Chapitre 18 : Ouais, je crois bien que je t'aime.
Hello !
J'espère que vous allez bien dans cette période trouble.
En tout cas, prenez soin de vous et de vos proches.
Je vais essayer de poster au maximum pour vous faire passer le temps.
Bisouuuuuuuuus !
***
Plus les jours avançaient, plus nous nous exercions comme des fous.
Entre les cours et nos entraînements, j'avais dû mal à me reposer et à tout gérer.
Pendant les week-ends, c'était mes parents et Diana ainsi que mon futur beau-frère et Eve qui venaient nous voir. C'était plus simple dans cette configuration.
Je n'arrivais même pas à passer du temps avec mon Romeo qui potassait sur ses prochains examens de son côté. Et il me manquait terriblement bien qu'on s'appelait tous les jours, même pour cinq minutes.
Quant à Basile, en dehors des cours et lorsque j'allais dormir chez lui, on profitait de ces brèves accalmies pour se retrouver. Cela me faisait énormément de bien et me donner de la force lorsqu'il me comblait de baisers et de câlins.
Je n'aurais définitivement pas rêvé mieux comme petit-copain.
Il était adorable et très à l'écoute. Et bien sûr, en excellent soutien.
Nous avions réussi notre premier mois ensemble.
Et dans trois semaines, jour pour jour, nous serions au concours.
Étrangement, je n'étais pas stressée. Ce n'était définitivement pas le cas d'AJ qui était exécrable, mais qui arrivait à se contenir pour ne pas que ça implose au sein du groupe.
Evidemment, il y avait des jours où sa copine Rain était présente et d'autres, non. Ce qui était très embêtant et pénible pour le chronométrage lors des préparations et aussi, pour les missions de chacun. Le Chef Clarkson nous avait donc suggéré -imposé même- d'apprendre à 5, car nous ne pouvions compter sur la fiabilité de Rain. Cela mettait en rogne AJ, mais il ne l'exprimait pas de vive voix. Il devenait juste plus dur dans ses ordres, alors que nous commencions à adopter un bon rythme.
Ce n'était pas parfait, mais ça le serait pour le jour J. J'en étais persuadée.
Me trouvant dans les cuisines pour m'entraîner sur un devoir pratique où nous serions notés le surlendemain, je ne calculai absolument pas qui entrait et qui sortait de cet espace.
Je me perfectionnai sur un filet de poulet brioché sur son lit à la sauce aigre douce.
Ce plat était compliqué du fait que la brioche devait être moelleuse et parfaite avec cette belle couleur dorée et le filet devait être parfaitement assaisonné et cuit. C'était un plat qui devait être servi assez rapidement au risque que la brioche se ramollisse ou que la viande blanche devienne froide. En soit, un sacré casse-tête.
J'étais convaincue que la Cheffe Durand voulait juste tester notre patience, car ce n'était pas simple que ça soit au niveau de la présentation, de l'harmonie des goûts et de la cuisson.
Bref, je voulais juste obtenir un A pour ce devoir.
Peaufinant la décoration de mon assiette, je relevai rapidement ma tête en direction d'AJ qui venait d'arriver. Un rapide coup d'œil à la montre de mon poignet, je constatai qu'il était déjà 22 heures.
— Hey ! lança-t-il.
Je ne répondis rien, trop concentrée et je sentis son regard sur mon travail.
Les dix minutes qui suivirent, furent silencieuses et j'appréciai qu'il respecte cela.
Une fois terminée et satisfaite, je passai mon bras sur mon front et le regardai enfin.
Ses boucles noires étaient retenues par son élastique, ce qui dégageait son harmonieux visage et ses beaux yeux verts.
— Goûte et dis-moi ce que tu en penses avec toute la franchise du monde, lui dis-je.
Il prit tout simplement la fourchette et obtempéra en glissant l'assiette vers lui. Avec cet objet, briseur d'oeuvre d'art culinaire, il découpa la brioche et on découvrait dans son cœur, le filet de poulet. Il l'examina quelques instants et rétorqua :
— La cuisson de la brioche me semble parfaite et assez blanche pour qu'on y voit le contraste avec le blanc de poulet. Cela dit, ta gelée à l'aigre douce m'a l'air un peu trop figée.
J'acquiesçai puis il se décida de prendre une bouchée de mon travail. Il mâcha, reprit un morceau en ancrant son regard dans le mien, avant de reposer la fourchette et de s'essuyer la bouche avec une serviette.
