@mastocyte part 1/3

Ce texte est un roman avec ces 8000 mots et quelques! Je vais le couper en deur et mettre la notation et l'avis dans une troisième partie!!
Pck, mon watt bug là XD

NOM: Sous les lattes du parquet
TEXTE:
♡☆♡☆♡☆♡☆♡☆♡☆♡☆♡☆♡

Quelqu'un frappe à la porte de ma chambre et n'attend même pas de réponse pour entrer. Je ne me retourne même pas pour voir qui entre. J'en ai rien à faire de ce que me veulent les autres, je veux seulement plus voir leur tête de cons. On lui m'avait parlé d'un nouveau colocataire de chambre mais j'en ai pas prêté une grande attention. J'étais bien tout seul, sans personne pour me faire chier.

- Monsieur Gärtner, levez-vous s'il-vous-plait, demande le directeur alors que j'obéis immédiatement. Voici votre nouveau colocataire de chambre, Monsieur...

- Chevallier, répond l'inconnu.

- C'est ça. Donc, accueillez-le au mieux. N'hésitez surtout pas à l'aider s'il a besoin d'aide. Je vous laisse faire connaissance. Et surtout, Monsieur Gärtner, essayez de vous intégrer un peu mieux.

Le directeur quitte la chambre nous laissant derrière lui. Le nouveau avance vers le lit de gauche pour sortir toutes ses affaires tandis que je m'installe comme j'étais avant qu'il vienne me déranger. La compagnie, très peu pour moi. Je ne veux plus m'attacher pour rien, ça fait trop mal. Je ne veux pas souffrir comme j'ai souffert. C'était il y a trois mois exactement. Déjà ? Avant, j'étais extraverti, populaire, aimé mais subitement, tout a basculé. Je l'entends ranger ses affaires comme tu l'avais fait le jour où il est arrivé ici... je ne t'ai même pas vu les ranger. Tu es parti trop vite... En même temps qu'il déballe ses affaires, il annonce :

- Je m'appelle Andrea et toi ?

- Tobias.

- T'es pas très bavard dis donc.

- Laisse-moi tranquille.

- On va partager la même chambre pendant une année entière, autant commencer sur de bonnes bases tu ne penses pas ?

- Je vais la faire simple, répliqué-je en me retournant. Je ne voulais pas quelqu'un avec moi, j'ai jamais voulu ça alors laisse-moi seul.

Je me lève et m'enferme dans la salle de bain. La dernière fois que j'avais eu un colocataire, la fin avait été brutale. Je ne veux pas recommencer une nouvelle fois. Ce nouveau ne me plait pas vraiment. Le voir quelques minutes m'avait suffi pour être dégoûté. Ce Andrea allait m'empêcher de faire ce que j'aime par-dessus tout. Je suis bien dans la salle de bain. C'était notre endroit, tu t'en souviens ? Tu te souviens de tout ce qui s'est passé ici ? Tous les deux. Je m'assois sur le rebord de la fenêtre pour regarder la campagne environnante. Un pensionnat dans un coin paumé, ravitaillé par les corbeaux. Au moins, ici, je suis loin de mes parents, c'est l'essentiel.

Alors que je rêve à moitié, j'entends quelqu'un frapper à la porte de ma chambre. Qu'est-ce qu'ils ont tous aujourd'hui ? Ils se sont tous décidé à me faire chier. Personne ne vient jamais frapper à la porte de ma chambre. On dit qu'elle est maudite depuis que tu es parti. Tu m'as abandonné... Je tedéteste mais putain, je t'aime tellement. Les bruits de pas indiquent qu'Andrea est allé ouvrir. Ma curiosité étant bien trop grande, je me colle à la porte de la salle de bain pour écouter la discussion :

- Ah salut, t'es le nouveau c'est ça ? demande une voix que je reconnais immédiatement, Gabin.

- Oui, je m'appelle Andrea et toi ?

- Gabin, il est pas là le Tueur ? demande-t-il.

