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GAGNANT(E) : @Sorbet-Cerise !
Texte : 14
Bonjour à tous !
Bravo à tous ceux qui ont réussis à combattre la flemme pour écrire ! Je sais à quel point parfois il est dur lorsque la motivation n'est pas là.
Lisez vous, aidez vous, commentez les textes des autres, chacun aime avoir un soutient, un avis. Merci ♥
Texte 1 : @RoseSaphir43
La paresseuse oisiveté
La flemme, douce amie de l'inaction,
Toi qui te love dans les plis du temps,
Tu nous tiens en ton doux étau,
Tu nous appelles de ta voix suave,
Attirant nos âmes fatiguées,
Nous incitant à nous abandonner sans réserve,
Et à laisser filer le temps sans tracas.
La flemme, ce doux ennui qui s'empare de nous
Et nous enlace de ses bras flasques et douillets
Nous plongeons dans un état de béatitude si doux
Que nous en oublions le temps qui s'enfuit à regret.
Elle nous murmure des mots suaves et langoureux
Nous sommes convaincus que la paresse est la plus belle des vertus
Et que rien ne vaut le repos, ni les efforts laborieux
Car la flemme est notre amie, notre confidente assidue.
Elle nous attire dans un cocon de douceur
Où nous oublions les soucis et les tracas de la vie
Où le temps s'étire en une lenteur bienheureuse
Et où les tâches à accomplir ne sont que des oublis.
Mais attention à ne pas se laisser engloutir
Par cette douce torpeur qui peut devenir piège
Car la flemme nous fait perdre notre désir
Et nous enchaîne à une existence qui ne bouge.
Alors, aimons la flemme pour ses instants de repos
Mais gardons-nous d'en faire notre unique alliée
Car la vie est un chemin à parcourir sans repos.
Texte 2 : @Nay_Blume
Le calendrier reste bloqué sur le mardi 3 mars depuis deux mois. Le panier croule sous le linge sale, un autre sous le linge non repassé. Ma chambre est entièrement en désordre. Le lave-vaisselle n'est pas rangé, il reste donc mes couverts et mes assiettes des trois derniers jours dans le lavabo. L'herbe n'a pas été tondue depuis quelques semaines, mon travail non faits est éparpillé sur mon bureau. De la poussière recouvre les meubles et la plupart de mes plantes sont en fin de vie à cause du mauvais arrosage.
Mon cartable est grand ouvert, il ne sert plus à rien car cela fait trois semaines qu'il ne s'est pas rendu à l'école. Les placards sont vides de nourriture, mon compte en banque est tout autant vide. Ce n'est pas si mon chat est parti se nourrir chez la voisine maintenant.
Le téléphone sonne en bas, et continuera de sonner longtemps. Hors de question de sortir de mon lit. Je crois que j'ai la flemme. La flemme de continuer à écrire aussi, désolé je m'arrête là
Texte 3 : @X_squeezos_x
La flemme m'envahit, je ne peux plus bouger,
Mon corps est lourd, mes yeux sont fermés,
Je suis enveloppé dans un nuage de paresse,
Où tout est lent et rien ne presse.
Je suis comme un chat qui dort au soleil,
Ou un ours qui hiberne dans sa grotte,
Je suis dans un état de somnolence,
Où tout est calme et rien n'a de sens.
Je voudrais me lever, mais je n'y arrive pas,
Je suis trop fatigué, je n'ai pas la force,
Je suis comme un navire qui ne peut plus naviguer,
Où tout est immobile et rien ne peut avancer.
La flemme m'a pris, elle m'a envoûté,
Je suis comme un oiseau qui ne peut plus voler,
Je suis dans un état de léthargie,
Où tout est flou et rien n'a de vie.
Mais je sais que je dois me réveiller,
Je dois sortir de ce sommeil profond,
Je dois retrouver ma force et mon énergie,
Et redevenir actif et plein de vie.
Texte 4 : @Cerral1
/!\ Sujet sensible
Adieu poisson rouge
Mère,
Je suis une baleine. Ou du moins, je crois l'être. La nage est à ma défaveur ; l'agilité dans le même courant. Mais je le suis, mère, je suis une baleine. Mère, ne te rappelle plus le temps où j'étais un poisson rouge, je t'en prie. Poisson vif, curieux, en vie. J'étais aux bras du bonheur, j'étais heureux.
Puis sonna ton jour : Le 28 mai 1995. J'étais à Nouakchott, faisant encore de ma passion littéraire un havre de plaisir. Que dire, de quelques lettres je buvais le nectar du bonheur ; du désir encore, je ne connaissais nulle perversion ; et de la perversion, je n'avais conscience que de son ombre.
"Allo, Hach, elle convulse." ; "Allo, Hach, elle ne respire plus." "Hach, son cœur s'est arrêté" "Hach, je suis désolé". Il s'est arrêté, mère. Mais avec lui s'est arrêté ma vie de poisson rouge. Je tremble, mère, car je suis piégé dans ce corps de cyclope, et le monde entier est devenu Ulysse. Veulent-ils me crever l'œil ? Ou veulent-ils se le crever pour oublier ma vue ?
Je mange actuellement un cheesecake à la fraise, mon préféré. C'est mon huitième, cette semaine. Mère, j'ai maintenant 40 ans, et on m'en donne 60. Je pèse 190 Kg, tu me connaissais à 60. Me reconnaitrai tu aujourd'hui ? Je l'ignore. Comme j'ignore tout ! Comme je me déteste ! Oh, oui, je me répugne, mère. Je suis un tas de crasse rassemblé dans un corps conscient. Je suis un sac de gras, comme le disent les gens qui me voient.
Et qui puis-je accuser ? Aide-moi, mère. Je ne suis l'ennemi que de moi-même, et j'ignore si je suis assez armé pour me combattre. C'est la paresse ! C'est la paresse mon fléau, et j'en suis l'acteur. C'est une voiture dont j'ai les clés, et je ne sais arrêter.
Le jour de ton départ, j'étais un tas d'amas de consciences. J'ingorais les directions seul. Alors, j'ai choisi de t'oublier ; d'oublier le monde. Je suis resté chez moi, Seul, épris d'oubli. Et j'ai commandé de la nourriture. C'est ainsi que cela a commencé. En un mois, j'ai pris 25 kg, et j'ai perdu la pauvre estime que j'avais de moi. J'étais si répugnant, si gros et gras, mais je m'y suis habitué.
