L'histoire ci-dessous est inscrite pour l'épreuve # 2 du concours "Le labyrinthe des ruses" proposé par le compte @WattpadFantasyFR dans leur livre FRFantasy-Concours.

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Le Château des Illusions

Je me sens terriblement ridicule avec cette couronne sur la tête et ce vulgaire bloc de glace dans mes mains qui ne fait qu'une chose : fondre en me gelant les doigts ! Et pour ce qui est d'être guidé, laissez-moi vous dire que mes espoirs ne m'auront pas mené bien loin puisque mon "conseiller" vient tout bonnement de m'abandonner à l'entrée de ce qui semble être un labyrinthe de foire avec pour seule directive une phrase absurde.

Choisis bien ton chemin, car à gauche tu devras danser avec les mots et à droite tu n'auras que tes rêves pour te guider jusqu'au Château des Illusions.

S'il y a une chose dont je suis certain, c'est que je ne sais pas danser, que ce soit avec mes jambes ou avec mes mots. Je prendrai donc la droite. Tout le monde sait rêver après tout... Du moins, ceci est vrai quand je suis bien au chaud dans mon lit et qu'une couronne ne pèse pas sur ma tête et que mes doigts ne menacent pas de tomber tellement ils sont gelés.

Pourquoi ne pas simplement jeter ce ridicule glaçon au sol et me dépêcher à trouver la sortie de ce labyrinthe ?

J'avoue fortement considérer cette option, mais quelque chose me dit que je n'ai pas intérêt à contourner les règles ici... Je commence à avoir la sensation que quelque chose d'étrange est en train de se produire et cette impression se confirme rapidement de deux façons : de l'une, je n'entends plus aucun bruit alors que la fête battait son plein il y a quelques secondes; de l'autre, l'entrée du labyrinthe ne se trouve plus derrière moi alors que je n'ai pourtant fait que quelques pas sur le chemin de droite !

Quand cet homme m'a dit que je devais rêver pour sortir d'ici, il a oublié de préciser que cela pouvait tourner au cauchemar... J'ai souvent entendu dire que le poids d'une couronne est difficile à porter, mais je peux vous assurer qu'en ce moment j'ai l'impression qu'une montagne appuie sur la mienne !

Rêver... C'est toujours plus facile à dire qu'à faire, surtout quand cela devient une obligation.

Quelqu'un peut-il me dire à quoi je devrais m'attendre pour ce fichu Château des Illusions ?

Ce qui est certain, c'est que pour la partie "illusion", mois j'en ai déjà marre avec la disparition soudaine du point d'entrée de cet endroit. Si on me demande ce que je veux trouver là-bas, je vais rester très simple : je veux un salon douillet avec un fauteuil bien confortable, un foyer bien chaud pour récupérer l'usage de mes doigts, un congélateur pour ce fichu bloc de glace et une belle patère pour y suspendre cette couronne qui va bientôt creuser un fossé dans mon crâne autrement tout lisse ! Et puisque nous sommes dans mes rêves, pourquoi ne pas ajouter une bonne bouteille de Champagne et un quatuor à cordes jouant les plus belles symphonies baroques de notre époque...

Eh oui, je suis vieux jeu : j'aime la musique classique. Cela me permet de me relaxer et je n'ai jamais eu la chance de vivre l'expérience d'assister à ce genre de petit concert particulier. Au moins, j'imagine difficilement que ce genre de rêve puisse tourner au cauchemar...

Je ne sais pas si mon rêve affecte mes sensations à cet instant précis, mais une musique naît soudainement à mes oreilles. Elle est pour le moment assez lointaine, toutefois je peux aisément la laisser me guider au travers de plusieurs bifurcations dans cet étrange dédale de corridors qui semble ne pas avoir de fin.

Comment est-ce possible de placer un tel labyrinthe en plein milieu de la ville !?

