Chapitre 36 : Nate




La révélation de Cassie continuait de tourner dans ma tête alors que nous retournions sur Cannes le lendemain. Ses paroles résonnaient encore dans mon esprit, me laissant perplexe et troublé. Je n'arrivai pas à croire ce que j'avais entendu et j'étais profondément perturbé par la noirceur des actes de Zack. Une fois de retour, je pris le temps de déposer Cassie en l'aidant avec ses bagages jusqu'à son appartement pour ensuite prendre la direction de la maison. Mon esprit était en ébullition. Arrivé, j'ignorai les salutations de mon personnel et m'enferma dans mon bureau. Les allers-retours incessants dans la pièce témoignaient de mon agitation intérieure concernant les révélations sur mon ancien meilleur ami.

Je me retrouvai dans une situation délicate. Protéger Cassie était devenu ma priorité absolue. Après avoir contacté quelques-uns de mes contacts de confiance, je décidai d'assurer une sécurité renforcée pour elle. Dans un geste instinctif, j'ouvris un tiroir de mon bureau et en sortis un revolver. Mais dès que je le pris en main, une sensation de malaise m'envahit. C'était comme si je me regardais dans un miroir déformant, reflétant l'ombre de mon père, celui du criminel derrière les barreaux. Je reposai l'arme avec précaution, refusant d'embrasser cette facette sombre de moi-même. C'est alors qu'Henri fit son entrée dans le bureau. Je refermai rapidement le tiroir, ne voulant pas éveiller les soupçons de mon fidèle employé.

— Monsieur, je vous dérange ?

— Absolument pas, comment allez-vous Henri ?

— Bien, comment était votre soirée sur Paris ?

— Au top, j'ai remporté ce prix d'ailleurs, informai-je en pointant le trophée posé sur l'étagère proche de mon bureau. Apparemment, je serai l'homme le plus séduisant, d'après le public.

— Je vous félicite Nate ! Vous allez avoir la cote auprès de la gent féminine, j'imagine.

— Sûrement en tout cas plaire est la dernière de mes priorités, il faut que je me concentre sur les mails et que je reprenne mon rôle de directeur

— Très bien, dans ce cas, je vous laisse travailler, déclarait Henri avant de quitter mon bureau.

En consultant mes e-mails, je remarquai plusieurs messages provenant de la start-up de Scott. Ils m'informaient que mon équipe de communication et lui avaient entamé les premières démarches pour concrétiser l'implantation de mon restaurant. Savoir que Scott était à présent loin de Célia me fit sourire. Je me plongeai dans mes mails et traitai les différentes affaires en cours en prenant également le temps de contacter mes responsables en visioconférence pour discuter des avancées du projet. J'en profitai pour contacter Julia pour lui expliquer que je ne reviendrais pas travailler au restaurant avant quelques jours, car je travaillerai de chez moi en collaborant avec les responsables.

Arrivé à la fin de la journée, je décidai d'aller marcher le long de la Croisette et de pouvoir prendre un peu d'air frais. En passant sur le trottoir face à L'Orchidée, je croisai Célia refermant sa boutique. Je la regardai au loin s'en aller, et je me remémorai le fait qu'elle ne veuille plus avoir affaire à moi. Je devais respecter son choix. Mais en la revoyant, un souvenir en particulier me revint en mémoire : notre rencontre. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres avant que la réalité ne me rattrape. Je soupirai longuement puis décida de rentrer chez moi.

Les jours passèrent et je choisis de ne pas me rendre au restaurant, ce qui manqua à Cassie de ne plus me voir. Mais je préférai travailler depuis chez moi, espérant ainsi essayer d'oublier Célia en ne la revoyant pas pendant un moment. J'espérais qu'elle s'éloignerait de mes pensées, mais cela s'avérait extrêmement difficile. Dès que j'étais inactif, dès que je fermais les yeux, c'était elle que je voyais. J'essayai de prendre du temps pour moi, en me remettant au sport dans ma salle privée, en nageant dans ma piscine, ou en courant près de chez moi.

