Chapitre 29 : Célia
Il se tenait dos à moi, lui, cet homme qui était autrefois tout pour moi ; cet homme qui autrefois avait su éclairer chaque recoin sombre de mon existence. Lui qui représentait la passion, l'aventure, le désir. Lui qui était le feu qui brûlait dans mon cœur, l'étoile qui guidait mes pas dans l'obscurité. Cet homme qui auparavant avait su capturer mon âme avec un simple regard, qui avait su réveiller en moi des sentiments que je croyais endormis. Il était celui avec qui j'avais partagé mes rêves les plus fous, mes espoirs les plus profonds. Il était celui avec qui j'avais ri, pleuré et vécu chaque instant comme si c'était le dernier. Et maintenant, le voici devant moi, dix ans plus tard, dans toute sa splendeur, rappelant à quel point notre histoire était intense, bouleversante, inoubliable. Cette silhouette qui jadis avait été mon amour, mon ami, mon confident. Il était là, à portée de voix, mais si loin en même temps, comme un souvenir lointain qui refuse de s'effacer.
Après les quelques mots énoncés, ces derniers raisonnèrent tel un écho, pas une seule réponse venant de Nate. Bien décidé à avoir une discussion avec lui, je repris la parole.
— Comment c'est possible que ce soit toi ? Après tout ce temps.
Nate s'exclamait sous un ton empreint d'ironie.
— À vrai dire, je me demandais en combien de temps, tu comptais percer ce mystère et deviner que c'était moi depuis le début.
Sa voix grave portait une touche de sarcasme, comme s'il trouvait la situation amusante, voire prévisible.
— Peux-tu me dire comment c'est possible de te revoir après tout ce temps ? Je te pensai...
— Mort ? Tu as raison dans le sens où la version du Nate que j'étais autrefois a totalement disparu. Mais je ne suis pas mort pour autant, puisque je suis devant toi, lançait ce dernier en se tournant face à moi.
Nate se retourna lentement, révélant sa silhouette élancée et puissante à la lumière ambiante. Je le détaillai du regard, absorbant chaque trait de son apparence avec une intensité presque palpable. Il était là, devant moi, son regard perçant captivant mon attention. Ses épaules larges et sa stature imposante dégageaient une aura de confiance et de détermination. Son visage, ciselé par les années, reflétait une maturité. Ses yeux, d'un bleu profond et pénétrant, semblaient sonder mon âme à nouveau. Son sourire, en coin, exprimait une assurance tranquille, comme s'il savait qu'il avait le contrôle de la situation. Je ne pouvais m'empêcher d'être captivée par sa présence, par cette aura magnétique qui l'entourait. Je le trouvais à la fois intimidant et fascinant, incapable de détourner mon regard de lui. Nate, quant à lui, paraissait conscient de l'effet qu'il avait sur moi, mais il ne faisait rien pour dissimuler son charisme naturel. Il restait là, impassible, me laissant me perdre dans mes pensées. Je n'arrivai pas à me rendre compte que Nate était bel et bien devant moi après tout ce temps d'absence, mes jambes paraissaient agir indépendamment de ma volonté, me rapprochant lentement de lui, attirée comme un aimant. Je m'approchai de son regard, plongeant une fois de plus dans ses yeux comme je le faisais autrefois.
Nate ne réagissait pas à mon rapprochement. Au contraire, il plongea son regard dans le mien avec une intensité égale, comme s'il avait attendu ce moment depuis toujours. Je posai ma main sur sa joue, effleurant sa barbe si bien taillée avec tendresse. Dans son regard si profond, je sentais toute la charge émotionnelle de nos années d'absence, des souvenirs enfouis qui remontaient à la surface. Cependant, réalisant soudainement la réalité de la situation, je décidai de reculer, mettant ainsi fin à ce moment.
— Je suis désolée, je pense que c'est mieux que je parte.
— Pourquoi être venu me voir si tu souhaites à nouveau partir ?
— J'ai imaginé cette rencontre tant de fois, Nate, je l'ai tant scénarisé dans ma tête pour la vivre enfin et je n'ai rien à te dire. J'ai tant de questions, mais rien ne sort. Je n'arrive toujours pas à croire que tu es là devant moi, après tout ce temps...
— Je sais, c'est un sacré poids, mais...
— Mais tu étais au courant et tu n'as pas eu envie de me révéler ta véritable identité ?
— À quoi bon ? Tu l'aurais appris tôt ou tard et puis ça n'aurait rien changé, non ?
— Bien sûr que si ç'aurait tout changé ! Comment peux-tu dire ça ?
