Chapitre 39 : Célia



J'entrai dans ma boutique, lorsque Lisa, m'aborda aussitôt avec curiosité, pointant du doigt la luxueuse voiture garée devant l'entrée.

— Bonjour Célia ! Sympa la voiture qui t'a déposé, j'espère que le chauffeur est aussi beau que le véhicule ? Demanda-t-elle avec un sourire complice.

Je pris une seconde pour réfléchir à une réponse convenable. Finalement, je choisis la simplicité.

— Oh, c'est juste un ami de Scott que j'ai rencontré et ce dernier m'a proposé de m'accompagner à la boutique, mentis-je avec assurance, espérant que Lisa n'irait pas chercher plus loin.

Elle sembla se contenter de cette explication et retourna à ses occupations. Je me rendis au comptoir pour entamer ma journée, mais mon téléphone sonna à ce moment-là. Je décrochai, m'attendant à entendre la voix familière de mon père de l'autre côté de la ligne.

— Papa, quel surpris !

— Ma chérie, comment vas-tu ?

— Je vais bien et toi, mais attend comment c'est possible que tu puisses m'appeler ? Tu es toujours à New-York ?

— Eh bien figure-toi que j'ai voulu te faire une petite surprise, en te faisant une petite visite ! Je suis sur Cannes !

— C'est vrai ? Je suis si contente ! Je serai à la boutique toute la journée, tu peux passer aujourd'hui, papa.

— Très bien, on se voit plus tard, ma puce.

Nous raccrochâmes après avoir convenu de nous retrouver plus tard dans la journée. Lisa me regarda avec curiosité. Ses yeux brillaient d'une lueur d'excitation et de surprise.

— C'était ton père ? Demanda-t-elle, sa voix empreinte de curiosité.

— Exactement, répondis-je, un léger sourire flottant sur mes lèvres. Il va passer à la boutique dans la journée.

Lisa parut ravie à cette idée. Je savais qu'elle avait souvent entendu parler de mes parents, surtout de ma relation avec mon père. J'avais toujours été proche de lui, malgré les tensions qui avaient éclaté lorsque ses responsabilités professionnelles avaient commencé à prendre le dessus sur sa vie familiale. Cela avait fini par mener au divorce de mes parents, ma mère préférant partir vivre à Los Angeles avec son nouveau mari. Aujourd'hui, mon père était seul, et je savais qu'il était important pour lui de maintenir le lien avec sa fille unique. Cette visite impromptue signifiait probablement beaucoup pour lui, tout comme pour moi. En rangeant mon téléphone dans l'une de mes poches de mon jeans, j'aperçus que Lisa était en pleine lecture d'un magazine people.

— Lisa ? Il serait peut-être temps de reprendre le travail ?

— Oui, oui, je lis juste un article.

— Quel est donc ce magazine ? Demandai-je en lui arrachant le magazine des mains.

— Mais ! Pestait Lisa en me foudroyant du regard.

— Attends, mais c'est Nate Jones et Cassie ?

— Oui et en première page en plus ! Indiquait Lisa en pointant du doigt la couverture.

— Elle est si belle dessus, murmurai-je.

— Sans oublier de la beauté de Nate Jones, mon futur époux, déclarait Lisa, un sourire aux lèvres. Cet homme devient plus beau de jour en jour, c'est impressionnant.

En écoutant les propos de Lisa, je ne pus m'empêcher de remarquer l'évidence de ses paroles, mais je chassai rapidement cette pensée de mon esprit, préférant me concentrer sur la journée qui s'annonçait. Je posai le magazine et me concentrais sur les tâches à faire avant d'accueillir notre clientèle.

Après une matinée fructueuse, nous décidâmes de prendre notre pause déjeuner dans un petit café à proximité de la boutique. Assises à une table, Lisa me partageait ses différents projets et ses rêves. Cependant, malgré mes efforts pour me concentrer sur la conversation, je ne pouvais m'empêcher de revenir à l'image de Nate souriant en une du magazine. Lisa, les rires des clients ou encore le brouhaha du café semblaient lointains pour moi, tandis que je me perdais dans mes pensées. Lisa, remarquant ma préoccupation posa tendrement sa main sur la mienne pour me ramener à la réalité.

— Célia ? Tu es ailleurs, ma belle. Tout va bien ? Demandait ma collègue avec un sourire encourageant.

