Chapitre 8 : À ma façon.
Face à moi, elle me remercia encore et ordonna à son frère de me rembourser sur le champ. J'avais envie de rire, mais je ne le fis pas pour éviter de donner du crédit à AJ qui pourrait penser que j'étais attendrie par le personnage et donc, qu'il pourrait encore me faire chier pour son concours et son restaurant.
— Ne t'inquiète pas, Emily. Ce n'est que cinq dollars ...
— J'y tiens ! Je lui avais bien dit que ça ferait plus de cinq dollars. Allez AJ !
Celui-ci sortit les cinq dollars, me les tendis et je refusai.
— Vraiment. Moi aussi, j'y tiens, dis-je.
— Prends-les ! Tu ne peux pas lui refuser à elle, exprima-t-il en prenant une voix qui se voulait déçue.
Quel acteur ! Evidemment, cela attisa la curiosité de sa petite-soeur qui nous regarda tour à tour.
— Qu'est-ce qu'elle te refuse ? la questionna-t-elle.
— Nous sommes dans la même école et tu sais que je participe à un concours de cuisine pour que je puisse ouvrir mon ... le restaurant, se rattrapa-t-il. Bah, j'ai besoin d'une équipe de qualité. Et elle, c'est l'une des meilleurs des deuxièmes années et elle ne veut pas.
— Oh ! Et pourquoi ?
Pour moi, c'était le moment parfait pour fuir. Il n'avait pas honte d'utiliser un enfant pour sa cause. Je voyais venir de loin sa misérable stratégie.
— Je dois aller regarder le film. À plus !
— Mais ... attends ! s'écria-t-elle en commençant à me suivre. Tu t'appelles comment ? Et, mon frère a une superbe idée. Si j'avais l'âge requis, je l'aurais aidé !
— Merci Em' ! Tu sais, tout le monde n'a pas l'âme aussi charitable que la tienne.
— Elle a, appuya-t-elle en lui lançant un mauvais regard, l'âme charitable, sinon elle n'aurait pas payé mes bonbons, parce que je t'avais dit que j'allai en prendre une certaine quantité. S'il te plaît ...
— Elle s'appelle Mackenzie, rapporta-t-il.
Mais quel connard ! Je me retournai et je vis qu'il souriait. Il osa hausser les épaules, de manière innocente.
— S'il te plaît, Mackenzie. Tu pourrais lui laisser une chance ? Si t'es la meilleure, il a besoin de toi.
J'arrivai devant la porte de la salle de projection et la jeune Emily sourit presque de façon maléfique se sentant gagnante. Elle expliqua qu'ils allaient regarder le même dessin-animé.
— Tu as raison AJ, le hasard n'existe pas, dit-elle très satisfaite sans me lâcher du regard.
— Fais en sorte qu'elle accepte t'aider ton grand-frère chéri alors, retourna-t-il tout aussi fier.
Je levai les yeux et répliquai d'un air courroucé :
— Écoutez ! Là, ça devient légèrement malsain et ça m'énerve. Votre insistance me met mal à l'aise. Je refuse catégoriquement de participer à ce concours et encore moins être associée de ton frère.
— Mais pourquoi ? répéta-t-elle, bornée.
— Parce que ! J'ai le droit de refuser, répondis-je.
— Parce qu'on aurait la même idée et qu'elle craint que je sois ce directeur tyrannique et tout. Laisse tomber Ems. Elle ne veut pas. Je trouverais quelqu'un d'autre. J'ai dû lui faire quelque chose dans une vie antérieure pour qu'elle agisse comme ça avec moi, acheva-t-il d'un air qui se voulait triste.
Il lui attrapa l'épaule et ils me dépassèrent pour entrer dans la salle.
J'exhalai, totalement outrée par les évènements. Lorsque je fus enfin prête de retrouver les gars, Emily réapparut et lâcha d'une traite :
— Tu sais, tu pourrais être la grande gagnante de cette histoire. Tu pourrais marchander un contrat exclusive avec mon frère. Tu serais co-propriétaire d'un restaurant à ton jeune âge, alors que tu n'as même pas fini tes études et le truc le plus cool, c'est que tu remporteras ce concours. Tu seras l'une des plus jeunes à remporter un concours en équipe. Ça t'aiderait carrément dans tes projets, étaya-t-elle.
Elle conclut par un sourire et je fus obligée de lâcher un petit rictus, car elle n'avait pas tort.
Bien sûr que j'avais déjà pensé à toutes ses options, mais ... quelque chose me bloquait.
— C'est lui qui t'a dit de me dire ça ?
— Absolument pas. J'ai bientôt 11 ans quand même. Je suis plus intelligente que lui.
Je pouffai de rire et l'informai que j'y songerai.
— Vraiment ? Tu ne dis pas ça pour me faire partir ?
— Non.
— OK. Merci alors ! Bon film et à très vite.
Elle rentra à nouveau dans la salle et j'attendis quelques secondes avant d'en faire de même. Je trouvai avec facilité mon groupe et m'assis à côté de ma soeur qui me regarda avec un sourire malicieux.
