Chapitre 2 : Célia




Nate, je sais que je ne devrais pas t'écrire cette lettre, mais il faut que je me libère de tout ce que je garde enfui en moi depuis trop longtemps. Dans cette lettre, j'emploierai la troisième personne comme j'ai toujours fait pour parler de toi. J'ignore si un jour, tu tomberas sur cette lettre, mais peu importe, j'aimerais juste écrire comment tout s'est créé, comment notre évidence a commencé...

New-York, c'est ici que tout a commencé, mais plutôt en deux mille onze, en plein mois d'août, un mois avant la rentrée de ma deuxième année de lycée. Je passais toutes mes journées sur mon téléphone, affalée comme à mon habitude sur le lit de ma chambre à regarder les photos des vacances de mes amis à l'étranger. Jusqu'au jour où une envie de prendre l'air me traversait l'esprit. Ce jour-ci, je m'étais promenée en plein central park, bien que je détestai la nature. En me baladant, en compagnie de mon sac à main dont ce dernier avait une grande importance à mes yeux. Il s'agissait du dernier de la collection Dior de l'année 2011 dont mon père avait pu m'offrir avant qu'il soit commercialisé. Je m'étais installé sur un banc ombragé, avait posé mon sac à mes côtés tout en sortant de ce dernier mes lunettes de soleil de la marque Prada. C'était important pour moi d'être au top des tendances vestimentaires.

Central park était inondé d'allée et venues d'enfants, de joggeurs ou bien de dogsitters. J'avais l'habitude de partir en vacances dans les quatre coins du monde, mais malheureusement cette année, nous avions décidé de rester à New-York, car mon père était sur une affaire importante. Un voyou dont ces délits se multipliaient, il ne cessait de fuir des griffes de mon père et de son équipe. Mon père était désemparé, il vivait nuit et jours pour cette affaire. Ma mère avait donc respecté le choix de mon géniteur et j'étais condamnée à rester ici pour mes vacances d'été, sans mes amis, sans même voir un visage familier. Tout en râlant d'un long soupir, je n'avais aucun intérêt à rester dans ce parc, je décidais alors de me rendre dans un de mes magasins favoris.

En arrivant dans celui-ci, j'étais toujours bien accueillis, les vendeuses étaient à mes petits soins, je me sentais comme chez moi. Je jetai un coup d'œil sur les nouvelles collections. Je posais mon sac sur une chaise préparé pour ma venue, afin d'avoir les mains libres pour essayer différentes tenues. Après avoir essayé des dizaines de vêtements, je n'eus pas le coup de cœur pour un en particulier, la déception me suivait là où je me rendais. En sortant des cabines, j'aperçus un groupe de filles tournait autour de mon sac Dior, en me rapprochant rapidement de mon précieux, ces dernières s'écartaient de mon chemin, un sourire narquois aux lèvres. Au moment de ma sortie, une lumière rouge jaillissait des portiques de sécurité, l'incompréhension était alors présente sur mon visage. L'une des vendeuses m'ordonnait de lui montrer l'intérieur de mon sac à main. Cette dernière insinuait que j'avais commis un vol même si cela était impossible. Pourquoi tenter de voler ? Si je le souhaitais, je me paierais l'intégralité de son magasin. Tout en refusant catégoriquement de lui dévoiler l'intérieur de mon sac, celle-ci exigeait à l'agent de sécurité de venir se mêler à cette affaire. Je les menaçais d'appeler mon père, le commissaire de la ville. Soudainement, un grand blond d'un peu près mon âge, apparu derrière mon dos, ce dernier habillé d'un tee-shirt blanc dont on voyait la forme de sa musculature, par-dessus, il avait opté pour une veste en jeans délavé. Il fusillait l'agent de sécurité ainsi que la vendeuse du regard, tout en me regardant d'un grand sourire, il s'exclamait d'une voix grave et confiant.

— Allons petite sœur, je t'ai dit de mettre le bracelet sur ton bras, pas de le mettre dans ton sac. Je sais qu'il te plait vraiment et que tu le vois déjà sur cette belle robe que je t'ai offerte, tu sais la rouge moulante de Louis Vuitton !