Après des semaines de travail acharné à la maison, je commençais enfin à ressentir un semblant de soulagement. Chaque jour, je me levais tôt pour m'entraîner dans ma salle de sport privée, puis je passais des heures à travailler sur les plans et les détails de mon futur restaurant. Le fait de rester occupé m'aidait à ne pas penser à Célia, du moins c'est ce que je me persuadais. Pourtant, malgré tous mes efforts pour la chasser de mes pensées, son visage hantait toujours mes rêves. Parfois, je me surprenais à me perdre dans des souvenirs de nous deux, des moments partagés durant notre adolescence, nos escapades nocturnes à travers la ville. Mais je m'efforçais de chasser ces pensées et de me concentrer sur le présent. Entre-temps, j'avais mis en place un système de sécurité pour protéger Cassie à distance. Avec l'aide de quelques contacts habitués à fréquenter le club de boxe de Kim, j'avais veillé à ce qu'elle soit en sécurité, même lorsque je n'étais pas physiquement présent pour la protéger.

Comme chaque jour, après une longue journée de travail, je quittai mon bureau et me dirigeai vers ma chambre, espérant trouver un peu de répit. Mais mon plan fut interrompu par un appel à la porte. Henri m'informa qu'une personne souhaitait me voir. En descendant les escaliers, je me laissai bercer par l'espoir que ce soit Cassie qui m'attendait. Cependant, à ma grande surprise, c'était Célia qui se tenait devant moi. Incrédule, je fixai ses yeux, laissant en quelques secondes l'intensité de mon amour passé s'exprimer à travers mon regard. Puis, comme un éclair, la réalité me rattrapa. Mes sourcils se froncèrent, remplis de confusion, tandis que je me demandais pourquoi elle était là, devant ma porte.

— Je peux savoir ce que tu fais là ? Questionnai-je en tenant la porte d'entrée.

— Nate... Il fallait que je te vois, cela fait un certain temps que je cherche à te voir.

— Et bien, tu m'as vu, à présent rentre chez toi, déclarai-je en refermant la porte.

— Attends, je t'en prie, je voulais te voir pour te remercier.

— Me remercier ? Rétorquai-je en retenant la porte. Pour quelle raison ?

— Pour la mention de notre boutique lors de la soirée de l'homme de l'année. Tu n'étais pas obligé et pourtant tu l'as fait, alors merci, car grâce à toi, on a beaucoup de clients que ce soit sur Paris ou ici à Cannes.

— Je t'en prie, c'est normal, avouai-je en hochant la tête. Entre voisins de la même rue, on doit s'épauler.

— Je sais que tu l'as fait pour une autre raison que le fait que l'on soit voisin de rue.

Sous sa remarque, je fis mine de ne pas comprendre son allusion. Au même moment, Henri se rapprocha de l'entrée.

— Monsieur, il serait peut-être préférable de la laisser entrer ? Une tempête approche.

Je jetai un regard interrogateur à Henri, mais finalement, je hochai la tête. C'était plus sage de laisser Célia à l'abri, même si sa présence était source de tension pour moi.

— D'accord, entre, mais juste pour attendre la fin de la tempête, annonçai-je avec réticence.

Célia esquissa un léger sourire de gratitude et entra timidement dans l'entrée. Je refermai la porte derrière elle. Célia entra prudemment, et ses yeux parcoururent chaque recoin du hall d'entrée avec émerveillement, s'attardant sur les riches décorations et l'ampleur des lieux. Tout en ne la lâchant pas du regard, cette dernière se retourna vers moi en m'annonçant à vive voix.

— C'est vraiment beau chez toi, on ressent beaucoup la richesse et le luxe surtout.

— J'imagine que je dois prendre ça comme un compliment ?

— Prends-le comme tu veux, à ce que je vois, tu as carrément un majordome, je t'ai sous-estimé.

— Écoute, si tu es venu pour critiquer, tu connais la sortie.

— Je suis désolée, avouait la blonde en baissant le regard.

— J'imagine que c'est Cassie qui t'a donné mon adresse ?

— En effet, je viens au restaurant tous les matins et en soirée et tu n'es jamais là.

— Exactement, je suis très occupé en ce moment et je travaille de chez moi.

— Tu es très occupé à me fuir ? Murmurait Célia en captant mon regard.

— Absolument pas, mais dois-je te rappeler que c'est toi qui souhaitais que l'on garde nos distances et tu as même voulu que nos rencontres soient uniquement professionnelles. Et te voilà, planté en plein milieu de mon séjour.

— Je sais ce que j'ai dit, je suis au courant, mais je pensais que...

