro soixante sept. Dit-elle, impatiente.
C'est moi. Enfin, c'est mon numéro.
-Numé...
-Je suis là.
J'ai répondu avec un peu trop d'enthousiasme. Et dans la précipitation, j'ai failli tomber en me levant. Elle me jaugea de la tête au pieds, me regardant avec dédain comme si elle ne s'attendait à rien de bon de ma part. Elle semble aussi très agacée que j'ai pris autant de temps à répondre. Ça commence très mal. Elle ne m'attend pas et retourne dans le bureau. Je la suis donc en silence.
Ça y est. Le moment était arrivé.
Auteur.e : @EmilieLGDC
La porte
Porte, porte, où es-tu ?
Tes yeux s'ouvrent, tu ne vois rien. Ou plutôt si, un couloir dont tu devines les murs étroits, à peine éclairés par de faibles spots fixés au plafond, tous les dix pas. Ils te guident, semble-t-il. Tu te lèves. Tiens, tu étais allongée ? Que fais-tu là ? Pourquoi ? Tu ne te poses pas la question. Mais au son d'une voix, ma voix, tu avances. Tu tends les bras pour tenter de déterminer où sont les murs. Les voici, si proches. Tu n'as même pas eu à bouger tes jambes.
Trouve la porte. Où est la porte ?
Toc-toc, tape ta main sur le mur le plus proche.
Tes pas hésitent dans ce sombre couloir. Les murs forment un cadre si près de tes bras. Le cadre t'oppresse.
Sortir. Ne pas rester là. Trouver la porte.
Tu as l'impression qu'ils se rapprochent, peut-être bien qu'ils finiront par t'écraser... En tout cas, moi, j'entends ton cœur accélérer, ta respiration devient saccadée. Dire que tu viens juste d'arriver...
Avance. Ne t'arrête pas. Sauras-tu trouver la porte ?
Gzic gzic.
Tiens, un néon clignote. Pourvu qu'il ne s'éteigne pas...
Tes doigts glissent sur la surface du mur, tu avances.
***
Tu avances.
Du moins, c'est ce qu'il te semble.
Tu te rends compte alors que tu es pieds nus. Le sol est froid. Depuis combien de temps marches-tu ? Cinq minutes ? Trois heures ? Tu ne le sais pas. La question passe, une plume sur la peau de ta conscience. Tu presses le pas. Sans comprendre pourquoi il te semble entendre le tic tac d'une horloge.
Tic. Tac. Tic.
Tu arrives à un embranchement. Trois possibilités s'ouvrent face à toi. Trois couloirs, miroirs ou prolongements du premier, aussi faiblement éclairés par les néons. Que choisiras-tu ? Hm ?
Tic. Tac. Attention, tu n'as pas toute la nuit... Est-ce la nuit ? Disons plutôt... tu n'as pas toute la vie.
Tu as choisi. Ce sera celui de droite, ma voix te l'a dit.
Tu avances.
Avance.
Avance.
Ce couloir est long, tu ne trouves pas ? Tu presses le pas, au grésillement des néons. Te voilà à un angle droit, tu tournes, suis le chemin.
Porte ?
Là, au bout ! Une porte ! Sombre, en bois classique. Tu cours jusqu'à elle, tu appuies sur la poignée, pousses la porte, te voilà libre... Un couloir éclairé par des néons. Gzic Gzic. Tes épaules se relâchent, mais pas de soulagement. Oh pauvre humaine, te voilà désemparée. Tu aurais dû prendre le chemin du milieu, chérie. Je te ferai bien un câlin là mais vois-tu... je ne peux pas.
Viens.
Tu fais un pas sur le seuil. Les néons s'éteignent. Gzic. Oups ! Coupure de courant ! Je n'avais pas prévu ça... encore désolé. Tu sens tes poils se hérisser sur tes bras, ton front devient moite. Tu n'aimes pas ça. Le noir, ces murs étroits, ces fausses portes de sortie...