Je sens mon cœur s'accélérer. Je devrais avoir l'habitude maintenant, non ? Ça fait plusieurs mois que c'était devenu mon surnom. Je connais bien Gabin qui est d'ailleurs loin d'être mon meilleur ami, très loin même. Il veut se mettre Andrea dans la poche. Comme si j'étais destiné à n'avoir aucun ami ici... Tu étais le seul et tu le seras le seul à jamais.

- Le Tueur ? répète Andrea qui ne comprend rien.

- Tobias, ton coloc, il est où ?

- Dans la salle de bain, avoue innocemment Andrea.

- Il a dû avoir peur de toi, en même temps, c'est une chochotte ce gars.

- Pourquoi tu l'as appelé le Tueur ?

- C'est pas pour te faire peur mais on dit qu'il a tué son ancien colocataire de chambre.

- Hein ?! s'exclame Andrea.

- Tout le monde est au courant ici. Il y a trois mois, son ancien coloc a disparu. Du jour au lendemain, plus personne. On a seulement retrouvé le Tueur avec un couteau recouvert de sang dans ses mains et du sang sur le lit de son coloc. C'est juste pour te mettre en garde qu'il n'est vraiment pas normal. Si tu veux pas rester ici, ce qu'on peut comprendre, viens dans notre chambre. C'est celle tout au bout du couloir à gauche.

- Mais attends, pourquoi vous lui avez jamais posé la question directement ?

- On lui a posé mais il n'a jamais répondu.

- D'accord... lâche Andrea qui, je pense, n'arrive pas à comprendre cette histoire.

- Bon je te laisse, je crois que t'as encore beaucoup de choses à ranger. Fais gaffe parce qu'ici ils sont hyper à cheval sur la propreté et le rangement, simple conseil.

- Merci.

Gabin sort et repart vers sa chambre. Sa mission est terminée. Il veut seulement qu'Andrea se rallie à leur groupe de merde, pour me laisser de mon côté. A part m'insulter, ils ne font rien d'autre. C'est dans leurs habitudes depuis ce jour. Avant, on était amis. Tu t'en souviens ? Avant. Avant que tu partes. Encore sous le choc, Andrea continue tout de même de ranger ses affaires. Je me décide à sortir de la salle de bain. Il était presque dix-neuf heures et on va devoir aller manger. Andrea n'ose pas me regarder. Je comprends directement et annonce sûr de moi pour mettre enfin les choses au clair :

- Tu sais, je vais pas te tuer.

- Je n'ai jamais pensé ça.

- Bien sûr, je suis pas stupide. Tout le monde le pense.

- Je ne suis pas comme tout le monde, affirme Andrea.

- Ne mens pas. T'as peur de moi parce que l'autre con t'a dit que j'avais tué mon ancien colocataire. Mais il ne sait rien ! Il ne sait absolument rien d'accord ! m'emporté-je en l'attrapant par son col. Personne ne sait ce qui s'est passé donc fermez votre gueule !

Pourquoi ? Pourquoi je m'énerve contre lui alors qu'il n'a strictement rien fait ? Contrairement aux autres, je ne vois pas de la peur dans ses yeux. Je dirais plutôt de la pitié. Il a pitié de moi ? De ce que je suis devenu ? Peut-être qu'il est... non. Quelqu'un frappe à notre chambre, pour la troisième fois aujourd'hui. La chambre 29 est maudite, vous avez déjà oublié ? Je ne l'ai toujours pas lâché mais il ne se débat pas. On attend tous les deux de savoir de qui il s'agit.

- Andrea ? C'est Gabin, tu viens manger avec nous ?

- Oui, oui, j'arrive, deux minutes, répond-il.

Je le relâche, me retourne et pars m'enfermer une nouvelle fois dans la salle de bain. Mon refuge. Je le préviens tout de même.

- Pars avec ton meilleur ami, moi je reste ici. Ne dis même pas ce qui vient de se passer si tu veux pas le regretter.