— Tu pensais quoi Célia ?

— Je pensai que tu n'appliquerais pas mes souhaits aussi vite.

— Je ne fais que respecter ton choix et après tout, tu as raison, tu as Scott alors c'est déjà perdu d'avance, je me suis fait une raison.

— Hum

Après avoir laissé Célia dans la salle de séjour, je m'éloignai rapidement, espérant mettre fin à cette discussion. Mais avant que je ne puisse m'éloigner complètement, elle lança un compliment sur mon prix d'homme le plus séduisant. Je me contentai de lui adresser un bref hochement de tête en signe de reconnaissance, puis je poursuivis mon chemin vers l'étage. En montant les escaliers, je tombai face à Henri, j'en profitai pour lui demander de servir un verre à Célia et de rester avec elle. Mon majordome acquiesça et descendit les escaliers pour rejoindre le séjour. Une fois dans mon bureau, je m'assis en me tournant face à la fenêtre, observant les éclairs illuminer le ciel assombri. Ce dernier était chargé de nuages sombres et menaçants, prêt à éclater à tout moment. C'était comme si la nature elle-même reflétait mon état émotionnel.

Après quelques heures de travail intense dans mon bureau, je décidai de faire une pause. En regardant à nouveau par la fenêtre, je constatai que la pluie s'était intensifiée, accompagnée d'un vent violent qui faisait claquer les volets. En descendant, j'entendis le bruit des verres provenant de la cuisine. Curieux, je m'approchai silencieusement et découvris Henri et Célia en train d'essuyer des verres ensemble, engagés dans une conversation animée et ponctuée de rires. Je décidai de rester à l'écart, les observants discrètement tout en écoutant leurs échanges.

Alors que j'écoutais Henri parler à Célia, j'entendis des mots surprenants.

— Vous savez, Nate est peut-être grognon, mais il n'est pas méchant. J'ignore qui vous êtes pour lui, mais il vous apprécie. Cela se ressent dans son regard et sa façon de se comporter à votre égard.

— Comment pouvez-vous en être sûr ?

— Eh bien, parce qu'il vous regarde de la même manière que si vous étiez un diamant, comme si vous étiez unique à ses yeux.

— En espérant que ce soit vrai, vous savez Nate et moi, on se connait depuis très longtemps, depuis le lycée pour tout vous dire. Avec Cassie, nous étions de bonnes connaissances autrefois.

Les paroles de Célia sur notre longue connaissance depuis le lycée et sur notre ancienne amitié avec Cassie me firent sourire ironiquement. Après quelques secondes, je fis une entrée silencieuse, rompant le bref échange entre Henri et Célia. Alors que mon majordome terminait de ranger les derniers verres, je le retins avant qu'il ne parte, attrapant ses mots sages comme une bouée dans l'océan de mes pensées. Il me glissa un conseil à propos de Célia, suggérant que je saisisse l'instant présent avec elle, car demain est incertain. Une fois Henri parti, la maison sembla soudainement plus vaste, plus silencieuse, et je réalisai que j'étais à présent seul avec Célia. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. En revenant dans la salle de séjour, faisant face à mon ex, je m'avançais sous ses yeux afin de me rapprocher des baies vitrées où je remarquai l'intensification de la pluie et les grondements des orages. D'un ton calme, mais ferme, je déclarai à Célia se trouvant derrière mon dos.

— C'est trop risqué que tu prennes la route avec cette pluie et vu l'heure tardive, il est préférable que tu restes ici. Passe la nuit ici et tu t'en iras demain matin, lançai-je avant de me retourner face à Célia.

— Je ne veux pas te déranger, peu importe l'heure, je peux rentrer.

— Ce n'était pas une question, tu restes ici, on se déteste peut-être, mais je ne souhaite tout de même pas ta perte. Conduire sous les grands arbres qui arborent la route, c'est assez risqué surtout sous les orages.

— Tu as peut-être raison, mais...

— Mais je te rassure, tu ne dormiras pas avec moi, je l'ai bien compris ça. Suis-moi, je vais te donner une chambre.

Célia acquiesçait et me suivit à l'étage dans lequel j'ouvris un porte à proximité de la mienne. Je la laissais entrer dans un espace accueillant, décoré avec simplicité et élégance. Les murs étaient d'une teinte apaisante, éclairés par la lueur douce d'une lampe posée sur la table de chevet. Je lui indiquai également que la chambre comprenait une salle de bain équipée de tout le nécessaire, puis je lui remis des draps propres pour son lit.

