A voter !
Gagnante : @Paupaupin
Texte n°2
Bonjour à tous !
Pour rappel, tout le monde peut voter ! Les participants également ! Il ne faut simplement pas voter pour son propre texte.
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Je tiens également à rappeler, que les textes s'envoient par mail, dans un format Word/ Wordpad. Je n'accepte pas les liens Wattpad !
Texte 1 : @fairyheart_One
Entre rêves et réalité.
Encore un jour où je me réveille les larmes aux yeux. Encore un jour où je me réveille un grand sourire aux lèvres. Je suis tellement heureuse et en même temps le manque vient s'immiscer dans mon cœur. Ce rêve était incroyable.
Je suis une Army, ou autrement dit, une grande fan du groupe BTS*. Je n'ai jamais vraiment été fan de musique, je n'ai jamais aimé personne comme je les aime. Lorsqu'ils rient, je ris. Lorsqu'ils pleurent, je pleure également. Mon esprit est emplit de pensées les concernant. Je connais leurs dates d'anniversaire, cela peut paraître tellement bête, mais je ne connais même pas celles des gens de ma famille. Je ferais n'importe quoi pour eux. Même me lever à six heures du matin pour voir sortir leurs nouvelles chansons, alors, qu'en soit, je pourrais très bien attendre. Mais si l'on me demande pourquoi je les aime autant, ou comment ils ont réussi à m'aider à m'aimer encore plus et à m'affirmer, je ne serai pas quoi répondre.
Non, je ne sais pas pourquoi je les aime autant. Quel drôle de sentiment. Mais ils rendent ma vie, et même mes rêves, d'une incroyablebeauté.
On dit souvent qu'il faut suivre nos rêves pour être heureux dans la vie. Mais je ne suis pas totalement d'accord. Je pense qu'il est mieux de rêver de sa vie plutôt que vivre ses rêves. Évidemment, c'est personnel. Évidemment, chacun trouve son bonheur différemment. Cependant, j'ai choisi de rêver ma vie. Je ne sors pas beaucoup, je n'ai pas beaucoup d'amis, je ne connais pas forcément les dernières tendances ou les grandes stars américaines et influenceurs des réseaux sociaux. Alors mes rêves sont mon seul lieu où je rencontre autrui.
Assez contradictoire, je vous l'accorde. Mais en rêves, où dans les scénarios dont je prends plaisir à inventer, tout est si simple. Les gens sont tous si gentils, où, du moins, tout se finit bien. Ils se préoccupent les uns des autres, sans rien attendre en retour. Ils s'acceptent entre eux et eux même.
Mais quel est le rapport entre mes rêves et ce fameux groupe ? En réalité, bien plus que vous ne le pensez. Quoique pour certains, la réponse est peut-être évidente. Ces sept personnes que j'aime tellement, je ne peux malheureusement pas les rencontrer dans la vie réelle, encore moins avoir des conversations avec eux et m'amuser, mais dans mes rêves...
Cette dernière année, que ce soient mes « scénarios » auxquels je pense avant de dormir ou, honnêtement, à n'importe quel moment de la journée, ou alors mes rêves, la plupart les concerne. Alors cela me rend si heureuse de pouvoir leurs parlers, même si je ne discute qu'avec moi-même. Si heureuse de les voir et de m'amuser en leurs compagnies. Mais cela me rend également si ... Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, mais un grand vide se place dans mon cœur.
C'est la raison pour laquelle chaque matin, je me réveille les larmes aux yeux. Que chaque matin, un grand sourire est présent sur mes lèvres.
Ces derniers temps, tout cela semble s'accentuer. Non seulement, je fais de plus en plus de rêves et de scénarios, mais parmi ces rêves une nouvelle catégorie est apparue. Habituellement, mes rêves n'ont pas forcément de sens même s'ils apparaissent dedans. Quand je rêve, je vois flou ou des taches noires obscurcissent ma vision, le temps n'existe pas vraiment et les lieux non plus. On comprend immédiatement que c'est un rêve. Mais dans cette nouvelle catégorie, il est impossible de savoir que c'est un rêve avant que je ne me réveille, seule. Que ce soit le temps, les lieux où même ma vision de l'espace, tout est identique à ce que je pourrais voir dans la réalité. Je peux voir les visages des personnes à mes alentours, chose qui m'est impossible habituellement, même pendant que je crée des scénarios. Chaque scène n'a pas forcément de lien temporel, ou de lieu pour le moment. Une scène peut se passer dans le passé tandis qu'une autre dans un futur assez proche. Évidemment, tous ces rêves sont centrés autour des mêmes personnes, les membres de BTS. Les rêves ont beau être différent, il y a une chose en commun. Je garde la même relation avec chaque membre d'un rêve à un autre, ou si la relation ne s'est pas encore développée, elle tend à aller dans la même direction. C'est donc à chaque fois la même chose, comme dans la vraie vie, je les aimes tous énormément, mais d'un différent type d'amour.
Arghh, je tourne autour du pot, mais j'ai du mal à l'avouer. Pourtant ce ne sont que des rêves dont je ne suis même pas maître, mais dans ces rêves, il se peut que je sois très amoureuse d'un des membres prénommé Jungkook. La sensation d'être amoureuse dans un rêve est incroyable. Tout est si doux, quand on se regarde fixement, les petits sourires, quand nos mains s'enlacent, quand il me prend dans ses bras pour me faire un câlin des plus doux et purs qu'il puissent exister. Tous ces moments passés ensemble, tous ces rires, tous ces pleurs. Un jour, il m'a dit qu'il ne pourrait jamais être heureux sans moi. Ah ... Quel menteur, mais heureusement, j'aime voir son sourire, même s'il ne connaît pas mon existence. Oui, rêver d'être amoureuse est incroyable.
Et si un jour, tout cela devenais réel ? Enfin, en aurais-je envie ? Vivre ses rêves doit être incroyable d'une certaine manière, surtout si cela se passe comme les rêves durant la nuit...
Mes pensées sont interrompues par ma mère qui m'appelle. C'est vrai, aujourd'hui, je dois sortir de ma grotte pour aller manger au restaurant. N'étant pas très loin, nous décidons de nous y rendre à pied, sur le chemin, nous croisons une personne que je connais bien : Julie. Elle est avec sa mère elle aussi. Nous sommes devenus amies lorsque nous étions encore en primaire, et nos mères sont ensuite aussi devenues amies. Cependant, j'ai déménagé pas mal de fois entre temps, pas très loin, mais le fait de ne plus être dans la même école nous a fait perdre contact. On se voyait tout de même de temps en temps, et notre lien, lui, n'a jamais disparu. D'un commun accord, nous décidons d'aller manger toutes ensemble dans le restaurant.
On arrive devant le restaurant, je regarde alors Julie. Ce restaurant, Julie et nos deux mères, les flash-back de mes nombreux scénarios me reviennent en tête. J'ai tellement rêvé de nous mangeant dans ce restaurant, mais il y avait également deux personnes en plus, le petit ami de Julie et Jungkook. Je ne sais plus exactement pourquoi, mais la discussion dans mon rêve était centrée sur moi et parlais uniquement de mes échecs. En même temps, il n'y avait pas grand-chose à dire d'autre sur moi, mais Jungkook, qui était si beau, calme et distingué à commencer à prendre la parole pour prendre ma défense. Il disait qu'il était fier de moi, il disait qu'il avait confiance en moi. Rien qu'en y repensant un sourire s'affiche sur mon visage. Quels bons souvenirs, dans mes rêves, je me sens tellement aimé. Mais la réalité, elle, me rattrape bien vite...
Je me reconnecte à la réalité, si froide. Le vide empli à nouveau mon cœur. Pourtant, je devrais être heureuse, ma mère et mon amie sont à mes côtés, mais je suis là, siseule.
Nous entrons finalement dans ce restaurant. La serveuse nous conduit à une table, malheureusement, n'ayant plus beaucoup de place dans le restaurant, on se retrouve assises devant la porte d'entrée. Le repas commence, je ne prête pas réellement attention à la conversation, au lieu de ça, je regarde les gens entrer et sortir du restaurant.
Mes yeux s'écarquillent. Mon corps se dresse. Je reste bouche-bée. C'est la moindre réaction que mon corps pouvait avoir devant cette vue. Jeon Jungkook vient d'entrer dans ce petit restaurant. Rapidement, un sourire vient remplacer la surprise de mon visage, il est bien plus resplendissant que dans mes rêves. Il regarde autour de lui cherchant visiblement quelque chose jusqu'à que nos regards se croisent. Et le temps lui, s'arrête. Ses yeux, ses magnifiques orbes marron regardant les miens. La vie se reflète dans ses yeux. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder encore et encore, jusqu'à qu'il sourit. Qui sait, il a peut-être compris que j'étais une de ses fans ? Il s'approche alors de moi, et s'arrête là, juste devant notre table.
« Moi aussi, je t'aime ». C'est le message qui s'affiche sur mon écran coupant la tension si agréable de ce long regard. Le regard de toute la table est attiré par la notification de mon téléphone, y compris celui de Jungkook.
« Ohhh, Marie ! Tu ne nous avais pas dits que tu avais un petit copain !» s'exclame avec joie la mère de Julie.
Avant que je ne puisse répondre que ce message venait d'un groupe d'Army et qu'il était purement comique et aucunement véritable, je vois Jungkook pousser sa langue contre sa joue. Son regard lui avait bien changé. Précédemment si doux, il était maintenant empli d'agacement.
Cependant, il finit par prendre la parole, s'adressant à mon amie. Il lui demande si la grande table touchant la nôtre était libre. Je regarde alors Julie en attendant sa réponse, mais rien. Elle a l'air de réfléchir, étonnant pour une question si simple. Une question simple, mais qu'il avait posé dans sa langue natale, le coréen. C'est évident, elle n'a sûrement juste pas compris la question. En lui souriant, je réponds à la place de mon amie, sachant parler un peu de coréen.
Je n'aurais jamais dû prendre cette initiative.
En colère, le jeune homme aux cheveux noir me regarde avec dégoût. « Ce n'est pas à toi que je parlais. »
Julie prend alors la parole « He, Jungkook calme toi ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Elle n'a rien fait de mal ». Tout cela en coréen.
« Oh, tu parles coréen aussi ? Pardon, je croyais que tu ne comprenais pas la question alors- ». Je commence à m'excuser quand il me coupe la parole.
« Et oui, tu n'es pas la seule à parler le coréen » me dit-il avec mépris, tout en levant les yeux. Mon cœur se sert. Il est si différent par rapport à mes rêves. Tout est si différent. « Alors pas besoin d'être aussi fière de parler cette putain de langue alors que n'importe qui peut le faire. » Continue-t-il. Il regarde alors à nouveau Julie et lui dit « Tu ne devrais pas lui faire confiance, on dirait qu'elle est du genre à baisser les autres pour se mettre en valeur ».
« Nan je ... » j'essaye alors de m'expliquer, maisil m'ignore en continuant de parler. Cette fois-ci, il s'adresse à moi.
« Je ne laisserais personne faire du mal à ma petite amie ».
Évidemment, ce n'était pas moi qu'il regardais, évidemment ce n'était pas à moi qu'il souriait, évidemment ce n'était pas de moi qu'il s'approchait.
La surprise m'envahit, alors ils sont en couple ? Je regarde Julie, elle aussi est surprise. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce qu'il dévoile ce secret. Je comprends mieux, pourquoi il était autant sur la défensive. Un sourire immense s'affiche alors sur mon visage. « C'est vrai ? Vous êtes ensemble ? »
À ce moment-là, je suis tellement heureuse. Tellement, tellement heureuse. Le Jungkook que j'ai toujours admiré était tombé amoureux d'une personne. Cela signifiait forcément qu'il était heureux, n'est-ce pas ? Surtout avec Julie, c'est une fille si formidable.
Je suis tellement heureuse et pourtant, je ne peux empêcher mon cœur de se briser.
Ce n'était qu'en rêve, mais je l'aimais tellement et il m'aimait tellement lui aussi. Alors voir ce même visage me regarder avec tant de haine, voir ce même visage déclaré son amour à une autre personne, oui, c'est affreusement douloureux. Il m'aimait en rêve. C'est ce qu'il disait. Il disait qu'il était fier de moi. Il disait qu'il avait confiance en moi-
« Alors pas besoin d'être aussi fière », « Tu ne devrais pas lui faire confiance... ». Ces mots, c'est pourtant ce qu'il vient réellement de me dire.
Mais mon sourire reste sur mon visage. Partiellement parce que je suis heureuse et partiellement parce que l'intérieur de moi est tellement dévasté que c'est la dernière chose que je sais faire, sourire.
Je leur souhaite tout le bonheur du monde, et je pense vraiment ce que je dis. Cependant, le visage de Jungkook se crispe davantage. Il est toujours en colère contre moi. Je me lève alors de la table disant allez fumer. Mais en réalité, je veux juste m'éloigner de tout ça. Je n'ai même jamais touché une cigarette de ma vie. Je ne sais pas comment comprendre mon cœur, si heureux et détruit à la fois.
Une fois sorti, les larmes explosent. Chaque organe à l'intérieur de moi se sert. Ma gorge est tellement serrée que je ne peux plus parler ou crier. Je commence à avoir du mal à respirer. Tout ça pour ça. Tant de sentiments contradictoires étaient en moi. J'étais tellement déçu du comportement de Jungkook, mais je l'aime tellement en tant q'Idol que je ne peux m'empêcher de l'aimer. Hors de mes rêves, même si ce n'était qu'un personnage qu'il s'était créé, il m'avait tellement aidé dans la vie de tous les jours. Et dans mes rêves, il était... mon refuge. Il m'a apporter tant d'amour. J'ai réussi à croire en moi grâce à ça. Mais tout ça, tout n'était que du vent ?
La réalité fait tellement mal.
Mais malgré cette douleur, je reste tellement heureuse. Tellement heureuse qu'il ai trouvé la personne qu'il a été pour moi. Je suis tellement heureuse de l'imaginer heureux, même s'il ne m'implique pas dedans.
Tout cela aurait été plus simple si je pouvais le détester, mais je l'aime bien trop pour une telle chose.
Je n'arrive plus à réfléchir. Même mes yeux ne veulent plus voir. Mon corps supporte à peine mon poids. Je rentre dans une personne, cela suffit à me faire m'écrouler sur mes genoux. Je lève légèrement la tête, le visage plein de larme. Yoongi. Mon meilleur ami, enfin, dans mes rêves. Mais je ne rêve pas, c'est bien Yoongi, aussi appeler Suga, un des membres de BTS lui aussi. Je veux juste m'excuser et partir. Je ne veux même pas croiser son regard. Je veux juste m'enterrer et ne plus exister, je veux juste dormir. Je veux juste rêver. Ça fait mal, ça. Les seules personnes chez qui je peux me retourner sont celles qui m'ont mise dans cet état, ironique, non ?
Mon téléphone est explosé au sol, je le prends tout de même. Ce n'est pas mon téléphone, c'est sûrement celui de Yoongi. Je lève alors la tête m'excusant, encore. C'est visiblement la seule chose que je sais faire. Je lui tends le mien. « Prends le, je suis désolé d'avoir cassé le tien ».
Je raconte vraiment n'importe quoi. Il est riche de toute façon, ce n'est pas mon petit téléphone sorti de nul part qui va le satisfaire. C'est à ce moment précis que nos regards se croisent, qu'il voit réellement mon visage.
« Himée !? »
Comme si ce n'était pas suffisant, Seokjin, le plus âgé du groupe arrive lui aussi et vient au niveau de Yoongi. Lui aussi me regarde. Lui aussi voit son visage se décomposer de surprise. Ils se regardent alors tous les deux dans les yeux.
« Himée... » Lâche Seokjin dans un souffle.
« Comment, comment vous connaissez ce nom ? ». Ce nom, c'est le nom par lequel ils m'appelaient toujours dans mes rêves, au lieu d'utiliser mon vrai prénom.
