De Nathana-ELLE
J'étais ainsi assise, les jambes croisées les unes sur les autres, dans mon vieux fauteuil de cuir abîmé, aussi ridé que mon visage me diras-tu. Aha. Le feu de cheminée crépitai dans l'âtre à côté. Réchauffant mon vieux corps, et froid, et triste, et seul. Je tournai le manche de ma cuillère sur les bords de ma tasse avec mon pouce mal vernis. Je pivotai alors ma tête aux cheveux entièrement gris vers le sapin de Noël de l'année précédente, celui que je n'ai pas eu le courage de défaire. Celui que nous avions décoré ensemble. Mon regard déjà vide se terni encore plus qu'il ne l'est déjà. Je me souviens que nous l'avions décoré ensemble, unis. On s'amusait à se jeter des guirlandes comme des enfants de bas-âge. Et maintenant, je n'ose plus le toucher, ni l'approcher. Je me levai pour aller vers la cuisine surveiller la dinde, je marchai au passage sur les épines mortes de feu notre sapin. Et ce craquement se cala sur les brisures de mon cœur. Je posai ma tasse de lait de poule à moitié terminée sur le plan de travail de granite sombre. J'observai alors la dinde rôtir dans le four. Dinde que je mangerai seule, puisque notre fils unique et nos petits enfants sont partis en voyage à l'étranger pour ce Noël. Je souhaiterai tellement que tu sois à mes côtés... Ne serait-ce que quelques secondes... Pour partager en un regard, ces lumières rouges et dorées, ces émotions ressenties à l'unisson, ces sensations du froid et de la neige sur notre vieille peau de papier de verre.Hélas, une vieille amie t'as enlevé, cette même vieille amie qui emmène chaque mois, , chaque jours, chaque secondes, des centaines de personnes comme toi et moi.Et nous voici à table, la dinde et moi. Attendant que les premiers flocons de Noël tombent et s'écrase sur le sol déjà gelé, dans mes mains mon fameux lait de poule, et dans mes yeux, ma vie défilant lentement, me remémorant mes vieux instants passés en ta compagnie. Les bougies soufflées, en même temps que j'expire mon dernier souffle.Au revoir.
De Naya_Nuage
Un sourire se dessine sur mes lèvres métalliques. Aujourd'hui, je vais passer la journée avec mon meilleur ami, YUV48. Rien qu'à cette perspective, les programmes de ma puce électronique s'affolent.J'adore tellement nos journées ensemble, passées à chercher des informations sur les humains dans le centre de recherche du passé. Les humains. Nos créateurs, disparus de depuis le Grand Gaz Radioactif de l'an 2572.Dans notre monde, an l'an 3004, on n'a pas vraiment le temps de penser au passé. Mais moi, je suis une éternelle rêveuse. Perdue dans rêves d'émotions, de hasard, et de découverte... Le temps des humains était tellement mieux... Plus poétique, plus philosophique, plus émotionnel... Plus vrai.Je n'aime pas vraiment notre monde. Tout est froid et calculé. Alors, je me réfugie dans celui de nos créateurs.Je finis de recharger mes batteries, stocke quelques données dans ma puce, et je pars en direction du centre de découverte du passé. Une fois arrivée, je me pose près d'un écran de recherche.J'attends que YUV48 arrive. Je suis impatiente ! La dernière fois, nous avons trouvé une coutume spectaculaire que pratiquaient nombre d'humains. C'est une fête extraordinaire, qu'ils célébraient tous les ans.Une fête où l'on s'offre des cadeaux, mange des bonnes choses, et retrouve sa famille. Une fête tellement incroyable et attendue, que les humains mangeaient un aliment appelé chocolat chaque matin des vingt-quatre jours qui la précédaient.J'ai hâte de continuer les recherches ! YUV48 arrive enfin. Il s'assoit en face de moi, et me sourit. Nous nous attelons tout de suite à la tâche. C'est une vraie passion, pour nous. Décortiquer les archives, trouver des informations, se renseigner, reconstituer une culture disparue.Nous recherchons, longtemps, et apprenons de multiples informations qui me font rêver. Les humains avaient l'art de savoir rendre n'importe quel jour joyeux et utopique en inventant une fête.Nous apprenons que cette fête se prénommait Noël. Je le répète intérieurement plusieurs fois. Noël. C'est un mot très doux, agréable à dire et à entendre. Noël. J'ai comme l'impression qu'il représente déjà un petit bout de cette fête incroyable, qu'il donne un avant-goût de la joie que l'on ressentait ce jour là.Et nous découvrons ensuite la date de ce fameux Noël. Les humains le fêtaient... Le trois cent cinquante-neuvième jour de l'année. Mes programmes s'affolent. Je regarde YUV48. Il me regarde.Nous pensons à la même chose, je le sais.Ces dernières heures de recherches nous ont fait aimer cette fête plus que tout. Et