La paresse m'avait conquis. Je la suivais à la lettre, me croyant maître. Je remettais tout au lendemain, puis on m'a viré de mon travail. Neza, à qui j'adressais encore quelques tournures romantiques, me supprima brusquement sur tous les réseaux. C'était donc fait, le monde avait acquiescé à ma demande obscure : l'isolation.
Alors je m'adresse ici à toi, paresse. Quoi de mon corps doit encore brûler ? Combien mon âme doit-elle encore choir ? Je ne sais plus vivre, comme je ne sais plus qui je suis. Je te suis adorateur, au présent de la seconde, de la minute. Mais je suis ton ennemi, l'heure suivante. Ô, amoureuse du présent, terreur du futur.
"Demain sera plus favorable, dis-tu sans honte." Et te voilà revenu le lendemaine pour me prôner le suivant. Mais donc quel demain est-il mieux ? Et pourquoi hier est-il toujours mauvais ?
Aliya vient de partir. C'est un prostitué que je paye 200 balles de l'heure pour satisfaire mes sales désirs. Si je t'en parle mère, c'est que je l'ai surpris la dernière fois vomir aux toilettes. Elle a vomi toute mon affection, et prononcé "Beurk". Elle s'est mouchée, et est revenu me servir. Suis-je dans le mal ? Ai-je brisé les barrières de la tolérance ?
Je reviens à toi, mère, j'ai tout perdu. Et crois de mes mots, je ne viens que par obligation, je suis bien paresseux pour m'y engager. Il me reste deux semaines à vivre, lon cœur est trop faible. Mère, ai-je encore ma place parmi vous ? Ai-je déshonoré le ciel par ma paresse ? Serai-je mince comme avant là-bas ?
HHach est décédé dans le déshonneur et l'opprobre. La mort qu'il défendait d'un cœur trop faible, n'était que de son acte propre Il s'est suicidé, lorsque la police a découvert dans son grenier de la pédopornographie produite par lui-même. Le motif des viols : une envie de redevenir un poisson rouge, de revivre cette expérience. Les spécialistes de santé ont admis à sa cause la maladie mentale, causée par la mort de sa mère, et la paresse dévastatrice qui en résulta. Ainsi est-il coupable par intention ? Est-il condamnable pour acte conscient ? Le procès se tient en ce moment, la société est déchirée.
Texte 5 : @Une_Lady
NDA : Ceci est un poème écrit en vers, n'obéissant pas aux règles strictes. Il y a seulement des rimes.
Gloire à ma Déesse
Ô ! Toi ma Muse ! Mon Idéale !
Ô ! Toi ma Lueur, mon Etoile !
Celle qui me guide vers le sublime empire,
Celle qui me séduit, et m'attire,
Celle qui me contraint, et se joue de moi,
Tant que je ne serai point digne de toi,
Garde moi ici, dans cet enfer,
Emplit d'horreur et de misère !
Ce monde, tout de travail fait,
Qui tente de nous corrompre,
N'est que pécher et méfaits !
Ce serpent, caché dans la pénombre,
Ose nous faire croire que le travail c'est la santé !
Mensonge ! Traîtrise !
Honte à vous, travailleurs !
Vous méritez sa méprise,
Vous, êtres sans aucune valeur,
Que le feu sacré vous pulvérise !
Ô ! Toi ma Déesse !
Préserve moi de leur mauvaiseté,
Garde moi loin de leur détresse,
Sauve moi de leur malhonnêteté !
Ô ! Toi, Splendeur de ce monde,
Je m'agenouille devant toi,
Et prie, pour rejoindre ta nation,
Je veux, dans un canapé, obéir à ta loi.
Jamais, je ne travaillerai,
Jamais, je ne me détournerai,
De ta sainte voix.
Ô ! Toi, Flemme,
Je te vous mon amour éternel.
Texte 6 : @Dame-Ligth
Flemme
Ça doit bien faire 30 minutes que ce réveil n'arrête pas de sonner, la mélodie est tellement aigue et désagréable que je m'étonne à garder encore les yeux clos. Ceci dit, quelque chose m'intrigue au plus haut point. Qui a choisis le son de l'alarme après la fabrication de l'horloge ? Le fait que cette personne ait pensé à cet air aussi perturbant laisse à réfléchir sur son état d'esprit. Je le sais, le bruit est fait exprès pour réveiller notre cerveau, mais je vous assure que mon réveil à moi émet un bruit tout simplement insupportable. Un sonomètre me donnerait sans doute raison. Je suis sonnée ; Ou peut-être que je n'ai juste pas envie de me lever...
Mon oreiller me souffle à l'oreille : "Sofia, ne te lève pas", j'avoue que c'est tentant d'écouter mon imagination. Mes yeux s'ouvrent à présent ; Et souffrent par la même occasion. Je me sens agressée par ce soleil ; ce soleil dont les rayons s'infiltrent sans gêne à travers la fenêtre de ma chambre. Mais qu'est-ce qui m'a pris de ne pas fermer les volets hier nuit ? J'avais dit que je le ferai à ma sortie de la salle de bain, ensuite dès que j'aurai fini de répondre à quelques texto, mais finalement je ne l'ai pas fait. Je vais aller les fermer tout de suite. Enfaite non, flemme de me lever...
Déjà 8heures30minutes ? Autant prendre mon temps pour me rendre au travail. Oui, en principe je devais y être il y a de cela une bonne trentaine de minutes. En retard je serai, comme toujours d'ailleurs et je n'ai pas de pression pour autant. C'est normal après tout, le boss c'est moi. Ca y est, je viens de prendre une douche. Placée devant mon dressing, j'hésite entre la robe beige et l'ensemble tailleur rouge. Cela dit, la robe est un peu froissée vers le bas ; du coup le choix est vite fait. Je n'ai aucune envie de repasser...
Mes talons raisonnent dans toute la maison, c'est surement à cause de son immensité et du silence qui y règne en permanence. Dans ces moments, vivre seule semble très mélancolique. Ce matin, je n'ai pas un appétit de loup et par conséquent, je vais me contenter d'une pomme. Finalement, du chocolat chaud me ferait un grand bien ; mais ma secrétaire va s'en charger au bureau. Flemme de le faire moi-même...