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Tous les trois nous somme à présent assis sur le sol du parking. Pendant que Seokjin tente de soigner mes genoux légèrement égratignés pendant ma chute, je parle avec Yoongi. Je lui parle comme si c'était celui de mes rêves, lui disant toute la vérité de ce qu'il venait de se passer. Une fois fini, Yoongi se lève brusquement, il est visiblement en colère lui aussi. Il rentre alors dans le restaurant et attrape Jungkook par son col puis le traîne jusqu'au parking, jusqu'à là où nous sommes. Jungkook tourne la tête, évitant de me regarder, toujours en colère. Yoongi prend alors le plus jeune par le menton et le force à me regarder. « Comment tu as pu la mettre dans cet état ?? Sérieusement, putain ! Elle ! Tu sais très bien de qui on parle n'est-ce pas ? Tu l'as reconnu hein ? Évidemment, quelle question... c'est toi qui l'aimes le plus. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Réponds putain, je te parle ! » hurle Yoongi, sa voix se brisant peu à peu, ses yeux brillants.
« Ce n'est pas elle. Non, ça ne peut pas être elle ! Elle... Elle... » tente de se justifier Jungkook.
« Quoi, elle ? Regarde-la dans les yeux et ose me dire que ce n'est pas elle ! »
Il me regarde alors et sa colère est remplacé par ces orbes marron qui brillent. Mais sa mâchoire continue à se serrer. «Je ne veux pas que ce soit elle ! »
« Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu as même appris une langue pour pouvoir lui parler plus facilement et tu me dis ça ? » rétorque Yoongi.
« Parce que je ne veux pas de cette réalité ! Je ne veux pas d'une réalité où elle aime un autre homme que moi ! Je l'ai vu, le message qu'elle a reçu. Alors je suis égoïste ! Oui ! Mais je ne veux pas accepter cette putain de réalité ! »
Yoongi est surpris. À lui aussi, cela paraît impossible. Himée, ou Marie, semblait tellement l'aimer dans ses fameux rêves. Quand ils l'ont vu, ils ont compris. Compris que tous ces moments partager pendant qu'ils dormaient n'était pas seulement des rêves. En réalité, ils l'avaient compris depuis longtemps. Comment cela était possible que sept personnes rêvent d'une même personne et d'une même histoire. Mais rencontrer Himée à confirmer que cela ne pouvais être de simple rêves.
« Tu - tu aimes vraiment un autre garçon ? » me demande Yoongi, abattu et déconcerté.
« Je lui ai dit que je sortais avec une autre fille, elle a... elle a souri. Elle était tellement heureuse, elle nous a souhaité le meilleur ?! » répond Jungkook à ma place.
Je souris. Je ne sais pas quoi faire d'autre que sourire. Cela n'a tellement aucun sens.
« Comment peut-elle être aussi heureuse ?! Elle m'avait dit qu'elle m'aimerait pour toujours ! Elle m'avait dit que peut importe la réalité elle m'aimerais ! Elle m'avais dit qu'elle avait besoin de moi, de nous, pour être heureuse ! Elle m'avait dit toutes ces choses ! Alors pourquoi ? Pourquoi elle est aussi heureuse de me voir loin d'elle ? Aussi heureuse de me voir avec quelqu'un d'autre ? Aussi heureuse d'être avec quelqu'un d'autre ? C'est enfantin, je sais. Après tout rien ne prouve qu'elle aussi a fait ses rêves, rien ne prouve que c'est elle, mais je ne peux pas voir ça. Tu comprends Yoongi ? Ça fait trop mal ! Putain ! Je ne peux pas supporter ça ! »
Comment avait-il pu exprimer si facilement ce que je ressentais également ? Tous ces moments n'était pas que des rêves, non. Tout cet amour, tout ce réconfort, ils étaient réels. Je lui tend alors mon téléphone que Yoongi ne m'avais jamais pris et lui montre la conversation du fameux message. Il le prend et lit. Je prend ensuite la parole, ma gorge me permettant enfin d'aligner quelques phrases. « Alors c'était réel tout ça ? Merci. Merci, vraiment, merci. Pour tout. Vous êtes tellement... tellement tout. Tu as raison, je ne pourrais pas être heureuse avec un autre que toi, je te l'ai dit, et je le pense. Je t'aime bien trop pour cela. Je t'aime beaucoup trop. Mais tu ne peux pas me reprocher de vouloir te voir heureux. D'espérer que tu sois heureux avec ou sans moi. Parce que, bien plus que d'être qui que ce soit, je veux que vous soyez heureux, tous les sept. Peut m'importe le prix, peut m'importe si cela me blesse. »
Des larmes coulent sur le visage du jeune aux cheveux noirs, il lâche mon téléphone, et me prend dans ses bras. « Tu n'as plus à être blessé désormais, je suis désolé pour tout ce que je t'ai dis aujourd'hui, j'étais juste jaloux et en colère » me dit-il. Je sens enfin sa chaleur contre moi, c'est si agréable. J'entends son cœur battre, il ralentit avec le mien. Ma gorge se desserre totalement . Mes pensées se calment. Il est vraiment mon refuge. Au final, tout cela n'était qu'un quiproquo.
Oui. Tout cela n'était qu'un malentendu.
Oui. Tout cela n'était qu'un autre scénario.
Encore un nouveau scénario. Celui-ci m'a vraiment fait mal au cœur, mais finalement, il s'est bien terminé. Waouw, je ne peux même plus m'arrêter de pleurer. C'était... fort. Mais comme d'habitude, tout se finit bien. Comme d'habitude, tout avait une explication et comme d'habitude, au final, tout le monde était gentil. Mais j'aime ça. J'aime rêver ma vie plutôt que vivre mes rêves. Dans la vraie vie, tout ne serait pas aussi joyeux, non, je n'aurais été que déçu. C'était un moment fantastique. Merci.
BTS* : Groupe de musique sud-coréens composée de sept membres : Kim Namjoon (RM), Kim Seokjin (Jin), Min Yoongi (Suga), Jung Hoseok (j-hope), Park Jimin (Jimin), Kim Taehyung (V) et Jeon Jungkook (Jungkook)
Texte 2 : @Paupaupin
Une figurante importante
Quand je rentrai dans le petit café, la chaleur de celui-ci m'accueillit. Avec le peu de rapidité que mon corps gelé contenait encore, je me dirigeai vers ma place habituelle : celle du fond, bien cachée des regards. J'enlevais tour à tour mon manteau et mes mitaines quand une serveuse, vint me voir.
- Bonsoir, vous désirez prendre quelque chose ?
- Oui, comme d'habitude s'il vous plaît.
Je venais ici chaque jour après les cours. Je commandais la même chose. Et j'observais ceux que j'avais nommés les « figurants de ma vie ». Ces gens que je ne recroiserais peut-être jamais, qui avaient chacun un but, des habitudes et une vie différentes. Mais ces figurants influençaient toujours mes pensées et mon imagination, ils étaient importants. Je regardai le jeune couple au centre de la salle : ils étaient dans leur bulle, le brouhaha autours d'eux ne les empêchait pas de se regarder amoureusement. Elle portait une robe au motif vichy et lui, ce qui ressemblait à un costume. Et puis, ces deux hommes près du comptoir qui avaient démarré une partie d'échecs : ils riaient de l'erreur que l'un avait faite. Pourquoi tout le monde avait l'air heureux ? Qu'est-ce qui leur donnait cette bonne humeur ? Est-ce que chacun avait trouvé une source de bonheur ?
La serveuse interrompit le fil de mes pensées en déposant, sous mon nez, ma commande. Mes narines s'emplirent de cette merveilleuse odeur de chocolat chaud. Mais la vapeur qui émanait de la tasse m'indiqua qu'il était encore trop tôt pour y goûter. Je continuai donc ma réflexion sur ce bonheur qui m'était inconnu. Où aurais-je pu trouver quelque chose qui me rende heureuse dans ce monde qui me paraissait si terne ? Les seules émotions que je connaissais vraiment étaient la tristesse, la lassitude, la solitude de ma vie. Voir les autres de mon âge se sociabiliser et se créer un monde que je ne comprenais pas, me sentir à l'écart, en trop, être invisible parfois, faisaient partie de mon quotidien. Ce manque de bonheur, ce « vide » prenait de plus en plus de place dans ma tête et dans ma vie. Il venait chaque jour me détruire un peu plus. Je pris la tasse blanche et bus une gorgée qui me brûla la gorge. J'essuyai la moustache de mousse qui s'était formée au-dessus de mes lèvres, puis poussai la tasse et sa coupelle vers un côté de la petite table en bois. Je ramenai mon cartable à mes côtés, sur la banquette rouge et entrepris de faire mes devoirs. Je détestais ça. La simple idée d'avoir des obligations me faisait enrager, mais avec le temps, je m'étais forgée une réputation « d'intello ». La fille discrète de la classe qui accumulait les bonnes notes et qui était gentille et naïve aux yeux de tous. La figurante invisible. Ah ! S'ils savaient à quel point je détestais l'école, à quel point je détestais les devoirs, à quel point je détestais les gens... à quel point je détestais ma vie. Cette image que j'avais forgée involontairement, je ne pouvais pas m'en défaire. Je n'aurais pas supporté le regard des autres. Alors j'ouvris mon cahier et fis ce qu'il y avait à faire, le minimum qu'on m'avait demandé. Pour l'évaluation du lendemain ? Je relirais une seule fois le soir-même et je la ferais à ce que les autres appellent le « talent ». Moi j'appelais ça le hasard de la mémoire.
Une fois mes contraintes terminées, je pouvais enfin boire sans danger le chocolat qui était juste à la bonne température. Le temps s'était arrêté en même temps que mes pensées, et je profitais de ce moment « neutre » sans réflexions superflues, quand j'entendis les tintements aigus de la clochette. Elle était de nouveau là. Elle se dirigea vers sa place habituelle, près de la fenêtre et, comme moi, elle observait les gens. Vint mon tour. Comme régulièrement, on s'analysait réciproquement. Elle avait la trentaine et j'avais 13 ans ; elle était blonde et j'étais brune ; elle avait les yeux bleus et les miens étaient bruns, mais hormis toutes ces différences, je pensais que nous nous ressemblions. Elle sortit un calepin et un stylo, puis s'enferma dans sa bulle. J'étais emprisonnée dans mes pensées et elle se réfugiait dans son monde : deux bulles qui ne devaient sans doute rien avoir en commun. Le lendemain, j'irais lui parler.
Je ne la connaissais pas, mais je sentais que je pouvais lui faire confiance. Alors cette fois-ci, je m'assis à la vue de tous : je m'assis près de la fenêtre. Et à cet instant, je compris. Cette fenêtre était le meilleur poste pour observer les gens, TOUS les gens, contrairement à ma cachette au fond du café. Un serveur vint m'apporter un chocolat chaud, tandis que je gardais obstinément les yeux fixés sur la porte rouge. Elle viendrait. Le tintement des clochettes résonna et elle me vit. Elle avait compris. Et moi qui pensais que vaincre ma timidité et lui parler serait compliqué, je me trompais complètement. Nous parlâmes tout d'abord du café et ce qu'il nous apportait à chacune, puis la conversation dévia sur nos activités respectives à l'intérieur de celui-ci. Elle écrivait une saga.
Nous nous revoyions chaque jour à la même table depuis, et elle me faisait lire chacun des chapitres de son histoire. Plus les pages tournaient, plus mes pas s'éloignaient de la fenêtre. Entraînée dans ce flot de magie, j'en oubliais mes pensées.
« Tout était bien ». A partir de ces mots, le vide revint, et elle ne revint plus. Mais cette fois ce n'était pas le vide lui-même, c'était un manque, douloureux mais supportable. Elle m'avait aidée, inconsciemment. Peut-être qu'un jour je réussirais à faire la même chose. Mais aujourd'hui, seule, dans ma chambre, j'éclairai mon bureau et sortit un bout de papier déchiré et un stylo. « Tu t'appelles Harry Potter et tu es en route pour l'école. Tu es en route pour aller à l'école des sorciers... ». C'était venu comme ça pour elle, et différemment pour moi, mais une fois commencé, le travail devait être terminé. Sans m'en rendre compte, j'avais trouvé ce qui me rendrait heureuse. Le petit bout de papier se transforma vite en une pile de feuilles volantes où étaient partagés sans honte mes flots de pensées et idées.
Merci J.K. Rowling de m'avoir fait découvrir ma passion pour l'écriture.
Texte 3 : @Colder_Kiss
Héra Smith était une bonne amie, mais dieu qu'elle n'était pas patiente. Ni fatigable d'ailleurs, ce qui n'était pas mon cas.
— Dépêche toi, tu vas voir, elle est là ! Tu crois qu'elle va accepter un autographe ? Je me demande bien comment elle est ! Grouille Kelsie, on est déjà en retard.
— Excusez moi madame de ne pas savoir faire la Usain Bolt sur trois étages !
C'est grâce à elle du moins que ma vie va shifter du tout au tout. Alors cela méritait bien, un petit court de sport dans tous l'université !
Enfin j'atteins la fin de ses foutues escaliers. Essoufflée, je n'eus même pas le temps de souffler, ma meilleure amie me prit déjà par le poignet. C'est ça, aucune patience ! Même pas la moindre pitié pour ceux qui ont failli avoir les poumons atrophiés ! Les petites portes se succédèrent. On s'arrêta enfin à la fin du couloir, devant la porte 2. Et déjà, on pouvait entendre une grande voix s'exclamant à l'intérieur de la salle.
J'avoue. Je suis hypée, ok ? Je veux dire que c'est pas n'importe qui et... ça y est, la crise de fan de Héra m'a contaminé, oh misère ! Mes pieds trépignaient déjà d'impatience et ma raison s'en alla se faire voir. Ok, je bouillonne d'impatience, c'est bon ?
Héra m'observa, des pépites dans les yeux avant d'ouvrir la porte.
Elle était là, un sourire aux lèvres et le temps sembla s'arrêter. On aurait dit que le décor muait en affiche de cinéma. La golden hour, tapissant les murs, les élèves et sa peau olive. Ses tâches brunes exhibées fièrement sur son visage. Ses cheveux longs et brun, balayé à la mélodie du petit vent. Sa bouche trempés dans du vieux rose et étirée de toute leur longueur par un sourire solaire. Ses joues creuses. Sa peau olive. Et enfin, ses yeux verts éclatant, joueur, rieur, espiègle. Vert comme l'échappatoire de la nature, la pureté d'une pierre de jade, la rudesse d'un émeraude. Et ses yeux là me regardèrent.
Dès lors ; dès ce moment arrêté dans le temps, j'ai su que cette femme aurait une plus grande influence sur moi que ce je pouvais imaginer. Ça c'est avéré vrai.
***
— Bonjour. Ne faites pas cette tête là, je ne suis pas très regardante sur les retards. Asseyez vous, nous faisions justement connaissance.
Cette voix. Alors à la cafeteria, je ne pus me détacher de cette voix. Elle tournait en boucle autour de ma tête, caressait mon cou, flattait mon cerveau et sublimait ma vision. Ce n'est qu'une putain de voix de la part d'une putain de prof ! Je me répétai cette litanie en boucle, il le fallait..
— Meuf tu te décides à choisir ou tu comptes rester là à regarder l'écran ?
Merde. La cafet. Me dites pas que j'étais là à rêvasser devant la serveuse ? Zut, crotte, purée ! Et en plus, une petite file indienne s'était formée derrière moi ! Génial
— Heu... Un sandwich au saumon s'il vous plaît, et une canette d'Ice Tea.
Je repensai encore à... Non ! Il fallait que je paye avant de m'en aller dans le pays des rêves. Je farfouillai dans mon sac à dos. Que des feuilles, que des vieux emballages, une bouteille d'eau, des milliards de cahiers mais rien ! Où est passé ce foutu portefeuille !? Je relevai la tête. D'accord, la serveuse en avait marre. Je le voyais dans ses yeux bleu qu'elle n'avait qu'une seule envie, me faire virer à droite !
Farfouille plus vite Kelsie, plus vite! Mes mains tremblaient. Évidemment je détestai être sous pression ! Mes clefs, mon portable, des stylos... que des putains de stylos !
– Mets ça sur ma note Celia. Et prends moi ma commande s'il te plaît.
