4 : Une Réunion


Il fait claquer malgré lui ses bottes dans les flaques d'eau, produisant un bruit soudain - cette fois au moins il a pensé au sortilège d'imperméabilisation. Il se transforme vite en rat après s'être abrité sous l'irrégularité d'un toit. Il n'a toujours pas sa baguette, il doit donc attendre que quelqu'un∙e entre avant lui et ouvre le passage pour entrer à son tour.  En espérant que ça ne tardera pas trop.

Il s'impatiente vite, cependant. Quinze minutes plus tard le passage n'est toujours pas ouvert et il envisage d'abandonner. Aucun∙e sorcier∙e connu∙e dans l'angle de la rue. Aucun∙e passant∙e, même. 

Finalement la porte s'ouvre dans l'autre sens, poussée par un Sirius en colère. Il ne voit pas le rat dans le coin juste derrière les quelques marches de pierres. Il se contente de jeter rageusement un caillou par terre. Ses yeux brûlants de colère témoignent d'un probable nouvel affrontement avec Dumbledore ou Remus. 

Peter hésite entre rester là pour réconforter son ami où entrer là où il est censé aller. Il déteste autant ne pas respecter ses plans que de laisser un ami en détresse. Mais avant de pouvoir opter pour l'une ou l'autre de ses solutions, James débarque et se tient devant son meilleur ami. Peter est coincé là, il se tapit dans sa cachette en espérant qu'on ne le prenne pas pour un espion. 

« Ça ne regarde que Remus. affirme James en croisant les bras, les sourcils froncés. 

Les conflits entre les deux frères de coeur sont rares et les trois quarts du temps ils concernent Remus. Cela fait toujours peur à Peter qui déteste les conflits : que ce passerait-il si les maraudeurs se séparaient pour toujours ? Que deviendraient-ils ? Que deviendrait-il ? 

- Ce qui regarde Moony me regarde. affirme Sirius, tout aussi sûr de lui. 

- Non, Pad'. Remus est un adulte, c'est à lui de décider. Il est responsable, c'est même le plus responsable d'entre nous ! ... Enfin... ne lui dit pas que je t'ai dit ça. » ajoute James. 

Sirius fait un sourire amusé et la colère a déjà perdu de son influence, au plus grand bonheur de Peter. 

« Moony va se faire tuer s'il va parler à Greyback. murmure Sirius qui a fait disparaitre sa colère mais gagner toute l'inquiétude dont il est capable. Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas trouver une autre solution que ça ? Je peux aller voir Greyback moi-même, me faire passer pour...

- Ça ne fonctionnera pas, coupe James.

- Pourquoi on ne peut pas y aller à sa place ? insiste l'ainé des Black.

- Parce qu'on va se faire tuer ! s'oppose le jeune homme à lunettes. 

- Lui aussi ! » proteste Sirius. 

Il a crié plus fort que les autre fois, sa voix se brise sur la fin. James s'approche pour poser une main amicale sur son épaule. 

- Un loup-garou contre un loup-garou ça a ses chances. raisonne-t-il. Mais nous de quoi on aurait l'air contre une meute avec nos trois sortilèges de défense ? Et avec Peter qui se trainera derrière nous comme un boulet pendant les courses poursuites ? Si Remus y va, Greyback l'écoutera. Nous, il ne ferait que tous nous tuer. »

Peter grimace intérieurement. Il a envie d'être n'importe où sauf ici après la mention que James a faite de lui, mais il est curieux d'entendre la suite. Pourtant rien ne vient.

Il se métamorphose alors pour sortir de sa cachette puis fait mine d'être tout juste arrivé et de n'avoir rien entendu. 

« Salut les gars. 

- Salut, Pete'. » marmonne Sirius. 

James lui fait un grimace bien connue qui signifie qu'il interrompt un moment privé et qu'il doit partir. Il obéit à contre-coeur. 


Dans la battisse qui sert de quartier général à l'Ordre, s'entassent des adultes aux airs graves, installé∙es plus ou moins conformément sur des fauteuils et des sièges au centre du salon. Des biscuits et tasses fumantes traînent sur une table basse mais personne n'y touche et iels ne font pas bien envie. En ces temps de guerre, l'appétit disparait pour beaucoup, s'accroît pour d'autre. Mais tous∙tes s'accordent à dire qu'une réunion de crise n'est pas le bon moment pour manger.

