🔹 Chapitre 2

Mon réveil se déclenche et j'entends la radio où passe Perfect d'Ed Sheeran. Si seulement la journée qui m'attend pouvait l'être, parfaite. Afin d'éviter de me faire plus d'ennemis que ceux que j'ai déjà, j'enfile un jean tout simple avec un haut à manches longues. Au moins on ne pourra pas me dire que je suis provocante aujourd'hui.

Alors que dans le bus je sens une boule se former petit à petit dans ma gorge en arrivant c'est pire. Cindy, madame la première de la classe, lance en me voyant : " Tiens la bimbo est arrivée ! ". Je freine la colère qui monte en moi et l'ignore. Après tout, elle est sûrement juste jalouse de moi. Après il faut dire qu'elle ne ressemble pas à grand chose. Elle est toute petite, brune aux yeux marron. Des centaines, voir des milliers, de tâches de rousseurs remplissent son visage. Ce qui me laisse penser que le brun n'est pas sa vraie couleur. Elle ne doit pas connaitre l'émulateur ou la cire, car d'épais sourcils surplombent ses petits yeux de fouine. Et pourtant avec ce visage plus que disgracieux, elle arrive à être la fille populaire avec qui il faut être amie.

Je peux vous garantir que par ici la Terre tourne à l'envers. N'importe où ailleurs, elle serait la laissée pour compte avec qui personne ne voudrait être aperçu. Je décide de faire la gentille malgré sa remarque acerbe et la salue.

Mais une fois encore elle en rajoute, en me demandant si je lui dis bonjour pour avoir des cours de soutien. Ce à quoi, son groupe de pimbêche rigole. Je ne réponds pas et me rends devant la salle où a lieu notre premier cours. Elle ne perd rien pour attendre, je vais me venger, et elle peut être certaine qu'elle va le regretter.

Je ne me suis jamais laissée marcher dessus et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer, pensé-je. La prochaine fois, je ne me laisserai pas faire et c'est toi qui partira en courant ! Et je n'ai pas besoin d'attendre longtemps avant qu'elle ne s'y remette. En s'installant, elle se baisse à côté de moi et me chuchote que je devrais abandonner l'école, que je n'ai pas besoin de savoir lire ou écrire pour faire le trottoir.

Ni une, ni deux je lui colle la tête sur le bureau en lui demandant si pour lui fracasser la tête j'en ai besoin. Tous les regards sont tournés vers nous et ils sont tous horrifiés. Monsieur Ramirez, notre professeur de français intervient et nous sépare. Et là, sans que je comprenne ce qui ce passe, il m'envoie dans le bureau du proviseur. Je rétorque que c'est elle qui a commencé, mais il s'en fiche. J'ai agressé une élève, et je n'ai pas mon mot à dire. Selon lui tout peut se régler par la parole. Ça se voit qu'il ne connaît pas notre génération !

Alors que la colère me ronge je me rends au secrétariat accompagnée d'un de mes camarades dont je ne connais pas le prénom. En arrivant ce dernier annonce que j'ai agressé Cindy et que le prof m'a envoyée voir Monsieur Hollis. Elle me fait patienter, le temps de le prévenir. Lorsqu'il ouvre la porte pour me recevoir, je sais d'avance que j'aurai tort à ses yeux à lui aussi.

- Suivez-moi Mademoiselle Hannus ! me lance le proviseur sans même me saluer avant.
- Oui. couiné-je, me sentant mal à l'idée de ce qui m'attend.
- Asseyez-vous !

Je m'exécute en essayant tant bien que mal de paraître sûre de moi. Après tout je n'ai rien fait de mal. Je ne réalise pas ce qui m'arrive, jamais ça ne ce serait passé avant.

- Alors ? Pourquoi avez-vous agressé Mademoiselle Jouanneau ?
- Je ne l'ai pas "agressée" ! dis-je pour me défendre en mimant des guillemets.
- Vraiment ? Vous ne l'avez pas étranglée ?
- Non ! Elle m'insulte ! Elle m'a encore une fois dit des trucs plus que désagréables. Alors oui, je l'ai collée contre la table ! Je n'ai jamais eu l'habitude de me faire marcher dessus ! explosé-je
- Nous n'avons jamais eu ce genre de problème auparavant ! Et sûrement pas avec une élève telle que cette jeune fille.

Il se fout de moi ou quoi ? Elle est là à m'insulter comme pas permis et c'est moi qui ai tort ? Heureusement que l'école est censé être un lieu de respect mutuel !

- Elle m'a insultée ! Quand je passe, elle dit que je ressemble à une pute !
- Surveillez votre langage !
- Désolée... Mais je ne fais que répéter. Elle a même été jusqu'à me demander si j'avais besoin de cours de soutien juste parce que je lui dis bonjour.
- Et comment étiez-vous habillée pour être traité ainsi ? J'ai entendu parler de votre tenue d'hier, qui d'après les dires n'était pas forcément adaptée à votre âge ! Lorsque nous avions quinze-seize ans, les filles ne portaient pas de décolletés ou de mini-jupes.
- Elle n'était pas mini ! Elle m'arrivait au milieu de la cuisse. Et on voyait pas non plus mes seins. C'est bon on est plus au moyen-âge ! Faut vivre avec son temps ! crié-je presque la colère m'envahissant de nouveau.
- Vivre avec son temps ? Vous allez vivre avec le vôtre en enretenue ! Je pense que huit heures de colle vous feront du bien ! Vous y réfléchirez à deux fois avant de me parler sur ce ton jeune fille !
- Oui, oui. Et elle ? Elle va avoir quoi comme sanction ?
- Je n'ai pas connaissance de ce qu'elle a réellement fait ou non donc je ne vois pas pourquoi elle serait sanctionnée !
- Pour me manquer de respect... C'est déjà une bonne raison non ?
- Non ! Habillez-vous correctement et vous ne serez plus insultée !

Préférant ne pas insister, j'acquiesce et sors de son bureau, suivie par ce type imbu de lui-même. Je l'entends dire à sa secrétaire que les jeunes d'aujourd'hui n'ont plus aucun respect. Comme si lui en avait.

Sa tête n'est pas en accord avec sa façon d'être. Il est plutôt beau mec, s'il était plus jeune et moins con j'aurais sûrement été attirée par lui. Bon il doit avoir entre trente et trente-cinq ans, ce qui reste trop vieux. Je ne savais même pas qu'à cet âge on pouvait diriger un lycée. J'ai toujours eu des principaux à deux doigts de la retraite alors là ça change. Mais au moins les anciens nous écoutaient un minimum, que lui n'écoute que le son de sa propre voix.

Je sors et décide de sécher le reste de la journée, suffoquant à l'idée d'être obligée de rester plus longtemps dans cet établissement de malheur. J'appelle Alex pour parler un peu espérant qu'il ne soit pas en cours.

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