Cette voix ! Je ne l'avais entendu qu'une fois dans la journée mais je la reconnaissais déjà. Je relevai la tête, et elle m'apparut comme une projection divine. Mme Tonkin. Phoebe Tonkin ! Elle semblait auréolée de lumière et elle était là. Et elle me souriait. Et me regardait aussi avec son regard verts émeraude qui...
– Vous avez perdu votre portefeuille Retardataire ? Ricana t-elle en me donnant ma commande.
Il faut que je touche ses mains. Ses doigts, il faut que je la touche ! Il le faut ! Oh non, je suis devenu pire que Héra ! Mais que voulez vous que je fasse face à ses yeux, et à ses lèvres pincées si rose !
Je l'attrapai. Peut être un peu violemment, dès que le contact se fit, elle se retira aussi vite que si elle touchait de la lave. Génial, Kelsie, magnifique !
Soudain, un grand rire résonna. Son rire. Un rire. Solaire. Grand. Inadapté. Je meurs, c'est si beau. Mais... est ce que c'est moi qui l'ait fait rire ? Ses yeux se recentrèrent sur moi, et d'un petit geste, elle m'incita à m'éloigner avec elle dans le couloir des classes.
– Est ce que ça te dirait de manger avec moi ? J'ai un truc à faire et je sens que t'es la personne parfaite pour ça !
Personne. N'est parfait. Pour ça ? À part moi ?
– Heu j'aime... oui, enfin j'aimerai... je veux bien faire le truc !
Oulala non non non.
— Enfin votre truc.
Encore pire ? Est ce qu'elle a un cerveau aussi doué que moi pour trouver les double-sens ?
— Vous m'avez compris. Rectifiais je une énième fois avant de baisser les yeux.
— Oui ah, rit elle joyeusement.
Enfin joyeusement, elle sautillait presque comme une enfant et le sourire ne voulait pas quitter ses lèvres. Je ne sais pas si je l'a fait rire ou si elle se moque de moi. N'est ce pas la même chose ?
***
Ma bouche se décrocha presque de ma mâchoire.
— Quoi ? Dis je comme si c'était la seul chose qui pouvait sortir parmi le chaos.
— Quoi quoi ?
— Je ne peux pas faire ça enfin, c'est...
Elle arqua son broussailleux sourcils. Alors seules dans le grand amphi, sa demande a fait battre mon cœur plus vite que de raison.
— Ce n'est pas ce dont tu avais envie ? Tes regard, tes sourires, tes mains. Aurais je mal interprétée tous ça ?
Bien sur que non. Elle avait tout compris. Autant que son sourire comprenait le oui qui me pendait au lèvres. Malgré tout, ma raison me forçait à être difficile.
— Sortir avec vous ? Pour relancer votre image publique ?
— Exact, faut que ça buzz !
— Bien sur je n'ai que ça à faire.
L'intonation de ma voix n'était pas bonne. On aurait dit que je la suppliait pour le faire. Et puis j'avais accepté sans l'once d'une hésitation. Pire, sa main sur la mienne m'électrocuta d'un seul coup. Comment avais je même pu penser lui dire non ?
Texte 4 : @KMYgrec
I
Le Devant
Ce que je m'apprête à vous raconter va totalement à l'encontre de vos croyances. Vous qui les voyez sur vos écrans, souriants, maquillés et vêtus de luxe...
Je ne sais pas vraiment si j'en ai le droit. Je pense qu'il me punirait s'il venait à découvrir ce que je suis sur le point de vous révéler. Je dois faire vite. Pendant qu'il n'est pas là...
Par où commencer ? Ah oui... c'est depuis ma rencontre avec elle que l'enfer s'est déchaîné... Oui, c'est depuis ce jour que ses noires flammes ont commencé à ronger mon âme.
J'y étais enfin parvenu. J'avais enfin gagné ma place parmi les plus grands. Ce soir-là, j'avais joué un match contre les Lakers. J'étais dans l'équipe des Bulls.
Encore une fois, j'avais fait un match incroyable ; tous ces mois de dur entraînement, durant lesquels je m'entraînaient à vomir, à mourir. Si seulement j'étais mort...
J'avais conclu ce match avec un panier au buzzer, acclamé par le public, tapé et étreint par mes coéquipiers. Tout le monde m'adorait. Il faut dire que j'avais fait un match remarquable... si je me souviens bien en tout cas.
À chacune de ses visites, ma mémoire faiblit et me joue des tours.
En rentrant ce soir-là, après mon match, je reçus un appel : j'aimais le basket-ball. Les sensations qu'il me procurait, le bruit des baskets sur le parquet, le son du filet qui fouette le ballon quand celui-ci rentre en un magnifique trois points.
C'est pour tout cela que je m'étais autant investi. Que j'avais voué tout mon temps libre à ce sport. La célébrité, la vie de luxe, les journalistes, la télévision... tout ça ne m'intéressait pas plus que ça. C'est sûr que l'argent est aussi une motivation, mais certainement pas tout ce qui va avec.
Malheureusement, cela devait arriver. Je décrochai le téléphone : et c'était un présentateur au bout du fil, de dieu sait quelle émission new-yorkaise. Il m'invitait pour y participer.
- Isiyah, me réprimanda mon agent, tu n'est plus censé recevoir ce genre d'appel. C'est moi qu'ils devraient appeler pour cela.
Cependant, ajouta-t-il après s'être massé les sourcils pour rafraîchir ses pensées, tu devrais accepter. Cette émission serait bénéfique pour ton image, les gens l'apprécient. Raccroche s'il te plaît, ils n'ont pas le droit de t'appeler directement. Je vais les rappeler, et les engueuler un coup avant de parler de leur invitation. Demain, on ira changer ton numéro, et partage-le uniquement à quelques proches, d'accord ?
- Bien sûr, lui dis-je en raccrochant, désolé Jacob. Je ne sais même pas comment ils ont eu mon numéro...
Quand j'allai me coucher ce soir-là, j'eus du mal à trouver le sommeil. J'étais excité et curieux, mais mon esprit était plein d'appréhension.
On dit beaucoup de choses à propos du subconscient... peut-être qu'à ce moment là, le mien était déjà conscient de ce qui allait arriver ?
- Mes chers téléspectateurs, nous avons un invité très particulier ce soir ! Il nous vient tout droit de la France, ce pays plein de romance ! Encore si jeune, mais il a su conquérir le coeur de tous, par ses talents et ses démonstration chez les Bulls !
Mesdames et messieurs , veuillez accueillir le nouveau grand favori de cette saison de NBA, Isiyah Vellmont !
C'est sous les acclamations et les cris du public que j'arrivai sur le plateau. Habillé d'un costume bordeau par dessus une chemise noire. Je me rappelle que c'était assez confortable, mais j'étais tellement moins alaise qu'en short et en basket, comme lors de mes matchs.
Il régnait sur le plateau une odeur qui mêlait les parfums des autres invités, et du présentateur. C'était à la fois agréable et entêtant.
Tout ce luxe et ces odeurs... c'était tellement différent du parquet des terrains, avec ses deux paniers et des gouttes de sueur ici et là.
- Comment vas-tu ce soir, Isiyah ? me dit le présentateur.
Il était noir de peau, assez large d'épaule malgré son ventre imposant. Sa carrure, sa moustaches et ses gestes lui donnaient un charisme certain.
- Très bien, merci Malcolm, repondai-je, en essayant de paraître alaise. Mais j'avoue que ce plateau est bien différent des parquets. Je suis plus alaise en short.
Tous se mirent à rire, les spectateurs, Malcolm et, bien sûr, les autres invités.
Je profitai de ce bref instant pour les regarder, voir qui ils y avait.
Il y avait Brad Pitt. Premier choc. Johnny Depp. Là, mon cœur rata un battement.
Jennifer Lawrence. Le souffle me manqua brusquement.
Et enfin, alors que j'étais encore étourdi par tous ces visages, si familiers quand je les voyais à travers des écrans, mais qui me mettaient réellement mal à l'aise une fois en face, je la vis. Elle était si belle, et son sourire si doux.
Était-ce ma réplique qui avait provoqué ce rire de Selena Gomez, ou alors jouait-elle la comédie, comme je m'apprêtais à le faire pour entretenir mon image ?
Car oui, ni moi, ni aucune de ces personnalités, n'étions là par pur plaisir ; nous étions tous là pour jouer un rôle. Pour ravir les fans et les téléspectateurs. Pour nourrir les médias et leurs gros titres. Et tout ça, pour cultiver notre image, et ainsi continuer à pouvoir faire ce que nous aimions : chanter, faire des films, jouer au basketball...
Bien qu'à l'époque, je n'étais encore qu'un jeune poulain dans ce jeu de rôle, j'étais déjà conscient qu'il s'agissait bien d'un jeu.
- Je l'adore déjà, celui-là ! dit Malcolm après un fou rire sûrement forcé. Non, désolé Isiyah, je ne t'ai pas invité pour jouer ce soir. Même j'aurais adoré te voir marqué un de ces trois points qui ne ratent jamais !
Non je vous jure, renchaina-t-il pour ceux qui ne suivaient pas forcément le basketball, quand il shoot, c'est comme si la balle était attirée pas l'arçeau ! Tenez, mettez moi quelques unes de ses actions les plus spectaculaires !
Il était très fort. C'était comme s'il avait ça dans le sang. Il parlait aux caméras et aux spectaculaires comme s'il parlait à un nombre incalculable d'amis d'enfance.
C'était dans ces pensées qu'était perdu mon esprit, alors que tous regardaient quelques un de mes plus beaux tirs. J'étais toujours gênés dans ces moments, alors je préférais sourire et remercier les cris impressionnés d'un geste du bras.
Par curiosité, mais aussi, je l'avoue, parce que je voulais l'admirer un peu plus, mon regard alla vers Selena Gomez.
Elle riait et applaudissait. Son visage brillait. Elle était splendide, avec sa robe émeraude et ses quelques mèches rebelles qui lui tombaient devant les yeux. Yeux qui, doucement, peut-être par curiosité aussi, se mirent à chercher les miens.
Si seulement ils ne les avaient jamais trouvés...
Mais ils les trouvèrent, et quand nos iris se joignèrent enfin, une chose étrange, inconnue, effaça la joie de son visage. Son sourire disparu pour laisser place à un visage blême, nauséeux. C'était comme si elle souffrait sans pouvoir crier.
Et à ce moment là, alors que je croyais regarder Selena Gomez, j'eus un choc. J'avais l'impression d'être face à un être mauvais. Une entité puissante, venue du fond des enfers, qui parcourait déjà la terre avant-même que les premiers hommes n'aient apparu en ce monde.
Et cette impression, qui hérissa mes cheveux sur ma nuque et me donna de violentes sueurs froides, fût si brève que je l'oubliai presque aussitôt.
Elle disparu d'ailleurs totalement de ma mémoire quand Selena, après un imperceptible hauchement de tête, se remit à sourire, cette fois en me regardant, curieuse.
- Mais quel joueur fabuleux ! Enfin Isiyah, que t'arrive-t-il ?
Apparemment, mon choc n'avait pas disparu de mon visage. Je devais vite me reprendre. Mais son regard me perturbait ; elle semblait maintenant captivé par tout mon être.
- Je... Pardon Malcolm. Merci à tous pour vos applaudissements ! Ça me fait réellement plaisir, et je suis ravi que vous appréciez mon jeu.
- Ton jeu est plus que bon c'est vrai. Mais TOI, tu es spectaculaire !
Nouveaux cris. Mais je ne les écoutais plus. C'est à peine si je les entendais. Toute mon attention était portée sur la magnifique femme devant moi, assise sur un fauteuil noir qui mettait en valeur aussi bien sa tenue verte que ces cheveux bruns. Elle n'aurait pu être plus belle.
Malheureusement, je devais me contenter de quelques regards timides, en billet, pour ne pas paraître trop gênant. Mais elle... Seigneur. Elle me fixait, sans ciller. Ses yeux ne me lâchaient pas.
Chaque fois que je la regardais, ses yeux étaient sur moi. Mes regards, que je voulais discrets, paraissaient donc ridiculement insistants. Et moi, je paraissais faible.
J'étais là. À son niveau. Je n'étais plus l'enfant rêveur de l'époque. Je me trouvais sur ce plateau justement car j'avais réussi à m'élever au rang de - je n'aime pas vraiment cette expression - star.
Mon statut avait changé, je devais maintenant changé mon état d'esprit, et adopter le comportement que Johnny Depp ou Brad Pitt, qui étaient là, auraient adopté.
Fini les regards en billet. Je me mis à la regarder plus longtemps. Pas trop, pour ne pas paraître étrange pour les autres, et insistant pour Selena.
Elle nota ce changement. Le jeu avait changé. C'était maintenant un jeu à un contre un, dont je ne connaissais pas les règles avec précision. Mais nous étions tous les deux lancés.
Ainsi se déroula l'émission de ce soir. Elle et moi écoutions à peine ce qui se passait sur le plateau, mais deux choses étaient certaines ; je lui plaisais, et elle, elle me plaisait davantage à chaque regard, à chaque geste, à chaque sourire...
Malheureusement, tous les jeux doivent finir un jour. Et celui-ci prît fin quand Malcolm salua les spectateurs et les caméras, en leur disant ''à demain'' ou ''à la semaine prochaine'', je ne sais plus.
Quand à nous, les invités, nous nous contentions de sourire en saluant de nos mains ; car non, ce jeu là n'était pas encore fini. Jusqu'à ce que nous quittions enfin le plateau, les caméras et les projecteurs, pour nous retrouver dans le couloir où chaque porte menait à nos loges respectives.
L'émission avait insisté pour que nous sortions tour à tour, pour ne pas savoir qui allaient être les autres invités. Là, nous regagnions chacun nos loges. Quant à moi, je ne pensais qu'à Selena Gomez...
II
Elle
Alors que je me dirigeais vers la porte de ma loge, impatient de me retrouver seul avec moi-même, après avoir passé un si long moment devant les caméras, une voix m'apostropha.
- C'est plus épuisant qu'il n'y paraît hein ? De se retrouver devant les caméras.
C'était Selena Gomez.
- Je... Oui. C'est épuisant, dis-je.
Quel imbécile. Répéter bêtement ce qu'elle m'avait dit. Je n'avais rien trouvé de mieux à repondre.
- Tu sais, il n'y a ni caméra, ni présentateur intrusif ici. Tu peux décompresser un coup.
Alors comme ça, elle non plus n'appréciait pas forcément le genre de Malcolm.
- Ses questions te dérangeaient, toi aussi, tentai-je.
- Ses questions ? C'est plutôt des attaques ! Ils offre aux paparazzi et aux médias des armes contre nous !
- Tu vois ça comme ça toi ?
- Quand il te demande ton avis sur tel ou tel joueur, ou telle ou telle action par exemple ; il attend que tu critiques un joueur ou une équipe pour que les médias t'allument.
- Quoi ?! Je n'ai même pas fait attention !
- Tu t'es plutôt bien débrouillé, pour un nouveau. Bien mieux que moi à mes débuts ; j'ai passé des mois à recevoir des menaces et des critiques pour avoir avoué que je trouvais la robe d'Emma Stone trop colorée.
Nous éclatâmes alors de rire, tandis qu'elle tentait de continuer, difficilement.
- Ce n'était que mon avis ! Elle était splendide dans sa robe ! J'ai dit ça parce que ce n'était une robe que je porterais !
C'était le moment de tenter quelque chose.
En respirant après mon fou rire, j'osai alors :
- D'ailleurs, j'aime beaucoup ta robe. La couleur te va super bien !
- Merci, me répondit-elle avec un sourire surpris. Ton costume n'est pas mal non plus. Il met bien ton corps d'athlète en valeur.
Je restai bouche bée. Je ne m'attendais absolument pas à un compliment de sa part. Deux compliments même !
Je la regardai, bêtement, ma bouche entrouverte. Elle venait de parler de mon beau costume, et de mon corps d'athlète...
- Merci, dis-je simplement, avant de me retourner pour aller à ma loge.
