Chapitre 13 : Nate






Comment c'était possible ? Cobra et sa bande arrivèrent près de nous. Un groupe composé de dix hommes, tous vêtus de veste en cuir, certains étaient tatoués de part et d'autres. Ces derniers avançaient vers nous de façon à nous encercler de tous les côtés. Ils me faisaient penser à une troupe de hyènes se préparant à attaquer. D'un sourire mesquin, Cobra écraser sa cigarette au sol avant de nous saluer d'un signe de la main. À son arrivée, je remarquai que ce dernier avait un cobra tatoué sur son avant-bras, il s'était surement nommé ainsi pour ce marquage. En ne comprenant pas leurs présences, je me retournais vers Zack, ce dernier fit une accolade à certains membres du groupe de Cobra, la stupeur était présente sur mon visage. Le leader du groupe s'exclamait en tapotant l'épaule de Zack.

— Tu as fait le bon choix en nous appelant, mon grand !

— C'est toi qui les as appelés ?! Grognais-je en direction de Zack.

— Oui, car ce n'est surement pas toi qui l'aurais fait ! On a besoin d'eux Nate ! Rétorquait Zack en arquant un sourcil.

— Mais eux n'ont pas besoin de toi pour arriver à leurs fins ! Tu penses que s'il t'arrive une galère, ce sont eux qui te sortiront du pétrin ? Ils sont égoïstes ! Tu ne devrais pas les rejoindre !

— Mon grand, je pense que Zack est assez grand pour faire ses propres choix ! Affirmait Cobra en posant une main sur le haut de mon épaule.

Je fis un mouvement de recul quant à sa présence près de moi, en le dévisageant du regard, je repris face à mon meilleur ami.

— Zack, tu ne devrais pas aller avec eux, tu sais qui sont ces mecs ! Tu sais que là où ils vont, ils sèment la terreur et font couler le sang d'autrui. Tu n'es pas comme eux !

Zack jetait un coup d'œil sur la bande de brigand de Cobra puis ramener son attention sur moi, il se rapprochait près de mon visage, s'emparant de mon sac à dos, tout en m'annonçant.

— Je vais récupérer ça, je vais en avoir besoin. J'ai fait mon choix, Nate et je pense que tu connais déjà mes intentions, lançait Zack en remontant ses mèches brunes d'une main.

Des sifflements et des cris de victoires se firent entendre près du groupe de délinquants de Cobra, Zack s'avançait vers eux tout en levant un poing en l'air. Cobra posait son attention sur ma portée en m'interrogeant.

— Allons Nate, tu ne comptes pas laisser ton ami seul dans le groupe ? Ton père n'a jamais abandonné Alaric, tu ne comptes pas décevoir ton cher père n'est-ce pas ?

— J'en ai peu à faire d'être la déception de mon père ! Pour rien au monde, je viendrai avec vous ! Même si cela veut dire que je dois abandonner mon meilleur ami ! Rétorquais-je en observant Zack au loin.

Cobra acquiesçait tout en me narguant d'un sourire, il rejoignit Zack en passant un bras autour de ses épaules. Ce dernier lançait d'un ton provocateur.

— Regarde Zack, ce que tu oses appeler ton meilleur ami ! Est-ce que tu penses qu'un ami essaierait de te changer ? Est-ce que tu penses qu'un ami t'interdira de rejoindre ce qui est bon pour toi ? Il est temps pour toi de décider et de reprendre ce que ton père n'a jamais pu finir !

— Tu as raison Cobra, je me coltine un traitre depuis trop longtemps, mais les choses vont changer, fit remarquer Zack en me fusillant du regard.

— Zack ! Tu peux encore refuser ! Revendiquais-je.

— Oui, tu as raison ! Je refuse de continuer avec toi Jones ! Je sais ce qui est bon pour moi et ce n'est pas de continuer avec toi ! Nos chemins se séparent ici, Nate. Je pensais compter pour toi, que tu me portais dans ton cœur, que j'étais ton frère. Mais ce sont les gens les plus proches de nous qui finissent par nous planter un couteau dans le dos, pas vrai ? Lançait Zack, le regard menaçant.

