Chapitre 13 : Il était temps.
Le réveil fut difficile. Mais ma mère hurlait dans notre duplex qu'il fallait qu'on se réveille, Diana et moi.
Mais, tout ce que je voulais, c'était me rendormir.
Ça faisait des années que je n'avais pas parlé par message toute une nuit entière. Encore moins avec un gars à qui j'avais foutu de la mayonnaise plein la figure.
Nous étions passés en appel téléphonique, car c'était fatiguant d'échanger des pavés par message et l'attente de la réponse était beaucoup moins une torture.
Mais, nous avions tellement parlés que j'avais découvert un tout autre Angelo...
De A.J Jones :
Ça t'embête si je t'appelle ?
Je pense que ça serait plus simple.
Dans mon lit, m'étant mise en pyjama entre temps, je me redressai comme s'il allait se ramener chez moi et je me mise à paniquer.
Pourquoi il voulait me parler au téléphone ?
Il ne me laissa pas le temps de réfléchir davantage et m'appela.
Evidemment, je refusai son appel et il m'envoya aussitôt un message.
De A.J Jones :
Je rêve ou tu as refusé mon appel, Mackenzie ? 😂
Décroche ! J'ai juste envie de continuer notre discussion.
Il me laissa quelques minutes avant de me rappeler et je finis par décrocher en tentant de maîtriser ma voix.
— Allô ?
— Oui ?
Et il éclata de rire aussitôt. Cela m'irrita et je lui demandai ce qu'il y avait de drôle.
— Tu es bien différente par message. Je ne pensais pas que tu serais si intimidée par moi, au téléphone.
Sa voix était bien trop douce et bien trop suave pour que je n'ai pas l'impression de me liquéfier dans mon lit.
— Je ne suis pas intimidée. C'est juste que ... mes parents dorment et que je suis ... fatiguée. Je ferai mieux de m'endormir.
— Ouais, clairement, ça ne prend plus le même ton hein ! me taquina-t-il.
— Je vais raccrocher Angelo ...
— D'accord, j'arrête. Alors, tu reviens vraiment dans l'équipe ou c'était juste parce que tu voulais que je te laisse tranquille ?
Par message, il m'avait rédigé un pavé expliquant le pourquoi du comment, je devais revenir dans l'équipe. Il avait d'excellents arguments comme le fait que cela serait un tremplin pour moi, que notre groupe marchait du tonnerre, que j'étais talentueuse, que nous formions une bonne équipe, qu'il n'avait jamais connu quelqu'un d'aussi douée que moi ...
Vous l'aurez compris, il avait déblatéré un argumentaire qui vous ferait céder en quelques secondes.
— J'avoue que c'était pour que tu me laisses tranquille. Parce que tu t'es brièvement excusé en fait. Peut-être que tu auras le même comportement exécrable et que t'es juste un connard dans le fond. Tu es même peut-être un menteur et un sacré manipulateur.
— Dans le fond, tu sais que je ne suis pas mauvais, Mackenzie. Et, tu as raison. Je m'excuse encore une fois. Et, je le ferai lorsqu'on se verra en face en face. De base, je voulais le faire en face à face, mais tu es à New-York ... Attends, je pourrais venir à New-York.
— Non, ça peut attendre, répliquai-je en vitesse.
— Tu ne veux pas de ma présence ?
— Je ne veux pas que tu gâches mon week-end, répondis-je avec honnêteté.
Il ne dit rien en retour. Peut-être que je venais de le blesser, mais ça ne me touchait pas. Ce n'était que la stricte vérité. J'avais d'autres chats à fouetter et je ne voulais pas subir l'interrogatoire de mes proches sur sa venue.
Ils trouveraient cela trop mignon qu'il ait fait le déplacement juste pour s'excuser de son attitude de merde ... je veux dire exécrable. Évitons les grossièretés.
— J'apprécie ta franchise, Mackenzie. Sache-le. Bref, qu'est-ce que tu as prévu pour le week-end ?
— On devrait peut-être discuter des menus pour être opérationnels, lundi, lui suggérai-je. Nous avons du pain sur la planche et on a perdu du temps pour pratiquer Angelo ...
— Parle-moi de toi. Je n'ai pas fait l'effort d'apprendre à te connaitre et je t'ai jugé. Alors, parle-moi de toi. Les autres, je les connais, mais toi, ce n'est absolument pas le cas. Je sais juste que tu es passionnée de cuisine, comme moi. Alors, dis-moi. Qui es-tu Mackenzie Wang-Jones ?
— Quoi ? lâchai-je, surprise. Non !