— Oui, tout va bien. Je suis juste un peu distraite aujourd'hui, tu sais avec l'absence de Scott, c'est un peu dur à m'habituer encore, répondis-je essayant de cacher mes pensées troublées.

Après le déjeuner, nous regagnâmes la boutique en se remettant au travail. L'après-midi paraissait filer à toute vitesse entre les clients qui entraient et sortaient, les essayages et les conseils personnalisés. Alors que je me trouvais derrière le comptoir de la boutique, un mouvement au coin de mon œil attira mon attention. Levant les yeux, j'aperçus un homme d'une soixantaine d'années s'approcher lentement de notre magasin. Il portait un blouson en cuir, légèrement usé par le temps, qui lui conférait un air décontracté, mais élégant. Son visage, marqué par les années, dégageait une certaine bienveillance et une douceur apaisante. Ses cheveux poivre et sel encadraient un regard pétillant. Il s'agissait que de mon père. Ce dernier fit son entrée dans ma boutique. Son visage éclairé d'un sourire radieux, il se dirigea droit vers moi en me serrant dans ses bras.

— Ma fille, comme tu m'as manqué !

— Bonjour, papa ! Tout comme toi, cela me fait plaisir de te voir, ici ! Comment vas-tu ?

— C'était le but, ma chérie ! Je vais bien, merci, d'ailleurs, je vais même plus que bien !

— Ah bon ? Tu me diras la raison de ta bonne humeur, mais d'abord laisse-moi te présenter ma collègue, mais aussi ma meilleure amie, Lisa, déclarai-je en montrant de la main, ma collègue.

— Bonjour, monsieur Banel, votre fille m'a beaucoup parlé de vous ! S'exclamait Lisa en lui adressant une main tendue.

— Enchanté Lisa, répondit mon père, d'un sourire chaleureux.

Au même moment, deux clientes firent leurs entrées dans la boutique, je demandai gentiment à Lisa de s'en occuper. Seule face à mon père, je repris ma discussion avec ce dernier qui jetai un regard dans les quatre coins du magasin.

— Et donc, papa, qu'est-ce qui t'a rendu si heureux ? Le soleil du sud de la France, peut-être ?

— Oh, ça, oui ! Mais ce n'est pas du tout ça ! Je viens de déjeuner dans un restaurant au bout de la rue, je n'en ai pas les mots ! Tout est absolument divin ! La nourriture, le cadre, le service et puis le directeur qui gère cet établissement est un homme très courtois, chaleureux, professionnelle et très beau garçon. Tu dois sans doute le connaitre ?

Je lâchai un léger rire ironique avant de mettre ma main devant mes lèvres.

— Pourquoi rigoles-tu ? Je ne rigole pas, cet établissement est vraiment incroyable, je n'invente rien.

— Je sais bien, papa, je ne rigole pas pour ça. La cuisine de ce restaurant est divine, je suis d'accord avec toi, mais pour ce qui est du directeur, je ne suis pas très sûr de te rejoindre là-dessus.

— Pourquoi cela ? Il est très beau et il irait très bien avec toi ! Scott est très gentil, mais il ne sait pas cuisiner, c'est quand même important !

— Papa, ce n'est pas un défaut de ne pas savoir cuisiner, je l'aime malgré tout.

— Hum, je pense que tu fais erreur, ma fille, je te verrai beaucoup plus avec ce directeur, vous avez la même tranche d'âge.

— Crois-moi quand tu seras l'identité de ce dernier, tu n'y remettras plus un pied.

— Que veux-tu dire par là ? S'inquiétait mon père.

— Tu te souviens de William Jones ?

— Bien sûr que oui ! Comment veux-tu que j'oublie la plus grosse affaire que l'on m'a confié durant plus de trente ans de service ? Cette pourriture a eu la perpétuité grâce à moi ! Mais quel est le rapport avec ce brigand ?

— Eh bien, le directeur de ce restaurant est nul autre que son fils, Nate Jones...

Le visage de mon père se figea soudainement, son expression passant de la jovialité à la surprise, puis à une certaine méfiance. Ses yeux, habituellement pétillants, se durcirent légèrement, trahissant une réaction instinctive à l'annonce du nom de Nate Jones.