— Voici ta chambre pour la nuit, ai-je dit d'une voix douce, essayant de paraître aussi accueillant que possible malgré la situation tendue entre nous. Si tu as besoin de quelque chose, je serai juste à côté.

— Merci beaucoup, Nate.

— Je t'en prie, murmurai-je avant de quitter la chambre.

— Nate ?

— Oui ? Rétorquai-je en me retournant.

— Pourquoi tu as une autre chambre si tu vis seul ?

— Pour tout te dire, j'en ai deux autres encore. Et pour répondre à ta question, je les ai dans l'espoir d'avoir une famille plus tard. Je me suis imaginé que ce serait sympa d'avoir des enfants et de les loger ici, un par chambre. Mais aujourd'hui cette idée est lointaine désormais.

— Hum, je comprends...

Je jetai un léger coup d'œil sur Célia, remarquant son expression de compréhension. Elle avait saisi que j'avais fait une allusion à une vie que je n'aurais jamais avec elle. Cette réalisation imprégnait l'air d'une tension silencieuse, renforçant le fossé entre nous.

— Bon, je te laisse t'installer, murmurai-je en fermant la porte derrière moi.

Je regagnai ma chambre, me déshabillai et pris une douche rapide. Je me glissai dans un simple tee-shirt blanc et enfilai un short de pyjama noir. Alors que je m'installais dans mon lit, mes pensées se tournèrent inévitablement vers Célia se trouvant dans l'autre pièce. Tandis que je me glissais sous les couvertures, je sentis un poids sur mon cœur, une douleur lancinante qui me rappelait que malgré tous mes efforts pour l'oublier. Célia restait gravée dans mon esprit, indélébile comme une empreinte sur mon âme.

Je plongeai dans un sommeil agité, assailli par des cauchemars dans lesquels je voyais Zack surgir à Cannes, semant le chaos et la violence sur son passage. Je revivais la terreur de voir mon ami devenir une menace pour moi et pour mes proches. Ma transpiration perlait sur mon front, mes cris étouffés résonnaient dans la pièce alors que je me débattais dans mon sommeil. Soudain, un grondement sourd me tira des profondeurs de mon cauchemar, me ramenant brutalement à la réalité. J'ouvris les yeux pour découvrir la silhouette de Célia se tenant à la porte de ma chambre, une lueur d'inquiétude dans le regard.

— Nate, est-ce que ça va ? J'ai entendu des cris, déclarait Célia d'une voix douce empreinte de préoccupation.

Je me redressai sur mon lit, essuyant la sueur de mon front.

— Tout va bien, juste un mauvais rêve, répondis-je en essayant de dissimuler ma gêne.

Célia hocha lentement la tête, mais son regard trahissait une inquiétude persistante.

— Je vois.

— Est-ce que c'est la seule raison de ta présence dans ma chambre ?

— Pour tout te dire, non. Les orages me font toujours peur, ajouta-t-elle avec un soupir.

Son aveu me toucha, et je sentis naître en moi un élan de compassion pour elle.

— Viens, lui dis-je doucement. Tu peux rester ici avec moi, ça te rassurera peut-être.

Elle me regarda un instant, puis hocha la tête avec un léger sourire de gratitude. Je fis de la place sur le lit et elle vint se blottir à mes côtés, trouvant un réconfort dans notre proximité alors que la tempête faisait rage à l'extérieur. Après un moment, elle murmura d'une voix empreinte de préoccupation.

— Est-ce que je suis la raison de tes cauchemars, Nate ?

Je sentis un pincement au cœur à sa question, mais je ne voulais pas lui avouer la vérité sur mes tourments intérieurs, sur Zack et sur les conséquences de nos erreurs passées.

— Non, Célia, tu n'es pas la raison de mes cauchemars, lui assurai-je lentement. Ne t'inquiète pas pour ça.

Elle sembla se détendre légèrement à mes paroles, mais je savais que son inquiétude persisterait davantage malgré mes propos. Quelques secondes plus tard, elle me demanda d'une voix presque timide.

— Est-ce que tu fais toujours des cauchemars comme ça ?

Je déglutis avec difficulté, sentant le poids de mes tourments intérieurs s'alourdir à chaque instant.

