Chapitre 26 : Nate




La piste de danse était animée, la musique envoûtante enveloppant les convives dans une ambiance de charme. Jouant du mystère du masque qui dissimulait mon visage, je décidais de m'approcher d'elle en slalomant parmi les nombreux convives. Cependant, je remarquai que son regard cherchait quelque chose ou quelqu'un, malgré tout, je comptai aller au bout de ma démarche. J'ajustai mon masque noir et me présenta à Célia avec une voix empreinte de mystère.

— Madame, puis-je avoir l'honneur de cette danse avec vous ? M'exclamai-je en faisant une révérence galante

— C'est tentant, mais je... je cherche quelqu'un, je ne voudrais pas le faire attendre, hésitait la blonde en souriant légèrement, mais cherchant du regard.

— En dansant avec moi, il vous retrouvera très vite, croyez-moi, invitai-je d'un sourire charmeur tout en lui tendant ma main.

— J'ignore qui vous êtes pour tenir de tels propos, mais pourquoi pas, je suis venue ici pour danser après tout et vous êtes le premier à me le proposer alors, j'accepte, lançait la blonde en me la serrant.

La piste de danse s'étendait devant nous et au fur et à mesure qu'on se laissait emporter par la musique envoûtante, l'espace autour semblait se transformer. Les regards fascinés des spectateurs paraissaient flotter autour de notre couple. Les notes de la musique créaient une bulle intemporelle, nous éloignant du monde extérieur. Les mouvements gracieux, les regards complices et la douceur de la danse formaient une connexion profonde entre nous, comme si le temps s'était arrêté. Les autres invités, éclairés par la lumière tamisée, observaient avec une admiration silencieuse notre danse.

Danser avec Célia, ressentir la chaleur de son corps à travers nos mouvements était comme une plongée dans un passé que je pensais avoir perdu. Chaque contact, chaque effleurement, ravivait des souvenirs longtemps enfouis. La magie de la musique nous enveloppait, mais c'était le toucher qui dévoilait à nouveau cette alchimie. Pouvoir la tenir à nouveau dans mes bras, sentir la douceur de sa peau à travers le tissu délicat de sa robe réveillait en moi des émotions profondes. Tout en dansant, nos échanges de regards se croisèrent d'une manière si profonde et si familière, comme si le temps s'était figé pour nous permettre de retrouver l'intimité que nous avions partagée autrefois. Dans cette étreinte en mouvement, les barrières du temps semblaient s'effriter, laissant place à la possibilité de réécrire un chapitre de notre passé. J'ignorai si elle m'avait reconnu, mais de mon côté, j'étais bien déterminé à préserver le secret, et me laissait emporter par la danse sans laisser transparaître la moindre indication de ma véritable identité.

Soudain, je perçus un changement dans le regard de Célia. Ses yeux paraissaient capturer un éclair de reconnaissance, comme si elle percevait au-delà du masque mystérieux qui dissimulait mon visage. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, car il était évident que quelque chose dans cette danse ravivait des souvenirs partagés. Dans le silence de la danse, nos regards se croisèrent avec une nouvelle intensité, un pont entre un passé que nous avions partagé et le présent qui se dévoilait. Après un échange de regards empreint de nostalgie, Célia prit une décision soudaine et stoppa doucement la danse, ses yeux exprimant un mélange complexe d'émotions. Elle m'offrit un léger sourire pour ensuite me chuchoter à l'oreille avec une lueur d'incertitude.

— Je dois vous remercier pour ce moment, vous êtes un si bon danseur.

— Il faut dire que j'ai eu une bonne partenaire de danse, souriais-je.

Nos regards se croisèrent à nouveau, et même si une partie de moi espérait que Célia me reconnaisse, une autre partie respectait le charme du secret qui planait sur la soirée. Après que Célia eut pris congé de la danse, la soirée reprit son cours. Les couples se reformèrent sur la piste, la musique les incitant à reprendre leurs pas gracieux. La foule tourbillonnait de nouveau, dissimulant Célia parmi les masques et les robes élégantes. Quant à moi, je fis demi-tour en quittant la salle et pour gagner le hall dans lequel j'empruntai les majestueux escaliers qui dominaient la salle en quête d'un peu de recul. Gravissant les marches, j'atteignis une petite plateforme qui offrait une vue imprenable sur la piste de danse. La musique résonnait dans l'air, et le murmure des conversations s'élevait jusqu'à moi. Je pris alors un instant pour réfléchir à ce qui venait de se produire entre moi et Célia.

Perdu dans mes pensées, je me fis interrompre par Cassie, dont son regard pétillait d'une de curiosité.

— Je ne te pensai pas si beau danseur, Nate Jones. Tu nous as offert un super spectacle. C'était qui cette femme avec cette robe scintillante ?