— Attends, tu parles de Nate Jones, son fils ?! Répéta-t-il d'une voix plus grave, presque teintée d'inquiétude.

— Oui, répondis-je, observant attentivement la réaction de mon père.

Un silence pesant s'installa entre nous. Mon père semblait submergé par ses pensées, comme s'il revivait en un instant toute l'affaire William Jones, avec ses conséquences.

— Je vois... murmura-t-il enfin, rompant le silence. Je suis surpris de le retrouver ici, à Cannes... Et surtout, je suppose que tu es en contact avec lui ? Il sait qui tu es ?

— C'est une longue histoire, papa, mais oui, il sait que je suis la fille de l'homme qui a mis son père derrière les barreaux, tentai-je d'expliquer, mais mon père leva la main pour me couper.

— Peu importe, ma chérie. Ce qui compte, c'est que tu sois prudente. Les liens avec cette famille... ne sont pas sans risques.

Son regard me fit comprendre toute l'ampleur de ses préoccupations. Je hochai doucement la tête, consciente des dangers, mais déterminée à ne pas laisser le passé dicter mon avenir.

— Ne t'en fais pas, papa, murmurai-je, lui adressant un sourire rassurant. Je sais ce que je fais.

Mon père acquiesça, mais je pouvais voir dans ses yeux une lueur d'inquiétude persistante. Je savais qu'il garderait un œil vigilant sur moi, comme il l'avait toujours fait, même à des milliers de kilomètres de distance. Alors que je parlais à mon père, mes yeux dérivaient par intermittence vers l'autre bout de la boutique où Lisa finalisait une vente avec deux clientes. Elles semblaient ravies de leurs achats, et je souris discrètement en voyant le professionnalisme de Lisa à l'œuvre. Cependant, je devais me concentrer sur la conversation avec mon père.

— Sinon, comment se déroule ton travail de commissaire à New York ? Demandai-je, cherchant à changer de sujet pour apaiser l'atmosphère tendue.

— Eh bien, ma chérie, ça ne va pas très bien, avoua-t-il avec lassitude dans la voix. Nous sommes sur la piste d'un criminel redoutable, d'ailleurs, il s'agit du fils d'un des complices de ce Will Jones.

— Mais de qui parles-tu ? Repris-je, sentant une boule se former dans ma gorge.

— Il se prénomme Zack, me dit-il d'une voix grave. Il a repris le flambeau de son père et de Jones, semant le chaos à travers plusieurs États. Destruction, meurtres, rien ne l'arrête. Ils sont des centaines à le suivre, cherchant vengeance. Je sais qu'ici, il ne t'arrivera rien, mais concernant ce Nate Jones, j'aimerais que tu sois prudente, en espérant que ce dernier ne soit pas en contact avec ce Zack, ajouta-t-il avec gravité, posant sa main sur la mienne. Ce délinquant et sa bande sont imprévisibles et extrêmement dangereux.

Je hochai lentement la tête, le cœur serré par la tension de la situation. Au fond de moi, une vague de choc m'envahissait. Zack, le meilleur ami de Nate au lycée, était-il réellement devenu une menace ? Je me rappelais de lui comme un jeune homme un peu perdu, en quête de repères et d'amour, mais jamais, je n'aurais pu imaginer qu'il puisse sombrer aussi profondément dans l'obscurité. La réalité de la situation me frappa de plein fouet. Je me sentais désemparée face à cette révélation. Je me demandais ce qui avait pu le pousser à emprunter cette voie sombre et destructrice. Mon cœur se serrait à la pensée de ce qu'il était devenu. Une pensée vint dans mon esprit, Nate était-il au courant pour Zack ? Et s'il l'ignorait ? Mais si, au contraire, il était resté en contact avec lui après toutes ces années ? L'idée que Nate puisse entretenir une relation, même indirecte, avec celui qui représentait maintenant une menace si sérieuse, me glaçait le sang. Il fallait que je parle à Nate, que je lui pose toutes ces questions qui tournoyaient dans ma tête. Surtout, je ne pouvais ignorer le lien entre Zack et Cassie et si cette dernière était toujours amoureuse de lui, comme je le suis pour Nate malgré toutes ces années. Mon cœur battait rapidement, une anxiété sourde grandissait en moi. Soudain, mon père posa sa main sur mon épaule, me ramenant à la réalité en me rappelant que j'avais une conversation importante à mener avec lui. Je hochai légèrement la tête, reconnaissant son geste, et me recentrai sur notre discussion.

