A voter !

Gagnant(e) : @unelectriceavide
Texte : 8

Le choix à été difficile, vos votes m'ont vraiment aidés, merci à tous pour vos nombreux commentaires, c'est la première fois qu'il y en a autant !



Bonjour à tous !

N'oubliez pas de voter, de laissez un petit commentaire, cela fait toujours plaisir aux auteurs !

PS: Lors de vos envoies de mails, précisez moi d'où vous venez, wattpad, instagram, autres, j'ai beaucoup de personne non inscrits, et je suis curieuse de savoir comment vous avez trouvé le concours.

Voici les textes :




Texte 1 : @Ivy.Dream

Ce jour-là, le vent agité faisait chanter les arbres et tinter le petit carillon accroché au toit. Agenouillée au bord de l'Engawa1, une fillette, dans son joli Kimono fleuri, l'écoutait en observant le jardin grisé par le mauvais temps. Derrière elle, une porte coulissa. Un homme apparut : son père. Il la porta à l'intérieur.

̶ Papa ? appela-t-elle, intriguée.

Aucune réponse. La fillette remarqua la nervosité dans l'attitude de son père. Dans la pièce voisine, sa mère rassemblait vivres et vêtements sur le Tatami tout en veillant sous son nouveau né qui dormait dans son dos.

̶ Maman, où est-ce qu'on va ? demanda la fillette.

̶ Nous allons nous amuser à Kobe, répondit le père.

L'homme esquissa un sourire forcé. L'enfant y décela le mensonge. La peur s'installait quand le nourrisson se mit à pleurer pour réclamer son lait.

̶ Quand arrivera-t-il ? questionna la mère en portant son enfant à son sein. ̶ Bientôt, assura le père.

̶ Comment peux-tu en être certain ? Peut-on vraiment faire confiance à cette organisation ? ̶ Oui, affirma-t-il. Je connais un ami qui a été son client. Le garde qu'elle lui a envoyé a parfaitement accompli sa mission.

Soudain, des coups se firent entendre à l'entrée. Discrètement, le père de famille se hâta vers le Genkan2. Une silhouette patientait devant la porte.

̶ Qui êtes-vous ? lança-t-il d'une voix tremblante.

̶ Je suis à la recherche des Tanaka, révéla l'inconnu.

L'homme écarquilla les yeux. La voix était trop aiguë pour être celle d'un homme.

̶ Qui êtes-vous ? répéta-t-il. Pourquoi êtes-vous ici ?

̶ Ma mission est de vous conduire à Kobe.

Rides au front, l'homme ouvrit. Ses sourcils se froncèrent en constatant qu'une femme se tenait bel et bien devant sa demeure. Elle était vêtue de noire et la partie inférieure de son visage était masqué. Deux Tsuka3dépassaient de ses petites épaules. Respectueusement, elle s'inclina avant de déclarer formellement :

̶ Monsieur Tanaka, je jure de protéger votre famille.

̶ Mais... vous êtes... une femme ! s'exclama-t-il en grimaçant.

̶ Oui, monsieur Tanaka.

̶ Non. Je ne peux confier la vie de ma famille aux mains d'une

Brusquement, il fut coupé dans sa phrase. D'un puissant revers de bras, la garde vêtue de noire l'éjecta au sol. Un cri de douleur lui échappa. À peine avait-il réalisé ce qu'il se passait que des Kunai4se plantèrent à côté de lui. La garde effectua sauts et cabrioles pour les éviter. Une seconde série de Kunai arrivaient. Vive, elle retira ceux plantés au sol et, d'un jeu de poignet souple et rapide, dévia la trajectoire des projectiles ennemis. Au terme de sa défense, elle lança un des siens qui frappa le lanceur ennemi en plein coeur. Il s'effondra. La garde profita du court

temps de répit pour s'agenouiller près de son client.

̶ Tout va bien, Monsieur Tanaka ?

Le vacarme amena la fillette et sa mère qui hurla à la vue de son mari à terre. Le nourrisson, apeuré, hurla aussi.

̶ Ils... Ils sont là ! Ils sont là ! cria la voix fébrile de l'homme en se précipitant vers sa famille.

Violemment, la porte d'entrée se fit défoncer. Armé d'un sabre, un homme en uniforme noir pénétra la demeure. La garde dégaina les siens. Le duel s'engagea tandis que les occupants fuyaient dans une pièce voisine. Sa force n'égalait pas celle de l'homme mais elle se savait plus rapide et plus maligne. En enchainant feintes et techniques, la combattante vainquit son adversaire. Alors qu'elle observait le corps tomber, un cri aigu l'alerta. La garde accourut et surprit un autre ennemi maintenir le père de famille au sol, lame sous la gorge. Sans hésiter, elle lança son sabre qui, comme une flèche, élimina sa cible. Affolé, monsieur Tanaka se dégagea et rejoignit les siens.

Le silence revint, lourd et suspect. Seuls les pleurs du nourrisson se poursuivaient. Prudemment, la garde s'avançait vers le corps inerte pour récupérer son sabre quand le toit s'effondra au dessus d'elle. Un troisième homme en noir apparut avec un Saï5dans chaque main. Vaillamment, la garde engagea un second combat. Le duel était violent quand son instinct se mit en alerte. Par reflex, la garde donna un coup de pied arrière.

̶ Onee-san ! Attention ! hurla la fillette.

Son talon heurta le torse d'un complice du nuisible qu'elle affrontait déjà. Déséquilibré par le coup, il s'écroula au sol et offrit quelques secondes précieuses pour achever l'homme aux Saï tombé du toit. Elle enchaina spontanément avec un coup de pied circulaire au visage pour sonner le second homme avant de le maintenir contre le sol. Son sabre se glissa sous sa gorge. La garde rejeta un rapide coup d'œil à la mère de famille qui couvrit les yeux de sa fille.

Mouvement sec. L'ennemi lâcha son dernier souffle.

Une nouvelle fois, le silence régna. Le bébé s'était rendormi. La garde contrôla rapidement les lieux pour s'assurer que le danger était écarté. Ce fut le cas, pour le moment. Elle savait que l'assaillant reviendrait. Il était temps de partir.

̶ Monsieur et Madame Tanaka, permettez-moi de vous escorter jusqu'à Kobe. ̶ Oui, s'il vous plaît, pria le père. Sauvez ma famille et je vous paierai généreusement.

La garde du corps s'inclina en guise d'acquiescement. Mari et femme s'emparèrent du strict nécessaire et quittèrent, le cœurserré, leur ancien foyer. La mère et son bébé sortirent en premier suivi du père qui tenait sa fille par la main. Lorsque la petite passa près de sa sauveuse, elle lui adressa un timide :

̶ Merci, Onee-san6.






Texte 2 : @Hell-vixen

LE CLIENT

Il pleuvait des cordes dehors. J'adorais le bruit de la pluie. Appuyée de mes deux coudes sur le comptoir j'observais l'eau dégouliner le long de la vitrine, pensive. Je me demandais s'il allait venir aujourd'hui avec ce temps, mon client de 10h... ou déserter également, comme tous les autres habitués du matin à cause de cette pluie torrentielle. Chaque matin à 10h, il entrait dans la boutique, s'approchait du comptoir et sans même relever les yeux sur moi ni prononcer un bonjour, me demandait la même chose :

- Un paquet de Camel Double Mint.

Jamais de s'il vous plait, pas de merci, et encore moins de sourire. Je lui posai le paquet sur le comptoir, il déposait la monnaie juste à côté, toujours le compte exact, puis récupérait son bien en le fourrant dans sa poche de veste et ressortait comme il était entré. Parfois je crevai d'envie de lui faire une remarque, comme quoi un peu de politesse ne le tuerait pas. D'autres fois, j'avais envie de faire comme si je ne l'entendais pas, attendant le mot magique pour lui donner ce qu'il souhaitait. Pourtant chaque matin, à 10h, je lui souriais à son arrivée, je me retournais prendre le paquet qu'il m'avait demandé sur l'étagère, et lui posais sur le comptoir en lui demandant le prix. Je le regardai ensuite partir, observant sa démarche sûre de lui dans son costume anthracite qui semblait cher, je m'attardais sur ses cheveux noirs coiffés en arrière, légèrement gominés. Il avait une certaines classe, il était même plutôt beau, dommage qu'il ne soit pas aimable. Depuis cinq mois que je travaillais dans ce tabac-presse, il venait chaque matin. Il devait fumer un paquet par jour. Dommage, pensais-je encore. En plus de ne pas être aimable, il fumait comme un pompier. Je me demandai qui était ce client, ce qu'il faisait dans la vie. Chaque jour en le voyant arriver je lui inventais un métier. De banquier, à assureur, en passant par employé de pompes funèbres, directeur de finances, comptable, huissier. Je me plaisais à lui inventer une vie, par jeu, pour passer le temps. On avait beaucoup d'habitués ici. Les clients réguliers aimaient discuter un peu, parler de l'actualité, de la pluie et du beau temps, échanger un sourire, et parfois même aborder leurs problèmes personnels, mais lui, jamais rien. Pourtant je l'attendais avec impatience chaque matin, de plus en plus intriguée. J'appréciais le voir entrer, venir vers le comptoir avec assurance, le visage parfaitement rasé, mais ce matin-là ce fut différent.

Je rangeais finalement les étalages, faute de clients, remplissant les vides laissés par les différentes ventes de la veille, ajoutant des tickets à gratter dans la petite vitrine du comptoir quand un homme se positionna devant moi, une capuche sur la tête et vêtu d'un jogging. Il avait le regard un peu hagard, et reniflait sans cesse. Alors que je m'approchais pour lui demander ce qu'il souhaitait après lui avoir dit bonjour, il sortit de son large parka une arme et la pointa dans ma direction.

- File-moi la caisse, pétasse !

Sa voix tremblait un peu. Je restai figée quelques secondes, paralysée par la peur. C'était la première fois que je voyais une arme de près et en plus pointée vers moi. L'homme ne semblait pas dans son état normal, ce qui m'effrayait encore plus. Dans un manque de maitrise de lui-même il pourrait tirer sur moi, même sans le vouloir.

- T'as pas entendu ou quoi ? La caisse putain ! répéta-t-il en s'énervant. Tu veux que j'éclate ta cervelle au mur ?

Le matin, jusqu'à 11h, j'étais toujours seule dans le tabac-presse, personne ne pourrait donc m'aider. Tremblante, j'ouvris la caisse et commençai à en extraire les maigres billets. Vu le temps pourri et le peu de passage, je n'avais pas grand-chose à lui donner. Il m'arracha presque les billets des mains, excédé par ma lenteur, puis se pencha au-dessus du comptoir.

- Donne-moi aussi les paquets de clopes sur l'étagère. Tu mets tout dans un sac avec les tickets à gratter !

J'attrapai un cabas et commençai à faire ce qu'il disait, espérant que tout se termine très vite et qu'il reparte sans qu'il ne m'arrive quoi que ce soit. La clochette de la porte d'entrée retentit et mon estomac se noua. Il était 10h. Et comme tous les matins à 10h, entrait mon client aux Camel Double Mint. Comme à son habitude, il s'avança tranquillement jusqu'au comptoir et s'arrêta à côté de l'homme armé comme s'il ne le voyait pas.

- Un paquet de Camel Double Mint, prononça-t-il de sa voix rauque, le nez plongé sur son smartphone.

Je restai bouche bée. N'avait-il pas remarqué que j'étais en train de me faire braquer ? Il agissait exactement comme les autres jours, comme si tout était normal.

- T'es con ou quoi toi ? brailla l'homme qui tenait toujours l'arme vers moi. Dégages de là ou je te fume.

- Je veux juste mon paquet de cigarettes, rien d'autre, répondit-il calmement en relevant ses yeux vers l'homme à la capuche.

- Rien à branler du con ! s'énerva-t-il en pointant l'arme cette fois sur mon client. Et toi pétasse, continue de remplir le sac putain !

Je m'exécutai, au bord des larmes.

- Si je n'ai pas mes cigarettes, je vais vraiment être très contrarié, tu comprends, n'est-ce pas ? expliqua mon client toujours d'un calme olympien.

- J'en ai rien à battre moi de tes putains d'histoires ! DÉGAGE ! cria le braqueur d'un coup en enlevant la sécurité de son arme.

