Chapitre 46 : Nate


 La porte se referma derrière elle, me laissant seul dans le silence pesant du restaurant. J'essayai de calmer mes pleurs, de reprendre mon souffle, mais la douleur était trop intense, trop écrasante. Je me dirigeai vers la salle du bar, mes pas lourds et hésitants. La fermeture du restaurant attendrait. Pour l'instant, je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à noyer ma douleur.

Je me saisis d'une bouteille d'alcool et commençai à boire, avalant de grandes gorgées brûlantes. La colère et la tristesse se mélangeaient en moi, je me contentai juste de boire. Je commençai à jeter des bouteilles contre le mur, les éclats de verre volant partout. Les verres furent projetés au sol, les chaises renversées. Chacun de mes gestes était une tentative d'extérioriser la douleur qui me rongeait. Assis par terre, au milieu des dégâts, je continuai à m'enivrer. L'alcool brûlait ma gorge et embrumait mon esprit, mais cela ne suffisait pas à atténuer ma souffrance. Je laissai échapper des sanglots entre deux gorgées, mes mains tremblantes cherchant une nouvelle bouteille. Les heures passèrent, et je restai là, seul et ivre, au milieu du chaos que j'avais créé. Le restaurant, autrefois mon refuge et mon fief, était maintenant le théâtre de mon désespoir. Mes pensées tournaient en boucle, revenant sans cesse à Célia, à Scott, à tout ce que j'avais perdu. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, un homme brisé par l'amour et la trahison, cherchant désespérément un moyen d'apaiser sa douleur.

Les heures passèrent et je restai, seul, assis sur le sol à m'enivrer d'alcool, ravivant tous mes souvenirs avec Célia. Ceux de ma jeunesse, ceux d'aujourd'hui, de nos rapprochements dans nos cuisines, dans son magasin, chez moi. Tous ces moments durant ce séjour, tous ces sourires, ces baisers, ces caresses, ces mots, ces instants que je ne vivrai plus jamais, car elle avait dit oui à un autre homme que moi. Des larmes coulèrent de mes yeux tandis que les heures défilaient. Il était minuit quand la porte de mon restaurant s'ouvrit, mais je l'entendis à peine. Je vis la chevelure blonde de Cassie passer et se diriger vers mon bureau, elle m'appelait, me cherchant de partout.

Lorsqu'elle me vit assis par terre, au milieu de la pièce du bar qui était sens dessus dessous, elle fut choquée.

— Nate ! Mais qu'est-ce qui s'est passé, ici ?!

— C'est fini, tout est fini.

— Mais que dis-tu ? Qu'est-ce qui est fini ?

— Avec Célia, tout est fini, clarifiai-je.

Cassie s'assit en face de moi, me demandant tout bas.

— Mais qu'est-ce que c'est que toutes ces bouteilles d'alcool ? T'as bu combien de bouteilles ?

— Plusieurs. Tu avais raison, Cassie. Je n'aurais jamais dû la fréquenter de nouveau.

Cassie comprit alors et demanda à nouveau.

— Que s'est-il passé avec Célia ? Qu'a-elle fait pour que tu sois dans cet état, Nate ?

Je regardai un point devant moi, le regard vide, les yeux rouges à cause de l'alcool et des larmes séchées puis murmurai-je.

— Elle m'a dit la vérité. Elle a appris que j'avais envoyé Scott au Canada, mais moi, j'ai appris qu'elle comptait l'épouser à son retour.

Cassie se décomposa sous mon annonce.

— Quoi?!

— Il lui a fait sa demande en mariage avant son départ, le soir même où on avait couché ensemble dans sa boutique, et elle a accepté sa demande. Elle s'est bien foutue de moi, elle a encore une fois joué avec mes sentiments, comme à son habitude.

Cassie, choquée, me regarda avec peine.