Les bouchons tôt le matin, ça me stresse et ça me met de mauvaise humeur. Heureusement que je suis déjà arrivé à mon entreprise. Les "bonjour madame", "bienvenue madame", affluent de part et d'autre du couloir et pour toute réponse, je me contente de hocher la tête de haut en bas. Mon chocolat à la main, je savoure délicatement chaque gorgée en parcourant furtivement les mails que j'ai manqué ce Week-end ; Bien sûr j'aurais pu les consulter sur mon smartphone mais hélas! Je respecte beaucoup trop mes jours de repos. Décidément Samantha (ma secrétaire) fait les meilleurs chocolats chauds de la terre entière. Elle devrait s'installer chez moi pour me les faire chaque matin...
Généralement, mes journées de travail se passent un peu comme ça...
"Samantha! Viens me donner ce document s'il te plaît ".
"Samantha! Organise moi un rendez-vous avec Monsieur ****.
"Samantha! J'attends le compte rendu de l'intervention effectuée Mardi dernier.
"Samantha! J'ai besoin que tu m'imprime cette note de service.
"Samantha! Dis à monsieur *** que je l'attends tout de suite dans mon bureau.
"Samantha! Allume-moi la climatisation".
"Samantha! Appelle ce fournisseur pour moi".
"Samantha! Allume la télévision pour moi s'il te plaît".
"Samantha! Passe la commande de mon déjeuner".
Hors mis ces petites articulations, la journée était bien épuisante aujourd'hui, j'ai présidé une longue réunion sur un projet hyper important. Il est 17heures30minutes, j'ai envie de dormir...
Home sweet home. La femme de ménage est sûrement rentrée maintenant, néanmoins la maison respire la propreté, c'est le plus important. J'ai envie de concocter un bon plat de poulet panné, je ne suis pas très fatigué, mais comment le dire sans paraître trop paresseuse ?? Bon, j'ai la flemme. Pour faire simple, on va commander une Pizza...
Bientôt je serai dans les bras de Morphée. Oh! Flemme de l'attendre...
Texte 7 : @CamilleEfferellle
La flemme de l'enfer
Un bruit de grincement de porte me réveilla en sursaut alors que je dormais paisiblement, bien au chaud sous ma couette. À moitié dans le coaltar, je levai la tête et aperçut tout à coup un monstre hargneux et bavant de colère, ma mère, entrer dans ma chambre.
- Debout, espèce de fainéant ! s'écria cette dernière. Tu dois partir pour le lycée dans quarante-cinq minutes.
- Oui, maman, répondis-je, avant de me rendormir aussitôt.
Dix minutes plus tard, le monstre affreux poussa à nouveau ma porte, et plus hargneux que jamais, il grogna à nouveau :
- Lève-toi maintenant ou je vais me fâcher, sale paresseux !
- J'ai la flemme, lançai-je.
- Flemme ou pas, tu vas te lever en quatrième vitesse, te doucher, t'habiller et prendre ton petit-déjeuner ! Allez ! Dépêche-toi !
- Rien qu'à entendre ta liste de choses à faire en si peu de temps, je me sens déjà malade ! râlai-je.
- Oui, c'est ta glandinite aiguë qui te prend à nouveau! Allez, debout, feignasse, et tout de suite !
D'un coup, d'un seul, elle agrippa ma couette puis la jeta à l'autre bout de la chambre.
- Ça, c'est un coup bas, maman, criai-je ! Ça se fait pas ! Il fait froid en plus, vous avez coupé le chauffage, papa et toi, ou quoi ?
- C'est ça, plains-toi en plus, flemmard !
Elle pointa subitement son index rageur vers moi tout en serrant les dents.
- Debout maintenant, parce que je peux t'assurer que si tu te mets pas un coup de pied aux fesses tout de suite, j'aurai pas la flemme de te punir de téléphone, moi !
- Vas-y, dis-je par défi, punis-moi, si ça peut calmer tes nerfs!
Elle me tança du regard, les yeux presque hors de leurs orbites. Pour la titiller et la faire sortir encore un peu plus de ses gonds, je feignis alors d'essayer de me ficher un coup de pied aux fesses.
- On peut savoir ce que tu fabriques maintenant, bougre d'imbécile ? balança-t-elle.
- J'essaye de me m'auto-shooter le cul, comme tu me l'as demandé, maman, mais je crois bien que c'est physiquement impossible !
- Quand je t'aurais rossé, je peux t'assurer que tu en seras capable, riposta-t-elle avec fureur.
Elle s'approcha du lit et je crus alors qu'elle allait mettre sa menace à exécution, mais elle se contenta de poser ses poings sur les hanches et de me regarder avec défi.
- Si seulement t'avais la flemme de raconter des conneries, ça me ferait des vacances! se plaignit-elle.
Puis d'un bond, soudainement, sans même que je puisse esquisser le moindre mouvement de parade, elle se jeta sur mon téléphone qui était posé sur la table de nuit, et s'en empara, avant de le ranger dans la poche de son pantalon.
- Tu reverras ton meilleur ami dans une semaine, coco ! fanfaronna-t-elle ensuite, un rictus de jubilation au coin des lèvres.
Être séparé de mon téléphone me mit au comble du désespoir, mais je me refusai catégoriquement à le montrer, par fierté.
- M'en fous, baratinai-je alors, de toutes façons, j'ai la flemme de l'utiliser dernièrement, mon portable !
Ma mère pouffa de rire.
- On en reparlera dans dix minutes quand tu feras ton habituel caca nerveux pour que je lève la punition et que je te le rende !
- Laisse-moi deviner, me gaussai-je, t'auras pas la flemme de m'envoyer chier alors ?
- Exactement.
- Tu ferais mieux de pas avoir la flemme de travailler tes blagues, maman, lui lançai-je. C'est les mêmes depuis dix ans et elles sont pas drôles ! Ça va être quoi la prochaine ? « J'aurais dû t'appeler tire-au-flanc » ou « Ton deuxième prénom c'est branleur » ?
- Branleur, c'est pas moi qui le dis, déjà, c'est ton père ! Et toi, pour ta gouverne, garnement, tu ferais mieux de pas avoir la flemme de travailler tout court, parce que tes notes au lycée sont catastrophiques ce trimestre!
- Je me suis mis au travail, pourtant, répliquai-je.
- Ah ouais ?
- Ouais. Je lis ! Regarde sur mon bureau.
