13 : Malheur

Satan nous attends dans des draps de satin.

Le souvenir d'un sourire nous semble trop lointain.


Les monstres ne naissent pas à l'esprit ravagé.

Le mal, ils s'efforcent de lutter contre

Des hommes comme les autres jusqu'à cette rencontre,

En une si sombre soirée d'été.


Ce n'est pas la première fois, qu'arrive la tentation.

Fatigués de lutter. Ils embrassent Lucifer.

C'était juste une fois, ça arrive, les pulsions.

Trop tard, une partie de leurs âme brûle déjà en Enfer.


L'Ordre est sinistre. Les premières révoltes menées par l'espoir d'un monde meilleur sont mortes. Elles ont laissées place à une brutale prise de conscience que la guerre allait faire des victimes et leurs ronger les os. Difficile d'imaginer ce qu'on a jamais vécu, et difficile de passer de l'état de spectateur à celui de personnage. 

James n'a jamais été si vulnérable. Lily n'a jamais été si triste. Les maraudeurs, engagés contre les ténèbres depuis plusieurs années, n'ont jamais paru si peu héroïques. Le choc qui devait arriver est arrivé : ils étaient les gamins populaires de l'école, ils sont aux premières loges pour la destruction de leurs monde. 

Alors, ils se serrent contre celleux qu'ils aiment. Pour au moins sombrer avec elleux. Et Peter n'est pas surpris de voir qu'il n'y a personne pour sombrer avec lui. Pourquoi continue-t-il a avoir des espoirs ? Mais ce n'est plus comme s'il les méritait.

Il pourrait se justifier en disant qu'il avait peur. Mais ce serait prouver encore une fois sa lâcheté et la naïveté avec laquelle il a cru que la mission de Dumbledore le sauverait de sa vie. 

Lily dort en boule sur le canapé qu'occupe généralement Sirius pour bouder. On ne voit pas son visage, seulement le soleil roux de ses cheveux trempés de larmes. James dépose une couverture sur elle quand elle reste là trop longtemps. Il n'ose pas la réveiller. Il est bien plus doux de dormir, dans ses moments là. Que faire d'autre quand on est traqué∙e ? 

Iels n'ont pas encore trouvé d'abris mais en trouveront bientôt un où Peter ne les verra plus avant longtemps. Ou peut-être jamais, si ça finit mal. À cause de lui...

Il erre là où on ne le voit pas, nul besoin de sa forme de rat. Humain ou non, on l'ignore. Il erre dans les quartiers de l'Ordre. Essaye de rester fort. Il doit rester fort pour celleux qui ne peuvent pas l'être. Il a déjà été assez faible comme ça. 

Les mangemorts, eux, sont devenus les maraudeurs. Iels font des bêtises et rient comme les êtres humains le font quand ils sont heureux. Comme si la mort ne pouvait pas frapper à leurs porte à eux aussi. Peter se force à retourner parfois voir ses ami∙es et à se souvenir qu'il est dans l'autre camps. Car il préfère largement la compagnie des mangemorts à celle des autres. Il ne se sent pas coupable avec eux. Et sa culpabilité le fait se sentir intégrer auprès de ses mauvaises personnes. Intégré, pour la première fois. 

Il s'oblige à accomplir son devoir, à aller poser des fleurs sur les tombes, par principe. Mais il est attiré par sa nouvelle vie où il peut-être lui même... ou où il peut lentement devenir quelqu'un d'autre. Enfin. 

Plus le petit gros, plus celui qui sera toujours seul, plus le maladroit... 

Il rentre tard le soir après ses missions qui sont devenues ses vacances, pour retourner à l'endroit de ses vacances qui sont devenues des missions. Il doit redoubler d'effort pour ne pas avoir envie de rompre le lien avec les autres ou avec lui-même.

Il tente de ne pas faire grincer les marches, il se faufile. Et il entend :

« Iels ne peuvent pas savoir tout ça, si personne ne le leurs dit. Il y a un traitre parmi nous.

La voix de Sirius est déterminée.

- Pads', aucun d'entre nous ne peut-être le traitre. Proteste Remus.

- Pourtant c'est forcement un maraudeur ! Qui d'autre saurait ? »

Le souffle du jeune homme est saccadé. Quelques sanglots se devinent dans son ton. 

Peter se change en rat, se faufile entre deux murs et tend l'oreille. 

Traitre. C'est de lui qu'on parle. 

« Remus, reprend Sirius qui n'appelle jamais Remus par son prénom, je veux seulement que tu me le dise. 

- Je ne suis pas le traitre ! Comment est-ce que tu peux penser une chose pareille ? Tu commences à me faire chier ! D'abord tu contrôles ce que je fais en étant persuadé de ce qui est bon pour moi, et maintenant tu m'accuse d'être le traitre ! Merde, Sirius, on est en couple et tu n'as pas la moindre confiance en moi ? 

- Tu es la personne en qui j'ai le plus confiance ! 

- Alors comment oses-tu imaginer que je suis un criminel ? Moi je n'ose pas, peut-être que je devrai ? Tu viens d'une famille de mangemort, après tout. 

- C'est dégueulasse de me dire ça ! 

- Pas plus que ce que tu viens de dire au sujet des loups-garous ! Mais enfin, comment... comment oses-tu... 

Remus répète faiblement. Peter connait ce ton, il sait des larmes coulent sur ses joues, qu'il s'est laissé tomber sur un fauteuil et que Sirius s'approche lentement de lui, renonce visiblement à traiter l'homme qu'il aime de criminel. Il se met à sa hauteur pour chuchoter :

- Je suis désolé. Tu as raison. Je déteste ce que cette guerre à fait de moi. Je ne peux pas t'en vouloir de me détester aussi. 

- Mais moi, je pourrai jamais

te détester. »

Il n'y a plus de bruits pendant un long moment. 

Quand Peter s'en va du trou de souris et passe devant eux dans le salon, ils dorment l'un contre l'autre. Tout deux dans les bras de celui qu'ils peuvent penser être un traitre. Et le vrai traitre les regarde et s'en veut. 

Il croit avoir inventé la méchansté qu'ils ont eut parfois à son égard. Comment peuvent-ils être méchants alors qu'ils pleurent, vulnérables comme deux enfants au milieu d'un décor qui s'effondre ?

Comment les mangemorts peuvent-iels être méchant∙es alors qu'iels ont donné des sourires à Peter qu'il n'avait jamais reçu dix ans d'amitié ? 

Il est perdu, en réalité. Aucun des deux camps ne lui semble plus être le mauvais ou même le bon. Il n'a pas la moindre envie de trahir les maraudeurs de nouveau. Mais il n'a pas non plus envie de quitter les mangemorts alors qu'il se sent avec eux comme chez lui. Comme au début de Poudlard. Et il déteste que tant de choses pèsent sur ses épaules.

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