— Depuis mon arrivée en France, j'en fais, avouai-je avec réticence. Parfois, je revis la même scène encore et encore, et à chaque réveil, c'est comme si c'était encore pire.

Je fis allusion à notre passé commun, et surtout à l'erreur que j'avais commise à son sujet. Célia comprit immédiatement à quoi je faisais référence, et je sentis une vague de compréhension passer entre nous dans l'obscurité de la nuit. Sans m'y attendre, je sentis sa main douce caresser mon torse, comme si elle cherchait à apaiser mes tourments intérieurs. Cette douceur inattendue me réconforta. Sans un mot, je glissai mes doigts dans ses cheveux, les caressant avec tendresse, et je déposai un baiser léger sur son front.

— Ne parlons pas de sujets qui fâchent, murmurai-je doucement. Repose-toi, et ne t'en fais pas pour l'orage. Je suis là, et je veille sur toi.

— Merci beaucoup, Nate...

Célia sembla se détendre davantage à mes paroles, et petit à petit, je sentis son souffle régulier se mêler au mien. Alors qu'elle s'endormait paisiblement sous mes caresses, un sentiment profond de protection m'envahit à nouveau, et je pris la résolution silencieuse de veiller sur elle, quoi qu'il advienne.

Le lendemain, je me levai délicatement de mon lit, veillant à ne pas réveiller Célia qui dormait paisiblement. Une fois debout, je me glissai près d'elle, caressant tendrement sa joue et remontant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle paraissait si calme, si paisible dans son sommeil. Je la couvris soigneusement, veillant à ce qu'elle reste confortablement installée.

Après une douche rapide, je m'habillai pour la journée à venir. Une chemise blanche que je pris le soin de retrousser aux manches pour plus de décontraction. En descendant au rez-de-chaussée, je me mis à préparer un somptueux buffet de petit déjeuner, pensant à ce que Célia pourrait apprécier. Des fruits frais coupés, des tartines croustillantes, des pancakes moelleux, des œufs brouillés parfaitement assaisonnés, des céréales variées... Je voulais qu'elle se sente chez elle, choyée et bienvenue.

Dans cette ambiance matinale, je repensai à la nuit que nous avions partagée. Sentir Célia endormie contre moi, sa respiration calme et régulière, avait apaisé une part de mon âme tourmentée due à mes cauchemars. C'était étrange, mais agréable de la savoir si proche, si confiante en ma présence. Je me surpris à sourire en repensant à ces instants de complicité et d'intimité que nous avions partagés. Alors que je m'occupais du buffet, Henri fit son apparition dans la cuisine.

— Bonjour Nate ! Comment allez-vous en ce samedi ?

— Bien et vous, Henri ? Vous avez pu fermer l'œil malgré cette tempête ?

— Oh et bien, il m'en faut beaucoup plus pour troubler mon sommeil.

— Je m'en doute, après tout, vous avez connu la guerre et les bombardements, une petite tempête ne devrait pas vous embêter plus que ça.

— Exactement monsieur autrement, dois-je demander à votre personnel que le ménage soit fait dans votre chambre ?

— Pas tout de suite, Célia s'y trouve et dort paisiblement, je ne voudrais pas qu'on la dérange.

— Bien, monsieur, déclarait Henri d'un sourire en coin.

— Henri, je vois votre sourire en coin et je sais ce que vous êtes en train de penser, effacer votre pensée pour moi, car il ne s'est rien passé, répondis-je d'un sourire, en prenant une tasse de café pour accompagner notre conversation.

Henri hocha la tête en signe de compréhension pendant que je m'éloignais pour rejoindre mon jardin. La fraîcheur du matin et les premiers rayons de soleil me saluèrent alors que je me promenais dans mes parterres de fleurs, observant avec satisfaction le travail de mon jardinier qui arrosait les plantes avec soin. Pendant que mon jardinier prit un instant pour s'éloigner des parterres, je me penchai pour m'en occuper à mon tour. Je me replongeais dans les souvenirs d'enfance où mon père, passionné de jardinage, prenait soin de ces mêmes parterres. C'était une passion qu'il partageait avec ma mère, et la simple vue de ces fleurs égayait ses journées.

