9. Maliah - La rage au cœur

Maliah avait quitté Liam et Maël à l’entrée du complexe sportif, le cœur allégé. Tout en marchant en direction du dojo, les deux frères n’avaient, comme à leur habitude, posé aucune question et s’étaient contentés de l’écouter jusqu’à ce qu’elle eût vidé son sac. Ils faisaient preuve d’une patience et d’une discrétion qui impressionnaient la jeune fille depuis toujours, car à leur place, elle aurait été incapable de retenir ses interrogations et de ne pas commenter. Chacun à leur manière, les jumeaux savaient y faire et ils prenaient ce qu’elle leur offrait sans remettre en doute ses histoires pleines de trous et de semi-vérités.

L’adolescente ne leur avait parlé ni du monde nocturne, ni du pacte mortel qu’elle avait scellé avec le diable et bien qu’elle en mourrait d’envie, elle n’osait franchir le pas. Terrorisée à l’idée de mettre la vie de ses amis ou de sa famille en danger en leur dévoilant les pans d’une histoire qu’elle-même n’aurait jamais dû connaître, elle n’avait raconté à personne ce qui lui était arrivé et le silence lui pesait. Elle étouffait.

Cela faisait deux semaines qu’elle enfouissait tant bien que mal toutes ces images aussi ignobles que merveilleuses au fond de son cœur. Seul Eytan aurait pu la comprendre. Elle était persuadée qu’il savait la vérité et cela depuis bien plus longtemps qu’elle, mais il jouait les fantômes. Quand il n’était pas en cours, il se réfugiait à la bibliothèque dans une salle réservée au personnel en compagnie d’Élinor, ce qui broyait de jalousie et de solitude le cœur Maliah.

Il n’était alors resté que Glenn, son compagnon nocturne, mais depuis que quelques nuits plus tôt l’hybride ailée avait eu le malheur de lui parler du marché qu’Ovard lui avait proposé, elle ne l’avait pas revu et craignait de l’avoir effrayé. L’homme-loup avait réagi de manière si excessive qu’elle se demandait si elle n’aurait pas mieux fait de se taire et à présent, elle n’avait plus personne.

Pour protéger les siens, son secret devait rester caché, mais plus les jours passaient et plus le prix à payer lui semblait élevé. Telle une cocotte-minute, elle était remontée à bloc et la moindre perturbation était capable de la faire exploser. Combien de temps encore avant qu’elle ne craquât ?

« Yaaah ! » hurla Maliah en enfonçant d’un coup de pied latéral la porte du dojo qui rebondit contre le mur intérieur avec fracas.

Elle y était allée un peu fort. La bouche tordue en un rictus gêné, la jeune fille remonta la lanière de son sac de sport sur son épaule et alors qu’elle s’apprêtait à entrer dans son sanctuaire, un cri dans son dos l’arrêta :

« Maliah, attends ! »

Elle pivota sur ses talons, Maël courait dans sa direction. Longeant le chemin éclairé par de vieux lampadaires à la couleur passée, il avait cette foulée souple et régulière qui faisait de lui un adversaire redoutable sur les terrains de sport. Triathlète et nageur d’exception, il avait remporté de nombreuses compétitions et rêvait de se faire remarquer pour une carrière professionnelle. Il s’entraînait chaque jour et dans un an et demi, une fois son baccalauréat en poche, il tenterait sa chance sur le continent.

Un sourire au coin des lèvres, Maliah observa son ami à présent tout proche. La peau mate, les bras musclés, une étincelle moqueuse dans le regard, il avait tout du tombeur ténébreux et pourtant, la jeune fille ne l’avait encore jamais vu en compagnie de personne. Il jouait en soirée, taquinait filles comme garçons, charmait, embrassait, mais ça n’allait guère plus loin. Plus extraverti que son jumeau, il n’hésitait pas à se servir de son physique pour obtenir quelques avantages dans les restaurants ou les cafés, mais à part énerver et mettre son frangin dans l’embarras, cela n’avait jamais abouti à rien de sérieux.