nous sommes le trois cent cinquante-huitième jour de l'année... Demain, c'est Noël.Immédiatement, cette idée irréalisable nous est venue à l'esprit. Et si nous... organisions une fête de Noël ? Nous n'avons même pas besoin de communiquer par Bluetooth, et nous replongeons de plus belles dans nos recherches pour faire faire revivre cette fête.L'excitation et l'impatience nous font progresser plus vite. Nous devons avoir l'air puéril de l'extérieur, mais je dois bien avouer que cela nous importe peu par rapport à notre envie d'organiser... Noël ! Deux heures plus tard, nous sortons du centre de recherche du passé. Immédiatement, nous nous mettons en route vers chez moi, lieu que nous avons désigné pour accueillir ce noël du troisième millénaire.Nous arrivons devant ma bulle interdimensionnelle, et elle se déverrouille dès qu'elle détecte ma puce. Nous entrons, et nous nous mettons au travail.Il n'existe pas de programme pour décorer une maison pour Noël, et nous nous retrouvons à tout faire nous même, ce qui nous est plutôt inhabituel.Nous nous rappelons que les couleurs de Noël sont principalement le rouge et le vert, également un peu le doré. Je ne suis pas sûre que ça aille très bien ensemble, mais je fais confiance aux humains. Je programme ma bulle pour qu'elle diffuse une lumière dorée. Ensuite, YUV48 et moi essayons de trouver comment décorer l'intérieur en rouge et vert. Nous finissons par programmer chaque objet de la maison pour qu'il soit soit rouge soit vert, faute de peinture, tissus, ou paillette.Je ressors ma collection de boule de pétanque humaine, pour faire des boules. Malheureusement, elles ne sont pas programmables et ne peuvent pas changer de couleur ! Nous sommes un peu déçus, mais ce n'est pas grave, nous aurons des boules argentées. Je regarde fièrement autour de moi. Cela commence à prendre forme ! Mais tout cela n'est pas très chaleureux...Tout est en métal, dur et froid. Sauf ma table, que j'ai acheté à un musée en faillite, faute de visiteurs, qui est en bois de chêne. J'avoue que c'est mon meuble préféré dans ma bulle.Nous finissons par passer chez YUV48, pour récupérer son tapis humain. Une fois que nous l'avons posé chez moi, l'ambiance est tout de suite plus chaleureuse. Des magnifiques fils or et rouges s'entrelacent dans des motifs complexes, et j'ai du mal à détacher mes capteurs de cette merveille.Vient alors se poser à nous un problème pour le moins essentiel : nous n'avons pas de sapin, un arbre qui était impérativement présent chez les humains le jour de Noël. Me voyant attristée, YUV48 me réconforte et me demande si j'ai toujours ma vieille imprimante 3D.J'hoche la tête. Il active alors la communication Bluetooth : - Voici ce que je te propose : nous pouvons l'utiliser pour créer un petit sapin ! s'exclame fièrement mon ami.Je retrouve immédiatement le sourire. Aussitôt dit, aussitôt fait, et maintenant, un sapin en plastique d'une cinquantaine de centimètres orne mon salon.Si je pouvais pleurer de joie, je le ferais. Bien sûr, je ne peux pas, je suis une robot... Mais je suis si excitée ! Quand nous avons fini, il est tard. Mais pas question de recharger ses batteries ! Au lieu de cela, nous allons faire le tour du quartier pour inviter les voisins à notre Noël. Eh oui, une fête, ça se partage ! Certains sont mitigés, ou ne veulent rien entendre, mais la plupart sont intéressés, fascinés, et acceptent avec joie. Nous sommes une vingtaine, et pour nous tous, ce sera notre première fête. Je suis si impatiente ! Nous nous retrouvons tous dans ma bulle. Beaucoup sont intrigués par la décoration, en particulier par le sapin, alors je leur explique tout. Je leur explique Noël.La soirée est tout simplement formidable. Chacun apporte sa touche personnelle. Certains chantent même ce qu'appelaient les humains "chants de Noël" grâce au scan d'une vieille partition.L'ambiance est incroyable, et la saveur bûche au chocolat des clefs USBNourriture est tout simplement divine ! Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie. Nous nous offrons même des cadeaux ! Un programme par ci, un objet par là, ou même un peu d'argent... Noël a installé une ambiance généreuse et joyeuse. Des aspects quasiment inexistants dans notre société, qui revivent en ce jour grâce aux humains.Et ce n'est pas encore fini ! Car nous ne sommes que le jour que les humains baptisaient "réveillon", et demain la fête continue.Je ferme doucement les yeux, et me délecte de cette aura de bonheur.Aujourd'hui des robots fêtent ensemble une fête humaine. Aujourd'hui est célébré le premier Noël du troisième millénaire.