— Zack ! Arrête ton numéro et n'y va pas ! Ordonnais-je.

— C'est fini, Jones ! J'obéis à aucun de tes ordres, tu n'es pas mon père et désormais, tu n'es plus mon frère.

La mâchoire serrée, face à cette situation dont j'étais totalement impuissant, Zack défilait sous mes yeux en direction des véhicules de la bande de Cobra. La respiration saccadée, les poings formés, je jetais mon attention sur Cassie, qui avait assisté à la scène telle une figurante. Cette dernière, tremblante, laissant la peur prendre possession de son corps, me jetait un regard inquiétant. Soudain, la voix de Zack se fit à nouveau entendre.

— Cassie ! Viens avec moi ! S'exprimait Zack, la main tendue vers sa blonde.

— Cassie, si tu ne veux pas y aller, n'y va pas, ce n'est pas un monde pour toi ! M'exclamais-je vers la cheerleader.

— Jones, je, hésitait Cassie.

— Cassie ! Cesse de parler avec le traitre et rejoins-moi, grommelait d'impatience, Zack en tenant la portière d'un pickup.

— Tu n'es pas obligé de le suivre, marmonnais-je à la blonde.

— Jones, je suis désolé, mais je ne peux pas le perdre...

Cassie prit ses sacs en direction du pickup où se trouvait Zack, il prit sa blonde par la taille en l'embrassant à pleine bouche. Il fit monter à l'intérieur la capitaine des cheerleaders et m'adressait un dernier regard, un regard rempli d'amertume...

Seul, planté au milieu du parking du motel, les pickups avaient démarré vers la sortie de la ville. Je ne réalisais pas que je venais réellement de perdre mon meilleur ami, je ne reverrai certainement plus sa joie, entendre ses blagues, son intérêt pour les bagarres, son côté séducteur envers les filles, mais aussi sa présence dans ma misérable vie. Je craignais le pire pour son avenir avec Cobra et sa bande, Zack était un imbécile, mais il n'était pas méchant. J'espérais qu'il se rendrait vite compte de la réelle identité de Cobra tôt ou tard. En prenant mon téléphone, j'aperçus des dizaines d'appels manqués ainsi que des messages provenant de Célia. En passant une main sur mon front, je soupirai de peur, je venais de réaliser qu'il fallait annoncer à ma copine, le départ de Cassie. Son départ allait l'anéantir...

Je repris la direction de l'appartement en espérant ne pas me faire apercevoir par les autorités. Je n'avais plus ma place à New-York, j'aurais pu continuer en quittant la ville moi aussi, mais je ne pouvais pas tourner le dos à mon passé. Il s'agissait de la ville dans laquelle j'avais grandi, la tombe de ma mère reposait ici, mais surtout Célia. Je ne pouvais pas m'enfuir, laissant mon évidence à New-York. En regagnant le centre-ville, je roulais en direction de mon appartement. Arrivé à celui-ci, je garais ma voiture dans le souterrain, prenant une grande respiration, je refermai la portière de ma Mustang assez fort. Je n'étais pas conscient de ce qui venait de se produire, la perte de Zack me provoquait un électrochoc, l'impression qu'une partie de ma personne venait de s'en aller avec lui. En quittant le parking, je m'approchais de la porte de mon appartement, en ouvrant celle-ci, j'aperçus des fantômes de Zack au sein de mon séjour. Ils s'agissaient d'illusions, mais ces derniers paraissaient si réels, lorsque je posais mon regard dans un coin de mon appartement, je me revoyais revivre ces souvenirs en sa compagnie. Je me servis un verre d'eau lorsqu'en me retournant sur l'îlot de cuisine, j'aperçus la pomme de Zack. Ce dernier avait croqué dedans, mais ne l'avait pas terminé, en la prenant en main, je ressentis une lourdeur au cœur si intense. Je détournai mon attention pour la jeter, il fallait que je me rende à l'évidence, Zack avait fait un choix, il avait décidé de devenir une version plus mauvaise de sa personne. Je ne devais en rien me sentir coupable de sa disparition dans mon quotidien. En m'approchant de mon canapé, je sentis des vibrations dans ma poche ainsi que la sonnerie de mon téléphone. Un énième appel de Célia venait s'ajouter à la pile, je n'avais pas envie de parler, même à ma copine, sachant que je n'avais pas encore réfléchi à la façon de lui annoncer le départ de Cassie. Je ne répondis pas à son appel en appuyant sur le téléphone rouge de mon smartphone. Soudain, j'entendis quelqu'un toquer à ma porte, en me dirigeant vers cette dernière, je tombai face à Célia.

