I.

Maya, il semblerait que je tienne ce prénom de ma mère. Mon père a toujours affirmé que c'était une idée de maman. Depuis petite, papa a pris l'habitude de me conter toute sorte d'anecdote sur elle. J'ai rapidement compris qu'il faisait tout ça pour me fabriquer un maximum de souvenirs de ma mère, mais je pense surtout que c'est sa manière à lui de ne pas l'oublier.

Son anecdote préférée est celle de mon prénom. Mes parents avaient alors dix-sept ans, c'était le dernier soir des vacances d'été, et ils venaient de passer une merveilleuse soirée à la fête foraine. Il était alors plus de minuit, et les rues sombres de la ville se dépeuplaient petit à petit. Papa, tel un gentleman, avait donc raccompagné maman jusque devant chez elle à pied. Ainsi arrivés sur le perron de la maison, et alors qu'il s'apprêtait à l'embrasser pour la première fois, maman l'avait arrêté net, et lui avait posé une unique condition à se baiser : « Si nous avons un jour une fille, je veux qu'elle s'appelle Maya ».

Lorsqu'il me racontait cette histoire, et qu'il citait mot pour mot ce qu'elle lui avait dit ce soir-là, papa, le regard dans le vide, ne pouvait s'empêchait d'esquisser un sourire, et je savais que ce soir-là, il avait été vraiment heureux.

Bref, vous vous doutez bien que mon père ne s'y était pas opposé, en réalité n'importe quel jeune homme de cet âge-là, qui plus est, sur le point d'embrasser une si jolie jeune femme aurait acquiescé illico (même si la condition fut d'appeler leur futur enfant Bob l'éponge) !

À ce moment précis, papa était loin de se douter que quatre années plus tard, il bercerait dans ses bras une petite fille effectivement prénommée Maya. Il m'a avoué n'avoir jamais compris l'obstinement de maman à avoir une fille plutôt qu'un garçon, et encore moins à lui donner ce prénom si particulier. Ça, c'est encore une des nombreuses questions que maman a laissé en suspend en nous quittant.

En revanche, une chose sur laquelle nous n'avons aucun doute, c'est que maman était une très belle femme. Au premier abord, elle paraissait d'une extrême simplicité, mais en y regardant de plus près chacun de ses traits révélaient une beauté à vous couper le souffle.

Selon papa, ma mère était la plus jolie brune qui aurait pu exister. Elle était assez grande, plutôt mince, mais avec des formes là où il fallait. Sa peau claire contrastait parfaitement avec la noirceur de ses yeux et avec le brun de ses cheveux, un joli brun chocolaté. Sa crinière bouclée retombait juste au-dessus de sa poitrine et laissait dans le vent des sillons de parfum vanille. Papa était dingue de cette odeur, et moi aussi. C'est l'un des rares souvenirs encore perceptible qu'il me reste d'elle.

Quand elle s'énervait ou qu'elle était gênée, ses joues s'empourpraient immédiatement. Cette femme, dont le teint pâle ne lui donnait que plus de grâce, paraissait alors d'avantage vulnérable : « Moins divine, et plus vivante », pour reprendre l'expression de grand-mère.

Quant à moi, et bien, malgré quelques traits de ressemblance avec cette splendide jeune femme, il faut avouer sans contester que je ressemble d'avantage à mon père !

**

Bonjour à tous,

J'espère que vous avez apprécié ce premier chapitre.

Comme laisse sous-entendre la phrase de clôture, le prochain sera consacré au père de Maya. Ce sera le dernier pas avant de s'attaquer pleinement à la vie présente et palpitante de Maya.

Soyez patients !

A très bientôt. -E

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