Étrange d'avoir une double vie. 

Comme il ne sait pas mentir, il reste silencieux. Ce n'est pas comme si quelqu'un∙e lui demandait des comptes de toute façon. Et heureusement qu'il n'a pas a parlé, car alors il serait épuisé. Les nuits sans sommeil à suivre les mangemorts suivent les journées à suivre l'Ordre. Et il déteste le dire, et même le penser, mais l'un est clairement plus fun que l'autre. Avec l'Ordre on lui reproche d'exister, on l'ignore, le voit comme un poids. Les rares fois où ce n'est pas le cas, c'est l'atmosphère de défaite qui envahi les moments qu'il passe avec elleux. 

Chaque membre de l'Ordre semble être en pleine crise existentielle personnelle. On ne voit plus Remus depuis qu'il est rentré bredouille de sa négociation avec les loups garous. Sans Remus, on ne voit plus non plus Sirius, qui quand il est là physiquement, reste mutique. Et sans le Sirius en pleine forme James se fait aussi discret. Lily ne vient même plus aux assemblées générales. Fatiguée, parait-il. 

Peter est donc seul avec les autres qu'il connait à peine et se souvient d'à quel point il est timide. Comme on le croit incompétent et sans le soutient des maraudeurs, il ne participe jamais aux missions. 

Seule chose qu'il fait ces derniers temps : des tâches ménagères. Une idée de Fol Oeil, qui le croit trop paresseux, alors qu'il tombe de fatigue à force de passer toutes ses nuits aux cotés des mangemorts. 

Sturgis Podmore est celui qui le surveille, quand, pendant que les autres se chargent des attaques ou des plans, il passe le balai. Il maitrise très peu des sorts de nettoyage et les apprendre prendrait plus de temps que de nettoyer l'intégralité du Quartier Général avec un mouchoir, alors il fait tout à la main. 

Podmore a les bras croisés, il surveille toujours, balance des répliques cinglantes pour le plaisir de voir Peter se decomposer. La plupart du temps il lit des livres en s'appuyant sur la fenêtre pendant que Peter frotte le sol sur lequel on ne voit plus la moindre saleté depuis bien longtemps. Mais personne n'a réfléchit à ce que Peter pourrait faire d'autre alors il continue de frotter. 

Quand Bones, Diggle, les frères Prewett ou Emmeline rentrent de mission, Podmore s'empresse d'abandonner Peter pour avoir enfin une compagnie digne de ce nom, et c'est souvent à ce moment là que Peter s'endort. 

À trop lutter contre le sommeil, il s'endort toujours au mauvais moment. Un coup en rendez-vous secret avec Dumbledore à qui il raconte les plans des mangemorts, un coup avec les dit-mangemorts, un coup sur n'importe quel endroit de la rue où il décide de s'assoir. Personne ne semble se rendre compte de ses yeux cernés, de sa pâleur. Ou bien tout le monde s'en fiche. 

Seul Frank et Alice, toujours par paire, lui lancent quelque phrase en l'air pour savoir s'il va bien, pour traiter Podmore de petit-con, même s'il est plus âgé qu'elleux. Parfois Emmeline lui fait un signe de main ou de tête. 

Alors Peter se sent bien mieux chez les mangemorts. 

Il est très facile d'oublier leurs crimes lorsqu'il les voient rayonner, rire, se vanner. Iels se comportent encore comme de jeunes adultes. Se moquant des trop fidèles et faisant parfois le mur. 

Quand on évoque les né∙es-moldu∙es seulement, leurs traits de raidissent. Iels sont persuadé∙es d'oeuvrer pour la bonne cause en voulant les éliminer. Mais iels en parlent si rarement que Peter se perd souvent dans leurs complicité, leurs joie, qui à l'air si humaine. 

Iels ne sont pas les monstres que l'Ordre décrit quand il parlent d'elleux. Iels ressemblent à ce qu'iels sont : des tout∙es-juste adultes, riant dans un monde sombre. 