Elle tourna la tête puis se saisit du livre qui y était posé.
- « Le droit à la paresse », de Paul Lafargue, lut-elle. C'est quoi cette merde ?
- C'est le livre que le prof de philo nous a conseillé de lire.
- Il a pas autre chose à vous faire lire ce con-là ?
Je ricanai d'une manière volontairement moqueuse.
- Le prof de philo a dit que certains de nos parents diraient ça quand il verraient le titre du livre, jugeant la couverture avec facilité plutôt que de prendre la peine de lire l'ouvrage. Et il a même ajouté que ce seraient les plus fermés et les plus simples d'esprit qui réagiraient comme ça ! mentis-je.
- Et ta gueule p'tit con, il a aussi dit que certains parents le diraient ?
- Non, fis-je en soufflant pour montrer ma consternation face à cette violence verbale.
- Souffle encore une fois comme ça, avec mépris, et crois-moi, j'aurais pas la flemme de t'en coller une ! me menaça facticement ma mère, qui n'avait jamais levé la main sur moi.
Elle se calma ensuite puis désigna du doigt mon téléphone, dans sa poche.
- T'as gagné, champion, la punition vient de passer à deux semaines. Et maintenant, lève-toi, et tout de suite !
- On est jeudi et j'ai philo, répondis-je. J'irai à dix heures et j'invoquerai mon droit à la paresse auprès du prof. Il me trouvera super brillant et ne me notera pas absent, et avec un peu de chance, il me donnera même un bon point !
Ma mère explosa de rire.
- T'es tellement flemmard, mon fils, piailla-t-elle, que quand on est seulement mardi tu crois qu'on est déjà jeudi !
- Oh ! soupirai-je avec dépit. Je commence par deux heures de maths !
- Et au discours que ton prof de maths m'a tenu aux rencontres parents-profs, il va pas trop apprécier ton laïus sur le droit à la paresse !
- Carrément pas ! confirmai-je.
- Il ne te reste donc plus qu'à te lever, fiston !
- Non, maman, j'me lèverai pas, lui opposai-je. J'en peux plus du lycée et je veux arrêter les cours.
- Ah bon ? Éh ben tu vas te lever quand même, mais pour aller à Pôle emploi alors !
- Pôle emploi, c'est quoi ça ?
- C'est là où on va pour chercher du travail.
- T'es folle ou quoi, maman ? gloussai-je en réaction à cette idée loufoque. Je compte pas chercher de travail, je compte prendre une année sabbatique, pour réfléchir à la vie !
Elle sourit avec un brin de malice.
- Tu veux faire flemmard professionnel et être logé, nourri et blanchi par papa et maman, c'est ça ! Ben tu rêves, parce que la glandouille à s'astiquer la nouille, comme dirait ton père, ici, c'est non ! Tant que tu vis chez nous, tu vas à l'école ou tu bosses, un point c'est tout !
- Si c'est comme ça, vous ne me laissez pas d'autre choix que de quitter la maison, papa et toi ! conclus-je.
Ma mère ricana une fois de plus.
- Et on peut savoir quand est-ce que tu comptes partir ? questionna-t-elle.
- Tout de suite ! rétorquai-je avec détermination.
Ma mère resta plantée sur place, immobile, au milieu de ma chambre, à me regarder bêtement et je me mis alors à sourire, supputant que d'un instant à l'autre, elle fondrait en larmes ou se confondrait en excuses afin d'éviter que l'oisillon ne quitte le nid et ne la laisse orpheline d'enfant.
- Et alors, tu prépares pas tes affaires ? finit-elle par demander, à ma grande surprise.
- Euh, non, bafouillai-je.
- Et on peut savoir pourquoi ?
- Parce que j'ai trop la flemme ! grondai-je, avant de me lever en trombe et d'aller prendre ma douche, monstrueusement hargneux et bavant de colère.
Texte 8 : @Flemne
Marasme
La beauté d'un crime pouvait parfois surprendre. Quand l'inspecteur entra il fut subjugué. D'abord distrait par les murs délavés et dévorés par les mites, son regard se porta naturellement vers cette oeuvre d'art, vers ce corps dormant au centre de la pièce.
Les membres latent, les pupilles immobiles, elle attendait. Son corps, blancs, feignait l'ignorance et ses yeux bleus atones fixaient la mort comme un astre. Elle était nue comme vénus à sa naissance alors que des milliers de cheveux formaient, sur sa tête une couronne d'or. Ses quatre membres étaient sectionnés et placés délicatement en cercle autours de son buste. Celui ci était vierge de toute cicatrice, la blancheur luisante qu'il émettait était surnaturelle, comme les pétales d'une fleure toxique ou le dos d'un crapaud exotique. L'aversion et l'amour que provoquait cette scène aurait pu, chez un homme sain, provoquer le désastre et l'épouvante. A cet instant, l'eau stagnante dans ses yeux descendirent la pente, stupéfait, il plaça une main sur sa joue rugueuse. L'homme était sidéré, cette femme avait volé son coeur l'espace d'un instant.
Il y avait chez elle, une gêne, quelque chose d'étrange que même la mort ne serait expliquer. On voyait dans son regard pétrifié, les bribes d'un souvenir horrifique, l'image d'une personne qui dans ses derniers instant, avait subit mille peine, avait perdue l'envie de résister. L'inspecteur voyait à travers ce regard une flemme de vivre, de résister, d'hurler, de se débattre, de proclamer la vie et d'ostraciser la mort.
Il devinait les supplices de la douleur sans les partager, imaginait le désespoir sans compatir et savait que devant ces yeux se tenait un humain ayant perdu la vie sans volonté. Cette oisiveté splendide qui illuminait chaque passerelle de son corps forçait la pitié, car son hébétude ne pouvait être comparé. Seul un humain désemparé, peux sans tressaillir assoupir son entêtement et taire la vie qui lui appartenait. L'inspecteur admira longuement avant de fermer les yeux de la jeune demoiselle comme on clôt le chapitre d'une vie.
Texte 9 : @Imagineuse
L'ÉPREUVE
Sur cette montagne, j'observe le panorama qui s'ouvre à mes yeux.
Quelques jours auparavant, je n'y songeais même pas. Pas un seul instant, je n'aurais imaginé me tenir là, au sommet d'un volcan, à l'autre bout du monde.