J'étouffai un cri avec ma main. Ça allait mal se terminer, c'était sûr. Mais mon client arbora un petit rictus. Sans même avoir le temps de me rendre compte de quoi que ce soit, il attrapa le bras du délinquant, le désarma et lui donna un coup assez violent à la tête pour qu'il s'effondre au sol, devant mes yeux. Cette fois, je n'avais pas retenu mon cri qui résonna dans la boutique, strident. Mon client ne dit rien pour autant, mais souffla d'exaspération, se dirigea vers la porte d'entrée, sans se presser, retourna l'écriteau pour stipuler que c'était fermé et bloqua le loquet de la porte. Il fit ensuite demi-tour et revint dans ma direction. Je ne bougeai pas, tétanisée, les larmes dévalant le long de mes joues.

- Ça va aller ? me demanda-t-il toujours aussi calme, en se baissant sur le corps inerte de l'agresseur.

J'observai la scène se dérouler devant moi, toujours incapable du moindre mouvement, ni de la moindre parole, mon cœur prêt à exploser. Mon client se releva enfin vers moi et me dévisagea quelques secondes. Nos regards se croisèrent et je fus happée par ses yeux noisette profonds.

- Il faudrait appeler la police, annonça-t-il simplement. Vous voulez que je le fasse ?

- Je... euh oui.

Il s'exécuta, puis replongea son regard dans le mien.

- Mon paquet de cigarette, s'il vous plait, prononça-t-il pour la première fois depuis des mois. Je ne peux pas rester.

Tremblante, je fouillai dans le cabas que j'avais rempli pour le braqueur à la recherche des Camel Double Mint, mon cerveau faisant des aller-retours à plein régime sur qui était mon client.

- Vous savez qu'on les vend en cartouche, bredouillai-je peu sûr de moi en lui déposant le paquet sur le comptoir. Ça vous éviterait de venir ici chaque matin.

Il étira ses lèvres, amusé.

- J'aime venir ici, se contenta-t-il de dire doucement. La vendeuse à un joli sourire.









Texte 3 :  @HastuneMik0

RACHEL

J'étais un passionné de musique. Depuis quelques années, j'avais pour ambition de devenir compositeur. Je décidais enfin de croire en mes rêves : à la rentrée, je reprendrai les cours de piano. Mes parents étant contre ma volonté, j'avais dû trouver un job d'été pour me les payer. Finalement, un gérant d'un magasin de musique accepta que je travaille pour lui.

Cependant, je me rendis rapidement compte que, les clients se faisaient rare dans cette boutique. Je n'étais pas certain, d'arriver à récolter assez d'argent. Pour faire abstraction du manque de client, j'avais la permission du gérant pour jouer sur l'un des pianos du magasin. Je m'étais pris au jeu de composer ma propre mélodie, avec le peu de compétences qu'il me restait de l'époque.

Un jour, lors d'un de mes entraînements, j'entendis derrière moi des applaudissements. Je me retournai et vis une jeune fille me regardant, le sourire aux lèvres.

- C'était absolument époustouflant, s'exclama-t-elle. Tu joues du piano depuis longtemps ?

- Pas exactement, j'en ai fait il y a quelques années, puis j'ai arrêté.

- Pourquoi avoir arrêté ? Tu es vraiment doué.

- Je n'ai pas de raison particulière, je voulais simplement faire une pause.

- Tu devais sincèrement aimer en jouer, pour ne pas perdre la main malgré les années. L'instrumental ne me semblait pas familier, tu l'as élaboré toi-même ?

- Oui... Je sais, c'est absurde de me prendre pour un compositeur.

- Au contraire, je te trouve admirable. Si tu aimes composer, je n'y vois aucun inconvénient.

Elle prononça ces mots avec une telle franchise, que j'en fus troublé.

- Merci, répondis-je uniquement, mais sans savoir pourquoi, j'étais persuadé qu'elle comprendrait à quel point ses paroles m'allaient droit au cœur.

- Ta musique contient des paroles ?

- Non, aucune.

- Tu ne souhaites pas tenter l'exercice ? L'établissement semble dépourvu de client, cela pourrait te distraire.

- Je ne pense pas être fait pour écrire des paroles.

- Je suis sûre du contraire ! Je reviendrai dans trois jours, constater le résultat.

- Je suppose que, tu n'es pas décidé à me laisser le choix ?

- C'est exact, acquiesça-t-elle. Au fait, je m'appelle Rachel.

- Enchanté, moi, c'est Noah.

Après cela, Rachel se concentra sur la raison de sa venue ici. Elle était à la recherche de l'album du chanteur préféré de son père, pour le lui offrir à son anniversaire. Une fois l'achat effectué, Rachel resta encore un moment pour discuter. Durant la discussion, je lui racontai la cause de ma présence dans la boutique. Pour me venir en aide, la jeune fille promit de devenir une cliente dévouée en achetant un article à chacune de ses visites.

Trois jours après, Rachel était de retour. J'avais travaillé quelques esquisses. Bien que, l'exercice s'était avéré encore plus complexe que je l'avais imaginé.

- Les paroles sont bonnes dans l'ensemble, mais j'ai du mal à ressentir les émotions que tu as voulu faire passer.

- J'en étais sûr, c'était une mauvaise idée. En aucun cas, j'ai les compétences pour devenir parolier.

- Tu pourrais arrêter de te rabaisser sans arrêt s'il te plaît, s'indigna-t-elle. Tu te poses trop de question, voilà pourquoi tu manques de confiance en toi. Fais les choses avec ton cœur un peu !

- Je ferais mieux d'abandonner.

- Hors de question. Je vais t'aider à faire ce texte Noah. Tu verras que tu en es capable ! À deux, nous pouvons réaliser un travail fabuleux.

- Pourquoi tu cherches tant à me venir en aide ? Tu ne devrais pas te donner de peine pour moi...

- Cela me fait plaisir tout simplement, et tu le mérites amplement.

Le reste de la journée, nous travaillions sur les paroles de la chanson. Certains passages étaient peaufinés, d'autres retravaillés. Rachel avait une facilité déconcertante pour écrire des textes. J'en étais totalement admiratif. Une fois le texte finit, elle insista pour l'interpréter. Rachel à la voix, moi au piano. Je n'étais pas étonné de constater qu'elle chantait aussi bien qu'elle écrivait. Elle m'invita à m'essayer au chant également, je devais avouer que j'étais plutôt satisfait de moi. En partie grâce à ses compliments.

Le gérant qui passa par là, nous applaudit.

- Les enfants, j'ai une idée ! Pourquoi ne pas organiser un petit évènement où Noah jouera du piano devant des spectateurs. De ce fait, nous pourrions attirer de nouveaux clients !

- Je suis de tout cœur avec cette idée ! Noah doit montrer à quel point il est talentueux.

- D'accord, j'accepte.

- Vraiment, s'étonna Rachel.

- Je suis mon cœur pour une fois. Cependant, je veux que tu fasses cet évènement avec moi.

- Moi ? Je n'aime pas trop la foule, tu sais...

- Je ne te laisse pas le choix, à mon tour de te faire essayer quelque chose de nouveau. À nous deux la finalité ne peut être que fabuleuse, n'est-ce pas ?

Nous nous étions mis à rire à l'unisson.

Le jour de la prestation était arrivé. Nous avions donné le meilleur de nous-même. Les spectateurs, charmés, avaient garanti revenir très prochainement en tant que clients.

- En voyant l'auditoire le sourire aux lèvres, j'ai réellement pris conscience que je voulais faire de la musique, mon métier.

- Je suis ravie de t'entendre dire cela. Noah, l'auteur-compositeur-interprète, ça sonne bien, non ?

- Je ne peux le nier. Je suis content que tu sois apparu dans ma vie Rachel.

- Et je compte y rester, je suis bien à tes côtés. Sans oublier que je continuerai d'être ta cliente la plus dévouée.

- Même si tu n'aimes pas la foule ?

- Évidemment, ce sera un entraînement pour le moment où je viendrai te voir sur une grande scène.

Je ne pus m'empêcher de sourire à ses mots. L'idée d'être à nouveau sur scène en interprétant ma musique, ne me faisait plus peur, maintenant que j'avais une personne qui croyait en moi.







Texte 4 : @legxshii_ 

Depuis peu, Leila, qui travaillait de nuit dans un bar moyennement connu, avait remarqué quelque chose. Ou plutôt quelqu'un.

Chaque soir depuis une semaine, elle l'avait vu s'asseoir à la même table, la numéro 7, et commander toujours la même chose. Si il avait attiré son attention, c'était grâce, où à cause de cela. Pour la première fois, elle avait retenu la tête d'un client.

Aussi régulier soit-il, elle n'avait jamais retenu ni le nom ni la tête de l'un d'entre eux. Alors que lui, c'était une toute autre histoire. Dès le premier soir, sa présence l'avait intriguée. Un homme en costard, dans un bar qu'elle trouvait assez miteux, venir avec son ordinateur pour travailler, c'était inhabituel. De plus, quelle personne sensée viendrait bosser dans un bar ?

« -Je peux vous servir quelque chose ? L'avait-elle alors abordé.

-Je veux bien une limonade. L'avait-il remerciée. »

Elle la lui avait servie, et était retournée s'asseoir derrière le bar vaquer à ses tâches habituelles. Lorsqu'il l'avait à nouveau hélée, lui redemandant une limonade une heure après la première, elle en avait été étonnée. Il avait fait ça trois fois au total, et était resté deux heures et demie. Puis il était parti, pour revenir le lendemain.

Et ce phénomène étrange durait. Il n'était pas impossible que des clients viennent et commandent plusieurs fois la même chose, mais ce n'était pas à une fréquence si prononcée. Mais, phénomène étrange, il ne venait pas le jeudi et recommençait son schéma de commandes dès le lendemain.

Et pourtant lorsqu'elle vint à la rencontre de sa collègue qui était du même service qu'elle, Leila sut que quelque chose n'allait pas.

Elle ne l'avait jamais vu. De plus, aucune limonade n'avait été encaissée les jours où ce mystérieux client s'était pointé.

Tout cela n'était donc qu'un rêve ?

Au revoir.






Texte 5 : @Galenn__

 La maison de grand-mère


Me revoilà ici. Après toutes ces années, je suis de retour à la case départ.

Assise dans le vieux sofa du salon, je regarde autour de moi. Dans cette vieille bicoque, c'est comme si le temps était resté suspendu. Tout m'attendait. Les décorations sur la cheminée, les vieux livres dans les étagères poussiéreuses, les poils roux de M. Chevalier sur le tapis. Tout était resté figé dans le temps depuis mon dernier passage, attendant que je revienne. En suspend.

Je n'avais pas su prendre le temps d'y revenir. La vie moderne était trop pressante. Il y avait le travail, les amis, le métro, les factures, mon copain, les sorties festives, et puis de nouveau, le travail, les amis, le métro, les factures, mon copain et les sorties festives. La boucle n'allait pas s'arrêter pour cette maison. La boucle n'allait pas s'arrêter pour ma grand-mère.

Elle me demandait souvent quand-est ce que je repasserai : je lui disais, "La semaine prochaine, j'ai du travail !", et puis, les "semaines" cédaient leurs places aux "mois" et les "mois" aux "années". Et un jour, abruptement, quelque chose de plus fort que moi, que nous, nous dépassant tous, rendit mes promesses obsolètes. La mort vint cueillir ma grand-mère.

Avec son décès, c'est toute l'âme de cette maison qui s'évapora. Le salon où je me tiens était toujours plein de vie. La cuisine qui le jouxtait était le fief de mamie. Nous jouions avec mon frère et le chat, M. Chevalier ici, pendant que ma grand-mère s'affairait dans la cuisine. Depuis son poste, elle nous lançait des invectives, nous intimant de faire attention, de ne pas embêter M. Chevalier, de ne pas renverser les décorations, de ne pas s'approcher trop du feu dans la cheminée. Et quand elle terminait son œuvre – sa cuisine était divine – elle nous disait de passer à table. Ses invectives ont cédés leurs places au silence.