— Je me souviens la première fois encore, quand Célia m'a dit qu'elle m'aimait. C'était un mois après notre rencontre. On avait passé l'après-midi ensemble, elle avait prétexté qu'elle passait la journée avec toi, et ce jour-là, on était restés chez moi toute l'après-midi, dans mon lit, à se découvrir, à se prendre en photo, à se confier, à discuter et puis entre deux baisers, elle m'a regardé d'une façon si profonde. Il suffisait d'aucun mot pour que l'on se comprenne, aucun geste, aucun son. Nos regards en disaient beaucoup et en un silence, elle m'a dit tout bas, je t'aime, Nate. Je me souviens que je n'avais même pas essayé de répondre, car je voulais l'entendre encore une fois comme un écho que l'on écoute encore et encore. C'était la première fois qu'elle me disait qu'elle m'aimait, la toute première fois.

Après un long soupir, je me remis debout en tenant une bouteille d'alcool. Je bus une gorgée et regardai Cassie qui se leva en silence, me regardant avec peine, les larmes aux yeux.

— Il faut se rendre à l'évidence, elle ne m'aime plus.

Je m'avançai et quittai le restaurant, sans même me retourner sur mon amie. Les jours qui suivirent, je restai totalement anéanti. J'enchainais les verres d'alcool à n'en plus finir, je ne venais plus travailler au restaurant, j'étais injoignable et restais cloîtré chez moi. Cassie était dévastée de me voir ainsi. Elle, qui avait tant redouté que je puisse un jour tomber dans cette situation. Elle assurait mes arrières, me soutenait et essayait de me reconstruire, mais c'était difficile, car j'avais perdu tous mes espoirs et mon humanité, je ne savais plus comment penser, je ne savais plus rien...

Pourtant, je savais que ce n'était pas parce que j'avais perdu l'amour de ma vie que je devais me sentir plus bas que terre. Je regardai tout ce que j'avais bâti depuis ma première rupture avec Célia. Ce n'était pas ça qui m'avait anéanti. Je savais que je devais me reprendre. J'avais tout à perdre aujourd'hui. Il était préférable d'exclure l'amour pour pouvoir avancer. Je me disais que c'était la meilleure solution. Il m'avait toujours fui, et peut-être que c'était pour une raison. Je voulais rendre fière ma mère et ne laisserai plus jamais l'amour dicter ma vie.

Le lendemain, je me levai tôt, allai courir, repris mon sport sur la Croisette. J'ignorai tout. Je passai devant la boutique de Célia comme si je n'y étais jamais rentré, comme si je ne la connaissais même plus. Après mon sport, je rentrai chez moi, pris une douche, enfilai mon costume en optant pour une chemise blanche. Avant le travail, je passai chez mon coiffeur barber pour faire tailler ma barbe et restructurer ma coiffure. Une touche de parfum, et en me regardant dans le miroir, je vis de nouveau cet homme déterminé, vivant, dominant, que tout le monde désirait tant. J'étais prêt à revenir travailler.

En sortant de la boutique, je pris un instant pour contacter Scott et sa start-up afin d'annuler le partenariat. Scott pouvait rentrer chez lui. En raccrochant, je souris, me disant que c'était la meilleure chose à faire pour avancer. Je me dirigeai vers mon restaurant dans lequel tout le monde ne s'attendait pas à me voir revenir. En franchissant le seuil de mon restaurant, je me sentis chez moi. Je saluai mes convives, mon personnel et fis un clin d'œil à Cassie qui était en pleine discussion avec Julia.

— Bonjour à vous deux, Julia, j'aimerais vous voir un instant dans mon bureau.

— Bien monsieur Jones, je vous suis.

Une fois installé dans mon siège, mon assistante prit place dans le fauteuil, je me raclai la gorge en concentrant mon attention vers Julia.

— Julia, si je souhaite vous voir, c'était pour vous féliciter. Ces derniers jours, vous avez géré le restaurant mieux que quiconque. J'ai malheureusement dû m'absenter certains jours et ce n'est pas pour autant que vous avez lâché prise, le restaurant à continuer de tourner et ceux mêmes malgré cet incendie criminel. C'est pourquoi j'aimerais vous offrir des congés.

— Merci monsieur, mais je doute que le restaurant puisse tourner si je pars en vacances.

