Concours d'écriture #3
Pour le concours de nouvelles de ClemGDCP_HP
Vous pouvez aussi retrouver ce texte dans mon livre de nouvelles
TITRE: MONSTRES
— « Les monstres existent.
Depuis toute petite, je le sais.
Les gens ne me croient pas, après tout, les monstres font partie d'un monde imaginaire et lointain.
Mais je suis sûre qu'une brèche s'est ouverte entre notre monde et ce monde parallèle.
Parce que je vois des monstres partout, et je vous le répète, les monstres existent.
La première fois que j'ai vu un monstre, c'était à la télé. Je devais avoir environ six ans.
Il était grand, avec des poils bruns et des yeux gris sanglants. Dans ce qui s'apparentait à une main, il tenait une barre de fer, et une jeune fille se plaquait contre un mur pour lui échapper.
Elle hurlait, criait de douleur, et la chose la frappait avec son arme sans s'arrêter.
Ma mère est arrivée à ce moment, et elle a précipitamment éteint la télé en se plaignant des programmes qui n'étaient pas adaptés aux enfants.
Mais elle se trompait.
Ce n'était pas un simple film.
Le monstre était réel.
Je le savais.
La deuxième fois que j'ai vu un monstre, ce n'était plus à la télé.
Malheureusement...
Il était chez moi, et c'en était un de la même espèce que le premier. La barre de fer avait été remplacée par un marteau, et les poils bruns étaient à présent jaune paille.
J'ai alors compris que le monstre vivait chez moi depuis longtemps, et qu'il s'était bien caché pour venir m'attaquer lorsque je serai sans défense.
Il a faillit me briser le crâne avec son marteau, mais encore une fois, ma mère est arrivée à temps. Elle a fait fuir le monstre.
Elle a aussi fait fuir mon père, qui a décidé de partir avec le monstre pour être sûr que celui-ci ne revienne pas.
Je n'ai jamais revu aucun des deux.
Suite à ça, j'ai eu affaire à des monstres plusieurs fois dans ma vie.
Un en primaire, qui s'amusait à hanter les toilettes des filles, deux autres aux collèges, que je n'ai heureusement vus que de loin, mais qui avalaient la vie de nombreuses personnes en détresse, et un autre au lycée, qui s'attaquait cette fois-ci à un chien dans la rue.
Ce jour-là, je me suis interposée, c'était à mon tour d'être la mère protectrice. Cela m'a valu une belle griffure sur la joue, cicatrice que je garderai à jamais.
Même avec cette marque qui prouve l'existence des monstres, personne ne me croit jamais quand je dis qu'ils existent.
C'est fou pourtant, que je sois la seule à les voir !
Toute ma vie, je n'ai fait que trouver des solutions pour les éviter et éviter qu'ils fassent du mal à ceux à qui m'entourent, mais ça a toujours été une tâche si difficile.
C'est comme ça que je me suis rendue compte qu'ils nous entouraient, qu'ils étaient partout.
J'en suis venue à avoir peur de sortir de chez moi, car les monstres s'attaquaient généralement à tout le monde sans distinction et sans vraiment de raison.
Je ne mangeais presque plus pour éviter de devoir aller faire des courses, je ne dormais pas et fixais la porte d'entrée toute la nuit pour me protéger d'une éventuelle attaque, les rares fois où je sortais de chez moi, le simple jappement d'un chien me faisait sursauter...
Un ami à moi me rendait fréquemment visite, et il a tout fait pour que j'arrête d'avoir peur des monstres.
...mais je n'arrêtais pas de penser à celui qui m'avait attaquée lorsque j'étais enfant, et que mon père était parti surveiller à jamais.
Si mon géniteur n'en est pas revenu, ce n'était pas pour rien !
Les monstres existent !
Et ils sont terriblement dangereux.
Ils détruiront la Terre, le monde entier saigne déjà à cause d'eux, sans que personne n'accepte leur existence...
Mon ami m'a convaincue d'aller voir une psychologue, qui devait venir elle-même chez moi pour me soigner.
Au début, lorsqu'elle entrait, je regardais derrière la porte pour vérifier qu'aucun monstres ne l'avaient suivie, et je n'arrêtais pas de la fixer pour être sûre que ce n'était pas un monstre déguisé, elle aussi.
J'ai été affreusement désagréable avec elle durant nos premières rencontres, mais en même temps, il est vrai que je n'appréciais pas trop d'être traitée comme une paranoïaque qui voyait des monstres partout.
