Chapitre 17 : Nate







Le soleil pointait déjà le bout de son nez, quant à moi, j'étais en direction d'un lieu auquel je n'avais pas était depuis tant d'années. Après quelques arrêts de bus, je descendis à l'arrêt indiqué sur mon téléphone, je laissais défiler le bus sous mes yeux, laissant apparaitre le cimetière derrière. En m'approchant du portail, qui ce dernier venait tout juste d'ouvrir ses portes par le gardien dont je saluais d'un signe de tête. Je n'étais pas revenu ici depuis la disparition de ma mère, c'est-à-dire depuis quatre ans. Cela représentait une épreuve pour moi, je savais que la déception de ma mère aurait été immense, mais c'était impossible, ne serait-ce juste d'imaginer une tombe contenant l'âme de ma mère. En marchant dans les différentes allées, je cherchais le nom de Jones de part et d'autres parmi les tombes. Lorsque j'aperçus au loin, près d'un grand et imposant chêne, une pierre tombal arboré de fleur séchée, le nom de "Talya Jones". En restant figé devant la tombe, je sentis à nouveau ma gorge se nouer, me donnant la sensation qu'il m'était impossible d'émettre le moindre mot. Je sentis mes jambes lâcher pour s'agenouiller près du grand chêne. En passant une main sur la tombe de ma mère, je murmurais en passant une main dans les dizaines de fleurs séchées.

— Bonjour Maman...

En posant mon regard sur l'écriture représentant le prénom de ma mère, un sentiment de culpabilité me traversa subitement. Je me sentais si mal de ne pas être venu plus tôt la voir, mais les événements que j'ai vécus depuis sa mort ont été invivables. En me projetant dans mes souvenirs, je me revoyais me balader le long des parterres de fleurs que mon père faisait pousser pour ma mère dans notre jardin. Il disait que les couleurs représentait à travers les pétales de fleurs étaient issus des diverses émotions qu'émettait ma mère. L'amour de mes parents était si fort, si puissant qu'il était perceptible uniquement d'un regard. En quittant mon nuage de souvenirs, une crainte me venu à l'esprit. Je craignais de devenir la même version que mon paternel ayant perdu l'amour de sa vie. Et si les différentes pertes que j'ai vécues ferait de moi une mauvaise personne, ferait de moi la pire des versions que je pourrais devenir. Soudainement, une brise de vent se fit ressentir sur ma joue, me donnant l'impression qu'il s'agissait d'une caresse venant de ma mère. En reprenant la parole, je murmurais sur un ton bas.

— Je suis désolé, tellement désolé de pas être venu te voir avant. Je sais que je dois tant te décevoir. Je suis sûr que de là où tu es, tu dois sans doute avoir honte de moi et je le comprends. Je ressentirais la même chose à ta place, je ne suis pas le fils modèle dont toutes les mères aimeraient avoir. J'ai tout perdu, ma vie est un désastre. Papa est parti en prison en devenant la pire des personnes que ce monde a pu connaitre. Zack s'en est allé et même l'amour de ma vie à préférer me laisser tomber. Au fond de moi, je me demande même que serait ma vie si j'étais né dans la chambre d'en face ? Je suis désolé, au lieu de venir te voir avec des bonnes nouvelles, je viens avec une sale mine et des nouvelles aussi déprimantes que ce lieu. Si seulement tu étais là, tu me dirais à quel point je n'ai pas tout perdu, que j'ai déjà la santé et des rêves plein la tête et que c'est suffisant pour vivre. J'ai cru que l'on pouvait réellement m'aimer depuis ton départ, que moi aussi, je méritais l'amour dans ma vie, mais à la place, lui aussi à préférer m'abandonner. Je ne sais plus comment faire maman, si seulement tu pouvais m'envoyer un signe...

