15 : Juste la fin du monde
Épilogue
Tw : acephobie, amatonormativité, mention de cigarette à la fin du chapitre, milieu scolaire + ce chapitre n'est pas très joyeux comme vous pouvez vous en douter, préservez-vous.
C'est sa dernière chance.
Dernière fois qu'il voit James et Lily avant que Sirius ne soit le seul à en avoir l'opportunité. S'il ne relève rien de ce qu'il a fait aujourd'hui il n'aura plus jamais l'occasion ni le courage de le faire.
Il est déterminé devant la petite maison mais aussitôt qu'il franchit le seuil il s'en sent incapable. Iels rient dans le couloir, avouer qu'il les a trahi∙es détruirait tout.
Peut importe. Si détruire est un moyen de tout réparer alors il faut s'y résoudre !
Mais il ne peut pas l'annoncer à tout le monde comme ça, comprend-il quand iels s'installent dans les canapés confortables du salon.
Il se dévoue pour aller aider Lily à la cuisine. Lily d'abord. C'est celle qu'il a le moins connue, même si elle a toujours été la plus gentille, ce sera plus simple de lui expliquer avant. Elle écoutera. Elle, elle écoutera.
Elle coupe des légumes qu'il dispose en rond dans des assiettes. Elle chantonne, picore quelques chips en mettant ça sur le dos du bébé. Peter ne peut s'empêcher de sourire, d'être attendri. Mais il devient amer en réalisant qu'il ne verra jamais l'enfant de James et Lily, puisqu'il va dire la vérité et qu'on ne voudra plus le revoir. Ça lui fait mal. Il a toujours bien aimé s'occuper des enfants, même s'il n'en veut pas, il aurait bien aimé jouer avec ce∙tte petit∙e. Il soupire, démuni et se tait trop tard. Lily l'a entendu.
« Qu'est-ce qui ne va pas ?
- La guerre, il répond, je-
- Tu sais quoi ? Dès fois il m'arrive de l'oublier. C'est ironique, hein ? Je suis l'une des personnes plus menacée par ça mais je suis tellement heureuse avec James et puis le bébé ! Je commence à croire que ça m'affecte très peu par rapport à Remus ou Sirius par exemple... ou même par rapport à toi. Ça doit être encore pire quand on a personne sur qui s'appuyer.
- Je vous ai vous.
- Tu vois ce que je veux dire... On n'a plus trop le temps de se consacrer à nos ami∙es en devenant adulte, le couple passe avant tout. Ça te ferait du bien de trouver quelqu'un∙e en ces temps difficiles, tu crois pas ? »
Non, il ne croit pas. Mais il se contente d'hausser les épaules.
« Oh, ne t'inquiètes pas, tu trouvera quelqu'un∙e. J'ai trouvé James tard, moi aussi... enfin on peut dire. Je n'aurai jamais cru que je l'aimerai autant mais ça m'est tombé dessus. Tu verras, l'amour frappe toujours quand on ne s'y attend pas et des fois il change tout. »
Mais il n'a pas besoin de trouver une nouvelle personne. Il a déjà trouvé les personnes qu'il aimait. Il aimerait que ces personnes ouvrent les yeux. Il aurait aimé ne pas les trahir.
Lily parle encore un peu. Peter regarde les légumes sans répondre et sans trop écouter. Elle n'a pas compris, elle n'a pas saisit une bribe de la situation. Il n'a plus aucune envie de lui avouer quoi que ce soit. Pas après ça. Cet épisode lui donne plutôt envie de retourner voir les mangemorts. Il préfère de mauvaises personnes assumés que des personnes qui prétendent se cacher derrière des valeurs nobles mais qui sont incapables d'écouter.
D'écouter ce pourquoi il est venu. Ce qui lui coute tellement à dire.
Et il retourne dans le salon.
.
James le prend à part un instant et il croit voir une nouvelle perche qu'il saisit, un peu frustré par la tentative précédente. Mais très vite, il se rétracte. Ce n'est pas de ça que son ami veut lui parler.
« Sirius est complètement fou, je crois. Il est persuadé que Remus est le traitre, déjà, et puis persuadé que c'est trop évident, que tout le monde va comprendre qu'il est le gardien du secret, alors...
- À ce propos... se lance Peter, mais James tord son visage pour faire comprendre qu'il a besoin de finir son monologue, que ce qu'il doit dire est important.
- ...alors. Est-ce que tu accepterais d'être notre gardien du secret ? »
Peter est sonné, il ouvre grand des pupilles.
« Pardon ?
- On pense que c'est la meilleure solution.
- Mais je... je ne peux pas, James. répond Peter en fermant les yeux pour ne pas faire face à la réaction de son ami. Il ne devrait pas, mais une vague de bonheur le traverse. Il est très touché qu'on lui fasse assez confiance pour lui attribuer un tel rôle, mais il se dégoute en se souvenant que ce rôle existe par sa faute.
