"Mark Stivsky, tu as brillamment remporté l'épreuve d'intelligence de ce TC. Malgré tout, on peut remarquer que sans la seconde supplémentaire que nous t'avions accordée, tu aurais échoué à cause du temps. Nous le prendrons en note pour décider de l'issue de ce Test de Compétences, intervint la femme à l'écran. Mais trêve de bavardages, passons à la dernière épreuve de ce test : l'épreuve sensorielle (au même moment, le mur en face de celui où se situait l'écran fit apparaître une ouverture d'environ un mètre par deux). Au top départ de l'épreuve, tu devras entrer par cette ouverture. Tu arriveras dans une salle complètement noire, où la suite de l'épreuve te sera expliquée. Tu auras exactement cinquante-neuf minutes et cinquante-neuf secondes pour réussir cette épreuve".
Immédiatement après la fin du discours de la femme, l'image laissa place à l'habituel chronomètre affichant en rouge les chiffres "00:59:59". Sans perdre une seconde, je courus à l'intérieur de la fameuse salle, l'ouverture se refermant directement derrière moi.

La salle était entièrement sombre, pas un seul photon n'y circulait. C'est la première fois de ma vie que j'ai devant mes yeux un noir aussi complet, sans faille. Chose étrange d'ailleurs, mes yeux ne s'habituent pas à l'obscurité.
Comme l'avait dit la femme, j'attends qu'on m'explique le déroulement de l'épreuve afin de la commencer le plus rapidement possible, mais rien ne se fait percevoir. Alors je continue à attendre. Je veux regarder le temps qu'il me reste sur l'écran quand je me rends soudainement compte que je ne peux pas car il est situé à l'extérieur de la salle dans laquelle je me trouve...

Je commence à paniquer. Comment réaliser l'épreuve sans connaître le temps qu'il me reste ? Mais je me ressaisis vite, j'ai d'autres priorités. Comme, par exemple, trouver comment démarrer cette fichue épreuve ! Je me remémore les mots de la femme. "Passons à l'épreuve sensorielle". Je pense que cette épreuve a donc pour but de tester mes sens... (merci les cours de français) Il faudrait donc que j'utilise un de mes sens - autre que la vue apparemment - pour démarrer l'épreuve ? Peut être. Autant essayer, de toute manière je n'ai aucune autre piste.

J'ouvrai donc mes sens pour capter un quelconque moyen de commentaire l'épreuve. J'ouvre grand mes oreilles, j'essaie de sentir les odeurs autour de moi, et je passe mes mains à l'aveuglette sur les murs. Ce petit manège dure une dizaine de minutes jusqu'à ce qu'une de mes mains heurte un boîtier surmonté d'un bouton. Étant à la limite du désespoir, je ne réfléchis pas avant d'appuyer sur le bouton et, soudain, une lumière blanche s'allume dans un fracassant bruit d'électricité. Je suis aveuglé pendant une trentaine de secondes avant que mes yeux commencent à s'habituer à la forte luminosité soudaine de la salle.
À mes yeux s'offre maintenant une salle carrée peinte en blanc et dont la seule curiosité est ce fameux bouton d'une couleur rouge qui se détache du blanc immaculé de la pièce.

Je me remets à peine du choc lumineux que je viens de subir, quand une voix métallique venant d'une direction inconnue retentit : "Voici l'épreuve sensorielle du TC. Tu auras une seule indication de temps pendant l'épreuve, ce sera celle-ci. Il te reste donc actuellement 38 minutes et 45 secondes.
Passons à la suite. Nous allons te poser une série d'énigmes mettant à l'épreuve tes cinq sens et qui détermineront l'issue de ce test. Si tu échoues à l'une des énigmes, une autre ayant pour but de tester le même sens te sera posée. Si tu ne réussis pas à répondre à toutes les énigmes à la fin du temps imparti tu auras échoué à l'épreuve. Tu as bien compris ? Sur ce, commençons."

La voix métallique se tut et, immédiatement après, un bloc carré d'une vingtaine de centimètres de côté sur le mur à ma gauche s'ouvrit comme la porte d'un tiroir pour découvrir un renfoncement entièrement blanc excepté la face au fond qui était colorée de noir.