— À ton avis ? M'exclamais-je, d'un sourire malicieux.

Les yeux de Cassie s'agrandirent légèrement, révélant une lueur d'étonnement mêlée à une pointe d'amusement.

— Non ! C'était Célia ?! Mais elle t'a reconnue ?

— Son regard était le seul que j'aie aperçu au milieu de la foule et j'ai eu un pressentiment, je savais que c'était elle et pas une autre femme. Et quand on a dansé ensemble, tout s'est confirmé, affirmais-je d'un ton confiant.

— Oh ça tu l'as dit ! Tout le monde vous a observé et tu n'imagines pas ce que les gens ont pensé de toi ! Tu étais dans la bouche de tous tes convives.

— Ah bon et qu'on t'ils dit ?

— Les gens ne parlent que de ça. Votre danse a créé tout un remue-ménage. Certains pensent que c'est une ancienne flamme, d'autres s'imaginent ta fiancée cachée de tous. C'est devenu le sujet de conversation.

Tout en rigolant, j'enlevais mon masque le temps de quelques secondes pour concentrer mon attention sur Cassie, qui ne comprit pas mon altitude.

— Les gens ont vraiment de l'imagination débordante. Mais c'est peut-être mieux ainsi, laisser planer le mystère et laisser chacun imaginer sa propre version de l'histoire, qu'en penses-tu ?

— Mais c'est tout ce que ça te fait ? Tu t'en fiches ?

— À quoi cela servirait de leur donner de l'importance ? Dis-moi plutôt qui était cet étalon avec qui tu étais si heureuse ?

— Oh, tu parles de ce ravissant jeune homme, je l'ignore, il ne m'a pas dit son prénom, il a dû fuir telle cendrillon.

— Tu as du marqué son esprit, il reviendra. Je te le promets !

— Je vais espérer, mais pour Célia ? Tu vas me dire que tu as dansé avec elle et elle ne t'a pas reconnu ?

— Non, elle ne m'a pas reconnu du moins c'est l'impression que j'ai eu. Mais en dansant avec elle, c'était comme si j'étais transporté dans une bulle. Pouvoir la toucher à nouveau, c'était incroyable.

— Hum, j'imagine, mais tu ne dois pas en rester là, Nate. Retourne lui parler, elle doit connaitre la vérité sur ton identité. Tu te rends compte qu'elle se rend à un événement que son ex organise, mais elle ignore qui tu es. Tu ne peux pas la laisser sans qu'elle sache la vérité.

— Avant que je vienne vers Célia, elle m'a informé qu'elle était venue accompagnée. Je pense que ça ne servirait à rien.

— Mais Nate, elle est venue avec sa collègue.

— Tu penses ?

— Attends es-tu réellement en train de douter ? Va donc la retrouver.

Sous les conseils de Cassie, je pris la décision de retrouver Célia. Remettant mon masque, je redescendis dans la foule en saluant quelques convives au passage. Après quelques minutes, je repérais la robe de Célia à l'autre bout de la salle lorsque au même moment, une rencontre inattendue arrêta net ma progression. Lisa, la collègue de Célia se tenait face à moi.

— Oh, mais c'est vous ! Je suis ravi de vous revoir ! Vous vous souvenez de moi ? Je suis Lisa, je travaille à la boutique L'Orchidée au bout de votre rue.

— Lisa, quelle surprise ! Comment allez-vous ?

— Oh, je vais très bien et votre soirée est magique ! Que ce soit les masques, les lieux, le lustre, les convives, cette ambiance, votre bal est réussi, lançait la brunette en jouant avec une mèche de cheveux.

— Je suis ravi que cela vous plaise, êtes-vous venu accompagné ? M'exclamais-je le regard fuyant.

— En effet, je suis ici avec ma responsable, elle n'est pas loin. Pourquoi cela ?

— J'espère la voir pour échanger avec elle, mais ce n'est rien.

— Après, si vous avez un message à lui transmettre, je peux servir de messager, s'exclamait Lisa d'un sourire malicieux.

— Merci c'est gentil à vous, si vous voulez bien m'excuser, je dois aller rejoindre des convives. Quant à vous, amusez-vous bien, rétorquais-je, en lui offrant une flûte de champagne.

