Texte 13 : La fin de @Nearween
Le silence régnait en maître dans ce lieu qu'on pourrait croire à l'abandon. La petite maisonnette délabrée semblait vide de vie. De moment de joie. Elle était lugubre, comme cette nuit funèbre. La pluie était reine, les nuages ne laissaient passer aucune clarté de la lune. Le vent soufflait fort également, faisant savoir sa rage. Le temps semblait s'être arrêté également. Tout était en suspension, coincé dans une ligne temporelle. Lui, tremblait dans un petit coin, caché dans cette armoire, dont les portes étaient cassées. On pouvait le voir assez facilement, mais le petit pensait être invisible, caché derrière ses mains sales et tremblotantes. Elle lui avait demandé de se cacher ici, au début, il avait eu peur, ne voulant pas se séparer d'elle, voulant rester blotti dans ses bras chauds et rassurant. Il voulait d'ailleurs sortir de cet endroit grotesque et la retrouver, elle qui hurlait en bas. Il voulait la sauver, être le vaillant chevalier comme dans ses histoires. Être le nouvel homme de la famille, comme lui avait demandé son père. Mais il avait si peur. Tout son petit corps tremblait et il sursautait au moindre bruit.
D'ici, les pleurs de sa mère lui parvenaient. Elle semblait désespérée, elle hurlait toujours autant. Se faisait-elle manger par les monstres ? Le petit garçon tremblait plus à cette pensée alors que la peur la serre dans ses bras froids. Il avait des frissons. Son regard fuyant et apeuré se baladait dans la pièce sombre et poussiéreuse. Avait-il des monstres ici également ? Il aurait voulu l'appeler, mais il devait se tenir aux règles du jeu imposé par sa mère : ce cacher, ne pas sortir sous aucun prétexte, ne pas faire un bruit et fuir si on le trouvait. Courir. Loin d'ici, loin de tout. Là où ces petites jambes pouvaient l'emmener.
Il sentait tout son être se crispait en entendant des bruits plus proches. Le vieux bois gorgé d'eau craquait à chaque pas. Naturellement, l'enfant âgé de sept ans se tassait contre la paroi rêche et grinçante de cette vielle armoire qui partait en miette. À nouveau, le petit-enfant effrayé se cachait derrière ses mains et il se sentait soudainement invisible. Comme si une barrière l'entouré et le protégeait de tout. Mais il en était rien, il le savait pourtant. Mais naïf comme il était et cherchant à se rassurer, il espérait que ça soit le cas. Que personne ne pouvait l'atteindre. Qu'il était tout- puissant. Qui irait sauver sa maman et son père qui était, il ne savait où. Ah... L'imagination... Arme imaginaire qu'il magnait à la perfection. Il rêvait soulevait des montagnes. D'être un explorateur trouvant des ruines et des trésors. D'être ce vaillant chevalier sauvant sa belle princesse. Il rêvait également d'une vie meilleure, d'une maison, une vraie. D'avoir des attaches, des amis, des repères. Il rêvait d'aller à l'école également et d'apprendre au lieu de traverser le pays en se cachant de tous ses monstres. En les fuyants. D'ailleurs, il rêvait d'avoir des ailes et de s'en voler. De pouvoir toucher la lune et le soleil, de pouvoir danser avec les étoiles. Être libre.
Il fermait les yeux avec force, pensant que sa barrière allée se renforcer. Il pensa tout naturellement à ses amis de classe et à Anne, sa chérie de primaire. Il voulait les revoir, elle plus que tout. Il lui avait promis tant de choses... Comme moult aventures ! Un grand château dans les arbres également ! Il devait aussi lui trouver une licorne et lui fabriquer la plus belle des couronnes. Le petit homme souriait alors. Il se sentait soudainement nostalgique, il aurait tout donné pour les revoir... Rien qu'une seconde... Son ancienne vie d'avant lui manquait tellement. Son village natal également. La maîtresse aussi. Les dictés, les cours ennuyant. Les devoirs incessants. La bonne odeur du repas. Tous les détails mêmes petits, qui composaient son quotidien... C'était fou tout de même, qu'un rien pouvait lui manquait. Qu'une chose qui était une corvée, lui manquait.