De dokapim92
24 décembre. Dans quelques minutes, l'horloge centenaire de la grande place sonnerait minuit, annonçant la venue d'un jour nouveau. Et pas des moindres pour les habitants de la petite ville. Noël... Moment privilégié pour chacune de ces âmes, où il fait bon se retrouver près d'un bon feu de cheminée, dans la moiteur de la maison close, entouré de ses proches, tandis que dehors souffle le vent froid de l'hiver. Debout sous le porche de l'antique théâtre, Solveig attendait sa voiture. Son chauffeur tardait à venir et l'air glacial de la nuit hivernale s'insinuait sous les plis de sa robe de soirée. Elle frissonna et resserra les pans de son boléro de fourrure autour de ses épaules. Ses yeux sombres scrutèrent le ciel parsemé de nébuleuses dorées. Y aurait-il le passage d'une étoile filante ? Elle avait un vœu à formuler. Son Noël à elle était bien pauvre par rapport à celui des autres habitants de cette ville. Pas de famille, pas d'amis pour l'entourer en cette veille de la Nativité. La seule personne qui aurait pu être présente était à des kilomètres de là, perdu sous la mer dans cette boîte de conserve qu'on appelait sous-marin. Six mois sans lui. Six mois à attendre une permission pour Noël. Et quelques jours plus tôt, une lettre était arrivée, annonçant que la mission se prolongeait encore pour deux mois. Solveig avait laissé échapper une larme et avait déchiré la missive dans un geste de colère. Puis elle avait décidé de passer son réveillon au théâtre. Entourée d'une foule de gens inconnus, elle se sentirait moins seule. Elle avait donc revêtu sa robe de dentelle blanche – celle qu'elle portait le jour de son mariage et qu'elle avait fait retailler pour la transformer en tenue de soirée, et s'était emmitouflée dans sa pelisse chaude.Sa toilette s'harmonisait parfaitement avec l'épais manteau de neige immaculé tombé depuis le matin. Tous deux scintillaient doucement sous l'éclat des lampadaires d'un autre temps qui jalonnaient l'allée menant au théâtre. Un brusque coup de klaxon la ramena sur terre. Une voiture noire se fraya difficilement un chemin dans la rue à peine dégagée et disparut au premier tournant. Solveig fronça les sourcils. Que faisait donc son chauffeur ? Les personnes présentes à la séance étaient toutes reparties depuis un bon moment et elle restait là, seule, sous le porche illuminé, les doigts engourdis par le froid. La jeune femme secoua son chignon brun d'un mouvement impatient et frappa le sol de la pointe de sa chaussure. Alors qu'elle fouillait du regard l'horizon, cherchant désespérément sa voiture, son cœur rata un battement. Une silhouette, à quelques mètres d'elle, s'était arrêtée. Un homme, engoncé dans un manteau bleu marine, une casquette blanche d'officier enfoncée sur ses cheveux blonds, dardait son regard clair vers elle. Solveig ouvrit de grands yeux. Ce n'était pas possible, elle devait rêver. C'était un mirage, une hallucination. Elle prenait ses désirs pour une réalité. La lettre avait pourtant spécifié qu'il ne pourrait pas être présent. La jeune femme avait retenu chacun des mots cruels. Ils tournaient inlassablement dans son esprit confus. Et pourtant... Pourtant, cette carrure impressionnante, cette allure un peu raide ne pouvaient que lui appartenir. Et ces yeux bleus exprimaient tant de choses... Ce ne pouvait être que lui. Il fallait qu'elle sache. Qu'elle se rende compte qu'elle ne rêvait pas tout éveillée.Mue par une impulsion soudaine, Solveig se mit à courir vers la silhouette. Peu importent les talons de ses chaussures menaçant de glisser sur la neige humide ou le froid mordant de la bise sur ses joues. Son cœur battait la chamade au fur et à mesure qu'elle approchait de l'homme. Enfin, elle se trouva face à lui, un sourire ravi aux lèvres, ses yeux brillants de larmes de joie. Elle tenait encore entre ses doigts tremblants un pan de sa robe qu'elle avait relevé pour courir avec plus d'aisance.Il n'y eut pas besoin de mots. Solveig refoula toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête. Elle aurait le temps de les poser plus tard. Pour l'instant, elle ne cherchait pas à comprendre, mais savourait le moment délicieux où ses prunelles brunes plongeaient enfin dans celles de son mari. Douze coups résonnèrent gravement dans l'atmosphère silencieuse de la nuit. L'officier de marine saisit délicatement la taille de la jeune femme et articula doucement : - Joyeux Noël ! Et se penchant vers elle, il l'embrassa. Au-dessus d'eux, traversant la voûte sombre des grands arbres dénudés, la neige se remit à tomber.
Nous avons dans cette équipe 3/8 écrits. Ce qui n'est pas proportionnel par rapport à l'autre équipe mais je n'ai pas d'autres moyens pour rendre ça équitable à part faire un coup de pression, ahaha chose que je ne ferais pas ^^ .
Je le répète chaque personne du public a le droit de voter pour 2 écrit max. Et seulement 2, sur tout les textes. Les participants peuvent bien entendu voter mais pour les écrits de l'équipe adversaire. Voter n'est pas obligatoire ! Vous avez jusqu'au 30 !
Joyeux Noël !
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