— Julia, j'aime votre modestie, mais je vous assure que mon restaurant tournera ! Vous avez besoin de vous reposer alors je vous en prie, allez-y. Je vous offre des congés sur un plateau et vous souhaitez les refuser ? Vous pouvez dès à présent partir, je suis de retour à présent.

— Vous en êtes sûr, monsieur ?

— Bien sûr, puisque je vous le dis ! Je vous donne deux semaines de vacances, tâcher d'en profiter, Julia !

Julia, le sourire aux lèvres, me remercia en s'avançant vers la sortie lorsque au même moment Cassie entra dans mon bureau.

— Bonjour monsieur Jones, j'ai affaire à un tout autre homme ! Vous êtes si séduisant, sûr de vous et incroyablement sexy !

— Bonjour Cassie, merci à toi ! Je te dois beaucoup !

— Tâche à ne plus recommencer ou je n'irai pas avec les pincettes, compris ?

— Bien reçu ! Lançai-je, le sourire complice.

Cassie reprit son activité de serveuse avec un sourire sur les lèvres, ravie de retrouver son quotidien. De mon côté, je descendis dans les cuisines, prêt à reprendre mon rôle de directeur et surtout, à cuisiner de nouveau avec mes employés. Cela m'avait tant manqué, être au cœur de l'action, sentir les odeurs enivrantes des plats, entendre les rires et les discussions animées. La journée défila à une vitesse folle. Au milieu des convives, je prenais un plaisir immense à parler avec eux, à écouter leurs retours, à m'assurer que tout était parfait. Les rires et les sourires des clients étaient pour moi une source de motivation inépuisable. Au bar, je discutai avec les serveurs, partageant des anecdotes et des conseils, sentant cette complicité qui faisait la force de notre équipe. Entre deux services, je pris également les premières candidatures de mes salariés désireux de travailler dans notre nouveau restaurant à Montréal. Dans mon bureau, j'organisai les candidatures pour les futurs postes, examinant attentivement chaque profil. La perspective d'étendre notre famille de restaurateurs au Canada me remplissait d'excitation.

Pour marquer mon retour, nous décidâmes de fermer le restaurant plus tôt, à dix-neuf heures. La journée avait été un succès, et je voulais remercier mes employés pour leur soutien. Il ne restait plus que Cassie et moi, nous étions en pleines discussions lorsque la porte du restaurant s'ouvrit soudainement. Célia se tenait là, l'air hésitant, mais déterminée. Le silence retomba dans la salle, et je sentis mon cœur se serrer. Cassie se rapprocha en jetant un regard inquiet entre Célia et moi.

— Célia, dis-je d'une voix calme, mais ferme, que fais-tu ici ?

Elle fit un pas en avant, ses yeux cherchant les miens.

— Nate, je... j'aimerais te parler.

Je me rapprochais, mon regard se durcissant lorsque je me fis dépasser par Cassie qui en voyant Célia, fronça les sourcils et déclara avec une fermeté inhabituelle.

— Tu n'as rien à faire ici, Célia !

Je restai immobile, incapable de prononcer un mot en la voyant. Les souvenirs et les émotions m'envahirent, mais je me ressaisis rapidement.

— Cassie, ne t'en mêle pas, dis-je finalement, retrouvant ma voix.

Elle me regarda, hésitante, mais finit par acquiescer.

— Très bien, je vais chercher mes affaires aux vestiaires.

Elle s'éclipsa, nous laissant seuls dans le restaurant. Je concentrai à nouveau mon regard sur Célia, mon expression se durcissant.

— Comment oses-tu revenir ?

Célia, visiblement nerveuse, prit une profonde inspiration.

— Nate, je souhaite te parler de quelque chose, je t'en prie écoute-moi.

Je restai silencieux, attendant qu'elle continue. Elle hésita un instant avant de demander timidement.

— Je sais que je ne devrai pas te demander un tel service, mais je sais que je ne trouverai pas mieux que ton restaurant. Est-ce que... est-ce que Comme une Évidence pourrait faire un service traiteur pour mon mariage ?

