Prologue.
C'EST TOUJOURS très délicat, de commencer un journal. Il y a les premiers mots qu'on n'effacera jamais et qui donneront le ton à toute la suite. Est-ce que je veux que mon journal soit sérieux, est-ce que je le veux drôle ?
Les débuts sont toujours très compliqués, mais moins que les fins. Parce que les fins elles laissent en petits morceaux épars au sol. Il faut les ramasser, les recoller, mais il en manque toujours et ce n'est plus jamais beau.
Le divorce de mes parents, c'était comme un grand vase de cristal qu'on avait laissé tomber. Ca a fait un énorme crac, beaucoup de vide, et beaucoup de petits bouts qu'on n'avait pas réussi à enlever et à cause de qui on devait marcher en chaussettes sauf si on souhaite s'écorcher le pied.
C'était un peu compliqué à gérer. Surtout pour ma petite soeur. Elle remettait tout en question, surtout l'amour. Moi, c'était un peu différent, ça faisait longtemps que je n'y croyais plus. Elle a dormi avec moi trois nuits de suite, les yeux cernés, rougis, m'a tenu la main en me posant tout un tas de question.
"Sido ? a-t-elle finalement demandé. Est-ce que Mathilde et toi vous allez vous séparer ?
- C'est pas dans mes plans, chaton.
- Tant mieux. J'aime bien Mathilde."
C'était le majeur problème de ma relation. Je tenais beaucoup à Mathilde, mais ma famille lui vouait une adoration qui me pesais parfois. Elle avait sa chaise pour quand elle venait manger et ma mère lui gardait les échantillons de crème pour les mains et de parfum qu'elle avait de son magasin.
"De toute façon, tu prends pas soin de toi, avait-elle asséné en coulant un regard assassin à mon chignon pas lavé et mon sweat qu'elle détestait."
Je faisais de mon mieux pour lui plaire mais ce n'était jamais assez. Il en fallait toujours plus. Il fallait que je fasse S, il fallait que j'ai une bonne moyenne, il fallait que je sois studieuse, que je ne sorte pas, que je fasse fac de droit, que je ne mette pas de rouge à lèvres vulgaire. Il fallait à peine que j'existe, mais que je fasse la nuance avec complètement disparaître.
Heureusement, Mathilde n'avait pas vraiment posé problème. Ca la rassurait même plutôt de savoir qu'au moins, une de ses filles ne tomberait pas enceinte par incident. Elle avait déjà entendu un paquet de sales histoires d'adolescentes engrossées et avait une peur panique que ça arrive. Et puis j'ai ramené Mathilde : ça a été comme une sorte d'apaisement pour elle.
Sidonie, petite enfant prodige qui avait toujours été dans le peloton de tête en classe, ne serait pas déshonorée par un enfant prématuré, par la honte d'une liaison hors mariage. C'était déjà ça. En revanche, elle s'inquiétait moins pour ma petite soeur ; quitte à choisir, elle préférait sûrement voir Madeline tomber enceinte que de la voir sortir avec une fille. Elle tenait à sa descendance.
Mathilde n'avait pas posé de problème non plus du côté de mon père. Elle avait ce côté borné qu'il ne reconnaissait pas en moi. Ce côté d'obstinée de la vie, qui se battait pour ce en quoi elle croyait vraiment. Des fois, il venait me voir pour me demander ce que Mathilde pensait du fait que j'aille en fac de droit.
"Bin, rien, tu veux qu'elle en dise quoi ?
- Sido', toi, en fac de droit ?
- Pourquoi pas ?
- On sait tous très bien que c'est le choix de ta mère."
Cette phrase est restée en suspens dans ma mémoire. Elle a été source de nombreuses insomnies. Est-ce que je voulais vraiment aller en fac de droit ou est-ce que je le faisais simplement parce que c'était la seule réponse - or PACES - qui ne faisait pas grimacer ma mère ? Est-ce que j'aimais réellement Mathilde ou est-ce que je restais avec elle simplement pour ne pas décevoir ma mère qui avait trouvé en elle une fille idéale ? Est-ce que je n'avais pas envie, au fond, de m'habiller différemment qu'avec ce que ma mère validait ?
Alors, quand mes parents ont divorcé, j'ai fait un grand ménage. J'ai donné la moitié de ma garde-robe à mon amie Georgia qui recyclait les vieux habits pour en fabriquer des neufs. Je n'ai plus revu Mathilde pendant une semaine en lui disant que j'avais besoin de temps pour moi.
J'ai sollicité ma petite soeur pour me couper les cheveux et suis ressortie de la salle de bain avec un carré tout neuf et un peu de travers.
J'ai acheté une paire de Doc martens et un carnet à paillettes dans le but d'en faire un journal intime. J'avais l'impression que c'était moi qui sortait d'une rupture, mais après réflexion, c'était un peu ça. Je m'émancipais.
Je venais de divorcer de ma mère.
pour tout avouer, je ne sais pas où j'en vais avec ce projet, je sais à peine ce qu'il va se passer : j'ai commencé quelques moodboards çà et là mais rien de très détaillé et je me suis jetée à l'eau sans fiches personnages (bon après ça je ne les suis jamais) et sans même savoir leur signe astro. Et ça, ça veut en dire beaucoup sur comment j'en connais peu sur mes personnages.
Et je sais que j'ai memento mori à finir, que j'ai tout un tas de projets à écrire et que je publie même pas un dimanche (ah oe oups) mais vu tout les vides que je traverse en ce moment, je préfère m'en tenir à ce nouveau projet, parce que ça date un peu, de créer des personnages (cet été, en fait) et je sais que jeannot, déo et toute la clique vont me manquer bien assez vite pour que je les délaisse un petit moment. Du coup, ça va être la première fois depuis...trois ans ? (et oui déjà) que je publie un autre jour qu'un dimanche. Rude.
prenez soin de vous en cette période de confinement, du love <3.
K.
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