mercredi 8 sept. 2021, vers 2h du matin
, coquille vide
pourquoi il en faudrait plus ?
je ne suis rien, je sens une odeur de néant, dans tout, dans tout et puis j'm'en fous aussi de tout. plus rien n'est grave. je sens plus rien de tout ça comme si ça avait disparu, d'un coup d'un jour à l'autre parce que ça l'avait décidé ; mais on m'a pas demandé mon avis quoi que ce soit, à moi. mars 2018, ressusciter en escargot : je ne me sens plus moi, je ne me reconnais même pas. on m'a enlevé de ma coquille, on a mangé tout sans en laisser de trace, la bave, le corps, et la maison jetée parmi les miens, et puis c'est tout, et c'était aussi simple que ça ; de me prendre moi tout entier, d'y laisser mon corps et manger l'autre, d'attendre de disparaître, de me laisser crever comme ça, là, juste là, sans rien sans vêtement, sans chaussure, alors j'ai tout de même posés les deux pieds nus au sol et j'ai marché, et promis que j'ai eu mal, d'accord ? j'étais sûr et certain de cette douleur sans m'arrêter de penser, qu'elle aussi, était superficielle. parce que je suppose que c'était une sorte de punition m'étant destinée : alors tant pis. j'ai marché, j'ai saigné. mais c'était trop tard, c'était plus grave, plus rien ne l'était, aucune importance. j'ai perdu mon corps de toute façon. qu'est-ce que ça peut bien me faire. les pieds en sang mais plus de sang. les yeux en larmes mais plus rien de tout ça. pourquoi. pourquoi ce corps superficiel. autant ne plus rien avoir de tout ça, que tout disparaisse maintenant, autant errer à ras du sol que souffrir de celui-ci, ça suffit, plus rien n'est grave et puis plus rien n'existe aussi : si ce corps est faux, qu'adviendra-t-il de la vérité ? suis-je mort autant qu'un autre ? est-ce qu'on m'a choisi ? suis-le seul vivant suis-je le seul dans ce néant ? je n'ai d'ailleurs jamais rien demandé, moi. j'errais seul tel un vivant mort, mais être un mort-vivant est une torture maintenant, alors, je veux revenir en arrière.
promis, je serai plus sage.
cette fois, j'ai compris.
j'ai compris mes péchés.
tout devient lucide dans tout ce flou.
comment payer ma dette et continuer ma vie banale d'escargot à chaussures ?

ça fait quatre ans que ça dure à présent et rien n'a changé. je me suis habitué à simuler les sentiments et émotions que j'éprouvais auparavant face à mes congénères, tant bien que je me les convaincs à moi-même quand je suis seul. ce n'est pas ma vie qui a changé, c'est moi. j'ai simplement oublié qui j'étais,
parfois,
ça m'arrive,
quelques secondes
et je me rappelle.
et j'ai arrêté de chercher qu'est-ce qui était vrai. même si au fond c'est ça le plus faux
je cherche toujours,
l'espoir veille
entre mes mains,
une lumière qui s'éteint pas, jamais
je la laisse me bercer, elle fait veilleuse jusqu'au lever du soleil
jusqu'à ce que je n'aie plus peur du noir
le noir il sort de partout mais l'espoir essaye toujours plus fort, toujours là, pour moi, dans tout ce qui va pas, mais jpeux pas le laisser continuer comme ça à se ruiner pour moi et ça mais j'le sais ça et je l'ai toujours su. un jour je devrai me débrouiller, un peu plus sans lui.
l'espoir tombe. l'espoir de revoir un jour le vrai. le jour tombe. je ne vois plus rien tout à coup... je vis avec, j'existe comme ça
plus rien de vrai
je me souviens seulement de cette date ancrée en moi, j'ai alors ressuscité sans pouvoir m'en rendre compte
quelques couleurs passent à travers le filet. un peu de tout, toujours très peu. assez pour les ressentir quand elle me traverse moi. comme pour me rappeler que je suis toujours de mon espèce.
si c'était le cas, pourquoi me faire sentir si différent d'elle ? il y a moi il y a les autres, je n'ai plus le droit au "nous"

c'est une punition
ma punition à moi, pourquoi
pourquoi moi
moi
pourquoi
pourquoi pas nous
pourquoi : ici moi
ici elle
jamais de nous
une nuance presque similaire au noir se transperce
je sais que c'est faux
quatre ans plus tard je m'en souviens encore
comme lorsque je le ressentais dans mon corps de chair
ça ne va pas
plus rien n'est grave