A sa mort, il y eut un moment de flottement dans la "boucle" : tout resta suspendu un instant. Il y eut l'enterrement, évidemment, les discours, les petits mots de la famille et des proches, le temps du recueil. Un moment de sacré, pour contempler et commémorer la mort. Et puis les choses reprirent leur cours normal. Il fallait faire quelque chose de la maison...Mais une nouvelle fois, la boucle était là : il y avait les factures, le loyer, le travail. Ni moi, ni mon frère ne pouvions récupérer cette vieille bâtisse que nous affectionnons tant durant notre enfance.

Alors, voilà. Il fallait la vendre, parce que nous ne pouvions pas obstruer la bonne marche de la "boucle".

Dring. La sonnette de la porte d'entrée me tira de ma méditation nostalgique. Le moment fatidique : il était là. Le client était là.

Je me lève du vieux sofa pour marcher vers la porte d'entrée. Je ne savais rien de ce client, à l'exception de son nom, Hugues : il n'avait ni photo de profil de lui, ni âge indiqué, ni profession. Mon frère m'avait déconseillé de lui répondre. En temps normal, j'aurai été d'accord avec lui. Mais personne ne voulait d'une maison au beau milieu de la campagne, loin de la ville et de son ébullition incessante. Les gens voulaient vivre à proximité de la "boucle". Je ne pouvais pas leur faire le procès.

J'ouvre la porte surprenant l'homme qui attendait derrière. Il avait la tête en l'air, distrait par les décorations sur le bois qui entouraient le seuil. C'est un grand brun, habillé élégamment. Sa veste noire lui tombe au niveau des genoux, ses mains sont couvertes de gantelets de cuir marron, comme ceux que l'on portait pour conduire les vieilles automobiles. Sur son visage, une moustache fine, en pics, style Napoléon III.

– Bonjour. Hugues ? Je vous surprend ? dis-je d'un ton aimable, peinant à dissimuler ma peine d'en arriver là.

– Toutes mes excuses. Léa Correns, c'est bien ça ? En effet. Je contemplais les décorations extérieures. Cette maison est...

– Originale ?

– Exactement. Originale. Architecturalement et même...

Alors qu'il n'avait pas terminé, il fit quelques pas sur la terrasse de bois pour contempler le bâtiment avec du recul.

– Son ambiance. Quelque chose plâne ici, termina-t-il d'un air songeur. Ses yeux d'un bleu clair semblaient totalement absorbés par la contemplation de la bâtisse.

– C'est vrai. Ma grand-mère disait souvent que...

Un miaulement nous interrompit, et sans crier gare, M. Chevalier et son pelage roux étaient déjà entre les jambes de Hugues, se frottant à son pantalon beige.

– Beau matou, dit-il en esquissant un sourire.

– Celui de ma..

– De votre grand-mère, n'est-ce pas ?

– Exactement. La maison lui appartenait, précisais-je. Ma voix oscilla sur les derniers mots de ma phrase. Il ne fallait pas paraître hésitante devant lui.

Le regard de Hugues plongea un instant dans le mien, compatissant.

– Toutes mes condoléances. J'imagine que vendre la maison est difficile, dit-il dans une tentative charitable de sa part de rendre les choses plus faciles.

– Commençons la visite, voulez-vous ?

Je ne tenais pas à parler de mon recueil avec un inconnu. La visite était un bon prétexte pour fuir cette conversation qui s'enlisait là où je ne voulais pas qu'elle aille. Ainsi, Hugues me talonnant, nous fîmes le tour des pièces et du jardin. Mon grand-père, qui avait bâti cette maison, était un original. Sa maison semblait tout droit sortie d'un cerveau malade : de l'extérieur, les pièces semblaient se monter les unes sur les autres, mais toujours avec un pan d'écart, comme des KAPLAs mis en équilibre. Certaines étaient même soutenues par des piliers et poutres rajoutés sur le tard, faisant tenir le capharnaüm architectural qu'elle incarnait par miracle. Dans son intérieur, la peinture changeait tout le temps : la salle à manger était verte pomme, la salle de bain mauve, les chambres jaunes, cyans et roses. Le mobilier quant à lui n'était pas en reste : des reliques, des appareils d'un autre temps dont l'utilité objective m'échappait, des livres rares, des bocaux, des insectes dans la cire...

Mais tout ce chaos formait une sorte d'harmonie, propre à elle-même, évidemment, mais qui ancrait l'identité de cette maison dans quelque chose de cohérent. Ce n'était ni laid, ni bordélique. C'était la maison. La maison de mamie, avec ses propres règles et sa propre conscience.

En discutant avec lui, j'avais appris que Hugues était un riche entrepreneur. Je n'avais pas vraiment compris la nature de ses affaires (quelque chose d'original, comme lui, entre l'Amérique du Nord et l'Europe). C'était un client sérieux.

Durant la visite, Hugues ne semblait pas décontenancé. Il semblait apprécier ce qu'il découvrait. A un moment, il me demanda si M. Chevalier était fourni avec le reste du mobilier. Sur le moment, je cru à une blague. Mais l'aplomb du client me fit prendre conscience que sa question était sérieuse. Bredouille, je ne savais pas trop quoi lui répondre. Je ne m'étais pas posé la question de l'avenir de M. Chevalier. Tout le long de la visite, j'avais tâché de retenir mes larmes. Et ma colère aussi : ma colère de devoir céder la maison et les souvenirs en son sein. Maudite "boucle".

A la fin de la visite, Hugues brisa le silence de la salle à manger : « Je la prends. »

Les mots me frappèrent comme une balle en plein ventre. Je suis parti préparer la paperasse, avant de la poser sur la table de la salle à manger et de préciser quelques détails à Hugues. Il sortit son stylo plume dorée, rempli ce qui devait être rempli. C'est à ce moment précis que j'ai détourné le regard. Trop difficile. Je ne suis pas certaine, mais peut-être qu'une larme glissa. Enfin, quand il termina, il se retourna vers moi et me serra la main.

– Et bien..vendu, alors ? dit-il avec un grand sourire jusqu'aux oreilles.

– Vendu, bredouillais-je timidement. Je vous raccompagne ?

– Avec plaisir.

Sur la porte d'entrée, je me rendis compte que Hugues n'avait pas récupéré les papiers de la vente. Je l'interpella alors qu'il s'apprêtait à monter dans sa voiture : "Hugues, vos papiers !". Il me répondit : « Même si j'achetais cette maison, elle ne serait jamais totalement à moi. Il est flagrant qu'une histoire qui me dépasse y règne, imprègne ses murs et ses couloirs. Je suppose que vous seule pouvez comprendre l'âme de cette maison. »

Sa voiture démarre. Je regarde les papiers de la vente, le chèque épinglé, couvrant le montant des charges de la vente. En bas, là où devait figurer le nom de Hugues : Léa Correns, et un petit mot manuscrit : « En souvenir de votre grand-mère. »







Texte 6 : @GouffresansV83

 «Le panneau se retournait rapidement pour afficher un ''open'' de craie sur l'ardoise blanche chaque matin à la même heure. Malgré les larges horaires d'ouverture et la courte pause méridienne, peu de personnes passaient la porte vitrée.

Maggie en était profondément affligée et avait, avec le temps, développé une certaine obsession. En tant que propriétaire de la coutellerie, elle se devait de trouver des clients qui reviendraient, au point de n'avoir aucun autre mot à la bouche.

Peu à peu, sa famille et ses proches passèrent en arrière plan. Elle se détacha de tout lien avec qui que ce soit. Elle s'entraîna des heures et des heures devant son miroir fissuré à la place exacte de ses lèvres pour paraître la plus avenante possible. Elle récitait toutes les formules de politesse de sa connaissance en scrutant chaque réaction qu'avait son visage.

Le résultat auquel elle finit par arriver lui plût tant que ça l'incita à rénover entièrement la petite boutique. Le masque de gentillesse qu'elle avait fini par développer était si parfait qu'il aurait dû attirer les clients tel des aimants et les faire revenir. Car c'était ça qui faisait qu'elle ne vendait pas tellement et avait voulu en avoir toujours plus : aucun des visages qu'elle rencontrait à la caisse ne lui était familier. Jamais ses clients n'avaient refait un achat.

Contrairement à elle, tout ces voisins et proches savaient et ils comprenaient totalement pourquoi les gens ne venaient ici qu'une fois. La raison était simple : Maggie possédait un étrange sourire effrayant qui arrivait à mettre absolument tout le monde mal à l'aise. Or, il faisait partie intégrante de son masque et elle n'avait jamais pu le travailler.»






Texte 7 : @Lotliea

Drôle de client

Cela fait déjà six mois que je travaille au salon de thé et de macarons, Chaleureux Délices. J'aime bien ce que je fais ; prendre les commandes, conseiller les clients, ouvrir les boites métalliques contenant le thé, qui laissent échapper leur odeur si forte, verser l'eau chaude dans les théières, préparer les assiettes de macarons choisis, apporter le tout au client en les disposant harmonieusement sur leur table, leur souhaiter un agréable moment, ... J'aime être dans cette élément doux de la serveuse de ce charmant petit salon. Et je suis la seule employée en contact avec les clients. Donc pas de confusion d'organisation avec un collègue.

Chaleureux Délices a des murs tapissés de bandes blanches et roses bonbon à la verticales, une grande vitrine qui illumine la pièce, un plafond où sont accrochés des abat-jours dorés, un parquet de bois clair, des tables rondes recouvertes de nappes blanches. Les chaises sont en bois peint en blanc et l'assise est rembourrée d'un tissu à fleurs roses. Le comptoir est également peint en blanc, et une vitrine est accrochée à sa droite, exposant les macarons. Derrière le comptoir, sur le mur, il y a toutes les boites blanches de thé et de tisanes, le nom inscrit en lettres dorées sur le devant. Sur le côté gauche du mur, une porte peinte en blanc avec un hublot mène à la cuisine. Bref, cet endroit mignon et soigné est parfait pour une petite pause chaleureuse.

Et j'aime mes clients habituels, des personnes âgées... principalement.

Mais aujourd'hui, une drôle de personne a fait irruption dans le salon.

C'était un homme. Je ne l'avais même pas vu s'approcher de la vitrine et il a passé la porte qui sonna de sa clochette. J'ai levé les yeux de la théière pour dire bonjour au nouveau client. Il a posé les yeux sur moi. Il faut dire qu'il avait une allure surprenante, et cela détonnait avec l'ambiance du salon.

Son visage était basané, mais une couche de poussière lui rendait le teint sombre. Ses yeux gris semblaient dégouliner sur ses joues. Il avait les cheveux salis et des mèches étaient collées entre elles. On avait l'impression que sa veste avait été trempée dans de la boue. Par contre, il portait une chemise impeccablement repassée, à petits carreaux bleus clairs et blancs, avec un short de joggings de marques. Il portait aussi des bottes de pluie. C'est un style particulier à mon goût... Mais d'où sortait-il pour avoir une telle allure ?

Tâchant de ne pas m'en tenir à son apparence et respectant bien mes devoirs de serveuse, je me suis approchée un peu de lui et je lui ait demandé : « Monsieur, que souhaitez-vous ? Voulez-vous vous asseoir prendre une commande, ou bien acheter des macarons ? ». Il a regardé tout autour de lui, d'un regard lent. Voyant qu'il ne répondait pas, j'ai dit : «  Monsieur, ça va ? ». Il a reposé son regard livide sur moi et a hoché la tête. Il s'est assit sur une petite table et a posé ses mains à plat sur la table. Je l'ais suivi et je lui ais montré la carte du doigt.

- Il y a la carte, si vous ne savez pas quoi prendre. Le thé du jour est Brocéliande.

- Je peux avoir des canards au citron ? formula-t-il enfin.

- Pardon monsieur ? ... Je... enfin, nous ne proposons pas ce genre de chose, désolée.

J'étais pour le moins déconcertée par sa demande. Des canards au citron ? Je n'ai jamais entendu parlé de ce genre de plat.

Il a sourit légèrement, le visage incliné vers la nappe, puis il a relevé ses yeux pour s'adresser de nouveau à moi :

- Pardon, je me suis trompé... Je voulais plutôt dire, avez... vous des canarmels ? Non, des ca...ra...mels au... citron ? Voilà, des caramels au citron.

- Ah je comprends mieux ! Mais je suis sincèrement désolée, monsieur, nous n'avons pas ce genre de caramels. Mais je peux...