Bien que sur le moment j'avais envie de m'insulter de tous les noms, aujourd'hui, je regrette ce que j'ai fait ensuite :
Pensant à nouveau à mon parcours, mon évolution, et au rang que j'avais réussi à atteindre, je me retournai brusquement.
- Selena ! lançai-je.
Elle me regarda, intriguée. Et quand je vis les traces de son rire, encore sur son visages, je réalisai qu'elle était infiniment plus belle que lors de l'émission de ce soir. La panique m'envahit soudain.
- Je... enfin tu... ça te dirait que...
Alors qu'elle me regardait, d'un air conciliant mais curieux, ses mots me revinrent à l'esprit : " Il met bien ton corps d'athlète en valeur ". Je retrouvai alors ma confiance... une partie en tout cas.
- Ça... ça te dirait qu'on se voit ? Pour boire un verre ou manger un coup ?
Son regard brilla alors de compréhension.
Non. Il y avait autre chose.
C'était comme si elle avait attendu ce moment. Comme si elle m'avait adressé la parole en espérant cet instant.
Je me délectai de ce regard.
- Bien sûr ! répondit-elle, un peu brutalement. On échange nos numéros ? Je crois que je ne fais rien demain soir, et je compte rester quelques jours à New-York.
Mon cœur sautillait dans ma poitrine quand je regagnai ma loge, puis ma chambre d'hôtel ce soir-là.
J'avais rendez-vous avec Selena Gomez ; je ne pouvais être plus heureux. Cependant, un malaise persistait, enfouit tout au fond de mon être. Tellement profondément que les battements d'ailes dans mon cœur le dissimulaient à ma conscience...
Habillé d'une simple chemise et d'un pantalon noir, je sortai de mon hôtel après un messsage de Selena. J'avoue avoir choisi une chemise simple, mais qui mettait en valeur mes muscles ; pourquoi ne pas essayer de l'impression à nouveau ?
La soirée était fraîche, et le ciel crépusculaire, qui pourtant avait été clair toute la journée, semblait se couvrir de nuages sombres. Mais soucieux d'arriver à l'heure à mon rendez-vous, je m'absteins de remonter prendre une veste ; si je n'avais pas pris cette décision, peut-être n'écrirais-je pas cette histoire aujourd'hui...
J'arrivai à l'endroit où nous nous étions donné rendez-vous : un restaurant gastronomique français, que Selena avait choisi en me taquinant.
La chanteuse arriva en même temps que moi. Elle avait opté pour une combinaison noire, avec par dessus un trench couleur crème. Elle avait bouclé ses cheveux et les avait à moitié attaché en une queue de cheval haute ; comme prévu, elle était radieuse.
-''Le Délice'' lut-elle à voix haute, avec un accent qui me fît presque tombé amoureux. Tu te sentiras comme à la maison comme ça.
- Je ne suis jamais allé dans ce genre de restaurant en France, dis-je un peu détaché, j'avais plutôt l'habitude d'aller dans des fast-food par exemple. Tu sais, je viens d'une famille modeste, voire pauvre.
J'avais dit ça sans la moindre tristesse. Simplement avec un pic de nostalgie en me rappelant cette époque. Pourtant, les yeux de Selena devinrent ronds, comme il elle avait honte de ce qu'elle avait dit.
- Oh je suis désolé Isiyah ! dit-elle en serrant mon poignet avec ses deux mains, si douces. Je voulais juste...
- Non, non ! Ne t'inquiète pas, j'adorais manger ces pizzas et ces sandwichs ! tentai-je pour la rassurer.
Je la regardai alors dans les yeux, pour tenter de lui assurer qu'elle n'avait rien dit de travers.
Nous étions là, devant ce restaurant qui me rappelait d'où je venais de manière écrasante. C'était comme si il me toisait avec mépris. Comme s'il voulait me faire comprendre que je n'étais pas à ma place.
Pourtant, se tenait devant moi une femme qui était totalement à sa place, et qui malgré tout se comportait avec moi comme si nous avions toujours été égaux.
Alors que nos yeux bruns se scrutaient mutuellement, les siens, coupables mais brillants, furent traversés d'une ombre menaçante, terrible.
Encore une fois, j'eus cette impression qui était horrible, mais si subtil que le mot ''horrible'' ne pouvait que faiblir, pour devenir ''étrange''.
Oui, c'était encore cette étrange impression de regarder dans les yeux un être ancien et terrible, qui foulait la terre depuis ses origines.
Selena devint alors blême, et son visage prît un air effrayé. Comme une victime de torture qui voit son tortionnaire revenir après un court répit.
Tout cela avait duré guère plus de deux secondes, mais, contrairement à quand nous étions sur le plateau, j'étais maintenant persuadé que ce je venais de voir s'était réelement produit.
Pris de pitié par le comportement étrange de Selena, je perdis le contrôle de mon corps. Mes membres réagirent Instinctivement :
Ma main gauche saisit doucement son épaule, tandis que ma main droite se posa délicatement sur sa joue.
Elle tressaillit à mon contact sur son visage, ce qui me fît réaliser mon geste et esquisser un retrait. Mais rapidement, elle pressa sa joue contre ma main.
- Tu vas bien ? Que t'est-il arrivé ? lui demandai-je en voyant ses yeux retrouver leur éclat.
- Une montée de stress, répondit-elle simplement en pressant ma main sur son épaule, désolé. Tu veux bien qu'on rentre à l'intérieur, je meurs de faim !
Le repas arrivait à son terme, et je vis au dehors le ciel New-Yorkais couvert de nuages qui camoufflaient la lune et les étoiles.
- Tu n'as que cette chemise ? Pas de veste ? demanda-t-elle.
- Non, je n'ai que ça. Tu ne trouves pas ça assez classe ? répondis-je en prenant un air faussement vexé.
- Se n'est pas ça ! s'exclama Selena en riant. Il va bientôt pleuvoir.
- Ce n'est rien. Ça va peut-être te surprendre, raillai-je, mais je ne suis pas venu à pieds.
- Ton hôtel est loin non ?
- Assez, oui.
- À New-York ?
- Oui.
- Un samedi soir !
- Et alors ?
- J'ai vu ton chauffeur repartir. Si tu ne l'as toujours pas appelé, avec la circulation à cette heure, tu peux être sûr qu'il n'arrivera pas avant une heure.
- Merde, je n'avais pas pensé à ça.
- Évite d'être vulgaire, s'il te plaît. Ça me met mal alaise.
Je vis alors une ombre passer dans ses yeux.
À nouveau, mon corps agit sans l'accord de mon esprit : ma main se posa sur sa joue, si douce. C'était comme si une partie de mon inconscient se sentait particulièrement soucieuse de la sécurité de Selena.
Cette ombre étrange dans ses yeux expliquait sûrement cela.
- Désolé, je ne savais pas, dis-je doucement.
Elle me sourit, d'un sourire qui signifiait ''oublie ça, tu ne pouvais pas savoir''
- Mon hôtel est à quelques minutes seulement, et mon chauffeur est juste là ; c'est aussi mon garde du corps, tu comprends ? Tu n'as qu'à venir ! proposa Selena.
- Non, ne t'inqui...
- Si ! m'interrompit-elle, j'insiste Isiyah.
"C'est donc comme ça qu'elle prononce mon nom..." pensai-je, hébété par ce mot sorti de sa bouche, avec ce si bel accent.
- Je peux attendre une heure tu sais ?
- Isiyah, j'insiste, répéta-t-elle.
Comment resister ?
- C'est gentil, merci Selena.
Elle m'avait volontairement perturbé en prononçant mon nom. Je le savais. Alors moi aussi !
Et ça avait marché, elle m'avait alors regardé avec des yeux ronds, ahuris. Et étrangement, coupables.
III
L'Arrière
À peine arrivé dans sa chambre d'hôtel, un sentiment étrange envahit un coin de mon être, mais la beauté de Selena, et la gêne que j'éprouvais à me trouver ici m'empêchaient d'identifier clairement ce sentiment.
- Bienvenue chez moi ! dit Selena en fermant la porte derrière elle. Enfin, jusqu'à jeudi. J'ai encore quelques choses à faire à New York.
- Moi aussi, mentai-je.
Je n'avais rien de prévu à New York, mais mon prochain match, à Chicago, était seulement vendredi. Je n'aurais qu'à m'entraîner ici, et étudier quelques matchs.
- Super, tu restes ici alors ?
- Absolu...
Avant même de finir ma réponse, je la vis de nouveau ; comme si elle plongeait dans une eau de désespoir et de souffrance.
Encore une fois, je la saisis doucement par l'épaule, pour cette fois la rapprocher de moi, comme pour la rassurer, car je ne sais pas de quoi, mais elle avait peur de quelque chose. Je voulais lui offrir un sentiment de sécurité.
- Tu es sûre que tout va bien, Selena ? murmurai-je. On ne se connaît pas beaucoup, mais tu peux me parler tu sais.
Elle ne semblait pas m'avoir entendu, mais ses yeux se levèrent soudain vers moi, brillants et suppliants, avant de redevenir les beaux yeux bruns que j'aimais tant chez elle.
Cependant, une chose étrange y demeurait, comme si autre chose me regardait, de plus en plus loin, en s'enfonçant au plus profond de son esprit.
- J'ai besoin d'une douche ! déclara-t-elle en caressant rapidement ma courte barbe. Je ne serai pas longue. Ça ne te dérange pas ?
- Non, bien sûr. Vas-y, je t'attends.
Alors qu'elle était dans la salle de bain, derrière une belle porte en chêne, je regardais la télévision sans la voir, tentant de m'informer des prochains matchs des autres équipes de NBA.
Mes yeux fixaient l'écran, mais tout mon être pensait à Selena.
Allait-elle bien ? Quel était son problème ? Son secret ?
Quand elle ouvrit la porte pour revenir, une odeur étrange emplit mes narines, une odeur que j'étais incapable d'identifier.
- Tes cheveux sont secs ? m'étonnai-je.
- Ah les hommes ! soupira Selena. On ne se lave pas les cheveux tous les jours tu sais ? Ça les abîmerait ! Tu as soif ?
- Je veux bien de l'eau s'il te plaît.
Elle parut déçue, mais sourit quand même en allant chercher à boire. En la suivant du regard, j'appercus plusieurs bouteilles en verre ; du vin et du whisky.
- Tu bois souvent ? demandai-je.
Son visage rougit de honte et elle s'empressa de jeter les bouteilles, encore à moitié pleine, dans le vide-ordure.
- Eh ! Je ne te juge pas tu sais ? Au contraire, j'aimerais savoir tes raisons, tes goûts...ton secret, avouai-je.
Sa main saisit la mienne, et elle me fixa. Comme si elle hésitait à se confier. Comment lui en vouloir ? Bien qu'elle me plaisait, et que je voulais tout savoir sur elle, je restais un inconnu à ses yeux.
En m'attirant doucement sur le canapé pour s'asseoir côte à côte, elle déclara simplement.
- La célébrité est un fardeau, Isiyah.
Puis elle remplit les deux verres qu'elle avait ramené, d'une eau fraîche contenue dans une bouteille en verre.
La table étant derrière elle, elle dû se retourner pour nous servir. Je ne pouvais donc que fixer son dos et ses beaux cheveux, en pensant à ses mots, qui résonnaient encore en moi.
Enfin, elle saisit son verre et me tendit le mien.
- Que veux-tu dire par là ? interrogeai-je en amenant mon verre à mes lèvres.
- Les caméras, les fans et leurs attentes, les médias qui sautent sur la moindre petite erreur pour te détruire, et j'en passe ! Tout ça... c'est une pression constante...
- Je comprends..., dis-je simplement, sans savoir quoi ajouter de plus.
- Bien sûr que tu comprends ! Aujourd'hui, tout le monde t'adore, mais nous sommes tous humains non ? Le jour où tu n'auras pas le moral, où tu feras je ne sais quoi en match, je n'en sais rien ! Tous ces gens qui t'aiment tant te détesteront et t'insulteront ! Jusqu'à ce que tu fasses de nouveau un match magnifique ! Là, il t'aimeront de plus belle.
Ce qu'elle disait était tellement vrai. Mais elle oubliait un élément important, qui m'aidait à supporter cette pression de tous les jours ;
- Tu aimes ce que tu fais Selena ?
- Bien sûr ! Au moins autant que tu aimes le basket, crois-moi. Mais pour continuer à produire, à jouer, à chanter, et pour pouvoir aller toujours plus loin dans ce que j'aime, je dois supporter tout ça. Heureusement, j'ai une solution.
- L'alcool ? demandai-je, septique et inquiet.
- Non ! rit-elle. Ça, c'est pour les journées difficiles.
- Il y en a quand-même pas mal...
- J'aime changer de temps en temps. Mais ne t'inquiète pas, je ne bois pas une bouteille par jour !
- Personnellement, les entraînements m'aident un peu à décompresser.
- Ce que je suis sur le point de te proposer est bien, bien plus efficace que l'alcool, le sport ou n'importe quelle drogue.
Je ne connaissais pas Selena Gomez, pas personnellement en tout cas. Si jusque là, je ne l'imaginais pas du genre à coucher le premier soir, je commençais à douter...
Gêné, je bus quelques gorgées pour cacher mon rougissement.
Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine quand je vis ses yeux me fixer sans ciller. Puis, doucement, ses doigts se mirent à faire des allées retours sur mon bras.
- Et qu'est-ce que c'est ? demandai-je en posant mon verre, pour caresser gentiment sa cuisse.
- Je vais te montrer ! répondit-elle en se levant brusquement, avant d'embrasser ma joue. Viens !
Je soufflai profondément en fermant les yeux, avant de la suivre.
Selena m'amena jusqu'à la salle de bain. Avant-même que mes yeux n'aient parcouru la pièce, elle ferma rapidement la porte, nous laissant dans l'obscurité et dans l'odeur étrange de la pièce.
- Où est la lum...
Un soupire m'interrompit. Mon soupire ; Selena s'était mise à embrasser mon cou, en caressant mes larges épaules.
En représailles, pour me venger de cette agréable surprise, je saisis ses hanches, et embrassai rapidement sa joue, avant de chercher ses lèvres.
Nous nous embrassâmes ainsi, dans le noir, en se caressant mutuellement. Plus cela durait, plus j'entrais dans une sorte d'ivresse. Je la voulais.
- Tu ne veux pas allumer ? tentai-je, désirant voir son corps.
- Non, j'aime être dans le noir ! Déshabille-toi, le bain est prêt.
Le bain ? Qui avait parlé d'un bain ? En plus de l'ivresse qu'elle provoquait en moi, une étrange hébétude m'envahit lentement.
Mes interrogations cessèrent quand ses mains entreprirent de déboutonner mes vêtements. Tous mes vêtements.
- Ça ne te dérange pas si je t'aide un peu ? me demanda-t-elle.
- Pas si je t'aide aussi !
Enfin, entraîné par Selena, j'entrais à sa suite dans la large baignoire.
L'eau était tiède, mais sûrement à cause de mon étrange état, je la sentis brûlante et épaisse. De plus, l'odeur était plus forte que jamais.
Mais, le corps de Selena tout contre le mien occupait toutes mes pensées, devenues faibles et troubles.
Heureusement qu'elle ne me voyait pas, je devais être rouge de fièvre, et mes paupières au bord de la fermeture.
- Alors ? demanda-t-elle d'une voix comme brouillée ?
- Alors quoi ? articulai-je, d'une voix rouillée, occupée à sentir et caresser ses cheveux.
- Tu ne veux pas connaître mon secret ?
- Ce n'est pas ce qu'on fait en ce moment, ton moyen de lutter contre la pression ?
Je n'étais plus d'humeur à parler. J'étais dans un état de faiblesse accrue, mais j'étais tellement bien, mon corps contre le sien.
- Non ! rit-elle. Pas exactement.
- Que fait-on, alors ?
- Ça fait partie du plan, Isiyah.
Sa voix était définitivement étrange. Ou plutôt son timbre de voix, quand elle prononça mon nom, avait changé.
- Et quelle est la suite du plan, Selena ?
- Tu veux que je t'aide à surmonter tout ça ?
Elle m'embrassa le cou de plus belle.
