Prologue
Le dernier adage de ma mère explose à l'instant ou ma lame s'enfonce dans le torse de la Reine des Démons.
Elle est au bout de l'épée, je suis de l'autre coté, du coté du pommeau, du côté des vivants.
— Sidoine !
Ysée grimpe les rocailles au pas de course. Il est blessé le long du bras, au cou, à la hanche, mais une toute autre forme de douleur déforme son visage. Ses nattes rousses sont coagulés du sang qu'il a versé pour venir. Toi aussi, mon ami, tu auras tout fait pour être un héros.
— Sidoine ! Arrête !
Le grand guerrier n'est plus très loin. Il n'a pas beaucoup de vocabulaire, mais assez de force pour me convaincre d'abandonner. Je pourrais le laisser faire.
Un instant, j'hésite. Je peux retirer mon arme, je peux encore l'épargner. Je peux encore la sauver...
Non.
Le combat a été juste. Tout ce qu'il y a de plus juste, de plus loyal. Et je l'ai gagné. Je ne reculerai plus. Je n'ai que trop douté.
La lame disparaît entre les côtes de la Démone jusqu'à la garde. Son râle est terrifiant. Monstrueux. Ysée n'étouffe pas son cri, de tristesse baignée de rage. La bête se tord. C'est écœurant. Du liquide écarlate s'égoutte depuis l'acier de l'épée. Un instrument barbare, l'épée... Un instrument de mort.
La mort, justement, s'approche dans les yeux de la créature. Sa gueule béante, ses crocs rougis, ses oreilles baissées, ses doigts griffues, sa posture animale.
J'arrache l'épée. Elle s'effondre. Il n'y a plus rien d'humain en elle.
Ysée me dépasse, récupère la créature à genoux avant qu'elle ne touche le sol. Il la tient dans ses bras avec une drôle de délicatesse. Il me regarde avec une drôle de hargne.
Je connais ce regard.
Celui qu'il réserve à ses ennemis.
Tu as choisi ton camps, mon ami, et c'est celui de la mort.
Il ne va pas tarder à se lever, se ramasser, agripper son sabre et me défier.
Je te connais, mon ami. Défie-moi. Je gagnerai. Je gagnerai car je n'ai pas ta faiblesse. La Reine des Démons ne m'a pas corrompue.
Il la pose doucement sur la pierre, se lève, se ramasse, agrippe son sabre. Mes yeux se ferment, ma respiration s'apaise, un sourire tend mes lèvres.
L'Homme est sauvé, mère. Et c'est grâce à toi. Et c'est grâce à moi. Je suis le héros que j'ai toujours rêvé d'être. Je suis le héros qui a sauvé le monde. J'ai tué la Démone.
Frisson.
Puissance.
Fierté.
Je suis le héros qui a changé le futur.
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