Chapitre 10 : Première tension

Le week-end s'acheva comme il se le devait.

Diana et Eve étaient reparties sur New-York et Romeo avait replongé dans ses cours tout comme moi.

Le Chef Clarkson avait appris mon accord pour le concours et le projet.

Il en était tellement enchanté que j'en étais gênée, parce que j'étais à présent cataloguée comme l'une des préférées de Clarkson.

Si certains de ses favoris le vivaient bien, ce n'était définitivement pas mon cas. Lui, il en avait bien l'air de s'en moquer, car son autre étudiant chouchou allait certainement remporté le concours, parce que j'étais supposée être l'élément clé.

Avec son comportement, le prof me mettait un peu trop de pression.

Alors, j'eus envie de le lui dire, mais il n'avait pas le temps, car il devait se rendre dans son restaurant.

Oui, il avait son restaurant très réputé en ville.

*

En ce mardi soir, je devais donc rencontrer l'équipe du concours, qui était aussi celle du début de notre restaurant en commun.

J'étais un peu stressée, parce que je serai la plus jeune, mais aussi parce qu'ils devaient être tout aussi talentueux.

J'avais demandé à Basile de m'accompagner et il accepta même s'il craignait qu'Angelo ne lui dise de partir. Je lui rappelai que j'étais la co-directrice de ce futur établissement, alors qu'il n'avait pas forcément le choix.

Plus les jours passés, plus j'appréciai la présence de Basile. Elle était apaisante et rassurante. Puis, il était force de propositions au niveau des débats et des discussions en tout genre.

Lorsque nous arrivâmes en cuisine, ils étaient déjà tous présents et l'ambiance était joviale.

Rain signala ma présence à son copain qui me regarda aussitôt. Il sourit avant que cela ne s'évanouisse en voyant Basile qui fit un signe de main pour saluer tout le monde.

— Hey ! Qu'est-ce qu'il fait là ? m'interrogea-t-il abruptement sans réellement nous saluer.

— Il m'accompagne, répondis-je. Salut vous autres ! Je suis Mackenzie Wang-Jones et en deuxième année avec Basile.

Les autres se présentèrent avec sourire et bienveillance. Angelo, irrité me demanda de sortir quelques instants pour me parler. Je le voyais venir avec ses reproches à la con. Basile n'avait décidément pas tort ...

Je posai donc mes affaires, avant que je ne le suive et une fois dehors, il m'agressa presque en disant que Basile ne pouvait pas rester et que je devais le lui annoncer.

— Pourquoi ?

— Pourquoi ? s'exclama-il, choqué. Et le secret professionnel ? Est-ce que tu le connais assez bien ton Basile ? Il ne veut pas participer au concours, ni faire parti de l'équipe alors que j'étais prêt à faire une exception au moins pour le restaurant, mais il ne veux pas alors il se casse. Tu n'as pas besoin d'avoir un accompagnateur. T'es une grande fille, non ?!

Le Angelo d'hier soir avait totalement disparu.
Ce qu'il avait dit aussi ne me faisait plus rien, alors que j'avais trouvé ça, très gentil qu'il me dise que j'étais jolie ...
C'était celui de notre premier échange qui se tenait face à moi et lui, je ne l'aimais pas du tout.

— Tu sais quoi ? Aujourd'hui, il reste mais tu as intérêt à lui dire de ne plus revenir.

Il ne me laissa le temps de répondre et retourna en cuisine.

Je m'étais peut-être un peu trop avancer sur notre collaboration et bonne entente. Il était juste imbuvable à cet instant.

Mais je devais prendre sur moi alors je retournai auprès des autres et souris à Basile qui m'interrogea des yeux.

— Tout va bien ?

J'acquiesçai et sortis mon carnet de notes comme les autres tandis qu'Angelo expliquait notre préparation au concours.

— Il faut que nous présentions deux entrées, deux plats et deux desserts dans un temps imparti, qui est de 2h30. On peut croire que c'est simple, mais ce n'est pas le cas, surtout lorsque nous sommes 6. Il faut que notre entente soit parfaite pour ne pas se marcher les uns sur les autres. Ils analysent strictement tout. Pour le choix des mets, il faut qu'on sorte le grand jeu, mais en même temps, il ne faut pas être trop ambitieux.