Je ferme la porte de la salle de bain à clé cette fois-ci. Quant à Andrea, il est déconcerté. Il n'arrive pas à comprendre et il n'y arrivera jamais. Comment l'autre abruti de proviseur veut que je m'intègre alors que tout le monde me hait ? J'ai rien demandé moi... quand je pense à avant, j'ai envie de disparaître. De m'envoyer en l'air. Réellement. Voler. Malheureusement, il n'y a qu'un truc qui peut me faire planer. Ce que je cache dans la salle de bain, sous le parquet. Mes joints. Tu te rappelles ? On s'amusait bien avec ça. Tous les deux dans notre monde imaginaire, à rêver d'évasion. Je suis devenu accro. A ces joints et encore plus à toi... Tu reviendras ?

*

- Pourquoi tu fais cette tête ?

- C'est rien, t'en fais pas.

- Il t'a fait quoi le Tueur ?

- Rien.

- T'es sûr ?

- Oui je te dis.

- Et il fait quoi ?

- Je sais pas, il s'est enfermé dans la salle de bain.

- Je ne sais même pas pourquoi je demande. On a l'habitude ici qu'il ne vienne pas manger. Les surveillants ne font même plus attention à lui. C'est le Tueur quoi.

- Il a un prénom.

- Sûrement.

- Tu ne le connais pas ?

- Si, bien sûr. c'est juste que personne ne l'appelle par son prénom ici. Il s'appelle Tobias. On y va ?

- Je te suis.

*

Moi je suis resté à la fenêtre, dans le noir, à fumer un peu. Il faut que je pense à économiser un peu, je ne vais pas finir le mois sinon. A chaque fois que je retourne chez moi, chez mes bourges de parents, j'achète un maximum pour ne pas être obligé de rentrer les week-ends chez moi. Je pourrais rentrer mais être seul ici ou chez moi, pas de différences. Le seul point positif à être ici c'est qu'ils ne sont pas sur mon dos. Je suis plus libre dans cet internat que chez moi. Le comble du désespoir. Quand tu étais là, j'avais enfin un ami. Je suis toujours là. Non, tu es parti... Si j'étais réellement parti, tu ne me parlerais plus. Je suis encore là, tous les jours avec toi.Menteur ! Je ne peux pas te détester ! Tu étais tout pour moi ! Tu m'as fait découvrir tellement de choses, tout ce que mes parents m'interdisaient ! Tu te souviens de tout ? Oui ! Et me voilà comme un con en train de fumer mon joint, à notre fenêtre. Va parler aux autres, va leur dire ce qui s'est réellement passé, ce qu'on a fait ce soir-là. Jamais. Pourquoi ? Ils nous prendraient pour des fous. Tob, tu es en train de me parler alors que tu sais parfaitement que c'est impossible. Je ne voulais pas que ça arrive... Je te le jure, j'ai tout fait.C'est de ma faute, j'aurais dû t'en parler au lieu de tout garder pour moi. A l'heure d'aujourd'hui, c'est toi qui souffre le plus donc c'est de ma faute. Je vais bien. Non. Ne fais pas les mêmes erreurs que moi, je t'en prie. Ton nouveau colocataire arrive. Je m'en fous de lui. Tob, tu pleures.

Je reprends mes esprits brutalement quand j'entends la porte de la chambre s'ouvrir. J'ai les joues humides. Je passe la manche de mon pull rapidement pour essuyer ces traces humides. Je descends du rebord de la fenêtre et Andrea allume la lumière au même instant. Heureusement que j'ai tout planqué avant qu'il arrive. Il sourit. Il me sourit. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un sourire ? Je ne bouge pas mais lui s'approche de moi.

- Tiens, je t'ai pris ça à la cantine si t'avais faim, dit-il en me donnant du pain et une pomme.

- C'est gentil mais j'en veux pas. Garde tes petits cadeaux pour tes amis. Bonne nuit, terminé-je rapidement en le poussant pour aller dans la salle de bain.

- Attends ! s'exclame-t-il en m'attrapant le bras.

- Quoi ? demandé sévèrement en ne quittant pas son regard bleuté des yeux.