Lisa me regarda s'éloigner avec un sourire en coin, ses yeux suivant ma silhouette dans la foule étincelante du bal masqué. Son regard, empreint d'une lueur malicieuse, semblait en dire long sur son esprit joueur. La recherche de Célia parmi la foule animée du bal masqué m'avait emmené à traverser la piste de danse, les salons richement décorés, mais elle paraissait se fondre dans l'ombre. Après avoir cherché pendant un moment, je commençai à craindre de ne pas la retrouver. Consultant l'heure sur mon téléphone, je réalisai que le temps s'était défilé, les coups de vingt-deux heures s'affichèrent. En replaçant mon cellulaire dans la poche de mon costume, mes yeux se levèrent instinctivement vers la terrasse. C'est à ce moment précis que je l'aperçus. Célia se tenait seule sur la terrasse, éclairée par la douce lueur des jardins illuminés. Sa silhouette solitaire se détachait dans la pénombre, les pensées dans son regard perdu au loin. En saisissant deux flûtes de champagne, sans hésiter, je décidai de me diriger vers elle.

— C'est si triste, une femme aussi belle que vous, seule sur cette terrasse sans même une flûte de champagne à la main, lançai-je en lui tendant un verre.

— Oh ce n'est que vous, j'avais besoin de me retrouver un peu seule, c'est gentil à vous, souriait légèrement Célia en ayant une mine surprise.

— Est-ce ma façon de danser qui vous a fait fuir ainsi ? M'exclamais-je en m'avançant à son niveau.

— N'ayez crainte, ce n'est pas vous, au contraire, vous dansez vraiment bien, veuillez m'excuser d'être partie de cette manière.

— Ne vous excusez pas après tout le genre de femme que j'apprécie ce sont celles qui m'échappent, répliquai-je d'un léger sourire.

— Pardonnez-moi, mais j'ai l'impression de vous connaitre, est-ce que l'on s'est déjà vu quelque part ? Je ne sais pas pourquoi, mais votre visage me semble si familier.

— En effet, vous m'avez heurté dans la rue avec vos cartons, ricanai-je en buvant une gorgée de champagne.

— Oh, c'était vous ! Veuillez m'excuser, les cartons m'ont joué un mauvais tour.

— Aucun problème. Qui aurait cru que quelques jours plus tard que nous nous retrouverions ici au milieu de ce bal masqué ? Retorquai-je d'un sourire malicieux.

— Le destin peut être étonnant parfois. C'est une agréable coïncidence de se retrouver ici.

— En effet, une très bonne coïncidence. Que pensez-vous de ce bal dans ce domaine ?

— Oh, c'est surement le plus beau bal auquel j'assiste. Cet endroit est tout simplement magnifique. L'homme qui possède ce domaine a vraiment beaucoup de chance. Que ce soit l'intérieur ou les jardins éclairés, tout respire la beauté et la magie.

Tout en levant les yeux vers les jardins, appréciant le décor à mon tour, je répondis avec un léger sourire.

— C'est vrai, chaque coin de ce lieu semble avoir été touché par la grâce. On dirait que même les étoiles veulent être ici ce soir.

— C'est exactement ça, murmurait Célia d'un soupir admiratif.

Un long silence suivit cet instant accompagnés de regards complice lorsqu'elle se reprit.

— Oh, mais j'oublie mes bonnes manières, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Célia Banel, je suis la responsable de la boutique L'Orchidée au centre-ville. Nous venons tous juste de nous installer.

— Enchanté, quant à moi, je suis l'organisateur de ce bal, je m'appelle...

Au moment où je comptais répondre, une voix masculine m'interrompu dans ma démarche.

— Célia ! Je te cherchai de partout ! Je pensais que tu étais rentré sans moi, lançait l'individu en se rapprochant avec détermination de Célia.

— Je vous pris de bien vouloir m'excuser, je dois vous laisser, Célia, ce fut un plaisir.

Sans attendre de réponse, je quittai la terrasse et me fondis dans la foule mouvante du bal masqué. C'était donc évident, Célia était venue accompagnée à la soirée, il s'agissait sûrement de son nouveau copain et de celui qui avait pu décrocher son cœur. En essayant de sortir ce moment de mes pensées, j'aperçus ce même individu au côté de Célia rentrer à nouveau dans la pièce. Ce dernier était vêtu avec élégance, il avait une allure assurée, portant un costume soigneusement ajusté qui mettait en valeur sa silhouette athlétique. Ses cheveux bruns étaient coiffés avec une précision méticuleuse. Le visage de cet homme était marqué par des traits forts, et une mâchoire carrée. Suivis de Célia, ces derniers s'éclipsèrent de la salle en direction de la sortie du domaine. En oubliant ce bref moment, je décidai de me recentrer sur l'objectif principal de ma soirée. Consultant une nouvelle fois l'heure, je compris que le moment était venu d'apporter une touche spéciale à ce bal masqué caritatif.

Je m'avançai vers la salle principale, traversant les corridors illuminés avec détermination. Une fois arrivé, je montai sur la scène, attirant l'attention des convives qui se tournèrent vers moi, masques étincelants dans la lueur tamisée. Je pris un micro en m'adressant avec une voix ferme et chaleureuse.