Sa démarche était dynamique avec un air énervé en revanche la mienne était vide et triste. Aucun mot ne sortit de mes lèvres en voyant la blonde, j'ouvris la porte en m'assurant de refermer derrière sa venue. Je savais qu'elle était là pour savoir la raison de mon silence. J'avais fauté avec Zack et je vivais à présent une nouvelle trahison, celle avec ma copine. La dispute ayant suivi notre retrouvaille était inévitable. À présent, j'étais conscient d'une chose, aux yeux de Célia comme aux yeux de tout le monde dans cette ville, je n'étais qu'un délinquant et je le resterais pour toujours. Je l'avais toujours su, mais j'en avais désormais la certitude concernant Célia. Elle quittait l'appartement, me laissant seul comme à mon habitude.

J'avais tellement de rage à extérioriser, je n'avais nulle part où aller. En passant mes mains dans mon cuir chevelu, tétanisé de cette situation qui me pesait dans la poitrine. Je ne perdis pas une minute de plus à me lamenter sur moi-même. Je pris une veste, mis ma capuche en jetant un coup d'œil sur le miroir, contemplant la personne que j'étais devenu. En me voyant dans le reflet, je ne voyais rien de beau en moi, j'étais recherché, sans amis, sans famille, sans avenir et sans espoir, un rejeté de cette société. En me concentrant sur le fond d'écran de mon cellulaire, j'aperçus une photo de moi et Célia, le sourire aux lèvres, allongé sur mon lit. C'était une photo que j'avais prise au début de notre relation, malgré notre secret, tout allait si bien entre nous. En un instant, je fermais les yeux pour revivre ce moment complice, une bagarre amical, des caresses, de l'affection et des regards si profonds. Elle s'était arrêtée me contemplant du regard, puis en un silence, elle m'avait dit pour la première fois qu'elle m'aimait. Il s'agissait du premier, je t'aime, que je reçus d'une autre personne autre que ma mère. Cela me faisait si chaud au cœur que je n'avais pas répondu toute suite, ses trois mots, sept lettres résonnaient en moi comme un écho. En lâchant un soupir de lassitude, je pris la décision de laisser mon téléphone sur la table de mon séjour. En quittant mon domicile, je marchais le long des bâtiments, parmi la foule New-yorkaise, mains dans les poches, le regard vers le sol afin d'éviter les regards d'autrui. Le soleil commençait à se coucher, les allées et venues se réduisaient, j'avais atteint une vitrine en coin d'une avenue. Des centaines de personnes attendaient en file d'attente, de nombreuses voitures de haute gamme stationnaient devant. Il s'agissait d'un nouveau restaurant venant s'installer au centre-ville. En passant devant, j'aperçus un homme, d'une trentaine d'années, en polo noir élégant, le teint bronzé, les cheveux soyeux. Il devait sans doute s'agir du restaurateur. Il serrait les mains de chaque personne attendant dans la file d'attente. En jetant un coup d'œil sur l'entrée de son restaurant, j'aperçus un grand tapis épais de couleur bronze, des dizaines de luminaires sophistiqués, des tableaux de toutes tailles différentes. Étant à l'extérieur de l'établissement, il m'était impossible à distinguer plus d'élément de ce restaurant. Des agents de sécurité firent rentrer les premiers clients, en me rapprochant, j'aperçus quelques serveurs habillés de façon élégante. Ces derniers portaient des plateaux en argent, sur lesquels se trouvaient des centaines de flutes à champagne en cristal. En me penchant davantage, je me fis bousculer par agents de sécurité, l'un d'eux m'ordonnait de manière agressive.