- Je viens d'arriver. Ça ne fait même pas une journée que je suis ici. Je ne sais pas ce qui s'est passé donc arrête de croire que je te veux du mal. Je ne crois pas à ce qu'ils ont dit. Les rumeurs, je déteste. J'attendrais la vraie version venant de celui qui était là, de toi, pour tirer des conclusions. Tu es Tobias, pas le Tueur.

Je ne sais pas quoi dire. Je l'aime bien lui. Tais-toi. Tu sais bien qu'à chaque fois que tu fumes, je suis là. J'arrêterai de fumer. Mensonge, tu ne peux pas.Laisse-moi deux minutes, je m'occupe de lui.

- T'es la première personne qui me dit ça depuis...

- Depuis ce jour dont tout le monde parle, finit-il.

- Ouais, on peut dire ça comme ça... Le couvre-feu ne devrait pas tarder, je vais me coucher.

- Tu ne manges pas ? réessaie-t-il une nouvelle fois.

- J'ai l'habitude.

- T'as la peau sur les os, c'est pas normal. Il faut que tu manges.

- Je sais ce que je fais de mon corps ! Tu n'es ni ma mère ni mon père donc laisse-moi !

- Non, je ne te laisserai pas.

- Pourquoi ?

- Je suis ton ami et on ne laisse pas mourir nos amis.

Ironie du sort, non ? Oui.

*

- Tobias ?

- Quoi ? dis-je énervé alors qu'on est tous les deux couché dans notre lit, dans ton lit.

- Comment il s'appelait ?

- Qui ?

Moi, Tob. Il parle de moi.

- Ton ancien colocataire.

- Alois. Il s'appelait Alois...

*

- On va déjeuner ensemble ? me demande Andrea alors que l'on est tous les deux prêts à sortir.

- Va avec tes amis.

- Non. Je vais avec toi.

- Et si je te dis que je ne vais pas manger, qu'est-ce que tu répliques ?

- Je dis que tu viens, t'as pas le choix. T'as pas mangé hier non plus, j'ai pas envie que tu crèves de faim.

- Tu me fais chier.

- Je sais, bon, dépêche, on y va ensemble.

Finalement, je vais déjeuner avec lui. Je dois bien avouer que ce n'était pas dans mes plans. Normalement, le petit-déjeuner, j'arrive le dernier pour ne pas qu'on m'emmerde. Là je vais être obligé de me coltiner Andrea en plus de tous les autres parce qu'on arrive tous en même temps. Tout le monde a l'habitude que j'arrive en dernier, ça va leur faire bizarre de me voir aussi tôt.

On sort tous les deux de la chambre direction le réfectoire. Sur le chemin, tout le monde se met à chuchoter dès que je passe à côté d'eux. Andrea et moi ignorons tout simplement. Depuis que tu es parti, c'est le même cirque dès que je sors de ma chambre, de mon petit refuge. On arrive rapidement au réfectoire et comment dire... y a beaucoup trop de monde. Comment est-ce supportable de manger avec tout ce monde autour ? On ne s'entend même plus parler. Je passe rapidement au self pour choisir ce que je vais manger. Du pain, du beurre, du jus d'orange, c'est largement suffisant. Les dames du service semblent étonnées de me voir ici mais elles me sourient. Comme pour m'encourager. Andrea se sert comme s'il n'avait pas mangé depuis dix jours. C'est possible de manger autant ? Toi, tu ne mangeais presque rien. Même moi j'avais dû mal pour te faire manger. Chut. Ne me parle pas. Il n'y a que toi qui m'entends. Je sais et heureusement, je passerai vraiment pour un fou sinon.

- Tu veux t'installer où ? me demande Andrea.

- N'importe mais loin du monde. Je déteste le bruit.

- Il y a quelque chose que tu aimes ?

Moi.

- Non.

- Bon, viens on va se mettre là, ils viennent de partir.