« Merci d’être restée », sourit Maël en s’arrêtant devant la jeune fille.

Il resta silencieux quelques instants le temps de reprendre son souffle, puis demanda :

« Tu es sûre que tout va bien ? J’admets qu’on est parfois un peu trop… nous, mais tu peux tout nous dire, tu sais ? On est capables d’encaisser. »

Si seulement elle pouvait…

« Ne t’en fais pas, sourit l’adolescente, je vais bien. J’ai juste besoin de me défouler un peu et c’est cette pauvre porte qui en a fait les frais la première. Je vais essayer de retenir mes coups jusqu’à l’intérieur du dojo ! »

Elle sourit de toutes ses dents, touchée que son ami s’inquiétât pour elle, mais surtout terriblement pressée de le voir s’éloigner. Tandis que son masque de façade menaçait de s’effriter, elle refoula les larmes qui lui montaient aux yeux. Si Maël ne partait pas très vite, elle n’était pas sûre de réussir à se taire.

« On se voit demain ? interrogea-t-elle un pied déjà à l’intérieur.

—   Je… oui, d’accord… »

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux bruns, comme embarrassé. Il sembla vouloir ajouter quelque chose, ouvrit la bouche, la referma. Si son envie de le voir partir avait été moins impérieuse, Maliah aurait remarqué ce comportement étrange, mais la tête ailleurs, elle n’y fit pas attention. Elle attendit que son ami ne fût plus qu’une ombre dans la nuit pour enfin pénétrer dans le dojo. Une vague de soulagement l’envahit.

Malheureusement, cette accalmie dans le cœur de la jeune fille fut de courte durée. À peine eut-elle posé un pied sur le terrain d’entraînement, qu’un des sportifs la bousculait en reculant pour éviter une attaque. Sans pouvoir amortir sa chute, Maliah s’étala de tout son long sur un tatami posé en travers contre un mur, les bras chargés de son masque et de ses deux armes. Elle jura entre ses dents.

« Langage ! » lui cria le maître d’arme depuis l’entrée du vestiaire en la foudroyant du regard.

La jeune fille se mordit la langue pour ne pas répliquer, remontée comme une pendule. La tête baissée, elle ramassa son matériel et partit s’échauffer dans un coin. Malgré les signes que lui firent Amandine et Thomas, ses deux coéquipiers et amis, pour qu’elle les rejoignît, elle les ignora pas et resta seule.

Durant plus d’une demi-heure, elle enchaîna sans interruption attaques, parades et ripostes, tantôt armée d’un fleuret, tantôt d’une épée. Elle avança, puis recula encore et encore dans une chorégraphie maintes fois répétée. Plier la jambe, tendre le bras, verrouiller son poignet. Analyser, prendre à contre-pied, esquiver. Sans prendre le temps de respirer et bouillonnante d’énergie, la jeune sportive décrivit les huit positions de base à toute vitesse, avant de se mettre à sautiller d’avant en arrière comme pour éviter un adversaire fictif.

« Du calme Maliah, grogna dans son dos la voix grave et posée du maître d’arme. Qu’est-ce qui t’arrive ? »

L’adolescente ralentit à peine.

« Tu ne fais pas le bon geste avec ton bras. Attends, tu fais n’importe quoi, arrête-toi. »

Il ne pouvait pas la laisser tranquille ? Elle ne lui avait rien demandé ! Il allait voir ce qu’il allait voir cet espèce de…

Cet espèce de quoi ? Choquée par ces pensées amères si loin de son habituel positivisme, Maliah se figea. La jambe gauche tendue en arrière, la droite pliée en angle droit, elle garda les bras baissés, comme suspendue hors du temps. Depuis qu’Eytan lui avait préférait son amie d’enfance la semaine précédente, elle n’était plus elle-même. Une ombre planait sur son cœur lourd de secrets et abandonnée des deux seules personnes auxquelles elle aurait pu se confier, elle se sentait couler.