— Mesdames et messieurs, je tiens tout d'abord à vous remercier d'être venus ce soir pour participer à ce bal masqué exceptionnel. Votre présence rend cette soirée encore plus spéciale.

Les murmures de l'assemblée se calmèrent, l'attention de chacun étant désormais centrée sur moi, ce qui me permit de poursuivre.

— Je souhaite également profiter de l'occasion pour vous présenter les associations pour les enfants malades que nous soutenons ce soir. Grâce à votre générosité, les fonds récoltés seront directement reversés à ces organisations admirablement dévouées.

Je déroulai la liste des associations, décrivant brièvement leur mission et l'impact positif qu'elles avaient sur la vie des enfants malades et concluais avec gratitude.

— Je vous invite à ouvrir grand vos cœurs ce soir, à danser, à célébrer, et à contribuer à faire une différence dans la vie de ces enfants. Merci du fond du cœur.

Sous les applaudissements sincères, je descendis de la scène, mon rôle de maître de cérémonie était accompli. Je pris quelques instants pour saluer des convives reconnaissants avant de me retirer discrètement, laissant la magie du bal masqué se poursuivre dans la soirée. Alors que j'atteignais la sortie du domaine, je me figeai soudainement en me rappelant que j'avais laissé Cassie. À cet instant, je me maudis intérieurement pour cet oubli inopportun et décida de remédier à la situation au plus vite. Je me rapprochai d'un des agents de sécurité qui était nul autre que l'homme avec qui Cassie avait dansé un peu plus tôt.

— Kim, j'ai laissé Cassie à l'intérieur. Pourriez-vous vous assurer qu'elle rentre en toute sécurité ?

— Bien sûr, monsieur Jones. Je m'occuperai de ramener Cassie chez elle, acquiesçait Kim avec professionnalisme.

— Merci, Kim. Assurez-vous qu'elle rentre confortablement.

— Aucun souci, monsieur. Bonne soirée, me rassurait Kim.

En me hâtant vers ma voiture, j'adressai un dernier signe à Kim avant de disparaître dans la nuit. J'espérai que Cassie comprendrait ce malheureux oubli et apprécierait la précaution que j'avais pris pour assurer son retour en toute sécurité.

Le lendemain, absorbé par les affaires de mon restaurant, je m'attelais à mes responsabilités dans mon bureau, sur ce dernier se trouvait une mer de dossiers. Alors que je passais distraitement une main sur ma barbe taillée, plongé dans mes pensées, la porte de mon bureau s'ouvrit brusquement. Mes yeux se levèrent pour découvrir Cassie qui entrait d'un pas décidé.

— Nate, je peux savoir ce qui t'a pris de m'oublier au bal ? Tu es parti sans moi ! Grondait Cassie, avec un regard espiègle.

— Bonjour Cassie ! Comment tu vas ? Entre, que puis-je faire pour toi ?

— Tu peux me répondre ?

— Que je sache, tu es rentré en bonne compagnie, je me trompe ? Lançai-je en refermant un dossier et lui adressant un sourire.

— Oui, mais heureusement que ce beau gentleman m'a ramené, en plus d'être bon danseur, il est protecteur ! Mais attend comment tu sais que je suis rentré avec lui ?

— Tout simplement, car je lui ai demandé, Kim travaille pour moi, il est mon garde du corps.

— Et pourquoi il n'est pas toujours avec toi ?

— Car je sais me débrouiller sans lui, il vient seulement quand je le souhaite ou durant les événements.

— Tout le monde travaille pour toi ? J'ai l'impression que tu détiens toute la ville. Tu pourrais me donner ses coordonnées ?

— Donc il te plait vraiment ?

— J'aimerais le connaître un peu mieux

— Je n'ai pas le droit de divulguer ses informations, la prochaine fois que je ferai appel à lui, tu iras lui parler directement. D'ailleurs tant que tu es là, je dois te donner ceci.

Je sortis d'un de mes tiroirs le contrat à longue durée de Cassie que j'avais rédigé hier. Bien que sa période d'essai ne fût pas encore terminée, j'étais déterminé à la garder. En tenant le document dans mes mains, je l'examinais tout en continuant ma conversation avec cette dernière.

— Cassie, je voulais te parler de ton contrat. Ta période d'essai n'est pas encore terminée, mais je suis convaincu de ta contribution au restaurant. Je pense que nous devrions envisager de passer à un contrat à long terme.

— Réellement ? Tu souhaites me garder ? Je sens que ça ne va pas plaire à Julia.

— Ne te préoccupe pas de mon assistante, c'est moi le directeur, elle ne fait que de suivre mes ordres.

