18.Diversion

https://youtu.be/6Ejga4kJUts

— Elle a parlé d'un autre otage?
— C'est forcément l'autre fille!

Merde! Camille?

Ça sentait le traquenard à plein nez. Et rien à voir avec la moutarde de la cantine. Il fallait trouver Camille avant les zombies. Mais comment faire? Courir dans les couloirs était interdit, sous peine de poursuite. Mais là, il s'agissait d'un cas de force majeure. Et brutale.

— Tim? Une idée brillante?
— Suivre les cris d'appel à l'aide?

Aucun doute, c'était bien la voix de Cam. Coup de bol monstrueux, elle n'était pas loin. L'heure des repas, c'est magique. Ses cris provenaient du couloir du CDI. J'arrivais enfin devant l'attroupement. C'était le trio qui passait son temps à se foutre de moi.

— Oscouralèèèèd!
— Bouge pas, j'arrive!

Elle aurait eu du mal à faire autrement, cernée comme elle l'était par Thomas, Matéo et Timéo. En temps normal, il était déjà très difficile de s'y retrouver, mais en mode zombie, c'était bien pire.

— Bas les pattes, s'pèce d'enfoirés!

J'arrivais en courant, à toute allure. J'ai écrasé mon poing dans la face du premier, suivi de mon meilleur coup de genou dans le bide du deuxième pour attraper le troisième par les épaules en effectuant une pirouette autour. Une fois dans son dos, c'était le Pile Driver quasi obligé, parce que hein, on peut pas faire ça gratos tous les jours. Autant en profiter.

J'avoue, j'y prenais un peu trop de plaisir. Mais sans doute pas autant que Camille qui brillait des yeux.

— J'le savais que je t'étais pas juste une hallu.
— Je viens de tabasser trois gars zombifiés par de l'huile de friteuse et tu penses que je suis pas une hallu?
— C'était trop beau pour être vrai, j'imagine.

Mais pourquoi elle virait au rouge comme ça?

— Bah, laisse, c'est pas grave. Enfin si mais pour le moment, y a plus important : tu dois te planquer quelque part, ils en ont après toi. Allez, viens Camille, on va te planquer dans le bureau du proviseur.
— Pas question! tu viens de rétamer trois sales types en un clin d'œil et... Mais attends, d'où tu connais mon nom?

Oups. La boulette.

Heureusement pour moi (paradoxalement) ses yeux tombèrent sur Tim qui trainait par terre depuis que je l'avais laissé tomber pour aller casser du mob.

— Je vois. Tu connais Ralph. Tu viens d'où, exactement?
— C'est Raph, en fait. Oui bon, il m'a un peu parlé de toi et je viens juste de la cantine.
— Tout ça est très bizarre, mais t'as l'air cool, alors c'est OK. C'est pour ça que je vais plutôt rester avec toi. C'est plus sûr.

Elle me dévisageait avec un petit sourire incompréhensible.

— Bon, j'imagine que t'as pas complètement tort. Suis moi, faut que je retrouve l'otage et que je réfléchisse à un plan pour éliminer D'Ælin.
— Un otage? Et qui c'est, cette D'Ælin?
— La responsable de... Ca.

D'un geste circulaire, je désignais les trois corps à terre qui se remettaient à bouger.

— Pourquoi je ne me suis pas transformée en zombie moi aussi?
— Tu as déjà été victime de Corruption, j'imagine que t'es immunisée. Ça veut donc dire que...
— Quoi?

Une pensée me traversa l'esprit, pour aussitôt ressortir, sans laisser de message.

— C'est pas important. Faut pas qu'on traine ici Camille, on bouge. Reste bien derrière moi et si y a du danger, tu te planques.
— Oh, t'inquiète, j'vais pas te lâcher.

Et elle ne m'a pas lâché·e. Enfin jusqu'à la diversion.

1h51 min. plus tard

— Pas question. C'est trop dangereux.
— Mais allez, quoi, tu m'fais pas confiance?
— Ton plan est trop risqué et on ne sait toujours pas où est retenu Max.
— Bizarre de le choisir lui, comme otage.

J'avais conduit Camille en sécurité jusqu'au bureau du proviseur, car j'avais eu une intuition subite. Je ne pouvais décemment pas laisser cette pauvre fille risquer sa vie pour rien. Elle m'avait envoyé·e chier, c'est un fait, mais c'était quand même pas un raison pour l'envoyer au casse-pipe.