— Eh toi ! Dégage de là, il s'agit d'une soirée privée !

— Je ne suis pas rentré, j'ai seulement regardé ? Il faut que je paie pour pouvoir observer ?

— Il y a assez de regards par ici, aller dégage de là !

En m'éloignant du restaurant, je me fis rattraper par l'homme au polo noir aperçu devant l'entrée de l'établissement, ce dernier posait une main sur mon épaule.

— Attendez, je n'aime pas du tout la manière dont il vous a parlé, veuillez me pardonner pour le manque de délicatesse de cet agent de sécurité, que diriez-vous d'entrer ? Je vous offre le verre.

— Je ne veux pas faire tache dans votre restaurant si prestigieux.

— J'insiste, venez avec moi.

En passant de nouveau devant l'agent de sécurité, j'arquais un sourcil tout en le dévisageant de haut en bas. J'ignorais pourquoi cet homme avait souhaité m'inviter tout de même à rentrer dans son restaurant, à l'intérieur se trouvaient des dizaines de personnes toutes habillées de costumes haut de gamme et de robe à prix exorbitant. L'atmosphère qu'émanait du restaurant était somptueuse et raffinée. De la bougie parfumée en passant par les colonnes majestueuses qu'arborait l'entrée du restaurant, le luxe était présent dans chaque détail du restaurant. En me concentrant sur l'homme se trouvant à mes côtés, d'un sourire, il me tendit une flute de champagne. Le regard soucieux, il s'exclamait d'un ton chaleureux.

— Alors mon restaurant vous attire, jeune homme ?

— Pas plus que ça, lançais-je en saisissant la flute de champagne.

— La plupart des gens ne s'attardent pas plus que ça sur les détails. Lorsqu'ils aperçoivent la file d'attente, ils ne prennent même pas le temps de regarder autre chose. La foule est attirée par la foule, or vous, c'est l'intérieur qui vous attire et pas de savoir qui est un tel ou qui est venu avec la plus belle voiture.

— Un nouveau restaurant en ville qui fait venir autant de monde, ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir ça.

— J'ai marqué vos esprits au moins. Vous êtes jeunes, vous avez un attrait pour les bâtiments luxueux ?

— Pour la cuisine raffinée plutôt et en particulier la pâtisserie.

L'homme hochait la tête tout en se concentrant sur chacune de mes paroles, tout en posant sa flute de champagne près d'un comptoir en marbre. Il me questionnait en souriant de toutes dents.

— Quel est votre péché mignon ? Votre dessert coup de cœur ?

— Sans hésiter le fraisier.

— Venez avec moi, m'invitait le restaurateur.

En le suivant parmi la foule de regard remplis de jugements, ce dernier s'approchait de grandes portes donnant sur une pièce dans laquelle de nombreuses tables se trouvaient à l'intérieur. Des dizaines d'assiettes étaient disposés, des nombreux desserts partant de la tarte au citron meringués, de l'éclair au chocolat ou encore des fraisiers, de quoi donner l'eau à la bouche. Le restaurateur se postait devant moi en s'exclamant vivement.

— Voici mes œuvres, je vous en prie, servez-vous !

Je ne comptais pas le faire répéter une deuxième fois, moi qui n'avais pas mangé de pâtisserie depuis un certain temps. Depuis quelques jours, je n'avais pas pris de repas en entier, trop préoccupé par le quotidien. En me rapprochant des assiettes, je me rendis compte qu'il s'agissait de pâtisseries ordinaires comme on aurait pu trouver ailleurs, bien que le gout aurait était unique. En contemplant les dizaines d'assiettes devant mes yeux, j'aperçus au loin une table dont se trouvait une assiette dont était recouverte par-dessus une cloche en argent. Ma curiosité m'attirait vers celle-ci, en retirant la cloche, j'aperçus une fraise en grandeur nature posée dans l'assiette. En amenant l'assiette au niveau de mes yeux, je me rendis compte qu'il ne s'agissait pas d'une simple fraise, mais bien d'un dessert. En attrapant la fraise en main, cette dernière sentait exactement comme le fruit, ce qui pourrait porter à confusion. En la goutant, il s'agissait bel et bien d'un fraisier. Un sourire de joie et de satisfaction était dessiné sur mes lèvres. En reposant l'assiette sur la table, je sentis une présence sur ma droite. En me retournant, le restaurateur, l'air satisfait, fit une remarque me concernant.