— Merci encore Nate de me donner une deuxième chance malgré tout ce que j'ai pu te faire ou te dire dans le passé.

— Ne parlons pas de sujet qui fâche, j'ai encore pas mal de travail, tu devrais y aller, les clients ne vont pas tarder à arriver.

— D'ailleurs, en parlant de ça, je dois t'informer de quelques chose.

— Qu'y a-t-il ?

— En feuilletant le registre des réservations d'aujourd'hui, j'ai pu voir le nom de Scott Lewis et de Célia Banel. Ils sont inscrits pour venir déjeuner à midi.

En entendant les propos de Cassie, une onde de choc me traversa lorsqu'elle énonça le prénom de Célia. Un mélange subtil d'émotions recouvrit l'immensité de mon visage. Mes sourcils étaient légèrement froncés, témoignant de perplexité face à la découverte de la présence de Célia dans mon restaurant. Malgré cela, ma détermination brillait dans mon regard, révélant ma volonté de faire face à cette nouvelle situation.

— Scott et Célia ? Donc, l'homme que j'ai aperçu hier au bal auprès d'elle, c'est son compagnon.

— Mais non, c'est sûrement un ami ?

— Peu importe, ce sont des clients comme les autres, m'exclamai-je en tentant de dissimuler mon trouble.

— Nate, tout va bien ? Ça ne semble pas te laisser indifférent, murmurait Cassie, d'un air soucieux.

— Non, non, tout va bien. Ne t'en préoccupe pas. Continue simplement à faire ton travail et Cassie, j'aimerais être dérangé par personne, veille à le transmettre à Julia.

— D'accord, si tu le dis. Je te laisse tranquille alors.

Malgré mes paroles apparentes de nonchalance, une tension sous-jacente persistait dans mon altitude. Savoir que Célia était présente dans mon restaurant en compagnie d'un autre homme créait en moi, un tourbillon de colère, mais malgré tout, je n'avais plus mon mot à dire. Dix ans s'était écoulé, il était compréhensible qu'après tout ce temps, elle ait fini par rencontrer quelqu'un d'autre. En fermant les yeux, des souvenirs de la soirée de la veille résidaient dans mes pensées. La valse en compagnie de Célia, sa présence, nos échanges de regards, notre discussion passionnante. Ces images avaient hanté mon esprit durant mon sommeil m'empêchant de trouver le repos nécessaire. Ouvrant à nouveau mes yeux, il fallait que je fasse abstraction de leurs présences dans mon établissement.

Après quelques minutes à réfléchir, je me dirigeai vers les toilettes réservées aux personnels. À l'abri des regards, je m'approchai du miroir, ajustant soigneusement ma coiffure, puis j'observai mon reflet avec une pointe d'autocritique. Une seconde de pause, et j'ouvris légèrement un bouton de ma chemise noire, cherchant à afficher une apparence décontractée et irréprochable en même temps. Mon regard était fixé sur mon reflet, mais mon esprit vagabondait entre les souvenirs de la danse avec Célia, les défis professionnels du restaurant et la présence inattendue de ce Scott. Je regardais l'heure affiché sur ma montre, cette dernière affichait les coups de onze heures cinquante. En quittant les toilettes et descendant les escaliers avec assurance, je me dirigeai vers l'agitation du restaurant.

En gagnant la salle du bar, j'aperçus un groupe de femmes assises à une table face au comptoir. Ces dernières échangèrent lorsque l'une d'elle capta ma présence en m'offrant un regard séducteur. Face aux chuchotements de ces dernières, je décidai de ne pas y prêter attention et continuai ma démarche vers les équipes de serveurs. Je me réjouissais intérieurement du fait que mon charme ne passait pas inaperçu. Je m'approchai du comptoir afin de réunir les serveurs présents pour un briefing, j'annonçai avec assurance.

— Écoutez, nous avons une journée chargée devant nous. Assurez-vous que tout fonctionne comme sur des roulettes. Les clients doivent se sentir choyés. Des sourires, de l'efficacité, et n'oubliez pas de mettre en avant nos cocktails phares. Au fait, comment s'est déroulé le bal d'hier soir ? Des retours positifs de nos invités ?

— Oui, monsieur Jones, tout s'est déroulé impeccablement. Les convives semblaient ravis de l'événement, lançait un des serveurs suivi d'un sourire.

— Parfait. Continuons sur cette lancée aujourd'hui.