Sans comprendre cette scène improvisée, cet inconnu au teint lumineux, s'approchait de moi tout en ouvrant mon sac à main. Jamais personne encore avait eu l'autorisation de toucher mon sac à main, j'étais comme figée sur place. Tout en ouvrant mon précieux, il prit le bracelet se trouvant dedans. L'individu était si proche de mon visage, qu'il m'en était possible d'en apercevoir la couleur de ses yeux, ces derniers étaient d'un bleu azur. Ses yeux bleus plongeaient dans les miens tout en me dévorant du regard. Puis, il détournait son attention pour sortir une liasse de billet de sa poche. Celui-ci les remit à la vendeuse tout en reposant le bracelet dans mon sac et sortit de la boutique en arquant un sourcil. Il disparut ensuite de mon champ de vision.

En quittant le magasin afin de le rejoindre à l'extérieur, ce dernier était déjà au bout de la rue. Je me précipitais tout en marchant de pas rapide, il était hors de question que je mette à courir, je n'avais pas les chaussures adéquates pour cette action. En arrivant à son niveau, je l'interrogeais.

— Je peux savoir qui tu es ?

— Un simple merci m'aurait suffi.

— Je ne vais pas te remercier sachant que je ne sais même à qui j'ai affaire, lançais-je insolemment.

— Un simple gars qui t'a évité d'avoir une étiquette de voleuse. Vu la dégaine que tu as, tu dois sans doute être issue d'une famille assez riche, je me trompe ?

— Mais j'imagine que toi aussi pour fréquenter ce genre de magasin ?

— Je t'ai juste sauvée d'un vol, ça ne veut pas dire que tu es autorisé à me taper la discute, rétorquait l'individu, en me fusillant du regard.

Ce dernier traversait au passage piéton, les mains dans les poches, sans même se retourner sur moi. Il n'avait pas la même allure que les gars que je côtoyais, j'ignorais à qui j'avais fait affaire, mais je n'aurai pas refusé de le voir à nouveau malgré son regard menaçant. Je ne l'avais jamais vu encore au lycée, certes, je ne connaissais pas tous les élèves, mais un gars comme lui aurait été facilement aperçu.

N'importe quel gars aurait donné n'importe quoi pour passer un moment en ma compagnie, j'étais assez populaire au lycée, chaque fois que je défilais dans les couloirs, tous les regards étaient rivés sur moi. J'aimais beaucoup être le centre de l'attention. C'était donc une première pour moi que quelqu'un me résistait. Au même moment, je reçus un message de mon père, m'informant qu'il avait enfin réussi à coincer ce voyou dont il ne cessait de parler. J'étais heureuse pour mon père, lui qui avait mis deux années à tenter de coincer ce délinquant par tous les moyens. Un sourire victorieux apparu sur mes lèvres.

En regagnant le chemin pour rentrer à la maison, j'aperçus un vendeur de hot-dog, ce n'était pas mon habitude de manger dans des fast-foods ou prendre à emporter dans un vendeur ambulant. Mais à ce moment, la faim était au-dessus de ma résignation. En m'approchant de ce dernier, je commandais au vendeur en lui précisant bien qu'il ne fallait pas mettre de condiment. En attendant quelques secondes, le vendeur me tendit mon hot-dog, lorsque j'aperçus que ce dernier n'avait pas fait attention à ma remarque. En lui refusant de le prendre, ce dernier se mit à s'énerver tout en m'obligeant de payer pour cet encas. Quant au même moment, une voix soudaine nous interrompu.

— La demoiselle ne voulait pas de sauce. Pour information, les condiments, c'est le ketchup et la mayonnaise ! Donne-moi celui-ci et fait lui en un sans sauce pour elle, ordonnait l'individu.

En me retournant, il s'agissait une nouvelle fois du grand blond aperçu un peu plus tôt. Tout en ayant un mouvement de recul face à sa personne, je m'exclamais tout en le dévisageant.

— Je n'avais pas besoin de ton aide, je suis une grande fille, je ne suis pas la princesse qui a besoin d'un prince charmant qui vient à son secours !

— Du calme ! Je ne l'ai pas fait pour toi, j'avais faim, mais je reconnais que ta situation m'arrangeait, car au moins, j'en ai eu un déjà tout fait sans même attendre quelques secondes, narguait le jeune homme.

Tout en croisant les bras sur ma poitrine, je le fusillais du regard, en prenant mon hot-dog que le vendeur me tendait. Je présentais un billet au marchand afin de payer les deux sandwichs lorsque le grand blond s'exclamait au vendeur d'un signe de la main.