— Je doute de cela, après tout, tu as tourné la page et fermer le livre de notre histoire. Te voilà responsable de boutique de prêt-à-porter et fiancée. Je vois que tu n'as pas perdu de temps, Célia.
— Comment oses-tu me dire ça ?! Cela fait plus de dix ans maintenant ! Tu pensais réellement que j'allais rester à t'attendre ? À attendre que tu reviennes dans ma vie ?! Comment tu peux tenir de tels propos alors que tu m'as abandonné sans même me laisser un mot ! Sans même un message de ta part ! Tu n'as pas le droit de dire que j'ai tourné la page alors que c'est toi qui as décidé de partir le premier !
— Et qui a fauté en premier ?
— Donc tu es encore sur ça ? Même dix ans plus tard, tu veux jouer à ce jeu tel un enfant ?
— Oh non, je te rassure, je suis bien passé à autre chose, laissant cette histoire à sa place dans le passé, lançait Nate en posant des couverts tout en ne me lâchant pas du regard.
— Je vois ça, aujourd'hui, tu n'es en rien le Nate que j'ai connu, tu es quelqu'un d'influent, de riche et de puissant à ce que je vois tout le monde rêve d'être à ta place.
— Je suis peut-être sur toutes les lèvres, mais tout cela, je le dois uniquement à mon travail, tout arrive à ceux qui en ont envie.
— Il y a un truc que je ne comprends pas, comment c'est possible que Cassie, ma meilleure amie, travaille avec toi ? Cela semble irréel, autrefois vous vous détestiez.
— Ta meilleure amie ? Je doute que tu puisses encore utiliser ce titre pour la qualifier. Cassie et moi avons surmonté nos différences. Nous avons appris à travailler ensemble, à nous respecter mutuellement. Nous avons tous les deux grandi depuis. Aujourd'hui Cassie est une femme que j'apprécie.
— Je suis désolée, je sais bien que je n'ai plus à dire qu'il s'agit de ma meilleure amie, puisque...
— Parce que tu as laissé ta meilleure amie comme tu le dis, tu as laissé celle qui avait toujours était là depuis votre enfance, tu as abandonné la fille qui était ton quotidien, ton soutien, tu sais tes excuses ne suffisent pas à effacer toutes ces années de silence. Tu l'as laissée seule, elle n'a jamais compris pourquoi tu avais disparu de sa vie...
— J'ai peut-être fait une grosse erreur avec elle, mais attends une minute, Nate. Tu parles de l'abandon, mais tu as fait exactement la même chose. Tu as disparu sans un mot, sans laisser de trace pendant toutes ces années. Pourquoi ne pas m'avoir laissé une note ? Pourquoi être simplement parti du pays ? Tu sais dans quel état j'étais après ton départ ? J'étais anéantie, plus bas que terre, le garçon que j'aimais plus que ma propre raison de vivre venait de disparaitre à jamais et je n'avais plus aucun moyen de le contacter, tu ne sais pas quelle douleur tu as pu m'infliger !
— Célia...
— Non Nate, laisse-moi parler, j'ai certainement fait du mal à Cassie en l'abandonnant, mais cela ne rend pas ta disparition moins douloureuse pour moi. Tu m'as blessée, Nate, tout comme j'ai blessé Cassie. Et maintenant, nous devons tous les deux vivre avec les conséquences de nos actions.
Sur ces mots chargés de frustration et de regret, un silence tendu s'installa entre nous, chaque mot pesant comme un fardeau sur nos épaules. Nate décida de rompre ce silence.
— Ma première pensée en arrivant à Paris fut mon erreur en ne te laissant pas même un message sur l'endroit où je me rendais. Je savais que je n'étais pas quelqu'un pour toi, Célia.
— Donc tu as décidé à ma place ce qui était bon pour moi ? Nate, je ne pourrai jamais te pardonner cette absence que tu m'as obligé à vivre.
— Je comprends, mais je vois uniquement les résultats de cette absence, aujourd'hui, tu as l'air d'être heureuse et c'est ce qui dégage de ta personne.
— Tout comme toi, je doute que tu puisses être malheureux avec la situation que tu as Nate, tu es connu jusqu'à être dans des publicités de parfums, le fils du délinquant a bien évolué à ce que je vois. Je crois, c'est mieux que je m'en aille, j'ai mes réponses désormais.
— Très bien, moi qui pensai que tu étais venu pour prendre ton dessert.
Nate ne me lâcha pas du regard, ses yeux semblaient transmettre des messages silencieux. Chaque regard était chargé d'une intensité troublante, comme s'il essayait de communiquer directement avec moi au-delà des mots. Ce contact visuel intense entre Nate et moi évoquait des souvenirs lointains, des moments partagés autrefois où nos regards étaient tout ce dont nous avions besoin pour nous comprendre. Essayant de m'éloigner de ce dernier, je repris la parole.