On se dirige vers une table de quatre, près d'une fenêtre. J'aime bien les fenêtres, enfin notre fenêtre malgré ce qui s'est passé. Je n'aime pas le vide. Andrea commence à manger rapidement tandis que moi, le plus lentement possible, je tartine mon minuscule bout de pain avec le beurre immonde de la cantine. On est tranquille tous les deux, sans personne pour s'en prendre à moi. Je sais qu'ils ont voulu connaître la vérité mais que je n'ai jamais répondu mais c'est à cause de ça que je suis devenu le Tueur. Je voulais teprotéger, te préserver. Ils n'avaient pas le droit de s'en prendre à toi après ce qui est arrivé. Tout est leur faute si c'est arrivé. Ils croient que je t'ai tué alors que j'ai tout fait pour te sauver. Dis-leur. Non, je ne peux pas. Pourquoi ?Parce que je...

- Tobias ? Est-ce que ça va ? annonce Andrea.

- Je... oui, pourquoi ?

- Tu pleures, répond-il alors que je sens une larme descendre le long de ma joue pour s'échouer sur mon plateau.

- Oui ça va, ce n'est rien.

- Sûr ?

- Laisse-moi ! crié-je, tout le monde se tait autour et nous regarde. Je ne te connais que depuis hier alors laisse-moi !

Je prends mon plateau et pars le plus rapidement possible. Les larmes continuent de ruisseler le long de mon visage. Alors que j'allais poser mon plateau à l'endroit prévu à cet effet, j'entends derrière moi :

- Hey le Tueur, tu prévois ta prochaine cible ?

- Pourquoi t'es là ?

- T'as pas honte après ce que t'as fait ?

- Je vengerai Alois !

- Mais fermez-la ! intervient Andrea, je ne bouge plus et écoute, sans me retourner, ce qui va suivre. Il n'a rien fait et vous arrêtez pas de vous en prendre à lui ! Il est comme nous. Je viens d'arriver et je ne comprends rien à cette histoire mais contrairement à vous, je ne me fie pas à ce qui a été dit. Je suis sûr qu'il y a une explication rationnelle à tout ça sinon vous pouvez être sûrs qu'il ne serait plus ici. Vous croyez vraiment qu'on laisse un meurtrier en liberté ? Réfléchissez à ça.

C'est la première fois. La première fois que l'on prend ma défense. Il n'est peut-être pas comme tout le monde finalement... Peut-être que je pourrais tout lui raconter. A moins qu'il fasse uniquement cela pour que je tombe dans un piège que Gabin a posé hier quand ils étaient ensemble. Je n'ai pas envie de me faire avoir. Alors que je pensais me retourner enfin pour faire face à tous ces regards braqués sur moi, je fuis en courant. Andrea crie mon nom mais je ne réagis pas. Je crois que j'en ai besoin tout de suite. Je veux teparler. Non, je t'interdis de faire ça. Affronte-les, c'est un ordre. Tu ne sais pas être sérieux, Al... Ton absence me fait tellement de mal que je me demande pourquoi je ne suis pas parti te rejoindre depuis le début.

Je continue de courir comme un dératé pour rejoindre ma chambre le plus vite possible. Je vois enfin la porte de ma délivrance mais quelqu'un m'attrape par le bras pour m'arrêter immédiatement. Je me retourne et vois Andrea, complètement essoufflé par la course qu'il vient de mener.

- Tu cours vite toi, arrive-t-il à dire malgré tout.

- Tu cours plus vite que moi, sinon tu ne m'aurais pas rattrapé. Qu'est-ce que tu me veux ?

- C'est comme ça que tu me remercies de t'avoir défendu ? demande-t-il en boudant comme un enfant.

- Je n'ai pas besoin d'aide. Je me débrouillais bien avant que t'arrives ! Je suis très bien comme ça !

- Je te crois pas.

- Pourquoi ? demandé-je sérieusement.

- On ne va pas bien quand tout le monde est contre nous. On ne va pas bien quand on est tout seul. On n'est pas bien quand on a perdu quelqu'un et crois-moi, je sais ce que ça fait. On ne va pas bien quand on pleure toute la nuit.

- Tu-tu m'as entendu ? bégayé-je.

- Oui, j'arrivais pas à dormir. Toi non plus d'ailleurs.

- C'est pas grave...

- Mais merde à la fin ! Quand est-ce que tu accepteras enfin qu'on t'aide ? s'exclame-t-il en attrapant mes épaules, je sens que je pleure une nouvelle fois, comme un enfant.