— Allez ! Tu n'es pas amusante. Tu vas sortir avec Romeo et Basile ?
— Demain, je déjeune avec Basile. Il m'a invité. Après, je suppose que nous allons rejoindre Rome et Eve.
— Oh. Euh ... cool. C'est cool, ça, bafouilla-t-il soudainement. D'ailleurs, je suis aussi désolé pour mon comportement envers lui et Romeo. Ce sont des gars ... auxquels tu tiens. Et, si tu as confiance en eux, j'ai confiance aussi.
— C'est à eux que tu devrais t'excuser, pas à moi. Bref ! Pour info, Eve c'est la petite-amie de Rome, précisai-je.
— D'accord. Elle n'est pas jalouse de ta relation avec lui ? Je veux dire que ... je l'ai vu souvent Romeo, avec toi, et vous avez l'air proche.
— Eh bien, ce n'était pas facile au début, répondis-je. Maintenant, c'est top. Elle sait qu'entre lui et moi, ce n'est que fraternel. Romeo est le frère que je n'ai pas et moi, sa sœur.
— Je comprends. C'est une belle amitié alors...
— Et Juan et toi ?
— Ohh ! Ce fou me sert de meilleur ami depuis des années que je ne compte plus. Tu dois le comprendre, cette impression qu'on est vécu une vie antérieure ensemble.
— Tout à fait, adjugeai-je.
— Il a toujours été là pour moi. Tu vois, après mon père, c'est Juan.
— Et ta petite-sœur ... Emily, il me semble. Comment va-t-elle ?
— Très bien. Elle m'a réprimandé comme un enfant, parce que je lui ai raconté que tu avais quitté l'équipe. Elle t'apprécie beaucoup. Elle dit que tu dégages de bonnes ondes. Elle se prend pour une sorcière, tu sais, les gamins ont des phases ...
— Oui, ricanai-je en glissant sous ma couette pour être au chaud et bien confortable. Je l'aime bien aussi. Elle a l'air ...
— Très avancée pour son âge ? C'est le cas, me confirma-t-il, fier. Elle est celle qui arrive à me raisonner facilement. Après la mort de ma mère, c'est elle qui a réussi à nous remotiver, mon père et moi. Elle est pleine de vie et ... même si elle était toute jeune, elle a horreur que je dise ça, et bien, elle a eu une compréhension de la mort différente de la notre. Pour elle, l'âme de Maman est toujours quelque part, parmi nous, donc elle n'a pas vraiment disparu ..., expliqua-t-il, ému.
Je ne pouvais qu'imaginer la douleur de ce qu'il ressentait chaque jour sans la présence de sa mère. C'était facile de deviner qu'il faisait le dur et le gars incisif de l'extérieur, mais dans le fond, c'était encore un petit garçon qui avait le manque de sa mère.
— C'est super que tu sois proche d'elle. Je suis très proche de ma grande-sœur. Elle s'appelle Diana.
— Elle est aussi belle que toi ?
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Premièrement que je trouve belle et deuxièmement, c'est pour savoir s'il y a possibilité, ricana-t-il.
Ses propos me faisaient vivre les montagnes russes, mais j'arrivai aussi à comprendre qu'il plaisantait avec ma personne.
— Oui, elle est très belle. Mais, elle va bientôt se marier avec mon futur beau-frère Dwight.
— Félicitation ! Tu as l'air contente.
— Ouais ! C'est un chouette type. Je pense que ma sœur aurait fait une grosse erreur si elle l'avait laissé partir, parce qu'elle n'assumait pas ses sentiments.
— Tout est bien qui finit bien alors, dit-il. Tu sais, ce n'est pas facile ... l'amour, les sentiments, ce que notre cœur veut, mais ce que notre tête désire aussi ... C'est un sacré packaging.
— Je m'en doute bien, vue ton attitude à cause de Rain.
— Quoi ?
— Je pense que tu joues à l'aveugle, Angelo. Tu l'aimes, d'accord, mais elle a un comportement hypocrite avec moi et elle est chiante avec toi. Et je ne m'excuserai pas.
Il rit doucement et je ne savais pas pourquoi, j'avais l'impression qu'il passait ses mains dans ses cheveux et que mes mots prenaient du sens pour lui.
Il laissa le silence en suspens quelques temps avant de soupirer et de me répondre :
— Tu n'as pas t'excuser. Tu n'as pas tort. Je ne joue pas à l'aveugle, c'est juste que ... c'est compliqué.
Ce fut à mon tour de ne rien dire. Clairement, ça ne devait pas être facile pour lui. Il était amoureux, c'était donc normal qu'il ...
— Je ne suis pas amoureux d'elle, mais je tiens à elle.