— Ouais, mais si nous sommes 6, on peut voir grand, commenta la dénommée Inna. Je pense que si on reste dans notre zone de conforts, on ne marquera pas les points, AJ.

Les autres acquiescèrent et j'étais d'accord avec elle.

— Surtout, si tu dis avoir choisi les meilleurs éléments pour avoir une équipe de choc, AJ, ajouta Juan, le meilleur ami de celui-ci. On va faire face à l'élite du pays, on a intérêt d'être inventifs et efficaces.

— Ils ont raison, adjugea Rain. Tout en sachant que je suis le sixième membre de ton équipe, mais que je n'ai pas toutes vos techniques et compétences. Ce ne sont pas mes études de base.

Il scruta sa dulcinée à qui, il lui embrassa la tempe comme s'il réalisait la situation.

Eh bien ! En voilà une nouvelle. J'étais bien curieuse de savoir ce qu'elle faisait comme étude...

— Je suis né pour réussir, dit-il doucement comme si c'était pour se rassurer. Vous proposez quoi comme menu ?

— Il faut qu'on fasse ressortir la force de notre équipe, Buddy. Je propose qu'on invente des plats, dit Juan en regardant tout le monde. T'en penses quoi la plus jeune ?

Je clignai des yeux, ne m'attendant pas à ce qu'on me demande quoique ce soit. Basile me fit un coup de coude et je répondis :

— Euh ... je pense que tu as raison. C'est une bonne stratégie. Je ... je pense que les autres n'ont pas la même formation d'équipe que nous. Si nous partons sur des recettes inventées, il faudrait qu'il y ait un peu de ... chacun de nous, expliquai-je. Il faudrait que ça soit un menu ... universel.

— Elle a raison, me sourit Inna. Ça va plaire aux jurys.

— Sauf si on tombe sur des racistes, répliqua Connor. On prône la diversité, mais ça ne plait à tout le monde. Ça peut être risqué.

Angelo et Rain échangèrent un regard et il haussa les épaules.

— Si vous voulez qu'on prenne le risque, on le fait. On est une équipe.

— Pour prendre en compte le commentaire de Connor et il n'a pas tort, la présentation doit être très classe et très raffinée, répliquai-je avec plus d'assurance. Peut-être que l'appellation de nos plats sera très ...

— Poétique ? proposa Inna avec un petit rire. Je suis pour. Faut qu'on soit par-fait !

— OK, dit-il en hochant la tête. Bon, on se met au boulot ?

***

L'heure qui suivit, nous travaillâmes sur plusieurs idées et plusieurs recettes.

C'était juste génial d'être avec d'autres passionnés. Je prenais rapidement mes marques et ne me sentais pas inférieure en compétences ou connaissance que les autres. Bien au contraire, je me trouvais déjà très avancée.

Bien que la présence de Basile n'était pas validée par AJ, il était très serviable et nous suggérait quelques idées. Et cela ne plaisait pas forcément à Monsieur, mais nous autres, nous trouvions sa vision des choses très pertinentes en tant que possible client.

— Ça va, merci Basile. Je te trouve un peu trop présent dans le projet, commenta méchamment AJ.

— Arrête AJ, le réprimanda Inna.

— Oui arrête AJ, repris-je, irritée. T'abuse là ! Nous avons compris que tu ne voulais pas qu'il soit là. Mais le faire toutes les cinq secondes, c'est juste immature. Est-ce que ça vous gêne qu'il soit là ? interrogeai-je les autres.

— Absolument pas, répondit Juan. Elles ont raison, ajouta-t-il en lui tapotant l'épaule. Excuse-le, Basile. C'est un stressé du contrôle.

— Ce n'est rien, sourit timidement le concerné. Je ne reviendrais plus AJ.

— Tu peux revenir quand tu veux, ne dis pas ça ! s'exclama Rain. Tant que tout ce qu'il se passe ici reste secret, pas de souci. N'est-ce pas, babe ?

AJ fixa pendant de longues secondes Basile qui ne flancha pas avant de reporter son regard vers moi et de dire d'un air menaçant qu'il avait intérêt à se la fermer.

— Si je constate que nos concurrents savent des choses sur notre travail, je te tue !