— Mon dessert ? Oh non merci, je n'ai plus faim, affirmai-je en tenant l'une des portes d'entrée.
— Oh, mais je ne parlais pas de nourriture, murmurait Nate, me dévorant du regard.
Ses mots résonnaient d'une signification beaucoup plus profonde, et je le savais. Mais je devais résister à la tentation, rester fidèle à Scott malgré le trouble que Nate provoquait en moi.
— Nate, je ne peux pas, je suis fiancé avec Scott et tu le sais... Je suis désolé, je m'en vais.
En tirant la porte afin d'en sortir, je ressentais un tumulte d'émotions intenses qui me poussait dans deux directions opposées. D'un côté, il y avait mon engagement envers Scott, la sécurité et la stabilité de notre relation. De l'autre, il y avait Nate, une passion longtemps enfouie et des souvenirs intenses qui remontaient à la surface à chaque instant passé en sa présence. Malgré mes efforts pour résister, l'attraction magnétique que j'éprouvais pour Nate était trop puissante. Le simple fait de le retrouver, de sentir sa proximité, ravivait en moi des sentiments que je croyais enfouis depuis longtemps. Cédant à cette impulsion irrésistible, je fis demi-tour pour m'élancer vers lui, laissant derrière moi toutes les résolutions et les compromis que j'avais tenté de maintenir.
Prise dans l'élan de l'instant, je fis un demi-tour précipité, mon cœur battant la chamade. Mes pas qui me menaient vers Nate étaient à la fois hésitants et déterminés. Lorsque je fus à la hauteur de ses yeux, ils me fixèrent intensément, plongeant dans les profondeurs de mon âme avec une intensité troublante. Le regard de Nate reflétait un mélange de passion et de nostalgie, tandis que les miens brillaient d'une lueur indomptable, prête à tout pour assouvir mes désirs longtemps refoulés.
Sans un mot, nous nous rapprochâmes l'un de l'autre, nos deux corps se frôlant à peine dans l'étroitesse des cuisines. Chaque contact faisait naître des étincelles de désir ardent. Et puis, dans un moment de pure impulsion, je levai ma main pour caresser doucement le visage de Nate, sentant la rugosité de sa barbe sous mes doigts. Un frisson parcourut mon échine alors que je m'abandonnai à la douceur de ce contact familier, mais tellement nouveau après toutes ces années...
Nos regards se croisèrent, se cherchèrent, se trouvèrent, et dans un élan irrépressible, nos lèvres se rejoignirent dans un baiser passionné. Le temps sembla suspendre son vol tandis que nous nous embrassâmes, s'abandonnant l'un à l'autre. Nate répondit avec une intensité accrue, ses lèvres explorant les contours de ma bouche. Nos cœurs battaient à l'unisson, en harmonie avec le tumulte de nos émotions. Soudain, il me prit dans ses bras, me soulevant avec une facilité surprenante et me déposant délicatement sur l'une des tables se trouvant à proximité. Nos baisers se firent plus ardents, plus profonds, chaque contact enflammant nos sens et nous transportant dans un tourbillon de passion.
Les mains de Nate parcouraient mon corps avec une tendresse électrisante, éveillant des sensations que j'avais presque oubliées. Chaque caresse était une promesse, chaque étreinte un serment de notre lien indéfectible. Dans cet instant suspendu, je me laissai emporter par mes émotions, nos âmes étaient en communion, nos cœurs battaient à l'unisson. À cet instant, je souhaitai aller plus loin avec lui, je glissai mes mains sur le torse de Nate, défaisant lentement les boutons de sa chemise un par un. Chaque mouvement révélait davantage sa peau, réveillant en moi un désir brûlant. Nate aussi, était prit dans la même fièvre, ses doigts habiles parcourant mon corps pour défaire les boutons de mon bustier avec une impatience contenue. Dans un ballet sensuel, nos vêtements tombèrent un à un, révélant nos corps nus à la lueur tamisée des cuisines. Dans cet instant, il n'y avait que nous, deux âmes en fusion.
J'avais tant besoin des caresses de Nate sur ma peau nue, chaque effleurement éveillait un désir brûlant en moi. Lorsque nos corps se rejoignirent enfin, c'était comme si deux âmes sœurs se retrouvaient après une éternité. Chaque mouvement était une connexion profonde. Pour la première fois depuis longtemps, il n'y avait ni passé ni futur, seulement le présent vibrant de notre passion dévorante.
