Chapitre 15 : Nate
Elle semblait désemparée, comme si elle était au courant d'une chose si horrible, donnant l'impression que cela lui rongeait intérieurement. En deux ans de relation, je n'avais jamais vu Célia ainsi en ma présence, le corps tremblant, le regard fuyant, les bras croisés contre sa poitrine si serrer qu'elle en avait du mal à respirer. Cela m'inquiétait davantage, en concentrant mon attention sur ma blonde, je sentis soudainement mon téléphone vibrer sur l'îlot de cuisine, en me dirigeant vers ce dernier, je m'exclamais vers Célia qui restait figée devant ma portée.
— Je t'écoute, je regarde juste le message que je viens de recevoir.
— Non ! M'ordonnait Célia en se précipitant vers l'îlot.
— Qu'est-ce qui te prend Célia ? Je regarde seulement de qui il s'agit.
En déverrouillant mon téléphone, je reçus un message provenant de Ruby m'indiquant de regarder la story de Mike Miller. Le message est accompagné d'un émoji tête de diable malicieux, cela m'intriguait de savoir ce que ce crétin avait pu mettre en ligne, mais surtout pour quelles raisons Ruby souhaitait mon attention là-dessus. En ouvrant l'application Instagram, je recherchais le pseudo de Mike Miller, lorsque Célia tentait de m'attraper mon téléphone.
— Nate ! Je suis en train de t'avouer quelque chose et tu ne prêtes aucune attention sur mes propos ! C'est un manque de respect ! Grommelait Célia.
— J'en ai pour une minute, je veux juste regarder une story, on m'a demandé de regarder celle de ce crétin de Mike sur Instagram. J'ignore pour quelles raisons, mais apparemment, il aurait mis quelque chose d'intéressant qui suscite l'attention.
— Nate, non, ne la regarde pas ! Je t'en prie !
En dévisageant ma copine, je ne compris pas son comportement, elle, qui d'habitude s'en moquait pleinement des storys que je regardais sur mon téléphone. Une pensée me vint soudainement. Et si le contenu de Mike avait un lien avec Célia ? Mike aimait poster Célia en story, que ce soit la filmer en soirée, pendant les heures de cours ou encore à la salle de sport. Célia était si photogénique, qu'il aimait la mettre partout sur son profil. En fronçant les sourcils vers ma blonde, je la questionnais d'un air inquiet.
— Rassure-moi, Célia, tu n'as aucun lien avec la story de Mike ?
— Nate, je veux juste que tu poses ce téléphone et que tu écoutes ce que j'ai à te dire, je t'en supplie, murmurait la blonde en posant sa main sur la mienne.
J'avais tant envie de l'écouter, mais ma curiosité n'en faisait qu'à sa tête, en regardant Célia, je détournais mon attention de cette dernière afin de poser mon téléphone sur l'ilot. Lorsque au même moment, mon index se posait sur le cercle lumineux contenant la story de Mike, laissant apparaitre une vidéo. Au même moment, Célia se mit à crier mon prénom en tentant de saisir mon téléphone. Par chance, je l'avais attrapé avant. Il s'agissait d'une vidéo de Mike en pleine partie de jambe en l'air. Je n'y fis pas plus attention lorsque je reconnus la robe, mais également la fille sur la vidéo. Il s'agissait de la robe que j'avais offerte à Célia pour fêter nos deux ans de relation. Je n'arrivais pas à croire ce que je venais de voir, je restais alors figé sur cette vidéo, un ultrason s'était abrité dans mes tympans. Je sentais mon cœur battre si fort que j'avais l'impression qu'il allait sortir de ma cage thoracique pour exploser en mille éclats. Des sueurs froides dégoulinaient le long de mon dos, une vague d'incompréhension et d'impuissance me submergeait en espace de quelques instants. Pas un mot, pas un cri, sortant de ma personne, lorsque je sentis une larme au gout salée atteindre mes lèvres. Seulement la voix aigüe et les sanglots de Célia était en arrière-plan. Je tentais de m'exprimais, mais c'était pour moi impossible, donnant l'impression d'être muet de terreur. À cet instant, je sentais ma gorge se serrait si fort, qu'il m'en était difficile de respirer. Mon regard était figé sur le sol, j'étais comme paralysé par ce que je venais de voir, à chaque mot que sortait Célia, je sentis mon cœur exploser à nouveau, laissant couler des litres et des litres de sang. Sa voix aiguë prononçait à nouveau mon prénom encore et encore, comme un battement de cœur.