En essuyant les quelques larmes dégoulinant le long de mon visage, je fouillais dans ma veste afin de regarder l'heure sur mon téléphone, lorsque au même moment, la carte de visite donné un peu plus tôt par le restaurateur glissait de ma poche pour tomber sur l'herbe sèche. En la ramassant, je me rendis compte qu'il s'agissait de la carte à laquelle était inscrit le nom de l'école de pâtisserie renommé se trouvant sur Paris. En la prenant en main, je regardais à nouveau la tombe de ma mère, en faisant le lien. Et si c'était un signe provenant de ma mère ? Et si elle essayait de me montrer le chemin qui fallait prendre à présent ? Je m'exclamais en prenant la carte face à la tombe.

— Tu penses que je devrais partir en France pour réaliser mon rêve ? Je sais que c'était également le tien et que tu ne l'as jamais réalisé. C'est un de mes rêves les plus fous, mais si je dois partir le réaliser, cela veut aussi dire que je dois te quitter, maman. Je dois te dire au revoir pour vivre ce rêve. Une partie de moi ne veut pas te quitter, ni même partir de cette ville qui m'a vu grandir, partir vers l'inconnu serait quelque chose de fou. Mais au fond de moi, j'aimerais le faire, j'aimerais réaliser ce que tu n'as pas pu faire de toi-même. J'aimerais tant te rendre fière.

En caressant précieusement la carte, je soupirai avant de me lever, jetant un regard sur la pierre tombale. La brise de vent revint au même moment, mais celle-ci fut plus forte que la première brise. Me donnant la sensation qu'il était temps pour moi de m'en aller, de partir réaliser mon rêve. En m'éloignant de la tombe, lançant un dernier regard, je chuchotais vers cette dernière, le cœur lourd.

— Reste auprès de moi pour toujours...

En quittant le cimetière, le cœur rempli de tristesse et d'amertume, je pris la direction de la maison. Il était à présent temps de partir de cette ville, mais quitter également cette vie monotone. En rentrant à l'appartement, je marchais en direction de ma porte d'entrée afin d'insérer la clé dans la serrure quand la porte voisine s'ouvrit laissant apparaitre ma voisine de pallier.

— Bonjour cher voisin ! Je voulais juste vous avertir que la police est passé dans l'immeuble, ce matin.

— Ah bon et pour quelle raison ? Questionnais-je ma voisine en me tenant face à elle.

— Pour chercher ce jeune assaillant qui n'est nul autre votre complice, pas vrai, Nate Jones ?

En réalisant les propos que venait de prononcer ma voisine, je jetais un coup d'œil sur cette dernière en faisant un mouvement de recul. D'un rire cajoleur, elle me demandait de la suivre dans sa salle de séjour, ce que je fis sans comprendre la moindre chose. En refermant la porte, elle m'invitait à m'asseoir sur l'un de ses fauteuils. J'ignorais ma présence dans ses lieux alors, je décidais de refuser son invitation en la questionnant.

— Pourquoi m'avoir invité chez vous ? Vous comptez prévenir les autorités ?

— Oh non, mon pauvre, je suis bien la dernière qui vous dénoncerait ! Pour tout vous dire, lorsque votre mère a acheté cet appartement, elle m'avait prévenu à l'époque qu'elle vous le donnerait si la situation empirerait.

— Vous avez connu ma mère ? Mais c'est mon père qui est propriétaire de cet appartement.

— Il y a bien le prénom de Talya sur les papiers d'achats, votre père a préféré mettre le prénom de votre mère plutôt que le sien, pour que les autorités ne lui retirent pas son bien. C'est votre mère qui avait décidé de l'achat de l'appartement, le souhaitant afin de vous y voir grandir dedans.

— Donc ma mère avait déjà prévu que je vive seul, ici ? Comment est-ce possible ?

— Elle était déjà mourante et votre père avait rejoint la décision de votre mère, ils m'avaient demandé de garder un œil sur vous. Alors, j'ai de ce fait accepté de leur vendre l'appartement.