Je venais de me tromper. Dans ce cas, que faisait-il avec elle ? Il se torturait l'esprit en restant avec elle...
— Dis-moi le fond de ta pensée, Mackenzie. Je t'écoute.
— Je n'ai rien à dire.
— Menteuse ! C'est limite si je n'entends pas tes pensées.
— Alors, qu'est-ce que je pense ?
— Tu penses que je me torture le cœur et l'esprit pour rien. N'est-ce pas ?
Bouche bée, je ne rétorquai rien. Il venait de m'épater, mais bon, ce n'était pas difficile à deviner non plus.
— Mouais. Je reste dubitative sur ta capacité à lire les pensées. En revanche, si cette torture que tu t'infliges, n'a pas de but, alors je ne comprends pas pourquoi tu ... tu ne romps pas avec elle.
— C'est compliqué, répéta-t-il.
— Tu dois être sincère avec elle.
Le fait de lui donner quelques conseils qu'il pourrait appliquer me rendait ... heureuse.
J'espérais de tout cœur que ça irait mieux entre Rain et AJ...
Je finis par sortir de mon lit et je me préparai avant d'aller prendre mon petit-déjeuner. Mon père lisait son journal pendant que je lui embrassai la joue.
Diana était aux abonnés absents et Maman était partie prendre sa douche. Je me servis de pancakes et de myrtilles ainsi que de la framboise.
— Il y a des œufs brouillés et du bacon sur la poêle, m'indiqua mon père sans lever les yeux de son journal.
Je n'hésitai pas à me servir de ce petit-déjeuner bien copieux avant de m'installer en face de lui.
Il finit par fermer son journal et me sourit grandement tout en me regardant savourer le fruit de leur travail.
— Ça ne sera jamais aussi bon que ce que tu nous prépares, mais tu as l'air de le savourer.
— Arrêtez d'être modestes, répliquai-je. Si j'ai l'amour de la cuisine, c'est grâce à Maman et toi. Et à mes superbes grands-mères aussi.
— C'est vrai, admit-il. Nous sommes fiers de toi, ma chérie.
Je lui souris et il me posa des questions sur les cours auxquels je répondis.
— C'est très bien. Continue à persévérer ...
Je baillai. Ouhhh, il fallait que je prenne des vitamines, car j'avais envie de pioncer ne serait-ce que deux heures.
— Tu ne dors pas suffisamment ? Ou devrais-je dire que tu étais au téléphone très tard dans la nuit ?
Coupable, je lui avouai que c'était effectivement le cas. Et comme je savais que mon père était du genre très calme, tout le contraire de Diana et de Maman, je me confiai sur mon correspondant. Il m'écouta attentivement tandis que je lui racontai mon embrouille avec Angelo. Evidemment, il rit à la partie de la mayonnaise, mais il comprenait tout à fait ma réaction.
— Je suis content que tu aies changé d'avis. C'est vrai que c'est une opportunité en or, ma puce. Et de ce que tu me racontes, cet Angelo n'a pas l'air si méchant que ça. Certaines relations influent beaucoup sur notre attitude. Par exemple, ta mère est beaucoup plus mesurée en ma présence, parce que je suis calme. J'arrive facilement à la canaliser.
— Je comprends, Papa.
— Et ... peut-être que ce jeune homme t'apprécie beaucoup. Il donne l'impression d'être jaloux de Basile et Romeo.
— Ce n'est pas le cas ...
— Qu'est-ce qui n'est le cas ? lança ma mère en débarquant dans la cuisine.
Elle m'embrassa fortement la joue tout en me laissant sniffer son parfum que j'adorais.
Diana ne tarda pas à faire acte de présence, la tête dans les nuages et nous lança un bonjour ronchon et se servit.
— Alors ? réitéra-t-elle sa question.
— Rien du tout, répondit Papa à ma place.
Il me fit un clin d'œil sans que Maman ne le voit.
— Bon, dit-elle sans vouloir en savoir plus. Nous déjeunons ensemble ce midi ? Je vais bosser.
— Je déjeune avec Basile, répliquai-je. Mais garde ton calme, Maman. C'est en tout bien, tout honneur.
— O.K ! fit-elle en lâchant un grand sourire qui voulait tout dire.
Je décidai de quitter la table en même temps que mon paternel qui me chuchota qu'il était là et que si je voulais en parler, qu'il était là pour moi.
Qu'est-ce que j'aimais cet homme !
***
Après quelques heures de révision (je m'étais endormie sur mes cours), j'avais communiqué l'adresse d'un restaurant très bon à Basile pour qu'il m'y retrouve.