- Jamais ! crié-je à mon tour, les larmes dégringolant le long de mon visage. Jamais putain ! Je ne veux pas qu'on m'aide ! Je ne veux pas qu'on me prenne pour quelqu'un de faible ! Avant, Alois était tout pour moi. On était tout le temps ensemble, il me protégeait ! C'est de ma faute ! C'est de ma faute s'il n'est plus là aujourd'hui ! Je ne me suis pas rendu compte assez tôt de tout ce qui se passait ! Donc, oui, je n'ai pas besoin d'aide ! Je ne veux pas faire les mêmes erreurs... s'il-te-plait, laisse-moi me débrouiller. Je suis grand maintenant... terminé-je alors que je vois désormais plusieurs élèves autour de nous.

Il me relâche enfin et ne perds pas une seconde. Je m'engouffre dans ma chambre et ferme à clé. Mon corps glisse le long de la porte et je replie mes jambes sur moi. Andrea n'arrête pas de frapper et de me dire d'entrer. J'ai besoin d'être seul... comme d'habitude en fait. Je ne veux pas le détester... Je ne veux pas qu'il me déteste... Il me fait trop penser à toi. Il est comme toiquand tu es arrivé ici. Je m'en rappelle comme si c'était hier. Tu es le seul à avoir réussi à me faire sourire. C'était communicatif avec toi. On s'était apprivoisé, comme deux animaux qui se découvrent et qui se jaugent. Mais je n'ai pas résisté. Tu n'étais jamais sérieux. Tu ne pouvais pas passer deux minutes sérieuses sans rire. J'arrive à oublier ma tristesse et commence à sourire. Malheureusement, je suis rapidement rappelé à l'ordre quand j'entends :

- Bon maintenant Monsieur Gärtner, vous allez ouvrir cette porte et sortir pour que nous ayons une petite discussion tous les trois, dit le proviseur. Je vous laisse une minute.

*

Finalement, je suis sorti de cette chambre et on est allé tous les trois dans le bureau du proviseur. Je n'ai pas décroché le moindre mot. J'écoutais plutôt Andrea en train de raconter tout ce qui s'était passé. Il a beaucoup insisté sur ce que je subissais quotidiennement, ce qui a tout déclenché. Je préférais regarder mes mains en espérant que cela se termine le plus vite possible. On est resté une heure dans ce bureau avant de devoir aller en cours. Andrea n'est pas dans ma classe. Etrangement, j'aurais préféré qu'il soit avec moi aujourd'hui et même les autres jours. Comme si j'étais protégé avec lui... Me voilà comme avant, seul.

*

- Tobias, allez au tableau pour la correction, ordonne le professeur de mathématiques.

Evidemment, il fallait que ça tombe sur moi aujourd'hui. La poisse. Je suis au quatrième rang et autant dire que traverser toute la classe est une épreuve pour moi. Je me lève et avance, évitant le maximum de pieds et de sacs qui apparaissent involontairement sur mon passage. Les autres chuchotent dans mon dos comme s'ils avaient encore des choses à dire sur moi. Ils connaissent déjà assez de choses, pas la peine d'en rajouter une couche. A cause cette distraction, je trébuche sur un sac et m'étale par terre. Evidemment, tout le monde rie alors que le professeur s'empresse de me demander si je vais bien. Je me relève rapidement et le rassure. Ce n'est pourtant pas la première fois que je tombe. Les professeurs doivent seulement se dire « Qu'est-ce qu'il est maladroit celui-là ! ». Oui, je suis déjà maladroit de nature mais eux n'arrangent rien.

J'arrive enfin au tableau pour résoudre cet exercice simple comme bonjour. Si le professeur pensait m'avoir, il a perdu. Je ne suis peut-être pas le meilleur de ma classe mais c'est seulement parce que je ne veux pas être une cible. Cible que je suis déjà à cause de toute cette histoire. Autant ne pas en rajouter. Je préfère, pour le coup, rester idiot comme tout le monde.

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