— Attends, tu vas quand même pas m'abandonner là?
— Mais non, je t'ai dit que j'avais peut-être une piste.
— Les zombies vont nous trouver.
— D'Ælin nous guette. Et si tu m'entends, je vais t'éclater la face, pourriture grisâtre!

La porte s'ouvrit avec fracas; une chaise en sortit, porté par un mec que je reconnus sans peine, puisque j'étais à peu près sûr·e de le trouver là.

— Oh là, tout doux! On pose la chaise, et on se calme l'abrut–
— Je suis pas une brute, je me défends.

Gabriel ne m'avait pas laissé finir ma phrase et c'était pas plus mal. J'étais pas censé·e le froisser. Cam le regarda les yeux ronds.

— Mais qu'est ce qu'il fout là, lui? Je croyais qu'il s'était fait viré. Et c'est pas un zombie non plus?
— Je suis souvent ici, je te signale. Vous non plus, z'êtes pas des zombies. C'est qui la meuf? J't'ai pas déjà vu·e?
— Oh, tu t'en souviendrais.

Parfait. Les choses se déroulaient mieux que prévu, et sans l'aide importune de Tim, qui plus est. Le gars n'était pas futé, mais il pouvait être utile.

— Bon écoute, on a pas toute la journée. Faut que tu nous aides à chercher Max -le mec asthmatique- que les zombards ont emmené quelque part on sait pas ou.

Gab nous regardait, l'air méprisant et goguenard.

— Vous comptez faire quoi? Surtout toi, sapé·e comme ça?
— Je peux commencer par te latter les-
— On a pas le temps de se chamailler, vous deux!
— ... et te les rentrer dans l'abdomen, mais Camille a raison : faut qu'on s'entraide. Est ce que t'as au moins vu quelque chose?
— Pas moyen que je risque ma peau. Vous m'f'rez pas aller dans cette foutue piscine, pigé, les meufs?

Ai-je déjà mentionné qu'il n'était pas très malin?

— Bon, ok. J'aurais dû m'en douter. La piscine est située à l'opposé de la cantine. Je peux pas être aux deux endroits en même temps. Camille?
— Oui, madame?
— Finalement, ton plan de diversion, on va être obligées. Mais au moins, cette fois, t'as ce gros euh gaillard pour te protéger.

Camille me jeta un regard tellement assassin qu'il y avait flagrant délit.

— S'il te plait, il faut que vous soyez deux. Faudra attirer un max de zombies et c'est dangereux.
— Attends, j'ai pas dit oui, moi.
— Tu veux vraiment passer pour un gros lâche en laissant une meuf de 50 kg toute mouillée faire face à tout ça toute seule?

Manipulation par le sexisme, je ne pensais jamais avoir à faire ça un jour.

— Bon, admettons. Faut faire quoi?
— C'est simple. Votre job, c'est de détourner l'attention des zombies pendant que je libère Max. Ensuite, je pourrais m'occuper du monstre.

C'était sans doute le plan le plus pourri, le plus vaseux et le plus naze que je pouvais imaginer. Qu'est ce qui aurait pu mal tourner?

D'abord, se tailler un chemin jusqu'à la salle de musique. Moi avec mes poings, Gab avec sa chaise et Camille avec une chaine de vélo qu'elle s'était procurée je ne sais comment, nous nous frayâmes une chemin jusqu'au sous-sol. Les zombies étaient de plus en plus nombreux et aussi plus agressifs.

— C'était vraiment une idée de merde! On est coincés ici!

La salle était souterraine, avec une seule issue. Mais il n'y avait que moi qui allait en ressortir. Camille se saisit d'une guitare électrique, qu'elle accorda distraitement pendant que Gab s'installait derrière la batterie.

— J'arrive vraiment pas à croire qu'on va faire ça.
— M'en parle pas, j'en ai des frissons. Ah, au fait, Miss, tiens...

Elle me tendit le bout de papier sur lequel elle avait griffonné un truc.

— C'est mon tél. Tu sais, si tu as besoin de me contacter, ça peut servir. Pour le plan. Euh bon, je suis prête.
— Merci, mais j'ai pas de téléphone là sur moi.
— Pas grave. Plus tard, peut-être.

Elle me fit un clin d'œil. C'était de plus en plus bizarre. Mais pas autant que ce qu'on s'apprêtait à faire.

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