Romeo avait été embêtant, désirant que je passe le voir avant de sortir manger avec Basile, mais j'avais refusé. Il allait me faire chier donc ce n'était pas nécessaire de perdre du temps à le voir.
Basile et moi arrivâmes en même temps sur notre lieu de rendez-vous, ce qui nous fit sourire.
Je l'étreignis, heureuse de le retrouver.
— Alors, cette première nuit New-Yorkaise ? Romeo n'a pas été enquiquinant avec toi ?!
— Euh ... il est très bavard, avoua-t-il avec un petit rire. Je crois que je me suis endormi pendant qu'il me parlait de ...
Je le contemplai. Il était tout en beauté. Son visage rayonnait comme s'il était allé au soleil quelques temps. Son sourire était contagieux et bien qu'il portait sa petite veste, il n'avait pas l'air d'avoir froid.
Je remarquai qu'il brillait et compris facilement que Romeo lui avait certainement dit de mettre de la crème.
— Ken ? Ça va ? J'ai mis trop de crème peut-être ? C'est Romeo qui m'a dit que c'était très important peu importe notre couleur de peau ...
— Il est sacrément fou mon Rome, ricanai-je en lui retirant la petite trace de crème qu'il restait près de son cou. Voilà ! Tu es parfait maintenant.
— Parfait carrément ! Je n'en demande pas tant, Ken.
— Je sais. Allez viens !
Je lui pris la main, sans me poser de questions et nous pénétrâmes dans le restaurant qui proposait de la Soul Food, c'est-à-dire de la cuisine africaine remixée à la sauce américaine. Ce restaurant au nom très simple "Mama Soul Food" était très populaire à New-York.
Connaissant la gérante et certains des serveurs, on ne tarda pas à nous installer tandis que le monde commençait à affluer doucement à l'heure de déjeuner.
— Je te recommande les frites de patates douces évidemment et le Fried chicken hein ! lui conseillai-je sans regarder la carte que je connaissais par cœur. C'est un peu la base.
— C'est ce que tu vas prendre ? On peut tester le riz à la sauce rouge ?
— Ouais, si tu veux on partagera.
— Parfait ! me sourit-il.
La serveuse vint prendre nos commandes en nous apportant des limonades bien fraîches et s'en alla en nous souriant tendrement.
— Tu as vu le sourire de la serveuse, me dit-il.
— Elle doit penser que nous sommes en couple et que je veux te convertir à la cuisine afro-américaine, lui expliquai-je.
— Oh ! J'aime l'idée.
— L'idée ? Qu'on soit ensemble ou pour la bouffe ?
Ses jolies billes rieuses me fixèrent et je ne savais pas quoi penser.
Je devais admettre que Basile m'attirait bien que je ne voulais le penser. Sa présence était plaisante et il avait une belle personnalité. Il avait tout pour être ... mon premier petit-ami.
C'est moi qui disait ça ?
Il me sortit de mes pensées en souriant avec malice et secoua la tête.
Il était définitivement craquant à souhait.
— Quoi ? le questionnai-je.
— Parce que tu sais très bien où je veux en venir.
Je sentis mes joues se chauffer et je préférai me noyer dans ma limonade que de lui répondre.
— Tu sais Ken, je pense que nous sommes assez grands pour ... admettre qu'on s'attire, non ?
— Euh ...
— Je ne veux pas te brusquer ou forcer les choses, mais ... je t'apprécie beaucoup, Ken. Peut-être que ça ne se voit pas, mais j'aime ta présence, j'aime être avec toi, discuter ...
— Moi aussi, Basile, avouai-je avec facilité.
Il sourit et rougit. Je gloussai ce qui détendit l'atmosphère et j'ajoutai :
— En raison de mes antécédents quasi-inexistants en relation sentimentale, prenons notre temps.
— Tu me fais l'honneur d'être cette première expérience alors ?
Sa demande était tellement mignonne que j'avais envie de fondre sur ma chaise.
— Je ne sais pas si c'est un honneur, mais ouais, répondis-je en haussant les épaules.
— D'accord, mademoiselle Ken. Je pense qu'il était temps que tu découvres ça.
Peut-être qu'il avait raison, peut-être qu'il avait tort, mais j'avais envie de me lancer dedans que ça marche ou pas.
Puis, Basile avait de nombreuses caractéristiques du petit-ami parfait.
Son CV me plaisait bien et tout chez lui m'avait toujours secrètement attiré alors ...
Qui aurait cru qu'en venant ce week-end à New-York, j'aurais un mec ...
Ah mais ouais ! Basile était mon mec.
J'avais un mec.
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