— Parmi toutes les assiettes, vous avez pris celle qui est cachée par la cloche, pourquoi ce choix?

— Des desserts, j'en ai vu une centaine et la plupart des gens les conditionnent ainsi. J'ai écouté ma curiosité et puis l'assiette était rejetée par rapport aux autres assiettes, je déteste le rejet, rétorquais-je en pensant à ma misérable vie.

— J'avais parié que vous iriez vers une assiette parmi la table principale. Fort bien, je suis satisfait que ma création de trompe-l'œil suscite votre attention. J'imagine que vous vous connaissez autant que moi en pâtisserie ?

— Je n'ai jamais pris de cours, je n'ai pas le niveau ni le profil.

— Laissez-moi vous donner cette carte, il s'agit de l'école ou j'ai obtenu mon certificat d'aptitudes professionnelles en pâtisserie. Prenez-la, je vous encourage à y aller.

— Pourquoi vous me vouvoyez alors que je ne suis qu'un simple adolescent et je ne suis pas issu de la même classe sociale que vous ou bien qu'une autre personne ici. Vous ne savez pas qui je suis et pourtant vous m'avez accueilli tout de même.

— Peu importe qui vous êtes où ce que vous avez pu faire, vous êtes une personne et je vous dois le respect, ça vous va comme réponse ? Affirmait le trentenaire, l'air confiant.

En s'approchant de la sortie, en sa compagnie, je me retournais vers ce dernier, qui me lançait un clin d'œil avant de rejoindre un groupe de personnes bien habillé. En quittant son établissement, tenant la carte que ce dernier venait de me confier, sur celle-ci était inscrite le nom d'une école se trouvant en France, à Paris. Si j'écoutais mes rêves, il aurait fallu quitter mon pays d'origine, mes racines, mes repères, tout ce que j'ai, mais surtout dire adieu à Célia. Malgré la dispute et la colère envers cette dernière, je n'aurais jamais pu partir loin d'elle. En quittant le quartier du centre-ville, je tombais sur le bar auquel j'aimais me rendre avec Zack. C'était l'un des seuls bars qui restaient ouverts toute la nuit à New-York, mais aussi l'un des bars à accueillir des dizaines de malfrats.

En ouvrant la porte du bar, je tombais à nouveau sur cette ambiance que j'aimais tant, mais notamment l'odeur de la bière. Je m'avançais jusqu'au comptoir du bar, m'installant sur un des sièges en hauteur, les bras posés sur le bois du comptoir, je commandais une bière. En repensant à ce qui venait de se produire, j'en avais même oublié la situation dans laquelle, je me trouvais. Et si c'était un signe ? Pensais-je, je n'avais plus d'avenir désormais. Je n'avais plus ma place au lycée ou bien même à New-York, la seule chose que je possédais était cette carte remise par le restaurateur. La bière posait sur le comptoir par la barmaid, me fit sortir de mes pensées, au même moment le son du journal télévisé attirait mon attention.

" Nous sommes toujours à la recherche de Zack Walter, l'assaillant de la prise d'otage d'un des lycées de New-York, il s'agirait du fils du délinquant Alaric Walter, un des membres du groupe de brigands dont était à la tête, le célèbre Will Jones".

En ne faisant pas attention au journal télévisé, je repositionnais mon attention sur la bière que je tenais en main. Soudain, une main vint caresser le haut de mes épaules, accompagné d'une voix féminine que je reconnus immédiatement.