— Nate, murmurait la blonde en sanglotant. Nate, s'il te plait, dit quelque chose...
— Il n'y a plus rien à dire, marmonnais-je en posant mon téléphone sur l'ilot de cuisine.
— Je t'en prie, laisse-moi t'expliquer, il faut que tu saches la vérité.
— Je ne veux plus rien entendre, la vidéo parle d'elle-même, murmurais-je en faisant dos à la blonde.
— Non, tu ne sais pas tout, je sais que c'est horrible, j'ai brisé la règle qu'on s'était imposé, mais s'il te plait, laisse-moi t'expliquer pour que tu puisses comprendre.
— M'expliquer ?! Lançais-je, me tournant vers Célia, le regard noir. Tu veux m'expliquer quoi Célia, la façon dont tu as procédé pour ouvrir tes jambes à cet enfoiré ?! Que veux-tu m'expliquer hein ?! Tu viens de me trahir !
— Au moins, tu vois à présent ce que j'ai ressenti quand tu ne m'as pas donné la localisation de Zack !
— Pardon ?! Menaçais-je insolemment. Que viens-tu de dire ?!
— Tu connais la douleur que j'ai ressentie désormais.
— Et moi ma douleur ? Elle ne compte pas ? Tu n'es pas sérieuse là Célia ?! Tu crois que c'est un jeu ? Je fais et tu te dois de faire pareil mais en augmentant le risque ?! On n'est pas dans une cour de récréation Célia ! Et ce n'est pas semblable, j'ai défendu mon ami alors que toi, tu viens de baiser avec un crétin qui en as rien à faire de toi ! Tu viens de me tromper et tout ce que tu as à me dire c'est de rejeter la faute sur moi.
— Nate, bien sûr que si elle est importante, mais laisse-moi t'expliquer, je n'ai pas voulu, lançait la blonde en posant une main sur mon buste.
— Ne me touche pas ! Je veux plus que tu t'approches de moi ! Ordonnais-je en la repoussant.
— Nate, je t'en supplie, ripostait Célia en pleurant. Je n'ai pas voulu faire ça, j'étais en colère contre toi, contre mon père, contre cette situation et j'ai bu. J'ai enchainé les verres d'alcool et j'étais à la soirée de Mike et tout est allé si vite. Je me suis rendu compte que ce n'était pas avec toi que j'étais en train de faire l'amour, mais avec Mike.
— Ferme-la ! Je ne veux plus rien entendre de toi, je veux que tu partes sur le champ ! Tu m'entends ?!
— Nate, essaye de comprendre !
— Essayer de comprendre ?! Coupais-je la blonde en la fusillant du regard.
Au même moment, une montée de colère m'atteignait mélangeant, la rage, la tristesse et les images de la vidéo m'apparurent. En regardant dans les coins de la pièce, j'aperçus un pied de biche près du canapé, ce dernier devait sans doute appartenir à Zack. En l'attrapant, sous les interrogations de Célia, je m'élançais vers la cuisine, donnant des multiples coups sur l'ensemble des meubles, cassant la vaisselle, les portes des placards et divers tiroirs. Frappant à maintes reprises, criant ma rage, les morceaux de verres s'accumulaient sur le sol, en lâchant, le pied de biche, je finissais de frapper à mains nues, laissant la colère s'emparer de mon corps. Les cris de Célia me stoppèrent.
— Nate ! Nate, je t'en supplie, arrête-toi ! Arrête de te faire du mal ! Tu as les mains en sang !
— Que veux-tu que je comprenne Célia ?! J'ai tout fait pour toi ! Tu sais ce qui m'a fait le plus mal ? C'est de réaliser à quel point j'étais prêt à tout faire pour toi, je t'ai défendu tant de fois quand tout le monde te jugeait pour la peste que tu es ! J'ai mis de côté mes propres rêves, j'ai ignoré mes propres besoins, mes propres désirs, dans l'espoir que ça te ferait rester. Je t'ai donné mon temps, mon énergie, mon amour, mon corps, mon cœur, tu avais tout avec moi ! Mais tu en voulais toujours plus ! Ce n'était jamais assez ! Aucun effort ! Aucun sacrifice ne semblait jamais suffire ! J'ai fait semblant que tout allait bien pour pas briser notre couple, pour pas te rendre triste. Rends-toi compte de ce que tu viens de faire ! Tu viens de me poignarder en plein cœur en séparant les deux morceaux de mon cœur à main nu.