Après mon briefing avec les serveurs, je me dirigeai vers le long couloir menant à la première salle, saluai les membres de mon personnel et aperçu Cassie dressait les tables en compagnie d'une autre serveuse. Appréciant son professionnalisme, j'esquissai un léger sourire puis le fis disparaitre pour afficher une mine sérieuse. Je m'avançai vers le hall de mon restaurant, en saluant mon hôte d'accueil et me tenait près de lui afin de consulter le registre des réservations se trouvant sur sa tablette. Tout en examinant les réservations dans le registre, mon attention fut attirée par un nom familier. J'aperçus le nom de Célia, accompagné de Scott, était en réalité une réservation offerte en raison de la start-up sur là de Scott.

— Une réservation offerte... intéressant, pensai-je.

C'est à ce moment-là que mon regard croisa Julia, qui arrivait en retard. Je ne tolérais aucun retard dans mon établissement, surtout s'il s'agissait de mon assistante. D'un ton ferme, mais calme, j'interrompis Julia dans sa lancée.

— Julia, dois-je vous rappeler l'importance d'être à l'heure. Ce n'est pas la première fois que cela se produit. Qu'est-ce qui se passe ?

— Je suis vraiment désolée, monsieur Jones. Il y a eu un problème de circulation, et j'ai eu du mal à me libérer.

— La ponctualité est cruciale pour le bon fonctionnement du restaurant. J'attends un professionnalisme irréprochable de la part de chacun. Assurez-vous que cela ne se reproduise plus.

La conversation se coupait lorsque des clients arrivèrent à l'entrée du restaurant, je défilai sous la mine désolée de Julia. Toutefois, des chuchotements se firent entendre derrière mon dos provenant de mon assistante et d'une de mes serveuses.

— Tu as remarqué, aujourd'hui, Nate est divinement sexy ? Chuchotait discrètement Julia.

— Oh oui, il a toujours ce charme indéniable et cette chemise noire lui donne un aspect ténébreux, murmurait malicieusement la serveuse.

— Il semble être dans une humeur un peu plus sérieuse aujourd'hui. Peu importe son autorité, je ne dirai pas non pour un instant avec lui.

— La place est peut-être prise, hier, il a dansé avec une femme, ils étaient si beaux ensemble, j'ignore qui ça peut bien être.

En percevant les chuchotements persistants derrière mon dos, je décidai de les ignorer pour le moment et me dirigea vers mon bureau, laissant les commérages en arrière-plan. Une fois dedans, je pouvais me concentrer sur les tâches à accomplir et sur la gestion des affaires du restaurant sans être influencé par les commentaires de l'équipe. Il m'était impossible de me concentrer en sachant que mon ex se trouvait à l'étage du dessous en pleine dégustation de mon talent culinaire. Plonger dans la réflexion, une pensée me vint à l'esprit, après avoir dansé avec elle, je ne pouvais pas me stopper. Il fallait que j'établisse un plan pour me rapprocher de Célia tout en écartant ce Scott de sa vie.

Tout en me murmurant à moi-même, il fallait que je trouve un plan.

— Bon, Nate, tu dois être intelligent et subtil. Célia est là, quelque part, et il est temps de raviver cette connexion. Mais Scott... il faut trouver un moyen de le maintenir à distance sans éveiller de soupçons. Et avec Scott, il faudra être diplomate, pas agressif.

Je me marmonnai différentes idées lorsqu'une apparue dans mon esprit, en y réfléchissant, il s'agissait d'une idée machiavélique, mais qui suscitait toute mon attention. Il fallait que je me renseigne sur la start-up de Scott. Après quelques recherches sur le net, je scrutai la moindre information concernant cette boîte. Scott travaillait dans une start-up luttant contre le gaspillage alimentaire. C'était une bonne idée et j'allais m'en servir pour mener à bien mon plan. Je pris le temps de réfléchir quelques secondes, puis je me murmurais.

— Et si je contactais le directeur de cette start-up afin d'échanger avec lui pour l'implantation de mon nouveau restaurant sur Montréal. En voilà une brillante idée ! Lançai-je en tapant du poing sur mon bureau.

Déterminé à éloigner Scott de Cannes, je me mis en action en contactant la start-up de Scott, mettant en avant l'idée d'un partenariat fructueux pour les futures implantations à Montréal.

— Bonjour, monsieur Berger ici Nate Jones, directeur du restaurant "Comme une évidence" à Cannes.

— Ah, bonjour, monsieur Jones. Voyons, appelez-moi Alexandre, recevoir un appel de votre part est à la fois une surprise, mais également un immense plaisir, comment puis-je vous aider ?

— Eh bien Alexandre, j'aimerais discuter d'une opportunité de partenariat entre notre restaurant et votre start-up. Nous avons quelques idées intéressantes qui pourraient être mutuellement bénéfiques.

— Un partenariat, dites-vous ? Cela semble intéressant. Pourriez-vous m'en dire plus sur vos propositions ? Lançait le directeur d'un ton intrigant.