— Coucou, beau loup solitaire, que fais-tu seul ? Tu m'as l'air triste, c'est parce que toute la ville est à la recherche de ton ami ? Lançait la brune, se rapprochant de ma portée.

— Bonsoir Ruby, je ne suis pas triste, cette situation, c'est lui qui l'a cherché et puis je suis très bien seul, je préfère être un loup solitaire qu'un mouton en meute.

— C'est vrai que les loups solitaires sont beaucoup plus attirants, mais à ta place, je n'oserais pas m'afficher en public, surtout par ces temps qui courent. Cela ne t'effraie pas d'être le complice du soi-disant assaillant ?

— Je n'ai peur de rien, qu'ils viennent m'attraper, je les attends, lançais-je en finissant la bière.

— Hum, tu joues avec le feu, j'aime tant les hommes qui pensent comme toi. Tu es un Jones, tu as l'art de défier les autorités dans le sang. En tout cas si tu cherches une cachette, j'en connais une, charmait la brunette, me dévorant du regard.

— Dis-moi, Ruby, tu as bu combien de verres ?

— Hum peut être deux ou bien cinq, tu sais une belle brune comme moi, j'ai tendance à enchainer les verres comme les garçons. Mais figure-toi que ce soir, ce sont seulement les verres que je me suis tapé. Donc si ça t'intéresse, ma proposition tient toujours, aguichait Ruby en passant sa main le long de mon bras.

Mon attention était attirée sur les courbes de son corps, Ruby s'en allait vers la sortie du bar, en détournant mon attention, je sortis un billet de ma veste afin de le poser sur le comptoir en guise de paiement. Je m'élançais vers Ruby en sortant du bar, cette dernière, le sourire aux lèvres, me tirait le bras courant à travers la foule de personnes marchant sur le trottoir. La brunette se stoppait dans une ruelle, où elle toquait à une porte gardée par deux agents de sécurité. L'un d'eux ouvrit la porte, nous laissant entrer dans un long couloir étroit. Ruby me lâchait le bras tout en rigolant. En la suivant, je l'interrogeais à propos de ce lieu encore inconnu.

— Donc ta cachette, c'est un long couloir étroit ? Heureusement que je ne suis pas claustrophobe.

— Non, la cachette se trouve au bout du couloir, suit-moi et tu verras bien.

Plus on avançait dans ce couloir sombre, plus ce dernier devenait plus large. Des néons de lumières apparurent, ainsi que de la musique se fit entendre. En arrivant le bout du couloir, je tombais sur une boite de nuit dont plusieurs personnes étaient sur la piste de danse. Un DJ était suspendu au centre de la salle, ce dernier réglait l'intensité de la musique, mixait différents programmes musicaux tout en créant les émotions auprès du public. Ruby me tirait par le bras m'emmenant au centre de la foule, la brunette se rapprochait de moi. En regardant la foule dansait autour de moi, je ressentis différentes émotions, celle de la culpabilité, d'être dans cette boite de nuit avec une autre fille alors que je venais de me disputer avec ma copine, mais je ressentais également un sentiment de liberté. Ce dernier me traversait à travers le corps, je n'étais certes pas avec la bonne personne, mais me sentir vivant pour une fois me faisait tant de bien. En me rapprochant de Ruby, j'essayais de me faire entendre à travers la musique qui résonnait fortement dans toute la salle.

— C'est une superbe cachette, mais on ne peut pas rester ici éternellement, Ruby ! Et puis je ne sais pas danser !

— Tu n'as qu'à me regarder danser auprès de toi ! Lançait Ruby se rapprochant sensuellement de mon corps.

Elle collait son dos contre moi en descendant jusqu'au bas de mon corps, en remontant face à moi, les yeux embrumés de désir, elle tournait sur elle-même en frottant ses mains sur ses hanches comme si elle voulait se donner en spectacle. En captant son regard, je savais lire à travers ses actions, Ruby ne m'avait pas demandé de la suivre pour une possible cachette, mais par envie sexuelle. En détournant mon regard de la brunette, elle posait une main sur ma joue en me chuchotant à l'oreille.