En entendant sa requête, un rire insolent m'échappa. Elle était vraiment culottée de vouloir ça après ce qu'elle m'avait fait.

— Tu plaisantes, n'est-ce pas ? Dis-je, mon ton chargé de sarcasme.

Célia sembla déconcertée par ma réaction, mais continua malgré tout.

— Je sais que c'est beaucoup demander et très déplacé, Nate, mais c'est important pour moi.

Je secouai la tête, encore sous le choc.

— Après tout ce que tu m'as fait subir, tu as réellement le culot de me demander ça ?

Elle baissa les yeux, visiblement honteuse, mais je n'avais aucune envie de faire preuve de pitié.

— Tu oses venir ici et me demander de participer à ton mariage en faisant le service traiteur ?

Elle releva les yeux, ses lèvres tremblant légèrement.

— Nate, je suis désolée, vraiment. Je sais que je t'ai fait du mal, c'est idiot de te demander un tel service, je suis désolé, je vais y aller.

— Tu as bien raison, tu n'es plus la bienvenue, ici.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais je levai la main pour l'interrompre.

— Non. Il n'y a plus rien à dire. Va-t'en.

Célia resta un moment figée, puis hocha lentement la tête. Elle se retourna et quitta le restaurant, me laissant seul avec ma colère et ma douleur. C'est à ce moment que Cassie revint, ses affaires à la main. Elle me regarda avec une compassion muette, comprenant que cette rencontre avait ravivé des blessures encore fraîches.

— Tout va bien ? Demanda-t-elle doucement.

Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer mes émotions.

— Ça va, ne t'en fais pas, répondis-je finalement.

Elle hocha la tête et me serra brièvement dans ses bras lorsque mon téléphone se mit à sonner. En voyant le nom de Célia s'afficher, je sentis une vague de colère monter en moi. Décidé à l'envoyer balader, je décrochai brusquement.

— Que veux-tu encore, Célia ? Lançai-je avec agressivité.

Mais la voix qui répondit n'était pas celle de Célia. Une froideur glaciale s'empara de moi en entendant la voix grave de Zack à l'autre bout du fil.

— Salut, Nate. Content de te parler de nouveau, dit-il calmement avec un rire sinistre.

— Zack, comment c'est possible que ce soit toi ?! Qu'as-tu fait à Célia ?!

— Tu ne prends pas la peine de savoir comment se porte ton meilleur ami ? À ce que je vois, tu en as que pour ta blonde, comme lorsque nous étions adolescents, c'est beau de savoir que ce point n'a pas changé. Comme tu le vois, je détiens Célia.

Mon cœur se serra et une peur viscérale s'empara de moi. Zack continua.

— Je te propose un marché, viens au 175 Avenue Francis Tonner et avise-toi à venir seul. Pas de police, pas de sécurité, pas de témoins. Sinon, je m'occuperai personnellement de Célia.

— Que veux-tu en échange ?

— Oh, mais qui t'a dit que je souhaitais quelque chose ?

— Je sais ce que tu es devenu et je sais aussi que tu es au courant pour Cassie.

— En effet, je sais qu'elle travaille avec toi, je suis revenu pour elle, tu me connais toujours aussi bien, Jones ! On va faire un échange, ta blonde contre la mienne.

Je restai un moment figé, réalisant l'étendue du piège. Je n'avais pas le choix. Je devais sauver Célia.

— Très bien, répondis-je avant de raccrocher.

Cassie, qui avait entendu une partie de la conversation, s'approcha de moi, inquiète.

— Nate, qu'est-ce qui se passe ?

Je pris une profonde inspiration, cherchant mes mots.

— Il s'agit de Zack. Il a Célia.

Le visage de Cassie se décomposa, mais elle garda son calme.

— Comment c'est possible ? Elle était là, il y a quelques minutes. Que fait-on ? Demanda-t-elle, déterminée.

— On doit y aller, dis-je, la voix tremblante, mais résolue. Il veut nous voir, toi et moi, sans personne d'autre. Si on fait appel à la police, il s'occupera de Célia.

— Tu comptes m'offrir sur un plateau ? Rassure-moi tu comptes prévenir Kim ou Henri ou même la police ?