— Pourquoi ne m'avez-vous jamais révélé la vérité jusqu'à maintenant ?

— J'ai voulu le faire une multitude de fois, même jusqu'à hier, mais après les disputes que j'ai entendues, j'ai préféré attendre.

— Hum, vous avez bien fait. Je tiens à vous annoncer que vous allez retrouver cet appartement.

— Comment ça ? S'inquiétait la dame âgée.

— Je compte partir en France. Je vous remets donc les clés, une fois que je l'aurai vidé de mes bagages.

— Oh mon grand, je compte bien vous rendre ces clés, un beau jour. Vous en êtes le propriétaire désormais.

— Peu importe, je vous l'offre, il est à vous, vendez-le, gardez le, comme bon vous semble, lançais-je en me rapprochant de la porte d'entrée. Et profitez en pour prendre celles-ci, confiais-je à la dame âgée en lui tendant mes clés de voiture.

— Il s'agit de votre Mustang ? Oh non, c'est à vous qu'elles reviennent, je suis une femme âgée, je ne vois pas en quoi elles pourront me servir.

— Je ne compte pas voyager avec mon véhicule, je doute que ça rentre dans l'avion, ricanais-je légèrement. Elle sera mieux ici.

— Je la garderai pour votre retour, je la bâcherai afin que personne ne puisse vous la dérober. Je vous en fais ma parole.

— Merci.

En quittant son appartement, laissant la dame âgée plantée dans son séjour, j'insérais la clé dans la serrure afin de gagner mon appartement. Une fois dedans, je laissais la porte ouverte pour sortir mes bagages. En allant vers ma chambre pour y récupérer mes bagages, je sentis une énorme lourdeur se former au sein de ma poitrine, une douleur atroce, celle-ci était difficile à digérer. En refermant derrière mon dos, je pris un instant pour regarder les quatre coins de mon appartement en me rappelant de chaque souvenir passés dans ces lieux.

Avant de quitter l'appartement, je déposais mon téléphone sur l'ilot de cuisine, je savais que Célia reviendrait tôt ou tard pour me présenter ses excuses. En y repensant, il y aura toujours un peu de Célia en moi, dans mon appartement, dans ma chambre. Dans mes vêtements ou dans mes draps. Sur ma peau ou sur mes lèvres. En posant mon téléphone, l'écran s'allumait pour faire apparaitre une photo de notre couple, le sourire aux lèvres que j'avais choisies en fond d'écran. Ce fut la dernière image que j'aperçus de notre couple. En soupirant, je savais à présent qu'il ne restait plus rien de nous et désormais plus rien de moi...

En refermant la porte de l'appartement, je veillais à bien laisser le double des clés sous le paillasson, je savais que Célia viendrait tôt ou tard. Le cœur lourd, c'est avec la plus grande tristesse que je trainais mes bagages, jetant un dernier regard par derrière mon épaule. La ville commençait à se réveiller doucement, les taxis s'accumulaient sur les routes, la foule pressées des lundis matin montraient le bout de son nez à travers les nombreuses rues. Quant à moi, je m'élançais vers la route, en levant le bras afin d'arrêter un des taxis. En montant dans l'un d'eux, le chauffeur d'un certain âge se retournait en me guettant du regard pour connaitre la destination. En toussant, libérant une odeur de cigarette, il déclarait à vive voix.

— Alors mon garçon, où voudrais-vous aller ?

— À l'aéroport Newark-Liberty.

— Très bien.

Il se retournait pour faire face à son volant, il reprit la route en direction de l'aéroport. En observant la ville défiler sous mes yeux, des dizaines d'interrogations hantaient mon esprit. Et si c'était une mauvaise idée ? Et si je faisais une erreur ? Pourquoi partir ? Partir vers l'inconnu ? Pensais-je. Au même moment, la voix du chauffeur se fit entendre, ce qui me permettait de sortir de ma brume de pensées.

— Vous comptez voyager ?

— En effet, soupirais-je.