Toc toc, tu tapes contre les murs, espérant entendre le son sourd du bois.
Tu continues. Tu cherches la portes, même dans le noir. Quand tes doigts rencontrent le bois et le froid d'une poignée en fer, tu la tournes... Hélas, ce n'est pas une sortie mais une passerelle. Une porte ne permet pas seulement d'entrer ou, pour toi, de sortir.
Encore un embranchement. Des couloirs, toujours les mêmes. Nouveau choix. Impasse. Demi-tour, deuxième alternative.
Tu poursuis inlassablement cette quête pour trouver la porte. Hélas, chaque nouvelle porte mène à un nouvel espoir puis une nouvelle déception. Peu importe, tu continues à chercher, tes pas sont de plus en plus pressés. Ta poitrine tressaute, ton cœur bat à toute allure...
On fait moins la maligne, n'est-ce pas ? Si grande et si fière autrefois, te voilà piégée comme un rat. Ta chute est un spectacle délicieux. Mais sauras-tu un jour qui je suis ? Trouveras-tu la bonne porte ? J'en doute, à en juger par ceux qui sont passés avant toi. Vous cherchez tous avec votre logique à vous, sans penser que c'est une question de perspective.
En attendant, tu continues de chercher. Tu avances, tu chancelles, tu cries, tu ouvres une porte qui débouche sur un autre couloir éclairé par des néons. Tu cherches... à moins que tu ne fuies quelque chose ? Mais quoi ? Moi je sais...
Tu cries.
Mais personne ne peut t'entendre, chérie. Personne ne viendra te chercher. Cours donc, cours toujours... Peut-être trouveras-tu la porte avant la fin, qui sait...
Auteur.e : @SanaaMishima
« La seule porte que je souhaite rouvrir »
Clac !
« Vous avez entendu ce bruit, comme moi, n'est-ce pas ? vous avais-je questionné. L'aviez-vous déjà entendu ? »
« Moi oui. » avais-je répondu
Moi, ce bruit, je ne le connais que trop bien.
C'est celui d'une porte qui se referme brusquement. Qui m'interdis de la rouvrir. Qui m'éloigne de lui.
C'est celui d'une attache qui se rompt. Qui m'avertie que c'est trop tard. Qui me sépare de lui.
Clic !
Celui-là aussi, je ne le connais que trop bien. Si bien que je le vois devant moi.
Je vois la poignée qui se tourne vers le haut. Je vois la serrure qui s'obscurcie. Je vois la clé qui s'en retire. C'est une promesse, seule la personne qui en possède la clé peut l'ouvrir.
Et je sais ce que ça veut dire, que ça m'est un peu adressé. Beaucoup.
Et je sais qu'à présent, cette porte ne me sera plus ouverte. Plus jamais.
J'en ai égaré la clé. « Quelle importance ? avais-je bêtement pensé. La porte restera ouverte. »
Mais tu as fini par me questionner. Mais en voyant que je l'avais perdue, que je ne m'en souciais guère, tu as refermé la porte. Fini. Je n'ai plus la clé. Je ne peux plus ouvrir la porte.
Boum !
C'est mon cœur qui s'éveille. Qui hurle quand tu passes près de moi. Qui cogne contre sa cage. Qui me prouve que je vis encore, même si mon passé, mon présent et mon futur se sont écroulés. Qui s'arrête un instant quand tu m'adresses un sourire. Ça devrait me réjouir.
Mais tout ce que je vois, c'est cette porte fermée. Ce n'est plus le même sourire. La porte l'a emporté en se refermant. Une porte rouge sang qui me rappelle l'amour et la mort.
Auteur.e : @Alavirienne09
Porte : acronyme courant pour Passage
Obligatoire
Restant
Toujours
Eprouvant.
Je fixai la porte, incapable d'en détacher les yeux comme de la franchir. Comme toujours.....