— Pas la police, je vais contacter Henri et Kim sur le champ, mais ils devront rester discrets et surtout, ils ne doivent pas venir avec nous.

Je sortis mon téléphone et contactais Kim et mon majordome au plus vite. Ma voix tremblait d'anxiété alors que j'expliquai la situation à Kim.

— Kim, écoutez-moi attentivement. J'aimerais que vous préveniez également Henri de cette information de la plus urgente. Zack détient Célia et il a l'intention de prendre Cassie. Je vais me rendre à l'adresse indiquée que je vais vous envoyer, mais je ne veux pas que vous veniez avec moi. Restez discrets et gardez un œil sur l'endroit. Si au bout d'une bonne heure, vous ne me voyez pas sortir avec Cassie et Célia, appelez immédiatement la police. Je compte sur vous pour gérer ça prudemment.

Cassie écoutait la discussion tout en me jetant des regards inquiets. Nous nous préparâmes rapidement, sachant que chaque seconde comptait. Le trajet jusqu'à l'entrepôt se fit en silence, chacun perdu dans ses pensées. Mon esprit bouillonnait de peur et de colère. Je savais que nous entrions dans un piège, mais laisser Célia entre les mains de Zack n'était pas une option. En arrivant à l'adresse indiquée, nous descendîmes de la voiture, l'entrepôt se dressant devant nous, était sombre et menaçant. Je pris la main de Cassie, cherchant à puiser du courage dans sa présence. Au même moment, les hommes de main de Zack nous accueillirent de manière brutale. L'un d'eux attrapa Cassie, la tenant fermement par le bras. Sans réfléchir, je me retournai et lui donnai un coup de poing qui le fit tomber à terre.

— Ne t'avise pas de la toucher !

Cassie, légèrement secouée, se tint à mon bras tandis que nous avancions dans l'entrepôt. À mesure que nous progressions, des hommes nous entouraient, nous poussant vers le centre de l'entrepôt. C'est à ce moment-là qu'une voix familière résonna, mais je ne pouvais voir d'où elle provenait. Une chose était sûr, c'est qu'il s'agissait de nul autre que de Zack.

— Ah, Cassie, je vois que tu n'es plus l'ennemie de ce bon vieux Nate Jones. Vous êtes même proches maintenant. C'est amusant, déclarait-il, d'un rire sinistre ponctuant ses mots.

Soudain, Zack descendit des escaliers et apparut enfin face à nous. Il avait tant changé, il était méconnaissable. Ses bras étaient couverts de tatouages, il portait un tee-shirt noir moulant qui révélait sa musculature imposante. Un sourcil rasé avec un piercing et des cheveux noirs rebelles encadraient son visage, une barbe noire accentuant son apparence intimidante. Il portait un pantalon noir déchiré, renforçant son look de bad boy. Il s'avança lentement vers une table à laquelle se trouvaient des dizaines d'armes, étalées de manière ostentatoire. Il souriait, savourant notre impuissance apparente.

— Je suis tant heureux de vous revoir après tout ce temps, vous, qui aviez tant compté pour moi, dit-il en caressant les armes du bout des doigts, vous savez entre vous et ces couteaux par exemple, il y a beaucoup de chose en commun, comme le fait que vous m'aviez tous les deux planté un couteau dans le dos. Vous avez vraiment cru que vous pourriez m'échapper et partir faire votre vie de votre côté sans que je vous retrouve ?

Je serrai les poings, sentant le poids du revolver dissimulé contre ma peau. Mon regard ne quittait pas Zack, cherchant le moindre signe de faiblesse ou d'opportunité.

— Que veux-tu, Zack ? Demandai-je, ma voix tremblante de colère.

Zack sourit plus largement, ses yeux brillants de malice.

— Je veux que tu comprennes une chose, Nate. Ici, c'est moi qui décide.

L'atmosphère se chargea d'électricité. Je pouvais sentir la tension monter autour de nous, chaque homme de main prêt à bondir à la moindre provocation. Cassie serra un peu plus fort mon bras, son regard déterminé malgré la peur.