— Vous partez pour quelle destination ?

— La France.

— Oh, c'est magnifique la France, vous allez adorer ! Vous vous rendez dans quelle ville ?

— Paris, je vais dans la capitale.

— La ville de la mode, j'ai ma fille qui y réside là-bas, elle y est allée une fois et depuis elle n'est plus revenue sur New-York. La ville a conquis le cœur de ma fille, je pense qu'elle vous fera surement le même effet.

— J'espère, je verrai bien, marmonnais-je.

— Vous êtes sûr que tout va bien ? Lançait le chauffeur en me regardant à travers le rétroviseur.

— Oui, je suis juste fatigué, j'ai passé une sale nuit.

— Je comprends, vous allez rejoindre votre famille à Paris ?

— Pour tout vous dire, je quitte New-York pour m'aventurer seul en France. J'ai perdu la seule raison qui m'obligeait à rester ici.

— C'est une fille, c'est ça ?

— Exactement, comment vous l'avez deviné ?

— C'est souvent ça, l'amour nous fait beaucoup trop de mal, mais connaitre l'amour, c'est important malgré les déchirures. Vous partez pour tout recommencer ailleurs ?

— En effet, je prends un nouveau départ.

— Vous avez du courage ! L'inconnu fait peur aux gens, mais en vous écoutant parler, je vois en vous beaucoup d'obstination !

— Vous avez l'œil !

— Mon épouse disait autrefois que j'avais un sixième sens pour reconnaitre les qualités chez les gens.

— Auparavant ? Questionnais-je.

— Oui, j'ai perdu ma femme dans un accident de voiture, il y a quelques années.

— Je suis désolé de le savoir. Mais vous n'avez pas essayé de rencontrer ?

— Je ne pourrai jamais la remplacer, elle est toujours avec moi et c'est uniquement ça qui compte, on était deux âmes sœurs. Je l'avais rencontré lors d'une course, elle était en retard pour un entretien d'embauche et malheureusement, on était tombé sur une avenue de bouchons interminable. On avait eu le temps d'apprendre à se connaitre et j'ai pu découvrir qu'elle vivait dans le même immeuble que moi, mais nous ne nous étions jamais réellement parlés. Finalement, elle n'avait pas eu le poste, mais elle avait gagné mieux, mon cœur et un homme aimant. Pour rien au monde, je voudrais vivre à nouveau une histoire avec une autre personne et ça me convient.

— C'est une très belle histoire !

— Merci, mon grand. Je ne fais que parler, je m'en excuse, nous sommes arrivés à l'aéroport.

En regardant l'extérieur, j'aperçus le hall d'entrée de l'aéroport dont de nombreuses personnes allaient et venaient dans tous les sens. En sortant afin de récupérer mes valises, le chauffeur me tendit mes bagages en me souhaitant un bon voyage. À la suite de nos échanges, je sortis mon portefeuille pour payer la course lorsque le chauffeur refusait brièvement.

— C'est pour moi ! C'était un plaisir d'avoir fait cette course avec toi, range ton portefeuille !

— Vous êtes sûrs ?

— Oui, je t'assure ! Allez dépêche-toi, tu vas rater ton vol ! Bonne continuation à toi !

— Merci beaucoup, lançais-je d'un léger sourire.

En gagnant le hall de l'aéroport, je me dirigeais vers le comptoir d'accueil afin de chercher un billet pour Paris. En faisant la queue, j'aperçus l'horloge du hall indiquant les coups de dix heures. En y repensant, quelque chose me disait que Célia, était déjà à l'appartement me recherchant. Mon tour arrivait, en m'approchant du comptoir, je demandais à l'hôtesse un vol pour Paris. Cette dernière m'annonçait qu'il restait uniquement une place de disponible, serait-ce un signe du destin ? L'hôtesse me tendit mon billet en m'offrant un sourire radieux. En le saisissant, je me dirigeais ensuite vers la porte d'embarcation. Après avoir laissé mes bagages, quelques minutes s'étaient écoulé à chercher mon vol, en compagnie d'une bouffée de stress. Une fois trouvé, je montais enfin à bord de l'avion à destination de Paris.