En sentant une présence derrière mon dos, je me relevai pour apercevoir Célia se trouvant à mes côtés, son sourire illuminant la matinée. Ses yeux pétillèrent en découvrant les fleurs, et je pus voir dans son regard une lueur de nostalgie. Elle était surement en train de se rappeler des souvenirs que j'avais pu lui partager autrefois sur mon père qui entretenait ces mêmes parterres, avant que le destin ne nous sépare et ne le conduise sur un chemin sombre.

— Je n'imaginais pas que tu avais la main verte, Nate, lança-t-elle avec un sourire radieux.

— C'est sûrement dans mes gènes, répondis-je, levant les yeux vers elle. Mon père avait cette passion, alors je pense qu'il me l'a transmise. Il disait toujours que les fleurs rendraient heureuse n'importe quelle femme.

Célia acquiesça, ses yeux se perdant dans les couleurs vives des pétales. Un sourire éclaira son visage lorsque nos regards se croisèrent.

— Et il avait raison. Même si j'ai une préférence pour les...

— Les roses rouges.

— Exactement, je vois que tu n'as pas oublié ça.

— Ce genre de chose ne s'oublie pas, affirmai-je en m'avançant vers la maison.

Tout en revenant vers la terrasse, je lui demandai en la regardant.

— As-tu bien dormi et pris un bon petit déjeuner ce matin ?

— J'ai bien dormi, mais Nate, il y avait beaucoup trop de choses pour moi seule au petit déjeuner, répondit-elle avec un léger rire.

— J'ignorai ce qu'avait envie ton petit estomac, alors j'ai voulu te faire plaisir avec un petit buffet à volonté, lançai-je en prenant une pomme verte en main.

— Je vois ça, tu ne fais pas les choses à moitié, mais tu sais une pomme et un jus d'orange frais m'aurait suffi, rigolait Célia à vive voix.

Après avoir échangé quelques mots, nous nous dirigeâmes vers la terrasse pour déguster notre petit-déjeuner. Le soleil matinal baignait la terrasse d'une lumière douce, durant le repas, je ne pus empêcher d'observer Célia, appréciant chaque détail de son visage alors qu'elle savourait son petit déjeuner. Comme durant notre nuit, je me sentais étrangement calme en sa présence, comme si une partie de moi avait à nouveau trouvé refuge en elle. Après avoir terminé de manger, je me levai pour débarrasser la table, proposant à Célia de la ramener au centre-ville, ce que cette dernière accepta avec enthousiasme. Nous nous dirigeâmes vers le garage auquel Célia fut impressionnée par ma collection de voitures de luxe. Cependant, au fond du garage, une de mes voitures était dissimulée sous une bâche. Intriguée, Célia demanda ce qui se cachait en dessous. Je ne souhaitai pas en parler davantage et tentai de détourner son attention, mais Célia était déjà en train de tirer sur la bâche pour découvrir la voiture cachée. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et de nostalgie en reconnaissant la silhouette familière de ma Mustang Shelby, la même que je possédais au lycée. Des souvenirs affluèrent dans son esprit, évoquant tous nos moments passés à bord de cette voiture emblématique. Elle se retourna vers moi, l'air étonné, et me demanda comment cette voiture pouvait se retrouver ici. Je lui adressai un sourire en coin, dévoilant le mystère qui entourait la présence de la Mustang dans mon garage.

— Nate... Comment c'est possible que cette voiture soit devant moi ? Est-ce que c'est la Mustang que tu avais autrefois ?

— Exactement, ma Mustang Shelby datant de mille neuf cent soixante-sept, appartenant à Talya Jones, tu veux plus de détails ?

— Mais comment tu as fait ? Tu es retournée la chercher ?

— Eh bien avant de quitter mon appartement aux États-Unis, j'avais demandé à ma voisine de palier de garder les clés du logement ainsi que ma voiture se trouvant dans le garage souterrain. Et puis je suis parti et quelques années plus tard, la Mustang m'a été livré devant mon restaurant accompagné de trousseau de clés. J'ai donc compris que la dame en question était décédée et un de ses souhaits étaient de me rendre ce qui m'appartenait. J'ai ainsi mis en vente mon appartement et j'ai gardé la voiture bâchée. Je ne l'ai jamais encore conduite, ici.

— Je comprends mieux dans ce cas, cette voiture me rappelle beaucoup de souvenirs.

— Et moi donc, affirmai-je en posant ma main sur le toit du véhicule. Dont certains que je n'oublierai jamais.