- Ah mais non, je me suis encore trompé ! me coupa-t-il. Je voulais dire, des... euh... AH OUI !!! Je me souviens ! Des citrons caramélisés ! Vous en avez toujours le samedi ! Ma grande sœur m'en achète tout le temps. Vous savez, ma grande sœur ? Sauf qu'aujourd'hui elle est pas là, alors je me suis dit : tu es un grand garçon, tu vas t'en acheter tout seul, comme un grand, et ta Mimi sera fière de toi.

J'écarquillais les yeux. De quoi il parle ? Je ne savais même pas qu'on pouvait faire des citrons caramélisés... Cela dit, je veux bien y goûter. Mais dire de nouveau à cette homme que sa demande n'est pas possible me brisait le cœur. J'avais comme l'impression qu'il y avait quelque chose d'anormal chez lui. Ce qui venait de me dire me semble inapproprié pour un homme de son âge.

Plusieurs personnes le regardaient, mais il ne les remarquait pas et attendait ma réponse avec un sourire innocent. J'ai lancé un regard désespéré au mur d'en face. Alors, une dame se leva, traversa la salle et vint vers nous. Elle m'a fait signe de s'éloigner de lui pour qu'elle me parle et je sens que ce sera à son sujet. J'ai lâché une réponse bidon à cet étrange client :

- Je vais voir ce que je peux faire, j'arrive.

J'ai rejoins la femme près du comptoir.

- Connaissez-vous cette homme Mademoiselle ? Me demanda la femme d'un air on ne peut plus sérieux.

- Non, je ne l'avais jamais vu avant. Savez-vous ce qu'il a ? Je le sens bizarre.

- Mademoiselle, je suis psychiatre, Madame Crivoski. Je pense que cet homme a des problèmes de mémoire et certainement d'autres qui y sont liés.

- Oh, je vois. Cela expliquerait son discours enfantin.

- Qu'a-t-il dit exactement ? Je n'ai pas tout entendu.

Je lui ais transmit ses paroles que mon cerveau à réussi à conserver. Elle a froncé les sourcils, concentrée.

- Il faudrait lui faire faire des diagnostics, il est fort possible qu'il est une maladie qui se développe ou qui s'est développée. Il faut que quelqu'un s'occupe de lui, sinon il ne viendra jamais au rendez-vous.

Elle a relevé son regard vers moi et, un instant, j'ai eus l'impression qu'elle allait me demander de s'occuper de lui. Mais bien sûr que non.

- Je suis censée être en week-end, reprit-elle, mais je ne vais pas pouvoir le laisser comme ça dans votre salon. Je vais me charger de lui. Et... vous n'avez pas du citron caramélisé par hasard ? dit-elle avec un faible sourire.

A ce moment, j'ai regretté que le cuisinier travail le matin. Je suis sûre qu'il aurait pu en faire. Après tout, il faut satisfaire ses clients au maximum ! J'aurais bien voulu essayer de lui en faire avant qu'il ne parte mais je ne suis pas très bonne cuisinière... A la place, je lui ais préparé une assiette de deux macarons au citron, et deux au caramel, pendant que la psychiatre appelait je-ne-sais-qui. Je prépare aussi une commande pour un autre client, un chocolat chaud.

Pendant que le lait chauffait, j'observais l'homme. Il comptait quelque chose sur ses doigts, l'air sérieux. Je suis allée lui servir ce que je lui avais préparé et la femme a raccroché. Elle s'est approchée de lui :

- Est-ce que tu me reconnais ? demanda Madame Crivoski en s'asseyant en face de lui.

Il plissait les yeux.

- Tatie Lili ?

- C'est bien mon chéri. Pourquoi tu es sorti de chez toi ? Tu crois pas que ta maman va s'inquiéter quand elle rentrera ?

- Je suis venu chercher des citrons caramélisés. Mais je devrais rentrer si c'est pas bien alors.

- Tu veux que je te raccompagne ?

- Oh oui ! S'il te plait Tatie Lili !

- Bien sûr ! Allez, on y va.

Ils se sont levés tout les deux. La psychiatre a réussi à se faire passer pour quelqu'un de sa famille pour pouvoir l'aider. L'homme s'est approché du comptoir.

- Merci Madame pour les macarons, c'était très bon. J'espère que samedi prochain vous aurez des citrons ca... nard...mé... Non, ca... RA... méliser. Des citrons caramélisés. Merci beaucoup, au revoir.

Je lui souris, et il s'est retourné pour se diriger vers la sortie. Madame Crivoski s'est tournée aussi vers moi :

- Je vais m'occuper de son cas. Je vous remercie pour votre compréhension. J'étais avec ma fille, dit-elle en désignant la table où elle était assise, elle viendra payer. Au revoir.

Et elle partit à son tour.

Je suis allée me chercher un verre d'eau. Et bien ! Quel drôle de client ! Je veux dire, je ne pensais pas que j'allais un jour devoir faire face à un client dont je ne saurais pas m'occuper. Heureusement qu'une psychiatre se trouvait justement dans le salon à ce moment, sinon je ne sais pas comment j'aurais fait !


J'ai mis cette histoire dans un coin de ma tête et je suis repartie m'occuper des autres clients.







Texte 8 :  unelectriceavide GAGNANTE !

Parmi les magasins luxueux d'une riche avenue, une boutique de prêteur sur gages arborait fièrement sa richesse. On pouvait lire sur l'enseigne, écrit en lettres d'or :

"Chez O'Connors, prêt sur gages et vente d'objets en tous genres."

Les clients affluaient, nombreux, chaque jour, observant la marchandise avec admiration, ou tentant de négocier le prix d'un vieux tableau ayant appartenu à leur grand-mère.

Mr O'Connors, richement vêtu, feuilletait de sa main grasse aux ongles entretenus quelques papiers, lorsqu'une femme d'un âge avancé entra. La sonnette tinta à l'ouverture de la porte, dévoilant aux yeux de la dame l'intérieur de la riche boutique.

Jamais Mr O'Connors ne l'avait vue, et pour cause, elle n'était jamais venue. Il observa son regard fatigué, son châle décoloré qui ne cessait de tomber de son épaule et ses chaussures de seconde main. A coup sûr, cette femme vivait dans un milieu modeste. Elle ne venait pas acheter, mais plutôt vendre, ou quémander un prêt. alors, derrière le comptoir, le gérant s'approcha et demanda :

"Je peux vous aider ?"

Perdue dans la contemplation des vitrines, la cliente sursauta presque. Elle regarda l'homme qui la dépassait d'une bonne vingtaine de centimètres, intimidée.

"Oui, couina-t-elle. Je m'appelle Lucy Anitha et j'aimerais, hum, vendre une montre."

Une montre. Voilà qui pouvait s'avérer intéressant. A condition qu'elle possède un minimum de valeur...

O'Connors la conduisit alors jusqu'au bureau des ventes, sans prendre la peine de lui demander si elle ne souhaitait pas plutôt faire un prêt sur gage. Les objets pouvaient avoir tellement d'importance pour les gens...

Non sans une légère appréhension, Mme Anitha tira de la sacoche qu'elle portait en bandoulière une boîte finement ouvragée qui renfermait le bijou. L'homme s'en empara et observa, blasé, les détails et matériaux du compartiment. Gênée par le silence, Lucy Anitha engagea la conversation :

"je ne connaissais pas ce genre de boutique. J'en ai entendu parler récemment et alors, vous voyez, j'ai pensé que vous sauriez estimez la valeur cette montre. Elle appartenait à mon père..."

Mr O'Connors n'écoutait que d'une oreille les dires de la dame. Il se décida à ouvrir la boîte, s'attendant presque à être déçu.

Mais alors il vit un véritable trésor : c'était une Montblanc 1858, édition limitée ! Ses yeux brillèrent face au bijou de luxe. Ces montres-là possédaient dans les 18 karas d'or.

Le boîtier en était un alliage, savant mélange du précieux matériau, de fer et d'argent, qui lui donnait sa couleur si particulière. Le cadran, doré également, affichait douze gros chiffres vert sombre, ainsi que le marquage des minutes et le nom de la marque dans un trait plus fin. Les aiguilles sophistiquées miroitaient de la même teinte.

L'allure originale et vintage de l'objet était soulignée par son bracelet en peau de veau; quelque peu usé, remarqua O'Connors.

Il estima l'ensemble à environ 30 000 euros, et se demanda bien comment le père de cette modeste femme avait pu se procurer une telle montre.

Il observa un instant Mme Anitha, qui continuait de lui dérouler sa vie, ainsi que celle de ces enfants qui entraient en études supérieures. Et il vit une faille.

Cette femme n'était jamais venue ici. Elle ne connaissait même pas ce genre de boutique. Elle ne savait rien du commerce et ne semblait pas réaliser la valeur de l'objet qu'elle lui apportait.

Un grand sourire s'étira sur les dents blanchies du vendeur, un sourire vorace.

"Et donc, la coupa-t-il pour reprendre le fil de la conversation, vous souhaitez vendre la montre de votre père pour, si je comprends bien, aider le petit dernier de la famille à prendre son envol ?

- Vous comprenez, je suis un peu juste financièrement, acquiesça Mme Anitha.

- c'est... Adorable", renchérit Mr O'Connors d'un ton mielleux.

Il saisit la montre, délicatement mais sans s'en préoccuper en apparence et observa la cliente d'un air blasé.

"Malheureusement, je craint que cette montre ne vous apporte pas une excellente somme... Elle vaut peut-être 3 000 euros, seulement pour les bénéfices nécessaire au fonctionnement de ma petite boutique, il me faudrait vous l'acheter à 2 000..."

Quelque peu inquiété par la triste façon avec laquelle l'homme lui annonçait le prix, et tourmenté de laisser la montre de famille pour si peu, elle demanda :

"Mais alors elle n'a aucune valeur ?

-Et bien, voyez vous, c'était un modèle prestigieux à l'époque, mais de nos jour il se créé des montres bien plus sofistiquées. Même un collectionneur ne serait pas prêt à payer plus cher pour votre montre."

Il laissa ses paroles prendre effet sur la pauvre Mme Anitha, dont le visage trahissait l'indécision et la déception. Alors, au moment où il la sentait prête à annoncer son verdict, il porta le dernier coup.

"Ceci dit, je peux vous en offrir 2 500 euros, mais c'est bien parce que vous êtes une charmante dame. Cela fait une somme bien plus convenable, n'est-ce pas ?"

Il ponctua son offre d'un grand sourire, et croisa ses doigts remplis de bagues sur le comptoir.

Mme Anitha se sentait comme écrasée face à l'imposante carrure de cet homme riche, mais elle croyait aussi qu'il serait peut-être le seul à lui faire preuve de compassion. Elle regarda une dernière fois la montre de son père, non sans un pincement au cœur, et abdiqua.

Une fois les papiers remplis, Mme Anitha et Mr O'Connors se saluèrent.

La vieille femme quitta la boutique, relativement satisfaite — bien qu'un doute lui perçait le cœur — et 2 500 euros en poche, tandis que le vendeur observait sa cliente, le regard triomphant. Puis, il saisit la montre Montblanc 1858, et l'attacha à son poignet.








Texte 9 : @AuteurM23

- Combien de fois devrais-je te le répéter ?

- Rhô ça va, tu sais bien que je n'en fou pas partout.

- Et tu crois que le patron en a quelque chose à faire ? Surtout ici, comment tu peux manger sur notre lieu de travail ? Nous avons une image à maintenir je te rappelle. Soit donc un peu plus professionnel.

- Au fait, quel est le profil du prochain client ? Demande-t-il, imperturbable et ignorant les questions qui lui étaient posées.

- Nous allons nous occuper d'une jeune femme d'environ un mètre septante-deux et de cinquante-huit kilos. La demande est de la rendre aussi belle que possible pour l'événement.

- Avec ces dimensions serait-ce un mannequin ? Si c'est le cas, j'espère que notre maquillage sera à la hauteur des attentes ! Maintenant, tu vas me dire qu'aucun de nos clients ne s'est jamais plein de nos prestations et ce n'est pas faux !

- Tu ne veux pas te la fermer un peu ?