En m'installant à mon siège, coté hublot, je pris une longue expiration laissant sortir ma fatigue émotionnelle, physique et psychique. À ma droite s'était installé un homme d'affaire, son costume en disait beaucoup sur sa personnalité. Il portait un costard dont j'aurais mis toute une vie à me l'offrir, l'air sérieux, il dépliait le plateau du siège devant lui afin d'y poser des documents. Il sortit de sa veste bleu marine de costume, un stylo à plume se trouvant dans une petite boite. J'ignorais quelle profession avait cet homme, mais il était plus préoccupé par ses documents plutôt que d'apprécier le vol. Sans doute qu'il avait tellement l'habitude de voyager, qu'au fur et à mesure des années, il en avait perdu la saveur des voyages.

L'avion se trouvait à présent dans les airs, volant à travers les nuages, en me penchant afin de regarder à travers le hublot, j'aperçus la ville en taille microscopique. Seulement les hauts buildings ainsi que les plages se voyaient encore. La plupart des habitations étaient réduites à l'échelle d'une fourmi. En baissant la trappe du hublot, je me rendis compte à présent qu'il était trop tard pour faire machine arrière. J'étais désormais loin, j'avais tiré un trait sur mes habitudes New-Yorkaise, sur mes études, sur ma famille, sur mon amitié avec Zack, sur mes repères, sur mon identité, mais surtout sur mon amour pour Célia. J'avais décidé de partir pour recommencer tout à zéro, partir sur de nouvelles bases, quelque part où le nom de Nate Jones serait inconnu.

En quittant New-York, une dernière pensée me vint, une pensée si puissante, une pensée qui était destinée à Célia. Je me disais que mon départ était la seule façon d'éteindre le feu qui me consumait intérieurement. En partant, je décidais de l'oublier définitivement, d'effacer de ma mémoire ses souvenirs, ses sourires, ces moments de bonheurs passée avec toi qui nous emmenaient hors du monde, nos promesses, nos rêves, nos projets laissés en suspend. Essayer d'oublier ses regards si purs, si profonds, qui me faisait chavirer. Sentir le regard de Célia sur moi, éteignaient mes idées noires, ces derniers me rendaient vivant. Célia m'avait fait vivre le plus grand amour que je pouvais imaginer, mais aussi la douleur la plus intense que je pouvais ressentir.

Et si mon histoire avec Célia, n'était nul autre qu'une leçon à retenir ? Cela voudrait dire que mes rêves avec elle, n'était que des idées reçues ? Cela voudrait aussi dire que tout ce que j'espérais obtenir avec elle ne se réaliserait jamais. On ne s'était et on ne se dirait jamais au revoir, ni adieu. On ne s'était jamais dit que l'on se détestait, surement qu'au fond ce ne serait jamais le cas. On ne s'était jamais souhaité des vœux de bonheurs pour la suite, car on a préféré prendre la fuite. Avec Célia, je ne partirai jamais en voyage, on n'irait jamais au casino de Las Vegas comme on s'était dit. On ne se marierait jamais sur la plage. On irait plus secrètement au cinéma en plein air ensemble, on ne regarderait plus de grande classique du cinéma. Surement qu'on les regardera encore, mais chacun dans notre coin. On ne prendrait plus de douches dans le noir et je ne l'embrasserais plus sous la pluie comme dans les films. Je ne verrai plus son visage, et elle entendrait plus le son, ma voix. On ne serait plus heureux ensemble et étrangement cela me rendit triste un peu de penser qu'un jour, je serai peut-être heureux sans elle. Je ne la croiserai plus dans les couloirs du lycée et elle ne viendra plus sur mon palier. J'oublierai ses caresses et elle finirait par oublier mon adresse tout comme mon prénom. Cela voudrait aussi dire qu'il n'y aurait jamais d'histoires d'amour comparable aux contes de fées ? Qu'il n'y aurait jamais d'histoires où l'amour était censé durer toute une vie ?