Et pourtant, c'est ce qui est arrivé.
Je n'entends plus que mon cœur battre à travers ma peau de mon visage, rougi par l'effort de l'ascension. Il résonne : boum-boum, boum-boum, boum-boum.
Qui aurait pu croire que moi, Alexia, jeune femme atteinte d'une maladie incurable, aurait pu défier un géant de la nature ? Qui aurait pu croire que, des jours durant, j'avais erré dans mon salon, pleurant le défaitisme absolu qu'entraînait ma maladie ?
Là, tout de suite, j'ai pas envie.
Je suis tombée amoureuse de mon lit.
Mais qu'est-ce que j'ai fait de mon téléphone ?
Mais quelle était donc cette maladie incurable, redoutée par mes proches, qui m'enfermait si souvent à double tour dans ma chambre ? Une maladie qui prenait tant d'espace, grignotait tout mon temps libre... Bon, ça va, ça va ! Je vous présente Son Altesse Sérénissime La Flemme.
Ses promesses m'ont aveuglée, à la manière d'un argument marketing imparable.
Sa puissance a chevillé les hémisphères de mon cerveau à une vaste toile, pire encore que les réseaux sociaux.
Quand on est dans le mood de la flemme, rien ne nous paraît accessible, sinon ce qui est à portée de main. La télécommande. L'ordinateur. Le téléphone (curieusement, en dépit de l'Épreuve de la Flemme, on arrive toujours à les retrouver, ceux-là).
Ce jour-là donc, perchée sur mon volcan, j'avais réussi à combattre Son Altesse Sérénissime La Flemme. L'immensité du site orientait mon regard vers le ciel, avec ses nuages étendus comme du linge à sécher – avec l'horizon comme fil à linge.
Comment ça, visuellement, ce n'est pas correct ?
« Alexia, qu'est-ce que tu fabriques ? »
Oups.
J'ouvre les yeux. Face à moi, ce n'est pas vraiment un panorama digne de la Nouvelle-Zélande qui s'offre à mon regard. Le Velux de ma chambre, que j'étais censée ouvrir pour faire un courant d'air, est obstinément fermé. J'étais en plein shifting.
Que voulez-vous. Son Altesse Sérénissime La Flemme gagne toujours.
Texte 10 : @Nilletillan
J'ai pas l'énergie de bouger
Restant sans bouger dans mon lit
Sans volonté de me lever
Et je me complais bien ici
Il faut que je bouge de là
Que je me lève et que je parte
Qu'enfin je bouge mon gros tas
Avant que je finisse morte
Plus cette maladie avance
Moins je m'entends avec moi-même
Et de moins en moins je n'avance
Et de plus en plus j'ai la flemme
Je dois me lever pour aller vivre
Vivre et profiter de mon temps
M'amuser ou bien lire un livre
Sortir et aller voir des gens
Je vais me lever, me sortir
Je vais faire ce qu'au fond j'aime
Je vais y aller et agir
Je vais hein... mais là j'ai la flemme
Texte 11 : @Delombre
Lettre à Flemme
Flemme à la douce et charnelle saveur,
Si chère à mon moi inconscient, tu sais,
Éternelle intolérance au labeur,
Auquel je ne peux pas me rabaisser.
Flemme aux longs cheveux de soie, la douceur
Évoque celle de mes tendres draps.
Seule, tu émets un écho sans peur.
Fidèle, je respecte ton mantra :
« Unique passion de mes heures de travaux,
Je trompe mes obligés pour rester à ton chevet ;
Tu es l'unique ambition de mes semaines.
Acide parfois, lorsque la peur et l'angoisse s'invitent,
Tu sais les faire fuir à coup de « revenez demain, voir si j'y suis ».
Heureuse, je m'émerveille de ton courage ;
Tu oses clamer haut et fort que tu n'en fais qu'à ta tête.
Tu sais bien, aussi, me mener par le bout du nez,
J'y consens, sans l'ombre d'un regret.
Flemme de mes jours, l'avenir n'a pas besoin d'être construit.
Je préfère vivre aux côtés de celle qui me comprend, sans jugement aucun.
Et si, par malheur, je rompt la promesse scellée à l'encre d'un mojito,
Que le travail m'appelle, ou qu'un projet s'éveille.
Fais en sorte, s'il le faut, de chanter de doux sons de repos,
Telle une sirène dans la mer infinie,
Je me perdrai dans tes bras autant qu'il le faut,
Et, tant pis si jamais je ne rejoins le port.
Je serai tienne jusqu'à ma mort. »
Texte 12 : Chogonon
Flemme de trouver un titre...
Je ne demande pas d'aide.
C'est dommage. Mais c'est trop tôt. Pas assez épuisée.
Bien sûr, je suis fatiguée. Comme tout le monde.
Mais j'ai la flemme.
J'ai la flemme de survivre, et de mourir. Flemme de cacher des choses et honte de les dire. Flemme de me poser des questions saugrenues jusqu'à pas d'heure. Flemme de penser à moi, flemme de penser aux autres. Flemme de me lever le matin, et de me coucher le soir. Flemme de rire ou de pleurer. Flemme de me cacher et flemme de me montrer. Flemme de sortir du lot et d'assumer que je m'en fous. Pas envie d'être méchante mais flemme de changer. Flemme de culpabiliser pour tout ce que je fais de mal. Flemme de faire des efforts, flemme de régler mes problèmes.
Flemme d'avoir la flemme.
« Amen, et foutez-moi la paix éternelle. »
- Bernard Friot -
Texte 13 : @PurplePlumeBleu
Je regarde le plafond
Je regarde le plafond.
Une semaine est passé depuis mon concours et je n'ai rien fait depuis, je ne suis pas sorti avec mes potes, je n'ai pas répondu à mes messages qui sont là depuis deux mois. La seule chose que j'ai faite c'est aller chez mes parents... Pour rester allongé dans le canapé sur mon téléphone.
Ce n'est pas que je ne voulais rien faire ou que je n'avais rien à faire. J'avais une liste longue comme le bras de truc que je voulais faire, que je m'étais promis de faire un fois que j'aurais retrouvé ma liberté. Mais je ne pouvais rien faire. Tout semblait me demander trop d'énergie, trop d'effort et je n'arrivais juste pas à trouver cette énergie -même en dormant dix heures par nuit-.