- Moi ? Pourquoi donc ? Il finit son croissant et se lève pour aller se laver les mains tout en continuant de lui répondre. C'est mort, donc malheureusement mon cher ami, tu vas devoir me supporter encore un moment ! Au fait, quand retrouvons-nous notre cliente ? 

- Elle nous attends déjà. Répond-il sans même lancer un regard à son collègue, se dirigeant déjà vers la seconde salle à l'arrière de la pièce dans laquelle ils étaient.

Ils rejoignent ainsi leur cliente qui patientait, dans le silence, installée sur l'assise prévue à cet effet pour bénéficier des soins qui lui était tous frais payé avant le grand-jour.

Quand l'autre l'eut rejoint, le premier lui tendit la boite de gants en le fusillant du regard pour l'intimer d'en enfiler à son tour.

- Ce n'est pas parce que j'ai déjeuné dans notre bureau que je suis forcément un malpropre !

- Cesse de te justifier et mets-toi au travail.

Il l'entendit continuer à parler, sans pour autant écouter un traitre mot de ce qu'il déblatérait. Il s'appliqua à préparer tous les produits dont ils allaient avoir besoin pour magnifier la jeune femme alors que l'autre finit par lâcher : 

- Il faut croire que je me suis trompé... elle n'aurait pas fait mannequin avec un visage pareil.

- Parce que tu crois que le tien est mieux peut-être ? Et puis, si tu pouvais garder ce genre de remarque pour toi...

- C'est toujours mieux que toi, qui tire constamment une tête de déterré. Et tu à raison, mieux vaut que je me taise car si jamais elle venait à m'entendre... 

Sans relever ces derniers dires, ils se mirent au travail. Le plus bavard des deux après un premier soin entreprit les massages pour détendre les membres tendus de la jeune femme. « Et oui, ce doit être stressant de bientôt vivre l'évènement de toute une vie ! », pensa celui-ci, tandis que le plus sérieux s'occupa des soins nécessitant d'être davantage pointilleux. Elle se vit recevoir les soins de présentations essentiels avant l'application d'un maquillage le plus épuré possible - selon la demande faite pour leur jeune cliente - car qui ne se fait pas beau pour un grand évènement ? Elle était donc mise sur son trente-et-un, déjà habillée de sa plus belle robe.

Alors qu'ils terminaient en rangeant leurs affaires - la jeune femme étant fin prête - le plus calme des deux se vit perdre la plénitude qu'il appréciait à ce moment de son travail, qui ne fut non pas vraiment interrompue par le son du téléphone qui sonnait, mais par l'indélicatesse propre à son collègue pour lâcher ce qu'il avait dans les mains et claquer la porte pour vite aller décrocher. Il lui semblait bien qu'il était resté silencieux trop longtemps. La preuve, à peine quelques secondes plus tard qu'il l'entendait déjà crier de l'autre côté du mur.

- Ils viennent d'avancer l'heure, on part donc la conduire pour qu'elle soit mise à l'honneur d'ici un quart d'heure !

Il se retrouvèrent donc très vite tout deux sur le lieu de rendez-vous où la famille les attendait.

- Oh mon Dieu... ma chérie, toujours aussi belle... Fit celle qui semblait être la mère.

- Oui, son sourire en plus est délicat... nous espérons que tout se déroule bien. 

La mère, trop chamboulée par l'émotion de voir sa fille en ce jour si particulier, ne put contenir ses larmes et c'est le père qui reprit la conversation, lui aussi ému.

- Nous vous remercions de bien vous être chargé d'elle.

- C'est notre travail, la faire belle pour ce grand moment ... 

- ... Tout est déjà réglé pour aujourd'hui il me semble ? Lance le père, un semblant déboussolé.

- Oui, je vous rassure. Tout est en ordre.

- Bien... Encore merci de vous être occupé de notre fille, il était important qu'elle soit présentable aujourd'hui.

- Bien évidemment, ce n'est pas tous les jours non plus que ça arrive dans une vie... ! 

On put voir sortir de l'établissement en trombe le premier employé - qui lui ne fautait jamais - tellement il était énervé et gêné par l'incivilité et le cynisme mal placé de son collègue.

- Tu veux nous faire virer tous les deux ?! Mais tu-, t'es vraiment-, ... Arggghh !! Il en avait perdu ses mots tellement il était décontenancé.

L'autre semblant ne pas trop se préoccuper de l'incident précédent, osa relancer un sujet après avoir eu un minimum de bonne conscience en attendant que son voisin de siège ne retrouve un semblant de calme.

- Plus qu'à s'occuper d'un prochain client.

- Non. Non, on ne s'occupera pas du client suivant tant qu'on n'aura pas terminé les papiers administratifs pour celle dont on s'est occupé aujourd'hui. Et encore faut-il qu'on garde notre job demain !

- Et merde... Maudits soit cette paperasse... Ce n'est pas grave, à deux on est trop pour cette corvée de toute façon, tu t'en chargeras, n'est-ce pas ? Ose-t-il.

- Tu plaisantes j'espère ? Car là j'ai plus la moindre patience pour supporter ton humour de merde ! Donc toi, tu t'en chargeras !

- Bien, bien... je m'en occupe, mais décompresse un peux va ! Il n'y a pas mort d'homme je te signale...

- Et à défaut de ne pas savoir t'abstenir, tu m'éviteras d'accumuler plus de retard comme hier...

- Oui et bien, j'avais besoin de savoir si en faisant le mort, quelqu'un finirait par s'inquiéter pour moi... mais ça n'a pas été le cas ! Je viendrais à agoniser, je parie tu ne bougerais même pas le petit doigt !

Silence. Évidemment qu'il ne bougerait pas d'un pouce, il donnerait n'importe quoi pour ne plus avoir à supporter un collègue pareil.

- Tu pourrais au moins avoir la décence de me mentir en me disant qu'effectivement tu ne me laisserais pas pour mort ! 

- Seulement le jour où tu auras fini de te plaindre de nos « clients », qui pourtant n'ont jamais critiqué la façon dont tu les traites et fait ton travail. Et quand tu arrêteras de déconner !

- ... Eux par contre, encore heureux qu'ils ne me répondent pas ! Si ça vient à arriver, promet moi au moins que tu seras là pour me prendre en charge à mon tour...

Mais bien sûr... et puis quoi encore ? Il aurait trop peur que même en tant que client, il parvienne à l'emmerder. Où il faudrait qu'il y soit obligé pour s'en occuper, la mort dans l'âme. 

- T'as bientôt fini de dire des conneries ?

- Parce que ça ne t'est jamais venu à l'esprit toi ?

- Quoi ? Qu'ils se mettent à me taper la discute ? Non, jamais.

- T'es vraiment trop sérieux...

Alors qu'il espérait que le calme retombe pour le trajet du retour, il déchanta bien vite. Car c'était sans compter sur l'éternel sarcasme de son collègue - alors qu'ils étaient bientôt de retour à leur lieu de travail - que celui-ci n'eut pas la moindre gêne à chanter en s'y donnant à cœur joie dans l'habitacle de la voiture et par-dessus la musique passant à la radio :

- Il suffiraaaaa d'une étincelle. D'un mort, d'humour, pour-

Celui à l'humour particulier fut bien vite privé de musique et fusillé du regard par son collègue près à faire demi-tour pour le faire passer en crémation avec leur dernière cliente. Le croquemort était exaspéré et épuisé. Il se jura que si cet imbécile venait à faire partie de la clientèle avant lui, de délester la tâche à son remplaçant. Car s'il n'a jamais pensé qu'un mort pouvait se mettre à causer, il s'en mettrait à douter si c'est son cadavre qui venait à arriver à la pompe funèbre... 

Aussi, il se fit le serrement de lui passer sa foutue reprise de Johnny à son enterrement !







Texte 10 : @JulietWoodhouse

Cela fait trois mois que je travaille dans cette boutique de fringues pour homme. Malgré mon diplôme de lettres, spécialité langues étrangères, je n'ai pas le choix. Le métier de traductrice est difficile d'accès. Pourtant, je le savais avant d'entamer mes études mais non, il a fallu que je n'en fasse qu'à ma tête. Vive mon rêve de gamine d'être traductrice à l'ONU ! Au lieu de ça, j'ai 25 ans et, après avoir envoyé mille CV, je me retrouve en train de conseiller des hommes qui respirent l'argent à longueur de journée. Quelle vie de merde !

— Mademoiselle Ryan, veuillez cesser vos rêveries et veuillez vous occuper des clients ou, croyez-moi, ce sera la porte.

— Désolée Monsieur Yates. Cela ne se reproduira plus.

Cela ne doit absolument pas se reproduire. Si je perds ce boulot, qui est plutôt bien payé, je peux dire au revoir à mon appartement. Il mesure 40 m² et il n'est pas excessif, enfin... j'habite à Brooklyn quoi. Si je perds ce job, ce sera la catastrophe pour venir bosser en ville, car oui je veux bosser à Manhattan. C'est le seul moyen de se faire des contacts et ce pourquoi j'ai accepté de prendre ce poste. Avoir les hommes les plus riches à habiller ne peut que m'aider dans mes recherches d'emploi, étoffer mon CV et obtenir le poste de mes rêves.

Après ma pause déjeuner, je m'occupe de Monsieur Chevalier, un riche septuagénaire français, qui refuse de prendre sa retraite. C'est l'un des plus grands architectes de l'État de New-York. Il vient tous les lundis à 13h30 précises pour de nouveaux costumes et, bien sûr, il adore avoir mon avis. Du coup, durant cette heure-là, je ne m'occupe d'aucun autre client.

Contrairement à d'habitude, aujourd'hui, Monsieur Chevalier n'est pas seul. Un jeune homme d'une trentaine d'année, qui semble irrité, lui sert un monologue que mon client efface d'un revers de la main. Il m'aperçoit, me sourit et me rejoint, tout en ignorant complètement Monsieur Yates. Mon patron voit rouge mais se contient. Moi, je jubile intérieurement.

— Mademoiselle Ryan ! Quel plaisir de vous revoir !

Bien sûr, il s'exprime en français. Il sait que je suis polyglotte et s'il avait besoin de mes talents, il m'aurait tout de suite engagée. J'osais espérer qu'il parle de moi à ses contacts mais visiblement il ne le fait pas. Je me doute qu'il préfère que je reste là à l'habiller plutôt que d'être entre les mains d'autres hommes. Être une femme peut s'avérer utile dans certains cas mais, dans d'autres, c'est carrément une plaie.

— C'est également un plaisir pour moi Monsieur Chevalier.

— Je vous présente mon petit-fils Louis. Louis, je te présente Eleanor Ryan, ma costumière.

Son petit-fils, grand blond aux yeux verts, qui me surplombe avec son mètre quatre-vingt-dix environ, m'adresse un rapide hochement de tête. Son énervement n'a toujours pas disparu des traits de son visage. Son corps est tendu, en dessous de son costume trois pièces.

— Avez-vous besoin d'un moment ? Il y a une salle disponible si vous souhaitez terminer votre conversation.

— Ce ne sera pas la peine Mademoiselle Ryan. C'est gentil à vous de le proposer mais nous avions terminé.

— Je n'ai pas terminé grand-père mais tu ne sembles pas disposé à m'écouter.

— Tu vas prendre la relève de la compagnie, que tu le veuilles ou non. Cette compagnie restera dans la famille ! C'est clair ?!

J'aurais vraiment dû les amener de force dans la salle de pause. Maintenant, tous les regards sont tournés vers eux, sauf celui de mon patron qui me fusille du regard. Génial !

Dès que les regards se sont détournés, j'ai rapidement proposé à mon client d'essayer les costumes qui ont été conçus après sa dernière demande. Alors qu'il se trouve dans les cabines d'essayage, je tourne mon regard vers Louis Chevalier, assis sur l'un des fauteuils, un expresso à la main. Il lève son regard vers moi, soupire et me rejoint.

— Je m'excuse. Vous n'auriez pas dû assister à cette scène.

— Comment vous vous sentez ?

— Honteux et toujours énervé.

— L'architecture n'est pas votre truc ?

— Loin de là. J'ai suivi un double cursus lors de mes études. L'architecture, pour mon grand-père, et le droit, pour moi. Par rapport à mes diplômes, je peux être architecte ou avocat. On m'a offert un poste chez Jullian & Hearst. C'est l'un des meilleurs cabinets de Manhattan.