Dans cet instant d'intimité absolue, aucun mot n'était nécessaire entre nous. Nos regards se parlaient, chacun de nos échanges de regards transmettaient des milliers de mots non-dits. Dans la profondeur de l'œillade de Nate, je pouvais y lire ses désirs les plus secrets. Et alors que nous nous abandonnions l'un à l'autre dans un tourbillon de plaisir, je sentis une profondeur de satisfaction et de plénitude m'envahir, un sentiment que j'avais oublié et que seule la présence de Nate pouvait m'apporter. Dans ses bras, je me sentais complète, aimée, et totalement vivante.
Pendant que nous étions enveloppés, mon téléphone se mit à sonner, mais le son était étouffé par nos gémissements. Dans l'ivresse de l'instant, nous étions coupés du monde extérieur. Chaque son, chaque vibration semblait lointaine, insignifiant face à l'intensité de nos actes.
Après avoir atteint l'apogée, nous, nous stoppâmes épuisés, mais comblés. Dans un silence rempli de satisfaction, nos regards se croisèrent de nouveau, remplis d'une tendresse mêlée de désir. Puis, lentement, nous nous détachâmes l'un de l'autre en se rhabillant et regagnant doucement la réalité.
— Je crois que je ferais mieux de m'en aller, murmurais-je les yeux fixés vers le sol.
— Je pense aussi, reprit Nate en me tendant mon bustier.
— Je suis désolée, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je ne voulais pas, je...
— C'était inévitable, Célia, c'était évident qu'un jour, on en viendrait à coucher ensemble à nouveau.
— Nate, je ne peux pas continuer, je suis avec Scott, c'est mon fiancé. C'était une erreur, une erreur qui ne doit pas se répéter. Personne ne doit savoir ce qu'on vient de faire, avouai-je.
— Si tu l'aimais réellement ton fiancé, tu n'aurais jamais fait l'amour avec moi. Tu serais parti et tu aurais quitté le restaurant, comme toute fiancée qui respecte le lien avec son futur époux. Si tu ne l'as pas fait, si tu t'es donné à moi, c'est qu'il y a toujours de l'amour, de l'espoir et qu'au fond de toi, tu ressens toujours quelque chose pour moi, cette relation si intense que l'on avait, peux toujours revenir, admit Nate confiant.
— Stop ! Nate ! Tout ça aurait été possible si tu n'avait pas quitté New-York ! Tout ça, c'est la vie que je voulais avoir avec toi ! Mais il a fallu que tu t'en ailles, que tu quittes le pays, que tu mettes un point final à notre relation, à notre évidence, accusai-je en le pointant du doigt.
— Célia... On ne peut pas oublier le passé, je ne peux pas oublier ce qui vient de se produire, c'est impossible, affirmait Nate.
— Et pourtant, c'est ce que je compte faire, dix ans se sont écoulés Nate ! J'ai refait ma vie, j'ai tourné la page ! Je vais y aller, Scott m'attend, je suis désolé, mais tu devrais faire comme s'il n'y avait rien eu, nous avons eu une discussion et c'est tout. Au revoir Nate ! Lançais-je en ouvrant les portes des cuisines.
— Attend, prend au moins, ça. Cela paraitra plus vrai, s'exclamait Nate en me rattrapant avec une boite à la main.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Ton dessert, je pense que ça fera plaisir à ton partenaire.
— Hum... Merci.
Une fois rentrait à l'appartement, je me sentais tant désemparée. Les émotions de ma rencontre avec Nate tournoyaient dans ma tête, me laissant un goût amer de nostalgie mêlé à de la confusion. En m'installant sur mon canapé, mes pensées tourbillonnaient dans mon esprit, impossible de les stopper. Malgré mes efforts pour les chasser, ces dernières persistaient, comme des fantômes du passé hantant mes souvenirs. Tout en repliant mes jambes à mon buste, je me sentais perdue, prise entre le désir de laisser derrière moi ce qui s'était passé avec Nate et la difficulté d'effacer à jamais les sentiments que j'avais autrefois éprouvés pour lui.
Je me demandai si j'avais pris la bonne décision en imposant à Nate d'oublier ce qu'il s'était passé durant cette soirée. Une part de moi regrettait cette impulsion, tandis qu'une autre partie se sentait soulagée de mettre un terme. Dans tous les cas, une chose était certaine : la présence de Nate avait ravivé des sentiments que je pensai avoir enfouis depuis longtemps. Des centaines d'images de cette soirée en sa compagnie m'apparurent à l'esprit, mais je décidai de les ignorer et de me concentrer uniquement sur le présent, sur ma relation avec Scott, et sur les projets que j'avais avec lui. Malgré tout, une question persistait dans mon esprit : que réserverait mon avenir avec l'apparition soudaine de Nate dans ma vie ?
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