7 : Pensine
Peter saute littéralement dans les bras de Lily quand elle lui ouvre la porte, le lendemain, à la grande surprise de cette dernière.
« Désolé, s'excuse Peter en se séparant de la rousse. Vous m'avez tous∙tes terriblement manqué, hier. Je ne peux rien vous raconter, ordre de Dumbledore, mais j'ai passé une soirée complètement folle !
- Ne me câline pas ! implore James en reculant, voyant Peter s'approcher de lui.
- "Ordre de Dumbledore" ? répète Remus, curieux.
- Il m'a donné une mission, tu te rends compte ?
Il entre dans la maison en faisant grincer le parquet sous ses pas. Le salon est dans un bazar pas possible. Sirius, les bras croisés, est installé sur le canapé.
- Super pour toi, ironise-t-il en s'adressant à Peter, tu vas pouvoir te faire manipuler par Dumby à ton tour, quelle chance ! »
Tu ne pourrais pas juste être heureux pour moi ?
Remus se mord les lèvres. Visiblement il a cédé à la demande de mission prévue depuis des semaines et ça n'a pas plu à son petit-ami. James et le loup-garou échangent un regard, probablement pour savoir qui va s'occuper du cas "Sirius-possessif" cette fois si. C'est Remus qui quitte la pièce, suivi de Peter, en marmonnant qu'il va aller faire un thé au nouvel arrivant.
Une fois dans la cuisine, Lily se plonge dans une pile de dossier à trier pour l'Ordre et Remus pose une tasse devant chacun∙e.
Plongée dans son travail, c'est tout juste si la rousse marmonne un "merci" à la boisson chaude qu'on vient déposer devant elle.
Remus tente une conversation, Peter tente d'y répondre. Mais très vite ils renoncent, comprenant qu'ils crochètent une serrure avec leurs doigts. Il y a trop de choses que Peter ne peut pas dire pour qu'elles puissent être ignorées. Elles prennent toute la place. Pas seulement à cause de cette nouvelle mission mystère, mais à cause de l'écart qui s'est creusé entre les maraudeurs depuis la fin de Poudlard.
Dans cette atmosphère écrasante de silence, il part vite de la maison pour regagner sa solitude. Elle devient petit à petit la meilleure amie qu'il n'ai jamais eu. En pensant ça, sur le trottoir de devant là où logent James et Lily, il sent son coeur se fissurer et une larme glisser de ses yeux jusqu'au sol en pavé.
Il se retourne, entendant des pas courir pour descendre l'escalier. Remus est dans le coin de la porte, la bouche tordue. Il a le visage de lorsqu'il veut dire quelque chose et que son cerveau lui ordonne de ne pas le faire. Il fait ça tout le temps. Remus est trop prudent quand il parle, Peter pas assez. Quoi que toujours plus que Sirius ou James.
« Ça va ? demande tout simplement le loup-garou.
- Oui et toi ? répond automatiquement Peter. D'habitude c'est lui qui pose cette question en premier.
- Je veux dire pour de vrai. Tu vas bien, pour de vrai ?
Peter voulait les revoir, avant de commettre ce qu'il considère comme une trahison. Même si c'est pour la bonne cause. Il aurait pensé que ce serait différent. Que cette fois on lui sourirait, lui parlerait, lui demanderait en retour comment cette guerre à finit par détruire sa vie à lui aussi. Maintenant que Remus le fait il ne saisit pas la perche pour une raison qui lui échappe. La surprise, surement. Il manque toujours des occasions de faire les choses. Venir voir ses ami∙es n'aura servit à rien à part se trouver plus seul.
- Bien-sûr. Pourquoi ça n'irait pas ? »
Et il s'en va, la tête pleine de brume.
.
Dumbledore lui a échafaudé un plan que Peter suis à la lettre. Ironique pour un maraudeur d'être si obéissant.
Il s'est tailladé l'avant-bras pour y écrire un message, espérant qu'il parviendrait à Croutpon il ne sait trop comment... Et par miracle il en a trouvé un, le lendemain, à la même place, qui disait quelque chose de différent. Il n'a pas compris tout de suite, il a dut deviner. Il n'est pas super aux énigmes et il est quasiment sûr que Croutpon l'a fait exprès pour l'humilier.
Mais, dans tout les cas, il se retrouve dans la même ruelle. Même heure, même endroit.
« On est pas tes boniches, donc ça a intérêt à valoir le coup, Pettgrew. »
Peter ne peut s'empêcher de faire un bond. Est-ce qu'il est obligé d'apparaitre comme un fantôme ?