— Et vous avez hésité. Entre nous, si vous voulez un conseil, faites ce dont vous rêvez. Ne laissez personne vous dire quoi faire, même s'il s'agit de votre famille.

— Mon père a fait ce que vous dîtes. Mon grand-père l'a banni. Lorsqu'il a appris que mon père avait eu un fils, il a voulu prendre contact avec moi. Depuis, il fait tout pour que je lui succède. Il a payé mes études, m'a nourri et logé.

J'expire bruyamment. Il se sent redevable envers lui. Quelle merde ! Comme quoi les riches ont également leur part d'emmerdes. Je sais que je dois rester loin de leur dispute mais j'ai déjà les pieds dans le plat, donc un peu plus ou un peu moins... Je dois absolument parler à grand-père Chevalier. Lorsque Louis sort pour répondre à un appel je me retrouve seule et Jean Chevalier sort de la cabine, vêtu de ses nouvelles pièces.

— Qu'en pensez-vous ?

— Il sera parfait pour votre soirée cocktail de demain soir. Monsieur Chevalier. Je sais bien que ce ne sont pas mes affaires mais...

— Vous allez me dire que je devrais lui laisser le choix ?

— Être architecte n'est pas son rêve. Mon avis est sans doute biaisé parce que je suis prête à tout pour réaliser le mien mais... Vous préférez qu'il accède à votre demande et qu'il soit malheureux toute sa vie et je dirais même que vous le perdiez, ou, vous préférez qu'il fasse ce qu'il aime, qu'il soit heureux et qu'il vous soit reconnaissant d'avoir été présent dans ses choix, le soutenant ?

— J'ai créé cette compagnie parce que c'était mon rêve que les gens puissent admirer mon travail. Il veut exercer un emploi où les gens sont des bêtes féroces, qui voudront l'anéantir. Je ne veux pas de ça pour mon petit-fils. Il est le seul membre de ma famille qu'il me reste.

— Le mieux que vous puissiez faire, c'est de l'écouter réellement et ne pas balayer ses paroles. Vous pouvez lui fournir votre ressenti et vos doutes mais vous devez le laisser décider.

Sur ces paroles, je le laisse retourner se changer et lorsqu'il revient pour régler sa note, Louis se présente auprès de lui. Son grand-père se tourne vers lui et lui propose de discuter autour d'un dîner. Je décroche un sourire. Ma bonne action de la journée, je l'espère, va peut-être résoudre un conflit.

Deux semaines se sont écoulées et Monsieur Chevalier ne s'est pas présenté à ses rendez-vous habituels. Je m'inquiète mais ne laisse rien transparaître de plus. Monsieur Yates m'a bien fait comprendre que cela ne me concernait pas. Depuis, je ne pose plus de questions. Alors que je m'apprête à partir en pause déjeuner, Louis Chevalier passe le pas de la porte et sourit en me voyant.

— Mademoiselle Ryan. Je tenais à vous remercier, sincèrement. Sans vous, je n'aurais jamais dit oui à Jullian & Hearst et mon grand-père ne m'aurait ni soutenu et il n'aurait jamais recontacté mon père. J'espère que mon cadeau vous fera plaisir et que vous accepterez également de dîner avec moi ce soir.

Je lui réponds que ce sera avec grand plaisir. Bah oui il est mignon comme mec, il faut se le dire. Je pose enfin mes yeux sur l'enveloppe qu'il me tend. Je l'ouvre et aperçois une lettre m'invitant à un entretien pour un poste de traductrice à l'ONU. Je regarde Louis et lui saute dans les bras. Comme quoi les rêves peuvent se réaliser grâce à un coup de pouce.






Texte 11 : @FloraRyokoi

Tout a commencé petit: son père, un petit homme, généreux fleuriste par passion, et sa mère, une grande dame, noble, gérant les dépenses d'une main de fer, et elle, enfant, se baladant entre les étagères, les vases et les champs de couleur disparses. Assise derrière le comptoir, elle pouvait observer le balais des clients, tous différent et identique à la fois, achetant certains jours la même fleur, pour différentes occasions, et certains jours elle voyait nombre de fleurs différentes défilés, pour la même célébration. Des aïeuls, des maris, des amants, des parents, et même des enfants, accompagnés ou non, repartant avec des pousses de tulipes, de jacinthes ou de jonquilles, les parents riant de leur joie et promettant de les planter dans le jardin.

Elle observait son père, le sourire jusqu'au oreilles, et sa mère, lunettes au nez. Il parlait, elle comptait. Il riait, elle souriait. Il préparait, elle encaissait. l'un ne fonctionnait pas sans l'autre, comme le vendeur et son client, avait rappelé un grand-père sans préambule, faisant cligner des yeux la petite, encore trop jeune pour comprendre les discussions soutenues des adultes. Alors elle partait courir, ou se mêler des choix des clients, exposant de son langage enfantin, parfois cru, ses idées saugrenues.

-Dahlia, je t'ai déjà dit de ne pas embêter les clients, gronda le père mêlant geste et voix pour attirer l'attention de la petite.

-Mais père! il allait acheter des roses!

-Je ne comprendrai jamais pourquoi elle déteste tant les roses, moqua le client en posant un bouquet de poinsettia. Mais elle a raison, ma femme serait surement piquée de me voir rentrer avec un énième bouquet de roses. Sa remontrance sera peut-être pour le meilleur.

-Tu vois! J'ai eu raison! Mère! Dites-lui que j'ai eu raison!

-Bonne journée monsieur Verrill. Passez le bonjour à votre épouse, salua la mère en refermant la porte derrière le client. Dahlia, c'est très gentil de ta part, mais tu n'es pas censée t'immiscer dans les choix des acheteurs, c'est très malpoli. Ne recommence plus, d'accord?

-...Oui, mère, bouda l'enfant la tête basse. Père, on peut aller voir les fleurs?

-Bien sur ma petite fleur. Mais il faut d'abord fermer la boutique.

-...Non! Maintenant!

-Dahlia, je t'ai déjà dit qu'il ne servait à rien d'élever la voix. Viens nous aider, on ira ensemble dans les champs après, calma la mère en prenant la main de l'enfant.

-Va faire les arrangements si tu veux, pendant que nous on nettoie tout.

-Oui! J'y cour père!

Aujourd'hui, tout était grand, elle avait grandi, les autres enfants avaient remplacer leur ainés, et maintenant, c'était elle qui gérait la boutique, aggrandie d'une veranda, assise derrière le comptoir, offrant toujours son point de vue aux clients qui souhaitent des roses, sous les rires de son mari, s'occupant de la comptabilité, et de deux enfants courant dans les allées et les champs de couleur.







Texte 12 : @RyleighNobunaga

 Angélique

Comme chaque matin avant de partir pour l'étude de notaire où il travaillait, Albert regarda une dernière fois le pot de fleurs posé à côté du vase blanc placé sur le rebord intérieur de la fenêtre depuis son emménagement, essayant de trouver un peu de courage dans la grappe bleue fanée des jacinthes. Cette fois, il y arriverait. Il prit sa sacoche et enfourcha la bicyclette qui l'attendait en bas du petit appartement qu'il louait. Il avait eu de la chance de trouver une chambre au loyer tout à fait correct chez cette vieille dame. 

Il s'arrêta devant la fleuristerie qu'il connaissait désormais très bien et prit quelques instants pour observer la jeune femme aux boucles blond platine qui s'affairait derrière le comptoir. 

Il s'était d'abord rendu là sur les conseils de sa logeuse, en remarquant le nouveau bouquet qui décorait son séjour chaque semaine, puis était tombé sous le charme en apercevant cette fille au regard aussi vert que les plantes qu'elle vendait. Sauf qu'il avait longtemps hésité devant cette boutique, s'y arrêtant maintes fois en allant et rentrant du travail, n'osant jamais franchir la porte. Comment l'aborder ? 

Il avait, au bout de plusieurs semaines, enfin eu le courage de faire retentir le carillon et s'était alors trouvé totalement démuni en entendant sa voix cristalline pour la première fois. Il l'avait été encore plus en réalisant que c'était totalement stupide de lui acheter des fleurs pour les lui offrir. Il était pourtant entré et n'avait plus d'autre choix que de lui prendre un bouquet. Il lui avait donc expliqué avec force bredouillements et sueur : "Il y a une personne que j'aime bien...  elle est très belle... elle sourit à tout le monde... et elle travaille dur... A chaque fois que je l'aperçois, je ne peux pas m'empêcher de la regarder... Mais je ne sais pas comment l'aborder..." Encore maintenant, il se morigénait pour cette approche franchement pataude. Malgré cela, elle avait souri à ses explications maladroites et enveloppé avec dextérité un mélange d'iris blancs et de roses violettes dans un papier assorti. C'était ainsi qu'il avait rejoint la clientèle d'Angélique. Il était ensuite ressorti de la boutique tout penaud et avait accroché le bouquet inutile à son sac le temps de se rendre à l'étude. 

Il avait retenté l'expérience la semaine suivante en se promettant d'être plus direct mais était finalement ressorti avec des camélias rouges qui avaient remplacé le précédent bouquet dans le vase qu'il avait acheté exprès en rentrant de sa première tentative infructueuse. Il avait donc recommencé la semaine d'après, avec des adoxes musquées dont l'odeur avait empli ses narines à chaque repas jusqu'à ce qu'il les remplace par des acanthes la semaine suivante. En lui donnant son bouquet de jacinthes, elle avait paru désolée pour lui que toutes ses approches se soldent par un échec, sans savoir qu'elle en était la cause. Aucun doute qu'elle l'avait désormais identifié comme le client gauche et malchanceux. En même temps, pouvait-il lui en vouloir de ne pas comprendre que les fleurs qu'elle lui recommandait étaient en fait pour elle ? 

Albert secoua la tête un bon coup pour se sortir de ses pensées et poussa la porte avec résolution après avoir pris une grande inspiration. Aujourd'hui était le dernier bouquet qu'il achèterait pour rien. C'est pour cela qu'en rentrant de l'étude de notaire le soir-même, il ne passa non pas devant la fleuristerie mais fit un détour par la libraire et acheta le seul ouvrage proposé sur le langage des fleurs. La prochaine fois, il prendrait les devants. Fort de cette décision, il remplaça les jacinthes fatiguées par des azalées flamboyantes aussitôt rentré, et se plongea dans une lecture assidue pour trouver le bouquet parfait. 

C'est ainsi qu'Albert fit de nouveau sonner le carillon de la boutique le mardi suivant, armé d'une forte détermination. 

– Oh, Albert ! Alors ? Comment ça s'est passé ? salua Angélique avec son habituel sourire. 

–  J'espère bien y arriver aujourd'hui ! 

– Oh ? J'ai des hortensias qui ont éclos hier si tu veux, elles sont magnifiques...

– Non. Je voudrais un bouquet d'angéliques aujourd'hui. 

La fleuriste se figea et haussa les sourcils à la demande mais attrapa vite un sécateur comme si de rien n' était. 

– Attends-moi ici, je vais les chercher. 

– Non, attends ! En fait... 

Il se gratta l'arrière de la nuque et regarda brièvement le bout de ses chaussures avant de relever les yeux vers elle.

– En fait... Je voudrais les prendre ce soir cette fois. 

– D'accord, je te les mettrais de côté, promit Angélique, son air surpris remplacé par un sourire. Tu payes en les récupérant ?

– Oui. A quelle heure est-ce que tu finis ?

– Je ferme à dix-neuf heures. 

– Merci beaucoup, à ce soir !

– Bonne journée !

Ce n'est que cinq minutes avant la fermeture qu'Albert se présenta à la fleuristerie, tout sourire. 

– J'ai cru que tu avais oublié ! lança gaiement Angélique pour l'accueillir. Voilà ton bouquet. 

Il la remercia et déposa en échange des billets sur le comptoir. 

– Tu peux garder la monnaie. 

– C'est gentil ! J'espère que ça fonctionnera !

– Moi aussi ! avoua-t-il en sortant de la boutique. 

En ressortant, il ne prit pas sa bicyclette comme d'habitude mais attendit devant la vitrine, ses fleurs d'angélique à la main. La fleuriste ne ressortit qu'un quart d'heure après et sursauta en l'apercevant. 