- Oui, soupirai-je en serrant ses hanches.
- Que je sois là quand tu m'appelleras ?
- Oui.
Je n'étais pas sûr de totalement la comprendre, mais j'étais si bien.
- En échange, feras-tu ce que j'attends de toi ?
- Oui.
- M'obéiras-tu ?
- Oui.
- Seras-tu mien ?
- Oui.
Je l'écoutais à peine, et la comprenais encore moins.
- En échange de mon aide, m'offres-tu ton âme ?
- Oui... Qu..?
Ma réponse à peine prononcée, la salle de bain fût éclairée d'une dizaine de bougies. Treize bougies, placées autour d'un pentacle tracé au sol... avec du sang.
Je pus mieux observer la salle, car mes yeux regardaient avec terreur autre chose ;
Devant moi ne se tenait pas Selena Gomez, mais une silhouette sombre et floue, au regard mauvais dans lequel je reconnu la chose qui m'avait regardé sur le plateau : la créature puissante, qui parcourait sûrement la terre depuis ses origines.
Elle était noire, mais rougis... du sang ! La baignoire en étant remplie ! Pas la moindre goûte d'eau, uniquement cet épais liquide rouge, dans lequel j'ai passé si longtemps à embrasser Selena...
Alors que mon corps tremblait, que mon cœur tambourinait, et que mes cinq sens me lâchaient, j'entendis vaguement la chose me parler, avec la voix parasitée de Selena.
- Tu es mien Isiyah, et ton âme est mienne.
Le rire sombre du démon et les excuses de Selena Gomez furent les dernières choses dont je fus conscient cette nuit là ; la nuit où j'ai vendu mon âme au diable.
Texte 5 : @Lauwern
Les fonds de bruits me rappellent l'importance de ce voyage, les cris de joie, d'excitation, de folie, mais aussi de grandeur. Depuis maintenant une demi-heure nous sommes parties et doucement je commence à m'apaiser, à me sentir moins stresser, peut être est-ce le fait que cette journée est programmée depuis maintenant six mois, où même le fait que celle-ci débute d'une grande importance pour les enfants ? Je ne saurais dire ce qui m'apaise le plus, mais je me sens bien.
Je suis dans mes pensées quand Loren me fait signe de la main et rit en voyant ma réaction, je suis ailleurs, présente, mais lointaine à la fois. Elle rit des plus belles et écrit dans son journal des phrases, des mots, comme un journal auquel elle accèderait plus tard pour en faire une histoire, une nouvelle, peut être même un poème. Elle est écrivaine depuis plusieurs années, elle vit de sa passion et partage sans cesse avec ses proches, sa famille, tous ceux qui seraient à même d'être aussi passionnés qu'elle. Cette fille est parfaite à mes yeux, en plus d'avoir une magnifique carrière, elle est jolie, drôle, totalement sociable contrairement à moi... parfois je l'envie vraiment, puis je me rappelle qu'elle est plus âgée, qu'avec un petit espoir, que le temps me fera devenir comme elle, aussi mature, sûr de soi ...
- Camille, t'en penses quoi toi ?
Sortie de mes pensées, je le vois suspicieux, me fixant drôlement comme une mauvaise intuition sur ma personne, je sourie bêtement essayant de le rassurer, mais rien à faire, son comportement ne change pas. Il ne s'adresse ni à moi ni au chauffeur du bus, la seule personne qu'il désire du regard, qu'il communique, c'est elle. Loren, la plus proche de lui finalement, celle qui le ramène sur terre tout en lui laissant son comportement enfantin et peu adultère, non, je ne suis pas jalouse, simplement exaspérée de voir un tel comportement alors qu'il est le centre du monde, comme à chaque fois.
J'aimerais pouvoir lui dire qu'il est d'un égoïsme pur, qu'il est certainement le plus aimé contrairement à ma petite personne, mais également, qu'il est prétentieux, presque sans cœur lorsqu'il ne s'agit pas de lui. Et pourtant, je me retrouve là avec lui, avec tous ces enfants fan de sa personne nous dirigeant vers le musée « GamePlay » de notre région.
Il m'observe toujours autant, mais ne me dit pas un mot, je commence une conversation avec Loren, le contact passe bien, trop bien même. J'ai l'impression de toujours l'avoir connue, qu'elle est mon amie de toujours et pour être honnête j'ai l'intime conviction qu'elle ressent la même chose. Je sens le regard pesé sur moi, je me décide enfin et le fixe droit dans les yeux. Il a l'air perturbé, mais je ne baisserais pas le regard, je veux comprendre pourquoi je suis une menace pour lui, pourquoi il me juge de haut en bas sans même me connaître.
Comme deux enfants, on tient le regard fixe l'un vers l'autre, puis d'un coup, il regarde la route, tel un « tu as gagné pour cette fois-ci ». Il est étrange.
La route se poursuit, les enfants chantent, ils ont l'air heureux. Le chauffeur de bus nous signale que nous sommes sur la dernière ligne droite, qu'il reste approximativement vingt minutes de route, je le remercie, dirige vers mon regard vers le fond du bus, puis jette un œil à cette trentaine de passagers aussi petits que des nains. Je discute avec certains d'entre eux, c'est la première fois qu'aucun n'est paniqué ou ne se sent mal, ou vomi lors du trajet, je suis réellement surprise de leurs attitudes, comme si sa présence changeait absolument tout.
De mes quelques pas, je retourne vers l'avant du bus et me rassois en face de Loren.
- Tu as l'air douteuse de sa capacité à gérer ces enfants Camille, mais tout se passera bien, je le connais, et je suis là pour le ramener à la réalité.
- Son nom est une icône, mais là c'est réel, on ne s'amuse pas dans un jeu vidéo, j'ai une responsabilité en vers des parents. Je sais qu'il est aimé de tous d'où la satisfaction de ces bouts de chou, mais lui-même est un enfant. Comment être responsable des autres s'il ne l'est pas de lui-même ?
- Si tu me fais confiance, tu lui fais confiance aussi d'une certaine manière, ça va aller.
Je sais très bien que ces paroles sont venues jusqu'à ces oreilles, mais je le pense vraiment. Il a beau être le plus jeune et riche de France pour ses capacités à gueuler dans un micro, mais aujourd'hui c'est différent, nous ne sommes pas derrière un écran avec des armes, des level up, des clics de souris et hop on recommence. Savoir gérer des enfants, c'est une lourde responsabilité surtout lorsque leurs âges ne dépassent pas les dix ans. C'est une extrême facilité à les distraire a les faires suivre n'importe où, n'importe quand, et d'autant plus facile de les perdre si la personne responsable d'eux est un enfant de vingt-trois ans ne se rendant pas compte de la vie réelle.
Ma confiance est aveugle pour Loren, plusieurs fois de ce que j'ai appris elle l'a aidée, soutenue, remise en place gentiment, suggérer des modifications etc, mais lui, ma confiance est en dessous du seuil de zéro.
Je le regarde les yeux presque ayant de la peine pour lui lorsque son regard se fige instantanément sur Loren...
Tout le monde hurle, cris, panique, le chauffeur fais crisser les pneus du bus, il freine violemment sans nous prévenir, le pied enfoncé dans le sol sur la pédale de frein, nos corps sont propulsés vers l'avant du bus, nos ceintures nous tiennes sur nos sièges, mais nous coupes la respiration d'un coup sec, les vitres se brisent... les sacs s'extirpent de leurs compartiments et tombent sur les passagers, je jette un rapide coup d'œil à l'extérieur du bus pour comprendre pourquoi cette brutalité soudaine...
Mes yeux sortent de leurs orbites, je n'ai pas le temps de réagir, mes mains se mettent devant mon visage, mon cœur bat à toute allure, c'est la fin.
Une moto s'écrase de mon côté, la vitre s'explose littéralement sur mon corps, la sécurité s'échappe, la ceinture s'enlève, mon visage cogne contre l'autre siège, la partie métallique du bus est enfoncée par le choc de la moto, je panique totalement, comment vont les enfants, suis-je la seule blessée, comment vas le motard, milles et une question me viennent, quand le bus se retourna et nous projeta contre les vitres de l'autre côté du bus.
Plus aucun bruit, plus aucun cri, seul le chaos est présent. De la fumée, des milliers de morceaux de verres partout, des débris, des sacs valsés déchirés et éparpillés. Le bus s'est retourné suite au freinage et au choc puissant de ce véhicule nous fonçant dedans, plus personne n'est conscient.
Personne n'a été expulsé du car, pas même le chauffeur, mais tous sont assis avec les jambes pendantes sur la droite, les bras comme des pantins également penchants sur la droite, tous sont retenus par cette merveilleuse sécurité ; la ceinture. Est-ce qu'elle les a tous tués sous le coup de la violence du choc, ou les a-t-elle sauvées de la mort malgré une légère perte de connaissance ?
- Loren ! Loren ! Tu m'entends ! PUTAIN LOREN RÉVEIL TOI !
Doucement, je reprends conscience, je ne comprends pas bien ce qu'il s'est passé, j'ai mal, je ne sens plus le bas de mon corps, j'entends simplement des cris, des cris mélangés à des pleures et bafouillées par la peur. Il persiste et hurle de plus en plus fort, j'ai même l'impression qu'il secoue la personne...
- Lu, Lucas ?
Il ne se retourne pas, bien entendu, seule sa chère Loren compte à ses yeux. Je ne lui en veux pas, mais si je réalise bien la gravité des choses, il doit nous sortir de là, appeler les pompiers, prendre son putain de téléphone et nous aider au lieu de hurler comme un taré sur une personne qui ne se réveillera sans doute pas. Intérieurement je m'énerve vraiment, pourquoi ai-je eu l'idée de chercher le Youtubeur le plus connu est apprécié de tous pour faire sortir une classe d'enfant ? Mais pourquoi suis-je autant stupide ! Je continue de hurler son prénom pour qu'il vienne et m'aide à sortir de là, mais rien, il est comme bloqué par son amie inconsciente en face de lui.
- Squezzie PUTAIN !
Sans que cela ne me choque, il se retourne vers moi, enfin. Il s'approche, son visage à l'air décomposé, il me regarde comme attristé, puis fixe mon ventre, il reste fixé dessus. Mes mains rejoignent son visage et l'obligent à me regarder dans les yeux.
- Aide-moi à me relever.
Il a l'air totalement inquiet, il ne réagit pas, il ne voit que le sang, mon corps englouti et compacté entre ces deux sièges. J'ai été propulsé de l'autre côté du bus, j'étais derrière le conducteur, je me retrouve côté passager, j'ai mal, je saigne peut-être un peu trop, mais si personne ne réagit on va tous rester bloquer ici... sur un croisement perdu, entre quelque part et nulle part...
- AIDE-MOI PUTAIN
Une certaine vulgarité sort de ma bouche, des injures, des protestations contre sa personne, des menaces, je suis folle de rage contre lui. Il est le seul à être réellement en état d'aider qui que ça soit, et il ait le seul à ne rien faire. Je peste de plus en plus quand soudainement il se décide à se rapprocher de moi, à me tenir le bras et me tirer vers l'avant pour m'assoir dans le couloir de ce bus. On est penché, je hurle de douleur, je ne regarde pas, je ne peux pas. J'ai l'impression d'avoir le ventre totalement ouvert, mais si j'essaie de faire une compression, de me soigner, de simplement jeter un œil, je vais m'évanouir et plus personne ne sera là pour nous sortir de là.
Il me fixe réellement inquiet cette fois ci, il lit la douleur sur mon visage, il lit le mal profond dans mes yeux, dans les larmes prêtent à couler tellement je pourrais hurler et m'effondrer par cette blessure, mais il ne dit rien, il me laisse me relever en me tenant aux sièges, il me laisse gérer et me diriger vers les enfants.
Je le vois retourner vers Loren, je sais qu'elle est importante pour lui, je décide de faire de même, peut être qu'en l'aidant, qu'il va m'aider à sortir tous ces enfants...
- Arrête de la secouer ! Loren, est-ce que tu m'entends ?
Deux doigts se posent au creux de son coup, puis à son poignet, elle est encore vivante, seulement inconsciente due au choc. Je continue de lui parler, de la rassurer pour que son esprit revienne à nous et la fasse se réveiller, et c'est une réussite. Elle est secouée, un peu dans la lune, mais réalise très bien ce qu'il vient de se passer.
- Non non non, tu ne te détaches pas ! Sinon tu vas t'exploser le crâne contre l'autre côté du bus, on a été retourné, dès que tu te sens capable, attrape ton téléphone et appel les secours. Toi viens avec moi.
J'aimerais tellement que Loren lui ordonne de bouger son cul, mais je sais qu'il en est incapable, dans les jeux vidéos c'est tellement plus facile de gérer une situation comme celle-ci, si le personnage meurt, on recommence la partie, et si au contraire il survit, un petit kit de soin comme par magie fait de son personnage quelqu'un d'extrêmement en forme prête à poursuivre tout le monde, sauf que là bon dieu, c'est réel. Il est incapable de prendre une décision, de bouger, incapable de m'aider.
Je le laisse dans le coin, prés de Loren, et je me dirige vers le chauffeur où se trouvent les brises vitres. J'en prends un, je le regarde m'apprête à lui dire de m'aider, de défoncer cette vitre, mais il ne bouge pas et reste avec elle. Je sais que je vais avoir mal, que ma plaie va doublement s'ouvrir, mais j'explose le pare-brise de toutes mes forces, je donne plusieurs coups jusqu'à qu'il se brise totalement et tombe vers l'extérieur du bus.
C'est notre porte de sortie.
Je m'effondre, mon teint devient pâle, je tremble, je ne sais pas si je vais tenir longtemps... il me regarde totalement paniquer, mais son comportement ne change pas. Il est bloqué, paralysé même.
Je me relève doucement, les larmes s'échappent, je suis recroquevillée, je n'ai plus de force.
J'observe la situation encore une fois, ils ont besoin de moi, je ne peux pas laisser tomber maintenant, je n'ai pas le droit... je suis responsable d'eux, je dois les sortir de là...
Une nouvelle fois je me relève, je mets de côté ma douleur, et me dirige vers le fond du bus en me tenant aux sièges, quelques un sont réveillés, mais n'osent pas bouger, j'essaie de les rassurer, leurs tiens la main, quand d'un coup cet imbécile hurle :
- Sortez tous et je vous offre une dédicace et une photo !
Les quelques élèves réveillés, hurle de joie, et se mettent à s'accrocher à tout pour avancer malgré la difficulté, ils n'ont pas conscience qu'ils ont peut être quelque chose de casser, où qu'ils puissent tomber entre les sièges dus à la gravité changée, ils n'ont conscience de rien, et ma rage boue de plus en plus. Ce gars je pourrais l'étriper pour ce manque de connaissance, pour sa connerie humaine.
J'ai beau hurler aux enfants de faire attention de ne pas aller trop vite, de bien se tenir, rien à faire, une icône comme lui est bien plus importante qu'une personne comme moi pour secourir des personnes en toute responsabilité. Il me voit en colère, mais sort tout de même ces enfants avec son « idée de génie » il n'en a clairement rien à faire de la sécurité, de ce qu'il pourrait se passer de pire. Dehors quelque chose s'agite, les enfants crient de joie, ce cher et tendre Squeezie sourie faussement et se met soudainement à m'aider. Bien entendu, la télévision, les caméras, la presse tout le monde est là avant même les secours et en font une affaire médiatisée. Le cher Squeezie sauveur des passagers du bus.
Ma rage s'intensifie, être à l'attention est toujours son premier principe, même Loren n'a plus l'air de compter. Je le laisse avec sa gloire et m'occupe du reste des passagers, presque tous les enfants sont dehors, il ne reste plus que Loren et deux petits ayant peur. Je m'approche de Lucas, je préfère l'appeler par son prénom pour lui rappeler qu'il n'est rien ici. Il n'est qu'un passager de plus dans un accident, puis lui ordonne sur un ton sec de m'aider avec Loren. Il a l'air stupéfait par ma réaction, par cette soudaine menace et bon vivant de ma part, je l'invite à desserrer doucement la ceinture pour que son corps glisse lentement vers moi et vers l'autre côté du bus, nous rapprochant du côté de la sortie. Une fois sur le deuxième siège, je l'attache de cette autre ceinture et la détache de celle de gauche, on recommence l'opération et très vite elle se retrouve assisse dans le couloir. Je lui demande si elle est capable de sortir en rampant délicatement vers la sortie, puis les laisses gérer.