— Nous avons récemment développé un intérêt particulier pour les initiatives anti-gaspillage alimentaire. L'idée serait de collaborer sur un projet novateur dans ce domaine, en commençant par nos futures implantations à Montréal. Cela pourrait être une opportunité de démontrer l'impact positif de votre start-up tout en renforçant notre engagement envers la durabilité.

— Cela parait être une excellente idée. Nous pourrions mobiliser notre équipe de marketing pour travailler sur ce projet. Qu'en pensez-vous ? Nous disposons de locaux à Montréal.

— Parfait, monsieur Berger. Pour la partie opérationnelle de notre collaboration, nous aurions besoin de travailler étroitement avec votre équipe marketing. Je suis sûr que votre directeur marketing, M. Scott Lewis, pourrait jouer un rôle clé dans la réussite de ce projet.

— Oh, vous connaissez Scott ? Je suis persuadé que notre directeur marketing, pourrait jouer un rôle clé dans la réussite de ce projet. Il est très compétent dans ce domaine. Je suis d'accord pour l'impliquer dans cette collaboration. Comment envisagez-vous cette coordination ?

— Excellent. J'imagine que Scott pourrait diriger l'équipe à Montréal, travaillant en étroite collaboration avec notre équipe sur place. Cela garantirait une communication fluide et une mise en œuvre efficace du projet anti-gaspillage alimentaire.

— Cela semble être une bonne idée. Je vais en parler avec Scott et nous reviendrons vers vous pour discuter des détails opérationnels.

— Parfait. Nous sommes impatients de voir cette collaboration se concrétiser. N'hésitez pas à me contacter dès que vous avez des nouvelles.

Je raccrochai de cet appel avec une mine satisfaite, mon plan astucieux allait enfin se mettre en marche. C'était un jeu dangereux, mais un jeu auquel j'étais prêt à jouer...

Quelques minutes plus tard, alors que je m'élançais vers la sortie de mon bureau, Julia frappa à la porte et gagna mon bureau.

— Monsieur, je souhaitai vous faire part de mes félicitations concernant votre bal, toute la presse a apprécié votre événement sans parler de la somme que les associations ont pu toucher grâce à la générosité de vos convives.

— C'est une excellente nouvelle, Julia. Je suis ravi que l'événement ait été fructueux pour une cause aussi importante. Félicitations à toute l'équipe pour leur travail acharné. D'ailleurs, je souhaiterais vous faire part d'une idée que j'aimerais mettre en place assez vite, lançai-je.

— Je vous écoute, monsieur Jones.

— J'ai pensé qu'il pourrait être intéressant d'organiser un atelier autour de la pâtisserie dans notre restaurant. Cela pourrait attirer davantage de clients, offrir une expérience unique et renforcer notre réputation dans le domaine de la gastronomie.

— Mais c'est une superbe idée, cela tombe bien, car j'ai eu des retours sur vos délicieuses pâtisseries pas plus tard qu'hier au bal, cet atelier sera une belle opportunité pour tous nos convives.

— Hum, notre cuisine peut accueillir combien de personnes selon vous ?

— Je pense que nous pouvions ouvrir cet atelier à une quinzaine de personnes, qu'en pensez-vous ?

— Très bien, parlez-en à l'équipe de communication, j'aimerais que cet atelier soit mis en avant sur nos réseaux, que chaque convive ait en bouches, cet événement. J'aimerais que cet atelier soit créés le plus rapidement possible, que je puisse en parler dès à présent à nos invités. Merci à vous, Julia.

— Bien, monsieur Jones, ce sera fait.

Lorsque Julia quitta mon bureau en s'assurant de refermer derrière elle, je tournai les talons en pensant à un second plan concernant cet atelier, il me servirait pour me rapprocher de Célia tout en écartant Scott avant son départ pour Montréal. Un sourire malicieux se dessina sur mon visage, j'étais convaincu que cet atelier pourrait être le début d'une nouvelle étape dans ma relation avec Célia.

En quittant mon bureau, je tombai nez à Cassie, hésitant à rentrer dans mon bureau. D'un air intrigué, je la questionnai sur sa venue.

— Je peux savoir ce que tu fais ici ?

— Nate, je... je dois te parler, c'est important.

— Je m'apprêtai à me rendre en cuisine, mais je t'écoute.

— Il s'agit de Célia, tu sais, à l'heure où l'on parle, ils sont en train de déjeuner dans la pièce du dessous.

— Et alors ?

— Scott, son fiancé, aimerait te rencontrer pour échanger avec toi sur sa start-up.

— Eh bien, j'arrive dans ce cas, m'exclamai-je d'un pas confiant.