Croutpon et Rodolphus Lestrange sont ici, le premier lassé d'avance par cet entretient et le second avec un visage trop fermé pour qu'on puisse y lire quoi que ce soit.
« Ça vaut le coup, je crois. Je viens pour intégrer les mangemorts.
Il croit qu'ils vont s'étouffer avec leurs propre salive sous le ridicule, mais il n'en est rien.
- Pardon ? »
Peter se donne un déterminé. Le but est de tenir loin le petit gros maladroit et de faire sortir une partie plus rancunière de lui même.
« Pourquoi tu ferai ça ? demande Croupton qui a délaissé ses traits moqueur pour un visage honnêtement surpris.
- Parce que j'ai des raisons de détester mes ami∙es. »
Ce n'est pas suffisant, bien sûr. Mais au moins le mangemort le laisse continuer.
« Je peux le montrer. » affirme Peter.
Il se tapit dans un endroit encore plus discret de la ruelle et sort la pensine que lui a prêté Dumbledore de sous sa cape.
« C'est quoi, ça ?
- T'occupe. Approchez. »
Avec n'importe qui d'autre, les mangemort n'auraient pas obéit, mais difficile de voir Peter comme quelqu'un qui leurs tendrait un piège. Il lui font bizarrement confiance. Croutpon approche les sourcils froncés. Lestrange suit son camarade, bien plus méfiant. Sa main gauche est déjà posté devant la poche qui renferme sa baguette.
En un claquement de doigt Peter plonge dans la pensine, suivit des deux autres et c'est le sol de Poudlard qui se matérialise sous leurs pieds. Une bouffé de nostalgie lui monte au coeur mais il la chasse d'un mouvement de tête.
Ils sont des années plus tôt. Les maraudeurs assis dans le parc de l'école.
Remus, appuyé contre un arbre, lis un livre calmement. Peter dort à moitié son épaule droite, Sirius sur son épaule gauche. James monologue longuement, s'adressant d'abord à Sirius à propos du cours de Binns puis dérivant sur son sujet de prédilection : Lily.
« James, s'il te plait, j'essaye de lire !
- Je ne pourrais jamais m'arrêter ! Elle est ma muse, mon élément, ma raison de vivre... »
Et il repart dans une longue tirade glorifiant la fille de laquelle il est amoureux. Quand il termine, c'est de Marlène qu'il parle, faisant un interrogatoire à Sirius sur leurs couple naissant.
« Pourquoi avec toi, ça marche toujours ?
- Je suis plus beau que toi, c'est tout.
James grimace, boudeur.
- Je suis très beau.
- Toi aussi tu as toutes les filles à tes pieds, affirme alors Remus laissant tomber l'idée de continuer son livre, c'est juste qu'il n'y en a qu'une seule qui t'intéresse. Tu es trop difficile.
- Pourquoi tu n'essaye pas d'en voir une autre ? demande Sirius en quittant l'épaule de Remus pour se concentrer sur James. Aurelia aussi t'aime bien.
- Aurelia est juste jolie. Lily a la beauté, le charme, l'intelligence, l'inaccessibilité... J'aime les défis ! Je sais qu'un jour elle m'aimera et je suis prêt à tout pour elle...
- On est obligés de parler de filles tout le temps ? »
Tous se tournèrent vers Peter, qui a parlé de façon un peu plus froide que d'habitude. Un peu plus déterminé aussi.
« C'est pas parce que personne ne s'intéresse à toi qu'on doit s'empêcher de parler. Les filles c'est la vie, mec. »
Le jeune Peter se lève et repart vers le château en marchant bien vite. Personne n'essaye de le rattraper.
Le souvenir s'évapore dans une nué et plusieurs suivent.
Les mauvaises paroles des maraudeurs s'enchaînent :
Un matin, de la part de James : « Tu sais, si tu t'en donnais les moyens tu pourrais être plus beau. »
Un midi, de la part de Sirius : « Tu vas vraiment manger tout ça ? »
Un soir, de la part de Remus : « Sérieux, tu as eu un T ? Il était facile cet examen pourtant... »
Puis de plus en plus vite, combinés à toutes les fois où les Serpentards l'ont embêté et qu'ils n'ont rien fait pour le défendre.
À la fin Peter sent des larmes lui monter aux yeux. Quand ils sortent tout les trois de la pensine il n'a pas à faire semblant d'être profondément en colère contre ses amis.
« On ne te fait pas confiance, affirme Lestrange, mais on va te laisser une chance. Ce serait bénéfique pour nous d'avoir un espion dans leurs camps.
