3 : Solitaire

Média : remuslupinenjoyer (instagram)

On dirait que c'était hier qu'il a franchit les larges portes de Poudlard et qu'il a rencontré les autres. Il s'en souvient dans les moindres détails. De la rencontre, du premier jour, puis de toutes les années suivantes. 

Il connu d'abord James. Ils étaient voisins depuis plusieurs années mais James ne le savait pas, parce que Peter ne le voyait que depuis la fenêtre du magasin de ses parents. On ne lui permettait jamais de sortir pour aller jouer avec les autres enfants. Il savait que nombreux∙ses avaient ce droit, cependant : Tout les matins, depuis la vitrine, il voyait les gamin∙es partir dans le soleil d'été ou la neige de Noël pour ne revenir qu'à l'heure des repas. James était l'un d'entre elleux. 

Peter le trouvait cool parce qu'il avait des cheveux en bataille et des lunettes très souvent cassées -ce qui voulait dire que c'était un aventurier dans l'âme, qui avait le droit aux histoires héroïques que lui ne pouvait pas vivre. Peter adressait parfois un signe de main et en recevait un en retour, mais rares étaient les mots échangés avant qu'ils ne se rendent compte qu'ils étaient les deux seuls sorciers du quartier. Après James étaient venu Sirius, aussi cool que l'autre et qui était ravi de pouvoir causé du tord à ses parents en adressant la parole à des non-futurs-mangemorts. 

Remus était apparu bien plus tard, car il avait passé les trois premiers mois de cours à éviter de se faire des ami∙es pour garder sa lycanthropie secrète. C'était sans compter sur Sirius qui était déterminé à l'intégrer dans la bande. Un travail de groupe et le garçon au cheveux long lui proposait de venir, une farce et Remus y était convié. Sirius devait toujours faire le premier pas mais Remus accepterait toujours, comme s'il en avait lui aussi terriblement envie mais qu'il ne pouvait pas se le permettre. On ne savait trop comment, un jour Remus avait tranché pour la première solution et ne les avait plus jamais quitté au grand bonheur de Sirius qui n'avait d'yeux que pour lui même s'il ne le savait pas encore. James, lui, n'avait d'yeux que pour Lily Evans. Ainsi les maraudeurs passaient le plus clair de leurs temps à tenter de faire tomber Lily dans les bras de James et à éjecter Severus de la partie, ce qui ne marchait jamais. Peter suivait mais était rarement à l'initiative des farces, c'était les deux plus extravagants qui étaient au coeur des blagues. Remus, lui, tentait de tout calmer mais finissait toujours par se laisser entrainer par Sirius. 

Peter n'avait pas vu le virage s'opérer. Certes, les choses se corsaient avec le temps : chaque année, il arrivait tout juste à passer à la classe supérieure et seulement grâce à la botanique... et chaque année les journaux devenaient de plus en plus inquiétants et la table des Serpentard de plus en plus menaçante... 

Mais Peter n'y prêtait pas vraiment attention. Il aspirait seulement à une vie simple et douce pour lui et pour les gens qu'il aimait. Il ne souhaitait pas être un héros et savait qu'il n'y arriverai pas, de toute façon. Alors, il regardait la guerre se préparer lentement sans faire grand chose d'autre. Il donnait des carrées de chocolat à Remus, Frank ou Alice quand iels étaient trop inquiet∙es et il suivait James et Sirius dans chaque missions suicidaires qu'ils tentaient, mais il n'avait pas vraiment peur de la guerre, à vrai dire. En temps que civil, pauvre fils de commerçant∙es et même pas d'avenir intéressant à cause de ses notes médiocres, il ne pouvait pas lui arriver grand chose, si ? 

Il l'avait pensé pendant plusieurs années, jusqu'à ce que les choses ne changent, que tout le monde ne soit obligé de se cacher ; Sirius de ses parents, Remus des meutes, l'Ordre des mangemorts... et maintenant il avait cette blessure qui lui faisait un mal atroce. 

Arrivé chez lui, il ne salue pas ses parents, va droit vers sa chambre et s'y enferme pour regarder encore la plaie et tenter de trouver une solution. Il faut qu'il récupère une baguette, qu'il fasse disparaitre cette preuve de son incompétence, mais tout cela sans que personne ne soit au courant... C'est dans ses moments là, quand la guerre frappe directement son intégrité physique, qu'il se glace en réalisant à quel point elle est proche. Est-ce que cette blessure va l'empêcher de se réveiller, empoisonnant tout son corps lors de son prochain sommeil ? 

Tout ça à cause des stupides idées d'un homme décidant de détester les né∙es-moldu∙es sans aucune raison. C'est vrai quoi ! La majorité des sorciers sont des sang-mêlés et le resteront. Que peuvent bien avoir les né∙es-moldu∙es de si menaçant ? Iels existent depuis toujours ! Les premier∙es sorcier∙es n'étaient-iels pas des né∙es-moldu∙es ? Et même si tout le monde devenait né∙es-moldu∙es dans le futur, ce ne serait pas bien grave, si ? Iels seraient toujours toustes humain∙es après tout... 

Peter se perd à nouveau dans ses souvenirs pour tenir loin de lui l'idée qu'il mourra cette nuit suite à ce qui lui dévore le bras. Ça fait mal et ça fait peur, alors il faut trouver quelque chose de doux. 