— NATE ! S'il te plait ! Stoppe-toi !
— Recule ! Sinon c'est sur toi que je frapperai !
— Tu n'oserais pas ? Tu n'irais pas jusqu'à là ? Marmonnais Célia en reculant d'un pas.
— Tu es bien allé jusqu'à briser notre seule règle, pourquoi je n'irai pas jusqu'à là ?! Lançais-je, le regard noir, m'avançant lentement vers la blonde. Aurais-tu peur Banel ?! Tu sais, je reste un fils de meurtrier ? Un fils de délinquant, je sais que c'est tout ce que je représente pour toi ! M'exclamais-je en tenant en l'air le pied de biche.
— Nate, je te connais, je sais que tu ne le ferais pas ! Tu n'irais pas jusqu'à me faire du mal !
— Je n'oublierai jamais la façon dont tu m'as laissé souffrir seul pendant que tu as apprécié la compagnie de quelqu'un d'autre sachant que nous étions un couple. J'ai cru que quelqu'un pouvait réellement m'aimer, j'ai cru en quelque chose qui n'était pas réel, notre amour était comme une évidence pour moi, va-t'en, Célia.
— Mais bien sûr que si ! Je t'aime Nate, je t'aimerais toujours ! On ne forme qu'un, mon cœur. C'est toi et moi contre le reste du monde, l'as-tu déjà oublié ? Que dis-tu ?
— Cesse de mentir ! C'est toi contre le reste du monde, c'est fini ! Dégage Banel !
— Non, je reste ici ! Tu n'es pas dans ton état normal ! On est un couple, je te rappelle !
— Non, plus maintenant ! Va-t'en, je ne veux plus jamais te revoir !
— Tu ne peux pas me quitter, qu'est-ce que je vais devenir sans toi ? J'ai besoin de toi Nate, je t'en supplie, prend le temps pour me pardonner, tu sais très bien que je t'aime et que j'ai besoin de toi pour avancer, j'ai besoin de nous.
En m'élançant vers la blonde, cette dernière fit un mouvement de recul face à mon arrivée. En la dévisageant, d'un rire ironique.
— Tu recules quand je viens vers toi, ça veut tout dire. Tu as peur de moi, profite pour appeler ton père, il cherche toujours Zack, préviens-le en lui disant que tu as trouvé son complice !
— Je n'ai pas faix exprès de reculer, je suis désolé, Nate, tu me crois quand je te dis que je t'aime, regarde-moi, je t'en supplie...
— Je n'arrive plus à te regarder droit dans les yeux, je n'arrive plus à te croire, va-t'en, Célia, je ne veux plus te voir, plus jamais !
— Non !!
— Très bien alors c'est moi qui te sors ! Lançais-je en attrapant de force la blonde par le bras.
En ouvrant la porte, je tirais le bras de Célia, la forçant à se diriger vers la sortie. Mes mains dégoulinaient de sang, ce qui tachait également ses avant-bras. En me faisant face sur le palier de la porte, les larmes aux yeux, me suppliant de la laisser revenir, je refermais la porte de force. En fermant la porte à clé, j'entendais les cris de Célia derrière le bois de la porte, la voir dans cet état me rongeait le cœur, c'était si douloureux. Mais l'action qu'elle venait de commettre l'était encore plus, je laissais la rage sortir en frappant à nouveau tous les meubles se présentant à moi. Après quelques secondes, plus un bruit ni même un cri provenant de l'extérieur de la porte, Célia avait dû partir, en lâchant le pied de biche à mes pieds, je constatai l'étendu des dégâts causés par ma colère et mon chagrin. En m'asseyant au sol, l'air abattu, je sentis mes yeux s'humidifier sans retenir les larmes tombantes les unes âpres les autres. En laissant le sang coulait le long de mes phalanges, en fermant les yeux, des dizaines de souvenirs me vinrent à l'esprit. Notre rencontre, nos rires, nos émotions, nos échanges de regards complice, nos bagarres affectives, nos câlins, nos caresses, nos jeux de séduction, nos promesses, nos secrets, nos rêves, nos projets, notre amour. En me projetant assez loin dans ma mémoire, un de mes plus beaux souvenirs m'apparut. Le jour suivant notre rencontre, ce jour-là, quand j'avais vu, j'étais si heureux de la connaitre réellement et pas pour la fille prétentieuse qu'elle paraissait. C'était un jour magique, un jour que j'aurais aimé revivre encore et encore. Le soleil tapait sur nos têtes et nos rires résonnaient. Nos sourires éclairaient les passants et ses yeux faisaient valser mon cœur. Pourtant, ce jour-là, je savais que chaque moment de notre relation menait à la fin de notre histoire. Tout n'était plus que passé, même notre amour avait échoué, tout prenait son sens désormais...