— Si tu veux, on peut aller dans un endroit plus calme pour parler où on ne sera que nous deux, qu'en dis-tu Jones ?

Je hochais la tête et essayais de me faire une place à travers la foule dansante. Ruby me tirait le bras vers un couloir auquel de nombreuses portes s'y trouvaient. En ouvrant l'une d'elle, un fauteuil rouge s'y trouvait, différents accessoires sexuels étaient également présents dans la pièce. En regardant dans chaque coin de la salle, je me rendis compte que ce n'était pas le genre d'endroit que j'espérais trouver pour discuter avec Ruby. Le verrou de la porte attirait mon attention, en me retournant, je tombais nez à la brunette qui avait retiré son débardeur et était à présent en soutien-gorge à dentelle devant moi.

— Que fais-tu ?! M'exclamais-je en m'éloignant de la brunette.

— Tu voulais être dans un endroit plus calme non ? Murmurait Ruby, les yeux pétillant de malice.

— Je pensais qu'on serait à l'extérieur et pas ici ! Tu devrais te rhabiller !

— Ça ne te plait pas ce que tu vois ?

— Tu as un très beau corps, Ruby, mais tu es simplement une amie pour moi et rien de plus.

— On peut toujours s'amuser entre ami, Jones !

Elle retirait son short, marchant lentement vers ma portée. Ses gestes étaient lents et sensuel, ces actions avaient tendance à m'exciter. La brunette me retirait ma veste, en me souriant chaleureusement, ce que je fis également. J'étais à présent en tee-shirt, ses doigts vinrent caresser mes bras pendant qu'elle me dévêtit. Torse-nu face à elle, cette dernière contemplait mon torse, baladant ses doigts sur le contour de mes muscles en traçant des chemins invisibles sur ma peau. J'essayais de me contrôler de mieux que je pouvais, mais ce n'était plus la présence de Ruby, mais celle de Célia que je voyais près de moi. Avec cette illusion, cela me fit continuer mes actions. Cela devenait vite impossible de lui résister. Malgré tout, je ressentis mon estomac se nouait, mais j'avais choisi d'ignorer cette sensation et de continuer mes ébats. Ruby me poussait en arrière en me faisant tomber sur le fauteuil. Elle s'agrippait à moi, balançant sa longue chevelure en arrière, me jetant un regard provocateur. Son sourire en coin était machiavélique, elle descendit ses doigts sur mes joues pour ensuite descendre dans mon cou. Ruby approchait ses lèvres des miennes en murmurant.

— Attend de voir la tête de Célia quand je vais lui dire qu'on a fait l'amour ensemble.

En entendant le prénom de ma bien-aimée, cela me fit réagir, je repoussais Ruby, en me levant face à elle. En attrapant mon tee-shirt, je la questionnais en fronçant les sourcils.

— Célia ? Ça lui ferait quoiqu'on couche ensemble ?

— Tu n'es pas au courant ? Elle a un faible pour toi apparemment !

— Qui te la dit ?

— Personne ! Je l'ai deviné, elle ne cesse de te regarder. Et ce sont pas de simples regards, mais plutôt des regards amoureux remplis de désirs.

— Comment peux-tu en être sûr ?

— Parce que je te regarde de la même façon depuis que je t'ai vu au lycée.

— Je dois y aller. On ne devrait pas faire ça ensemble, tu es mon amie et je ne veux pas gâcher cette amitié avec toi.

— On peut être sex friend ?

— Non, Ruby !

— Dommage, j'aimais ton autoritaire, au moins j'aurais tenté, lançait la brunette me dévorant du regard, assise sur le fauteuil.

— Tu es une jolie fille, Ruby, mais tu n'es pas mon genre et puis je n'ai pas le temps de me concentrer sur une histoire d'amour ou de sexe à l'heure actuelle.

— Quel est ton genre ? Célia ?

— Pour rien au monde, rétorquais-je en mettant ma veste. Et qu'est-ce qui te fait penser ça ?

— Tu t'es stoppé quand j'ai dit son prénom, alors je me pose la question. Il n'y aurait pas quelque chose entre vous ? Quelque chose dont personne est au courant ?