- Mais au moindre truc louche, tu dégages. Compris ?
- Compris. »
.
Dans sa chambre, la nuit-même, il se tord dans tout les sens sans réussir à trouver le sommeil. Il ne veut pas penser de mal des maraudeurs, mais les mauvais souvenirs le font encore souffrir. Il s'en est toujours souvenu, mais revivre cela est différent que ne faire qu'y penser. Dumbledore le saura-t-il s'il utilise la pensine juste une dernière fois ? Juste le temps de se réconcilier avec les autres.
Il tire un fil argenté de la tête et verse le souvenir dans l'objet magique avant d'y plonger la tête. La nué des souvenirs reparait.
Ce sont les toilettes de Mimi Geignarde éclairée par la nuit qui s'installent cette fois-ci. Un Peter de cinquième année sanglote dans une cabine. Une bande de Serpentard l'y a enfermé depuis des heures et personne n'est venu∙e le chercher. Normal, ce sont des toilettes dans lesquelles personne ne vas à par pour faire des conneries. Lui, y allait pour ne pas tomber sur ses harceleurs. Eux, y allait surement pour fumer ou boire.
Il ne peut même pas déverrouiller sa prison magiquement, parce que sa baguette a été jetée loin de la cabine. Elle est dehors, par terre. Il peut la voir depuis l'interstice entre la porte de la cabine et le sol, mais il est trop loin pour l'attraper. À chaque fois qu'il essaye de tourner le verrou il se tourne dans l'autre sens immédiatement, depuis des heures que ça dure, il a arrêté d'essayé, c'était trop insupportable.
Peter sait que James a prit la Carte du Maraudeur pour aller en douce essayer de draguer Lily pendant sa ronde des préfets ce soir. Il espère encore que son ami verra son nom par hasard dans cette cabine et décidera de venir le sortir de là...
Il sursaute, essuie ses larmes, il vient d'entendre un bruit. Un rire. Mais il reconnait celui de Sirius et n'a soudainement plus aucune envie qu'on lui ouvre. Il ne veut pas que les maraudeurs sache comme les autres se moquent de lui quand il n'est pas avec eux. Il se tapit dans le silence, se force à respirer plus lentement en attendant que ça passe.
C'est Sirius, il est avec quelqu'un∙e. Probablement pas pour jouer au Quidditch... Combien de temps Peter va-t-il devoir attendre là ?
« Attends... fais la voix de Sirius étouffée par la porte. C'est la baguette de Peter, ça.
- Peter, le p'tit gros ? Qu'est-ce qu'il viendrait faire là ?
Peter encaisse le coup, trop fatigué pour pleurer d'avantage. Il ne connait pas la seconde voix, il écarquille juste les yeux en se rendant compte qu'elle est masculine. Sirius est avec un autre garçon, qu'est-ce qu'il allait faire avec cet autre garçon, par Merlin ?
- L'appelle pas comme ça. C'est mon ami, il est même pas gros. Et même s'il l'était ce serait pas une raison pour être méchant.
- Rho, ça va, je rigole. »
« Peter, t'es là ?
- Ouais bouboule, t'es là ? »
« Casse-toi.
- Hein ?
- Si c'est comme ça que tu parles de mon meilleur ami tu te casses. Je suis sérieux.
- Mais...
- Casse-toi ou je dis à tout le monde que t'es une tapette.
- Ok, ça va, je me casse, Black. »
Des pas se font entendre, le garçon s'éloigne. Sirius a ramassé la baguette de Peter. Il s'approche de la cabine où ce dernier se cache.
« Pete' je vois tes pieds. »
Peter se racle la gorge, et doit s'y reprendre à deux fois avant de réussir à dire.
« On m'a enfermé là.
- Alhomora. »
La porte s'ouvre. Peter est dégoulinant de morve et de larmes, Sirius lui tend sa baguette.
« Qui t'as fait ça ?
- La bande... celle d'Avery, tu sais.
- C'est pas la première fois ?
Il hausse seulement les épaules en guise de réponse. On le trouve déjà assez pathétique comme ça, pas besoin que ça empire. Il n'a aucune envie de tout raconter à Sirius.
... Peter ? Parle-moi.
- Parle-moi de ce gars, alors. »
Aucuns ne parle. Ils décident mutuellement de plutôt retourner aux dortoirs. Peter croit que Sirius a oublié.
Le plus vieux Peter, qui regarde la scène, sourit en se souvenant que le lendemain, Sirius est allé tabasser Avery et qu'il ne s'est plus jamais fait embêter.
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