Je suis juste un flemmard c'est probablement ce que vous devez vous dire, ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas les seules à penser ça, mais parents pense la même chose « Oh allez fais un effort, tu n'as pas pu profiter de tes parents pendant un an et que tu le peux enfin... Tu préfères rester sur ton téléphone ? ». Je voulais profiter de mes parents, je n'y arrivais juste pas. Peut-être que vous devez vous dire : « Allez c'est pas difficile, tu ouvres WhatsApp, tu réponds aux gens qui t'ont envoyé un message, ça prend cinq minutes et ensuite bam, tu peux retourner scroller sur tes réseaux jusqu'à ce qu'il soit temps d'aller manger ou dormir », bah croyez-le ou non, même ça je n'en ai pas la force.
Je ne chercherai même pas à vous contredire, je sais que ça devrait être « simple », « pas si compliqué », car il suffit « juste » de faire si ou ça. Mais même ces simples tâches sont pour moi des montagnes et la culpabilité de savoir qu'elles ne sont « pas si difficiles » ne m'aidera pas à les faire.
Et puis, je suis d'accord avec vous, je suis un flemmard parce que si ce n'était pas le cas je devrais être en train d'enchaîner soirée sur soirée, vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain, rattraper le temps perdu jusqu'à ce que même ça, ça en devienne routinier, tout en attendant les résultats de mon deuxième semestre.
Mais je ne pouvais pas.
De l'autre côté, je ne peux pas vraiment m'en vouloir. Après tout comment ne pas être mentalement et physiquement à bout quand on a sacrifié un an de sa vie à bosser douze heures par jour tous les jours, y compris le weekend et les jours fériés, sans espoir réel ou sérieux de pouvoir passer en deuxième année. Étudiant en deuxième année de médecine...
Ça en jette, pas vrai ? Rien que le fait d'être étudiant en médecine, en général ça invoque tout un imaginaire chez les gens. Iels voient la crème de la crème, le top du top, la future fierté de la nation, ceux qui vont donner leur temps et leur énergie au service des autres... en travaillant dans des conditions inhumaines jusqu'à être assez vieux pour pouvoir laisser la relève faire le sale boulot à leur place.
Enfin, cette deuxième partie iels ne le pensent pas en général, mais moi, je le sais, il n'y a qu'à écouter les bruits de couloir à la fac, écouter les témoignages de ceux qui abandonnent à la sixième année.
C'est difficile de faire comprendre aux gens que l'un des boulots où il faut être le plus humain est l'un de ceux où l'on doit être le plus inhumain pour réussir ? Je vous promets que si vous aviez fait connaissance avec votre médecin traitant lors de sa première année vous ne voudriez probablement plus qu'il soit votre médecin traitant.
Y'a des jours comme ça où je me demande si cette année vaux vraiment le coup, si je n'avais pas gaspillé mon temps et si, au final, je ne devrais pas abandonner plutôt que de me forcer à continuer pour finir en burn out peu après avoir commencé à exercer ou rejoindre les rangs de ceux qui abandonnent en sixième année parce qu'iels se rendent compte que ça ne sera pas possible, qu'iels n'ont pas la force. Le problème c'est que quand on survit cette année et pire encore quand on la réussit on se sent une sorte d'obligation à continuer. Tu aurais pu abandonner avant, tu ne l'as pas fait, tu as pris la place d'un autre, tu ne peux pas partir comme ça. C'est bizarre, on a comme l'obligation de vivre pour un autre imaginaire, quelqu'un qui mériterait plus cette place que nous car iel serait allé.e jusqu'au bout.
Et puis... je voulais encore accomplir mon rêve une part de moi veux encore aider les autres, veux encore être médecin... même si ce n'est pas tout rose.
Je laisse échapper un soupir.
Enfin... Théoriquement, je n'avais pas encore réussi car je n'ai pas encore mes résultats du deuxième semestre donc théoriquement pour l'instant, je ne suis rien et je n'ai d'obligation envers personne.
C'est demain, les résultats.
La seule chose que ça évoquait en moi c'était que j'avais la flemme de les regarder, la flemme de devoir me préparer à l'oral, ou devoir me dire qu'il va falloir que je passe en LAS pour recommencer cette année. Je n'aimais même pas ma mineure, je l'avais juste choisi parce que les sciences de la vie, c'était proche de ce qu'on faisait en PASS et que je me suis dit que ce serait plus simple. Après je sais que l'on a moins de cours en LAS et que j'aurai déjà vu, en plus, donc théoriquement c'est plus simple mais... Le problème, mon problème, c'était juste mentalement l'idée d'avoir à revivre cette année.
Je ne suis pas non plus dupe, je sais que j'aurais de nouveau à bosser autant -si ce n'est pas plus- en sixième année mais... La sixième année c'est dans cinq ans. Ça me laisse un peu de temps pour récupérer, ce n'est pas comme réenchaîner cet enfer, enfin, un enfer dans lequel j'ai quand même plus de chance de passer en deuxième année de médecine que l'enfer auquel je viens de survivre mais enfer quand même.
Parfois, dans des jours comme celui-ci, je me demande pourquoi la France déteste ses médecins et étudiant.e.s en médecine voire même plus largement son domaine de la santé.
Une pensée me traverse ; j'aurais peut-être dû partir en Espagne ou alors tenter le tirage au sort de Belgique ou bien encore essayer le Portugal. C'est vrai après tout, pourquoi avoir choisi une PASS ?
Pour le prestige, j'ai envie de répondre mais surtout par ce que je n'ai pas l'argent, si je dois être honnête, et en restant en France, je touche, en plus, ma bourse d'excellence. Ça me rappelle la deuxième raison pour laquelle je n'ai pas envie de faire une LAS : il va probablement que je fasse un autre prêt vu qu'il faudra payer la prépa et tout ça...
Ne vous méprenez pas, je veux sincèrement être médecin, aider les autres et tout ça mais quand je pense aux conditions... Je me demande juste si ça vaut vraiment le coup. Est-ce que je veux vraiment aider les autres au point de m'en brûler les ailes et prendre le risque de ne plus jamais pouvoir voler ?
C'est ce que demande notre Code de Déontologie après tout, le dévouement, mais n'y a-t-il pas une limite à ce dévouement. Il paraît qu'aujourd'hui, on préfère le terme de bientraitance à celui de dévouement, moi aussi je le préfère. J'aimerai aussi que nos études en soit plus empreinte, de cette idée de bientraitance, que de dévouement.
