L'édition : Comment avoir toutes ses chances avec un éditeur
Les maisons d'éditions reçoivent beaucoup de manuscrits, mais très peu sont retenus. Dans de grandes ME, moins de 1% finira par être publié. Ce chiffre est un peu plus élevé chez les moyennes et petites ME, mais ne va guère au-dessus des 5%. Je ne parle bien sûr pas des ME à compte d'auteur qui vont prendre tous les manuscrits reçus moyennant 2000 euros en contrepartie 😎.
Non, je parle des vraies ME, celles qui ne vous feront pas débourser un centime pour publier votre roman et qui vous verserons de l'argent sur les ventes.
Vous pensez que vous avez une belle plume et que votre texte a toutes ses chances de trouver un éditeur. Malheureusement, cela ne suffit pas. Pour avoir toutes vos chances d'être retenu et publié, il y a des critères de sélection que l'on va voir ensemble. 🤓
🍔 Le nombre de mots
Dans l'idéal, votre manuscrit doit faire moins de 100 000 mots, surtout s'il s'agit d'une Romance déclinée à toutes les sauces possibles (Young Adult, Feel good, Dark Romance, etc.). Le mieux étant vers les 80 000 pour ce genre. Pourquoi donc ? 🧐 Parce que c'est ce que souhaite la plupart des lecteurs de romance, et donc des éditeurs. Il ne faut pas qu'il y ait de longs passages descriptifs de lieux, mais un strict minimum. La romance doit être mise en avant plus que le reste. On est pas là pour s'endormir, mais pour vibrer et s'émoustiller avec les personnages.
Cependant, cela n'est absolument pas le cas, si vous écrivez de la Fantasy. Les lecteurs de ce genre de littérature en veulent des descriptions. Ils ont envie de voyager, de s'imaginer des scènes grandioses, des décors à couper le souffle, des créatures décrites jusqu'au moindre poil. Pour ce genre-là, les "pavés" de plus de 100 000 mots sont donc bienvenus, mais attention, à partir de 170 000 ça devient compliqué. Il ne faut pas oublier que plus il y a de mots, plus il y a de pages et donc... plus le livre devient cher à imprimer. Ce qui va inévitablement augmenter son prix de vente. Or, qui va acheter un livre broché à 30 euros ? 🧐 Hmm ? Pas grand monde en a les moyens, pensez-y. 😣
Faites attention donc, au nombre de mots écrits. Si vous dépassez de beaucoup ces seuils, je vous recommande de couper votre manuscrit de manière à en faire deux tomes... ou plus. Vous aurez ainsi plus de chances qu'un éditeur ne rechigne à le publier à cause du fait qu'il soit trop long, donc trop couteux à imprimer et à corriger. Mais attention, veillez à faire une scission intelligente pour que chaque tome soit bien construit et avec un nombre de mots à peu près équivalent...
Pour ce qui est des autres genres, la SF et le fantastique ont un peu le même genre de lectorat que pour la Fantasy. Les éditeurs tolèrent donc, plus ou moins, un nombre de mots supérieur à 100 000.
Si vous écrivez de la fanfiction, ne vous attendez pas à être édité. Pourquoi ? 🧐 Pour une question de droits tout simplement. Pour qu'un éditeur puisse publier votre manuscrit qui parle de la suite des aventures d'Harry Potter, il sera obligé d'en demander l'autorisation à J. K. Rowling, mais aussi à Bloomsbury son éditeur UK et probablement aussi à Gallimard qui a acheté les droits de traduction et de publication en France. Bref, c'est peine perdue.
🏠 Un manuscrit bien construit
Cela semble être pourtant une évidence, mais cela ne l'est peut-être pas pour tout le monde. Votre manuscrit doit avoir un début, un milieu et une fin. Au début, vous plantez le décor et faites découvrir les personnages. Au milieu, il se passe un évènement, une intrigue qui pose un problème et qui fait évoluer la situation d'origine. A la fin, les problèmes se règlent et la situation évolue finalement, en bien ou en mal. Cela concerne le fond de l'histoire, mais il en est de même pour la forme de votre manuscrit :
Règle numéro 1 : On ne mélange pas les temps de la narration. Rien de pire pour un lecteur qui n'aime lire que des livres écrits au présent, de se retrouver à lire brusquement un passage au passé dans le même bouquin, et inversement. Idem à l'intérieur d'un même chapitre, c'est très perturbant. Il faut vous arranger pour toujours écrire votre récit au même temps. Je ne parle pas des dialogues qui eux sont toujours au présent, mais de la narration.
Règle numéro 2 : On ne mélange pas les points de vue dans un même chapitre. Même si vous avez pu en voir dans quelques rares bouquins, ça ne se fait pas. La majorité des éditeurs n'aime pas ça. Si vous écrivez votre narration par point de vue, vous ne devez pas changer de point de vue en cours de chapitre. Cela doit être par exemple : chapitre 1 avec le PDV de Bidule. Chapitre 2 avec le PDV de machin. Et pas : chapitre 1 avec le PDV de Bidule puis de Machin.
Évitez aussi d'écrire les mêmes scènes mais d'un point de vue différent. Très peu d'éditeurs aiment ça, sachez-le. Il y a un côté redondant de l'intrigue. L'histoire donne l'impression de ne pas vraiment avancer.