La voix métallique m'interrompit dans mon observation : "L'énigme est la suivante : quand le rideau sombre tu auras traversé, le langage des points tu devras déchiffrer..."

"Le langage des points" ? Étrange. En tout cas, le rideau sombre est très probablement la face noire du renfoncement. Elle est facile d'accès pour ma main, et cela pourrait me permettre de tester mon toucher.
J'avance donc ma main pour toucher la face noire, mais je passe en réalité à travers et mes doigts heurtent une plaque en métal froid. Je passe mes doigts pour essayer de trouver ce qu'est cette plaque quand je sens quelques petites bosses sur la surface lisse à intervalles plus ou moins réguliers... des points ! C'est du braille ! Je dois déchiffrer du braille... Heureusement que mes instructeurs de l'Internat m'ont appris à lire ce langage lors des tests préparatoires.

Je parviens sans mal à trouver la réponse à l'énigme qui n'est autre que "Traversé par un trait". Je n'essaye pas de comprendre la signification de ces mots et demande à continuer.
"Très bien, Mark.", me répondit la voix. "Passons à l'énigme suivante (À ces mots, une ouverture du même type que celle de l'énigme précédente se fit, dévoilant un bouton). En appuyant sur ce bouton, tu entendras un enregistrement. Si tu arrives à déchiffrer cet enregistrement tu auras réussi l'énigme."

Comme pour l'énigme précédente, je pense être plutôt avantagé car j'ai une bonne ouïe. J'entendais toujours avant Ray les gardiens, ce qui nous permettait de ne (presque) jamais nous faire prendre lorsqu'on faisait une bêtise. Je décidai donc d'appuyer sur le bouton qui lance l'enregistrement et remarquai immédiatement que ce dernier était inversé, ce qui augmente considérablement la difficulté. De plus, je ne sais pas le temps qu'il me reste ce qui ajoute de la pression à l'épreuve.

Après environ cinq minutes d'écoute je parviens à déchiffrer tant bien que mal le message "voyagera dans le temps". Je demande donc à passer à l'énigme suivante, qui n'est autre que celle ayant pour but de tester mon odorat.
Je me retrouve donc avec en face de moi douze boutons. Six libèrent des odeurs et celles-ci doivent être attribuées aux six autres boutons comportant un nom. Une fois ces boutons attribués entre eux, la solution de l'énigme s'affiche sur l'écran en face de moi.

Après avoir résolu les cinq énigmes (j'ai échoué à l'une d'entre elles, ce qui m'a fait perdre cinq bonnes minutes), la voix métallique se manifeste, mais ce n'est pas pour annoncer ma victoire. Son message est le suivant : "Des cinq premiers naîtra la victoire". Je comprends immédiatement qu'il s'agit d'une dernière énigme, et je sais qu'il ne me reste vraiment plus beaucoup de temps.

Je réfléchis à toute vitesse. "Des cinq premiers...". Voulait-ce dire qu'il faut chercher avec ses cinq sens ? Non. Ce serait trop complexe, une installation aurait été montrée. De plus je ne vois aucun bouton. Mais peut être qu'il faut s'aider des solutions des énigmes précédentes... Ça colle plutôt bien. Dans mon souvenir, cela donnait : "Traversé par un trait", "Voyagera dans le temps", "Arête d'un cube", "Un point noir", "À la recherche de la cinquième dimension". Je cherche un sens à tous ces messages mais je ne le trouve pas... quand le mot "dimension" me met la puce à l'oreille. Il existe quatre dimensions... et elles correspondent chacunes à un message ! Il faudrait remettre les messages dans l'ordre des dimensions donc... C'est ce que je fis. J'annonçai donc : "Un point noir, traversé par un trait arête d'un cube, voyagera dans le temps à la recherche de la cinquième dimension". Et à l'instant même où je finissais ma phrase, la voix se fit entendre. Et encore une fois, non pas pour m'annoncer ma réussite, mais plutôt pour cracher ces mots répugnants qu'étaient :

"Temps écoulé".