— Mais attends, il est avec Célia, si tu te présentes, elle connaitra la vérité, elle sera au courant.

— Et alors ce n'est pas ce que l'on souhaite ? Tôt ou tard, elle sera au courant. Il vaut mieux qu'elle le sache dès à présent, rétorquai-je en descendant les escaliers.

— Mais Nate, attends-moi, je veux aussi assister à la révélation, s'élançait la blonde en sautant les marches deux par deux.

Une fois en bas, j'entrai dans la pièce principale où les convives déjeunaient, je me dirigeai vers une table près de la fenêtre, encadrée par deux grandes plantes. Levant les yeux, je repérai Célia assise en face d'un homme en chemise blanche. Célia était une vision saisissante. Sa chevelure blonde encadrait délicatement son visage, mettant en valeur ses traits fins. Sa silhouette, élégante et élancée, rappelait celle d'un mannequin. Elle portait une tenue mettant en valeur sa féminité, avec un léger décolleté qui attirait le regard. Ses yeux bleus, profonds et captivants, reflétaient une certaine intensité. J'observai discrètement, incapable de ne pas admirer la beauté de Célia, tout en me demandant comment elle réagirait à ma présence inattendue. Je n'avais plus le choix, il était temps pour moi d'affronter mon passé et de révéler la vérité à Célia.

Cassie s'était stoppé à une table avant celles du couple afin de ne pas perdre une miette de cette découverte. Lorsque j'arrivai devant la table à laquelle Célia était assise, une tension palpable flottait dans l'air. Le couple était engagé dans une conversation animée. Mes yeux rencontrèrent les siens, et je perçus un mélange d'étonnement et de surprise dans son regard. Célia, toujours assise, sembla momentanément figée. Ses yeux bleus, d'ordinaire si expressifs, trahirent une surprise évidente. À côté d'elle, l'homme en chemise blanche tourna son regard vers moi, affichant une expression curieuse. Sans perdre de temps, je pris l'initiative de me prendre la parole.

— Bonjour, une de mes serveuses m'a informé que vous souhaitez me rencontrer ?

— En effet, je me présente, je suis Scott Lewis, directeur marketing dans une start-up qui lutte contre le gaspillage alimentaire et je souhaitais pouvoir échanger pour peut-être un partenariat avec votre restaurant gastronomique ?

— Je crois avoir entendu parler de votre start-up, vous ne travaillez pas avec un certain Alexander Berger ?

— Tout à fait, il s'agit du grand patron de la boîte.

— En effet, j'ai pu échanger avec lui pour un futur projet, je pense qu'il reviendra vers vous très vite.

— Vous êtes déjà au courant, c'est fantastique ! Lançait Scott, souriant.

— En effet. J'espère que votre déjeuner se déroule au mieux ?

— À merveille, l'ambiance, le décor, tout est absolument magnifique. Et la nourriture, c'est tout simplement divin. Je n'ai jamais rien goûté de tel.

— Je suis ravi de l'entendre, je vous en remercie.

— D'ailleurs, je vous présente ma fiancée Célia Banel, elle dirige la boutique de...

— La boutique de L'Orchidée, j'ai également entendu parler de votre boutique. Vous êtes au bout de la rue, ce qui fait de nous, des voisins, enchanté, dis-je en tendant la main à Célia.

— Décidément, vous êtes au courant de tout, c'est surprenant et satisfaisant.

— Il faut toujours avoir un train d'avance, je me rends compte que j'ai oublié de me présenter, je suis le directeur de Comme une évidence, mais vous pouvez m'appeler Nate Jones.

En détournant mon regard vers celui de Célia, le visage de cette dernière se décomposa. Un instant de stupeur figea son expression ne lui permettant pas d'émettre le moindre mot. Son regard me fixait intensément, comme si elle tentait de comprendre comment le passé et le présent pouvaient s'entremêler de manière si inattendue. Cette révélation lui ravivait sans doute tous ses souvenirs qu'elle avait peut-être essayé de mettre de côté pendant toutes ces années. En ressentant la complexité des émotions dans le regard de Célia, je fis un léger mouvement en arrière en brisant ce moment et m'adressant de nouveau à Scott.

— Je vous prie de bien vouloir m'excuser, je vous souhaite une bonne journée.

Il était à présent trop tard, Célia connaissait la vérité, elle avait tout compris, elle savait que c'était moi depuis le début, que ce soit cette rencontre inattendue dans la rue ou bien notre danse au bal. Elle savait qu'à présent le directeur de Comme une évidence n'était nul autre que son ex...

Note de l'auteure :

Que pensez-vous de cette rencontre inattendue ? Comment pensez-vous que Célia réagira ? Comment imaginez-vous la suite maintenant que la vérité à éclater au grand jour ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top