— Il te suit ou quoi ? Quand on l'a vu rentrer dans la salle, on s'est dit qu'il veut vraiment te récupérer. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ? Et il attend quoi de toi ? Pourquoi tu refuses sa demande ? Il t'a demandé d'aller diner avec lui quand même !
Romeo et Eve m'observèrent dans l'attente d'une réponse de ma part. Ils n'allaient pas me lâcher et ils pensaient vraiment qu'Angelo et moi, nous nous connaissions...
— Laissez-moi tranquille.
— En tout cas, il est très très charmant, commenta Eve.
Romeo pivota sa tête vers elle, les sourcils froncés.
— Qu'est-ce que tu as dit ?
— Ah ! Le film va commencer, fit-elle.
Je me laissai noyer dans mes pop-corn que tout le monde me piquait et me laissai emporter devant le film sans trop vraiment être concentrée.
J'avais une décision à prendre.
***
Comme je l'avais prévu, je m'étais endormie. Pas que je n'aimais pas les dessins-animés, mais en fin de journée, ça faisait effet somnifère sur moi.
Diana me réveilla en douceur et m'embrassa le front avant que je ne m'étire. Je me levai et nous sortîmes tranquillement de la salle du cinéma.
J'appréhendai secrètement de croiser à nouveau les autres Jones, mais ce ne fut pas le cas.
Nous rentrâmes et nous nous séparâmes. Je rejoignis ma chambre étudiante avec ma soeur, après avoir rappelé le programme de demain avec l'un de mes couples favoris.
— Ta colocataire n'est vraiment jamais là ou quoi ? demanda Diana en rigolant.
Je refermai la porte derrière elle et balançai mes chaussures.
— Je crois qu'elle est partie en week-end avec son gars, répondis-je. Et oui, elle n'est vraiment jamais là. On a dû se croiser moins d'un dizaine de fois.
— Au moins, tu es tranquille.
Elle posa son sac près du canapé et elle me suivit dans ma chambre. Et nous nous préparâmes à nous coucher tout en musique et en discutant de choses simples.
— J'ai hâte de bouffer tes plats, demain. Ça fait longtemps que tu n'as pas cuisiné pour moi.
— C'est surtout pour être meilleure que je fais ça, pas pour que vous vous goinfrez.
— Mh hm.
Je la regardai avant de plonger dans mon lit en baillant grandement. Elle s'installa à mes côtés et je lui souhaitai une bonne nuit, prête à éteindre à la lumière, quand elle me posa la question qui lui tarauda l'esprit :
— Tu ne veux vraiment pas qu'on discute de cet Angelo ?
Je la sondai du regard et après quelques secondes de réflexion, je lui répondis :
— Ce n'est pas contre toi ou contre vous, Diana. Je ne veux juste pas en parler et quand je serai prête, je le ferai. D'accord ?
Ses grands yeux noirs qu'elle avait pris de mon père me fixèrent, puis elle finit par acquiescer.
— OK, ma petite cacahuète d'amour.
J'éteignis la lumière et très protectrice envers moi, elle me prit dans ses bras et on s'endormit en quelques minutes.
***
En cuisine, où nous n'étions pas seuls, car d'autres élèves de l'école s'entrainaient aussi, je venais de finir un menu complet avec l'aide de Diana, Eve et Romeo.
C'était le moment de goûter ce que nous avions préparé et ils étaient si impatients de bouffer qu'ils n'attendirent pas que je leur donne l'ordre de leur faire. Ils étaient en train de s'extasier sur l'entrée.
— Punaise Ken ! Tu es faite pour ça. C'est trop trop bon, complimenta Eve.
— Ouvre ton restaurant que je vienne manger matin-midi-soir, ajouta Rome.
— Oh arrêtez ! Vous m'avez quand même aidé.
Je m'installai et savourai mon entrée qui était des émincés de poulets frits avec une marinade à la coréenne. Mes deux grands-mères seraient tellement fières de moi.
J'arrivai parfaitement à marier mes deux origines et j'en étais très fière aussi.
Pendant que nous mangions, je prenais en note leurs commentaires pour retravailler la recette pour la parfaire avant de passer au plat. C'était un Bibimbap revisité en y mettant cette partie afro-américaine.
— C'est excellent ! Rien à dire, commenta Diana.
— Sûr ?
— Tout est parfaitement dosé, Ken, confirma mon meilleur ami.
— Ouais, mais non ... Il y a toujours ...
— Hey !
Nous nous retournâmes vers cette voix que j'avais l'impression d'avoir trop entendu en moins de quelques heures.
Encore une fois, il me salua avant de le faire avec les autres et de reporter son attention vers moi. Sans m'y attendre, il prit ma fourchette de ma main et approcha mon bol vers lui pour goûter mon plat, sans mon autorisation que j'en étais bouche bée.