En passant une main dans mes cheveux, ajustant ma veste, je lui jetais un regard narquois accompagné d'un sourire en coin.

— Une relation entre la fille du gars qui a jeté mon père en taule et moi, c'est sûr réaliste. Tu as beaucoup d'imagination.

Ruby, la mine triste, se levait du fauteuil pour ramasser son tee-shirt, lorsque je lui tendis avant. En me le prenant, je m'exclamais en caressant sa joue.

— Ne t'en fais pas, tu trouveras un jour, la personne qui t'aimera et avec qui tu pourras faire les quatre cents coups, dont coucher dans ce fauteuil.

— Une personne qui a les mêmes muscles que toi, c'est ce que j'aimerais vraiment.

— Allez viens, je te ramène chez toi.

— Ne t'en fais pas, je suis une grande fille, je peux rentrer à la maison toute seule, à plus beau blond solitaire, lançait la brunette en me faisant un clin d'œil.

En laissant Ruby marchait le long du trottoir inverse, je la guettais du regard au loin jusqu'à qu'elle disparaissait de mon champ de vision. En levant les yeux vers une horloge murale se trouvant dans la rue dans laquelle je me trouvais, j'aperçus qu'il était vingt-deux heures passées, j'avais passé plus de temps que prévu dans cette boite de nuit. Il était temps de rentrer me reposer, en passant devant un homme tenant un food truck en coin de rue, j'en profitais pour acheter un hot-dog. Une pensée me fit légèrement sourire, il s'agissait du hot-dog que j'avais partagé avec Célia, la première fois où j'ai eu une discussion avec elle. C'était ce jour-là où tout avait commencé, je rangeais aussitôt ce sourire en repensant à notre relation qui s'était dégradée au fur et à mesure des jours. À cet instant, je sentis cette sensation de lourdeur dans le cœur que j'avais depuis quelque temps lorsque je repensais à ma relation avec Célia. En tendant un billet à l'homme me donnant mon encas, je fis demi-tour en direction de la maison.

***

En insérant la clé dans la serrure de ma porte, je l'ouvris en tombant sur une Célia sanglotant dans une pièce sombre. Cette dernière, assise sur une chaise de la table du séjour, la tête incliné vers le sol, elle essuyait ses larmes ruisselant le long de ses joues. En l'apercevant, je refermais la porte derrière moi, allumant la lumière de la pièce et me précipitant vers elle en m'agenouillant à son niveau, le regard soucieux. Elle se jetait à mon cou en tremblant de tout son corps. Je la serrai de toutes mes forces en enfuyant ma tête dans son cou. Je savais que cette réaction était due à notre dispute, j'étais aussi triste qu'elle, mais moins démonstratif que cette dernière. Après quelques secondes, enlacés, plus de sanglots, plus de respiration saccadée, plus un bruit, en éloignant mon visage de Célia, je posais délicatement mes mains sur ses joues, plongeant avec amour dans son doux regard. En la rassurant, je lui murmurais tendrement.

— Tu te sens mieux ?

— Nate...

— Je sais que tu te sens coupable de notre dispute, elle m'a fait beaucoup de mal aussi et je pensais réellement qu'on allait se quitter. Je suis désolé Célia pour toute cette douleur que tu as pu ressentir par ma faute. Je suis le plus ignoble des copains, j'ai été égoïste plus d'une fois et même si je te présente des montages d'excuses ça ne changera en rien cette douleur que tu as pu ressentir au fond de ta poitrine.

— Nate, ce n'est pas pour ça que je suis dans cet état...

— Que-veux-tu dire... ? M'inquiétais-je.

Célia enlevait mes mains de ses joues en gardant une certaine distance de ma portée. Tout en me fixant longuement dans le bleu de mes yeux, une larme coulait le long de son visage, la lueur de son regard était inquiétante, c'était comme si la peur et la tristesse ne formait qu'un. Elle et prit une longue inspiration avant de me répondre.

— J'ai fait une chose horrible, Nate...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top