L'odeur rassurante qui enveloppait la salle commune des Gryffondor, par exemple. 

Il se souvient d'un soir de la cinquième année, où, tripotant distraitement des cartes de chocogrenouilles, il s'y était installé. Les maraudeurs avaient pris le contrôle des canapés rouges qui traînaient non-loin de la cheminé. Remus faisait mine de lire mais étaient à l'évidence plutôt en train de regarder Sirius. Celui-ci draguait admirablement bien une copine de Lily tandis que cette dernière fusillait des yeux James qui la toisait sans relâche. On sentait qu'une nouvelle idée venait de germer dans son esprit pour la conquérir. Peter se demandait si ces techniques stupides marcheraient un jour... Ce jour n'était à l'évidence pas aujourd'hui. 

« Lily-jolie ! Ta mère ne serait pas une huitre ? Parce que tu ressemble à une perle. »

Celleux qui avaient entendu se tournèrent vers James sans savoir s'iels devaient le considérer comme la réincarnation de Merlin ou le dernier des gnomes. Sirius supporta son ami d'un pouce vers le haut mais il fut bien le seul. Remus adressa un regard compatissant à Lily. La jeune fille glissa une mèche rousse derrière son oreille, haussa les sourcils et se dirigea vers n'importe quel endroit où le maraudeur à lunettes ne pourrait pas la suivre. 

« Ah, les filles ! » soupira James.

Mais personne ne répondit à son soupir parce que Sirius enlaçait déjà la fille qu'il avait commencé à draguer dix minutes plus tôt. Et parce que les deux autres avaient la vie amoureuse la moins palpitante du monde. 

Remus car il était persuadé que sa lycanthropie le condamnerai à un célibat pour toujours, à croire qu'il ne voyait pas comment Sirius le regardait. Peter, c'était compliqué. Il n'avait eu qu'une seule expérience, quand James et Sirius l'avait poussé à un rencard avec Beth Wright, en quatrième année. Les deux premières heures, Peter avait été quasiment incapable de parler à cause du stress et, quand iels s'étaient finalement embrassé∙es, il avait trouvé ça tout baveux et avait finit par s'enfuir. 

Il fait une drôle de grimace en se souvenant de ce mélange de bave. Il n'a jamais embrassé personne d'autre depuis Beth Wright, et il n'en a franchement pas envie.  Lorsque qu'il y pense ça lui donne la nausée et il fait une tête bizarre qui fait rire Remus et Lily à chaque fois.

I'm kissaphobic

Don't wanna get too close to you

Your mouth is a hurricane

Something sweet before the pain¹

Et voilà qu'il se noie dans ses souvenirs à nouveau, sixième année. Fête de la fin des cours. Peter y avait passé toute la soirée à boire du jus de citrouille parce qu'il ne voulait pas boire trop d'alcool et qu'il n'y avait que ça. Il s'était tenu bien loin du jeu stupide d'"action ou vérité version sorcier" qui consistait grosso-modo à rouler des pelles au plus de personne possible. 

Encore.

Eurk. 

Remus et Lily observaient la scène de loin à ses cotés, parlant de temps à autre de sujets totalement incompréhensibles pour Peter : philosophie, sociologie, politique... Iels devaient faire un peu peine à voir, de loin, assis tout∙es les trois au bar avec leurs jus de citrouille. 

James et Sirius, en revanche, avait l'air de bien s'amuser. Probablement parce qu'ils étaient totalement défoncés à l'hydromel. Ils profitaient de leurs jeux avec euphorie, embrassant filles, garçons et autres en se noyant dans l'alcool. James soufflait des mots doux à de nombreuses oreilles, mais il finissait toujours par tenter de charmer Lily de loin.

Peter baissa les yeux vers le bar. Pas pour boire mais pour observer. Les breuvages avaient des couleurs envoûtantes, à croire que les regarder suffisait à en ressentir les effets. Cela l'empêcha de penser à sa solitude un moment. Mais elle finit par le rattraper, comme toujours. 

Pourquoi avait-il cette impression d'être si différent, et dans le mauvais sens ? Pourquoi n'avait-il aucune envie que Poudlard s'arrête ? Aucune envie de boire de l'hydromel ou d'aller embrasser les filles ? Il avait juste l'impression d'être encore un enfant perdu dans un monde trop grand pour lui. 

Cette sensation qu'il avait quand il était petit, en se déplaçant dans la ville alors que tout le monde faisait le double de sa taille. Il devait se tordre le cou pour apercevoir le visage des autres, et le temps s'écoulait au ralentit... à cette époque il avait crut que ça passerait. Mais il avait beau avoir grandit, il ne comprenait toujours pas ce qu'il regardait et le temps passait bien trop vite, maintenant.

Et désormais il était bien loin de cette soirée. Le temps c'était écoulé, mais rien n'avait changé dans sa tête et ce qui avait changé dans sa vie n'avait fait que devenir pire. Il se sentait toujours étranger, seul, perdu dans sa nostalgie et le monde était trop grand, toujours. Et il sentait cette faille en lui creuser encore et encore un écart entre ses amis et sa personne. Et maintenant il avait très mal au bras. 

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¹ : Kissaphobic - Make Out Monday

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