Les deux derniers enfants sont des cas plus complexes, ils ont déjà vécu un accident très jeune, et c'est délicat de les faire sortir en leur assurant une sécurité. Je me rappelle qu'à l'époque les pompiers avaient vraiment eu du mal a les faires sortir, c'est lorsqu'ils ont compris qu'ils étaient vraiment en danger qu'ils ont accepté de les suivre.
L'un à la tête ente ses jambes, l'autre tient une peluche très fort dans ses bras, je leur parle une bonne dizaine de minutes pour les convaincre, lorsque j'entends quelque chose exploser un peu plus loin...
- Bon les enfants, vous voulez un câlin ?
Je sais qu'il ne nous reste que quelques minutes avant que le bus n'explose, l'un accepte, et me rejoins en s'accrochant très fort à moi. Il est totalement collé à ma poitrine la tête plongée dedans pour ne rien voir de cette horreur autour de nous, il me rassure, il se protège tout seul.
- S'il te plaît, viens me faire un câlin, accroche-toi à moi.
Il hésite, mais très vite il comprend qu'il n'a pas le choix.
- Accroche-toi à mon dos le plus fort possible et surtout ne me lâche pas !
Je tiens les enfants et me précipitent vers la sortie, l'un sur mon dos, m'étranglant presque de peur de me lâcher, l'autre à l'avant, me tenant et agrippant l'autre enfant de ses jambes autour de ma taille.
Je commence à voir la lumière du jour, les pompiers sont arrivés, les ambulanciers également, mais sur toute la population en dehors de ce bus, j'ai l'impression qu'il y a une majeure de partie de caméra prête à être les premiers à raconter des ragots tous les plus impressionnants et inventés les uns des autres. Je dépose les enfants au sol et leur demande de courir vers les pompiers, de ne surtout pas revenir vers moi. Ils acceptent et courent le plus rapidement possible de l'autre côté de la rue. Personne ne se retourne vers moi, personne ne me remarque, personne ne s'inquiète d'éventuels autres passagers, personne ne se rend compte que des enfants sortent tous seuls comme par magie alors qu'ils étaient totalement tétanisés.
Je n'ai aucune envie de me tuer, j'aimerais simplement que l'on me remercie. Je vois le monde tourner autour de moi, ils ont l'air tous saints et saufs, quand je me rappelle subitement que j'ai oublié le chauffeur !
- Merde merde MERDE !
J'entre à nouveau dans ce bus paniqué, je cherche le pouls du chauffeur, il a l'air encore en vie. Je stress totalement, je ne sais pas comment le faire sortir, il est encerclé par la vitre de sécurité, par cette petite porte ou il range la monnaie des voyageurs... je lui donne quelques tapes sur le visage, il réagit vite, il était donc conscient tout ce temps ?!
- Je vais vous sortir de là ! Aidez-moi ! Ouvrez la porte !
- Je ne peux pas... ils vont m'accuser, ils vont m'enlever ma licence... ils vont me tenir coupable de cet accident... laissez-moi là...
Je suis choquée par ces propos, il à raison, il n'aura plus le droit de conduire surtout en présence d'enfants tant que la justice n'aura pas ouvert et clôturer l'enquête pour comprendre ce qu'il s'est passé, mais là tout de suite, il doit penser à lui, à sa famille... à sa vie...
Il commence à pleurer, à implorer le Dieu de lui pardonner ce jour, il déraille totalement. Je le secoue en le prenant par le col.
- ET MAINTENANT VOUS ALLEZ FAIRE CE QUE JE VOUS DIS. Vous allez ouvrir cette porte, vous allez de vos deux mains tenir ce volant, vous accrocher le plus fort possible, et je vais vous détacher. Laissez glisser vos jambes vers moi, pour que la chute soin moins dur, puis sortez à mes côtés. Et ce n'est pas un choix, mais un ordre. BOUGEZ-VOUS BON SANG.
Je m'excite sur lui, et même si mes pensées m'incitent à rester avec lui, à ... limite perdre la vie pour essayer de le sauver, je ferais absolument tout pour le sortir, quitte à le pousser de force. Je ne sais plus ce qui est bon, si même je suis contradictoire, je sais seulement que j'aimerais que tout le monde s'en sorte vivant.
Il grogne, pleure, continue ces paroles de confessions, mais me suit tout de même. Je vois un pompier hurler vers nous, je ne comprends pas ce qu'il nous dit, je me retourne simplement, je pousse cet homme pour qu'il continue sa route quand le bus explose et prend feu.
- Vite relevez-là !
Je sens que l'on me porte, qu'on me dirige quelque part, ma vue est flou, je n'entends pas bien, il fait chaud, terriblement chaud... on me couvre, on me met un masque d'oxygène, on me couche sur un lit, je ne comprends rien, est-ce que j'ai vraiment sauvé ces personnes ou suis-je en train de rêver ?
Quelqu'un s'approche de moi, me fais des signes, je ne réagis pas. Je ne réagis pas jusqu'à que j'entende sa voix.
- Camille ... comment tu vas, parle-moi.. Je suis désolé...
Sa voix me fait comme sortir des enfers, et me réveil d'un coup.
- Toi, ne t'avise plus jamais de me parler, de m'approcher, reste dans ton monde virtuel tu n'as pas ta place ici. Prendre tout le mérite, jouer au héros, au sauveur d'enfants, être le centre du monde alors que ta pas été foutu de m'aider c'est trop facile ! Tu sais pourquoi je ne t'aime pas ? Parce que les gens comme toi n'ont pas de cœur, sauf pour eux-mêmes et leurs putains de personne. Va vivre de ta richesse, de ta stupidité, et fou nous la paix. Retourne parler à tes écrans, là au moins tu sais gérer.
Toute ma haine se décharge contre lui, contre cette personne inhumaine sans compassion pour les autres, ma rage, ma colère, ma profonde tristesse de voir qu'une personne autant aimée puisse être si refermé du monde et incapable de faire quoi que ça soit, incapable de prendre soin d'une personne lorsqu'il s'agit de la vie réelle. Une profonde douleur et accaparation de moi-même d'avoir laissé entré dans la vie de ces enfants un idiot pareil. Tout ce que je voulais c'était leurs faire plaisir et leurs montrer qu'un Youtubeur même égoïste, peut être aimant et passionné des gens qui ont de la passion pour lui, où même passionné tout court de la vie.
- Madame Madame, restée avec nous ! Vite ! Faut l'emmener aux urgences !
Les pompiers se dépêchent de me mettre dans cette camionnette et m'emmène à toute allure aux urgences, je peux désormais mourir en paix, tout le monde va bien, moi y compris.
Mon âme vagabonde de rue en rue, de ville en ville, je me sens libre, totalement libre. Cette sortie était un trop lourd poids pour mes épaules. Une idée trop folle, trop enthousiaste, trop... trop de tout sauf d'un bon sens samaritain.
J'entends un bruit, une parole, un soufflement, une respiration saccadée, peureuse, faible et forte à la fois, je ne bouge pas, je n'ai pas envie de faire des efforts aujourd'hui. J'essaie tant bien que mal de ne pas y prêter attention, mais quelque chose est étrange, j'ai une impression que la personne n'ose pas s'approcher de moi, me parler, j'ouvre doucement un œil et je l'aperçois.
Ma mère est là attristée, désolée, peureuse de me toucher, hésitante à m'approcher, je ne comprends pas. J'essaie de prononcer un mot, mais je n'y parviens pas. Mon corps entier est figé, inapte à bouger le moindre centimètre, je suis comme emprisonné de ma propre personne.
Deux personnes la rejoignent, j'ai du mal à les distinguer, je suis épuisée, à bout de souffle.
- Quand va-t-elle se réveiller docteur ?
- Malheureusement je ne peux ni vous dire si elle va se réveiller dans une heure ou dans un mois ni vous dire si un jour elle se rétablira. Son corps est vraiment dans un piteux état, les côtes lui compressent les poumons, ses jambes ne réagissent pas du tout, ses membres supérieurs ne le font qu'une fois sur deux. Pour être honnête avec vous, je me demande vraiment comment elle a réussi à tenir debout aussi longtemps sans s'écrouler. Et plus triste encore, ses soins ne sont pas remboursés par la sécurité sociale et coûte un bras. Si son état ne s'améliore pas rapidement, vous allez vite vous retrouver endetté.
J'entends ma mère pleurer, je le sais qu'elle ne pourra jamais payer ses soins en plus de la maison et des nombreux crédits déjà en cours, je ne sais pas ce qui m'attriste le plus, le fait d'être bloqué ici, ou le fait qu'elle doit crouler sous les factures par ma faute. Jamais je n'aurais dû partir faire ce voyage, jamais je n'aurais dû l'écouter quand je lui ai dit que je ne le sentais pas. Jamais je n'aurais dû accorder ma confiance à quelqu'un qui ne la méritait pas.
Le médecin sort, mais je sens la présence d'autres personnes que ma mère, certainement d'autre incapable lui disant d'autres mauvaises nouvelles.
- Je vais vous aider financièrement.
Cette voix je la connais. Je la connais, mais je suis incapable de dire qui sait.
- On ne parle pas de cinq mille euros jeune homme, on parle d'une somme beaucoup plus impressionnante dont je doute que vous ayez un jour ! Une simple et banale maison ne suffirait même pas à couvrir tous les frais ! Partez !
Je sens la colère de ma mère monter, comme si elle lui en voulait personnellement. Je ne sais pas avec qui elle parlait, où encore de la somme totale qu'il faut réunir, tout ce que je sais désormais, c'est que ma vie est entre les mains d'un monde pauvre et sans argent. La vie est triste, un jour un accident, l'autre jour, la mort par faute de moyens. Les soins devraient être entièrement payés par l'état, après tout, la vie rapporte plus que la mort, et ça, tout le monde le sait bien.
Je me sens mieux, toujours aussi faible, mais j'ouvre tout de même les yeux. Il fait nuit noire, il n'y a aucune lumière, les étoiles sont présentes, les rideaux ne sont pas fermés. J'observe ma chambre, ce lieu triste et sans vie, lorsque je l'aperçois à moitié assis sur sa chaise et affalé sur mon lit. J'hésite entre le réveiller, lui hurler dessus pour qu'il sorte, et l'observer dormir paisiblement. Finalement, il n'a pas l'air d'être à des années-lumière de la terre, il est là, à côté de moi. Son cœur lui a sans doute donné signe de vie et la poussée à venir jusqu'ici, ou peut être juste qu'il est plein de remords de m'avoir laissé galérer pendant que lui était aux centres des attentions...
Son visage est si... reposant, attends, mais je deviens folle, qu'est-ce que je dis moi ?! Il bouge, un œil s'ouvre, puis un deuxième, il sourit et me regarde heureux. Doucement il se redresse sur sa chaise, il s'étire et fais craquer son dos avant de me regarder droit dans les yeux. Gênée, je baisse le regard, je ne sais pas ce qu'il fait là, et surtout en pleine nuit. Les visites sont terminées depuis longtemps... à moins que... sa fortune à de nouveau fait fureur. Payer pour rester, cela ne m'étonnerait même pas de lui.
Il lit de l'incompréhension sur mon visage ainsi qu'un certain nombre de questionnements, il hésite, mais finalement se penche vers moi.
- Tu sais pourquoi durant tout le trajet je te fixais ? Tu es différente, trop différente de tous ces gens. Tu es sûre de toi, confiante, battante, prête à tout pour sauver le monde où simplement faire sourire des jeunes enfants alors qu'au fond tu as raison, je suis égoïste, et je ne me soucie pas vraiment de ce qui m'entoure. Tout ce que j'ai aujourd'hui, c'est parce que je me suis toujours fait passer avant tout le monde, avant les intérêts des autres et c'est dégelasse je te l'accorde, mais quand tu regardes d'un peu plus loin, tout le monde t'aime quand même alors pourquoi changer ?
- Donc tu insinues que je ne suis rien, qu'être un sans-cœur comme toi c'est mieux ?
- Non, j'insinue seulement que les personnes comme toi devraient vraiment être plus nombreuses. Tes propos juste avant que tu perdes connaissance m'ont vraiment blessé et...
- donc en fait tu viens ici pour pleurer et que je te présente mes excuses c'est ça ? Dégage. DÉGAGE ! Ah et au fait, ne t'avise même pas de payer le moindre frais d'hospitalisation, je n'ai pas besoin d'un con pathétique qui se fou de la charité. Maintenant, sors, je ne veux plus jamais te voir !
Mes nerfs sont à vifs, je ne sais pas à quoi il s'attendait lors de mon réveil, certainement à une fille fragile qui pardonne tout, mais là il peut toujours rêver. Ce genre de personne m'insupporte, ils se croient tout permis parce qu'ils sont influents, puissants, riches, alors que nous on est pauvre, invisible et remplaçable. J'essaie de me calmer, de me rendormir, reprendre des forces rapidement pour éviter à ma mère de payer toute sa vie mes erreurs, mais la haine que j'éprouve en ce moment me rend incapable de me gérer.
Les heures sont passées, les jours sont passés, je n'ai ni mangé, ni bougé, je suis un pantin dans un lit abandonné. Personne ne m'a rendu visite, personne ne m'a soutenue, personne ne s'est inquiété pour moi pas même celle où j'aurais pensé qu'un ridicule soupçon d'inquiétude l'aurait fait venir jusqu'ici. Loren est comme toutes les autres finalement, s'occuper des autres pour ne pas qu'ils détruisent tout, s'occuper d'elle-même pour faire devenir ses écrits plus vrais que nature, vous avez raison je suis pathétique et jalouse d'eux. Ils sont aimés, influents, beaux, intelligents même si parfois ils laissent paraître le contraire, ils sont tout sauf de toutes ces choses dont je les ai traités. C'est idiot, mais j'aimerais simplement que l'on me remarque, que l'on m'apprécie pour ce que je suis, mais je suis invisible, invisible et inutile.
Les larmes coulent sur mes joues, je suis épuisée, attristée, énervée, je suis toutes ces émotions négatives à la fois, je ne saurais dire comment je me sens...
- Vous êtes prêtes pour votre première séance ? On va essayer de faire réagir vos membres à la piscine.
Je ne dis pas un mot, de toute manière je n'ai pas le choix, aucun de mes membres n'est à l'actif, je suis une assistée. Ils me portent, me déshabillent, me mettent en maillot, m'assoient sur un fauteuil roulant et m'emmènent à cette fameuse piscine. Il y en a plusieurs, mais nous sommes seuls, un si grand espace juste pour moi et mon incapacité à réagir, c'est impressionnant.
Deux médecins me portent et se dirigent dans l'eau avec moi.
Une fois dans l'eau, l'un repart chercher les frites, les planches, les quelques objets pour ma séance, l'autre me tient sous les bras et me demande de me forcer à avancer avec mes jambes. De la plus forte volonté qu'il soit, mais aucun signe, mes jambes ne bougent pas. Il décide alors de me faire avancer par sa force, sentir les toutes petites vagues contre moi me fait un bien fou, j'ai l'impression de voler, d'être si légère, un sourire se dessine sur mon visage.
Le médecin m'observe puis sourit de toutes ses dents.
- Félicitations. Vous avez fait deux pas.
Je le regarde, je cherche dans sa phrase dans son regard quelque chose qui me fait penser qu'il se moque de moi, mais je ne vois rien, il a l'air sincère.
- Chaque jour nous allons faire trente minutes de piscine, puis progressivement nous allons vers une heure, vous allez remarcher.
Sur le coin de l'œil, une larme s'aperçoit, je suis heureuse, j'avais perdu tout espoir, mais finalement, je revis.