Elle m'a finalement beaucoup aidée. Plutôt que d'essayer de me contredire en disant que les montres n'existaient pas, elle m'a appris à ne plus les craindre au point de détruire complètement ma vie.
J'ai recommencé à sortir, à voir du monde, j'ai même failli tomber amoureuse.
Et puis, il y a eu le drame.
Cet ami qui m'avait tant aidée est mort...
Il avait commencé à fréquenter un monstre quelques mois auparavant...
Attendez, je sais ce que vous allez me dire, mais stop !
Ce n'était pas un monstre mauvais, normalement. C'est pour ça que je l'ai laissé faire...
C'est vrai qu'il s'était attaqué à plusieurs personnes par le passé, mais il avait arrêté depuis si longtemps que j'ai cru qu'il avait changé.
Mais les montres restent des montres.
Et mon ami est mort.
Le monstre l'a tué alors que... »
— Tu vas arrêter de nous raconter de la merde, oui ?!, explose Mélanie.
Le jeune femme assise devant moi me regarde avec colère, tandis que l'homme à ses côtés se passe une main sur le visage en signe d'épuisement. L'ancienne petite copine de mon ami me lance une grimace exaspérée, et le frère de celle-ci me lâche une œillade gênée.
— Tu es en train de dire que mon copain est mort à cause d'un monstre Disney imaginaire ? Pauvre folle, me crache Mélanie.
Tom se redresse un peu, assis sur le canapé gris.
— Tu sais bien qu'Alain est mort parce qu'il était bourré, m'affirme-t-il.
— Mais non !, contredis-je. C'est son ami le monstre qui l'a manipulé ! Il est rentré dans son cerveau pour en prendre les commandes, et l'a forcé à sauter du pont ! C'est à cause du monstre !
— Mais ferme-la !, m'hurle Mélanie. Tu souilles sa mémoire en déblatérant tes conneries !
— Les monstres existent !, répliqué-je.
La femme qui se tient devant moi se lève avec fureur et me lâche.
— Alain n'est pas mort à cause d'un stupide monstre; il est mort parce qu'il était con, et que sous les effets de l'alcool il a écouté quelqu'un de plus con que lui. C'est pour ça qu'il a sauté du pont !
Sur ces mots, Mélanie s'en va, son visage baignant dans des larmes de tristesse et de fureur.
Tom me lance un regard réprobateur et la suit, me laissant seule dans la pièce.
Ils n'ont rien compris.
Ils sont comme les autres.
Eux aussi, n'arriveront jamais à saisir que les montres nous entourent, et que c'est l'un d'eux qui a tué Alain.
Mais moi je reste convaincue que les monstres existent.
Depuis toute petite, je le sais.
Je le sais parce j'en ai vu à la télé, qu'il y en a un qui m'a attaquée au marteau et qui a fait fuir mon père, je le sais parce qu'il y en avait un dans les toilettes de l'école et plusieurs dans les couloirs du collège, je le sais parce que j'en ai vu un s'attaquant à un chien dans la rue, et que j'ai cette cicatrice qui me le rappelle, je le sais parce qu'il y en a un que j'ai vu de mes propres yeux assassiner Alain, mais je le sais surtout parce que j'en croise tous les jours...
Au marché, à l'école, à la maison, en courses, en cours, au cinéma, au parc... Ils sont partout maintenant.
Ils ont tout envahi.
Ils ne comprennent rien.
Les monstres ne sont pas des créatures fantastiques sorties des livres.
Les monstres, ce sont nous.
Le monstre qui m'a attaquée au marteau, c'était mon frère.
Est-ce parce que c'est un homo sapiens sapiens qu'il en est moins inhumain ?
Le monstre qui a poussé Alain était un mauvais garçon du nom de Nel...
Est-ce parce qu'il possède un prénom son acte en est-il moins monstrueux ?
Le mot monstre ne désigne pas une espèce d'êtres vivants, il désigne juste les êtres humains qui ont perdu leur humanité.
Alors oui, je sais que les monstres existent, parce que les monstres, ce sont les humains, et que j'en suis moi-même une.
Depuis toute petite, je le sais.
•••
Ce texte a d'abord été écrit simplement dans le but d'être posté dans mon livre de nouvelles, mais ayant été avertie du concours de ClemGDCP_HP , j'ai décidé de l'y inscrire.
J'espère que ça conviendra ! 😁
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