— Sincèrement, je pense que tu vas obtenir un A+ à ce devoir. Tu l'as très bien réalisé. Je pense que je n'en avais même pas fait d'un aussi bon avec la Cheffe Durand. Elle va être épatée, Ken.
— Sérieux ? m'exclamai-je, heureuse. Mais, tu m'as dit que la gelée ...
— Elle est un peu trop figée, mais elle se marie parfaitement après. Je pense qu'elle va apprécier ta touche d'épices. Cela va la surprendre.
— Troooooop cool ! m'exclamai-je. J'ai tellement galéré. Elle fait ça pour nous torturer, j'en suis certaine.
— Je peux te le confirmer, me retourna-t-il en souriant. Ce qu'elle veut voir, c'est la persévérance et le goût.
— Top. Merci.
J'attirai l'assiette vers moi, pour déguster ma propre réalisation et il était vrai que c'était très bon. Et comme je n'avais pas dîné, c'était parfait.
Je lui en proposai à nouveau et nous partageâmes dans un silence religieux ce petit dîner.
L'observant, je constatai qu'il avait l'air d'être attristé. Je ne voulais pas paraître intrusive, surtout que nous n'avions qu'une relation professionnelle. On se voyait la plupart du temps dans le cadre du concours, tandis qu'avec les autres, nous sortions dîner. Ils appréciaient fortement Basile, ce qui n'était pas forcément le cas d'AJ, même s'il était cordial avec lui.
En tout cas, il ne prenait plus de haut.
Néanmoins, je n'aimais pas le voir dans cet état. Il était beaucoup plus beau et plus lumineux lorsqu'il était enjoué et heureux.
— Est-ce que ça va ? l'interrogeai-je doucement.
Il redressa sa tête vers moi et comme un tique nerveux, il touche l'anneau de son oreille avant de lâcher un sourire forcé et de fondre en larmes.
Interloquée, je me liquéfiai sur place.
Cela faisait bien des années que je n'avais pas vu d'hommes pleurer. Ça devait remonter avec Romeo, lorsqu'il avait perdu son grand-père à qui il tenait énormément.
J'étais donc prise au dépourvue et je ne savais pas quoi faire ou comment agir. Je savais consoler des proches que je connaissais, mais lui, ce n'était pas vraiment le cas.
Comme une idiote, je lui demandai s'il voulait que je contacte Rain, mais il ne répondit pas, son visage entre ses mains.
Alors, je m'approchai de lui et posai une main réconfortante sur son épaule que je pressai doucement.
— Angelo ...
Démunie face à la situation, je finis par l'attirer contre moi et l'encerclai de mes bras.
Au début, il n'en fit rien. Puis, il reproduisit mon geste et m'étreignit fortement. J'avais l'impression que j'étais une bouée de sauvetage.
— Ça va aller, Angelo. Tu peux me parler si tu veux, dis-je doucement.
Il acquiesça dans mon cou, ce qui me provoqua des frissons incontrôlés. J'avais envie de passer ma main dans ses boucles et faire entrer en contact mes lèvres contre sa peau juste pour qu'il aille mieux...
Waouh ! Divagation totale. C'était du grand n'importe quoi !
Mon cœur qui battait silencieusement à la chamade me troubla plus que je ne pouvais l'imaginer. Je choisis d'éteindre ce type d'émotions, car ce n'était pas normal de ressentir cela pour lui.
Il finit par s'écarter de moi, après s'être calmé et s'essuya les joues de la manière la plus mignonne qu'il soit, les yeux rougis.
Je l'aidai à effacer ses traces de larmes, car c'était nul d'être chagriné.
— Ça va mieux ?
Il opina de la tête et me dessina un petit sourire avant que je ne m'installe sur le tabouret à ses côtés.
— Tu n'es pas obligé de m'en parler, mais sache que si besoin est, je suis là. Je ne suis pas Juan ou Rain, je suis juste Mackenzie.
— C'est déjà très bien. Navré pour ce cinéma, ajouta-t-il d'une voix faible. Les hommes ne sont pas censés pleurer.
Je balayai d'un geste de main ses stupides paroles.
Bien sûr qu'un homme avec le droit de pleurer.
Il observa ses doigts longuement comme s'il allait y trouver des réponses. Malheureusement, parfois nous n'avions pas de réponses à nos questions ou elles prenaient du temps à arriver.
— Ne t'en fais pas. Je sais que c'est mon plat qui t'a ému. Ça arrive souvent, plaisantai-je.
Il rit vaguement et prit une grande inspiration.