Les séances s'accentuent chaque jour, et mes progrès se montrent de plus en plus, je ne saurais dire par quelle force j'ai réussi à affronter cela, mais un jour je serais véritablement guérie, et ce jour-là, crois-moi, tu ne seras pas prêt. Je vais montrer au monde entier que l'on peut s'en sortir même en étant fragile, inutile, et plus puissant encore, je veux montrer qu'en n'étant rien, on peut devenir un tout. Depuis que j'ai été hospitalisé, ma mère n'est pas revenue une seule fois, et je ne lui en veux pas, elle est certainement en train d'enchaîner les heures supplémentaires à cause de moi, j'aimerais tant pouvoir lui dire de prendre soin d'elle, de se reposer, mais je sais que prendre soin d'elle c'est égal à prendre soin de moi...
- Mademoiselle ? Pardon, vous rêviez, êtes-vous prêtes ?
D'un hochement de tête je lui fais signe que l'on peut y aller, mais je n'ai pas le moral aujourd'hui, je n'ai pas envie de me battre, de me pousser encore plus loin, je veux me reposer, je veux dormir, ne plus me réveiller avant d'être... prête à reprendre le combat... je suis épuisée de solliciter mes muscles entiers, mon moral presque à plat, je suis totalement à bout de force.
- Aujourd'hui cela va être un peu différent, un stagiaire va faire votre séance, mais pas de panique, nous sommes juste à côté en cas de problème, il ne vous arrivera rien. Il est informé de tout. Il sait que votre corps entier peut lâcher d'un coup, et qu'il doit vous tenir et maintenir la tête hors de l'eau, il sait également qu'il ne doit pas vous brusquer, et comme dis, nous sommes justes là, il ne vous arrivera rien.
Je ne le sens pas, un stagiaire pour un cas si compliqué comme le mien ? Je peux perdre tous mes moyens d'un moment à l'autre et eux m'envoient un simple stagiaire ?! Je suis à bout pour m'énerver aujourd'hui, ils ont intérêt à être là rapidement s'il panique ou me coule.
Comme chaque séance, deux médecins me tiennent et me mettent dans l'eau. Je me tiens aux barres de chaque extrémité du bord et attends patiemment ce fameux stagiaire, j'entends des pas, je tourne ma tête et lève les yeux vers se ... corps somptueux... un bronzage léger, quelques tatouages, des abdos peu voyants, mais suffisants, des... yeux bleus...
- Lucas ?!
Il ne me répond pas, il me rejoint dans l'eau, les médecins me sourient et me rassure qu'il a passé une formation avec eux, qu'il n'y aura pas de problème, puis s'en vont. Je panique, ils m'avaient dit qu'ils ne resteraient pas loin, et, et ce stagiaire... lui ?!
- Ils sont aux caméras, calme-toi, ils ne sont pas loin.
Je ne comprends pas ce qu'il fait là, je lui ai pourtant dit que je ne voulais plus jamais le voir, je pensais vraiment que c'était clair. Il me regarde avec son sourire narquois, il a l'air sûr de lui, mais angoissé en même temps.
- Relève immédiatement tes yeux. Tu joues à quoi là ?
Il ne me regarde toujours pas dans les yeux et se contente d'avancer en me portant, comme le médecin lui avait signifié. Il nous tourne et fait demi-tour pour que l'on puisse continuer notre avancée. Plusieurs fois je lui parle, lui crie dessus, mais il ne répond pas, il se contente de marcher tout seul en me portant, comme pour me ridiculiser et bien me montrer que c'est lui le boss. Je ne dis plus un mot, qu'il s'amuse à marcher avec un demi-cadavre si cela lui plaît.
- C'est mignon quand tu fais la tête.
Je ne réponds pas, je vois très bien qu'il me provoque. Il m'insupporte.
- Lucas, on va arrêter là pour aujourd'hui, elle a très bien travaillé, je crois que vous êtes plus efficace que moi.
Je ne comprends pas ce qu'il raconte, il n'a fait que me tenir, je n'ai pas marché, je l'ai simplement observé, ignoré, à nouveau observer... mes poumons se compressent, j'ai du mal à respirer, je panique, mes membres ne bougent plus, mon cœur s'accélère, mon corps descend un peu plus dans l'eau, ma bouche s'entrouvre et boit doucement la tasse...
- Dépêche-toi relève là et fais ce qu'on a dit !
Lucas s'exécute, de ses bras, ils les glissent sous les miens et relève mon corps doucement, sans toucher les côtes ou le ventre, au risque de me blesser plus gravement encore. Il poursuit en me retournant, mon dos contre son torse et lentement me fait basculer en arrière, ma tête rejoint son cou et se pose sur épaule. Les deux médecins se précipitent et mettent une planche sous mon dos, ainsi qu'une frite sous mes jambes pour me maintenir hors de l'eau d'une manière d'une planche.
Mon cœur se calme plus les minutes défilent, je me sens bien, étrangement bien au pré de lui. Il a l'air totalement perdu et inquiet face à cette situation, et moi, moi je l'observe de très prés. J'ai... envie de lui croquer l'oreille. Je crois que mes pensées l'ont fait réagir, sa tête se tourne doucement vers la mienne, ses lèvres sont si proches, ses yeux sont si beaux, il sourit bêtement et rougis. Je le dévisage rapidement et tourne la tête vers les médecins, comme pour éviter ce moment très gênant.
Les minutes deviennent longues, mais ils me firent enfin sortir de l'eau et retourner dans ma chambre. Lui, il est simplement retourné chez lui, certainement heureux d'avoir contribué à mes avancées.
- Comment vous sentez vous ?
- Euh... étrange.
Son regard est insistant, mais il comprend que je ne veux pas en dire plus. Je n'aurais jamais pensé qu'un jour il m'aurait aidé de cette façon, et je ne pense même pas qu'il s'en est rendu compte. Cette séance avec lui, j'ai l'impression d'avoir été formaté et débloqué, je ne me suis rendu compte de rien, ni d'avoir marché ni d'avoir remarqué qu'au-delà de la haine que j'éprouve pour lui, qu'il me plait... Je m'endors le sourire aux lèvres, pensant à cette magnifique journée.
Une nouvelle séance pour un nouveau jour, et je me sens d'attaque, avec où sans lui je sais que je veux vite guérir et sortir d'ici. Il m'a donné la force qu'il me manquait pour réussir, et malgré tout ce que j'ai dit à son égard, jamais je ne le remercierais assez.
La séance débute avec mon médecin, quand d'un coup il débarque à nouveau avec son short de bain, rouge et blanc cette fois-ci. Le sourire aux lèvres, le médecin lui accorde la permission de venir dans l'eau, et lui explique qu'il sera également là pour éviter la fin en panique du jour précédent. Lucas me fait marcher, et ce n'est pas une expression française non ! Il me fait réellement marcher un pas devant l'autre sans même que je m'efforce et me fatigue. Le médecin nous observe de l'autre bout de la piscine, il a l'air ravi que tout se passe pour le mieux, mais reste sur ses gardes. On marche encore et encore... jusqu'à qu'il cogne avec son dos le bord de la piscine. Mon corps tenu de ses bras se retrouve collé au sien, surpris, et embarrassé. Il rougit très vite, il observe mes lèvres, j'ai le pressentiment qu'il va les attraper lorsque le médecin nous demande si tout va bien...
Gênés, on repart comme si de rien n'était et on finit la séance. Je suis frustrée, entre le fait d'avoir voulu l'embrasser, et celui de ne pas savoir s'il est sincère avec moi, ou si c'était réciproque. La chaleur est vite montée, mais elle est également aussi vite redescendue. Je me sens revivre et mourir à la fois, comme si quelqu'un tenait vraiment à moi, mais se jouait de moi.
Les médecins me ramènent dans ma chambre, pendant que l'un d'eux s'extirpe et lui demande :
- Jeune homme, je peux te parler une minute ? Je trouvais cela une bonne idée que tu viennes et l'aides, mais là j'ai peur que vous vous soyez trop rapprochés et qu'elle va relâcher. Il est encore temps d'arrêter tu ne penses pas ?
- Pour être honnête, je ne sais pas ce qui est bon pour elle, mais j'ai l'impression que ça lui fait du bien que je suis là.
- Jusqu'au jour où tu vas la lâcher parce que tu auras d'autres occupations. Ne joue pas avec elle, ce n'est pas le bon moment.
Il a l'air surpris d'une réaction pareil, mais ne dis plus rien et se contente de s'en aller.
Mes pensées sont perturbées, il a l'air si différent de cette journée, il était distant, suspicieux, sur la défensive, limite hautain, et ces derniers temps, son comportement à littéralement changé. Aucune blague juste pour amuser la galerie, aucun sourire stupide, aucune attitude supérieure aux autres... Pas même en vidéo il réagit comme ceci, pourtant quelques rares fois il est très sérieux. Lors de la récolte financière bénévole pour cette association qui a duré trois jours, ou même lors de ces témoignages d'autres personnes, j'ai l'impression d'avoir vu une autre facette de sa personne, comme si d'un coup, il était quelqu'un d'autre...
Je repense à toutes ses vidéos, à toutes ses informations qu'il donne sur sa vie, à toutes ses photos partagées, à tous ces lives, à ses passions, et très vite je me retrouve sur son profil à l'espionner, à admirer sa personne, ses qualités, ses défauts... ses yeux... son sourire... je tombe sous son charme alors que je ne connais que son apparence. Rien de se qu'il ne publie est réellement lui, ce n'est qu'une facette, une icône pour les gens. Il s'amuse de son temps libre, nous partagent quelques informations, mais finalement personne ne le connaît.
Je m'endors, le téléphone à la main espérant qu'il ne m'oublie pas du jour au lendemain, mais surtout, qu'il n'est pas là juste par pitié.
Les jours s'enchaînent et pas un signe de vie. Mon état s'améliore, je remarche doucement, mais ce n'est plus grâce à sa force, non, c'est grâce à la haine soudaine que j'éprouve pour lui. M'accompagner deux jours, jouer avec moi en fait rien de tout ceci ne comptait pour lui, je n'ai été qu'une poupée que l'on répare un peu puis qu'on délaisse lorsqu'on a plus le temps ou plus l'envie de venir. J'ai une rage folle contre lui de m'avoir fait espérer qu'il pouvait être autre chose qu'un salaud, et pourtant, depuis cet accident j'aurais dû me rendre compte qu'un homme comme lui à d'autres responsabilités que de prendre soin des autres ou simplement prendre des nouvelles alors qu'il était présent et n'a rien fait pour aider.
Mon téléphone dans les mains, je cherche un post qu'il aurait pu mettre, un nouveau tweet, une photo, ou même une vidéo, et comme chaque semaine, une vidéo est présente, le live est fait, les tweets les likes, tout parait normal. Les gens le soutiennent encore plus, le félicite, et l'encourage, il est même pris aux petits soins par tous, comme si c'était lui qui avait le plus trinqué lors de l'accident.
Désormais, je n'ai plus qu'une envie, guérir, sortir d'ici, reprendre ma vie et l'oublier. Oublier cette journée de merde, ces semaines coincées ici, ce monde hypocrite, tout. Je poursuis ma rééducation, me renforce musculairement, mais surtout, me concentre moralement, la haine que j'éprouve ne suffira pas pour me pardonner moi-même de ne pas avoir su protéger ses enfants. En y repensant, je ne sais même pas si le motard a survécu, personne ne m'en a parlé, et je n'ai rien entendu aux infos.
Perdu dans mes pensées j'appelle ma mère, j'ai besoin d'entendre sa voix, savoir comment elle va, comment elle gère tout ça.
- Je n'ai pas le temps, je te rappelle plus tard.
Je n'ai pu dire aucun mot, qu'elle a raccroché. Alors c'est ça de se retrouver seule alors que j'étais entouré ? Il suffit d'un accident, de quelques semaines hospitalisées pour qu'on m'oublie. Une larme à l'œil, je me sens abandonné, triste de ne pas compter plus que ça pour elle...
C'est décidé, je m'en vais. Je me lève doucement et prépare mes affaires, tout le monde s'en moque de moi, alors pourquoi rester plus longtemps ? Pour remplir leurs poches, certainement pas. J'ai chaud, très chaud, mais je n'y prête pas attention, je prends mon sac et sors de ce maudis hôpital. Ma tête tourne légèrement, j'ai dû faire trop vite, l'air frais me fait du bien, comme un nouveau souffle, le soleil est présent et me guette, j'ai l'impression d'être à nouveau libre.
Doucement je me dirige vers l'arrêt de bus pour rentrer chez moi, quand quelqu'un me cris après...
- Où allez-vous comme ça ?!
Je n'y prête pas attention et poursuis mon chemin, le bus s'arrête, je rentre, il ferme les portes, et la je vois le médecin comme un idiot planter là regardant le bus s'en aller. Je sais très bien que jamais je n'aurais dû partir, que ma rééducation n'est pas finie, mais je n'en peux plus, de me sentir comme une moins que rien, une faible, j'ai besoin de vivre, de reprendre ma vie d'avant.
Une demi-heure est passée, je suis enfin rentrée. Épuisée, je m'allonge sur le canapé, et m'endors rapidement.
- Camille, mais qu'est-ce que tu fais là ?! Tu devrais être à l'hôpital, je les appels tout de suite !
Ses cris me réveil, elle ne voit donc pas que tout ce dont j'ai besoin c'est d'elle, de son soutient, de son amour au lieu de me renvoyer le bas ? Je la laisse appeler, paniquer, je me dirige vers ma chambre et m'enferme. Je ne sortirais plus d'ici.
- Camille ! Sors de la tout de suite !
Je ne dis pas un mot, je suis épuisée, à bout de force, totalement affaiblie.
- Camille, je ne rigole pas, sors de là !
Au manque de réponse de ma part, elle poursuit son monologue :
- Tu ne vois donc pas à quel point je me pourris la santé à travailler et supplier pour avoir toujours plus d'heures sup' tout ça pour te payer ces putains de frais d'hôpitaux ?! Et toi tu pars tu envoie tout valser alors que tu n'es même pas rétablie ?! Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi bordel ?! Sors de là !
Il y a bien longtemps que je n'avais plus subi ses cris, sa colère contre moi, on pourra dire que cela n'aura pas duré, il aura suffi que je prenne une seule décision pour ma propre personne, pour que le bordel recommence. En fait, elle à raison sur un point, j'étais mieux à l'hôpital seule. Elle était au moins débarrassée de moi, plus de petite conne pour la saouler ou la contrarié, en fait j'ai toujours dérangé, mais ce n'est qu'aujourd'hui que je le réalise enfin.
Les écouteurs dans les oreilles, la musique à fond, les larmes aux yeux, je l'entends toujours frapper à cette porte comme un bourrin, mais rien n'y fera, ce soir, je ne sortirais pas. J'ai besoin de dormir, me reposer, arrêter mes pensées un court instant.
Elle finit par laisser tomber, mais moi je ne dors toujours pas. Je suis épuisée moralement et physiquement, je ne comprends pas pourquoi tout ceci est arrivé, comment cela à pu arriver. Tout était prévu depuis des mois, le trajet, le bus, le conducteur avec une longue expérience, les élèves tous bien respectueux des règles que j'avais fixées, tout était planifié, tout sauf ce moment tragique. Et lui, pourquoi il ne se manifeste plus ? S'est-il confié aux enfants, leur a-t-il effectivement fait les photos et dédicaces pour les rassurer un peu de ce traumatisme ? L'école m'en veut-elle ? Suis-je radié et suspendu ? Je commence à pleurer à m'apitoyer sur mon sort, je ne suis pas assez forte pour gérer tout ça, j'ai envie de crier, de hurler...
- AHHHHH
Mes mains sur mon visage, je crie, je pleure, je suis à bout, mes nerfs lâchent totalement... ma mère ne réagit même pas... je m'effondre sur le sol prés de cette porte et me laisse ronger par la douleur, et mon incapacité à les avoirs tous protéger.
Trois jours sont passés, et sans surprise, je suis de retour dans la chambre vide d'espoir, rempli de blouse blanche, de câbles, de... solitude. On est fauché, totalement fauché et pourtant je poursuis cette rééducation qui ne mènera à rien. Marcher c'est bien, mais si le moral n'est pas là, j'aurais beau courir dehors telle une gazelle, mes sentiments ne s'envoleront tout de même pas. Récemment j'ai appris qu'une enquête était en cours, mais qu'il n'y avait aucune trace de ce motard dont je fais référence depuis le début, aurais-je halluciné ?