— Tout va bien ma chérie ?

— Oh oui, j'étais juste dans mes pensées.

— Je vois, et toi sinon, comment te sens-tu ici à Cannes ? Tu sembles bien t'intégrer.

— Oui, ça va plutôt bien. Le soleil, la mer, le travail... Tout est plutôt agréable ici.

— Tant mieux. Et ta relation avec Scott, comment se passe-t-elle ?

— Bien, bien. Scott est un homme adorable, tu sais. Papa, pour combien de temps, tu séjournes sur Cannes ?

— Pourquoi cette question ? Tu en as déjà marre de ton vieux père ?

— Oh non, loin de là, mais disons que tenir une conversation au milieu de mon travail et des clientes, ce n'est pas l'idéal, que dis-tu de se voir demain, on pourrait déjeuner à la maison ensemble ?

— C'est une bonne idée ! On se dit à demain dans ce cas, j'ai été ravi de rencontrer ta collègue, à demain, ma chérie !

Après le départ de mon père, je pris une profonde inspiration pour me recentrer avant de me replonger dans mon rôle de responsable de boutique. Des clients entrèrent au même moment, et je m'occupai d'eux avec le sourire, essayant de ne pas laisser transparaître mes pensées tourmentées.

                                                                                                ***

Plus tard dans la soirée, alors que l'heure de la fermeture approcha, j'informai Lisa qu'elle pouvait partir plus tôt. Cette dernière sembla ravie de cette proposition et me souhaita un bon weekend avant de quitter la boutique. Une fois seule, je pris quelques instants pour ranger les derniers articles et fermer la caisse. Quant au même moment, la porte de la boutique s'ouvrit, laissant apparaitre Nate. À sa vue, mon cœur se réchauffa instantanément, et je ressentis une joie intérieure profonde, comme si sa présence était tout ce dont j'avais besoin à cet instant précis.

— Bonsoir Célia, je dérange ?

— Bonsoir Nate, je vais bientôt fermer, que me vaut cette visite ?

— Tant mieux dans ce cas, je souhaitai savoir si tu serais disponible ce soir pour diner en ma compagnie ?

— Eh bien, je n'ai rien de prévu ce soir, alors, j'accepte volontiers, lançai-je en lui offrant un léger sourire.

Je pris cette occasion pour accepter, sachant que cela me donnerait l'opportunité de lui parler de mes pensées. En plus, être avec Nate me faisait du bien.

— Très bien, alors je vais t'attendre.

— M'attendre, ici ? Dans ma boutique ?

— Oui, tu ne comptes pas me mettre à la porte, pas vrai ?

— J'en ai le pouvoir, mais si tu insistes, il faut que je passe un coup de balai, je te laisse le faire, il faut bien que tu serves à quelque chose, non ou est-ce une chose que tu délègues à tes employés ?

— Où se trouve ce balai ? Je suis le pro du nettoyage, lançait Nate enlevant sa veste de costume pour la poser sur le comptoir.

Je lui tendis le balai et Nate se mit à balayer dans les quatre coins de ma boutique en me lançant des regards furtifs pendant que je rangeai les derniers produits. Savoir que Nate était présent dans ma boutique me faisait tant plaisir. Je défilais sous ses yeux lorsque soudainement Nate posa le balai et m'attrapa le bras en me demandant de lui accorder une danse.

— Tu veux danser ? Ici ?

— Oui, pourquoi pas ?

— Mais Nate, il n'y a même pas de musique.

— Eh bien, tu as juste à imaginer la musique et je m'occupe du reste, s'il te plait, danse avec moi.

Je ne pouvais pas résister à l'envie de danser et encore moins à Nate, je le regardai avec amour et posais alors ma main sur son épaule tandis qu'il déposait la sienne sur ma taille. En plein milieu de ma boutique, nous dansâmes serrer l'un à l'autre. Puis il me fit tourner, imaginant que la musique devenait plus rythmée, ce qui me fit rire aux éclats. Dans un moment de répit, nous nous rapprochâmes à nouveau, nos regards échangés étaient chargés d'une intensité indéfinissable, comme si nous communiquions à travers le simple fait de se regarder en plongeant dans les yeux de l'autre. Nos lèvres étaient à quelques centimètres l'une de l'autre. Ce fut à ce moment que Nate décida de rompre notre rapprochement.