Nos profs nous disent que c'est parce que le risque de se faire attaquer en justice est plus grand que les gens sont moins attirés par les études de santé. Si vous me demandez mon avis, je pense que c'est surtout parce que personne n'a envie d'exercer un métier dans lequel on te maltraite du moment où tu choisis d'être médecin jusqu'au jour où tu peux enfin prendre ta retraite que les gens veulent de moins en moins faire ce métier.
Je m'étais promis que je ferais mon ménage aujourd'hui... Je le ferais demain, je suppose.
Oui, je le ferais demain, quand je verrais mon classement quand je me rendrais compte d'à quel point je suis proche d'atteindre mon rêve, quand j'aurais triomphé de ce système injuste et que je pourrais regarder les petits PASS de l'année prochaines en leur disant « Je l'ai fait et vous pouvez également » dissimulant l'envers du décors de ce qui ont donné leur maximum mais pour qui ça n'a pas été assez, de ceux qui n'ont pas eu les bons tuyaux, les bons environnements pour bosser, personne pour leur dire quoi faire ou comment faire, pour ceux qui avaient trop de lacunes. Rien d'irrattrapable ou d'insurmontable dans probablement beaucoup d'autres filières mais la PASS ne pardonne pas, tu as le droit à une année, pas plus.
J'ai lâché un autre soupir, pour l'instant, j'avais la flemme, la flemme de prétendre que quoi que ce soit dans cette histoire de première année soit juste ou justifiée ainsi que pour toutes les années à venir. J'avais la flemme de me battre pour penser au positif et à la beauté de ce qui sera, peut-être, mon futur métier. La flemme de ne regarder que les points positifs comme je l'ai fait durant toute l'année, la flemme de tout balayer sous le tapis et la flemme de faire semblant d'avoir confiance en l'avenir.
Je pense qu'après avoir tant donné, une journée à ne pas prétendre que tout va bien dans le meilleur des mondes est un droit que je vais exercer avec joie.
Texte 14 : @Sorbet-Cerise
GAGNANTE !
« Je ne supportais plus les yeux de Colt. Personne, en fait, ne les supportais plus. Pas qu'il soit vilain, le garçon ; il avait cette bonne petite gueule d'ange de gosse de vingt-six ans, le genre qui rend hystérique les minettes qui en ont quatorze et ne connaissent rien à la vie. Longs cheveux blonds un peu filasses, nez droit et masculin, belle ligne de bouche, la seule chose qui avait changé chez lui depuis que je l'avais rencontré, c'était cette petite touffe de poils dorés qui avait envahi son menton aigu. Ah, et bien évidemment : ces yeux verts comme des jades mouillées qui s'étaient, depuis, embrumés des vapeurs du cannabis.
Indolemment jeté dans un fauteuil orange, je savais très bien qu'il n'écoutait rien de ce que je disais. Au lieu de ça, il biberonnait un pétard qui commençait à empoisonner la pièce. J'étais déjà hors de moi, il faut dire, sa foutue fumée puante était la dernière chose dont j'avais besoin pour râcler encore un peu mes nerfs sur le point de craquer. J'ai attrapé son joint que je balancé à travers la pièce en hurlant pour qu'il m'écoute, et je lui ai dit qu'il devait m'écouter au lieu de fumer son putain de joint comme un putain de crackhead, qu'il devait se reprendre et reprendre sa carrière, bouger son maigre petit cul blanc et repartir en tournée, et recommencer à faire rentrer de l'argent s'il ne voulait pas être foutu, qu'il ne voulait pas qu'on soit foutus tous les deux.
C'est que je jouais ma tête sur ce poulain, moi, et que Starway Record me l'aurait pas pardonné pas si je ne faisais pas redresser la barre à son chanteur le plus rentable. J'en n'étais pas au premier artiste que je manageais, je sais combien ces petites salopes sont capricieuses, imbues d'elles-mêmes et insupportables. Et plus elles sont jeunes, pire c'est ; mais des spécimens comme Colt Candell, j'en ai rarement eus, c'est vrai.
Je me suis arrêté de tourner au milieu de la pièce, hors d'haleine après ce monologue ; Colt a levé vers moi ses yeux vitreux, et j'ai compris qu'il n'avait rien compris. Pire, qu'il n'avait sans doute même pas écouté. Une fois de plus. Ce mec était un dieu aussi longtemps qu'on lui donnait un micro et une guitare ; pour le reste, j'ai davantage d'estime pour les semelles de mes chaussures. Elles au moins ne me font jamais faux bond. Et puis Colt, cet imbécile, ne voulait justement pas se remettre à la seule chose qu'il savait faire de bien, c'est-à-dire chanter pour un public de jeunes en furie.
« Toute la coke qu'on te paye alors que tu fous rien depuis deux ans, tu vas devoir la rembourser, tu sais ? C'est pas gratuit, t'en es conscient ? Tu aurais dû sortir ce putain d'album il y a deux semaines, est-ce que tu l'as seulement commencé ? Est-ce que tu as bossé sur le début d'une seule chanson ?! »
Ses yeux étaient toujours paumés dans le vague, comme un gamin qui se réfugie dans sa tête pour échapper aux réprimandes de ses parents. Il ne s'est même vraiment pas donné la peine de faire non de la tête, j'ai deviné plus que je n'ai vu son signe de dénégation. Honteux ou indifférent, je penche plutôt pour le second.
J'ai crié : « Qu'est ce qui va pas chez toi, bordel ?! Ça te manque pas, la scène ? Les hôtels de luxe ? Les voyages au Japon, partout dans le monde, les groupies dans ton lit, du champagne après chaque concert, tout ça payé au frais de la compagnie ? Tu vivais pour ça, y a deux ans. Bordel, quand on t'a signé, Colt, tu nous aurais vendu le sang de tes veines en échange de deux jours de cette vie. »
Il a eu le culot de ne pas me regarder, ce petit con, en répondant de sa voix rauque qui a fait rentrer seize millions dans la baraque les six premiers mois de son contrat avec Starway :
« Nan, ça m'intéresse plus...
- Ca ne t'intéresse plus ! Mais bon Dieu, Colt, qu'est-ce qui t'intéresse ? T'as envie de quoi, à part de traîner au bord de ta piscine avec ta copine has-been et de te camer comme un zombie ?