— Très bien, Zack, répondis-je, ma voix ferme. Nous sommes là. Dis-nous ce que tu veux. Je sais que tu n'es pas là pour Cassie, ce que tu veux réellement, c'est t'en prendre à moi, alors réglons ça comme des hommes, entre nous ! Laisse partir Célia et Cassie, elles n'ont rien à voir là-dedans.

Zack s'approcha lentement, saisissant un révolver sur la table. Il le fit tourner entre ses mains, jouant avec, avant de lever les yeux vers moi.

— J'aime bien ta proposition, mais je vais te proposer autre chose. Tu sais, je veux que tu réalises, Nate, que tout ce que tu as bâti peut s'effondrer en un instant. Et ça commence par elle.

Il désigna Cassie par l'index, le sang me monta à la tête, mais je me retins de réagir impulsivement. Je savais que chaque mouvement devait être calculé, chaque mot pesé. La vie de Cassie, et celle de Célia, dépendaient de mon sang-froid.

— Tu n'obtiendras rien en nous menaçant, Zack, rétorquai-je. Je te le répète, lâche Célia, laisse Cassie tranquille et dis-moi ce que tu veux vraiment.

Zack éclata de rire ainsi que l'ensemble de ses hommes assistant à la scène.

— Oh, Nate, toujours aussi naïf. Ce que je veux, c'est simple, je veux que tu souffres. Comme j'ai souffert.

Je sentis la pression augmenter. Mon esprit s'activait, cherchant une solution, un moyen de renverser la situation. Les secondes semblaient s'étirer, chacun de mes battements de cœur résonnaient comme un coup de tonnerre dans le silence oppressant de l'entrepôt.

— Très bien, Zack, dis-je enfin, d'une voix basse. Quelles sont tes conditions ?

Le sourire de Zack s'élargit, satisfait d'entendre ma réponse. La partie venait de commencer, et il était clair qu'il comptait jouer jusqu'au bout. Cassie, voyant la situation s'aggraver, fit un pas en avant et s'adressa directement à Zack.

— Je t'en supplie, ne fais rien à Nate ou à Célia. Si tu souhaites que je vienne avec toi, je viendrai et je te suivrai, je t'en fais la promesse.

— Cassie ! Non ! Ripostai-je.

Zack prit un instant pour réfléchir, ses yeux brillants d'une sombre satisfaction. Puis, il acquiesça d'un signe de tête.

— Tres bien ma douce. Mais d'abord, je dois m'assurer que le grand Nate Jones comprenne bien la leçon.

Un des hommes de main de Zack s'avança et m'attrapa en m'obligeant à m'asseoir à une chaise. Ce dernier m'attachait fermement les poignets derrière le dos. Deux autres hommes s'avancèrent face à moi et se mirent à me frapper sans pitié, chaque coup résonnant dans l'entrepôt sombre. Zack, les bras croisés, regardait la scène avec un sourire cruel. Cassie cria en s'effondrant de sanglots, repoussant Zack pour que ce dernier stoppe cette méchanceté gratuite.

— Tu te rappelles, Nate, dit-il d'une voix glaciale. Toutes les erreurs que tu as faites ? M'abandonner, ne pas me suivre alors que nous étions amis, nous étions comme des frères !

Les coups continuaient de pleuvoir sur ma figure, chaque impact m'arrachais un grognement de douleur. Cassie, impuissante, hurla de nouveau.

— Zack, tu n'as pas le droit de t'en prendre à lui ! J'ai accepté ! Laisse le tranquille !

Zack se tourna vers elle, riant ouvertement.

— Oh, Cassie, je tiens parole. Ce n'est pas moi qui m'en prends à lui.

Il fit un signe de tête à un de ses hommes, indiquant de mettre Cassie dans la même pièce que Célia. Cassie fut emmenée de force, se débattant jusqu'à la dernière seconde.

— Nate ! Tiens bon ! Cria-t-elle avant de disparaître derrière une porte.

Maintenant seul avec Nate, Zack s'approcha de lui, son sourire s'élargissant.

