Ingrédient 2 : Des personnages crédibles
Alors, toujours dans la métaphore de gâteau. Vous avez la farine (scénario) qui tient tout ensemble. Maintenant, vous avez besoin de quelque chose qui donne du goût à votre gâteau : le sucre. Les personnages sont un peu comme le sucre ; si t'en mets pas assez personne voudra goûter et si t'en mets trop, ça brise le charme.
" Ben là ! Tu peux pas ne pas mettre assez de personnages ! J'ai vu des histoires avec qu'un personnage et elles sont très bien !"
Je sais, Claudia. Laisse-moi finir. En fait, ouais, ces gens n'ont mis qu'un perso à leur histoire, mais ils l'ont détaillé minutieusement et lui ont donné une personnalité véritable et complexe. Ce que je veux dire par "pas assez de personnages ", c'est que dans certaines histoires, les personnages ne sont explorés qu'en surface ou sont tellement cliché qu'aucun lecteur ne peut vraiment s'identifier à eux, car "cliché" veut souvent dire "illogique".
Je reviendrai là-dessus un peu plus tard dans ce chapitre.
" Ben alors, qu'est-ce que tu veux dire par "trop de personnages" ? Les chevaliers d'Émeraude, c'est super bon, et pourtant, il y a des dizaines de personnages aux noms biscornus qu'on n'arrive pas à retenir ! Qu'est-ce que t'as à répondre à ça ? Hein ?"
Premièrement Claudia, du calme. Deuxièmement, j'ai personnellement arrêté de lire les Chevaliers d'Émeraude seulement à cause de la panoplie de noms qu'on ne retient pas et à cause du manque de profondeur des personnages. Et ça, ce n'est pas vraiment la faute de l'auteure - bah si, un peu, elle a décidé de créer des centaines de milliers de personnages. En fait, c'est simple : elle ne pouvait pas accorder autant de temps à chacun de ses cinquante personnages que si elle en avait eu deux.
J'ai inventé une formule mathématique pour cela. Elle repose sur de l'algèbre et je l'ai nommée "la formule de la crédibilité des personnages". Alors la voici :
Nombre de personnages (a) x Nombre de pages divisé par deux x 1,45 = Crédibilité d'un personnage
La crédibilité d'un personnage va de 1 à 10, 10 étant le meilleur et 1 étant le pire.
En fait, tout ça c'est pas vrai. Dans un sens, oui, mais non. C'est vrai que la crédibilité et la profondeur d'un personnage vont de paire avec le temps que l'auteur passe à l'approfondir, donc avec le nombre de personnages qu'il prend le temps de faire, mais oubliez la formule. C'est tout faux.
"Nan, vraiment ?"
Oui, Claudia. Alors, pour revenir à nos moutons, on sait qu'il vaut mieux de ne pas mettre trop de personnages, au risque de s'y perdre, et que si l'on veut mettre un seul personnage dans son histoire, il faut le détailler de la tête aux pieds, presque littéralement.
Mais quel est le nombre idéal de personnages dans une histoire ? À vrai dire, je sais pas trop. Je suggère de mettre le plus gros accent sur un ou deux personnages principaux (pas plus) et de ne pas oublier de mettre de la profondeur dans les trois ou quatre personnages secondaires.
Un autre personnage à qui je pense qu'il faut accorder de l'attention est le vilain, le méchant, le trouble fête.
Eh oui, croyez-le ou non, la plupart du temps, un méchant n'est pas vraiment méchant. Ce qu'il fait, il pense que c'est le bien. Alors mettez-vous à sa place et définissez ses motivations et ses défauts.
« Enfer ! Depuis tantôt tu ne fais que parler de créer des personnages crédibles et tu dis jamais comment ! Comment on est censés savoir ? »
Claudia, tu te calmes.
Et tu as un point. Je vais vous donner la fiche de personnage que j'utilise à toutes mes histoires, comme ça vous pourrez l'utiliser. De rien.
Alors, elle est telle que ci-contre :
Apparence
Cheveux (couleur, texture, longueur)
Peau (couleur, etc)
Yeux (couleur, etc)
Traits (beaux, laids, etc)
Autres (cicatrice, piercing, taches de rousseur, etc)
Psychologie
Qualités (pas besoin d'exemple)
Défauts (là non plus)
Peurs (est-ce que j'ai vraiment besoin de le dire ?)
Talents particuliers (pouvoirs, crocheter une serrure, super rapide, etc)
Passé (séparé en 3 catégories : enfance, adolescence, âge adulte)
Ambitions/rêves
Goûts ( séparés en plusieurs catégories. Même si le personnage n'est pas en mesure d'expérimenter ces différentes choses, par exemple s'il n'a pas de technologie, demandez-vous ce qu'il aimerait.
Musique préférée :
Type de livre préféré :
Type de film préféré :
Boisson préférée :
Plat préféré :
Plat et boisson détestés :
Ce qu'il aime chez lui :
Ce qu'il déteste chez lui :
Ce qu'il aime chez les autres :
Ce qu'il déteste chez les autres :
Son orientation sexuelle :
Autres :)
État civil
Travail effectué :
Parents :
Situation amoureuse :
Amis :
Réputation :
Niveau scolaire :
Autres :
Alors voilà pour la fiche de personnage. J'espère qu'elle vous a aidé. Je vous jure qu'après ça, vous connaissez votre personnage comme vous vous connaissez vous-même.
Maintenant, une dernière chose.
Évitez les clichés, je vous en supplie. I can't take it anymore.
S'il vous plaît, plus de fille timide mais qui en fait ne l'est pas. Plus de bad boy méchant mais qui en fait ne l'est pas.
Plus de fille maso qui tombe amoureuse de son kidnappeur.
Tous ces personnages-là sont illogiques : ils se contredisent dans leurs propres traits de caractère. Un bad boy, par définition, c'est méchant, c'est donc illogique qu'il prenne soin d'une fille qu'il vient à peine de rencontrer ! Bon sang, et les "nice boys" ? On n'en parle jamais, d'eux, pourtant c'est avec eux que la plus grande majorité des filles de la vraie vie aimerait sortir. Parce qu'ils ne les traitent pas comme de la merde.
Aussi, c'est impossible de tomber amoureux de son violeur ou de son kidnappeur. Soit cette fille-là, elle a de sérieux problèmes mentaux, soit c'est l'auteur qui en a. C'est comme romancer le viol et le kidnapping, qui vont souvent de paire, et faire comme si c'était "cool". Dans la vraie vie, des garçons et des filles violés développent des traumatismes, de la dépression et d'autres problèmes psychologiques graves. Alors, par respect pour ces victimes, ne faisons pas d'histoire qui décrivent le viol comme "fun", parce que ça ne l'est pas : la vérité, c'est que c'est traumatisant, humiliant et dégradant. Bref, rien de réjouissant.
En conclusion, ne faites pas des personnages qui se contredisent dans leurs actions et dans leurs traits de caractère. C'est ce qu'on appelle la déformation de personnage ou quelque chose comme ça. Beaucoup de personnes font cette erreur dans leur fiction.
Pour l'éviter, c'est simple. Remplir une fiche personnage, puis se demander si le personnage ferait vraiment ces actions.
Bon, voilà pour aujourd'hui ! À bientôt pour le 3e ingrédient !
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