— Tu parles de toutes nos parties de jambes en l'air ?

— En partie, confirmai-je, d'un ton assuré, jetant à Célia un regard rempli de désir, un sourire taquin aux lèvres. Enfin, tout ça, c'est derrière nous, je préfère la laisser cacher ici.

— Oui, je comprends, du coup, tu souhaites qu'on prenne quelle voiture ?

— Nous allons prendre celle-ci, dis-je en désignant une de mes favorites, l'Aston Martin DB11 de couleurs grise.

— Je vois que le luxe coules dans tes veines à présent.

— Est-ce un reproche ?

— Du tout, ça me plait, tu me laisserais la conduire ?

La tension entre elle et moi était palpable, chaque mot, chaque regard chargé d'une électricité qui semblait s'intensifier à chaque instant.

— Je pourrais conduire, tu sais, chuchota Célia d'une voix douce suivie d'un sourire joueur étirant ses lèvres.

Je sentis mon cœur s'accélérer légèrement à la proximité de Célia, mais j'ignorai son jeu de charme, je ne voulais pas y céder aussi facilement et répondis-je d'une voix calme, mais ferme.

— Non, tu ne la conduiras pas, tu peux encore rêver, ricanai-je légèrement, plongeant mes yeux dans ceux de Célia, sachant pertinemment où elle voulait en venir.

Célia se rapprocha encore, son souffle chaud caressant ma peau.

— Un essai, juste un petit essai, insista-t-elle, sa voix empreinte de malice.

Il m'était alors impossible de lui résister plus longtemps, je sentis une bouffée de désir monter en moi, mais en baissant le regard, j'en profitai pour me ressaisir rapidement. Il fallait que je reste maître de la situation, ainsi, je murmurai doucement à l'oreille de Célia.

— Non, répétai-je, essayant de masquer l'effet qu'elle avait sur moi, sachant que je ne pouvais pas me laisser entraîner dans cette tentation face à la réalité.

Mon pouls s'accélérera, la proximité de Célia faisait naître en moi un désir que je peinais à contenir. Je me rapprochai de ses lèvres à mon tour, plongeant mon regard dans le sien, et chuchota.

— Tu sais que tu joues avec le feu là.

Célia me regarda intensément, un sourire taquin aux lèvres.

— Je le sais bien, et je sais que ça te plaît, répondit-elle d'une voix suave, son souffle caressant ma peau.

Un sourire étira mes lèvres alors que je rétorquai

— Ce n'est pas très professionnel d'arriver en retard à ton travail, je doute qu'Horace apprécierait de connaitre les horaires tardifs de son employée.

Elle se recula légèrement, un peu décontenancée par ma remarque, avant de s'installer dans la voiture, sourcils froncés. Tandis que je la rejoignis à l'intérieur, elle me fit une remarque.

— À ce que je vois, tu gâches toujours les bons moments, soupirait la blonde avant de reconcentrer son attention vers moi.

— Si j'avais cédé à la tentation, dans quelques jours, tu me l'aurais reproché, comme tu l'as fait avec nos nuits intimes récemment.

— Hum... Je pense qu'il est temps que je m'en aille...

— Très bien, on s'en va.

Sur la route, un silence s'installa entre nous, laissant nos plus néfastes pensées prendre possession de nos esprits. Après quelques minutes, nous regagnâmes le centre-ville de Cannes, je me garai près de la boutique de Célia et coupais le contact. Le moment de se quitter était venue, et je sentis un pincement au cœur à cette idée. Célia me remercia et s'apprêta à ouvrir la portière, quant à moi, je la regardais toujours, comme si elle était une œuvre d'art en la scrutant dans le détail prés.

Avant qu'elle ne puisse sortir, elle se retourna brusquement et m'embrassa. Surpris, je restai figé un instant, puis je demandai d'une voix légèrement rauque.

— Pourquoi ce baiser ?

Célia répondit avec un sourire malicieux.

— Pour te remercier pour l'hospitalité et... Et de tout le reste.

Je restai un moment silencieux, le regard fixé sur la silhouette de Célia qui s'éloignait en m'offrant un sourire en coin. Je pris conscience que ces dernières heures en sa compagnie m'avait fait me sentir étrangement vivant, comme si je venais de vivre un moment hors du temps...

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