– Albert ! Et ton rendez-vous ?

– Je l'attendais justement, sourit-il en lui présentant le bouquet. Depuis que je t'ai vue, j'essaie de trouver le courage de t'aborder pour te le demander : est-ce que tu voudrais m'accorder un rendez-vous, un jour ?

– Eh bien, j'avoue que c'est une approche très maladroite, mais... C'est d'accord, accepta Angélique en prenant les fleurs, son air surpris dissipé par les commissures de ses lèvres qui remontaient et ses yeux qui se plissaient. Justement je ne fais rien ce soir. Je t'offre le restaurant en échange de tous ces bouquets ?

– Je... je veux bien ! s'exclama Albert sans y croire, sentant son coeur s'envoler dans sa poitrine. 

– Alors retrouve-moi au bistrot du cheval blanc dans vingt minutes, indiqua-t-elle avec un clin d'œil et son adorable sourire avant de filer chez elle. 

Albert resta quant à lui figé sur place quelques instants de plus à contempler l'endroit qu'elle venait de quitter, ses pensées défilant à toute allure dans sa tête tandis qu'une chaleur se répandait dans son ventre. Ce n'était pas possible. Il avait réussi ! Il avait enfin réussi ! Mais était-ce la fin ou seulement le début de ses galères ? En tout cas une chose était sûre, il n'avait plus besoin d'être son client régulier maintenant. 






Texte 13 : @Juste--a--6irl

 Le Client

Emilia travaillait encore dans sa boutique de fleurs, et, allait fermer, quand, elle le vit. Lui. Un homme grand et maigre, sur le trottoir d'en face, les cheveux mouillés par la pluie. Il avait gardé son parapluie fermé dans sa main gauche. Il attendait. La fleuriste avait cessé ce qu'elle était en train de faire c'est-à-dire ranger les fleurs, et l'observait, de derrière la vitre. Il était tout à fait son genre ; bel homme, regarde ténébreux, l'aire d'un bad boy, il paraissait tellement, inaccessible. Le cœur de la jeune femme battait vite, contrairement à celui de. Le blanc, bien que ténébreux, ne la regardait pas. Elle se lassa plutôt vite de ce spectacle et retourna à ses produits. Elle ne s'ennuyait pas avec : elle les peaufinait, les taillait les jetais parfois. Mais je ne sais pas ce qu'elle préférait dans son métier. Non. La brune à lunettes et mets par-dessus tout vendre. Car il y avait derrière ce mot de nombreux mots. Informer. Guider. Conseiller. Ainsi aider. Malheureusement pour la vendeuse, seules ses plantes lui tenaient compagnie. Un seul client à l'horizon, son magasin était vide. Il n'y avait pas beaucoup de monde rue de la huchette à Paris. Un lieu pas très populaire. Une rue étroite où Charles Aznavour a vécu, rien de plus. Malgré, un bon nombre de petits commerces. De restaurant. Au moins 5 ou 6. Et quelques petits hôtels. La jeune fille commençait tôt et finissait tôt. Le magasin était ouvert de 6h à 13h. 13h. La cloche de la cathédrale, en face, avait sonné. Et l'homme poussait la porte de chez la commerçante. Puis la refaire ma derrière lui on a un deuxième claquement qui a l'air ça Émilia, qui ne comprenait pas. Elle bégaya quelque chose : " oh je viens de fermer", "il est 13h passé, vous n'avez pas entendu la cloche ?".

Le garçon soupira et fondu en larmes après avoir murmuré qu'il ne venait pas acheter. La vendeuse lui servit une chaise et il s'y assis, et lui raconte ses moindres soucis. La brune était ta demi-accroupi l'un de ses coudes appuyait sur l'un des deux accoudoirs de la chaise. Elle l'écoutait calmement, le conseillait le rassurait, le caressait. Au bout d'une heure l'homme mit fin à la discussion, et tourna les talons, avant de changer d'avis, se redirigeant vers le comptoir, sortit une pièce de sa maigre poche. Qu'il déposa vivement , et fit glisser jusqu'à sa conseillère. Elle la prit. Mais garder toujours ses yeux rivés sur l'homme. Lui non plus ne la lâchait pas des yeux. L'acheteur lui commander sa plus belle rose. Elle lui apporta mais il refusait de la prendre il estimait qu'elle devait la garder, qu'elle le pouvait, que c'était un cadeau. La commerciale s'approcha de lui, toujour le cadeau à la main, et dans un élan de passion se jeta sur lui. La binoclarde l'embrassa de toutes ses forces. Ils échangèrent là, un doux sensuel baiser. L'acheteur lui fait l'amour, là, rue la huchette, à Paris aussi un enfant, quel nommera Simon, comme son père.Et Emilia ne le revit jamais. Ce fut son seul et dernier client. Il s'appelait Simon.

FIN 






Texte 14 : @Flemne


J'avait toujours été joueur, vorace de secret. Je prenais plaisir à laisser au plus avides le droit de voire une histoire nouvelle, un secret bien gardé qui ne se dévoilait que par des passe passe habile de lecteur expérimenté. Alors chère lecteur, chère client, asseyez vous, et devinez le plus profond des secrets que ces histoires abritent. C'est un jeu que je vous offre, comme un cadeau, oui c'est parfait, voyez ça comme une carte cadeau de mon magasin. Un magasin d'histoire où je suis libre du moins, tout autant que vous. La question à laquelle il faut réfléchir est : " de quoi sont-ils clients ?" ou plutôt "qui est client et qui est vendeur ?"*

1-Un peintre déchu

Ma veste était taché d'une peinture rouge âcre, elle puait, gonflait, tiraillait ma peau au grès du vent. De façon ironique j'étais peintre, j'avais détesté le métier, armé d'un pinceau en bois devant d'immenses toiles blanches. Seul, finalement devant un monde qui m'attendait, que je n'avais pas encore découvert et qui resterait je l'espère dans les livres. Mais c'était rarement ce qu'il se passait, après avoir livré son âme ne restait en nous qu'une coquille à remplir. Qu'on ne pouvait rassasier et qui demandait à chaque fois plus. Après tout pourquoi ne pas la laisser vider ? C'était agaçant de devoir toujours se nourrir encore plus.

2-conte

"Un petit bonhomme courait joyeusement dans la forêt, il gesticulait pieds et bras dans une coordination dansante. Amusant parfois les passant, effrayant toutefois les enfants. C'était un fou, un vrai, de ceux qui n'ont peur du regard des autres et qui le transforment comme ils veulent. Perdu, en marge de la société, personnes n'admiraient cet être gesticulant, soumis à une folie et à un dieu qui ne plaisait personnes.

Un jour, on raconta même qu'il vola au dessus des nuages, certains l'ont vu ramener un océan au pied du village, guider tous les animaux en file indienne, créer en un claquement de doigt un potager au milieu d'un lac. On le traitait de magicien, d'ensorceleur, de sorcier.

La désolation qui avait autrefois erré dans les coeurs, n'était plus. Ce petit bonhomme à l'allure festive était un homme maudit, il avait la peste disait-on, il tuait les enfants, les kidnappait et au final personne ne lui avait jamais adressé la parole. La forêt était devenu un lieu de mort, le magasin d'une folie contagieuse, que tout le monde fuyait."

-Tu as bien compris, répéta la voix rocailleuse de mamie.

La pauvre enfant hocha la tête cinq fois avant de retourner jouer dans sa chambre. Elle venait d'être privé de sortie, après avoir raconté à tout le monde qu'elle avait vu un petit bonhomme dans la forêt. Sa curiosité venait d'être touché mais peut-être que ça n'en valait pas la peine.

3- Toi

j'étais nostalgique de cette vie, je voulais oublier, retourner dans le passé, empêcher ce drame. J'aurais voulu lui arracher le coeur, le détruire avant moi, le laisser comme il m'avait laissé. Je ne voulais pas recommencé, aujourd'hui était une fin, une fin que j'avais mérité mais qui me révoltait. Comment tout pouvais t-il se finir, comment pouvait-il partir.

J'ai attendu derrière la porte, j'ai laissé les clés sur la porte. Dos à la porte, les pieds contre le tapis gris, j'ai espéré trop longtemps. Oui, tout tournait autour de moi, tout le monde me le reprochait mais le monde c'était arrêté alors je devais ralentir tout le monde. Je serais votre boulet, vous allez me détester, mais faites donc, tant que personne ne m'oublie je serais heureuse. Je, je et encore je, quelle horreur, mais saignez donc des yeux, allez y, aujourd'hui je ne suis pas en état de vous servir client, je ne peux pas tout le temps être là. Je ne serais pas toujours parfaite. Alors pour une fois que vous découvrez l'envers du rideau, taisez ma faiblesse en échange de quelques mots.

Quand pourrais je entendre à nouveau "je t'aime" au lieu de mots de haine.

Maintenant que tu es partis, ne t'en fais pas et restes y.

J'ai bégayé longtemps et je me suis pavané comme un paon.

mais jamais je n'ai souhaité que tu partes.

Toi qui t'en fiches de moi

Toi ma terreur, mon âme, mon ensorceleur

Je n'arrive même pas à t'en vouloir

Incapable de te croire


Voulais tu vraiment partir ?







Texte 15 : @Ellozis

 Je viens d'être embauchée par une grande enseigne de bricolage ; pas le métier de mes rêves, mais c'était ça ou le chômage. Malgré mon manque d'expérience, mes collègues m'ont demandé si je pouvais faire l'ouverture du magasin : souhaitant bien m'intégrer à l'équipe, j'ai accepté. François, que je venais de remplacer pour encaisser les clients du matin, s'est montré extrêmement soulagé de basculer sur l'après-midi. Il doit sans doute adorer faire la grasse matinée. Je m'installe à la caisse après avoir ouvert le lourd rideau de fer. Les lumières blafardes des néons s'allument sur des rayons vides. Il n'y a que Thomas avec moi : la direction estime que, si tôt le matin, une caissière et un conseiller vente sont bien suffisants pour gérer le magasin.

Alors que je joue sur mon smartphone pour tromper l'ennui, un client franchit les portes coulissantes de l'entrée. Il est 8h10 : quelle drôle d'heure pour acheter de quoi bricoler. Thomas l'a aperçu et, au lieu d'aller à sa rencontre, il file se cacher dans un coin ; je ne le pensais pas aussi fainéant. De toute façon, le matinal bonhomme ne semble pas avoir besoin d'aide, marchant d'un pas résolu vers le rayon des portes. A peine cinq minutes se sont écoulées entre son entrée et son passage en caisse. Il a pris un modèle classique en contreplaqué. Tandis que je recompte sa monnaie, je ne peux m'empêcher de le dévisager, car je suis intriguée par ses habits : il n'a pas l'allure d'un bricoleur dans sa tunique bouffante qui lui descend jusqu'aux genoux. Il m'a donné pile l'acompte. Je lui dis au-revoir avec un sourire, il me répond à demain et s'en va. Il compte revenir demain ? Qu'est ce qui l'empêchait de tout acheter aujourd'hui ? Il a sans doute prononcé ces mots machinalement, sans y réfléchir. Thomas sort de sa tanière et me lance un regard compatissant ; je ne comprends pas pourquoi. Ok le client était habillé étrangement, mais il s'est montré poli : de nos jours, c'est déjà pas si mal.

Le lendemain matin, à 8h12, il entre de nouveau dans le magasin. Je suppose que quelques vis ou quelques clous lui ont fait défaut lors de son bricolage. Surprise en le voyant arriver à ma caisse avec une autre porte, plus massive, je lui demande si celle qu'il a achetée la veille n'était pas aux bonnes dimensions. Il me marmonne que les dimensions n'ont pas d'importance, me paie précisément la somme requise, et repart.

Au quatrième jour, à la quatrième porte achetée, je commence à avoir peur. S'agit-il d'un psychopathe ? J'en parle à mes collègues qui me répondent que son drôle de manège dure depuis des mois. L'intriguant personnage n'a jamais posé aucun problème, mais son manège quotidien a plongé François dans un tel état de malaise qu'il ne supportait plus de faire l'ouverture pour encaisser la porte rituelle. Si je ne l'avais pas remplacé, il aurait sans doute pris un arrêt maladie. Un burn-out pour cause de ventes régulières de portes, voilà qui me semble risible.