Pour couronner le tout, Ema passait le plus clair de son temps à l’éviter. Face à son mutisme, leur complicité s’était détériorée et sa sœur ne prenait même plus la peine de l’attendre le matin pour se rendre au collège. La lycéenne se sentait incapable de faire le premier pas et de s’excuser, la bouche emplie de mensonges qu’elle se refusait à prononcer. Neutres et impuissants face à cette guerre froide, leurs parents ne prenaient pas parti, attendant une accalmie qui tardait à venir au fur et à mesure que les jours passaient.

Quant à Léanne, à supposer qu’elle fût encore elle-même depuis que Dylan était mort durant cette nouvelle série de décès inexpliqués, elle lui paraissait si étrangère que Maliah se demandait parfois comment elles avaient pu devenir amies. La blonde avait perdu de sa timidité et sa douceur s’était évaporée. Elle marchait la tête haute, regardait les garçons droit dans les yeux et même ses habits, bien que toujours les mêmes, lui donnaient une allure plus séductrice et sûre d’elle. Peut-être était-ce le deuil qui lui faisait cet effet-là, mais la jeune fille trouvait ce changement d’attitude troublant et pas une seconde elle n’avait envisagé de se confier à son amie.

Ne restaient que Maël et Liam, toujours prêts à lui remonter le moral et c’était ce qui la sauvait. Eux et le sport dans lequel elle se plongeait corps et âme.  

« Mettez-vous par deux, je vais vous montrer un nouvel exercice. »

Toujours figée dans son coin, Maliah secoua la tête pour sortir de ses pensées austères. Elle jeta un regard en direction d’Amandine et Thomas qui s’étaient mis ensemble. La rouquine lui sourit d’un air désolé avant de se détourner pour se concentrer sur les paroles du maître d’armes. Avec un train de retard, Maliah en fit autant. Du coin de l’œil, elle nota qu’un homme écarlate de sueur du nom de Jérémie, s’était placé à ses côtés. Comme il entortillait ses mains, mal à l’aise de s’imposer, elle lui adressa un signe de tête engageant.

L’heure qui suivit fut une véritable torture. Obnubilée par ses problèmes, la jeune fille n’arriva pas à se concentrer sur les gestes de son adversaire et elle enchaîna faute de garde sur faute de garde. Menée de dix points sur un exercice largement dans ses cordes, elle en perdit ses moyens et au lieu de chercher à se reconcentrer, elle s’énerva. Déviant des consignes, elle asséna attaques et contre-attaques à un rythme rapide et au lieu de reculer, son opposant contra sans faillir.

Furieuse de ne pas réussir à prendre le dessus, l’adolescente redoubla de vigueur et ce qui devait arriver se produisit : son corps surmené lui fit défaut. Le souffle court, les jambes tremblantes, elle rata un pas. Un élancement de douleur remonta le long de son mollet lorsque sa cheville se tordit et elle tomba en avant aux pieds de son adversaire.

« Tu n’as rien ? » s’inquiéta ce dernier en lui tendant une main amicale.

Le teint écarlate, Maliah secoua la tête. Elle se releva aussi dignement que sa situation le lui permettait et s’élança en boitant en direction des vestiaires. Prise d’une rage incontrôlable, elle balança ses affaires sur un banc et se rua sous la douche. Le jet d’eau froide coupa net le cri de colère qui naissait dans sa gorge. Sa frustration retomba aussi sec et ne restèrent plus qu’un immense sentiment de honte et une tristesse dévastatrice. Toutes les vannes s’ouvrirent en même temps et des larmes trop longtemps retenues se mélangèrent à l’eau désormais tiède qui ruisselait sur sa peau.