***
Impossible pour moi de fermer l'œil de la nuit, j'attrapais alors un balai pour nettoyer et ramasser les débris de verres. C'était pour moi impossible de ne pas penser au pire, une partie de moi aurait continué de saccager les meubles pour ensuite aller calmer ma peine avec de l'alcool. Je faisais ainsi preuve de maturité en ne pensant pas à la faute de Célia, il était peut-être temps de mettre ma relation avec ma blonde derrière moi pour me concentrer vers l'avenir. En jetant un œil vers la baie vitrée montrant la sublime vue panoramique du centre-ville de New-York, une pensée m'apparut à ce moment-là à l'esprit. Et si je recommençais de 0 ? Partir vers l'inconnu ? J'étais conscient d'une chose, c'était que dorénavant, je n'avais plus ma place à New-York, ni même dans la vie de Célia. Tout comme Zack, il était temps de partir de cette ville. Je n'avais plus vraiment le choix, si je restais ici, tôt ou tard la police m'aurait arrêté, il fallait partir pendant qu'il m'en était encore possible.
En gagnant ma chambre, j'attrapais une valise dont j'ouvrais afin d'y mettre mes vêtements, mes paires de chaussures. Je saisis mon sac à dos où j'y mis mon ordinateur portable, des albums photo de famille, mon portefeuille et quelques affaires appartenant à mon père comme ses costumes ou encore ses cravates. En refermant mes bagages, je m'orientais vers la salle de bain afin d'y prendre une dernière douche, mais surtout pour nettoyer le sang encore présent sur mes mains. Quelques minutes plus tard, j'attrapais une serviette pour la passer dans mes cheveux, me les secouant pour y enlever la moindre trace d'eau. J'optais pour un tee-shirt blanc à peine repassé, un jeans troué légèrement délavé. En quittant la salle d'eau, je passais devant mon canapé sur lequel était posé, dans le coin, mon sweat-shirt de couleur gris. En m'habillant de ce dernier, je regagnais ensuite ma chambre afin de prendre mes valises. En les déposant ensuite devant la porte d'entrée, je soupirai longuement en jetant des regards dans chaque coin de mon appartement. Je n'ai jamais cru aux histoires de paranormal ou de fantômes, mais étrangement à cet instant, je me revoyais revivre certains souvenirs dans l'appartement en compagnie de Célia ou de Zack. L'un comme l'autre avait décidé de sortir de ma vie et il fallait donc respecter leurs décisions bien qu'elles soient douloureuses. Les souffrances faisaient partie de ma routine de vie et parce que je vivais ces douleurs quotidiennement, il fallait que cela cesse au plus vite.
En jetant un coup d'œil sur l'heure de mon téléphone, je me rendis compte qu'il était deux heures trente du matin, il ne me restait plus que quelques heures avant le lever du soleil. J'en profitais pour sortir, m'aérer l'esprit et me changer les idées. Une fois dehors, les rues inondées de monde le jour étaient vides, cela faisait un contraste comparé aux jours. Après avoir traversé Brooklyn, j'atteignais la plage de Rockaway où j'aimais tant me rendre avec Zack. Cette dernière était vide tout comme le centre-ville. Seulement les vagues étaient présentes, en m'installant sur le sable, proche du rivage, je concentrais mon attention vers l'horizon. La lune reflétait à travers l'eau, le calme absolu, c'est à ce moment qu'une idée me vint. Avant de partir de cette ville que je trainais tel un boulet, il fallait me rendre à un endroit en particulier...
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