Peter se faufile, ignore difficilement les regards sévères qui le réprimande de son retard. Les voix de Sirius et James s'élèvent de nouveau dehors. Remus retient Lily par la main. Et Peter est totalement exclu du conflit, comme toujours. 

Personne ne lui prête attention pour quoi que ce soit pendant une bonne demi-heure. On mentionne ses compagnes∙ons mais jamais lui. Étonnant qu'on ai noté son retard mais qu'on ai oublié si vite sa présence. À croire qu'il n'a pas quitté son corps de rat. 

Il s'éclipse de la salle pour gagner le couloir vide où il souffle enfin puis essaye de ne pas avoir l'impression que tout le monde le déteste. Pourquoi est-ce que tout le monde le déteste ? Il n'a pourtant rien fait de mal, si ? Il ne comprends juste pas toujours ce qu'on lui demande et il est un peu maladroit... Mais il n'a jamais souhaité du mal à personne et il s'efforce d'être toujours là pour les autres. Il ne trouve rien à se reprocher à lui même... Que peuvent trouver les autres ? 

Son bras lui fait tellement mal. 

Bizarrement, encore plus maintenant que toutes ses pensés négatives lui envahissent la tête. Il se laisse tomber sur le sol, fait peine à voir. Probablement. 

Il ne pleure pas mais c'est tout comme. Il replie ses jambes contre son torse et rentre sa tête dans ses bras. Là, il peut faire croire à son corps qu'il dort et rêver d'une époque où il ne se sentait pas si seul. À Poudlard ses ami∙es l'aimaient d'avantage, non ? Ou bien a-t-il toujours été aveugle ? Dans tout les cas aujourd'hui il se rend bien compte qu'il est plus un poids qu'autre chose comme l'a fait remarquer James. Il ne sait pas se battre pour l'Ordre, et les histoires sérieuses qu'ils devraient partager entre maraudeurs ne le regarde pas... 

« Non mais je rêve, là ! s'écrie une voix qui fait faire un bond à Peter. Non seulement tu arrives en retard mais en plus tu te permet de dormir ! C'est quoi le problème, la réunion n'est pas assez croustillante pour toi ? »

Un homme blond assez grand et musclé domine Peter de toute sa hauteur. Il est planté au milieu du couloir, les bras croisés. Ses pupilles regardent sans aucune hésitation celle du jeune homme qui ne peut s'empêcher de détourner le regard. C'est Sturgis Podmore. 

Fort, courageux, très impliqué dans les causes qu'il se plait à défendre au point de toujours dénoncer les fautes. Quand Peter est arrivé à Poudlard, Podmore était le préfet en chef des Serdaigles, il adorait distribuer des points en moins aux élèves qui courraient dans les couloirs. Les maraudeurs en ont beaucoup fait les frais. 

La voix forte de l'homme ramène quelque personnes du salon jusque dans le couloir. En un instant, le havre de paix de Peter tombe en ruine. Tout le monde le regarde. Tout le monde pense qu'il était en train de roupiller. Tout le monde le prend pour un feignant alors qu'il ne dormait pas du tout, il réfléchissait seulement... il avait besoin d'un peu de calme pour essayer de comprendre cette façon péjorative dont il est toujours observé. Telle qu'à cet instant. Mais personne ne le croira s'il se défend. Alors il bafouille et devient rouge, baisse les yeux de honte en croisant les questionnements silencieux des expressions de Lily.

Il devrait laisser couler, faire le Gryffondor courageux. Trouver par un moyen quasi-miraculeux la force de retourner dans le salon pour assister à la réunion... mais il n'en a aucune envie. Il fuit en se traitant de lâche. Il se précipite dehors. Ignore les appels de Remus et Lily, les regards perdus de Sirius et James. Franchement, qu'est-ce que ça changera qu'il soit là ou pas ? Ce n'est pas comme si on avait besoin de lui quelque part. 

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