Elle resta ainsi, les yeux fermés, pendant ce qui lui sembla être des heures et quand les mains réconfortantes d’Amandine virent la tirer de sa léthargie et recouvrir ses épaules d’une serviette, elle se laissa faire sans rien dire. Apaisée par ses gestes tendres et sa douce odeur de fleur, Maliah sentit le calme l’envahir à nouveau. Elle se rhabilla, démêla ses longs cheveux bruns devant le miroir sans un mot.

« Tu veux en parler ? proposa son amie après un long silence.

—   Je… non », la remercia-t-elle en croisant son regard dans la glace.

Des yeux marrons emplis de bonté et d’inquiétude. Un visage poupin et chaleureux barré d’un pli soucieux. 

« Je commence alors si tu veux bien, sourit Amandine, j’ai besoin de vider mon sac moi aussi. »

Sans rien dire, Maliah s’assit sur le banc face à la rouquine. Elles étaient les deux seules filles inscrites au cours d’escrime et elles avaient donc le vestiaire pour elles seules alors que les garçons s’entassaient dans l’autre. Une situation cruelle selon Thomas.

« Je ne pense pas te l’avoir déjà dit, continua son amie en plantant son regard dans le sien, mais je connaissais très bien Dylan Savary. Lui et sa sœur sont des amis d’enfance et même si on s’était perdu de vue depuis quelques années, quand j’ai appris qu’il était… »

Sa voix se brisa.

« J’ai perdu une amie, moi aussi. Clarie Gemini, ma meilleure amie. »

Ces mots étaient sortis spontanément de la bouche de Maliah.

« Et si je ne fais rien, ajouta-t-elle malgré elle, je crois que je vais perdre Eytan aussi. »

Durant les minutes qui suivirent, le barrage de ses lèvres céda et malgré toutes les promesses qu’elle s’était faites et au risque d’être prise pour une folle, la jeune fille raconta toute son histoire. Elle n’omit aucun détail, revenant à cette nuit au bord du lac durant laquelle elle avait rencontré Atlantis pour la première fois. Elle parla de son goût du sang, des combats, de Clarie hors de contrôle. Elle exposa dans son intégralité tout ce qu’elle avait vécu ces deux derniers mois et quand elle arriva au marché qu’elle avait conclu avec Ovard, tout son corps tremblait.

À la fois terriblement soulagée et anxieuse, elle attendit pendant de longues secondes la réaction d’Amandine qui semblait perdue face à tant de révélations. Non pas perdue, perplexe plutôt. Avec un calme déconcertant, son amie vint s’accroupir devant elle.

« Il faut que je réfléchisse à tout ce que tu viens de me dire, ça fait beaucoup à encaisser et si tout ce que tu dis est vrai et bien… c’est plutôt incroyable. Et effrayant aussi bien sûr. Je ne pensais pas que c’était possible de se souvenir de notre vie nocturne… »

Maliah se surprit à songer que les paroles d’Amandine sonnaient faux. Ses mots traduisaient l’étonnement et le doute alors que son visage était on ne pouvait plus serein.

« J’ai quelque chose à te proposer, reprit son amie sans lui laisser le temps de réfléchir. Si j’ai bien compris, tu as jusqu’à la fin du mois pour prendre ta décision et on n’est que le cinq ce qui te laisse encore trois bonnes semaines. Je pense que tu devrais en parler à Eytan avant de faire quoi que ce soit. »

Elle se releva, attrapa son sac de sport et se dirigea vers la porte.

 « Quant à moi, je vais digérer tout ça les trois prochains jours et on en reparle vendredi après l’entraînement si tu veux bien. D’ici là, pas un mot à Thomas, il peut être si mélodramatique des fois ! »

Le cœur plus léger, Maliah promit de ne rien dire et la suivit vers l’extérieur.

Soulagée et la douleur à sa cheville disparue, la jeune fille ne remarqua pas tout de suite que ses pas ne la menaient pas jusqu’à chez elle. Il fallut qu’elle eût dépassé le parc et contourné l’ancienne église pour se rendre compte qu’elle se dirigeait vers chez Eytan.