Je pourrais la décrire dans ses moindres détails.
Épaisse d'une dizaine de centimètres, en lourd bois de chêne, sombre bien qu'ornementée de gravures, lianes d'or entremêlées sur l'ébène, la porte se dressait devant moi, aussi majestueuse que menaçante. C'était juste une porte. Juste. Une. Porte. Rien d'effrayant ou de terrifiant. Et pourtant, j'étais bien incapable de la franchir, ou même de m'en approcher et de poser la main sur l'imposante poignée couverte d'étranges marques, de.. griffures ? Elle avait beau être une porte, elle dégageait une aura maléfique qui vous prenait aux tripes et vous oppressait. En face d'un tel débordement, vous étiez comme chez l'orthodontiste ou en face d'un prof à l'haleine de café moisi : prise d'une subite envie de fuir. Mais je ne pouvais pas le faire. Je n'avais pas le droit de céder à cette peur dévorante. J'étais parvenue jusqu'ici, je ne pouvais plus reculer. Ce n'était rien de plus qu'un stupide piège, une illusion. J'en étais capable. Le couloir se prolongeait et se divisait de toutes parts en une myriade de possibilités, mais la réponse était derrière cette porte, et aucune autre.
"Tu te trompes. Et tu vas échouer, une fois de plus. Tu seras ridicule, en plus d'être inutile. Suis la piste, comme tu le fais depuis le début, ou bien tu seras perdue."
La voix, que dis-je, le sifflement, qui emplissait mes oreilles sonnait étonnamment juste à mon esprit, comme si je l'avais moi-même pensé. Les volutes azur qui m'avaient conduite tout au long de mon parcours voletaient toujours sur la droite, prêtes à me guider autre part.
Je pouvais les suivre, oublier ce que j'avais vu, faire semblant de rien, et trouver le trophée autre part. Derrière une porte qui ne serait pas maléfique, par exemple. Mais ce serait trop évident, pour un test d'aptitude réputé si ardu. Remporter un trophée exigeait de se dépasser. Nous étions formées pour combattre les forces du mal, pas pour fuir ou esquiver.
La voix continuait à siffler à mes oreilles. Elle aussi faisait partie des multiples pièges qui nous étaient donnés à affronter dans le labyrinthe, même si c'était là une illusion, une embuscade morale et non physique.
Quelque peu rassérénée, déterminée au moins, j'avançai d'un pas, luttant pour lever mon pied qui s'était englué dans un liquide poisseux. Comment avais-je pu ne pas remarquer cette étrange cire jaunâtre envahir le couloir ? Progressivement, elle s'était coulée autour de mes pieds, m'enserrant aussi sûrement, si ce n'est plus, qu'un serpent. Et le niveau montait. Le temps jouait contre moi, il me fallait me battre pour atteindre la porte.
Plus je me débattais, plus l'impression d'être prise en étau me saisissait. Lorsque le niveau de la chose a atteint mes hanches, je me suis penchée en avant pour m'allonger, comme je l'aurais fait dans des sables mouvants. Pourquoi ? C'était la seule idée qui m'était venue à l'esprit. Et là, avec un affreux bruit de succion, mon corps a été lentement libéré de l'emprise de la colle, ce qui m'a fait basculer. Prise de panique (vous le seriez aussi si votre visage s'approchait dangereusement d'une substance aussi suspecte), je me suis accrochée à la seule chose à portée de main : la poignée, qui s'est abaissée en couinant, entraînant l'ouverture de la porte.
Je suis restée bouche bée, ce qui est moyennement intelligent lorsqu'on est dans un liquide bizarre, devant le spectacle qui s'est dévoilé à mes yeux.
Au lieu du trophée que j'espérais décrocher, majestueux, flamboyant, il était là.
Un phénix.
Merci d'avoir lu les textes !
https://discord.gg/fmEpUC3YkP
Merci pour votre soutien !
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