— C'est pour moi, lançait le grand blond, offrant un billet au vendeur.

— Merci, Jones !

Ce dernier s'était carapaté après avoir payé les encas, sans même que je m'en rende compte, il était déjà loin, ce gars marchait étonnement vite. Je pris un instant avant de m'en aller, une pensée me traversait l'esprit. Le vendeur l'avait appelé Jones, le seul Jones que je connaissais était le grand voyou que mon père venait d'arrêter. S'agirait -il de son fils ? Ça devait simplement être une coïncidence ou bien le vendeur avait écorché son nom de famille. Si cela devait se révéler vrai, je ne pourrais jamais m'imaginer quoi que ce soit avec un fils de voyou. Bien que ce gars était vraiment attirant, que ce soit sa chevelure ébouriffé dorée ou bien son regard profond, mais aussi la couleur de ses yeux, sans oublier sa musculature apparente à travers son tee-shirt. J'ai certes passé un court instant en sa compagnie, mais son corps près de moi, son assurance qu'il dégageait était si plaisante. Malheureusement ce bel inconnu resterait dans mes souvenirs puisque je ne le reverrai jamais plus vu l'immensité de la ville de New-York.

Quelques semaines s'étaient écoulés depuis cette rencontre, mon père était devenu la personnalité la plus connue de tout New-York, il avait éteint la menace qu'était Will Jones, cet homme qui avait commit des centaines de braquages, en volant ce que les gens avaient de plus précieux. Ce voyou accompagné de son équipe était réputé pour détruire tout sur leurs passages, brulant des habitations, blessant des innocents, créant le carnage sur son passage. J'étais si heureuse que mon père, ce héros, avait pu mettre fin à ses délits. Will Jones était à présent enfermé et hors d'état de nuire pour toujours. Ce dernier avait eu la perpétuité.

Quant à moi, j'avais repris le lycée, retrouvé mes habitudes de reine du lycée, mais aussi de présidente du bureau des élèves. Tout en me baladant dans les couloirs au bras de Mike Miller, le capitaine de l'équipe de basket-ball, mais aussi celui qui rêvait de sortir avec moi depuis tant d'années. Je le faisais patienter afin qu'il me montre vraiment son intérêt pour moi. Tous les regards étaient alors tirés vers notre présence, des dizaines de remerciements se firent pour mon père, ces derniers venaient de différents élèves dont j'ignorais le nom. Quant au même moment, la sonnerie résonna dans l'enceinte de l'établissement. Mike s'éloignait de ma portée afin de rejoindre ses amis de l'équipe de basketball. Me concernant, j'ouvris mon casier dans le but de prendre mes livres du premier cours de la journée, lorsque j'aperçus deux agents de police ainsi que mon père devant le bureau du principal. Je ne compris pas leurs présences, en m'avançant vers ces derniers, mon père m'aperçut, en fronçant les sourcils, il s'élançait vers moi en me questionnant agressivement.

— Célia ! Que fais-tu encore dans les couloirs ? La sonnerie a retenti, file toute suite en cours !

— Mais qu'est-ce qui se passe ?! Tu n'es pas dans ton état normal, pourquoi vous êtes au lycée ?

— Le lycée va accueillir l'un des fils des délinquants que j'ai mis en prison, quant à l'autre, il va continuer d'étudier ici et je suis contre cette idée-là, mais il faut croire que c'est un ordre du maire ainsi que du proviseur et je suis obligé de m'y tenir. Pour ta protection, ne cherche pas à fréquenter ces types, ils ne doivent pas savoir que tu es ma fille. Ils risqueraient de s'en prendre à toi pour venger leurs pères. Reste loin d'eux, ne les regarde pas, ne leur parle pas et surtout ne les fréquente pas !

— Je ne les connais même pas et je ne veux en aucun cas trainer avec eux, j'ai une réputation à tenir, tu sais !

— Très bien ! Bon, je dois retourner au poste de police, je n'en ai pas fini avec cette affaire, va en cours, on se retrouve ce soir à la maison !