L’habitation qui lui faisait face avait autrefois dû être grandiose. Beaucoup trop grande pour les deux personnes qui vivaient encore là, elle brillait d’une étrange lueur sous l’éclairage jaunâtre des lampadaires. Sur sa façade, de magnifiques rosiers grimpaient jusqu’au toit, menaçant de faire tomber le revêtement d’ardoise grise. Cette maison avait une beauté sauvage qu’on imaginait mieux isolée en bord de mer qu’entassée en ville parmi d’autres et malheureusement, elle était mal entretenue.

Maliah savait qu’Elena, la mère d’Eytan, refusait de déménager et ce malgré les multiples demandes de son fils et la difficulté qu’ils avaient à joindre les deux bouts. Elle était beaucoup trop attachée à ces murs et la jeune fille ne pouvait que la comprendre, ayant elle-même vécu toute sa vie dans la même maison.

Arrachée à sa contemplation par un coup de vent glacial qui lui rappela avec justesse qu’il valait mieux ne pas traîner dehors, l’adolescente passa un portillon qu’elle referma derrière elle et se dirigea d’un pas résolu vers l’entrée. Une lampe s’alluma au-dessus de sa tête et l’éblouit. Une main devant les yeux et le ventre à nouveau serré par l’angoisse, elle frappa à la lourde porte en bois noir. Quelques secondes plus tard, Elena lui ouvrait.

« Bonsoir Maliah, ça faisait longtemps.

—   Bonsoir, Madame. Je suis désolée de vous déranger aussi tard.

—   Je t’ai déjà dit que tu pouvais m’appeler Elena et me tutoyer, la corrigea la mère d’Eytan avec un sourire mélancolique.

—   Oui pardon, excuse-moi.

—   Tu viens voir Eytan je suppose ? »

L’adolescente acquiesça, intimidée comme à chaque fois par le décor de l’entrée chargé en bibelots et portraits. Sur le mur de droite, une adolescente d’une quinzaine d’années lui souriait et à ses côtés, un homme brun à la mine sévère la dévisageait : Kiara et son père, tous les deux décédés.

N’ayant rien remarqué de son trouble, Elena l’invita à entrer.

« Je ne te montre pas le chemin, tu sais où le trouver. Je suis contente que tu sois là, il a besoin d’une amie à ses côtés en ce moment. »

Ne trouvant rien de plus à dire, Maliah s’engagea dans le long couloir qui menait à la chambre d’Eytan. Sous ses pas, le parquet grinçait atrocement et au fur et à mesure qu’elle progressait dans une douce pénombre, elle sentit sa motivation vaciller. Qu’est-ce qui lui avait pris de s’inviter ainsi ? Son ami lui avait bien fait comprendre qu’il ne voulait plus la voir après les propos blessants qu’elle lui avait tenus alors pourquoi s’acharnait-elle ?

À quelques pas de la porte de l’adolescent, la jeune fille était prête à faire demi-tour et si la poignée ne s’était pas abaissée à ce moment-là, sans doute l’aurait-elle fait.

« Salut », murmura Eytan en la dévisageant.

Vêtu d’un tee-shirt noir trop grand pour lui et d’un pantalon de pyjama à carreaux, il avait une allure enfantine et vulnérable qui contrastait avec cet air dur qu’il se donnait au lycée devant les autres.

« Salut », répondit Maliah en avançant d’un pas.

Sans lui laisser le temps d’en dire plus, le jeune homme parcourut la distance qui les séparait et la prit dans ses bras.

« Merci d’être venue, souffla-t-il, tu m’as manquée. »

Elle sentit son cœur s’embraser tandis qu’elle nouait ses doigts autour de sa nuque. Et alors que trois semaines plus tôt leur premier baiser avait eu un goût de sel, le second fut empli de fureur, de frustration et de passion.

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