Avery a quelque chose de sympathique et de séduisant, du moins quand on est pas cellui dont il se moque. Il sait trouver le mot juste quand il le faut, claquer le bec à n'importe qui... quand son père débarque pourtant, on le l'entend plus. Mulciber est le seul qui arrive à le faire taire, ils sont presque frères, semble-t-il, leurs pères aussi ami qu'eux, élevés ensemble depuis le ventre de leurs mères. Quand on est leurs alliés il est agréable de les côtoyer. L'influence que Mulciber à sur Avery l'empêche de faire des remarques à Peter, sans quoi il se ferait surement un plaisir de le faire. Mais il est clair qu'il est divertissant de voir d'autre personne subir l'humour cruel d'Avery. 

Les Lestrange et Barty Croutpon ont grosso-modo le même comportement que celui-ci. Se plaisant à se moquer de Malfoy et Rogue, toujours fourrés ensemble. 

« Lucius ressemble comme deux gouttes d'eau à sa femme, avec ses cheveux longs. Se moque Bellatrix.

Personne ne lui rappelle que la femme en question est sa petite-soeur, et Peter n'envisage même pas de lui faire remarquer que vu l'état de ses cheveux, elle n'est pas vraiment à même de donner des conseils capillaires à qui que ce soit. 

- Ils ont l'air bien sombre, ses deux là. Ricane Croutpon. 

Peter croise le regard de Rogue et se détourne immédiatement.

- Ils sont comme ça depuis Regulus. Dit gravement Mulciber, ce qui fait perdre les sourires narquois aux autres. »

Peter ressent une peine emphatique à l'évocation de Regulus Black. Il se souvient que Sirius a toqué en larmes à la porte de James, un matin, un journal à la main, ouvert sur la liste interminable des morts de guerre. Il n'avait plus parlé de Regulus depuis des années et des années. On l'avait même entendu prétendre que son unique frère était James, qu'il n'avait jamais eu d'autre famille que les Potter. Mais ce matin là il ne faisait aucun doute que les souvenirs de Regulus n'était pas derrière lui et qu'il était détruit par sa mort. 

« C'est pas une excuse, grogne Rabastan en haussant les épaules, on était pas comme ça à la mort de Evan ou Simon. »

En entendant ça Walden Macnair se lève et part sans un mot du salon où iels sont regroupé∙es. Dolohov jette un regard noir à Rabastan. 

« C'était ces meilleurs amis, pauvre con ! 

- Les connards qui les ont butés... commence Dolohov que Peter n'écoute plus. 

- Language. » Corrige froidement Travers. 

Celui-là est obsédé par la pureté du sang. Glacial et silencieux les trois quarts du temps, accordant au Seigneur des Ténèbres une vénération sans nom, encore plus que tout les autres. C'est à se demander s'il ne voudrait pas prendre sa place, s'il pouvait. 

Ce Seigneur des Ténèbres, Peter ne l'a jamais vu. Il n'est jamais là pendant les assemblées générales. Il se demande même si les autres de son âge, qui n'ont que ce mot à la bouche, l'ont déjà rencontré. Difficile de savoir, parmi celleux qui le prétendent, qui dit la vérité et qui ment. Peut-être qu'il le verra un jour si ont lui fait assez confiance pour lui faire la marque. Croupton porte toujours ses manches de chemises révélées pour qu'on puisse la voir depuis qu'il a eue la sienne. Une partie de lui est curieuse de découvrir qui se cache derrière cette figure mystérieuse, dont on ne prononce même pas le nom, une autre a envie de se noyer dans le confort d'être enfin accepté des autres. Et avec toutes ses parties de lui consacrées aux forces du mal, il reste  de moins en moins de place pour les maraudeurs. 

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Désolé-e du retard, mon rythme de publication risque d'être plus long. Je vais pas raconter ma vie mais je vais pas super bien. Je suis en rechute de pleins de trucs. Donc je réponds aux messages et tout, mais j'ai plus trop le courage d'écrire. J'espère que pour vous tout vas bien, que cette histoire vous plait quand même un peu.

Faites attention à vos p'tites têtes (et autres membres)

Salut <3