Les agents de police ainsi que mon père quittaient le couloir afin de se diriger vers la sortie. Tout en détournant le regard, je m'avançais en direction de mon cours de littérature. Lorsque au même moment, j'aperçus un gars capuché se précipitait vers moi, il marchait de pas rapide, le regard baissait vers le sol, mon cœur s'accélérait, je tentais de pas tenir compte de lui en marchant la tête haute accompagnée de pas rapide. Ce dernier passait en me frôlant, j'ignorais si cet individu était l'un des fils des délinquants dont mon père m'avait parlé, mais il fallait que j'agisse comme à mon habitude. Tout en concentrant mon attention, vers le jeune capuché, je me pris une secousse en pleine figure. En me retournant, j'aperçus que j'étais rentré en plein dedans dans une personne. Ce dernier, tout en plissant les yeux, suivi d'un sourire charmeur, s'exclamait en refermant son casier.

— Dis donc, on ne se connaitrait pas nous deux ?

Il s'agissait du grand blond dont j'avais aperçu durant mes vacances d'été, ce dernier habillé d'un tee-shirt gris sur une chemise à carreaux verte, les cheveux ébouriffés, ces derniers étaient coiffés tout en ayant un effet décoiffé, ce qui apportait tout de même un sacré style. Il avait opté pour un pantalon à poche noir sur des sneakers blanche, ces dernières paraissaient nouvelles donnant l'impression qu'ils les avaient achetés uniquement pour la rentrée. Tout en me scrutant de la tête au pied, son sourire disparu, ce dernier refermait son casier d'un geste brusque. Je l'interrogeai sur sa présence ici.

— Tu es donc élève, ici ?

— Tout comme toi, je suis ici depuis l'an dernier et je te connais très bien, Célia !

— Étrangement, je ne t'ai jamais vu, comment c'est possible ?

— Ce que tu aimes, c'est être le centre de l'attention, que tous les regards soient portés sur ta personne, mais si tu regardais autour de toi, tu m'aurais aperçu depuis longtemps. Le monde ne tourne pas autour de toi miss populaire !

Il tournait les talons tout en ignorant mes propos, il prit la direction du premier étage, ce que je fis également, jusqu'au moment où je compris qu'il avait cours au même endroit que moi. Je fis mon apparition dans la salle de classe quelques secondes après son entrée, je ne voulais pas que les autres élèves ou bien le professeur se doutent qu'on était ensemble. En entrant dans la salle de classe, étant présidente des élèves, j'avais prétexté que le proviseur m'avait retenu afin de me parler du prochain bal de promo célébrant le début de l'année. Le professeur acquiesçait en hochant la tête, je me précipitais pour m'asseoir près de Cassie, qui était ma meilleure amie de longue date, mais aussi la capitaine des cheerleaders. Cette dernière me chuchotait tout en ouvrant son livre de littérature.

— Où étais-tu ? Je doute que ce soit Jefferson qui t'a retenu !

— J'étais en train de parler avec un beau jeune homme qui m'a retenu, d'ailleurs, c'est lui, j'ignorais qu'on était dans la même classe cette année. Il était aussi ici l'année dernière et je l'ignorais totalement !

Le visage de ma meilleure amie se figeait soudainement, puis elle s'exclama tout en étant surprise de mes propos.

— Attend, tu ne déconnes pas ? Tu étais vraiment avec lui ? C'est irréel. Certes, il est très joli garçon, mais si ton père l'apprenait, il pourrait te changer de lycée pour ça, Célia ! Tu te rends compte du risque que tu viens de prendre ?

— Mais pourquoi tu me dis ça ?

— Tu ne sais pas qui il est ?

— Eh bien non, je l'ignore, je ne connais pas tout le monde ici.

— Célia, c'est Nate Jones, le fils de Will Jones...

À ce moment, je concentrais mon attention sur l'individu se trouvant à deux rangs de moi. Je posais mon regard sur ce dernier, la bouche entrouverte, l'air choqué. Au même moment, il remarquait mon attention et allait à la rencontre de mon regard. C'était donc lui, ce grand blond qui m'avait sauvé d'un vol, qui m'avait offert son aide dans ma détresse lorsque je l'avais rencontré en plein mois d'aout. Il savait qui j'étais et pourtant il était venu à mon secours. Jouait-il un rôle ? Pourquoi ne pas m'avoir déclaré sa haine dès le jour de notre rencontre ? Je devais avoir une discussion avec lui, mais si les gens nous voyaient ensemble, cela arriverait forcément jusqu'aux oreilles de mon père.

Je ne lâchais pas mon regard de sa personne, ce jour-là, tu avais dû comprendre à l'intérieur de mon regard que je connaissais désormais ta réelle identité...

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