Je ris moins à ma douzième porte vendue. Décidant de connaître le fin mot de cette histoire, au cours de jour de repos, à 8h00, j'attends sur le parking du magasin. Le client mystérieux ressort avec sa porte sacrée, monte dans sa voiture et démarre. Je le suis. Il se dirige vers un quelconque village de banlieue. Mais je le perds à un feu rouge. Trop obstinée pour faire demi-tour, je vadrouille dans le village. Je finis par repérer sa voiture garée devant une petite maison parfaitement ordinaire. Je toque à la porte d'entrée. Aucune réponse. Je ne vais quand même pas rester là, debout sur le porche, sans réponse à mes questions. Timidement, j'abaisse la poignée, et entre dans un vestibule plutôt étroit. Aucune lumière à part celle d'une lampe étrange sur le plafond. Sur le mur du fond, deux portes. Je suis prise d'un frisson d'effroi quand je reconnais les deux derniers achats de mon trop fidèle client. Mais à quoi tout cela rime-t-il ? J'ouvre au hasard celle de droite, qui donne sur une autre pièce environ deux fois plus grandes. Sur le mur du fond, quatre portes. Je ne peux pas affirmer qu'elles sont toutes passées par ma caisse, néanmoins j'en ai l'intime conviction. Plus qu'une conviction, un pressentiment. Un inquiétant pressentiment. La folie de cette improbable histoire me gagne et je franchis la deuxième porte en partant de la gauche. Une autre pièce, encore plus spacieuse. La même lampe bizarre au plafond. Et, sur le mur du fond, huit portes. Entendant la voix du client sans nom par devant moi, je décide qu'il est plus prudent de faire demi-tour. Une fois dehors, je réalise que la maisonnette n'est pas bien large, en tout cas elle ne me semble pas pouvoir contenir beaucoup de pièces. Pourtant, j'ai vu beaucoup de portes.

Sur la route pour rentrer chez moi, je m'imagine d'absurdes aventures magiques avant de trouver une explication bêtement rationnelle : le sol était en pente, la maison doit s'enfoncer sous terre. D'où l'absence de fenêtres dans les pièces que j'ai visitées. Mais pourquoi toutes ces portes ? J'envoie la photo de la maison à mes collègues. Quelques rires et moqueries s'ensuivent. Puis une phrase qui me glace le sang : Nicole m'affirme que la porte d'entrée est celle que, le matin même, le client maniaque a achetée. Il l'avait installée drôlement vite... Certes il s'est passé quelques temps après qu'il m'a distancé au feu rouge, mais poser une porte sur ses gonds n'est pas une tâche facile. Surtout que le super bricoleur avait même fait les finitions, les peintures et tout le tintouin. Et qu'il avait rangé tous ses outils avant mon arrivée.

Le soir venu, je ne parviens pas à trouver le sommeil ; je suis bien trop agitée par ce mystère qui ne cesse de s'épaissir. Guidée par la déraison de l'insomnie, je prends ma voiture et retourne chez l'homme au centre de mes pensées. Il est minuit passée quand je me gare devant sa maison. Là où cet après-midi encore se trouvait la porte d'entrée il n'y a plus qu'un trou béant, un rectangle sombre aux contours flous. Je frotte mes yeux fatigués pour être sûre d'avoir bien vue. Oui, il n'y a pas de porte. Cette ouverture inattendue m'attire. Pourquoi diable démonter une porte posée le jour même ? Alors que je me prépare à rentrer chez le fou, j'avise une vieille dame à sa fenêtre qui, sans doute réveillée par le bruit de ma voiture, observe la rue. Ne pouvant pas me permettre un fâcheux entretien avec la police, je me ravise et retourne chez moi.

Thomas m'engueule au téléphone. Quelle heure est-il ? Je devrais être au travail ! Je m'habille en vitesse et file au boulot. Là, sur le parking presque désert, j'avise la voiture du fan de portes. Il marche vers le magasin. Je gare ma voiture à côté de la sienne. Sur le siège passager, je vois un livre épais, aux pages jaunies comme celles d'un grimoire, mais à la couverture brillant du plus moderne des plastiques. C'est forcément là que se trouve les réponses à mes questions. Là que se cache le secret des portes. J'ai cinq bonnes minutes avant le retour de son propriétaire. Je n'ai pas toujours été une gentille fille : forcer la portière ne me pose aucune difficulté. Mon larcin effectué, je démarre en trombe.

Je feuillette les pages incompréhensibles quand Thomas me rappelle pour me demander où je suis. Je lui réponds que j'ai été prise de nausées et que je ne viendrai pas. Il se montre plus agressif que compatissant, se plaignant qu'il a dû supporter les cris affolés de notre client favori qui apparemment s'est fait voler un bien précieux sur notre parking. Les caméras ! Je n'y avais même pas pensé. La police ne tardera pas à identifier ma voiture. Cette fois, je suis bonne pour la prison...

Mais avant ça, je connaîtrai la raison d'être de toutes ces portes.

La lecture m'est difficile, on dirait un mélange de formules mathématiques et de symboles cabalistiques. Les phrases alternent entre l'anglais et le latin, et si je comprends plutôt bien le premier, je ne connais rien au deuxième. Frustrée d'être si proche de résoudre le mystère mais d'être bloquée par l'opacité de l'ouvrage, je tourne les pages rageusement.

Brusquement, je m'arrête. Un schéma a attiré mon regard. Un schéma compréhensible. Le titre dit « Arbre de décision binaire ». Au sommet il y a une porte dessinée. Puis, dessous, reliées par des tirets, deux portes. Puis quatre. Puis huit. Puis seize. Trente deux. Soixante quatre. Cent vingt huit. Beaucoup.

Quelques mots latins sont écrits sous certaines de ces nombreuses portes. Je comprends Aqua malgré mon ignorance de la langue romane. Assez profondément dans le schéma, je constate que le mot Aurum a été entouré. Or d'après mon téléphone. Et tout en bas, environ vers le milieu, Immortalitas. Pas besoin de téléphone pour celui-là.

Soudain, l'éclair de génie : il s'agit d'une carte ! Je fonce à la maison aux mille portes. Comme indiqué sur le schéma je prends à droite, à droite de nouveau, la troisième depuis la gauche... Devant moi, un grand saladier de cristal rempli d'une eau pure. Aqua ! Je continue ma route pour aller jusqu'à Aurum, pour voir de mes yeux les richesses protégées par ce labyrinthe de portes.

Si j'ai bien compté, en face de moi c'est Somnus et à gauche Aurum. A moi la fortune !

Je me réveille entourée de deux policiers et du savant alchimiste que je connais trop bien. Il leur explique qu'il m'a assommée pour me neutraliser. Bizarre, je ne ressens aucune douleur à la tête. Par contre j'ai comme une brûlure à la cheville : je regarde et vois une marque de corde. Les policiers m'empoignent. Je hurle, leur demandant d'ouvrir les yeux ! Ne voient-ils pas les portes ? Ils sont effectivement intrigués ; l'hôte de ces lieux leur répond qu'il est un architecte un peu fantasque. Cela leur suffit. Pas moi. Quand je sortirai de prison, j'aurai la vérité sur mon trop fidèle client.







Texte 16 : @Luxile_

 Reproduire les erreurs du passé



«  Papa , on peut jouer à la dînette ?

- Oui ma chérie , je termine juste avec mon client . »

Je le vois me sourire , ses yeux en me regardant sont pleins d'amour et de tendresse . Très vite , il détourne son regard du mien et se concentrer de nouveau sur la personne de l'autre côté du téléphone .

Ses mains s'agitent , une fois sur le front , puis sur la taille me montrant son stress qu'il accumule au fur et à mesure que l'appel continue . Puis , très rapidement , il empoigne un stylo et se met tout à coup à chercher un bloc-notes sur lequel écrire . Rapidement , il inscrit un mot puis deux , un numéro de téléphone , des chiffres ...

Mon regard toujours posé sur lui , mon corps si petit et si léger s'approchait peu à peu avec sa tasse à café vide que je tenais dans mes petites mains toutes fines , il ne me remarquait pas .

« Papa , l'appelais-je encore une fois et espérant recevoir une réponse .

- Oui ma puce , j'arrive . »

Papa s'éloigne de moi , comme pour me dire qu'il a besoin de calme , qu'il ne comprend pas son client , mais , en silence .

Ensuite , je me suis surprise moi-même à attendre sur le canapé en cuir de mon salon , devant l'horloge à voir les minutes qui passent , les heures qui défilent et leurs discussions n'en finissaient toujours pas .

De nouveau dans son bureau , le regard attristé et au bord des larmes , ma poupée au creux de mes bras , j'annonce , avec les larmes aux yeux :

« Tu m'avais promis ... »

Je me souviens toujours de ces larmes qui avaient coulées jusqu'à mes joues et qui s'étaient éteintes sur le sol , de mon père ayant continuer son appel téléphonique et ne m'ayant pas remarqué , que j'avais déjà fait mon choix pour dans quelques années : le divorce de mes parent qui s'est produit l'année de mes quatorze ans , huit ans après ce moment .

Je me souviens de la phrase que l'avocat de mon père avait prononcé :

« Mon client voudrait faire venir sa fille unique à la barre . »

Alors , vêtue d'un tailleur couleur nuit et d'une chemise aussi blanche que la pureté , j'étais venue à la barre et avais prononcé ces quelques mots après la fameuse question  :

« Ma mère s'est occupé de moi alors que mon père oubliait mon anniversaire . Non , en réalité , il ne devait pas le savoir . »

Maman était médecin , ce qui semblerait difficile de s'occuper d'une enfant vu ses heures de travail . Mais chaque soir après le travail , elle rentrait dans ma chambre , m'embrassait le front et glissait ses simples mots à mon oreille :

« Fais de beaux rêves mon petit ange . Je t'aime . »

Le verdict était sans appel : Maman avait ma garde .

A la fin du procès , mon père m'avait dit ces mots , les larmes aux yeux .

« Je suis désolé de ne pas avoir été présent pour toi Constance .

- J'accepte tes excuses papa . Mais le mal est fait . Depuis huit longues années . Et tout ça à cause de ton client .

- Pardon ?

C'était le dernier mot que mon père a prononcé et que j'ai entendu .

***

Après mon BAC , j'ai commencé mes études de droit pour devenir avocate . C'était trop cher et payer les factures et mes études en même temps devenait une chose compliquée alors j'ai pris un travail . Quelques mois plus tard , mon père est mort , suicidé. Il avait laissé une lettre dans laquelle son suicide était pour deux causes bien distinctes : Il voulait me voir et moi non puis son cabinet allait mettre la clé sous la porte . Oui , mon père était avocat . Et j'ai voulut devenir comme lui pour ne pas reproduire les mêmes erreurs .

J'ai par la suite , encaissé une somme colossale d'argent et j'ai pu finir mes études .

***

Dix ans plus tard ...

«  Maman , on peut jouer à la dînette ?

- Tu sais quoi ma chérie ? Va installer pour préparer le thé . Je n'en ai que piour quelques minutes . »

Mathilde me sourit de toutes ses dents et part en sautillant partout .

« Fais attention , ne tombe pas !

- Ne t'inquiètes pas maman , je suis une grande fille maintenant . »

Je me retourne sur mon téléphone .

« Monsieur ? Nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui .

- Pourquoi ? Nous avions presque finis .

- Et bien nous finirons demain . Bonne fin de journée . »

Après avoir raccroché , je me dirige vers mon petit ange pour voir qu'elle n'as pas finit.

« T'as pas le droit de regarder ! »

Je ris face à cette mignonnerie .

Plusieurs heures plus tard , mon mari rentre à la maison , pose ses clés et son téléphone sur la table .

« Bonsoir mon amour , me dit-il me m'embrassant . Où est ma princesse ?

- Dans son lit , elle doit dormir .

- Je reviens. »

Enzo sort du salon pour se diriger vers la chambre de Mathilde et j'entends ces phrases .

« Papa ?

- Oui , c'est moi chérie . Fais de beaux rêves . Je t'aime . »






Merci à tous pour votre participation !

N'oubliez pas de commenter, j'aime bien savoir quel texte vous a le plus marqué !

Bonne semaine à tous !


Lauwern

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top