La porte baillant s'ouvrait d'un grincement irritable et long. Des pas se faisait entendre, lent et régulier. Ils étaient mesurés, faisant accélérer le petit cœur de l'être fragile qu'il était. Le monstre faisait le tour de la pièce, dans une lenteur angoissante. L'enfant aurait voulu crier de peur, pleurer, appeler sa mère. Mais elle avait dit qu'il n'en avait pas le droit, qu'il devait se tenir aux règles. Alors, il rêvait, de s'enfoncer dans un tout autre monde. Enchanté, remplie d'être merveilleux. Il rêvait
d'être loin de ses bruits de pas qui l'obligeait à revenir dans cette dure réalité. Non, il ne voulait pas. Il voulait disparaître dans son monde. Y rester à jamais.
L'armoire finissait par s'ouvrir lentement et il ramenait ses jambes contre lui. Son corps était paralysé par cette peur qui ne faisait que de le tirer un peu plus dans les méandres de la panique. Il savait que le monstre le regardait, qu'il le voyait. Qu'il avait trouvé sa cachette. Sa mère lui avait dit de fuir, mais son corps refusait de répondre à ses demandes silencieuses. La créature finissait par l'attrapait par le col et le petit garçon se débattait, se mettant à pleurer à cause de toute cette angoisse et cette pression qui l'étreignait, comme une tique. Son regard apeuré se tournait vers la créature qui était un homme. Il portait cet ensemble strict, un uniforme militaire qu'il connaissait que trop bien pour l'avoir vu plus d'une fois. L'uniforme était vert et comportait plusieurs éléments dont des insignes en forme d'éclair au col et au casque ainsi qu'un sorte d'oiseau qui ne reconnaissait pas sur l'une des manches.
Le soldat SS brayait des choses dans sa langue qu'il ne comprenait pas. Il le tenait fermement et l'obligeait à avancer. Pourquoi n'avait-il pas fuit ? Maudite soit cette peur qui le retournait encore. L'enfant regardait frénétiquement autour de lui, cherchant un échappatoire, une façon de fuir. Mais il ne pouvait pas... Il ne pouvait plus. Il fut projeté au sol et la douleur se propageait rapidement. Des mains agrippaient son corps frêle et tremblant. Il se sentait plaquer contre un torse et reconnut rapidement sa mère par sa douce odeur. Par sa façon de toucher ses cheveux, de les caresser, signe qu'elle voulait le rassurer et qu'elle était anxieuse. Elle tremblait comme lui et la femme l'étouffait pratiquement. Sa robe blanche à fleur était mal mise, déchirée au niveau de la poitrine et sale un peu partout. Les quatre monstres parlaient dans une langue agressive et inconnue. Puis, leurs regards se tournaient vers eux et l'enfant se sentait tiré et sa mère cria à nouveau, tenant fermement son bras. Elle ne voulait pas le lâcher et lui, il se débattait, ne voulant pas être séparé d'elle. Rapidement, ils frappaient sa mère et lui également. Mais la femme ne lâchait rien, elle ne voulait pas qu'on lui arrache son fils. Elle les suppliait, hurlait et pleurait. Dans un excès de rage, l'un des soldats SS lui donna un coup de crosse dans le crâne, mais elle tenait bon. Au final, l'homme se jetait sur elle et rapidement, ses mains se mirent autour de son cou fragile.
L'enfant fixa sa mère qui se débattait. Il tendit sa main, voulant la sauvé et le petit pleura, marmonnant «maman». La femme finissait par agripper sa petite main avec la force d'un désespéré et ses yeux se révulsaient. Elle manquait d'aire et l'homme serra encore plus fort, lui ôtant ainsi sa vie qui s'égrainait dans un dernier souffle tremblant. Le petit homme l'appelait, de plus en plus fort, dans l'espoir de la réveiller. La main de la morte tombait mollement au sol et le petit garçon se retrouvait plaquer contre le sol. Il se débattait férocement, fixant les quatre hommes. Sa vision et son imagination déformaient leurs visages, les rendant inhumains, les tordants et leur donnant une forme impossible. Leurs yeux étaient fous, rouges, injectés de sang. Leurs dents étaient longues, aiguisées et noircit par le sang et le manque d'hygiène. Ils avaient des rires incontrôlables, des dos courbés. La vision horrifique lui fit pousser un hurlement. Ce dernier se coupait à la seconde qu'il l'avait commencé et le coup de feu s'évanouissait avec lui. Le silence revenait alors dans la maisonnette, qui était maintenant à l'abandon. La pluie cessait peu à peu de déferlait et le vent avait cessé de souffler avec rage. Et la lune se montrait timidement, restant cachée derrière ses voiles de nuages. Elle était la seule témoin de la fin de cette vie et de plusieurs d'autres.
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