- Je suis sûr que tu peux le faire. Tu n'as pas assez confiance en toi, mais je sais que tu peux garder un secret. Hey, tu n'a même pas balancé que Remus et Sirius étaient ensemble !
Peter fronce les sourcils.
- Tu le sais ?
- Oh, oui. Il me l'ont dit il a quelque semaines. Je l'avais compris depuis un moment, ils s'étaient tellement rapprochés avec la guerre, mais, quand même... il y avait jamais rien eu d'officiel. Bref. Ils ont dit que tu savais depuis longtemps. »
Alors il avait raté ça aussi ? Où était-il ce jour-là, alors qu'un secret des maraudeurs étaient révélé ? Était-il avec des mangemorts ? Et s'il n'avait pas été là, était-ce de sa faute ou de celle des autres qui n'avait pas pensé à lui dans ce moment important ? Un peu des deux, pouvait-on supposer.
Remus leurs fit signe de passer à table. James quitta Peter avec un sourire. Peter était défait. Personne ne le vit.
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Les maraudeurs restent ensemble jusqu'à tard dans la soirée, rappelant au groupe les années d'école. Lily est allée se coucher tôt, épuisée, mais à part le chagrin qui a touché la jeune femme avec la fatigue, on ne sent aucune des répercussions de l'atmosphère de la guerre sur les sourires des jeunes adultes. Peter se sent vite transporté dans le passé, oubliant ce pourquoi il est venu. Il n'avait pas le coeur de tout gâcher. Pas encore.
Sa mission resurgit quand Remus entreprend de ranger la vaisselle pendant que Sirius et James restent en tête à tête. Le loup-garou insiste pour le faire, il dit que ça lui vide la tête. Peter se précipite pour d'aider d'abord pour ne pas être coincé entre les deux autres, puis comprends que c'est une autre chance que lui envoie l'univers. Il ne faut pas qu'il la rate celle-ci.
Mais Remus se tourne vers lui avec l'air de vouloir lui parler de quelque chose. Il ne voit pas que Peter adopte la même expression. Personne ne lit jamais dans le regard de Peter.
« J'ai un mauvais pré-sentiment à propos de cette guerre. Je ne sais pas si je vais mourir ou si quelqu'un que j'aime va mourir mais... je sens que c'est la fin des maraudeurs et j'ai un paquet de choses que je veux dire à un paquet de monde, au cas où l'un∙e de nous ne ressortirait pas vivant∙e de tout ça... tu vois.
- Moi aussi.
- Oui, je m'en doute. On a tous peur et mal et... Je me sens coupable. J'ai... des excuses à te faire.
Cette foutue histoire d'amortentia.
Il sait que c'est ce dont il est question. Remus ne le détrompe pas en se raclant la gorge et en commençant à raconter tout en s'attaquant à une pile d'assiette.
Cette histoire date de la dernière année à Poudlard, la pire et la meilleure en même temps.
À l'école, les ASPICS sont ce pourquoi on doit tout donner. Même si rien que l'année suivante tout le monde oublie les notes pour lesquelles ils ont sué sang et larmes. Peu importe.
Remus a sacrifié sa santé pour obtenir les notes les plus brillantes dans toutes les matières. Peter également, mais vu les résultats ce n'était pas comme si qui que ce soit s'en était rendu compte. Si Remus sautait quelque repas on le priait de prendre une pose. Si Peter faisait de même, on le félicitait.
L'examen pratique de potion consistait cette année là à préparer de l'amortentia. Potion difficile, mais à la hauteur des septièmes années les plus investi∙es.
Peter avait demandé à Remus de s'entraîner avec lui, ce à quoi le jeune homme avait consenti, content d'être utile...
« Elle ne sent rien.
Ils avaient pourtant suivi la recette à la lettre et, au bout de plusieurs tentatives, aucune réaction physique anormale...
- C'est pas possible, je ne vois pas où on aurait put faire une erreur ! Je peux sentir ? »
Peter se décala pour laisser Remus humer la potion. Ses joues se teintèrent de rouge et il recula.
« Oh si, crois moi, on a réussi. » a-il bredouillé.
Le jour de l'examen, Peter connaissait la recette sur le bout des doigts et savait l'appliquer. Il avait travaillé très dur mais était fier de lui et quasi certain de décrocher une bonne note.
Mais une fois la potion achevée, elle ne sentait toujours rien. Rien du tout. Il avait balayé la salle du regard, puis ses yeux étaient retombé sur le parchemin où il devait écrire son compte rendu après la recette : apparence, dégâts ou non, odeur. Cette dernière case vallait quasiment la moitié des points. Il le savait.
C'était peut-être à cause de son repas négligé par l'heure de révision mais il s'était senti vraiment très en colère. Il n'eut même pas la force d'imaginer une odeur qu'il aimait bien pour la décrire, ce qui de toute façon aurait été très dur. Il était juste bouleversé par l'injustice qu'aucun de ses efforts ne payent. Il comptait sur cette note pour faire remonter la moyenne... sans elle il n'était pas sûr d'obtenir ses ASPICS. Et il ne sentait rien.