- Rien. J'ai envie de rien... J'ai envie... qu'on m'foute la paix... »
Là c'était trop. Tout le monde a ses limites, j'ai les miennes. J'avais l'âge d'être le daron de cette lopette, aussi je lui ai décollé sans prévenir la bonne gifle dont je pensais qu'il avait sans doute eu plus que besoin étant enfant.
Cette fois, il enfin a levé les yeux vers moi, l'air dégrisé, et le truc que j'y ai lu m'a tordu les boyaux quand j'ai compris que j'étais peut-être allé trop loin. Le mioche, c'est de la peur qu'il y avait dans ses iris, le genre de trouille qui n'a pu naître que quand on l'a expérimentée dans sa chair à l'âge tendre où commence seulement à comprendre que c'est peut-être pas normal qu'il en soit ainsi. Ce que j'ai lu dans ses yeux m'a dégoûté de moi-même au point que j'ai eu envie de lui en refoutre une, juste pour me sentir mieux, tout en sachant que tout deviendrait encore pire ; que je n'étais pas sûr de pouvoir réparer ma relation de manager avec notre poule aux œufs d'or, après ça. Mais, je le jure, même à ce moment-là j'ai pas soupçonné tout ce qu'il y avait derrière et qu'on sait bien tous maintenant, toutes ces horreurs avec son oncle et tout le barda.
Colt s'est renfoncé dans son siège, il a regardé ses mains et j'ai remarqué qu'elles saignaient, sous les ongles, qu'il avait dû se les faire saigner sur les cordes de sa gratte, et sur le moment je n'ai pas du tout su quoi en penser. Et il a répété d'une toute petite voix misérable, plus du tout la voix qui faisait rêver les ados du monde entier : « J'veux juste... j'veux juste qu'on m'laisse être mort en paix... »
Et puis il a commencé à bafouiller des trucs pour lui-même que j'ai pas compris, des affaires de pactes avec le Diable et qu'il voulait revenir comme avant, qu'il voulait revoir sa mère, et il a terminé d'une voix mourante en me demandant si je pouvais lui donner une ligne. Avec des yeux tellement vitreux qu'il n'y avait presque plus d'iris derrière.
Et je me suis rappelé que j'avais l'âge d'être son pater et que pourtant c'était moi qui avais fait de lui ce qu'il était devenu, le garçon, que c'est moi qui lui avais montré où signer son contrat avec Starway Record. A l'époque, il n'aurait pas pu se payer un dixième du stylo que je lui ai donné pour qu'il signe.
Peut-être que je devrais me sentir coupable. Je ne sais pas si je le suis. C'est lui qui l'a accepté, ce contrat ; mais c'est moi qui l'ai convaincu de le faire. A Starway, je suppose que c'était un peu comme mon protégé, ou un de ces délires du genre que vous aimez tant, et que j'aurai dû le protéger mieux. Mais on refait pas l'Histoire, vous savez, alors...
Toujours est-il que je la lui ai refusée, sa ligne. J'avais de la coke sur moi pourtant, 50 grammes en sachet ; mais je commençais à me dire que toute cette dope avait atteint son cerveau bien plus que de raison et je voulais limiter la casse au lieu de le déglinguer davantage. S'il y avait quelque chose de sauvable, il n'allait pas le rester longtemps – du moins je pensais. J'aurais pu mentir et lui dire que j'en n'avais pas ; mais j'ai été con, je voulais le motiver à nous pondre ce foutu disque, alors je lui ai dit : « Tu refourreras ton nez dans la farine quand tu nous auras sorti les quinze titres de ton prochain album, pas avant. » J'ai ajouté « Il faut que tu te remettes au travail, mon grand. Tu verras, ça te remettra d'aplomb ; sinon c'est toi le premier qui risque de nous claquer entre les doigts. » Et j'ai voulu poser une main paternelle sur son épaule en signe de réconciliation, mais il l'a évité avec une répugnance franchement vexante – même si, encore une fois, je la comprends mieux maintenant que je sais tout ce qu'on a appris après coup sur son enfance et tous ces trucs sordides dont on ne reparlera pas.
Il a levé son grand corps osseux du cuir orange et il s'est dirigé vers la porte comme un cadavre. Il m'a même pas répondu. L'espace d'un moment il m'a semblé qu'il avait des larmes dans les yeux, mais finalement je crois bien que non, que je me suis trompé et qu'il n'en avait pas. Et puis il ne s'est pas retourné, il est sorti comme ça. Mais je le jure, même à ce moment-là j'ai pas soupçonné un seul instant tout ce qu'il y avait derrière et qu'on sait tous maintenant ; et même si j'avais su, même si j'avais su... je crois pas vraiment que j'aurais pu l'empêcher. »
Le tribunal fait silence.
Le procureur s'avance, baisse de durs yeux gris vers l'homme qui vient de s'exprimer.
« M. Robertson, qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez appris la découverte du corps ?
- Je... j'étais choqué. J'ai pas voulu y croire. C'est trop jeune pour partir, à cet âge... il venait tout juste d'avoir ses vingt-sept ans...
- Pensiez vous Colt Candell capable de commettre un tel acte ? Vous l'évoquez comme si c'était absolument inenvisageable.
- Non, je le jure, pas un instant je ne l'aurais imaginé... ne l'aurais imaginé... appuyer sur la détente.
- M. Robertson, au vu de l'abattement complet de Candell les semaines précédant son passage à l'acte, vous auriez pourtant dû vous douter qu'il traversait une période d'intense détresse psychologique. En votre qualité de manager, vous n'avez pris aucune mesure afin d'éviter qu'il ne s'en remette à de telles extrémités. Vous l'avez laissé seul.
- Je pensais... Je ne pensais pas que c'était si grave que ça, Votre Honneur... un coup de mou en milieu de carrière, ça arrive à tous les artistes. L'ennui s'installe, on se laisse aller, on n'a plus vraiment goût à ce qu'on fait... et ça finit par passer, l'envie revient après un ou deux ans. Avec tout mon respect, Votre Honneur, je croyais sincèrement qu'il avait juste la flemme de se remettre à composer.
- M. Robertson, l'idée ne vous a jamais effleuré que l'état d'apathie de Colt Candell était un symptôme, non pas de la « flemme », mais d'une sévère dépression ? »
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