— Hum... Je pense qu'il est temps d'y aller, ça va être l'heure.

— L'heure ?

— Pour dîner.

— Je ne savais pas que tu étais à cheval sur les heures.

— Cela m'arrive, en effet, mais là où je t'emmène, il nous faut être à l'heure.

— Et puis-je savoir où tu m'emmènes ?

— C'est une surprise, qui, je l'espère te plaira, lançait Nate en se rapprochant de la sortie de la boutique.

Je fermai les portes de ma boutique, tandis que Nate m'attendait à l'extérieur, une lueur d'anticipation dans les yeux. Il m'ouvrit la portière de sa voiture avec un sourire charmeur. En roulant, je me rendis compte que Nate longeait la Croisette en direction du port de Cannes. Une fois la voiture garée près du port, un immense catamaran se trouvait devant nous, fièrement amarré. Nous nous avançâmes vers ce dernier, lorsqu'une équipe, nous accueillîmes chaleureusement sur le quai. Je fus surprise par cette attention, et sentis mon cœur s'emplir d'une joie alors que je montai sur le bateau guidé par Nate. Une fois à bord, ce dernier remercia l'équipe d'un geste et d'un sourire, ce qui m'intriguait de le voir si proche de cet équipage.

— De toutes les surprises possibles, je n'aurais jamais pensé à ça ! Tu as loué un catamaran pour moi ? Lançai-je en m'avançant vers le devant du bateau, en compagnie de Nate.

— C'était le mien, mais j'ai décidé de m'en séparer en le vendant à une agence de location. Mais je viens toujours l'utiliser quand j'en ai envie ou pour certaines occasions telles que ce soir.

— Oh, je vois, il est vachement beau ton catamaran.

— Il se prénomme L'Évidence tout comme mon restaurant.

— Tout est cohérent, je n'aurai jamais pensé ça de toi.

— J'aime t'impressionner, déclarait Nate en me tendant sa main. Viens, installe-toi, ici.

Je m'installai près de Nate tout en détournant le regard vers l'horizon, le bateau voguant sur les eaux calmes. Le crépuscule se transforma en un spectacle de couleurs éblouissantes alors que le soleil se couchait lentement. Nate me tendit un verre à pied, tout en me servant un verre de vin.

— C'est si beau, un verre de vin, un coucher de soleil, j'en oublie même la fatigue de la journée.

— C'est tranquille surtout, loin de l'agitation du centre-ville, s'exclamait Nate en admirant l'horizon. Je voulais vraiment quelque chose d'unique, car tu mérites qu'on s'investisse pour toi.

— C'est gentil, Nate, j'apprécie, murmurai-je timidement.

Nate m'offrit un léger sourire avant de détourner son regard vers l'arrière du bateau où une équipe s'activait en cuisine pour préparer un repas, tandis que d'autres membres de l'équipage veillaient à ce que tout se passe bien à bord. Une table se dressait tandis que nous discutions avec Nate entre deux bouchées. En quittant la table, nous nous installâmes l'un face à l'autre sur le catamaran, un silence paisible enveloppait notre conversation. Le vent jouait avec les mèches de mes cheveux, tandis que les reflets de la lune dansaient sur les vagues scintillantes. Nate brisa finalement le silence, sa voix douce comme un murmure dans la nuit.

— Célia..., murmurait Nate, cherchant les mots pour exprimer ce qu'il ressent.

Mais avant qu'il puisait poursuivre, je posais doucement ma main sur la sienne, lui offrant un sourire doux et rassurant.

— Nous n'avons pas besoin de mots, Nate. Je peux sentir ce que tu ressens, tout comme tu peux ressentir ce que je ressens. Ç'a toujours était ainsi entre nous, tu t'en souviens ?

— Oui, je sais bien, mais j'aimerais te parler de ces derniers jours, je sais que tu souhaites que l'on s'éloigne, ce que je respecte bien que j'ai du mal mais...

— Nate, je n'ai pas envie d'en parler, je veux juste profiter de l'instant présent en ta compagnie, évitons les sujets qui fâchent, surtout avec un tel contexte, tu veux bien ?