Chaque jour j'écoute les infos à la télé, je me renseigne sur chaque passager, sur l'avancée et la proportion que cela a pris, mais rien ne change, personne ne comprend rien, et tout le monde admire l'autre idiot pour son sang froid. Je me balade sur chaque réseau social espérant faire passer le temps, jusqu'à que je vois une cagnotte en ligne pour cet accident.
Mes yeux n'en reviennent pas, il a vraiment fait une cagnotte pour sa petite gueule ? Comme s'il n'était pas assez riche, il faut qu'il en rajoute. Je le vois en direct à pousser les gens par millier à donner un euro symbolique, rien qu'un euro, il frétille, se remue, rit, il a l'air tellement heureux derrière son écran... à sa vraie place finalement. Il propose des défis pour chaque palier atteint, je n'en reviens pas. Un accident c'est grave, et lui ne trouve rien d'autre que d'encourager les gens à le voir faire une connerie pour faire rire le monde en échange d'un euro. Je ne sais même pas s'il me blesse en faisant ça, ou s'il m'exaspère, mais au fond j'aurais dû m'en douter, il faut profiter de l'événement pour faire des bénéfices.
Blessé par son égo surdimensionné, j'éteins mon téléphone et ferme les yeux, j'ai besoin de couper de la réalité, seuls les rêves peuvent m'emmener dans un autre monde.
Mon téléphone sonne et vibre sur ma poitrine, je ne sens rien, je dors paisiblement. Le monde pourrait s'écrouler ou au contraire, s'en j'ailler de mon absence, je me sens bien loin de tout, perdu dans la profondeur de mes rêves.
- Je vous assure qu'elle va bien, elle
- Vous me dîtes que ça fait deux jours qu'elle n'a pas ouvert les yeux !
J'entends des cris, une dispute plus exactement, puis plus rien, la porte s'est claquée. Quelqu'un me tient la main, j'ouvre doucement les yeux. Comme une impression de déjà vu, une impression que rien n'est réel, j'ai le sentiment que mon corps flotte dans l'air alors que je suis couchée. Je le regarde attentivement, puis regarde autour de moi, je ne suis plus au même endroit.
- Comment tu te sens ?
- Shooter aux médocs. Qu'est-ce
- Chut, tu ne dois pas t'essouffler. On ta transférer dans un hôpital spécialisé, dans quelques jours tu seras chez toi. Tout va bien, j'ai tout pris en charge, ta maman se repose un peu, mais si tu veux je l'appelle.
- Pourquoi tu fais ça ?
- J'ai fait un weekend avec des potes pour récolter un maximum d'argent pour ton opération, et pour indemniser le chauffeur ainsi qu'un nouveau bus, et les autres frais lié à cet accident. J'ai bien compris que pour toi je suis un connard sans cœur, mais, je... je suis vraiment différent depuis ce jour-là.
Je ne l'écoute plus, je n'en ai rien à faire de ces mots, de toute manière, je suis trop fatiguée pour comprendre ce qu'il me dit. Son charabia je m'en fou, un homme ne change pas du jour au lendemain, surtout pas quelqu'un d'aussi influent que lui. Je l'ai vu sa cagnotte, mais, je ne me souviens plus de l'intitulé où même de la cause qu'il défendait, me dire tout ceci aujourd'hui c'est trop facile, je ne peux rien vérifié, je ne peux ni même me défendre, je suis simplement clouée au lit accompagné de ses lèvres qui bougent à toute vitesse, de ses yeux qui me fixent... de, sa personne.
- Tu ne devrais pas être là, tu en rien as foutre de nous.
- De nous ?
- De ses enfants, de moi, de tout.
J'ai l'impression qu'il le prend mal, mais le garde pour lui, je le vois bien dans son regard qu'il est blessé de mes paroles, il ne réagit plus, comme figé face à ma réaction. Il s'approche doucement de moi, de mon visage, il hésite, puis se lance.
Ses lèvres se collent aux miennes, c'est si doux, si tendre, si... beau et irréaliste à la fois. Il s'arrête, me regarde les yeux dans les yeux, il rougit, puis s'excuse face à mon manque de réaction.
- Tes excuses ne valent rien, m'embrasser juste pour soulager ta conscience, me faire croire que t'en à quelque chose à faire de moi franchement c'est dégelasse.
- Tu sais ce qui est dégelasse ? Et ta certainement tes excuses pour être aussi froide et nul à chiez pour faire confiance aux gens à part à toi-même, mais au lieu de me rabaisser comme tu le fais, ouvre les yeux avant de l'ouvrir parce que tu n'es pas mieux.
Je le vois partir sans même se retourner et voir les dégâts qu'il vient de causer, je me sens totalement détruite, comme poignardée en plein cœur sans aucun remords. Il m'a balancé ces mots comme s'ils n'avaient aucune signification puissante, comme si ce n'était qu'une phrase parmi tant d'autres, jamais je n'aurais pu croire qu'une telle violence sort une fois de sa bouche...
Une nouvelle fois je me retrouve en larme, et encore une fois par sa faute, je me sens conne, je me sens nulle, il essayait juste d'être gentil, et moi comme à chaque fois je gâche tout. J'aimerais tant pouvoir me lever le rejoindre et m'excuser, mais je ne peux pas, je suis branchée à plusieurs machines, bloquée ici, mais c'est certainement mieux. Aucun de nous ne s'est s'exprimer, mais surtout aucun de nous n'est conscient de nos paroles brutes.
Si seulement je pouvais l'appeler, lui envoyer un petit message, un pardon, mais même si au plus profond de moi je le veux, je ne pourrais rien faire, tous ses réseaux sont bloqués ou spammer par des messages, le mien se perdrait parmi des millions de fans désespérés d'avoir un jour une réponse, il est le seul à pouvoir me contacter, et après mes paroles, je pense que jamais il ne le fera, et je le comprends, moi-même après ça je n'aurais pas envie de faire le premier pas.
Les jours défilent, et tout se passe comme prévu, je sors officiellement de ses bâtiments où l'on ne voudrait jamais y mettre les pieds. Mon cœur espère qu'il soit là à ma sortie, mais personne n'est là. Aucune voiture ne m'attend. D'un pas lent et triste, je me dirige vers l'autocar, je me sens bizarre, guérie physiquement, mais moralement, c'est une autre histoire. Je m'y approche, je m'apprête à lui faire signe d'ouvrir la porte et me laisser entrer, qu'il part sans moi. Le cœur serré et malchanceux, je marche indéfiniment, n'arrivant peut-être jamais entière jusqu'à chez moi. Mes jambes arrivent à bouts, je sens la fatigue musculaire me guetter et me menacer de se bloquer un moment, mais je n'écoute pas mon corps, je continue de marcher.
J'aimerais appeler ma mère, mais depuis notre dernière conversation, je ne veux plus lui causé le moindre ennuie, je m'efforce de faire quelques pas encore, et m'assois par terre dans une ruelle inhabitée. Mes paupières deviennent vite très lourdes, je m'endors sans le vouloir et me retrouve allongé contre ce macadam.
De la lumière, du soleil, il fait jour, bordel j'ai mal ! Je me relève sur le côté doucement, enlève ses quelques cailloux de mon visage, puis de mes mains, reste assise un moment, je suis peut être guérie, mais les cicatrices à un geste brusque me font toujours aussi mal. Je regarde l'heure, ainsi que mes notifications, personne n'a essayé de me joindre, c'est triste de voir à quel point ma famille tient à moi. Tout le monde savait que j'aurais dû rentrer hier, et personne ne s'est inquiété.
Je me lève, et poursuis mon chemin, quand d'un coup, je décide de me diriger vers l'école à laquelle j'enseigne.
Personne ne me remarque, ils ont tous l'air d'aller bien, ils jouent comme avant dans la cour, heureux. Ils n'ont pas l'air blessés ou affectés par cette journée, j'entre pour en savoir plus sur ma situation.
Une inconnue se trouve devant moi et me demande qui suis-je, que je n'ai pas l'autorisation d'être là, alors ils m'ont remplacé, je ne suis déjà plus rien pour eux ? Je ne lui montre rien, je ne dis rien, je me contente simplement de m'en aller, détruite une fois de plus.
- Camiiiiiiille !
Un enfant me saute dessus heureux de me revoir, puis un deuxième, un troisième, puis un tas de petits schtroumpfs à mes pieds, ils ne m'ont pas oublié, ils sont tous là à se chamailler pour que je les prends dans mes bras... je commence à pleurer, ils sont si adorables, si émouvants...
- Je ne vous avais pas reconnue, je suis Isabelle, celle qui vous remplace le temps de votre absence. Je ne savais pas que vous deviez revenir aujourd'hui.
Les enfants repartent jouer sous l'ordre d'Isabelle, puis m'emmène vers la directrice, ils ont tous l'air surpris de ma venue, comme si jamais je n'aurai dû revenir. Les émotions sont trop fortes pour moi en ce moment, ils sont toute ma vie, et j'ai l'impression de ne plus en faire partie...
- Nous n'attentions pas votre retour avant au moins deux bonnes semaines, il vous faut du repos avant de reprendre.
- Donc vous ne me virez pas ?
- Vous avez l'air surprise, non, une enquête est en cours, et à l'heure qu'il est, vous n'y êtes pour rien, à part accompagner ces enfants vous ne pouviez rien faire de plus, l'accident se serait produit avec ou sans vous.
Elle me rassure, je me sentais tellement coupable et personne ne m'en veut. Tout le monde s'en est sortie, soit avec quelques blessures pas bien méchantes, soit avec quelques bleus, simplement, tout le monde a repris sa vie comme si rien ne s'était jamais passé. Elle m'explique que l'enquête à dû mal à avancer, car le conducteur de la moto à pris la fuite après nous avoir rentré dedans, et cela piétine, ils n'ont pas d'indice, ni sur le pourquoi celle-ci à griller le stop du croisement, ou encore pourquoi il était aussi rapide. Le seul réel verdict, c'est que notre chauffeur de bus malgré la peur, à bien réagit en freinant, un peu trop sec se qui à fait perdre le contrôle du véhicule, mais avec le choc des deux engins, il y aurait forcément eu des dégâts. Je suis la seule à vraiment avoir été blessée. Il faut dire que la moto m'est foncée directement dessus, et que l'explosion était vraiment proche de moi...
On continue de discuter encore un peu avant de me laisser partir et poursuivre mon chemin. Revoir cette école, ces enfants m'a vraiment fait du bien, j'ai vu qu'au moins quelques petits monstres tenaient à moi, et j'ai vraiment besoin de me sentir un minimum aimé en ces temps-ci.
J'approche de la porte d'entrée, j'ai peur de sa réaction, de son comportement envers moi, mais personne n'est là.
*Appel masqué*
- Allo ?
- Bordel t'es où ?! Il y a un avis de disparition qui passe partout !
Je raccroche immédiatement, mais de quoi il me parle ? Et pourquoi il m'appelle pour me dire ça, il pourrait au moins s'excuser pour la dernière fois. J'allume la télé, il n'y a rien, j'ouvre les réseaux sociaux, je vois ma tête partout, tous mes amis, toute ma famille ont partagés m'ont avis de disparition, ils sont devenus tarés ou quoi ? J'appelle immédiatement ma mère pour la rassurer.
Malheureusement pour moi elle ne répond pas. Je partage sur mon profil que je vais bien, que je suis rentrée, et signale une majeure partie des publications inquiétantes à mon sujet pour qu'elles s'enlèvent, mon téléphone ne fait que sonner, il persiste, comme si ça l'inquiétait vraiment d'où j'étais. S'il était vraiment inquiet il aurait consulté mon profil public et aurait vu que tout va bien, mais au lieu de ça il m'appelle en masqué, toujours pour se protéger et égoïstement pour ne pas changer.
*Appel masqué*
- Si tu veux une conversation arrête de m'appeler en masqué.
Folle de rage je raccroche, je suis fatiguée de courir après le monde et de me battre avec des gens qui ne le méritent pas. Je sais qu'il n'appellera pas, il est trop fier pour ça. Trop peureux que je le dévoile au monde entier, que je pourrisse sa réputation, qu'il devienne harcelé de tous, si seulement il savait à quel point je n'en ai rien à foutre de lui et de sa petite personne.
*+33 06....*
- ...
- Je ne sais pas si je peux réellement avoir confiance en toi, mais si ce n'est pas le cas, c'est que je me suis bien trompé sur ta personne. Où es-tu ?
- Si je comptais un minimum pour toi, tu ne me menacerais pas, et surtout, tu aurais regardé les réseaux sociaux.
- Et si on arrêtait ce petit jeu là, on passe notre temps à s'envoyer des piques, et si on se disait simplement ce qu'on ressentait pour changer ?
- Je répète ma phrase, si je comptais un minimum pour toi, tu n'agirais pas comme ça.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je raccroche, je suis fatiguée de jouer avec lui, c'est un enfant qui ne sait pas ce qu'il veut et surtout un enfant gâté qui reçoit tout ce qu'il veut quand il veut, s'il veut vraiment me parler il me faudra un peu plus qu'un coup de fil trop facile, il va falloir se battre un minimum parce que je n'ai toujours pas digéré ces propos.
Les jours passent et je n'ai plus de nouvelles, comme quoi qu'un enfant reste un enfant, il ne réalise pas à quel point il est con, qu'il passe à côté de quelque chose, il a sans doute raison, pourquoi s'emmerder avec une gamine comme moi. Il faut que je l'oublie, de toute manière il ne se passera jamais rien, un con reste un con. Sa vie est toute tracée, il n'y a pas de place pour qui que ce soit à part lui-même. Seule sa carrière, son avancée majestueuse comptent. J'espère simplement qu'un jour, lorsque son adrénaline soit passée, qu'il se rend compte que profiter de la jeunesse et s'amuser c'est bien, réaliser ces rêves c'est génial, mais penser à se caser que c'est tout autant merveilleux, et lors d'un certain âge, tu as beau être riche, tu ne seras plus aimé pour ta personnalité ou ton physique, seuls les imposteurs seront là pour voler l'argent d'un vieux papi grisé.
Dans toute cette histoire, je pourrais au moins dire que parmi toutes ces groupies qui le suit, que j'ai eu la chance de le voir, de passer un peu de temps avec lui, et plus fous encore, que malgré son caractère de merde, son égoïsme, qu'il m'a embrassé. Beaucoup rêverait d'être à ma place, et vous savez quoi ? Malgré la déception de son comportement, pour rien au monde je n'échangerais ma place. On a été odieux l'un envers l'autre, mais d'une certaine manière sous tous nos propos, on est attaché l'un à l'autre, et peut être même rattaché par une jalousie de vouloir être comme l'autre sauf que toute joyeuse histoire à une triste fin. C'était une belle aventure, mais chacun à sa vie à vivre, à rêver, je n'en ferais rien de son numéro, où même de se magnifique baiser. Il mérite de poursuivre sa carrière sans se soucier des autres où des propos désobligeants, il mérite de vivre sans se soucier de qui le suit ou raconterait n'importe qu'elle ragot sur sa personne et son éventuel couple.
Peu importe comment lui gérera la situation, jamais il ne sera prêt à un sacrifice ou à un changement trop important, je dirais même qu'avoir fais le premier pas revient d'un miracle venant de sa part. Tout ce que je sais désormais, c'est que vivre avec une célébrité n'est pas réservé qu'aux personnes célèbres ou riches, l'amour frappe tout le monde et sur tous critères sociaux. Il faut simplement oser faire le pas.
Oser est une grande action autant qu'un grand mot, et pourtant aujourd'hui, il n'est plus rien, il n'est qu'un mot formé par une adrénaline.
Et voilà, vous êtes arrivés à la fin !
Merci à tous pour votre participation, le prochain thème arrive samedi ou dimanche, et reprend la normal, donc deux fois par mois ♥
Bonne journée !
Lauwern
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