— C'est l'anniversaire de mort de ma mère, se confia-t-il. Elle nous a quitté, il y 5 ans, jour pour jour, révéla-t-il. Et, j'avais 17 ans. Je me préparais à rentrer à la CIA. Et ... elle était terriblement malade.
Il s'arrêta, la gorge nouée. Pour lui montrer mon soutien, je lui pris la main et il entrelaça nos doigts sans se poser de questions, comme s'il l'avait toujours fait.
Mal à l'aise, mais en même temps, ressentant énormément de choses face à ce geste, je me retins de m'exprimer sur cet acte.
Il avait besoin de soutien. Je n'imaginais même pas la douleur qu'il ressentait.
— J'ai ... l'impression que ... elle me manque. Elle me manque terriblement, Ken.
— Et c'est normal Angelo. Tu étais avec ta famille ?
Il acquiesça.
— Chaque année, on va sur sa tombe. Pour Em ... je l'envie en fait. Elle le prend avec tellement de légèreté. Elle vit sa vie et parle de Maman comme si elle était toujours là. Mon père ne veut plus refaire sa vie et se consacre au travail et à ma petite sœur. Et, tu as moi qui pleure encore sa perte.
— Encore une fois, c'est totalement compréhensible. Qui te dit que ta petite-sœur n'en pleure pas ? Qui te dit que ton père n'attend pas le retour impossible de ta mère ? Nous avons tendance à intérioriser de nombreuses choses, juste pour nous montrer forts et solides, mais ce n'est pas le cas. Selon moi, le deuil n'existe pas. Certes, nous perdons des proches, mais nous ne pourrons jamais les oublier.
Il me scruta avec profondeur et je poursuivis :
— Concentre-toi sur tes projets et lorsque tu es triste, pleure. En revanche, souviens-toi que tu as des gens sur qui compter et que la vie est un simple cycle. Je vais mourir un jour, tu vas mourir aussi ... Je nous le souhaite le plus loin possible hein. Vis ce que tu as à vivre. Ta mère était, est et sera toujours fière de toi. D'accord ?
Il hocha la tête et avec douceur, je retirai ma main de la sienne, car je devais nettoyer mon bazar et aller me coucher.
— Allez ! Va dormir, lui dis-je.
— Je vais t'aider et te raccompagner.
— Ne t'en fais pas. Je vais demander à Basile de venir me chercher. Je dors chez lui.
— J'y tiens. Et, ça va me changer les idées.
— OK.
Il m'aida à tout nettoyer sous un silence apaisant. J'adorais nettoyer et ranger après la cuisine. Ça me détendait et c'était satisfaisant d'une certaine façon, car d'une certaine manière, c'était comme si nous retournions à la genèse de notre œuvre culinaire.
Vous voyez ce que je veux dire ? Non ? Bon, il se faisait tard...
— Fini ! annonça-t-il en bien meilleur état.
— Génial. Merci beaucoup AJ.
— Je préfère définitivement lorsque tu m'appelles Angelo. Tu le prononces d'une manière si ... unique.
Troublée, j'écarquillai tout simplement les yeux avant de foutre le torchon sale en machine.
Oui, il y avait des machines à laver dans les cuisines pour faciliter la vie aux personnels de nettoyage. Surtout que nous étions les personnes qui les utilisions.
Naturellement, je ne savais pas quoi lui répondre. Ses interventions me laissaient pantoise dans mon for intérieur.
Couverte et emmitouflée dans mon manteau, nous quittâmes les cuisines dans le plus grand des calmes.
A vrai dire, il était totalement perturbant et intriguant. J'avais cette sensation qu'il avait le besoin d'être écouté, néanmoins qu'il y mettait de la réserve pour ne pas montrer sa sensibilité.
Sauf que je n'étais pas assez légitime, à mon sens, pour que je sois cette épaule. Peut-être que je devais en toucher deux mots à Juan...
— Ken ? Mackenzie ? Ici la Terre.
Je quittai mes pensées et papillonnai mes yeux vers les siens.
— Tu disais ?
— Je te remerciais et te disais que je ne voulais pas que tu en parles ... tu sais de ...
— Ah ! D'accord. Ce n'est rien. Et ne t'en fais pas, ton secret est bien gardé, dis-je en esquissant un sourire. Bon, c'est ici que nos chemins se séparent. A demain, Ang ... AJ, rectifiai-je, rapidement.
Prête à fuir, j'étais tellement malchanceuse qu'il m'arrêta. Je n'osai pas me retourner, mais le fis quand même.
— Oui ?
— Ces dernières semaines, je suis peut-être paru froid et distant. C'est juste que j'appréhendais cette date et aussi parce que Rain me prend la tête donc ...