J'avais aimé Célia de tout mon cœur, qu'importaient nos réputations et les différends de nos paternels. Je l'avais aimé de la plus pure des manières, je m'étais armé de douceur et de patience en gardant la main tendue vers elle. J'étais persuadé que notre histoire d'amour en valait la peine. Mais malgré tout, je gardais en moi l'espoir de la recroiser au coin d'une rue, un après-midi d'été ou un soir d'hiver, lorsque la vie déciderait de nous rendre l'histoire d'amour qu'elle s'était permise de nous voler...

                                                                                         ***

Plus de huit heures de vols après, j'étais enfin sorti de l'avion, un air nouveau m'attendait. En sortant du long couloir avec les nombreux voyageurs, je m'orientais vers la salle dans laquelle se trouvait le tapis coulissant laissant apparaitre nos bagages. En me faufilant à travers les passagers, je m'approchais du tapis en récupérant mes bagages, en me retournant, j'aperçus une chevelure blonde passée en un coup de vent sous mes yeux. Et si c'était Célia qui m'avait suivi jusqu'ici ? Ce serait de la folie, pensais-je. En marchant vers la sortie de l'aéroport, je m'approchais d'un panneau afin de jeter un coup d'œil sur le plan de la ville de Paris. Lorsqu'en détournant le regard de la carte, je tombais face à la jeune femme à la chevelure blonde. La présence de cette dernière me surprit tant qu'un sourire esquissait sur mes lèvres. Le visage de la blonde se décomposait face à ma présence.

— Nate Jones ? Mais que fais-tu ici ?!

— Cassie Davis ! Je devrais te retourner la même question !

— Oh non mais c'est de la folie !

— Je suis ravi de te revoir également, taquinais-je.

— Plus sérieusement, que fais-tu ici ?

— Je reprends un nouveau départ en France et toi ?

— Je fuis le passé, lançait la blonde en jetant des regards sur les passants.

— Le passé ? Tu n'étais pas avec Zack ?

— Si, mais je me suis enfuie, car Zack n'est plus celui dont j'étais tombée amoureuse.

— Il t'a fait du mal ? Physiquement ?

— Non, jamais, il me ferait du mal, mais son altitude est en train de changer, il se nourrit de noirceur et surtout, il suit les traces de son père en compagnie de Cobra.

— Hum, je savais que ça arriverait tôt ou tard, déclarais-je en me massant le menton.

— Et j'ai décidé de venir sur Paris, pour recommencer à zéro. J'ai toujours voulu aller dans la capitale de la mode.

— Je te souhaite de trouver quelque chose pour t'épanouir, je le pense réellement.

— Merci, Jones. Tu comptes rester sur Paris, toi aussi ?

— Oui, quelque temps, mais j'aimerais descendre dans le sud de la France, pourquoi ? Tu voudrais qu'on reste en contact ? Que j'ai un œil sur toi ?

— Oh non, justement, je souhaite à fuir mon passé et saches que tu en fais également partie ! Je te demande afin de m'assurer de ne pas te recroiser.

— Très bien alors, je te souhaite une bonne continuation et à bientôt.

— À jamais, marmonnait la blonde avant de disparaitre sous mes yeux.

En sortant du hall de l'aéroport à mon tour, il était temps pour moi d'aller de l'avant. En prenant la carte de visite du restaurateur, je regardais attentivement l'adresse inscrite sur la carte. En relevant, la tête, j'aperçus différentes voitures avec des inscriptions sur les portières mentionnant qu'ils étaient des chauffeurs de taxi. Comparé aux États-Unis, ici, les taxis n'étaient pas jaunes, mais de différentes gammes. En m'adressant à l'un d'eux, aucun ne me répondit, ni même m'adressait un regard, cela me semblait étrange, ne souhaitait-il pas travailler ? En tirant ma valise vers le long d'un trottoir, j'aperçus un homme d'une trentaine d'année, portant une chemise blanche, l'air gêné, debout face à son véhicule, dont à qui ce dernier avait la roue crevée. En m'approchant de cet homme, je posais mes valises à mes pieds, le questionnant.