Hébétée, il mangea ma préparation, ancra son regard au mien et hocha la tête comme s'il venait d'avoir une illumination.
— C'est bon. C'est très bon même. Chapeau, Jones ! Je me permets de goûter l'entrée et le dessert.
Mais pour qui il se prenait ?
J'échangeai un regard avec ma soeur qui souriait grandement.
Mais ! Il était tellement impoli qu'il faisait comme si les autres n'étaient pas là que s'en était révoltant.
— Mh. Je pense que dans ta sauce qui accompagne les émincés de poulet, il manque un peu de sucre. Tu touches presque l'équilibre, mais ce n'est pas le cas. Mais, c'est très bon aussi.
— Pardon ?
— Je t'explique ...
— On peut se parler ?
Ses yeux verts m'épièrent, curieux et j'essuyai mes mains sur mon tablier avant de sortir des cuisines pour retrouver le couloir.
Encore une fois, je constatai qu'il était toujours habillé aussi simplement et ses cheveux étaient retenus par un serre-tête. Ses boucles étaient toujours aussi parfaites et travaillés. À croire qu'il sortait de chez le coiffeur.
Je sortis de ma contemplation et croisai les bras.
— J'ai réfléchi, débutai-je. J'ai réfléchi et si, je dis bien, si j'accepte, je veux qu'on le fasse à ma façon. Je suis talentueuse et j'y arriverai. Avec ou sans toi.
Il me montra sa dentition parfaite et croisa les bras à son tour, confiant, mais il allait disjoncter car ce que j'allais lui demander, il allait forcément refuser et il n'insisterait plus.
— Je t'écoute.
— Ton projet d'associés est bien, admis-je. Mais associé, ne veut pas dire que j'ai les pleins droits et je veux, appuyai-je, les pleins droits. Comme ta copine et toi. Je veux être co-dirigeante. Je mettrai mes économies dans ton projet.
— OK, ça me va. Je dois en parler à Rain, mais ça peut se faire.
— Je veux la moitié des parts, ajoutai-je.
— Quoi ? s'exclama-t-il, ulcéré. Non !
— Bon, bah je pense que je devrais arrêter là. Bon courage, AJ !
Je m'apprêtai à le contourner, victorieuse car je savais que j'avais gagné, mais il m'arrêta.
— Attends. Je désire que tout le monde ait une part équitable. Vraiment.
— J'ai compris, dis-je. Mais honnêtement, auprès d'une banque et même tes futurs associés le savent, le dirigeant est celui qui a les parts majoritaires. Je veux donc la moitié de tes parts. Je veux être la co-dirigeante. Je veux que ... notre restaurant fonctionne comme ça. Peut-être que les autres acceptent d'être commandés et associés, mais ce n'est pas mon cas. Je veux exactement les mêmes droits que Rain et toi.
Il soupira profondément et apporta ses mains à sa tête. Il plongea son regard dans le mien que je ne lâchai pas. Parce que oui, sa petite soeur avait raison : je pourrais être la gagnante dans cette histoire. Je pourrais commencer à travailler très vite, tout en continuant mes études...
Mais, comme il allait refuser, je n'avais pas à trop être enthousiaste.
— OK Jones, c'est d'accord, accepta-t-il. Je dois en parler avec Rain, mais ça me va.
— Quoi ?
Il rit et posa une main sur mon épaule.
— Tu veux qu'on le fasse à ta façon, c'est d'accord. C'est moi qui ait plus besoin de toi que moi. J'ai confiance au chef Clarkson alors, ouais. Et tu es douée. Je suis obligé de l'admettre.
Ma mâchoire m'en tombait. Ce n'était pas ce qu'il devait se passer !
— Non ! Tu dois refuser.
— Je sais que c'est ce que tu veux, alors je ne refuserai pas, sourit-il victorieux. Je t'invite à diner ce soir, comme ça on commencera à bosser pour le concours et le reste. J'apporte le contrat. Passe-moi ton numéro.
Il sortit son téléphone et le cerveau en bouilli, je le lui donnai.
— L'un de meilleurs jours de ma vie, Jones ! Même si tu es dure en affaire. Au moins, pour les rendez-vous d'affaire, j'aurais une co-dirigeante de choc. Allez, on y retourne. Et commence à compter tes heures de sommeil parce que ces prochains moins vont être hard !
Il ne m'attendit pas et retourna dans les cuisines.
Je réalisai enfin que je venais de me prendre à mon propre jeu.
J'allai me coltiner Angelo Jones qui ressemblait à mon Angelo Jones et c'était terrifiant.
***
Hello les babies ❤️,
J'espère que vous allez très très bien.
En tout cas, moi ça va et je prends un réel plaisir à vous partager cette histoire légère avant le retour de Pop-Up. Oui, oui j'y tiens. Surtout, n'hésitez pas à mettre une petite étoile et à commenter. Merci d'ailleurs à mon équipe de choc qui commentent et votent tout le temps. Vous ne savez même pas comment ça me rend heureuse.
Des bisous.
-JFL
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