Je levai les yeux au ciel tandis que les autres ricanaient.

— Ne t'en fais pas, lui assura Basile. Je vaux bien mieux que ça.

— T'es vraiment dans l'excès le plus total, répliqua Connor.

— Je préviens, c'est tout, dit-il non sans me quitter du regard. Allez, je vous libère. Nous avons bien avancés. Merci pour votre contribution et n'oubliez pas de noter de nouvelles idées de recettes et de combinaisons. Ah ! Et il faut absolument qu'on trouve le nom de notre restaurant, même de notre équipe.

— Si ... tu m'en donnes l'autorisation, parla Basile, je trouve que le mot "universel" que Ken a employé au début est juste génial. Ça correspond parfaitement au projet et à votre équipe.

— Le restaurant Universel... Ouaiiiis ! Ça sonne très bien, adjugea Inna. Je suis pour !

— Moi aussi, sourit Connor. C'est parfait ! Merci Basile, appuya-t-il en regardant AJ, d'écouter ce qu'on dit. Et bravo à toi, Ken pour cette idée.

— Je vous en prie. Ça vous va, AJ et Rain ? les questionnai-je.

— Moi, ça me va, répondit Rain.

— Vu que tout le monde a l'air de valider ce nom, ça me va.

Juan applaudit et nous nous mimes à le suivre, fiers de nous.

— Tu ne vas pas le regretter, mon pote ! lui dit son meilleur ami en lui tapotant l'épaule.

Nous rangeâmes nos affaires et quittâmes en même temps la cuisine.

Une fois dans le couloir, nous nous saluâmes car Basile et moi prenions le même chemin.

Dehors, le froid nous gifla littéralement que je me mis à greloter sous le rire doux de Basile.

— T'es sérieuse là ? Il ne fait même pas si froid que ça.

— T'es sérieux toi ? Avec ta petite veste. Tu me donnes encore plus froid.

J'enroulai mes bras autour de moi, tandis qu'il referma les boutons de son blouson.

— Tu as moins froid en me voyant comme ça ?

— Très drôle.

Il me fit un clin d'oeil qui m'arracha un sourire et nous marchâmes silencieusement vers notre résidence étudiante. J'en profitai pour m'excuser du comportement d'AJ ce qui le fit rire.

— Quoi ?

— C'était mignon que tu prennes ma défense. Ce n'est pas tout le temps qu'on me prend ma défense.

Je l'observai, sentant mes joues doucement se réchauffer sans raison.

Et pour la première fois, je pris le temps de le regarder en détail.

Comme je vous l'avais dit, il avait les cheveux coupés à ras, mais il était définitivement blond. Ses yeux clairs qui étaient un mélange de verts et de noisettes illuminaient son visage et il avait une tête de plus que moi, ce qui n'était pas énorme en soi.

Pour le première fois, je le voyais différemment que le camarade de classe qui disparaissait très vite après la fin du cours et qui était solitaire avec une copine d'une jalousie maladive qui l'empêchait de respirer.

Basile Parker était bien plus que ça ...

C'était mon seul et véritable ami de campus.

— Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ,

— Parce que ... merci d'être là. Tout simplement.

Il rougit aussitôt et me poussa de l'épaule rien que pour me taquiner. Vraisemblablement, je venais de l'embarrasser avec mon remerciement qui était des plus sincères.

— Tu sais quoi ? Merci à toi, Mackenzie.

Nous arrivâmes dans le hall de notre résidence et il devait se rendre dans sa partie et moi, dans la mienne.

— Je t'en prie. Ça me fait plaisir de te voir ... plus ouvert. Je savais bien que tu étais un type cool.

— C'est pour ça que tu me donnes tes réponses ?

— Peut-être, souris-je. Non, plus sérieusement, c'est parce que je t'apprécie bien.

Il tourna pivoine et se passa sur son crâne totalement intimidé.

Bon, je devais certainement m'arrêter là.

Mais par je ne sais quelle force, je m'approchai de lui et lui embrassai la joue, avant de déguerpir comme une voleuse.

Ce soir-là en regagnant ma chambre, j'avais l'impression que quelque chose avait changé entre lui et moi, mais je ne savais pas quoi.

***
Ps : J'aime trop haha ❤️

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