— Bien évidemment, je le conçois.

— Tu sais, ça me fait du bien d'être avec toi, de passer des moments avec toi, comme avant.

— Comment ça ? Que veux-tu dire ?

— Eh bien, ça me rappelle notre jeunesse, nous vivons toujours dans le secret, ce qui me plait, mais l'avantage que l'on a aujourd'hui c'est que nous n'avons plus besoin de se cacher pour passer du temps ensemble.

— Il est vrai bien que je dois continuer de mentir concernant Cassie, elle ne se doute de rien.

— Tu ne lui dis rien ? Moi qui pensais que tu étais proche d'elle.

— Elle est comme ma meilleure amie, mais il y a des choses dont je préfère être le seul au courant et j'imagine que tu ne dis rien également à Lisa ?

— Oh que non, je ne lui révèle rien, si elle apprendrait ça, je pense bien qu'elle m'en voudrait. Tu es son coup de cœur de Cannes, elle a d'yeux que pour toi.

— Il fut une époque où tu pensais exactement la même chose qu'elle.

— Qui te dit que je ne pense pas pareil qu'elle ?

Nate m'offrit un regard intriguant tout en rigolant silencieusement.

— Vous êtes un mystère, miss Banel.

— Comptez-vous relever le défi de résoudre ce mystère, mister Jones ?

— Le détective Jones compte bien aller au bout de cette enquête, avouait Nate sur le ton de la plaisanterie.

Alors qu'un léger silence s'installait entre nous, au milieu de notre conversation composé de rires et de regards complices, je sentis un élan irrésistible me poussant à me rapprocher de Nate. Mon cœur battait plus fort à mesure que je m'approchai de lui, mon souffle se mêlant au sien. Soudain, alors que j'étais sur le point de sceller ce moment d'intimité par un baiser, un spectacle magique s'offrit à nous. Un immense feu d'artifice illumina le ciel nocturne, éclatant de mille couleurs dans l'obscurité. Surprise, je me tournai vers Nate.

— Attends ! Non ! Ne me dis pas que c'est un coup de ta part ?!

— Peut-être, qui sait ? Rigolait Nate.

— Tu n'as pas osé ?! Mais c'est si beau, si merveilleux, si magique ! Je suis sûre que c'est toi !

— Ils s'entrainent pour la fête nationale.

— On est encore en mai, la fête nationale est le quatorze juillet, l'informai-je.

— Bon, c'est vrai, j'y suis pour quelque chose. Pour tout te dire, je souhaitai t'offrir une soirée magique, une soirée à la hauteur de mes sentiments pour toi.

Touchée par cette attention et surtout émue, je décidai de le remercier, mais également lui montrer mon affection d'une manière simple, en lui déposant un tendre baiser sur la joue. Mais Nate, ému par la sincérité et la douceur de mon geste, se laissa emporter par l'élan de son cœur et scella nos retrouvailles avec un baiser passionné. À cet instant, sous le ciel étoilé et les feux d'artifice, c'était comme si notre amour était en train de ressurgir au grand jour, ramenant la magie de ce dernier.

                                                                                             ***

À travers le clair de lune qui pénétrait dans la chambre, Nate me déposa délicatement sur son lit, comme s'il tenait entre ses mains le bien le plus précieux de l'univers Nos regards se croisèrent, chargés d'une passion intense et d'un amour incommensurable. Lentement, Nate se débarrassa de sa chemise, révélant son torse sculpté. Je défis les boutons de ma blouse, laissant entrevoir ma peau douce éclairée par la lueur du clair de lune. Nos gestes étaient remplis de tendresse et de désir, comme si nous étions connectés par un lien invisible, plus fort que tout ce que nous avions jamais connu.

Dans l'intimité de la chambre, nos corps s'entrelacèrent, nos souffles entremêlés, nos murmures doux étaient guidés par notre amour mutuel. Les soupirs de plaisir et les murmures doux emplissaient la pièce, tandis que nous nous perdîmes l'un dans l'autre, savourant chaque instant comme s'il était éternel. Et dans cette nuit d'amour et de passion, nous découvrîmes une nouvelle facette de notre lien, un lien si puissant, un lien indestructible, forgé par les épreuves de la vie et nourri par un amour qui défiait toutes les tempêtes, peu importe les années...

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