— Excusez-moi monsieur, vous avez besoin d'aide pour votre roue ?

— À la bonne heure ! Enfin une personne venant à mon secours, j'ai la roue de mon véhicule qui est crevé et je ne sais absolument pas comment la changer. J'ai bien demandé à ces chauffeurs de taxis au loin, mais ils paraissent davantage occuper à fumer qu'à apporter leurs aides à autrui. Lançait le trentenaire, en montrant les chauffeurs de taxi de l'index. Cet incident ne m'aide vraiment pas, je suis en retard, maintenant.

— Les gens sont réellement aigris, ici ! J'ai tenté de chercher un taxi, pas un seul, souhaite me prendre. C'est à se demander s'ils veulent travailler. Rassurez-vous, je vais vous aider, ce n'est rien de difficile.

— Hum, vous n'êtes pas d'ici vous ! Angleterre ?

— Non, États-Unis, je viens de New-York.

— C'est étrange, vous n'avez aucun accent.

— Alors comment savez-vous que je suis un étranger ?

— Parce qu'un Parisien n'a pas le temps d'aider, les gens ici sont pressés, tout le temps. Soyez fier de pas être issu de cette ville anxiogène.

— Vous êtes parisien ?

— Je vis ici depuis quelques années, mais mon cœur appartient au sud de la France, je viens de Cannes, lançait l'inconnu en me donnant un cric.

— C'est une ville qui m'intéresse également, Cannes.

— Vous verrez, ce sera bcp mieux que Paris. Je vous l'assure.

Après avoir changé le pneu du véhicule du trentenaire, ce dernier me remerciait en me serrant la main, puis m'invitait à l'intérieur pour m'accompagner en guise de récompense à l'adresse à laquelle je devais me rendre. Durant le voyage, le trentenaire soulignait des propos qui m'était lointain, j'étais bien concentré à regarder les rues défilait devant moi à travers la vitre. Lorsque la voiture se stoppait soudainement, en concentrant mon attention vers le trentenaire, ce dernier s'exclamait d'un sourire.

— Écoute, mon grand, je vais te déposer ici, l'adresse en question se trouve juste derrière la tour Eiffel. Cela te laissera le temps de prendre une photo avec elle, la chère dame de fer.

— Merci beaucoup pour la course, déclarais-je en ouvrant la portière.

— Je te remercie également pour m'avoir apporté ton aide !

En sortant de la voiture, bagages en mains, je me retrouvais face à cette magnifique dame de fer, en levant la tête, je paraissais semblable à une fourmi. Elle était si grande, en détournant le regard, j'aperçus de nombreux groupes de personnes occupaient à se prendre en photo devant le monument, surement des touristes, pensais-je. Je levais le regard vers le ciel, en envoyant un signe de la main pour ma mère, elle qui rêvait de voir la France, de voir de ses propres yeux la tour Eiffel. En continuant mon chemin, le sourire aux lèvres, je m'avançais vers une bâtisse assez luxueuse dont se trouvait à l'extérieur, une plaque installés dans le mur. Il s'agissait de la plaque mentionnant le nom de l'école de pâtisserie. En m'y rendant, je tombais face à un comptoir en marbre dont de nombreux tableaux se trouvaient derrière, ces derniers contenaient des photos des plus grands chefs étoilés. Une jeune femme se trouvait derrière le comptoir, elle avait les cheveux châtains ondulés et était vêtu d'une chemise satinée de couleur rose. Cette dernière, m'offrit un sourire en me questionnant.