Pourtant, j'avance depuis un moment déjà lorsque la musique s'arrête soudainement alors que j'arrive à une bifurcation m'offrant pas deux, mais bien quatre chemins différents ! Cette fois, aucune directive, mais une étincelle capte mon regard dans l'un des chemins et je décide donc de m'y aventurer.

Quelle n'est pas ma surprise que de me retrouver devant un objet fort surprenant : une coupe de Champagne posée sur un piédestal de marbre...

Franchement, je ne comprends rien, mais je suis conscient d'une chose : j'ai soif ! Sans réfléchir, je pose mon glaçon aux côtés de la coupe que je saisis et boit d'un trait. Bien sûr, les bulles me piquent la gorge et poussent des larmes à mes yeux, mais le liquide est tout simplement divin !

S'il m'est donné d'obtenir tout ce que je veux simplement en les imaginant, alors laissez-moi vous dire que la suite va devenir autrement plus intéressante. Je ne sais pas si ce sont les bulles qui me montent à la tête, mais je commence vraiment à vouloir jouer ce jeu qui m'est proposé.

D'ailleurs, n'est-ce pas la bonne odeur d'un feu de foyer qui vient me titiller les narines ?

Enivré par l'alcool, mais surtout par la folie de ce qui m'est donné de vivre en cet instant, je dépose la coupe vide sur son piédestal et reprend sans réfléchir le bloc de glace qui m'a été confié. Je ne sais pas pourquoi, mais son contact froid me rassure maintenant que je m'y suis habitué... À peine l'ai-je saisi que le mur devant moi se met à vibrer ! Surpris, je reste néanmoins immobile et fixe la masse qui descend lentement dans le sol pour me révéler un long corridor s'étirant aussi loin que mon regard puisse porter.

Des torches. Il doit y avoir au moins deux cents torches qui éclairent le chemin menant je ne sais où. Pourtant, cette bonne odeur ne provient certainement pas de l'huile qui imbibe toutes ces sources de lumière datant de l'époque médiévale. Non, il y a bien un bon feu de cheminée qui diffuse son délicat parfum.

À présent très pressé de découvrir les mystères qui me sont promis par ce fameux Château des Illusions, je m'élance au pas de course parmi les flammes qui éclairent mon chemin. Dans ma tête, les idées folles se multiplient et je me surprends moi-même à m'imaginer les voir prendre vie là-bas.

Tout n'est-il pas permis dans nos rêves ?

Mes années de jeunesse sont loin derrière moi, mais voilà que mon esprit retourne peu à peu en arrière, lorsque l'imaginaire avait encore le dessus sur la triste réalité de ce monde froid et trop souvent si terne. Alors que je cours, animé d'une détermination que j'avais perdue depuis longtemps, j'assiste dans ma tête à la naissance d'un monde féérique peuplé de fées, d'elfes, de géants, de nains et d'une multitude de créatures magnifique dont les fameux dragons qui m'émerveillaient tant alors que j'acceptais encore d'y croire avec mon coeur d'enfant.

Voilà un moment que je cours et que je sens la chaleur des torches qui passent à intervalle régulier de chaque côté de mon visage. Je me rends compte que j'avance à l'aveugle depuis un moment, mes yeux fermés et retournés vers l'intérieur même de mon âme.

Suis-je mort, mon coeur n'ayant pas survécu à l'intensité de cette course folle ?

Tout ce que je sais, c'est que j'avance et que je n'ai à présent plus que mon odorat qui m'indique la direction et la douce sensation des torches qui défilent pour me centrer sur cet étroit chemin devant me mener vers une lumière que je ne vois pas encore.

Un son vient soudainement briser le silence de ma solitude en cet étrange lieu : un cri strident qui déchire le ciel de sa fureur. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux, car je la vois dans ma tête. La bête majestueuse est posée fièrement sur le rempart d'une forteresse immense qui couvre l'horizon.

IL est là, tout près, le Château des Illusions.

ELLE est là, telle que je l'ai imaginée, cette fantastique bête légendaire.

Nul doute ne subsiste à présent et son cri est là pour me confirmer son existence.

Un dragon.