— Tu sais, Nate, c'est vraiment pathétique. Tout ce que tu as construit, toutes ces choses que tu as accomplies, je suis navré, mais je compte bien les détruire tout comme je vais le faire avec toi.

— Je ne savais pas que tu avais suivi la moindre actualité concernant ma vie, lançai-je en respirant avec difficulté, levant les yeux vers Zack. Sache que tu ne gagneras rien en faisant ça, Zack. Rien du tout !

Zack s'arrêta un instant, son expression changeant pour une fraction de seconde. Puis un sourire froid et calculateur apparu sur ses lèvres.

— Il ne s'agit pas de gagner quelque chose. Il s'agit de te faire comprendre ce que c'est que de perdre tout ce qui compte en un claquement de doigts.

Les hommes de Zack continuèrent à me frapper sans relâche, leurs poings s'abattant sur moi encore et encore. Je finis par avoir la bouche en sang, la tête baissée, incapable de résister davantage. Zack rôdait autour de moi tel un lion devant sa proie, un sourire sinistre aux lèvres, se délectant de la scène.

— Tu te souviens, Nate ? Tu te souviens de notre passé ? De tout ce qu'on a traversé ensemble ?

Je restai silencieux, mes yeux fixés sur le sol.

— Et puis tu as décidé de fauter, de m'abandonner, moi, ton meilleur ami ! Nous étions comme deux frères, Nate !

Zack se pencha vers moi, ses yeux perçants essayant de capter une réaction.

— Mais regarde où ça t'a mené. À genoux devant moi, tel un misérable. Tu aurais dû rester avec moi. On aurait pu être invincibles !

Soudain, je levai la tête, mes yeux brûlant de colère.

— Au moins, moi, j'ai avancé sur le bon chemin ! Je n'ai pas suivi la criminalité de nos pères !

Les hommes de Zack stoppèrent les coups à son ordre et sortirent de la pièce, me laissant seul avec lui. Il prit une chaise, la retourna et s'assit face à moi, un revolver à la main. En me regardant avec une expression mélangeant regret et fureur Zack m'interrogea.

— Sérieux mec, on était un duo de choc toi et moi, murmura-t-il. Pourquoi as-tu décidé de partir ? Tu savais déjà que j'étais une peine perdue ? Tu préférais cette Banel, hein ? Tu l'as toujours préféré d'ailleurs. Et te voilà aujourd'hui, tel un larbin, après dix ans à toujours être en contact avec Célia. Le grand Nate Jones n'a pas changé, à ce que je vois.

En le foudroyant du regard, les sourcils froncés, je crachai du sang avant de répondre.

— Tu aurais voulu quoi, Zack ? Que je te suive pour m'en prendre à des femmes, des hommes et des enfants ? À des innocents ? Tous ces gens que tu as blessés juste pour tenter de guérir cette douleur que tu ressens au fond de toi ? C'est ça, ton calmant ? Tuer des gens ? Je suis fier de t'avoir laissé. Je savais qu'en empruntant ce chemin avec Cobra, il n'y aurait rien de bon ! Je t'ai tant de fois prévenu, mais tu n'as pas voulu m'écouter ! Moi ! Ton meilleur ami ! Ton frère ! Ton seul allié dans cette galère que nous vivions ! Tu as préféré écouter un paria qui a embobiné nos pères ! Il a reproduit la même chose avec toi !

Zack posa alors le revolver sur mon front, ses yeux brûlant de rage.

— Tais-toi ! Je ne veux plus rien entendre de toi, murmura-t-il d'une voix froide.

Je refusai ainsi son ordre en m'exprimant ma rage en lui révélant la vérité.

— Eh oui, Cobra a embobiné nos pères, leur promettant succès sans faire la moindre victime. Mais le masque est tombé et ils ont payé pour les crimes de Cobra. T'a-il dit la vérité avant de mourrir de tes mains ?

Zack appuya le revolver sur mon front, sa main serrée sur la gâchette, me regardant comme s'il n'était pas au courant.