— Je suis là pour t'écouter, mais au sujet de Rain, je pense que je ne peux pas t'aider. Tu sais ce qu'il te reste à faire au fond de ton cœur. Il me semble qu'elle ne te rend pas heureux, alors c'est qu'il y a un souci, AJ. Libère-toi.
J'arborai un faible sourire avant de m'avancer et de lui donner une accolade, accompagnée d'un baiser la joue.
— Repose-toi bien.
Et pour le coup, je m'en allai sans me retourner pour retrouver mon cher Baz.
Devant notre résidence, j'avançai dans le couloir à gauche, pour prendre l'ascenseur et me diriger vers sa chambre. Je lui envoyai un message pour qu'il vienne m'ouvrir.
Après, cinq minutes d'attente sans réponse, je toquai et son colocataire de chambre, un certain Stephan vint m'ouvrir et m'informa qu'il s'était endormi.
Je l'en remerciai et me dirigeai vers sa chambre dans laquelle je fis le moins de bruit possible. Une fois mes affaires déposées et avec la petite lumière de son bureau, je trouvai facilement l'un de mes grands tee-shirts et allai vers la salle de bain pour me brosser les dents et me nettoyer le visage.
Ma petite toilette faite, je le rejoignis dans son lit où il dormait à point fermé, la bouche ouverte ce qui me provoqua un sourire.
Je caressai sa joue et m'apprêtai à éteindre la lumière lorsqu'il m'attrapa par le bras et m'inonda de bisous sous mes joutes rieuses.
— Arrête Baz ! Tu ne dormais donc pas ?
— Siiiiiiii ! Mais, avec tout le bruit que tu as fait ...
Je le frappai, ce qui le fit pouffer.
— Désolé de m'être endormi. Je suis un petit-ami pitoyable.
Il se frotta les yeux avant d'ancrer son regard dans le mien.
— Qu'est-ce que tu es belle.
— Arrête ton baratin et dormons. Je suis fatiguée.
— C'est la stricte vérité. Et, c'est bon, tu es prête pour le devoir de Durand ? Tu m'aideras ?
— Il est fou celui-là. Donc moi, Mackenzie, je bosse pour nous deux ? Tu verras les retombées de ta paresse, alors que tu aurais pu exercer avec moi. Je te donne déjà les réponses avec Clarkson alors ...
— Mhhh ! Tu es vraiment vilaine.
— Mais, c'est pour ça que tu m'aimes.
Il se baigna dans mes yeux tout en me caressant la joue de son pouce et acquiesça avec son sourire.
— Ouais, je crois bien que je t'aime.
Décidément, c'était ma soirée de prise en dépourvu. J'étais muette et estomaquée.
Qu'est-ce que je devais faire ? Qu'est-ce que je devais dire ? Qu'est-ce que je ressentais face à cette révélation de sentiments ? Je n'en savais trop rien. Cela me faisait du bien et c'était rassurant...
Face à mon silence, il se redressa et je l'imitai aussitôt, ne voulant pas installer un climat de malaise. Je n'étais pas prête à entendre ça de sa bouche ...
— Basile ...
— Excuse-moi. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je n'ai pas su le contrôler ...
— Hey ! lâchai-je en posant ma main sur sa nuque. Je ne m'y attendais pas, mais tu n'as pas t'excuser. D'accord ?
Yeux dans les yeux, je le rassurai au maximum.
— Tu n'as pas à le faire ..., reprit-il.
— Je sais, Baz. Je sais.
Il hocha la tête et j'attirai son visage contre le mien afin de l'embrasser et de lui montrer que certes, je n'avais pas encore les mots, mais que je ressentais déjà beaucoup de choses pour lui.
Il approfondit notre échange qui prenait une tournure inattendue et où je sentais une douce chaleur m'envahir tout le corps.
Il était doux, il était tendre. Enroulant mes bras autour de sa nuque, je fus perturbée lorsqu'en image, je vis Angelo ce qui me fit sursauter.
— Je t'ai fait mal ? Tu sais que nous ne sommes pas obligés ...
— Je suis fatiguée, me justifiai-je, penaude. On devrait dormir.
Ni une, ni deux, je quittai le lit pour éteindre la lumière et me blottis contre lui, contre son corps chaud.
En fermant les yeux, embêtée, je me demandais comment le fait de m'être crée un faux petit-ami qui ressemblait à un homme réel que je côtoyais, pouvait me faire poser la question : avais-je des sentiments enfouis pour Angelo ?
***
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