Une angoisse avait commencé à monter au fur et à mesure qu'il voyait les autres terminer et lui, prendre du retard pour redevenir le dernier.
Juste ne pas être le dernier pour une fois... c'était trop demandé ?
Remus avait forcément manigancé tout ça avec les deux autres. Il avait menti en disant sentir quelque chose. Lui avait l'air très content de lui, quelques rangs plus loin. Pourquoi avait-il ce droit et pas Peter ?
Trop remonté contre son ami tout d'un coup, il n'avait pas supporté de voir le professeur commencer à féliciter Remus pour sa potion et sa magie avait débordé toute seule.
Le chaudron que Remus s'était donné tant le mal à préparer avait explosé avant le verdict et toute la potion était morte sur le sol.
Les larmes de Peter l'avait trahi et tout les élèves l'avait dévisagé au point qu'il n'ai plus d'autre choix que de sortir de la pièce et de se réfugier aux toilettes pour pleurer.
Il s'avérera que la potion de Peter était parfaite, mais son comportement lui coûta un T. Remus, qui avait du refaire sa potion en un temps record, optenu en revanche un O. Et Peter dut passer un rattrapage.
Remus n'a pas le droit de lui reprocher encore cette histoire, des années après.
Personne n'a le droit le lui reprocher ça tout court. Ça le rend mal de penser que même aucun∙e professeur∙e n'avait songé que certain∙es élèves seraient par nature pénalisé∙es par cette stupide consigne.
« Tu n'as pas le droit de me reprocher ça. Dit Peter qui a envie de pleurer, peut-être à cause du souvenir, peut-être parce qu'il n'en peut plus.
- Je sais. Je voulais justement te dire que j'étais désolé. J'ai eu une conversation avec Mary et j'ai... compris qu'on ne pouvait pas tous sentir l'amortentia. Que certaines personnes ne tombent tout simplement pas amoureuses. De personne. Jamais. Et... tu n'es pas obligé de me répondre, mais, c'est ton cas, n'est-ce pas ? »
Peter hoche la tête. Envie de pleurer ou de sourire, encore une fois... il se sait pas quoi choisir car l'amour a vite remplacé la haine. Le temps de réfléchir, la confession lui a filée entre les doigts. L'occasion est passée.
N'importe quel autre jour, il aurait pris Remus dans ses bras, se serait senti libéré d'un poids. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui rien n'a d'importance et tout en a, parce qu'il vit tout ça pour la dernière fois.
« Je suis vraiment désolé... Je crois que je t'ai beaucoup poussé à sortir avec des gens, ça devait être désagréable, de ne pas être compris. Tu as du te sentir vraiment... seul, de ne pas être soutenu.
S'il n'y avait que ça, Remus.
- C'est bon. J'ai l'habitude. »
Et il s'éloigne.
Vers la dernière des dernières chances.
.
Sirius fume sur le palier. Mauvaise habitude, mais l'effondrement est propice aux mauvaises habitudes. Dehors, la nuit noire englouti le jeune homme. Il est assis sur un escalier de pierre, fixant la rue noire. On dirait qu'il retient une émotion. En s'asseyant à ses cotés, Peter trouve une larme sur l'une de ces joues.
Il n'a presque jamais vu Sirius pleurer. Mais ça ne le surprend même plus. Plus rien ne le surprend.
« James va mourir, dit-il. J'ai tellement peur... pourquoi est-ce que ça nous arrive à nous ? Qu'est-ce qu'on va devenir ? J'ai peur. »
Il est trop faible pour parler plus. Il arrive un stade de souffrance où l'on ne peut plus que répéter "j'ai mal, j'ai mal". Sirius l'a atteint. Peter commence à penser qu'il n'en est pas loin. Il est tard et il fait froid. Ils ne sont même pas supposés se montrer, un ennemi pourrait les surveiller mais ils n'en ont rien à faire, ni l'un, ni l'autre.
Peter invite Sirius dans une étreinte qu'il accepte. Juste un câlin, dans lequel Peter mets toute la douceur dont il est capable, parce qu'il veut que son ami soit heureux. Par pitié, qu'iels soient tous heureux∙ses quand il ne sera plus là. Quand il ne restera plus rien de l'ancien Peter.
Car il n'a plus le coeur de le dire à qui que ce soit. Il le serre et lui sourit pour la dernière fois, avant de se lever, de marcher vers l'obscurité - celle qui englouti. Personne ne sait que c'est un adieu à part lui.
Et ce soir là, le coeur brisé d'être trop fissuré, Peter disparait.
.
J'ai mis tellement de temps à écrire cette fin ! Cette histoire est restée inachevée pendant plusieurs mois, j'espère tout de même que celleux qui l'ont lu l'aimeront. Ce dernier chapitre est une référence à la pièce "Juste la fin du monde" - surtout au film de Xavier Dolan qui l'adapte, que vous avez peut-être étudié en cours, désolé, je ne voulais pas vous rappeler de mauvais souvenir /hj.
Merci <3
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