— Je n'y crois pas ! Quoi qu'il en soit, je l'ai tué. J'ai vengé nos pères et aujourd'hui tout le monde me craint. Je suis une version plus sinistre que Cobra ! Je me sens...

Je le regardai droit dans les yeux, défiant.

— Quoi ? Tu te sens comment, Zack, hein ? Puissant ? Invincible ? Et tu es fier de ça ? Ça te rend heureux de savoir que tu as ôté la vie à des gens ? Que tu as arraché des parents à des enfants ? Où est passé ton cœur ? Ton humanité ? Pas étonnant que ton père se soit suicidé.

Le visage de Zack se contracta de rage, ses yeux brûlant d'une colère presque incontrôlable. Malgré son expression, je ne pouvais calmer ma haine, je décidai alors de pousser Zack à bout.

— Que vas-tu faire maintenant, hein ? Me tuer aussi ? Mais vas-y, tue-moi, va jusqu'au bout ! Je ne suis pas sûr que tu te sentiras plus heureux après. Tu seras au même stade, seul, et je t'assure que la solitude, ça te ronge de l'intérieur pire qu'une balle en plein cœur.

Zack trembla, son revolver toujours appuyé contre mon front, son regard plongé dans le mien, brûlant de rage et d'incertitude. Il retira son revolver en regardant vers le bas, les mains tremblantes.

— Non, je n'y crois pas, mon père n'est pas mort ! Tu mens ! Comment aurais-tu pu le savoir ! Lui et le tien sont en train de pourrir en prison !

Je répliquai, mon regard ancré dans le sien.

— Je suis passé voir mon père, et il m'a révélé que le tien était mort de tristesse en voyant ce que tu étais devenu ! Alaric a eu honte de toi et a préféré la mort plutôt que de continuer à te voir ruiner ta vie !

Zack reposa son revolver entre mes deux yeux, en m'ordonnant de me taire. Il tremblait des larmes commençant à couler sur son visage. Il semblait rempli de regret et de peur. Je le regardai intensément.

— Tu n'as qu'une chose à faire, Zack. Appuie sur la détente et finis ce que tu as toujours rêvé de faire.

Zack trembla de plus en plus, fixant mes yeux, puis il commença à parler entre deux sanglots.

— Moi, tout ce que je voulais, c'était me sentir aimé, avoir l'amour de mon père. C'était mon modèle et il a préféré partir, s'éloigner de moi comme si j'étais un déchet. Je voulais juste qu'il voit que j'avais suivi ses traces, je voulais tant lui ressembler, être digne de lui. Et tout ce que j'ai reçu, c'est de la colère, de la solitude, de la rancune et de la haine ! Je souhaitais seulement de l'amour ! Que quelqu'un tienne à moi ! Et quand j'ai eu Cassie ! Toi, Nate Jones ! Tu t'es permis de me la retirer ! L'amour de ma vie ! Le seul amour vrai que j'ai eu dans ma vie ! Pourquoi tu m'as fait ça ?! Tu ne voulais pas mon bonheur ? Tu as Célia ! Alors pourquoi tu m'as pris ma blonde ?!

Je le regardai, essayant de répondre, puis je m'exclamai.

— Zack, je n'ai jamais demandé à Cassie de s'éloigner de toi. Elle a eu peur de toi à cause de tes actes ! À cause de ce que tu devenais ! C'est toi qui l'as perdue avec tes actes ! Personne n'est responsable à part toi ! Le destin a fait que l'on travaille au même endroit ! Mais moi, je t'aimais comme mon propre frère ! L'amour fraternel que j'avais pour toi a toujours été réel ! Je te protégeais ! Je te soutenais ! Mais je ne voulais pas que tu prennes cette voie de criminalité ! Le savoir m'a détruit, Zack ! Moi aussi, j'ai perdu un allié ! Je t'ai perdu et ça m'a détruit !

Zack replaça son pouce sur la gâchette, le regard embué de larmes. Je le fixai et murmurais en plongeant dans son regard rempli de doutes

— Termine l'histoire, Zack.

Il trembla, les larmes coulant librement. Soudain, on entendit un coup de feu. Et ce fut tout...


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