— Bonjour, je peux vous aider ?

— Oh oui, j'ai besoin d'aide, comment puis-je suivre des cours ici ?

— Malheureusement les inscriptions sont clôturées depuis la fin du mois d'aout dernier, je suis navré, jeune homme.

Avais-je réellement tout quitter pour me faire refuser dans cette école ? Devrais-je renoncer ? Non, c'était impossible, il fallait que je rentre à tout prix dans cette prestigieuse école, j'avais les moyens de payer. Je devais à tenter à nouveau ma chance, je ne pouvais pas repartir d'où je venais, ce n'était plus possible. En serrant les poings sur le comptoir, je m'exclamais à nouveau envers l'hôtesse qui avait pris une légère distance de sa banque d'accueil.

— Écoutez, je suis désolé, je sais que vous avez des exigences et que les dossiers sont clôturés, mais je peux vous payer des mois en avance, si vous le souhaitez, l'argent, ce n'est pas ce qui me manque.

— Monsieur, je veux bien vous croire, mais malheureusement les cours ont déjà commencé depuis deux mois, c'est impossible de commencer l'année en cours de route.

Soudainement une voix interrompue notre conversation, un homme gagnait le hall d'accueil. Ce dernier était habillé d'une veste de cuisine à manches courtes de couleur noire sur un pantalon de la même taille. J'aperçus sur son veston que le col de ce dernier représentait les couleurs du drapeau français. Ce dernier arrivait à mes côtés, je n'en revenais pas, la surprise fut au rendez-vous. Cet homme n'était nul autre que le trentenaire à qui j'avais porté secours devant l'aéroport. En me serrant la main, fièrement, il s'exclamait à son tour.

— Ravi de vous revoir ! Venez avec moi, je vais vous montrer les cuisines ! Lançait le trentenaire afin de détourner son regard vers l'hôtesse. Mademoiselle, il s'agit d'une recommandation d'un de nos anciens élèves, ce jeune homme est bourré de talent, veillez à faire un meilleur accueil à l'avenir.

— Bien monsieur, s'excusait la jeune fille, le regard fixé au sol.

En suivant le trentenaire, ce dernier avançait de pas rapide, l'air pressé. Sous l'incompréhension, marchant à son niveau tout en trainant mes bagages. Je questionnais l'individu.

— Excusez-moi, mais vous pouvez m'expliquer ce qui vient de se passer ? Vous êtes l'homme que j'ai aidé à l'aéroport et je vous retrouve ici en tenue de cuisine ? Qui êtes-vous ?

— Nous aurons tout le temps pour les questions, un de mes amis restaurateurs à New-York m'a raconté du bien de vous. Je tiens à vous accueillir dans les meilleures conditions. Vous serez logés dans l'un de mes appartements sur Paris et je vous invite dès à présent à suivre nos cours ici.

— C'est incroyable, mais vous ne savez rien de moi, vous faites confiance à votre connaissance autant que ça ?

— Certes, je ne vous connais pas, mais du peu que j'ai entendu et vu de votre personne, cela me suffit amplement pour dire que vous êtes une bonne personne. Ne trainons pas, votre avenir vous attend, monsieur ?

— Jones, Nate Jones, rétorquais-je en souriant.

— Votre avenir n'attend plus que vous, Nate Jones, lançait le trentenaire en ouvrant les portes d'une cuisine...


À suivre...





Notes de l'auteur :

Coucou ! Comment allez-vous ? On se retrouve sur un chapitre assez triste, mais également décisif, car il s'agit du dernier chapitre marquant l'adolescence de nos personnages. Vous les retrouverez très vite, pas de panique !

Quels sont vos avis sur le départ de Nate ? Pensez-vous qu'il a bien fait de s'en aller ? Qu'imaginez-vous pour la suite pour Nate ? Célia ? ou encore Cassie ?

Merci pour votre lecture, avis, commentaire, mais surtout votre soutien !

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