Règles numéro 3 : Il y a des normes à respecter. Je l'ai déjà dit dans un précédent chapitre, mais je le redis au cas où. La plupart des ME veulent des manuscrits qu'ils pourront exploiter. Pour cela, il doit être rédigé en police TimesNewRoman dans un document de type Word en .doc de préférence, mais le .odt de LibreOffice est aussi accepté car gratuit. Les dialogues doivent être annoncés par des tirets cadratins (un cadratin c'est ça : — ), pas des tirets trait d'union et encore moins des puces. Les éditeurs n'ont pas que ça à faire de remplacer chaque puce ou traits d'union par des cadratins, surtout que ce n'est pas aussi simple que ça en à l'air. Pas de gras non plus.
Pensez aussi à bien séparer vos chapitres par des sauts de pages.
🍿 Un manuscrit bien écrit
Il est indispensable de faire relire votre manuscrit à plusieurs bêta lecteurs avant de l'envoyer à un éditeur. C'est eux qui vous diront s'il y a des incohérences, si les émotions de vos personnages ne sont pas assez retranscrites, si les scènes ne sont pas suffisamment décrites, s'il y a des fautes, etc. Pour cela, n'hésitez pas à participer à des concours, vous obtiendrez déjà quelques avis. Mais cela ne suffira pas, il faudra vous entourer de vrais lecteurs critiques qui pointeront du doigt ce qui ne va pas. Ne tenez pas compte des lecteurs qui vous disent "Vite la suite !", ça ne veut absolument pas dire que votre texte est forcément publiable, ça veut juste dire qu'ils aiment ce qui s'y passe. Il n'y a qu'à voir certaines chroniques qui ont des millions de vues et plein de commentaires élogieux, mais qui sont bourrées de fautes. Vous ne les verrez d'ailleurs jamais se faire publier sauf en autoédition par l'auteur lui-même avec tout autant de fautes. 😖
💩 Sélectionnez bien votre futur éditeur
Faites très attention à qui vous envoyez votre manuscrit. Il y a autant d'éditeurs malhonnêtes qu'honnêtes, si ce n'est plus. Certains vous demanderons de l'argent ou d'acheter des exemplaires de votre livre, pour pouvoir vous publier. Or dans ce contexte, leur but n'est pas de vendre votre livre une fois publié, mais de gagner de l'argent en faisant signer un maximum d'auteurs. De ce fait, ils diront oui à tout le monde et votre livre sera mis au placard, car que votre livre se vende ou non, ils s'en foutent. Ils se sont déjà faits un petit pactole sur votre dos, du coup, ils n'ont pas besoin de faire de ventes. Or à quoi sert un livre si personne ne le lit ? 🧐
Faites attention à bien lire le contrat que vous avez reçu. Ne vous emballez pas. Il y a des éditeurs qui ne font rien payer, mais qui ne vont pas forcément vous proposer des choses convenables. Certains vont vous rémunérer 50 cts par livre vendu, pendant que eux toucheront 6 euros voire plus. 😳 D'autres ne proposeront jamais votre livre chez un libraire, mais uniquement sur Amazon. 😢 Quelques uns d'ailleurs, ne proposeront même pas votre livre en format broché, mais uniquement en Ebook. 🤮
D'ailleurs, méfiez-vous des éditeurs qui vous disent oui, 2 ou 3 semaines après avoir reçu votre manuscrit. Ils publient un maximum de bouquins par mois et rémunèrent les auteurs avec des cacahouètes pour se faire un max de blé sur leur dos. Vous risquez de voir votre cher bébé noyé dans la masse. Généralement, ils ne font que de la vente sur Amazon d'ailleurs, pour gagner davantage d'argent.
Faites également attention à la durée de cession de vos droits que l'éditeur vous propose. S'ils ne sont pas précisés, c'est qu'ils sont cédés à vie. Cela veut dire que si par exemple votre livre a du succès sur Amazon et que Gallimard ou une grosse ME souhaite acheter les droits pour l'éditer et le vendre dans toutes les librairies du monde entier... et bien, votre éditeur actuel peut refuser 😎 et adieux vos rêves de gloire. 😭
Faites aussi très attention à ce qu'il n'y ait pas une clause d'exclusivité dans le contrat. Cela signifie que vous devrez obligatoirement proposer TOUS vos manuscrits à cette même ME. Vous lui devrez fidélité. Imaginez la catastrophe, si ça se passe mal avec elle. C'est comme un boulet que vous trainerez au pied toute votre vie. 💀
Et surtout pour finir, n'envoyez pas votre manuscrit sans l'accompagner d'un petit message de politesse dans le corps de votre mail. Les éditeurs ne sont pas des chiens.
Soyez très patients lorsque vous envoyez votre manuscrit. Il faut compter en général de 3 à 6 mois pour avoir une réponse positive ou négative. Idem lorsque vous envoyez un mail pour poser une question, ça peut prendre facilement une semaine. Les ME doivent gérer tout un tas de choses.
Et si vous êtes du genre indépendant et désirez gagner plus, vous pouvez toujours vous tourner vers l'auto-édition. Mais attention si vous choisissez cette voie, certains lecteurs ne vous feront pas de cadeaux et traqueront les moindres fautes de votre livre à la virgule près. Même les grosses ME en font, pourtant.
Sachez aussi qu'il vous faudra passer du temps à promouvoir votre roman et à créer une communauté, car si vous restez dans votre coin, personne ne pourra connaître votre livre et donc l'acheter.
😘
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